Cours Et Recommandations Sur BPCO
Cours Et Recommandations Sur BPCO
Cours Et Recommandations Sur BPCO
La Pneumologie
fondée sur les preuves
5e édition
Bronchopneumopathie
9 chronique obstructive
N. Roche (Paris), P.-R. Burgel (Paris), F. Chabot (Vandœuvre-lès-Nancy),
A. Chaouat (Vandœuvre-lès-Nancy), G. Deslée (Reims), P. Devillier (Suresnes),
H. Mal (Paris), T. Perez (Lille), C. Pison (Grenoble),
C. Raherison-Semjen (Bordeaux), P. Surpas (Charnay)
Messages clés
• La catégorisation des malades atteints de BPCO tient principalement compte de la fonction
respiratoire, des symptômes et de l’historique d’exacerbations.
• Deux profils évolutifs de la fonction respiratoire peuvent aboutir à la BPCO : le déclin accéléré
et la croissance pulmonaire insuffisante, résultant de facteurs de risque de l’enfance et la petite
enfance (tabagisme passif, infections respiratoires).
• Le principal facteur de risque reste, de loin, l’inhalation de fumée de tabac (ou de cannabis), mais
les facteurs professionnels doivent aussi être pris en compte.
• La distension joue un rôle majeur dans la limitation à l’exercice.
• De nombreuses comorbidités sont fréquemment associées à la BPCO et en modulent l’impact.
• Le traitement médicamenteux repose avant tout sur les bronchodilateurs inhalés.
• La réhabilitation a une place majeure dans la prise en charge.
• Des traitements instrumentaux ont des indications très spécifiques (support respiratoire/
ventilatoire) ou sont en cours de développement (réduction de volume).
Introduction
La BPCO est définie par une obstruction permanente et progressive des voies aériennes. La
cause la plus fréquente est le tabagisme. L’évolution de la BPCO est marquée par [1] [niveau de
preuve 1] :
• un déclin accéléré de la fonction respiratoire,
• un risque d’exacerbation pouvant mettre en jeu le pronostic vital,
• un risque de handicap avec réduction de l’activité quotidienne, notamment lié à la dyspnée,
• le risque d’évolution vers l’insuffisance respiratoire chronique,
• l’existence fréquente de comorbidités qui doivent être recherchées car elles aggravent les
symptômes et le pronostic.
La maladie peut être prévenue et traitée [niveau de preuve 1], et est associée à des manifestations
dépassant le cadre respiratoire [2] [niveau de preuve 3].
Le diagnostic de BPCO est évoqué à partir des symptômes et de l’exposition à des facteurs de
risque. La réalisation d’une spirométrie objective la limitation des débits aériens, caractérisée
par une diminution du rapport entre le VEMS et la CVF. La limitation des débits, incomplète-
ment réversible après administration de bronchodilatateurs, est indispensable pour affirmer le
diagnostic de BPCO et en apprécier la sévérité (tableau I). Le terme de BPCO exclut différentes
entités telles que l’asthme, les bronchectasies, l’atteinte respiratoire de la mucoviscidose et les
bronchiolites chroniques. La distinction entre asthme avec obstruction bronchique chronique
non complètement réversible et BPCO peut être difficile.
179
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
Légère ≥ 80 %
Modérée [50 % - 80 %[
Sévère [30 % - 50 %[
Très sévère < 30 %
La BPCO peut être associée à deux entités, l’atteinte des voies aériennes et l’emphysème, ces deux
entités étant souvent associées à des degrés divers. L’emphysème est défini par un élargissement
anormal et permanent des espaces aériens situés au-delà des bronchioles terminales, associé à une
destruction des parois alvéolaires, classiquement sans fibrose. La limitation des débits aériens,
conséquence de ces deux composantes (atteinte des voies aériennes, emphysème), joue un rôle
essentiel dans l’histoire naturelle de la BPCO [3] [niveau de preuve 2].
Les données récentes provenant de suivis de cohorte montrent que plusieurs « trajectoires »
peuvent conduire à la BPCO : la première est l’absence de « croissance » complète de la capacité
pulmonaire (figure 1). La seconde, connue de longue date, est le déclin accéléré de la fonction
respiratoire [3] [niveau de preuve 2].
100 %
80 %
TR1 : 71,5 %
Pas de
60 % BPCO
TR2 : 16,9 %
TR1 : Normal
20 % TR2 : Petits poumons mais pas de BPCO
TR3 : VEMS initial normal, avec un déclin rapide conduisant à une BPCO
TR4 : Petits poumons conduisant à une BPCO
0% Âge (ans)
0 10 20 30 40 50 60 70
Tranche d'âge
observée
180
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
Même en absence d’obstruction bronchique, les sujets fumeurs ou ex-fumeurs peuvent présenter
des symptômes respiratoires susceptibles de s’exacerber, une altération de leur état de santé géné-
ral, une réduction de la performance à l’exercice, un emphysème et un piégeage aérien scanogra-
phiques [4-6] [niveau de preuve 2]. La signification de ces situations est mal connue, notamment
par rapport au risque de survenue d’une BPCO.
Quoi qu’il en soit, la BPCO ne se résume pas à des résultats spirométriques. La corrélation entre
le VEMS, les symptômes et l’altération de la qualité de vie est faible [7] [niveau de preuve 3].
En 2011, le comité Global initiative for chronic Obstructive Lung Disease (GOLD) a proposé une
nouvelle classification qui prend en compte les symptômes et le risque d’exacerbations, en plus
du stade (dénommé maintenant grade) de sévérité de l’obstruction bronchique qui est toujours
défini par la valeur du VEMS. Dans cette classification, la sévérité de la BPCO est classée en
4 groupes (A, B, C, D). Jusqu’en 2016, le risque d’exacerbation était défini selon le grade de
sévérité de l’obstruction bronchique et l’historique des exacerbations. Dans un objectif de simpli-
fication, la révision majeure 2017 du document GOLD ne prend plus en compte que l’historique
d’exacerbations, beaucoup plus fortement associé au risque futur que la fonction respiratoire ;
la nouvelle classification ABCD qui en résulte est illustrée par la figure 2 [2], et est utilisée pour
guider les choix thérapeutiques. Pour autant, l’évaluation de la sévérité spirométrique de l’obs-
truction bronchique est toujours recommandée en raison de i. sa valeur pronostique, ii. son
importance pour vérifier la cohérence (à un temps t et au cours de l’évolution) entre altération
fonctionnelle et symptômes (une incohérence devant conduire notamment à envisager l’intri-
cation avec des comorbidités par exemple cardiovasculaires) et iii. son utilité pour poser des
indications de traitements non médicamenteux (réduction de volume, etc.).
Cette classification a pour principal intérêt de prendre en compte les points clés de l’expression cli-
nique de la BPCO, à savoir la dyspnée (évaluée par l’échelle du MRC modifiée [mMRC]) ou l’état de
santé plus global du patient (évalué par le questionnaire COPD Assessment Test [CAT] ou le Clinical
COPD Questionnaire [CCQ]) et la fréquence des exacerbations. Ces différents éléments ont une valeur
pronostique et représentent les objectifs de diverses thérapeutiques [1,2] [niveau de preuve 2].
C D 2 ou plus
A B 0 ou 1
Au départ (2011), la SPLF n’avait pas adopté la nouvelle classification GOLD, la considérant
comme « pilote » et attendant d’éventuelles modifications à venir [8]. La SPLF n’a pas à ce jour
pris de position sur la version révisée 2017.
Quoi qu’il en soit, un grand mérite de cette initiative a été de susciter de nombreux travaux de
recherche sur l’expression de la maladie, et de sensibiliser à l’importance d’une évaluation spiro-
métrique et clinique pour juger de la sévérité et des indications thérapeutiques.
181
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
1. Étiologies
L’apparition d’une BPCO est le résultat d’une combinaison entre les facteurs d’exposition et une
prédisposition génétique [niveau de preuve 3]. La susceptibilité à développer une BPCO repose
probablement sur des bases polygéniques. La seule maladie héréditaire monogénique identifiée
est le déficit en alpha1-antitrypsine, présent dans environ 1 % des BPCO. Des taux inférieurs à
50 mg.dL -1, observés presque exclusivement chez les patients homozygotes pour l’allèle Z (ou
plus rarement nul), augmentent le risque d’apparition d’un emphysème, a fortiori en cas de taba-
gisme. Des études de type gène candidat ou d’association pangénomique ont identifié différents
gènes associés à la BPCO et impliqués dans différentes voies physiopathologiques en cause dans
la pathogenèse de l’obstruction bronchique et/ou de l’emphysème : le stress oxydant (IREB2,
HMOX1, GSTP1, SOD3), la balance protéase-antiprotéase (MMP12, MMP9, SERPINE2), l’in-
flammation (CCL5, CCL1, SIRT1), l’apoptose (CDC6) et la sénescence (BICD1) [9-11]. Ces
études ont des discordances importantes concernant les gènes identifiés, soulignant le caractère
hétérogène, complexe et plurifactoriel sur le plan génétique de la BPCO.
Des études épigénétiques ont montré l’importance des mécanismes d’acétylation, méthylation
et oxydation dans la régulation génique au cours de la BPCO [12-14] [niveau de preuve 3]. Les
microARN constituent une voie de recherche prometteuse, identifiant un nouvel élément de
régulation génétique au cours de la BPCO [15] [niveau de preuve 3].
D’autres caractéristiques semblent être des facteurs de risque de BPCO. Historiquement, cette
maladie touchait de manière presque exclusive les sujets de sexe masculin. Depuis environ 10
ans, le nombre de femmes atteintes a considérablement augmenté. Des études épidémiologiques
ont même suggéré que les femmes qui fument présentent un risque accru de BPCO, ou de BPCO
plus sévère à tabagisme égal par rapport aux hommes [niveau de preuve 2]. La vitesse de déclin
du VEMS pourrait aussi avoir un impact plus important sur la mortalité féminine [16] [niveau
de preuve 2]. Les données récentes des enfants des sujets suivis dans la cohorte Framingham
montrent que le déclin moyen du VEMS chez les fumeurs persistants est de 38,2 mL.an-1 chez
les hommes versus 23,9 mL.an-1 chez les femmes [17] [niveau de preuve 2].
Un autre trait phénotypique associé à un risque accru de BPCO est la présence d’une hyperréac-
tivité bronchique, notamment chez le sujet jeune [18] [niveau de preuve 3]. L’existence d’une
expectoration chronique en tant que facteur indépendamment associé à un risque accru de
BPCO est controversé [19] [niveau de preuve 3].
Des facteurs d’exposition au cours de l’enfance sont susceptibles de favoriser le développement
d’une BPCO à l’âge adulte. Le tabagisme passif au cours de l’enfance, le tabagisme actif de la
mère au cours de la grossesse, les infections respiratoires de la petite enfance, le tabagisme actif
chez l’adolescent représentent des facteurs de risque de croissance insuffisante de la fonction
respiratoire [20] [niveau de preuve 3].
Le tabagisme reste le principal facteur de risque de BPCO, en cause dans 85-90 % des cas [20].
Plusieurs études longitudinales ont montré que la chute annuelle du VEMS est accélérée chez les
fumeurs [17] [niveau de preuve 3]. L’arrêt du tabagisme ralentit la chute progressive du VEMS.
Tous les fumeurs ne développent pas une BPCO, même si leur proportion atteint près de 50 % de
BPCO chez les sujets de 65 ans et plus qui fument encore [21]. La susceptibilité au tabac présente
une variabilité interindividuelle très importante, vraisemblablement sous-tendue par des facteurs
génétiques (voir ci-avant). La fumée de cannabis pourrait exposer au même risque de BPCO que
celle du tabac [22] [niveau de preuve 3]. Globalement, le RR d’acquérir une BPCO en rapport
182
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
avec le tabagisme actif est estimé à 3,51 - IC 95 % [3,08-3,99] [23] [niveau de preuve 3].
Certains polluants en milieu industriel et agricole favorisent le développement d’une
BPCO [24,25] [niveau de preuve 3]. Cependant, l’association entre ces facteurs de risque profes-
sionnels, d’une part, et la BPCO, d’autre part, est moins forte que celle qui existe avec le tabac,
qui en outre potentialise les risques professionnels.
Des polluants domestiques (exposition à des fumées de combustion intérieures dans des pièces
mal ventilées) peuvent aussi être en cause dans certains pays [20] [niveau de preuve 2]. La pol-
lution atmosphérique est un facteur d’aggravation de la BPCO. En effet, les pics de pollution
augmentent le nombre d’admissions pour exacerbation dans les services d’urgence, ainsi que la
mortalité des patients atteints de BPCO [niveau de preuve 2]. Le fait que la pollution atmosphé-
rique soit de plus un facteur de risque incident de BPCO est plus difficile à affirmer. Il semble
que la décroissance annuelle du VEMS dans la population soit plus élevée en zone très polluée
qu’en zone non polluée [20] [niveau de preuve 3].
L’utilisation d’un score de qualité nutritionnelle, l’Alternate Healthy Eating Index-2010 (AHEI-
2010), a montré qu’une forte consommation de céréales complètes, d’acides gras polyinsaturés,
de noix, d’oméga 3 associée à une faible consommation de viande rouge / charcuterie, de céréales
raffinées et de sodas, était associée à un risque réduit de BPCO incident chez les hommes et les
femmes, soulignant le rôle protecteur possible d’une alimentation saine dans la prévention mul-
timodale des BPCO [26].
L’inactivité physique et la sédentarité jouent probablement un rôle aggravant dans la progression
de la maladie sans qu’il soit aisé d’affirmer la causalité du lien [27].
Enfin, plusieurs études ont suggéré que les personnes de familles ayant de faibles revenus pré-
sentent un risque accru de BPCO [20] [niveau de preuve 3]. Les résultats de ces études sont
cependant à prendre avec réserve, étant donné la difficulté de différencier les facteurs socioéco-
nomiques des autres facteurs de risque de BPCO.
183
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
Inflammation
pariétale
Hyperplasie
glandulaire
Destruction des
attaches alvéolaires
(emphysème)
Au niveau des artères pulmonaires, les lésions les plus caractéristiques s’observent dans les
artérioles et les artères de petit calibre (< 500 µm). L’intima est épaissie très précocement, par
migration des myofibroblastes provenant de la paroi vasculaire, donnant des faisceaux longitu-
dinaux musculaires lisses et une fibrose. Au niveau des artérioles non musculaires (< 80 µm),
la media est épaissie, en raison de l’apparition d’une muscularisation. Enfin, l’adventice est le
siège d’un infiltrat inflammatoire composé principalement de lymphocytes CD8+ [38] [niveau
de preuve 3].
184
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
de rétraction élastique du poumon, fournissant une force supplémentaire pour expulser l’air. Un
autre facteur impliqué dans la distension dynamique est le raccourcissement du temps expiratoire
en rapport avec l’augmentation de la fréquence respiratoire, lors de l’exercice : le temps disponible
pour la vidange pulmonaire étant raccourci, le volume téléexpiratoire s’accroit. La distension est
responsable de plusieurs phénomènes qui en font un mécanisme majeur de la dyspnée dans la
BPCO : l’augmentation du travail respiratoire (élévation de la pression alvéolaire téléexpiratoire
qui doit être contrebalancée avant le début de l’inspiration) et la configuration défavorable des
muscles respiratoires (aplatissement et étirement du diaphragme) [40]. La ventilation à haut niveau
de volume se fait dans une zone de compliance pulmonaire basse [niveau de preuve 2]. La disten-
sion dynamique aboutit à une restriction de la réserve inspiratoire limitant l’expansion du volume
courant. La distension peut être observée dès le stade 1, et explique probablement en grande partie
la dyspnée chez ces patients [41]. L’obésité a un certain rôle protecteur vis-à-vis de la distension
chez les patients BPCO [42]. La distension s’aggrave en exacerbation. En sus de son impact sur la
limitation ventilatoire à l’exercice, la distension a un rôle délétère très significatif sur la fonction
cardiaque, au repos comme à l’exercice, impact amélioré par les bronchodilatateurs [43,44].
185
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
186
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
L’ampleur du problème
1. Épidémiologie
La prévalence de la BPCO dans la population adulte des pays industrialisés est évaluée entre 5
et 10 % dans les études spirométriques [niveau de preuve 2], avec des variations géographiques
importantes (2,1 % à 21 %) [63] [niveau de preuve 3]. Cette prévalence dépend de la définition
spirométrique de l’obstruction bronchique qui est choisie et des tranches d’âge considérées : par
exemple, elle est au moins multipliée par 2 si l’on compare la population de plus de 75 ans à celle
des sujets dont l’âge est compris entre 50 et 60 ans. Il est important de préciser que des enquêtes de
prévalence ont montré que plus de la moitié des patients atteints de BPCO ignoraient leur maladie.
La plupart des experts s’accordent à souligner qu’il existe une augmentation très importante de la
BPCO depuis une trentaine d’années, ce qui suggère que le taux d’incidence est en forte augmen-
tation [63] [niveau de preuve 3], particulièrement chez les femmes. En revanche, les données
concernant les tendances récentes en termes de mortalité sont contradictoires et extrêmement
hétérogènes d’un pays à l’autre [64,65].
L’incidence cumulative sur 25 ans chez des sujets continuant à fumer durant toute cette période
est de 30 % chez les femmes et de 39 % chez les hommes [66] [niveau de preuve 3]. Elle est de 6 %
(hommes) à 9 % chez les sujets n’ayant jamais fumé et de 12 % chez les ex-fumeurs. Enfin, chez
les sujets ayant interrompu puis repris leur tabagisme, elle s’élève à 19 % chez les hommes et 25 %
chez les femmes. Le nombre de décès par BPCO en France dépasse maintenant 16 000 par an [67].
Le taux de mortalité en France en 2007 était de 7,2 décès pour 100 000 habitants [63] [niveau de
preuve 3]. Le taux annuel standardisé d’hospitalisation pour exacerbation était de 25 pour 10 000
habitants [68]. La BPCO est la seule des 6 principales causes de mortalité dont le taux de morta-
lité attribuable augmente aux États-Unis, comme probablement dans la plupart des pays indus-
trialisés [69] [niveau de preuve 2]. Ce phénomène est associé à une tendance à « l’égalisation »
du risque de BPCO et de décès par BPCO entre hommes et femmes [70].
Dans la cohorte Millenium (Royaume-Uni), la BPCO constitue la première cause de mortalité chez
les femmes fumeuses, avant le cancer bronchopulmonaire et les causes cardiovasculaires [71].
2. Pronostic
Les facteurs pronostiques importants sont l’âge et la poursuite ou l’arrêt du tabac [72]. D’autres
facteurs tels que la présence d’une hypoxémie sévère, d’une hypercapnie et d’une HTAP
influencent négativement le devenir des patients, de même qu’une diminution de l’indice de
masse corporelle (IMC), une réduction de la distance parcourue lors d’un TDM6, ou de la capa-
cité de diffusion du CO (DLCO). Enfin, les degrés de dyspnée et d’altération de la qualité de vie,
ainsi que le niveau d’activité physique quotidienne, sont aussi des facteurs pronostiques [27].
D’autres facteurs pronostiques déjà mentionnés plus haut incluent les altérations cognitives,
l’existence d’une anémie ou le niveau du taux de CRP sérique. La fréquence des exacerbations, le
degré de distension pulmonaire et la surface de certains muscles striés squelettiques doivent être
ajoutés. Parmi tous ces facteurs, 4 semblent particulièrement importants et ont été intégrés dans
le score BODE (IMC, obstruction [VEMS], dyspnée et TDM6). D’autres indices pronostiques
multidimensionnels ont été développés mais sont moins extensivement validés ou utilisés [73].
187
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
2. Diagnostic et évaluation
La mise en évidence d’une obstruction bronchique persistant après bronchodilatateur en spiro-
graphie est indispensable pour porter le diagnostic de BPCO. Cet examen permet de mesurer
le VEMS et la CVF. Le critère diagnostique est la présence d’un rapport VEMS/CVF inférieur à
188
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
0,70 et restant inférieur à cette valeur après l’administration de bronchodilatateurs [1] [niveau
de preuve 3]. L’utilisation d’un seuil fixe de 0,70 pour le rapport VEMS/CVF expose à un risque
élevé de diagnostic par excès chez les sujets âgés, la limite inférieure de la normale étant phy-
siologiquement plus basse chez ces sujets [81]. Le diagnostic de BPCO dans ces cas doit tenir
compte de la valeur du rapport VEMS/CV relativement à la limite inférieure de la normale,
des facteurs de risque, des symptômes, des autres éléments paracliniques (pléthysmographie,
DLCO, imagerie). Ces dernières années, des minispiromètres électroniques, portables et peu
couteux, sont apparus. Ils mesurent le rapport VEMS/VEM6, au sein duquel le VEM6 remplace
la CVF. La valeur diagnostique et pronostique du rapport VEMS/VEM6 est superposable à celle
du VEMS/CVF [80] [niveau de preuve 2]. Ces dispositifs peuvent donc s’avérer utiles pour la
détection précoce de la BPCO, en particulier en médecine générale, pour peu qu’ils soient utili-
sés de manière adéquate, ce qui implique une formation théorique et surtout pratique préalable.
La radiographie du thorax est un examen peu sensible pour le diagnostic de BPCO, notamment
dans les formes peu sévères. Le scanner thoracique permet de quantifier l’emphysème [82], sans
que ceci ait un impact pratique quelconque dans le cas général. En revanche, il est indispensable
si l’on envisage un traitement chirurgical ou endoscopique de l’emphysème [83].
D’autres examens complémentaires peuvent être nécessaires en fonction du tableau clinique. La
spirométrie peut être complétée par un test de réversibilité de l’obstruction bronchique, indispen-
sable initialement. Au cours de la BPCO, la réversibilité est par définition incomplète ou absente,
et très variable dans le temps [84]. Elle se mesure après l’inhalation d’un bronchodilatateur.
Les valeurs seuils de définition de la réversibilité sont variables. La tendance actuelle est d’ad-
mettre qu’un accroissement du VEMS et/ou de la CV d’au moins 12 % de la valeur de départ et
d’au moins 200 mL témoigne d’une réversibilité significative [niveau de preuve 3], ce qui n’exclut
pas le diagnostic de BPCO sauf si le rapport VEMS/CVF postbronchodilatateur dépasse 0,70 [85].
La mesure des volumes pulmonaires de repos (volume résiduel, capacité résiduelle fonction-
nelle et CPT) de préférence par pléthysmographie évalue le niveau de distension et ne peut être
remplacée par la seule capacité inspiratoire spirométrique [85]. La mesure du transfert du CO
permet d’estimer le degré d’emphysème avec une bonne sensibilité.
Lorsque la maladie apparait précocement ou qu’il existe des antécédents familiaux d’emphy-
sème, il est recommandé de réaliser un dosage de l’alpha1-antitrypsine.
Les comorbidités et leurs facteurs de risque doivent être évalués.
3. Phénotypes de BPCO
La BPCO a longtemps été catégorisée par stades de VEMS selon la classification GOLD. Le VEMS
est mal corrélé aux symptômes respiratoires. L’analyse de la cohorte longitudinale ECLIPSE a
confirmé la grande hétérogénéité des manifestations cliniques de la maladie chez des patients
BPCO appartenant au même stade GOLD spirométrique [7] [niveau de preuve 1]. En 2010, un
groupe d’experts a suggéré l’intérêt d’identifier des sous-groupes de patients BPCO ayant des dif-
férences cliniquement pertinentes en termes de symptômes, d’exacerbations, de progression de la
BPCO (déclin du VEMS), de décès ou de réponse aux thérapeutiques [86]. Le meilleur exemple
de l’application de la notion des phénotypes a été apporté par les résultats de l’essai NETT qui a
identifié des caractéristiques cliniques et scanographiques associées à un risque de décès précoce
ou au contraire à un bénéfice sur la survie de la réduction de volume pulmonaire chirurgicale
dans des sous-groupes de patients BPCO ayant une obstruction bronchique sévère [87].
À ce jour, il n’existe pas de consensus sur la meilleure façon d’identifier des phénotypes de BPCO
sur la base des caractéristiques cliniques, fonctionnelles respiratoires, biologiques ou scanogra-
phiques [niveau de preuve 3]. Des études ont proposé l’utilisation de techniques mathématiques
189
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
exploratoires multivariées (analyses en clusters) pour identifier des phénotypes [88] [niveau de
preuve 3], mais ces études restent actuellement du domaine de la recherche.
Des tentatives comparables sont proposées pour regrouper en clusters les comorbidités [89] ou
la réponse à la réhabilitation [90].
1. Traitement pharmacologique
Aucune donnée ne permet de conclure formellement que des médicaments peuvent stopper l’aggra-
vation progressive de l’obstruction bronchique. Le traitement pharmacologique permet en revanche
d’améliorer les symptômes et la limitation fonctionnelle, et de prévenir les exacerbations [95].
La figure 4 présente une proposition de stratégie du traitement pharmacologique émanant de la
SPLF [95].
190
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
191
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
Situation Action
Le diagnostic doit être confirmé par spirométrie, avec mise en évidence d’un
Diagnostic de la BPCO
VEMS/CV < 0,70 après bronchodilatateur
Vérifier :
Effet insuffisant • Diagnostic différentiel
= Persistance sous trai- • Sevrage tabagique
tement de maintenance • Fonction respiratoire
d’une dyspnée/handicap • Observance / technique de prise
et/ou d’exacerbations • ETP / réhabilitation
• Comorbidités
Tenir compte autant que possible des indications d’AMM concernant le seuil
Si prescription d’une de VEMS, exprimé en % de la valeur prédite :
association fixe corticosté- • < 50 % pour béclométasone + formotérol
roïde inhalé + bêta2 longue • < 60 % prébronchodilatateur pour fluticasone propionate + salmétérol
durée d’action • < 70 % postbronchodilatateur pour fluticasone furoate + vilantérol et
budésonide + formotérol
Signification du terme
« exacerbations » dans la Seuil (arbitraire) : 2 par an ou 1 avec hospitalisation
figure
1.1. Bronchodilatateurs
Ils ont une place essentielle dans le traitement pharmacologique de la BPCO [niveau de preuve 1].
Ils améliorent la capacité d’exercice, la qualité de vie et la dyspnée d’effort. Leur utilisation est
aussi associée à une réduction de la fréquence des exacerbations [96,97] [niveau de preuve 1].
Ces effets bénéfiques cliniques sont mal corrélés aux effets sur le VEMS. L’utilisation des bron-
chodilatateurs ne doit en aucun cas être réservée aux malades dont l’obstruction bronchique est
réversible [98] [niveau de preuve 1]. Les bronchodilatateurs sont principalement les bêta2-adré-
nergiques et les anticholinergiques par voie inhalée. La voie inhalée requiert un apprentissage,
puis une vérification régulière de la bonne utilisation du dispositif d’inhalation, quel qu’il soit,
la mauvaise utilisation étant associée à un moindre contrôle de la maladie [99] [niveau de
preuve 2]. Les bêta2-adrénergiques et les anticholinergiques de courte durée d’action peuvent
être utilisés à la demande, leur prise continue étant également possible. Ils ont une efficacité du
même ordre et un cout très réduit.
Les bronchodilatateurs inhalés de longue durée d’action sont indiqués lorsque la symptomatolo-
gie persiste (notamment la dyspnée) malgré l’utilisation pluriquotidienne d’un bronchodilatateur
192
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
de courte durée d’action. Ils ont globalement une efficacité supérieure aux bronchodilatateurs
de courte durée d’action et ont fait leur preuve notamment dans la réduction de la fréquence
des exacerbations, l’amélioration de la qualité de vie et de la tolérance à l’effort [100] [niveau
de preuve 1]. Le choix entre un bêta2-adrénergique (long-acting beta2 agonist [LABA] : salmété-
rol, formotérol, indacatérol, olodatérol) et un anticholinergique (long-acting antimuscarinic agent
[LAMA] : tiotropium, glycopyrronium, uméclidinium) est fonction du bénéfice symptomatique
individuel. Chez les patients qui reçoivent un traitement par bronchodilatateur de longue durée
d’action, un traitement par bronchodilatateur de courte durée d’action peut être prescrit à la
demande pour soulager des accès dyspnéiques en privilégiant l’autre classe pharmacologique de
bronchodilatateur.
Des associations fixes d’un LABA et d’un LAMA (indacatérol/glycopyrronium, olodatérol/tiotro-
pium, vilantérol/uméclidinium) ont été récemment mises sur le marché ou sont sur le point de
l’être, et d’autres sont en cours de développement [101]. Fixes ou libres, de telles associations ont
un effet plus important sur la fonction respiratoire qu’un seul bronchodilatateur de longue durée
d’action, avec un gain variable en termes de dyspnée, de qualité de vie et de fréquence des exa-
cerbations [102] [niveau de preuve 1]. Chez les patients dyspnéiques à l’effort (mMRC ≥ 2, figure
4) et présentant des exacerbations répétées malgré un traitement continu par un bronchodilata-
teur de longue durée d’action, l’association de deux bronchodilatateurs de longue durée d’action
parait plus efficace que l’association d’un corticostéroïde inhalé et d’un LABA en termes de fonc-
tion respiratoire, de dyspnée mais aussi de prévention des exacerbations [103,104]. En l’absence
d’autres études randomisées et en « vie réelle » comparant LABA + LAMA versus corticostéroïde
inhalé + LABA sur l’ensemble des patients éligibles à une association fixe corticostéroïde inhalé
+ LABA, il est important de prendre en compte la persistance d’une dyspnée et d’exacerbations
dans les propositions résumées en figure 4.
Les effets indésirables les plus fréquents des bêta2-adrénergiques aux posologies recommandées
sont des tremblements des extrémités, céphalées, palpitations, gêne oropharyngée et crampes
musculaires habituellement transitoires. Même chez les patients à risque cardiovasculaire, un
traitement prolongé par bêta2-agoniste de longue durée d’action ne s’accompagne pas d’une sur-
morbidité ou surmortalité cardiovasculaire [105] [niveau de preuve 1]. L’effet indésirable le plus
fréquemment observé avec les anticholinergiques est la sécheresse buccale mais des dysuries ont
été rapportées et plus rarement des rétentions urinaires [106] [niveau de preuve 1]. Contraire-
ment à ce qu’ont suggéré des études observationnelles [107] [niveau de preuve 2], un essai
randomisé a montré que le tiotropium administré sous forme de brumisat n’augmente pas le
risque cardiovasculaire [108] [niveau de preuve 1].
Les méthylxanthines n’ont été évaluées dans la BPCO que sous la forme de théophylline retard.
Leur efficacité bronchodilatatrice est au mieux comparable à celle des bêta2-adrénergiques mais
le plus souvent inférieure [109]. En raison d’effets indésirables fréquents et de nombreuses inte-
ractions médicamenteuses, on réserve la prescription de théophylline à l’insuffisance ou à l’échec
des bronchodilatateurs inhalés.
Pour chaque patient, il est nécessaire de trouver un compromis entre l’efficacité, la bonne tolé-
rance, l’acceptabilité du traitement et le cout [110].
Les solutions de bêta2-adrénergiques et d’anticholinergiques pour inhalation par nébuliseur
n’ont pas démontré leur supériorité en termes d’efficacité par rapport aux aérosols-doseurs, aux
dispositifs à poudres dans le traitement des patients en état stable [111]. Ces solutions pour
nébuliseur ne doivent donc être prescrites qu’aux patients sévèrement atteints dont l’amélio-
ration des symptômes est supérieure à ce qui est obtenu avec les aérosols-doseurs, les poudres
sèches ou les brumisats [niveau de preuve 3].
193
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
1.2. Corticothérapie
La corticothérapie inhalée a une efficacité moindre dans la BPCO que dans l’asthme.
Ces agents ne modifient pas le déclin du VEMS, quel que soit le niveau de sévérité de la BPCO,
mais peuvent améliorer la qualité de vie et réduire la fréquence des exacerbations [112]. Les
corticoïdes inhalés ne sont pas autorisés dans la BPCO en dehors des combinaisons avec un
bêta2-agoniste de longue durée d’action. Les cures courtes de corticothérapie orale n’ont pas
de valeur prédictive de l’efficacité ultérieure d’une corticothérapie inhalée [niveau de preuve 2].
194
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
1.5. Vaccination
La vaccination antigrippale réduit de 50 % environ la morbidité et la mortalité secondaires à la
grippe chez les patients atteints d’une BPCO [niveau de preuve 1]. Elle est donc recommandée.
195
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
L’intérêt de la vaccination contre le pneumocoque est moins bien établi ; des études ont montré
qu’elle préviendrait le risque de pneumonie (en particulier avec bactériémie) chez les patients
de plus et de moins de 65 ans et ceux dont la BPCO est sévère, avec une réduction de la mor-
talité chez les sujets âgés. Toutefois, ces effets ne se confirment pas statistiquement dans une
métaanalyse du groupe Cochrane [132] [niveau de preuve 2]. Les vaccins polysaccharidiques 7-
ou 13-valents conjugués sont associés à une meilleure réponse immunologique à long terme que
le 23-valents non conjugués [133].
196
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
collectives, avec l’utilisation d’outils pédagogiques. L’ETP s’intègre dans le parcours de soins du
patient atteint de maladie chronique mais le stage de réhabilitation respiratoire constitue souvent
son début. Elle nécessite une équipe formée à l’ETP. Un programme d’ETP répond à un cahier des
charges national et est soumis à une autorisation de l’agence régionale de la Santé. L’apprentissage
isolé de l’application d’un plan d’action contre une exacerbation entraine une augmentation de
la consommation d’antibiotiques ou de corticoïdes, et un taux d’hospitalisation identique [140].
L’ETP ne doit donc pas se limiter à cet apprentissage mais bien être réalisée de façon globale, cen-
trée sur les besoins du patient.
Une autre composante de la réhabilitation respiratoire est la prise en charge nutritionnelle, qui
doit, au minimum, compenser l’augmentation des dépenses énergétiques induite par le réen-
trainement. Combinée aux autres éléments de la réhabilitation respiratoire, elle est de nature à
améliorer la tolérance à l’effort, la composition corporelle chez les patients avec BPCO GOLD
II à IV [141] [niveau de preuve 1] et réduire dans certaines situations (GOLD IV) la morta-
lité [142] [niveau de preuve 3]. La valeur pronostique de l’IMC conduit à ne pas essayer de faire
maigrir les patients atteints de BPCO.
La réhabilitation respiratoire se fait en deux phases : le stage qui a une durée limitée dans le
temps et l’après-stage qui dure toute la vie du patient. Pendant cet après-stage, l’activité phy-
sique du patient doit être adaptée à son état de santé et à ses gouts : la marche nordique [143], le
taïchi [144] et le chant [145] ont validé leurs résultats. Une difficulté actuelle est la prise en charge
des besoins déterminés lors du diagnostic éducatif dans le cadre du parcours de soins du patient.
Tous les intervenants possibles doivent être imaginés, correspondant aux souhaits du patient :
associations de patients, clubs sportifs, clubs de loisirs, etc.
197
LA PNEUMOLOGIE FONDÉE SUR LES PREUVES
198
CHAPITRE 9 - Bronchopneumopathie chronique obstructive
réserve de satisfaire les critères de sélection. Cette intervention améliore la qualité de vie des
patients et selon leur degré de gravité peut apporter un bénéfice de survie [niveau de preuve 2].
Il peut s’agir d’une transplantation monopulmonaire (TMP) ou TBP séquentielle, cette dernière
conférant un petit avantage de survie après ajustement sur les facteurs confondants [niveau de
preuve 2]. La survie attendue est de 80 % à 1 an et de 50 % à 5 ans [niveau de preuve 2]. Déter-
miner le moment où il faut discuter l’indication de la transplantation n’est pas aisé. Des critères
prenant en compte les divers facteurs pronostiques connus de la BPCO ont été proposés pour
aider les cliniciens [155] [niveau de preuve 3].
La prévention
La prévention de la BPCO et de son aggravation repose avant tout sur celle du tabagisme et
l’aide à son arrêt, le cas échéant, suivant les mêmes règles que dans la population générale. Les
approches médicamenteuses utilisées sont la substitution nicotinique, la varénicline, le bupro-
pion [156]. Les études spécifiquement dédiées à l’effet d’interventions psychosociales sur le
sevrage tabagique chez des patients atteints de BPCO sont rares et hétérogènes, suggérant un
effet bénéfique sans pouvoir atteindre la signification statistique [157] [niveau de preuve 2].
La prévention repose aussi sur la connaissance des autres facteurs de risque environnementaux
évitables (professionnels, domestiques, infections de l’enfance, etc.) [158].
Conclusion
La prise en charge de la BPCO repose sur un arsenal thérapeutique qui s’étend. Mais la plupart
des nouveaux produits à venir appartiennent à des familles déjà bien connues ou les associent.
Il n’existe pour l’heure aucun traitement susceptible de modifier en profondeur l’histoire natu-
relle de la maladie, qu’il s’agisse de la progression du remodelage bronchique ou de la destruc-
tion emphysémateuse. Le développement de nouvelles approches bénéficiera peut-être d’une
meilleure caractérisation des malades, tant clinique que biologique. D’ici là, les praticiens et
la recherche clinique doivent optimiser l’utilisation des traitements existants sur la base des
niveaux de preuve disponibles. La prévention reposant notamment sur la lutte contre le taba-
gisme est primordiale.
199
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