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Conseil Detat-Loi Montagne 16juil2010

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Conseil d’État N° 324515 du 16 juillet 2010 Inédit au recueil Lebon

Mme Maugüé, président


M. Bruno Chavanat, rapporteur
M. Roger-Lacan Cyril, commissaire du gouvernement
SCP TIFFREAU, CORLAY ; SCP BORE ET SALVE DE BRUNETON ; SCP DELAPORTE, BRIARD, TRICHET,
avocat(s)
Vu le pourvoi sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 27 janvier et 24 avril 2009 au secrétariat
du contentieux du Conseil d’Etat, présentés pour l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PAYSAGES
ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS, la SCI DU DOMAINE DE LAMBEYRAN et la
SCA DE LAMBEYRAN, dont les sièges sont situés au Hameau de Lambeyran à Les Plans (34700) ;
l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU
LODEVOIS et autres demandent au Conseil d’Etat :
1°) d’annuler l’arrêt du 27 novembre 2008 par lequel la cour administrative d’appel de Marseille, à la demande
de la Société énergie renouvelable du Languedoc et du ministre des transports, de l’équipement, du tourisme et
de la mer, a annulé le jugement du 23 mars 2006 du tribunal administratif de Montpellier et rejeté leurs
demandes présentées devant ce tribunal tendant à l’annulation du permis de construire délivré le 20 octobre
2004 par le préfet de la région Languedoc-Roussillon, préfet de l’Hérault, à la Société énergie renouvelable du
Languedoc pour la création d’un parc éolien à Bernagues sur le territoire de la commune de Lunas ;
2°) réglant l’affaire au fond, de rejeter l’appel de la Société énergie renouvelable du Languedoc et du ministre
des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer ;
3°) de mettre à la charge de l’Etat la somme de 5 000 euros au titre de l’article L.761-1 du code de justice
administrative ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la note en délibéré enregistrée le 2 juillet 2010, présentée pour la société Energie Renouvelable du
Languedoc ;
Vu le code de l’environnement ;
Vu le code de l’urbanisme ;
Vu le décret nº 77-1141 du 12 octobre 1977 ;
Vu le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
- le rapport de M. Bruno Chavanat, Maître des Requêtes,
- les observations de la SCP Tiffreau, Corlay, avocat de l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES
PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS et autres et de la SCP Delaporte,
Briard, Trichet, avocat de la société énergie renouvelable du Languedoc,
- les conclusions de M. Cyril Roger-Lacan, rapporteur public ;
La parole ayant été à nouveau donnée à la SCP Tiffreau, Corlay, avocat de l’ASSOCIATION POUR LA
PROTECTION DES PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS et autres et à
la SCP Delaporte, Briard, Trichet, avocat de la société énergie renouvelable du Languedoc,
Sur l’intervention de l’association Vents de colère ! :
Considérant que l’association intervenante, fédération qui regroupe des associations de protection de
l’environnement implantées sur l’ensemble du territoire national, justifie d’un intérêt propre lui donnant qualité
pour contester la légalité du permis de construire litigieux ; qu’ainsi son intervention est recevable ;
Sur les conclusions à fin d’annulation :
Considérant que par un arrêté du 29 octobre 2004, le préfet de l’Hérault a délivré un permis de construire à la
Société énergie renouvelable du Languedoc en vue de l’implantation de sept éoliennes sur le territoire de la
commune de Lunas ; que l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PAYSAGES ET RESSOURCES DE
L’ESCANDORGUE et autres se pourvoient contre l’arrêt du 27 novembre 2008 par lequel la cour administrative
d’appel de Marseille a infirmé le jugement du tribunal administratif de Montpellier qui avait accueilli leurs
conclusions à fin d’annulation de cette autorisation ;
Sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens du pourvoi ;
Considérant que les conditions d’utilisation et de protection de l’espace montagnard sont fixées par le chapitre V
du titre IV du livre Ier du code de l’urbanisme ; qu’aux termes du second alinéa de l’article L. 145-2 de ce code :
Les directives territoriales d’aménagement précisant les modalités d’application des dispositions du présent
chapitre ou, en leur absence, lesdites dispositions sont applicables à toute personne publique ou privée pour
l’exécution de tous travaux, constructions, défrichements, plantations, installations et travaux divers, pour
l’ouverture des carrières, la recherche et l’exploitation des minerais, la création de lotissements et l’ouverture de
terrains de camping ou de stationnement de caravanes, la réalisation de remontées mécaniques et
l’aménagement de pistes, l’établissement de clôtures et les installations classées pour la protection de
l’environnement. ; qu’aux termes du II de l’article L. 145-3 du même code : Les documents et décisions relatifs à
l’occupation des sols comportent les dispositions propres à préserver les espaces, paysages et milieux
caractéristiques du patrimoine naturel et culturel montagnard. ; qu’aux termes du premier alinéa du III du même
article : Sous réserve de l’adaptation, du changement de destination, de la réfection ou de l’extension limitée
des constructions existantes et de la réalisation d’installations ou d’équipements publics incompatibles avec le
voisinage des zones habitées, l’urbanisation doit se réaliser en continuité avec les bourgs, villages, hameaux,
groupes de constructions traditionnelles ou d’habitations existants. ; que toutefois, le c) de ce III, combiné avec
le 4° de l’article L. 111-1-2 du même code, définit les cas où, dans les communes ou parties de commune qui
ne sont pas couvertes par un plan local d’urbanisme ou une carte communale, peuvent néanmoins être
autorisées des constructions qui ne sont pas situées en continuité avec les bourgs, villages, hameaux, groupes
de constructions traditionnelles ou d’habitations existants ;
Considérant que, pour annuler le jugement du tribunal administratif de Montpellier, la cour administrative d’appel
a accueilli le moyen soulevé par la Société énergie renouvelable du Languedoc et le ministre des transports, de
l’équipement, du tourisme et de la mer, tiré de ce que les premiers juges s’étaient, à tort, fondés sur les
dispositions du III de l’article L. 145-3 du code de l’urbanisme, alors que celles-ci n’étaient pas opposables au
permis de construire litigieux, l’implantation d’éoliennes, eu égard à leurs caractéristiques techniques et à leur
destination, ne pouvant constituer une opération d’urbanisation au sens de cet article du code de l’urbanisme ;
qu’en jugeant ces dispositions inopérantes à l’égard de la construction d’éoliennes alors même qu’en adoptant
celles-ci, le législateur a entendu interdire toute construction isolée en zone de montagne et a limitativement
énuméré les dérogations à cette règle, la cour administrative d’appel de Marseille a commis une erreur de droit ;
Considérant qu’il résulte de ce qui précède que l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PAYSAGES ET
RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE et autres sont fondés à demander l’annulation de l’arrêt attaqué ;
Sur les conclusions tendant à l’application des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative :
Considérant qu’il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire application de ces dispositions et de
mettre à la charge de l’Etat le versement d’une somme de 1000 euros à l’ASSOCIATION POUR LA
PROTECTION DES PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS, d’une somme
de 500 euros à la SCI DU DOMAINE DE LAMBEYRAN et d’une somme de 500 euros à la SCA DE
LAMBEYRAN au titre des frais engagés par elles et non compris dans les dépens ; qu’en revanche, les
dispositions de cet article font obstacle à ce que soit mis à la charge de l’ASSOCIATION POUR LA
PROTECTION DES PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE et autres, qui ne sont pas, dans la
présente instance, la partie perdante et de l’Association Vent de colère ! , qui a la simple qualité d’intervenante
et non de partie, le versement de la somme que réclame au même titre la Société des énergies renouvelables ;
DECIDE:
Article 1er : L’intervention de l’association Vents de colère ! est admise.
Article 2 : L’arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille du 27 novembre 2008 est annulé.
Article 3 : L’affaire est renvoyée devant la cour administrative d’appel de Marseille.
Article 4 : L’Etat versera une somme de 1000 euros à l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES
PAYSAGES ET RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS, une somme de 500 euros à la SCI
DU DOMAINE DE LAMBEYRAN et une somme de 500 euros à la SCA DE LAMBEYRAN en application de
l’article L. 761-1 du code de justice administrative.
Article 5 : Le surplus des conclusions du pourvoi et les conclusions de la société énergie renouvelable du
Languedoc au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetés.
Article 6 : La présente décision sera notifiée à l’ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PAYSAGES ET
RESSOURCES DE L’ESCANDORGUE ET DU LODEVOIS, à la SCI DU DOMAINE DE LAMBEYRAN, à la SCA
DE LAMBEYRAN, à la Société énergie renouvelable du Languedoc et au ministre d’Etat, ministre de l’écologie,
de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur
le climat.

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