Cours de Résidanat Objectif: 44: Infections Sexuellement Transmissibles
Cours de Résidanat Objectif: 44: Infections Sexuellement Transmissibles
Cours de Résidanat Objectif: 44: Infections Sexuellement Transmissibles
Cours De Résidanat
Objectif : 44
Infections sexuellement transmissibles
Etiopathogénie, Diagnostic, Traitement.
Objectifs :
1. Enumérer les principales infections sexuellement transmissibles en Tunisie.
2. Citer les principaux agents infectieux responsables des infections sexuellement
transmissibles.
3. Décrire l’épidémiologie des infections sexuellement transmissibles en Tunisie.
4. Citer les modes de transmission des principales infections sexuellement transmissibles.
5. Décrire la physiopathologie de l’infection par le VIH.
6. Evoquer l’étiologie d’une infection sexuellement transmissible à partir des données de
l’anamnèse et de l’examen physique.
7. Indiquer les examens complémentaires permettant d’évoquer le diagnostic d’une infection
sexuellement transmissible.
8. Poser le diagnostic positif d’une infection sexuellement transmissible à partir des données
cliniques et paracliniques.
9. Décrire les modes évolutifs et les complications des infections sexuellement transmissibles.
10. Planifier le traitement curatif d’une infection sexuellement transmissible en fonction de
l’étiologie.
11. Etablir une stratégie de prévention des infections sexuellement transmissibles.
Objectif N°2 : Citer les principaux agents infectieux responsables des IST.
Neisseria gonorrhoeae(gonococcie)
Chlamydia trachomatis
Le virus de l’hépatite B (HBV)
Le virus HSV (Herpes Simplex Virus) de type 1 ou de type 2
Trichomonas vaginalis
Le virus HPV (ou papillomavirus)
Treponema pallidum
Haemophilus ducreyi (Chancre mou)
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
NB: Nous développerons, dans ce cours les principales IST citées dans l’objectif (1) à
l’exception de l’hépatite B qui sera détaillée dans un autre cours de la préparation du résidanat.
NB: D’autres agents infectieux peuvent être transmis par voie sexuelle tels que Klebsiella
granulomatis (donovanose), Cytomégalovirus (CMV), Human Herpes virus de type 8 (HHV
8), Human T-cell Lymphotropic Virus (HTLV), Poxvirus (Molluscum contagiosum), virus
Ebola, Zika virus … mais ne seront pas abordés dans ce cours qui concerne les « Principaux
agents infectieux responsables des IST »
Objectif N°6: Evoquer l’étiologie d’une IST à partir des données de l’anamnèse et de
l’examen physique
1. La notion d’un rapport sexuel à risque, vaginal, anal ou oral et non protégé (ou protégé, mais
avec rupture de préservatif) oriente vers une IST.
Les facteurs de risques comprennent:
- Sexe féminin
- Les deux premières décennies de la vie sexuelle
- Multiplicité des partenaires sexuels
- Antécédent d’IST
- Niveau socioéconomique faible
2. Les IST peuvent avoir une expression clinique limitée à la région génitale (infection génitale
basse ou haute) ou généralisée (extragénitale) et une expression clinique générale (VIH, VHB).
La porte d’entrée est muqueuse (orale, génitale).
3. Les différentes IST sont regroupées en différents signes et syndromes :
- Urétrite (écoulement uréthral)
- Ulcérations génitales +/- adénopathies inguinales qui peuvent être purulentes : Bubon
- Leucorrhées (vaginites et cervicites)
- Orchi-épididymite
- Syndrome inflammatoire pelvien (douleurs pelviennes)
- Conjonctivite néonatale.
Objectif N°8: Poser le diagnostic positif d’une IST à partir des données cliniques et
paracliniques.
Diagnostic
1. On oppose deux approches :
- approche syndromique (une démarche de santé publique qui se base sur les différents
syndromes observés lors des IST)
- approche étiologique.
2. La démarche diagnostique et thérapeutique est basée sur un algorithme décisionnel (approche
syndromique)
- Dans l’approche syndromique recommandée par l’OMS, que nous suivons en Tunisie : le
diagnostic est clinique, il n’est pas recommandé de faire des prélèvements microbiologiques de
façon systématique et on doit traiter de manière probabiliste les IST responsables du syndrome
présenté par le patient.
- Les caractéristiques des anti-infectieux prescrits de façon probabiliste selon l’approche
syndromique : Efficacité élevée (> 95%), Coût faible, Tolérance correcte, Non inducteur de
résistance, Traitement minute si possible (pour améliorer l’observance), Non contre indiqué
pendant la grossesse ou l’allaitement.
- Le traitement doit s’accompagner d’une abstinence sexuelle jusqu’à la guérison et d’un
contrôle clinique de la guérison.
- Dans le cadre de cette prise en charge selon l’approche syndromique, on doit toujours associer
des mesures préventives:
◦ Dépistage d'autres IST associées (VHB, VIH, Syphilis).
◦ Dépistage et traitement de(s) partenaire(s) sexuel(s).
◦ Changement des comportements à risque (Usage des préservatifs).
◦ Vaccination conseillée contre 2 agents (HPV/VHB selon le profil sérologique de l’hépatite
B).
Objectif N°9 : Décrire les modes évolutifs et les complications des IST.
Sera développé ultérieurement
Les urétrites
Définition clinique
L’urétrite est une inflammation de l’urètre et des glandes périurétrales le plus souvent d’origine
sexuellement transmissible.
Ecoulement urétral: 50%.
Signes discrets à type de brûlures mictionnelles, dysurie, pollakiurie ou prurit canalaire.
Définition biologique
Critères cytologiques à rechercher chez un patient n’ayant pas uriné depuis au moins 2 heures:
• Présence de plus de 5 PNN au frottis urétral, au grossissement 100.
• Présence de plus de 10 PNN à l’examen du 1er jet d’urines centrifugées au grossissement
40.
Trois micorganismes :
◦ Neisseria gonorrhoeae
◦ Chlamydia trachomatis
◦ Mycoplasma genitalium
◦ Urétrites mixtes: 10 à 50 %
1.GONOCOCCIE
1.1 Épidémiologie
La gonococcie est une affection due à Neisseria gonorrhoeæ (ou gonocoque) (NG) bactérie à
Gram négatif. Elle est transmise par contact direct, essentiellement à l'occasion des rapports
sexuels avec une personne infectée, symptomatique ou non. Il s’agit de l’une des MST les plus
répandues dans le monde.
1.2. Clinique
1.2.1. Chez l’homme
Les manifestations surviennent après une période d'incubation silencieuse et contagieuse de 2
à 7 jours.
L'urétrite antérieure aiguë est la manifestation clinique la plus typique. Elle est responsable
de brûlures mictionnelles, d'un écoulement urétral purulent, classiquement jaune verdâtre et
d'une méatite inflammatoire (avec parfois une balanite). Une infection gonococcique non
diagnostiquée et non traitée peut entraîner des complications locorégionales: abcédation,
prostatite et épididymite.
1.2.2. Chez la femme
- L’infection gonococcique est le plus souvent asymptomatique (70 % des cas).
Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste le plus souvent par un tableau de cervicite
discrète avec un col d’aspect normal ou parfois inflammé avec du pus provenant de l’orifice
cervical.
-Elle peut entraîner une pesanteur pelvienne, des leucorrhées purulentes volontiers associées à
une urétrite (brûlures mictionnelles, dysurie, œdème et rougeur du méat).
-En l’absence de traitement l’infection gonococcique peut être responsable de complications
sur le haut appareil génital avec notamment les salpingites, les stérilités tubaires, les algies
pelviennes inflammatoires et le risque de grossesse extra-utérine.
NB: Chez la femme enceinte, l’infection gonococcique peut influer sur l’évolution de la
grossesse. Elle peut également contaminer le nouveau-né, lors de son passage de la filière
génitale infectée, ce qui se manifeste le plus souvent par une ophtalmie purulente et bilatérale
dont le risque est la cécité.
- La culture du prélèvement génital sur milieu spécifique après un prélèvement par grattage du
méat ou du col est une technique qui nécessite un laboratoire spécialisé.
Sites de prélèvements
** Chez l’homme ayant une urétrite, un TAAN est effectué sur l’écoulement ou le premier jet
urinaire au moins 1 heure après la dernière miction et sur un volume suffisant de 10 à 20 ml
d’urine.
** Chez la femme ayant une cervicite, le TAAN est réalisé à l’endocol associé au mieux à un
TAAN sur les pourtours du méat urétral (ou par auto-prélèvement vulvo-vaginal).
** Dans les deux sexes, un TAAN peut être pratiqué à l’anus et au pharynx.
Diagnostic indirect : la sérologie
Dans les infections profondes à C. trachomatis, le sérodiagnostic prend tout son intérêt étant
donné l’accessibilité difficile du site infectieux. Un taux élevé d’IgG ou d’Ig totales est
significatif d’une infection passée ou en cours. La mise en évidence d’une séroconversion, ce
qui est extrêmement rare, ou d’une augmentation significative d’anticorps (x4) entre deux
sérums prélevés à 15 jours d’intervalle permet le diagnostic d’infection en évolution.
2.2.4. Traitement
Les infections génitales basses à CT doivent être dépistées et traitées afin de diminuer
l’incidence des complications chez les femmes. Traiter les patients infectés diminue le risque
de transmission au partenaire et traiter les femmes enceintes infectées diminue le risque de
contamination du foetus à la naissance. Compte tenu du risque important de co-infection par
CT des patients ayant une urétrite gonococcique (10 à 20 %), il est fortement recommandé de
traiter systématiquement de façon présemptive CT chez ces patients.
Recommandations thérapeutiques
- Infection non compliquée à Chlamydia trachomatis
• doxycycline per os : 100 mg x 2/jour pendant 7 jours
• azithromycine : 1 g par voie orale en dose unique (si contre-indication à la doxy)
◦ Ces deux traitements ont une efficacité équivalente. L'avantage de l’azithromycine est la dose
unique, tout à fait adaptée aux traitements des IST, son inconvénient par rapport à la
doxycycline est son coût et pour certains le risque d’induction de résistances de Mycoplasma
genitalium.
◦ D’autres traitements sont efficaces mais ne doivent être prescrits qu’en deuxième intention :
- l’érythromycine à la posologie de 500 mg x 4 fois par jour pour 7 jours
- ou de l’ofloxacine à raison de 300 mg x 2 fois par jour pour 7 jours
- ou lévofloxacine 500 mg/j pendant 7 jours.
L’ofloxacine est aussi efficace que l’azithromycine ou la doxycycline, mais son impact
écologique et l’absence de dose unique en font un médicament de deuxième intention.
◦ Tous les partenaires doivent être examinés à la recherche de signes évocateurs d’infection
génitale à CT.
◦ On recommande l’abstinence sexuelle ou les rapports protégés avec le partenaire jusqu’à 7
jours après la dose unique d’azithromycine ou après les 7 jours de doxycycline.
Diagnostic Examen direct, culture et TAAN sur premier jet d’urine chez l’homme et sur
antibiogramme+++ prélèvement à l’endocol ou vulvo-vaginal chez la femme
3. TRICHOMONOSE
3.1. Epidémiologie
- Trichomonas vaginalis est un protozoaire flagellé, mobile, extracellulaire, anaérobie.
Parasite strictement humain, il n’existe que sous forme végétative. Il est très sensible à la
dessication et meurt rapidement dans le milieu extérieur.
- Première cause d’infection sexuellement transmissible dans le monde. L’OMS a évalué
l’incidence de l’infection par Trichomonas vaginalis en 2008 à 276,4 millions nouveaux cas/an,
la classant comme première cause mondiale de maladie sexuellement transmissible dans le
monde.
3.2. Clinique
3.2.1. Chez la femme
- Le développement de T. vaginalis est favorisé par le déséquilibre en oestrogènes
- L’incubation dure entre 4 et 28 jours. Dans 15 à 20 % des cas, l’infection est asymptomatique.
- Les formes subaiguës sont les plus fréquentes et représentent 60 à 70 % des cas. Elles donnent
des tableaux de vaginite qui associent des leucorrhées, souvent des signes d’urétrite et un prurit.
Les leucorrhées sont plus ou moins abondantes, parfois jaunes ou vertes (5 - 40%), parfois
spumeuses (10 - 33%).
- La colposcopie peut mettre en évidence des signes de colpite focale framboisée ou en macules
dans environ la moitié des cas. Ces signes ne sont que très rarement perçus à l’examen simple
du col. Il n’y a pas d’atteinte de l’endocol.
- Les formes aiguës sont rares, moins de 10 % des cas. Les leucorrhées sont très abondantes,
mousseuses et aérées, jaunâtres, blanchâtres ou verdâtres, avec une odeur de plâtre frais. Le
prurit est intense associé à une dyspareunie, des troubles urinaires (cystalgies, brûlures,
pollakiurie…). Une cervicite est possible.
3.2.2. Chez l’homme
L’infection est dans 90 % des cas asymptomatique.
Les formes symptomatiques donnent un tableau d’urétrite en général discrète : suintement
discret avec goutte matinale, prurit et méatite inconstants.
3.4. Diagnostic
- La recherche de T. vaginalis se fait sur le prélèvement des leucorrhées ainsi qu’au cul de-sac
postérieur et à l’urètre qui est colonisé dans presque 100 % des cas.
- Chez l’homme sur une goutte matinale ou un prélèvement à l’urètre antérieur ou sur le 1er jet
urinaire. L’examen direct à l’état frais a une sensibilité de 60 à 80 %, les colorations ont moins
d’intérêt.
Syphilis précoce
• La syphilis précoce est définie par une évolution datant de moins d’un an (J0 étant par
définition le premier jour du chancre ; cette chronologie fait abstraction de l’incubation trop
aléatoire, variable, classiquement longue - 3 semaines - mais souvent impossible à préciser).
• La syphilis précoce est la période de la syphilis la plus riche en tréponèmes (risque maximal
de contagion). Elle regroupe :
- la syphilis primaire (définie par la présence du chancre syphilitique).
- la syphilis secondaire (définie par les manifestations cliniques essentiellement
cutanéomuqueuses de la bactériémie syphilitique). La grande majorité des manifestations
secondaires survient dans l’année qui suit le chancre.
- la syphilis sérologique (ou latente) précoce. Affirmer qu’une syphilis sérologique est précoce,
est difficile (notion de chancre ou d’éruption secondaire récents, antériorité sérologique récente,
contage récent …).
• L’intérêt de cette classification simplifiée est majeur : au cours de cette période, même si
l’infection est disséminée (avec présence de tréponèmes dans le LCR dès la phase primaire),
une atteinte neurologique parenchymateuse (profonde) est exceptionnelle. Il n’est donc pas utile
de pratiquer une ponction lombaire et un traitement simple par une seule injection de benzathine
pénicilline G en IM suffit dans la grande majorité des cas.
1 Clinique
1.1 Syphilis primaire
• Le chancre syphilitique est constant (sauf dans la syphilis congénitale et les exceptionnelles
syphilis transfusionnelles). Le diagnostic peut cependant être difficile :
- En cas de chancre profond (cervico-vaginal, rectal, pharyngé)
- Lorsque l’ulcération n’a pas les caractères classiques du chancre syphilitique (unique,
muqueux, induré, superficiel et propre). En fait, tous les aspects sont possibles, les chancres
atypiques étant favorisés par les surinfections et les retards de consultation. D’où la règle de
penser et rechercher la syphilis devant toute ulcération génitale.
• L’adénopathie régionale qui accompagne le chancre ne fistulise pas. Elle peut être profonde
(chancre cervical et rectal). Les chancres extra-génitaux sont possibles, en particulier buccaux.
1.2 Syphilis secondaire
• Elle succède à une syphilis primaire non traitée. Elle est inconstante (environ 1/3 des patients
infectés développeront une syphilis secondaire). Elle survient dans les six semaines après le
chancre (roséole) et toujours dans l’année qui suit le chancre (syphilides papuleuses). Lorsque
le chancre persiste au moment de l’éruption secondaire, on parle de syphilis primo-secondaire.
En principe, le chancre a déjà guéri spontanément (en deux à six semaines) sans laisser de
cicatrice (sauf s’il était très creusant).
• La syphilis secondaire est plus fréquente chez les femmes et les homosexuels, chez lesquels
le chancre primaire est le moins extériorisé.
• La syphilis secondaire a principalement un tropisme cutané :
- première floraison : roséole évoquant une virose ou une toxidermie,
- deuxième floraison : syphilides cutanées papulo-squameuses (très riche polymorphisme : la
grande simulatrice) évoquant une acné, une dermatite séborrhéique, une varicelle, une leucémie
aiguë, un lichen, un psoriasis, un parapsoriasis en gouttes … Les lésions sont rarement
prurigineuses, prédominant sur le tronc et le visage. L’atteinte palmo-plantaire est évocatrice
mais non spécifique. Toutes les lésions élémentaires de la dermatologie sont possibles sauf
Interprétation
TT + /TNT + (TPHA ou EIA/VDRL ou RPR) : tréponématose, selon le contexte et les taux
du VDRL, évolutive ou guérie
TT + / TNT - : Cicatrice sérologique d’une syphilis connue ou non (ou cicatrice sérologique
d’une tréponématose non vénérienne), ou une syphilis débutante, ou un exceptionnel faux
positif des TT
TT - / TNT + : faux positif très probable. Il faut rechercher dysglobulinémies, cirrhose, viroses
(mononucléose infectieuse, hépatite, VIH), lupus érythémateux systémique, sclérodermie,
toxicomanie intra-veineuse, grossesse et syndrome des antiphospholipides.
Cas particuliers :
◦ Allergie auxbétalactamines : doxycycline 100 mg x 2/jour per os pendant 14 jours.
En cas d’impossibilité d’administrer des tétracyclines (allergie, grossesse), une
désensibilisation à la pénicilline est nécessaire (il s’agit en fait d’une induction de tolérance
limitée dans le temps).
◦ Réaction d’Herxheimer : Elle est quasi constante dans la syphilis précoce, le plus souvent sans
gravité (aggravation des manifestations cliniques, fièvre, céphalées, éruption), elle ne doit pas
être confondue avec une allergie aux bétalactamines. Il faut prévenir le patient +++ et lui
prescrire un antipyrétique (paracétamol) et corticoides. Les deux situations à risque sont le petit
enfant et la femme enceinte.
4 Surveillance après traitement
4.1 Surveillance clinique
Le chancre et l’éruption secondaire disparaissent en 3-15 jours
4.2 Surveillance sérologique
VDRL: 3/6/12/24 mois
• VDRL divisé par 4 à 6 mois sinon à retraiter
• VDRL doit être négative 1 an après le traitement de syphilis primaire et 2 ans après
syphilis secondaire
5 HERPES GÉNITAL
L’herpès génital est la première cause d’ulcère génital. L’atteinte est habituellement bénigne,
mais il peut parfois y avoir un retentissement sur la qualité de vie notamment en cas de
récurrence. L’infection par HSV est un co-facteur important de la transmission du VIH.
5.1 Épidémiologie :
• Réservoir : L’homme.
• La transmission sexuelle:
- s’effectue à partir de sécrétions génitales ou orales contaminées ou des lésions riches en virus,
à travers les muqueuses (génitales, anales ou orales). Elle est plus importante si les lésions sont
symptomatiques mais elle est possible au cours d’une excrétion virale asymptomatique.
- La transmission se fait par voie génitale (essentiellement pour HSV2) ou oro-génitale
(HSV1). Une contamination génitale par HSV1 et orale par HSV2 est également possible et est
de plus en plus rapportée.
- La transmission du HSV-2 s’effectuerait plus facilement dans le sens homme-femme
- L’infection HSV-1 est caractérisée par une excrétion virale asymptomatique moins fréquente,
une fréquence de transmission plus faible et par une fréquence des récurrences plus faible que
HSV2
• La primo-infection génitale (HSV-2 ou HSV-1) est observée, principalement chez
l’adolescent ou l’adulte jeune, lors des premiers rapports sexuels
• La séroprévalence HSV-2 est habituellement de 10 à 20% dans la population générale, elle
est plus élevée chez les patients à comportement à risque sexuel et les co-infectés par le VIH
5.2 Clinique
5.2.1 Définitions
- La primo-infection : correspond à un premier contact avec l'un des deux types viraux HSV1
ou HSV-2, elle peut être symptomatique ou non. Elle s’accompagne d’une séroconversion des
anticorps.
- L’infection initiale non primaire : correspond au premier contact génital infectant chez un
sujet ayant déjà des anticorps anti-herpès dirigés contre l’autre type viral.
- Réactivations : périodes de reprises de la réplication virale après les périodes de latence
(ganglions sensitifs sacrés). Elles surviennent soit sous la forme de récurrence clinique, soit
sous la forme d’excrétion virale asymptomatique. L’excrétion virale asymptomatique est le
mode majeur de transmission de l’herpès génital
5.2.2 La primo infection
- Elle est le plus souvent asymptomatique (50 à 90 %).
- L’incubation est de 4 à 6 jours en moyenne (2 à 20 jours)
- Se caractérise par des vésicules très douloureuses et une fièvre. Les vésicules évoluent vers
des érosions multiples groupées en bouquet au sein d'un érythème, avec de multiples
adénopathies de petite taille, sensibles et fermes. Les lésions siègent chez l’homme sur le
fourreau, le prépuce ou le gland. La localisation anale est également possible.
- La symptomatologie est plus fréquente et souvent plus sévère chez la femme (vulvovaginite /
vulvite aigue oedémateuse, érosive hyperalgique
- Complications possibles :
◦ rétention aigue d’urines, atteinte cervicale.
◦ Pharyngite, hépatite fulminante, méningite, radiculopathies sacrées, encéphalite, myélite et
syndrome de Guillain-Barré ont été exceptionnellement rapportés.
◦ Une dissémination cutanée ou viscérale est exceptionnelle chez les patients
immunocompétents.
6.2 Diagnostic
- Le prélèvement est pratiqué sur les berges de l’ulcération cutanée et à partir de l’aspiration du
pus prélevé du bubon.
- L’examen direct peut évoquer le diagnostic quand il met en évidence, par la coloration de
Gram, des bacilles Gram négatif bipolaires. La coloration de Gram est positive dans 50 % des
cas quand elle est comparée à la PCR.
6.3 Traitement
- Azithromycine : 1 g per os en une seule prise
- ou ceftriaxone : 250 mg IM en une seule injection
- ou ciprofloxacine : 500 mg x 2/j per os x 3 jours
- ou érythromycine : 2 g/j per os x 7 jours
8 INFECTIONS A PAPILLOMAVIRUS
8.1 Épidémiologie
• Réservoir : homme
• Mode de transmission :
- Le PVH se transmet principalement par contact sexuel. Le contact génital peau contre peau
est un mode de transmission possible.
- Le mode de contamination des condylomes est le plus souvent sexuel ; une auto-contamination
ou une allo-inoculation de verrues digitales sont possibles ; une transmission non sexuelle
indirecte est possible (objets de toilette souillés, bain partagé…). La transmission verticale au
cours de l’accouchement est possible.
- Le risque de transmission après un contact sexuel avec une personne infectée par le PVH est
plus important de la femme vers l’homme (50 à 90 % des cas) que dans le sens inverse (50 %).
- Le dépistage du cancer du col repose sur trois types de tests de dépistage: (i) le frottis et la
cytologie en couches minces;(ii) l’inspection visuelle à l’aide d’acide acétique;(iii) le dépistage
pour les types de PVH à haut risque.
8.4 Traitement :
- On ne dispose pas de traitement antiviral efficace utilisable sur les condylomes. L’objectif est
la disparition des lésions visibles. Le traitement repose sur une collaboration multidisciplinaire.
- Tous les traitements ont un taux d’échec d’au moins 30 % et des taux élevés de récidives à 3
mois.
- Les traitements peuvent-être chimiques (Podophyllotoxine, 5 fluorouracile, Acide
trichloracétique) ou physiques et chirurgicaux (Cryothérapie,Laser CO2, Excision chirurgicale,
Électrocoagulation à l’anse diathermique).
- Prévention : Vaccination anti-papillomavirus humain
Il existe deux vaccins qui protègent contre les PVH 16 et 18. L’un de ces vaccins protège
également contre les PVH de types 6 et 11 qui sont à l’origine de condylomes ano-génitaux.
L’OMS recommande de vacciner les jeunes filles de 9 à 14 ans (M0, M2, M6) car c’est la
mesure de santé publique la plus rationnelle pour lutter contre le cancer du col.
Les adolescentes sont la cible privilégiée de la vaccination anti-PVH avant le début de leur
activité sexuelle car l'infection à PVH a une prévalence chez les jeunes filles dès leurs premiers
rapports et leur réponse immunitaire est satisfaisante.
La vaccination contre le PVH ne remplace pas le dépistage du cancer du col.
9 I.S.T. MINEURES
Les IST mineures comportent certaines ectoparasitoses cutanées et les molluscums
contagiosums.
9.1 Ectoparasitoses cutanées
Les ectoparasitoses cutanées (gale et phtiriase pubienne) sont considérées comme des IST
mineures :
- il n’existe pas de complications gynécologiques ou urologiques,
- ce ne sont pas toujours des IST.
9.2 La gale
- Il s’agit d’une ectoparasitose interhumaine due à Sarcoptes scabiei var hominis. La durée de
survie du parasite en dehors de l’homme est brève (1 à 2 jours). En dessous de 20°, l’acarien
femelle est immobile et meurt rapidement. Au-dessus de 60°, l’acarien meurt en quelques
minutes.
- L’incubation est de 3 semaines, plus courte en cas de réinfestation (quelques jours). Le
diagnostic est essentiellement clinique : prurit à recrudescence nocturne, souvent à caractère
familial. L’examen clinique recherche des lésions de grattage dans les espaces interdigitaux, la
face antérieure des poignets, l’emmanchure antérieure des aisselles, les mamelons (chez la
femme), l’ombilic, le fourreau de la verge (présence de lésions papuleuses, excoriées,
prurigineuses: c’est le chancre scabieux), la face interne des cuisses. Les signes spécifiques sont
plus rarement retrouvés (sillon scabieux et éminence acarienne).
- En cas de déficit immunitaire (y compris iatrogène type corticothérapie générale ou locale),
les lésions sont étendues, la prolifération parasitaire est importante : c’est la gale profuse voire
hyperkératosique.
- La gale hyperkératosique (ex « norvégienne ») est une gale non prurigineuse localisée ou
généralisée. Elle est caractérisée par une prolifération parasitaire majeure. Elle se développe le
plus souvent chez des patients âgés et/ou immunodéprimés.
- En Tunisie, la prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST) repose sur
l’approche syndromique.
- La prise en charge selon l’approche syndromique comporte un diagnostic clinique sommaire
et un traitement probabiliste, sans documentation microbiologique.
- Un message de prévention doit toujours être associé favorisant le changement des
comportements à risque, l’usage de préservatifs, l’abstinence sexuelle jusqu’à la guérison, le
dépistage des autres IST (VIH, Syphilis, VHB) et le traitement systématique du ou des
partenaires.
- Un contrôle après 7 jours du début de la prise en charge est nécessaire pour l’évaluation de
l’évolution clinique et l’éventuelle adaptation de la prise en charge. Un autre contrôle après 6
semaines est aussi indiqué pour une nouvelle évaluation clinique, le renouvellement du message
de prévention et pour pratiquer et/ou récupérer les sérologies du bilan de dépistage.
- Les 4 principaux syndromes à traiter sont l’écoulement urétral, les ulcérations génitales, les
leucorrhées et les douleurs abdomino-pelviennes.
► Ecoulement urétral
- Traitement double visant le gonocoque et Chlamydiae trachomatis :
Ceftriaxone 500 mg en IM dose unique
Et Doxycycline 200 mg/j per os pendant 7 jours
Ou Azithromycine 1 g per os dose unique (si contre indication à la doxy)
- Un contrôle clinique est nécessaire à J7
- En absence d’amélioration, il faut :
◦ Vérifier l’observance thérapeutique
◦ Penser à une re-contamination suite à autre rapport sexuel contaminant avant la fin du
traitement.
◦ Evoquer un gonocoque résistant aux céphalosporines de 3ème génération et pratiquer un
prélèvement à visée bactériologique pour l’isolement de la bactérie et l’étude de sa sensibilité.
◦ Evoquer une infection à Trichomonas vaginalis et la traiter par métronidazole per os 2 g dose
unique ou 500 mg x 2/j pendant 7 jours.
◦ Evoquer une infection à Mycoplasma genitalium et la traiter par Azithromycine per os 500
mg le 1er jour puis 250 mg/j pendant 4 jours.
► Ulcération génitale
Devant une ulcération génitale, les diagnostics à évoquer sont :
- Une syphilis primaire devant un chancre syphilitique: Ulcération génitale ou autre muqueuse,
superficielle, indolore, unique, bien limitée, à surface propre, reposant sur une base indurée.
Avec adénopathie inguinale, uni- ou bilatérale, indolore et sans péri-adénite.
- Une infection à Herpes simplex virus (multiples vésicules sur fond érythémateux évoluant
vers des ulcérations superficielles douloureuses avec à leurs surfaces des sécrétions séreuses).
- En cas de survenue d’une ulcération génitale suite à des rapports sexuels non protégés avec
une personne originaire de l’Afrique de l’Est, de l’Inde ou de l’Amérique du Sud, en plus de la
syphilis et de l’Herpes simplex virus, on doit évoquer la Lymphogranulomatose vénérienne
(Chlamydia trachomatis sérotype L), la Donovanose (Klebsiella granulomatis) et le chancre
mou (Haemophilus ducreyi)
Traitement de la syphilis :
* Syphilis précoce : benzathine benzyl pénicilline 2,4 M UI en IM en dose unique
Si allergie à la Pénicilline: Doxycycline 100 mg x 2/j pendant 14 jours.
* Syphilis tardive : benzathine benzyl pénicilline 2,4 M UI en IM, 3 injections à une semaine
d’intervalle.
* Neurosyphilis : pénicilline G 20 M UI en IV pendant 14 à 21 jours.