Traiter La Dissociation D'origine Traumatique. Approche Pratique Et Intégrative-2018
Traiter La Dissociation D'origine Traumatique. Approche Pratique Et Intégrative-2018
Traiter La Dissociation D'origine Traumatique. Approche Pratique Et Intégrative-2018
d’origine traumatique
Carrefour des psychothérapies
Collection dirigée par Édith Goldbeter-Merinfeld
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consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com
1re édition
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : novembre 2018 ISSN : 1780-9517
Bibliothèque Royale de Belgique, Bruxelles : 2018/13647/174 ISBN : 978-2-8073-1493-1
À tous les patients et thérapeutes du monde entier qui choisissent
ce parcours difficile, qui sont prêts à prendre des risques et à
persévérer ensemble dans une psychothérapie imparfaite mais
« suffisamment bonne ». À chacun d’entre vous, une abondance
de compassion, de courage et de clarté.
Sommaire
Préface 11
Remerciements 19
Introduction
PARTIE I
La relation thérapeutique
Sommaire 7
PARTIE II
Évaluation, formulation de cas
et planification du traitement
PARTIE III
Phase 1
Traitement et au-delà
PARTIE IV
Traitement de la Phase 2
PARTIE V
Traitement de la Phase 3
Bibliographie 565
Index 597
Table des matières 607
Sommaire 9
Préface
Préface 11
chose la plus naturelle au monde. Ces thérapeutes trouveront que le traite-
ment des patients atteints de troubles dissociatifs comprend des techniques
très pratiques qui soutiennent l’intégration progressive. Néanmoins, les
manières d’être en relation avec le patient constituent l’épine dorsale des
traitements et forment en elles-mêmes des interventions thérapeutiques
essentielles.
La tâche de chaque bon thérapeute est d’intégrer sans heurts une combinai-
son cohérente d’interventions cognitives, émotionnelles et somatiques (savoir-
faire) avec l’expérience relationnelle dans le moment présent entre deux êtres
humains (savoir-être). En fait, il n’y a rien de plus pratique et intégratif que
de faire de la relation thérapeutique une partie intégrante du travail avec des
patients qui ont été tellement blessés par d’autres personnes. Les résultats de
la neurobiologie interpersonnelle pointent de plus en plus la centralité et la
puissance de transformation des interactions relationnelles implicites dans la
thérapie (p. ex., Cozolino, 2010 ; Schore, 2012 ; Siegel, 2010b, 2015). L’im-
portance de l’impact de la relation thérapeutique est encore plus grande chez
les patients souffrant de troubles dissociatifs que dans de nombreuses autres
populations cliniques, de sorte que les processus relationnels avec ces patients
méritent une attention et des soins supplémentaires. Pourtant, malgré les
recommandations des experts, les thérapeutes sous-utilisent généralement la
relation comme processus thérapeutique. Ainsi, nous nous sommes attachés
à inscrire une approche pratique et intégrative dans un contexte relationnel
avec autant de techniques variées que possible pour une thérapie exigeante et
complexe.
Lorsque l’on est confronté à l’urgence, la crise et la confusion, il est
particulièrement difficile de suivre la sagesse de l’adage Ne faites pas juste
quelque chose, restez là. Les mots peuvent manquer ou sont mal interprétés
en thérapie ; les interventions tombent à plat ou sont rejetées d’emblée ;
les bonnes intentions sont insuffisantes et des problèmes surgissent qui
sont au-delà de toute action directive de changement ou de correction. Les
interventions deviennent alors invisibles, se transformant en façons d’être
intersubjectives non verbales, implicites et inconscientes. Nous proposons
donc une légère modification par rapport à cet ancien truisme : Ne faites pas
juste quelque chose, soyez là. Ces échanges relationnels sont pour le théra-
peute les plus difficiles à reconnaître et à tenir efficacement. Mais ils sont si
importants. Nous avons essayé d’inclure des moyens pour le thérapeute de
communiquer ce qui n’est pas transmissible par les mots. Ceci est essentiel
pour les patients fortement traumatisés qui vivent souvent dans un monde
intérieur bouleversant dans lequel les mots ont perdu leur sens et où la
parole est impossible. À cette fin, nous avons également essayé d’inclure
des interventions somatiques qui sont utiles lorsque les mots manquent ou
sont insuffisants.
Préface 13
de rester au courant de la recherche et des recommandations de traitement
actuelles.
À certains égards, le lecteur pourrait penser que nous essayons d’imposer
un ordre linéaire à ce qui est un processus thérapeutique très complexe et
désordonné. Nous sommes peut-être coupables de le faire paraître plus facile
qu’il ne l’est. Cependant, nous savons véritablement par nos propres expé-
riences qu’il n’y a peut-être aucune autre thérapie qui défie le sens de com-
pétence du thérapeute aussi profondément que le travail avec les individus
chroniquement traumatisés. L’humble réalité pour nous tous est que la thé-
rapie peut être inégale et incertaine, difficile et confuse. Comme les autres
thérapeutes, nous nous sentons parfois perdus pour un moment, ne sachant
pas quoi faire ou comment être, faisant des erreurs involontaires, manquant
d’indices importants, pris par le transfert et le contre-transfert. Certaines des
leçons que nous partageons dans ce livre ont évolué non seulement à par-
tir de nos succès mais aussi de nos échecs et nos erreurs. Nous espérons que
vous, le lecteur, bénéficierez de nos mésaventures autant que de nos triomphes.
Nous espérons également que vous pouvez embrasser vos propres erreurs et
apprendre à partir d’elles, sachant que vous n’êtes pas tenus d’être parfait pour
ce travail et que chaque thérapeute ferait finalement mieux de se débarrasser
du lourd et irréaliste fardeau de la perfection.
3. L’organisation du livre
Dans ce livre, nous discutons des traitements appropriés dans le cadre
d’une pratique privée ou de cliniques ambulatoires. Il y a certainement
un sous-groupe de patients plus perturbés qui doivent être évalués avec
précision afin de déterminer s’il est plus indiqué de les traiter dans des
environnements qui offrent des soins de crise et de soutien, un traitement
interdisciplinaire et un accès aisé à une hospitalisation psychiatrique. Chu
(2011) a qualifié ces patients de « chroniquement dépourvus de pouvoir ».
Ils peuvent présenter une comorbidité profonde de trouble de la personna-
lité, des risques de suicide, de l’autodestruction et d’autres comportements
extrêmes de passage à l’acte. Nous avons constaté que les thérapeutes sont
parfois tellement concentrés sur les symptômes dissociatifs et les présen-
tations difficiles de patients dissociatifs qu’ils ne peuvent pas facilement
distinguer les patients pour lesquels un environnement ambulatoire est
indiqué de ceux pour qui cela ne l’est pas ou pas encore, ceux qui ont
besoin d’une thérapie de soutien versus ceux qui peuvent éventuellement
tolérer et progresser dans une psychothérapie approfondie. À cette fin, nous
avons passé du temps dans ce livre à la description des caractéristiques des
patients ayant des besoins et des pronostics différents. Ainsi, le thérapeute
peut faire des choix judicieux sur le cadre et le type de traitement les plus
Préface 15
4. Un mot sur la terminologie
Nous avons eu du mal à décider quelle terminologie utiliser car nous vou-
lions que ce livre soit très pratique et raisonnablement sans jargon. Nous avons
trouvé cela particulièrement difficile, surtout qu’il s’agit de quelques-uns de
nos propres termes théoriques. Le fait que nous les développions en premier
lieu signifie que nous leur avons trouvé une grande utilité clinique. Dans le
passé, nous avons utilisé deux termes qui méritent une attention particulière
car nous avons choisi de ne pas y recourir dans ce livre.
Dans une tentative de définir des prototypes de parties dissociatives de
la personnalité, nous avons utilisé le terme Partie apparemment normale de la
personnalité (PAN) pour décrire les parties qui fonctionnent principalement
dans la vie quotidienne, sont médiatisées par les systèmes d’action ou moti-
vationnels de la vie quotidienne et évitent les souvenirs traumatiques. Nous
avons utilisé également le terme Partie émotionnelle de la personnalité (PE) pour
décrire les parties qui sont principalement fixées dans les systèmes d’action de
défense contre le danger et la menace de mort et qui sont bloquées au temps
du traumatisme.
Il y a quelques avantages et inconvénients à l’utilisation de ce langage.
Par exemple, le terme PAN n’indique pas la qualité du fonctionnement dans
la vie quotidienne mais plutôt le manque d’intégration vis-à-vis des autres
parties, maintenues par la phobie de la PAN vis-à-vis de ces autres parties
et des souvenirs traumatiques associés. Bien que l’un d’entre nous (Onno)
reste attaché à ce terme, les autres auteurs (Kathy et Suzette) pensent que le
concept peut être un peu trop réducteur pour transmettre adéquatement toute
la gamme des expériences des parties dissociatives du patient qui fonctionnent
dans la vie quotidienne sous d’innombrables expressions. Dans ce livre, nous
allons donc nous référer aux PAN comme des parties qui fonctionnent dans
la vie quotidienne, indépendamment de leur apparence de normalité ou de
dysfonctionnement.
De même, le terme PE est utile car il décrit l’émotion véhémente com-
mune aux parties bloquées dans le traumatisme qui accompagne la défense
contre la menace extrême réelle ou perçue, même si certaines de ces parties
peuvent être engourdies ou avoir développé certaines fonctions de la vie
quotidienne. Un des auteurs (Onno) préfère ce terme, alors que les autres
(Kathy et Suzette) pensent que le terme est trop restrictif, se concentrant
sur l’émotion plutôt que sur le fait que ces parties sont fixées dans le temps
du trauma dans des actions défensives, avec l’émotion comme extension de
la défense. Certaines PAN peuvent aussi avoir les qualités d’émotions véhé-
mentes. Dans ce livre, nous nous référerons aux PE comme parties fixées dans
le traumatisme. L’un des nombreux aspects que nous apprécions au sujet de
notre gratifiante collaboration les uns avec les autres pour la majeure partie
Préface 17
Remerciements
Les livres ne sont pas écrits en vase clos et nos années d’expérience reflétées
ici ne sont pas survenues dans le vide. Nos remerciements, dans cette section,
sont un témoignage du fait que derrière nos écrits et nos expériences cliniques
il y a des douzaines d’individus avec des esprits sages et des cœurs compassion-
nels qui nous ont enseigné, mis au défi et nous ont soutenus. Nous sommes
chanceux d’avoir des collègues du monde entier avec lesquels nous avons
échangé des idées. Chacun de nous a été richement influencé par les maîtres
dans le domaine, par nos collègues et par les participants auxquels nous avons
enseigné et dont nous avons tiré des leçons. Nous leur devons toute notre
gratitude pour leur soutien, leur bonne volonté à partager ce qu’ils ont appris,
leurs questions incisives qui nous défient et leur courage dans le traitement de
patients aux prises avec des problèmes extrêmement complexes.
Nous sommes particulièrement reconnaissants envers les pionniers du ving-
tième siècle dans le domaine des traumas complexes et de la dissociation, qui
nous ont particulièrement inspirés, notamment Elizabeth Bowman, Bennett
Braun, David Caul (1921-1988), James Chu, Philip Coons, Catherine Fine,
Jean Goodwin, Richard Kluft, Richard Loewenstein, Frank Putnam et Colin
Ross.
Notre gratitude va à nos nombreux contemporains, trop nombreux pour
être cités, mais ne méritant pas moins d’éloges, qui ont apporté d’impor-
tantes contributions écrites et cliniques à la compréhension et au traitement
des patients souffrant de troubles dissociatifs et desquels nous avons beau-
coup appris. Nous vous remercions et nous avons eu l’honneur de parcourir
ces routes avec vous. Pour leurs phénoménales contributions cliniques, en
recherche et en ouvrages publiés, nous sommes particulièrement reconnais-
sants envers Trine Anstorp, Peter Barach, Kirsten Benum, Bethany Brand,
Remerciements 19
Philip Bromberg, Laura Brown, Richard Chefetz, Catherine Classen, Christine
Courtois, Constance Dalenberg, Martin Dorahy, Paul Dell, Nel Draijer, Janina
Fisher, Julian Ford, Claire Frederick (1932-2015), Steve Frankel, Jennifer
Freyd, Denise Gelinas, Steve Gold, Anna Gerge, Michaela Huber, Anabel
Gonzalez, Elizabeth Howell, Phil Kinsler, Jim Knipe, Giovanni Liotti, Willie
Langeland, Ruth Lanius, Warwick Middleton, Andrew Moskowitz, Dolores
Mosquera, Russell Meares, Ellert Nijenhuis, John O’Neil, Pat Ogden, Clare
Pain, Maggie Phillips, Luisa Reddeman, Vedat Sar, Eli Somer, David Spiegel,
Joan Turkus, Bessel van der Kolk et Eric Vermetten.
À la fois sur le plan plus personnel et professionnel, nous élargissons notre
reconnaissance et gratitude les plus profondes à ceux qui ont offert un soutien
émotionnel et des possibilités de croissance, la consultation sur les cas, des dis-
cussions animées et des débats. Nous sommes particulièrement reconnaissants
à Pat Ogden pour ses nombreuses conversations fructueuses sur le traumatisme,
l’attachement, la dissociation et l’expérience somatique et pour son soutien
indéfectible et sa contribution sur le corps dans ce livre. Elle a été au centre
de notre apprentissage sur la façon d’incorporer l’expérience somatique dans
le traitement, ce qui a amélioré de façon exponentielle notre traitement des
patients traumatisés.
Parmi les autres personnes à qui nous tenons à exprimer notre gratitude,
citons, entre autres des États-Unis : les collègues de Metropolitan Psychothe-
rapy Associates, Amanda Savage Brown pour ses commentaires perspicaces sur
la thérapie de l’acceptation et de l’engagement dans le travail sur la honte,
Heather McCormack Moon pour ses commentaires sur la thérapie comporte-
mentale dialectique, Roger Solomon et Marty Wakeland. De la Belgique : Erik
de Soir et Manoëlle Hopchet. De la Chine : Ellen Ma. De la Finlande, notre pré-
cieuse et chère collègue et amie Anne Suokas-Cunliffe. De l’Allemagne : Helga
Matthess et Bettina Overkamp. D’Israël : Danny Brom et Eliezer Witztum. De
l’Italie : Giovanni Tagliavini et Alessandro Carmelita. Des Pays-Bas : Mariëtte
Groenendijk, Desiree Tijdink, Annemieke van Dijke, et tous les collègues
du Top Referent Trauma Center (TRTC) à Zeist. De la Norvège : Harold
Baekkelund, Ingunn Holbaek, Ellen Jepsen et Katinka Salvesen. De la Suède :
Ann Wilkens. Et du Royaume-Uni : Remy Aquarone et Orit Badouk Epstein.
Il faut en effet tout un village pour élever (et soutenir) un thérapeute.
Nous avons fait de notre mieux pour rendre hommage là où l’hommage
est dû à juste titre dans le livre. Si nous avons échoué à cet égard, c’est tout
à fait involontaire. Plus la littérature est abondante, plus cette tâche est diffi-
cile. Et heureusement, la littérature sur le traitement des troubles dissociatifs
s’est développée exponentiellement. Il est parfois particulièrement difficile de
retrouver le créateur original d’une technique particulière qui peut avoir été
enseignée dans des ateliers bien avant sa publication. Encore une fois, nous
avons fait de notre mieux et hélas, nous le savons, ce ne sera pas parfait.
Remerciements 21
Introduction
cHAPITRE 1
La dissociation
comme non-réalisation
Hélène est une femme d’âge moyen, brillante, pleine d’esprit, au sommet d’une
carrière réussie dans les ressources humaines. De l’extérieur, on dirait qu’elle
a tout pour elle. Mais Hélène est déprimée et elle craint constamment d’être
virée malgré toutes les preuves du contraire. En effet, elle est très respectée et
aimée par ses collègues mais elle ne peut pas l’accepter. Elle est émotionnelle-
ment engourdie la plupart du temps mais souffre également d’insomnies et de
violents cauchemars, d’attaques de panique et de flash-back fragmentés d’abus
dans l’enfance pleins de terreur, de douleur et d’impuissance. Hélène entend
plusieurs voix intérieures effrayantes, l’une qui lui crie de rage et de dégoût et
une autre qui sonne comme un petit enfant à l’intérieur, criant de douleur.
Quand elle entend une de ces voix, ses yeux se lancent en avant et en arrière et
elle paraît effrayée. Son corps est tendu, sa poitrine est rentrée, tout comme sa
tête enfoncée dans ses épaules. Elle est au bord de l’effondrement au moment
où elle décide de commencer la thérapie.
1. Un continuum de non-réalisation :
pas réel, pas vrai, pas le mien, pas moi
Beaucoup de questions peuvent être mises en évidence dans l’histoire d’Hélène,
mais nous commencerons par ses difficultés étonnantes de réalisation, c’est-à-dire
accepter sa vie telle qu’elle est en s’adaptant à elle. La réalisation est un concept
puissant, pertinent pour tout le monde dans sa vie quotidienne. C’est un élément
central de l’intégration. L’intégration implique des actions continues qui nous aident
à différencier et à relier les expériences au fil du temps au sein d’une personnalité
à la fois flexible et stable. Elle favorise ainsi le meilleur fonctionnement possible
dans le présent et dans l’avenir anticipé (Van der Hart, Nijenhuis et Steele, 2006).
La réalisation n’est pas seulement essentielle à la résolution des traumatismes mais
elle est nécessaire pour réussir à faire face à la vie quotidienne, du banal au catastro-
phique, du plaisir au douloureux, du plus simple au plus complexe des expériences.
Nous pouvons mieux comprendre ce que les autres autour de nous réalisent éga-
lement. Nous avons tendance à vivre dans une réalité sociale partagée. Quand les
enfants sont abusés par un proche, qui est censé les aimer, quand les gens et les ins-
titutions ne protègent pas comme ils le devraient, il est intolérable pour les enfants
de réaliser. La trahison inhibe la réalisation et favorise la dissociation.
CONCEPT CLÉ
La réalisation est l’action continue d’être conscient de la réalité telle qu’elle est, de l’ac-
cepter et de s’y adapter efficacement (Janet, 1935, 1945 ; Van der Hart et al., 2006).
CONCEPT CLÉ
La dissociation est une division de la personnalité du patient en parties qui ont chacune
leur propre sens de soi et qui, à cause de la non-réalisation, éprouvent trop ou trop peu.
Ces expériences paradoxales marquent l’incapacité à réaliser un traumatisme.
La sœur de Joe a rappelé qu’ils avaient été agressés sexuellement et physiquement par leur
frère aîné sadique. Il y avait des preuves concrètes de l’abus, y compris le fait que le frère
aîné fut retiré de la maison et placé en détention juvénile à l’âge de 16 ans. Cependant,
Joe ne pouvait pas pleinement réaliser son histoire traumatique. Au cours d’une seule
séance, diverses parties dissociatives de Joseph disaient : « Mon frère a abusé de moi. Je
n’ai jamais été abusé. J’aime mon frère. Je n’ai pas de frère. Ce géant effrayant a vécu dans
le placard dans ma chambre et venait me faire du mal chaque fois que j’allais dormir. »
CONCEPT CLÉ
Les parties dissociatives sont des tours de main hypnotiques qui gardent habilement et
cachent ce qui ne peut pas encore être réalisé par le patient. Les thérapeutes doivent
garder l’œil sur le coût des réalisations manquantes et nécessaires plutôt que sur les carac-
téristiques fascinantes des parties dissociatives elles-mêmes.
Il existe aussi des systèmes d’actions de défense qui organisent notre com-
portement lorsque nous sommes en danger ou menacés. Ceux-ci seront discu-
tés plus loin et tout au long de cet ouvrage.
Afin que les différents systèmes d’actions soient activés de manière appro-
priée, les humains ont besoin de certaines voies pour déterminer s’ils sont en
sécurité ou non. Ainsi, nous avons tous une capacité naturelle et innée à éva-
luer la sécurité, le danger et la menace à un niveau neuronal et préconscient
avant l’attention consciente. Porges a appelé cela la neuroception (1995, 2001,
2004, 2011). Malheureusement, les patients dissociatifs (ou des parties d’eux-
&OHBHFNFOU Connexion aux autres pour la Ventro-vagal ; parasympa- Régulation et sens de bien- Posture décontractée et
TPDJBM sécurité ; défense la plus évo- thique être ; FC et PA normaux ouverte avec les autres ; Visage
luée. souriant ou détendu ; Bon
contact visuel
1MFVS Pleurer pour mobiliser un Sympathique ; Panique plu- Un niveau élevé de détresse Des yeux implorants qui
EBUUBDIFNFOU autre plus fort, plus sage pour tôt que le système de peur et de panique ; Recherche cherchent les yeux de l’autre ;
DSJËMBJEF la survie du cerveau urgente et agrippement au Recherche accrue de proxi-
donneur de soins mité ; Tendance à se pencher
vers l’avant, à atteindre avec
les yeux, le visage et le corps
$PNCBU Mobiliser la défense Sympathique Sur-activation ; augmentation Tension dans les bras, les
de la FC et PA, tension mus- mains et les épaules ; Mouve-
culaire et mouvement, colère ment préparatoire précipitant
une action de combat, telle
que élèvement des paumes
ou fermeture des mains ; Peut
afficher des mouvements de
poussée ou de serrement
avec les bras ou les mains
%ÏGFOTF 5ZQF $POUSÙMFQIZTJPMPHJRVF /JWFBVEBDUJWBUJPO 4JHOBVYQIZTJRVFT
'JHFNFOUGJHÏ Immobilisation de la défense, Sympathique élevé Extrême sur-activation ; Aug- Niveau élevé de tension glo-
EFQFVS immobilité tonique mentation de la FC et de la bale et de tonicité musculaire
PA ; Tonus musculaire rigide ; rigide associé à l’immobilité ;
Perte de la parole et de la Sentiment de paralysie ; Les
pensée cohérente ; crainte yeux peuvent faire le tour de
la pièce ou rester fixés
"GGBJCMJTTFNFOU Immobilisation de la défense Augmentation du vagal Sous-activation ; diminution Réactions motrices et réacti-
dorsal ; tonus parasympa- de la FC et de la PA ; vasodi- vité lentes ; L’orientation vers
thique latation ; arrêt cognitif, émo- l’environnement et la vigi-
tionnel, verbal, sensoriel et lance sensorielle sont inhibés ;
moteur Pas d’expression du visage et
regard fixe ; Tonus musculaire
flasque
²UBUEFNPSU Immobiliser la défense ; Vagal dorsal ; dominance du « Jouer le mort » ou mort Tonicité musculaire flasque ;
GFJOUF Immobilité flasque : défense parasympathique feinte ; Chute importante et Regard fixe sans expression ;
&GGPOESFNFOU la plus primitive rapide de la FC et de la PA ; Incapable de parler ou de
"SSÐU Perte de sensibilité et de bouger ; Ne peut pas s’orien-
conscience ter vers l’environnement ; Sou-
vent ne peut pas entendre,
humer ou goûter ; Peut pré-
senter des mouvements robo-
tiques dont il ne se rappelle
pas
39
Défenses innées
CONCEPT CLÉ
Les défenses physiques naturelles sont activées lors d’événements potentiellement trau-
matisants et incluent les pleurs d’attachement, la fuite, le combat, le figement, l’affaiblis-
sement et l’évanouissement. Les patients dissociatifs ont des parties d’eux-mêmes coin-
cées dans ces défenses, incapables de réaliser qu’il n’y a plus aucun danger et incapables
d’évaluer la sécurité avec précision.
CONCEPT CLÉ
La dissociation de la personnalité est maintenue dans le temps par (a) les ruptures
chroniques, c’est-à-dire les expériences qui submergent la capacité d’intégration ;
(b) l’incapacité d’étendre la capacité d’intégration ; (c) la nécessité de se rapporter à
des donneurs de soins qui sont simultanément nécessaires et dangereux ou effrayants ;
(d) le manque de soutien social, de réparation de l’attachement et de compétences de
régulation émotionnelle ; et (e) l’évitement phobique conditionné des expériences
intérieures.
CONCEPT CLÉ
Les survivants d’un traumatisme sont bloqués dans un paradoxe de la douleur (Briere et
Scott, 2012).
Les patients souffrant de troubles dissociatifs complexes ont développé une série de pho-
bies intimement liées aux traumatismes, qui soutiennent l’évitement et la non-réalisa-
tion : la phobie de l’expérience intérieure (pensées, émotions, sensations, prédictions,
souhaits, besoins) ; la phobie des parties dissociatives de soi ; la phobie de la perte d’atta-
chement et de l’attachement ; la phobie de la mémoire traumatique ; et la phobie du
changement adaptatif.
CONCEPT CLÉ
&YFNQMFTEFDBTEFOPOSÏBMJTBUJPODIF[MFUIÏSBQFVUF
+BDRVFTFU)FOSJFUUF
Jacques était un thérapeute très sceptique devant les troubles dissociatifs, ce qui l’empêchait
de réaliser qu’il traitait une patiente dissociative. Quand sa patiente lui disait qu’elle avait
en elle deux « personnes » différentes (c’est-à-dire des parties dissociatives) qui lui faisaient
du mal, Jacques y voyait une réticence de sa patiente à assumer la responsabilité de son
automutilation. Il considérait son automutilation comme quelque chose dont elle avait
pris connaissance et qu’elle essayait d’imiter pour attirer l’attention. Il avait même envisagé
que la patiente était psychotique bien qu’elle ne présentât pas d’autres symptômes de
psychose. Jacques ne croyait pas que la patiente avait été traumatisée mais il supposait
qu’elle inventait des histoires d’abus, encore une fois pour recevoir de l’attention, peut-être
sur base des livres qu’elle avait lus. Cette croyance n’était pas le résultat d’observations ou
d’une anamnèse attentive de la patiente, ni d’une écoute empathique des souffrances qui
pouvaient se rapporter à son histoire, mais se basait plutôt sur le peu qu’il avait appris sur
la question des abus, lors de sa formation, de nombreuses années auparavant.
Lorsque la patiente ne faisait pas de progrès, évoquait ses automutilations plus
fréquentes et devenait suicidaire, Jacques l’informait qu’elle avait un trouble de la
personnalité et qu’elle n’était pas prête pour le traitement. Les croyances fixes de Jacques
sur la dissociation et le traumatisme, son manque de formation dans les phénomènes
dissociatifs et son incapacité à compatir avec le vécu de sa patiente ont mis un terme
à sa curiosité. Jacques était incapable de se rendre compte de son contre-transfert. Il
était incapable de réaliser qu’il se maintenait à distance et était dédaigneux et qu’en
se focalisant sur l’accusation de la patiente il activait en elle la panique et la honte et
augmentait ses symptômes.
Il critiquait la patiente pour son manque de progrès sans assumer la responsabilité de
ses propres actions nuisibles ni de son incapacité à se connecter et à comprendre
l’expérience subjective de sa patiente. Il avait trop peu d’empathie et de curiosité et
trop de rigidité dans ses croyances.
7. La voie de la réalisation
Nous avons discuté des nombreuses formes de non-réalisation. D’un autre
côté, la compréhension de la nature de la réalisation est également impor-
tante. La réalisation est le partenaire tacite du concept populaire d’accepta-
tion radicale (Brach, 2003 ; Linehan, 1993), l’acceptation sans jugement de
la réalité telle qu’elle est. Une acceptation radicale est nécessaire pour arriver
à la prochaine étape : l’engagement dans l’adaptation basée sur notre volonté
et notre capacité à assumer la responsabilité d’agir sur la réalité telle qu’elle se
présente maintenant et non pas comme nous aimerions qu’elle soit ou comme
elle était par le passé. Cela implique la capacité d’accepter et de donner du sens
à notre propre expérience – passée et présente – de savoir et d’assumer ce qui
nous arrive à nous, et à l’intérieur de nous. Cela signifie que nous savons pro-
fondément, cognitivement, émotionnellement et somatiquement, que le passé
est fini, mais qu’il nous influence aussi et reste une partie de notre expérience.
Nous savons que l’avenir n’est pas encore là, même si nous pouvons le prédire
dans une certaine mesure. Nous savons que nous sommes fermement enracinés
dans le présent, où nous avons la possibilité et la responsabilité de faire des
choix adaptatifs sur nos actions.
La réalisation signifie que nous nous engageons dans des combinaisons
d’actions complexes et flexibles, qui impliquent d’évaluer la sécurité, le danger
et la menace de vie ; et qui impliquent aussi la pensée, le sentiment, la détec-
tion, la perception, la prédiction, être et faire. Nous prenons la responsabilité
de nos propres contributions à notre souffrance ou satisfaction ainsi qu’à celles
des autres. Nous pouvons réfléchir à nos actions et en être responsables. Nous
donnons sens à notre expérience et ce sens peut changer avec le temps au fur
et à mesure que nous réfléchissons et continuons à faire plus de rencontres avec
la vie. En d’autres termes, nous apprenons à partir de nouvelles expériences
plutôt qu’en étant fixés dans de vieux modèles de comportement. Bien sûr,
cela semble facile en théorie. La vérité montre que la réalisation peut être un
voyage extrêmement difficile et relevant du défi, en particulier pour les survi-
vants de traumatismes qui sont tellement coincés dans le passé et terrifiés ou
honteux d’y faire face.
Deux formes de réalisation se présentent sur le chemin de l’intégration :
la personnification et la présentification. L’acquisition personnelle de notre
expérience est appelée personnification (Janet, 1929 ; Van der Hart et al., 2006 ;
Van der Hart, Steele, Boon et Brown, 1993). Les patients doivent finalement
accepter ou réaliser que tout ce qui est arrivé dans leur vie leur est arrivé, pour
3FDPOOBÔUSFMFTTFOTBUJPOTFUMFTJNQVMTJPOTËBHJS
• Je réalise que ma poitrine est serrée et je veux pleurer.
• J’ai réalisé qu’il y avait de la tension dans mes jambes et que je voulais courir.
-JFOTFOUSFMFQBTTÏFUMFQSÏTFOU
• Je me rends compte que ma dépression et mon anxiété ont beaucoup à voir avec ce
qui s’est passé quand j’étais enfant.
%ÏWFMPQQFSEFMFNQBUIJFQPVSMFTQBSUJFTEJTTPDJBUJWFT
• Je suis désolé pour cette petite fille.
• Je peux comprendre pourquoi cette partie peut être si en colère tout le temps.
%ÏWFMPQQFS VOF jQSPYJNJUÏx JOUÏSJFVSF BWFD EFT QBSUJFT EJTTPDJBUJWFT DF RVJ
JNQMJRVFVOFJOUÏHSBUJPOQSPHSFTTJWF
• Je suis disposé à écouter cette voix et à essayer de créer un dialogue, même si c’est
effrayant.
• Je peux imaginer tenir et réconforter cette petite fille ; Je suis adulte et je peux m’oc-
cuper d’elle.
• Je voudrais fournir une maison sûre et agréable pour toutes les parties de moi.
3FDPOOBÔUSFDFRVJTFTUQBTTÏ
• Je comprends maintenant ce qui est arrivé à cette petite fille. Pas étonnant qu’elle ait
eu si peur.
.PEJGJDBUJPOEVOTDIÏNBPVEVOFTJHOJGJDBUJPOGPOEBNFOUBMF
• Ce n’était pas la faute de cette petite fille ; Elle faisait de son mieux ; Elle n’était qu’une
enfant.
1FSTPOOJGJDBUJPOEFMFYQÏSJFODF
• Cette petite fille, c’est moi. Cela m’est arrivé.
'BJSFTPOEFVJM
• Ce sont des choses horribles qui me font beaucoup de mal, j’ai perdu beaucoup de
mon enfance.
• Il est correct de me permettre d’être en deuil.
$PMÒSF
• C’était injuste d’avoir été tellement blessé(e) !
• C’est OK d’être en colère et je peux apprendre à ne pas agir de manière destructrice
quand je suis en colère.
)POUFFUDVMQBCJMJUÏ
• J’étais tout(e) petit, ce n’était pas de ma faute. Et je peux prendre la responsabilité de
ce qui m’appartient dans le présent.
.FOUBMJTFS
• Mes parents ont fait de leur mieux ; ils n’avaient pas de bons parents eux-mêmes.
• Mon père était sadique et mentalement malade – il semblait avoir plaisir à me blesser
et ensuite à me blâmer. C’était assez fou !
• Ce n’est pas une excuse, mais ça m’aide à comprendre ce qui se passait réellement
avec eux et à savoir que ce n’était pas vraiment à propos de moi.
$PNQBSBJTPOTDPODMVTJWFT
• Mon expérience a été pire que celle de certains, pas aussi mauvaise que d’autres.
L’important est que je réalise l’impact qu’elle a eu sur moi et comment je peux sur-
monter cela dans le présent.
1MFJOFSÏBMJTBUJPO
• Je n’ai plus peur, je n’ai plus honte et ne me sens plus accablé(e). J’ai des qualités dans
le présent et des liens avec d’autres. Je peux faire mes propres choix. Je peux être
entier (entière), plus triste mais plus sage. Je peux faire face à mes pertes.
• Ce sont toutes des parties de moi ; Je peux les assumer et les ramener à moi.
TABLEAU 1.2
Étapes graduelles de réalisation
Les thérapeutes n’apportent pas toujours la meilleure réponse quand ils sont
confrontés à la fureur humiliée, aux exigences et aux besoins d’un patient, à la
régression, aux revendications, au sadomasochisme, aux souffrances insuppor-
tables et à la solitude, à l’évitement extrême et au silence, à une automutilation
sévère ou à la suicidalité. On peut facilement être confus en travaillant avec
des parties dissociatives et ne pas pouvoir garder l’ensemble de la personne à
l’esprit. Même les thérapeutes chevronnés peuvent être préoccupés par la ques-
tion fondamentale, à savoir : Comment rester stable et ancré avec mes patients ?
Afin de naviguer avec succès dans les nombreuses complexités et les pres-
sions qui s’introduisent au sein du traitement, les thérapeutes doivent se
remettre en question, accepter et changer leurs propres réactions personnelles
inutiles – nous en avons tous. Nous sommes humains et faisons des erreurs.
Nous échouons à nous harmoniser de manière adéquate, à comprendre ou à
être empathiques. Nous nous fatiguons et sommes frustrés. Nous sommes trop
désireux de réparer et d’aider sans fixer d’importantes limites. Nous blessons
et transgressons des frontières de temps en temps. Souvent, nous avons des
attentes irréalistes envers nous-mêmes en tant que thérapeutes. Nous pouvons
CONCEPT CLÉ
Ainsi, l’accordage des thérapeutes aux patients est par définition défectueux
et n’est qu’une partie de l’histoire. La partie plus complexe et difficile de la thé-
rapie se trouve souvent dans l’établissement des limites et dans la réparation
et la réharmonisation, sans essayer de protéger les patients des dures réalités
CONCEPT CLÉ
Comme pour toutes les thérapies, nous devons commencer le traitement des troubles disso-
ciatifs complexes en menant une réflexion sur nous-mêmes en tant que thérapeutes, car nos
forces et nos limites en tant qu’êtres humains peuvent faire échouer ou réussir une thérapie.
CONCEPT CLÉ
&YFNQMFEFDBTEFSFNJTFFOTDÒOF.BSUIB
CONCEPT CLÉ
TABLEAU 2.1
Exploration des limites thérapeutiques
CONCEPT CLÉ
Les relations thérapeutiques sont des voies bidirectionnelles. Les thérapeutes ont égale-
ment certains besoins dans la relation thérapeutique : être rémunérés par des honoraires,
se sentir en sécurité, être respectés dans leurs limites et inviter les patients à collaborer à
des objectifs convenus.
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes sont sujets à des burn-out et à une traumatisation vicariante. Prendre
soin de soi de manière régulière est essentiel pour maintenir un espace personnel et pro-
fessionnel entretenu de façon cohérente, ouverte et dynamique.
-FTFOT
• Que signifie mon histoire ?
• Ma vie a-t-elle de la valeur ?
• Quel est mon but dans ma vie ?
• Pourquoi des choses terribles se passent-elles ?
-BTPVGGSBODF
• Pourquoi dois-je souffrir à ce point ?
• Quel est le sens de la souffrance et de la douleur ?
• Puis-je retirer du bien de ma souffrance et de celle des autres ?
-JTPMFNFOU
• Je suis seul dans ma peau.
• Personne n’est capable de réellement comprendre ce que c’est d’être moi.
• Dans les moments de souffrance, j’ai été complètement seul et c’était intolérable.
• Je ne suis ni vu ni entendu par les autres.
-BMJCFSUÏFUMBSFTQPOTBCJMJUÏ
• Je suis finalement responsable de moi-même, et cela me terrifie.
• Je ne suis pas du tout sûr d’être libre de faire des choix.
• Je devrais être capable de faire ce que je veux, parce que j’ai été privé de liberté
pendant si longtemps.
• Être responsable me dépasse.
• Il y a trop de choix.
• Je ne pense pas avoir de choix.
• Je ne peux pas mener ma vie si d’autres ont des besoins et des demandes vis-à-vis
de moi.
TABLEAU 2.2
Sujets existentiels pour les patients et les thérapeutes
7. Explorations supplémentaires
1. Êtes-vous en mesure de comprendre que vous avez de nombreuses
caractéristiques d’un thérapeute suffisamment bon ? Dressez-en une
liste. Si vous n’êtes pas sûr, demandez à des collègues de vous faire part
de leurs commentaires.
2. Ensuite, faites une liste des qualités que vous souhaitez améliorer ou
atteindre. Incluez des objectifs spécifiques et un calendrier.
Exemple : J’aimerais reconnaître et définir des limites avec un patient qui
m’appelle tout le temps. Durant la semaine prochaine, je vais réfléchir et
parler avec mon superviseur au sujet des limites importantes pour moi,
mais que j’ai difficile à poser. Je vais m’exercer avec un collègue à propos
de ce qu’il faut dire exactement à mon patient et je vais m’exercer à rester
calme et compassionnel, mais ferme. Dans ma thérapie personnelle, je
vais explorer ce qui m’est difficile dans le fait de poser ces limites.
3. Énumérez cinq façons dont vous vous occupez régulièrement de vous-
même. Ensuite, énumérer cinq façons dont vous pourriez améliorer
votre prise en charge personnelle. Comment commenceriez-vous à les
mettre en pratique dans votre vie ?
4. Établissez la liste des limites du tableau 2.1 « Exploration des limites
thérapeutiques ». Prenez le temps de réfléchir sur vos frontières et vos
limites, peut-être en examinant quelques problèmes chaque semaine.
Réunissez-vous avec vos collègues et discutez-en, le tableau 2.1 faisant
office de guide.
CONCEPT CLÉ
Les relations, y inclus la relation thérapeutique, sont des déclencheurs majeurs pour la
réactivation des souvenirs traumatiques. Après tout, les expériences traumatiques des
patients sont souvent survenues dans un contexte de relations importantes, et certaines
de leurs blessures traumatiques les plus graves comprennent l’abus, la négligence et la
trahison dans ces relations.
CONCEPT CLÉ
Les patients sont saisis dans un impossible conflit d’attachement, entre un grand désir de
relation thérapeutique et une défense contre cette même relation. Les thérapeutes de-
vraient éviter d’activer intentionnellement le système d’attachement du patient jusqu’à
ce qu’un degré raisonnable de stabilisation et de régulation d’affect soit possible.
CONCEPT CLÉ
La dissociation n’est pas seulement une expérience intérieure, elle est une réponse à ce
qui se passe dans la relation au moment présent. Le thérapeute devrait ainsi toujours
considérer ce qui peut survenir en réaction à la relation thérapeutique au moment où
survient une alternance de personnalité ou un conflit plus intense entre les parties ainsi
que lorsque les défenses innées sont activées.
CONCEPT CLÉ
Il est important que les thérapeutes comprennent les défenses contre le danger et la
menace d’ordre vital, car celles-ci ont de nombreuses implications sur le traitement et
organisent souvent les parties dissociatives de manière considérable. Les parties dissocia-
tives sont souvent en conflit l’une avec l’autre sur la question de savoir si l’attachement
avec le thérapeute est sécurisé ou non.
F IGURE 3.1
Remises en scène relationnelles communes
entre thérapeute et patient
Extrait de Treating the Adult survivor of sexual abuse : a psychoanalytic perspective, by J. M. Davies
et M. G. Frawley, 1994, New York, NY : Basic Books. Copyright 1994 par Basic Books. Adapté
avec permission.
TABLEAU 3.1
Résoudre les remises en scène relationnelles
$BTEFSFNJTFFOTDÒOFNVUVFMMF.ZSJBNFU+VMJF
Myriam est une thérapeute qui a des antécédents de négligence par sa mère. Très tôt,
Myriam a appris qu’elle devait être autonome et ne jamais demander d’aide, et
finalement elle était fière de sa capacité à faire face à la vie toute seule, avec succès.
Bien que Myriam fût très efficace, elle n’avait pas encore totalement reconnu ses besoins
ou sa colère face à des besoins non comblés dans l’enfance. Elle avait développé une
stratégie contrôlante/attentionnée, jusqu’à un certain degré.
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute a un rôle important pour aider le patient à s’autoréguler, et à leur tour, les
patients influencent la régulation du thérapeute durant les séances. La capacité du thé-
rapeute à maintenir la régulation face à la dérégulation du patient est essentielle.
*OUFSWFOUJPOTEVIBVUWFSTMFCBT VUJMJTFSMFTQSJUQPVSDIBOHFSWPTSÏBDUJPOT
• Changez votre cadre cognitif avec compassion : « Mon/ma patient/patiente se sent
incompris ou rejeté » au lieu de « Mon/ma patient/patiente est en colère contre moi ».
• Faites un pas mental en arrière et observez-vous avec compassion : « Je me sens effrayé
ou en colère pour l’instant. J’ai besoin de prendre du temps pour me calmer. »
• Rappelez-vous que le patient a survécu jusqu’à maintenant, et qu’avoir des sentiments
forts n’est pas urgent.
• Rappelez-vous que votre rôle est de rester non défensif, non de satisfaire toutes les
demandes du patient.
• Rappelez-vous que la détresse du patient ne vous concerne pas vraiment.
• Trouvez quelque chose à propos du patient qui vous plaît véritablement, et cen-
trez-vous là-dessus.
• Écoutez ce que le patient vous raconte de manière sous-jacente à l’intensité : « J’ai
mal, j’ai peur, je suis honteux, j’ai des besoins. » Répondez à ces affirmations implicites
plutôt qu’au contenu.
• Reconnaissez que vous ne pouvez pas réellement faire en sorte que le patient soit en
sécurité ; c’est la tâche du patient.
• Si vous faites face à une urgence, demandez du soutien. Appelez le psychiatre du
patient ou d’autres membres de l’équipe. Insistez pour appeler le contact d’urgence
du patient. Connaissez les limites de votre rôle en tant que thérapeute. N’ayez pas
peur de faire hospitaliser votre patient en dernier recours, même si vous savez qu’il ne
sera pas maintenu hospitalisé longtemps. Cela lui permet de comprendre que vous
êtes sérieux concernant la sécurité.
*OUFSWFOUJPOTEVCBTWFSTMFIBVU VUJMJTF[WPUSFDPSQTQPVSDIBOHFSMFTSÏBDUJPOT
• Relâchez vos muscles.
• Asseyez-vous bien droit.
• Relevez le menton.
• Reculez les épaules.
• Déplacez-vous un peu sur votre chaise.
• Sentez vos pieds sur le sol et écrasez vos orteils contre le sol.
• Regardez autour de la pièce pour vous rappeler que vous êtes en sécurité.
• Établissez un contact visuel avec votre patient, le cas échéant (de manière non agressive !).
• Inspirez profondément en trois temps, tenez votre respiration pendant trois temps et
expirez en trois temps plusieurs fois.
• Laissez partir la tension dans votre ventre.
TABLEAU 3.2
Conseils aux thérapeutes pour s’autoréguler en séance
6. Explorations supplémentaires
1. Examinez les défenses innées dans le tableau 1.1 du chapitre 1 et notez
vos propres réactions à chaque type de défense. Quelles sont les plus
faciles ou difficiles à gérer ? Quel type de patient, ou quels sujets ou
émotions, tendent à activer vos propres défenses ?
2. Existe-t-il une défense dans le tableau 1.1 que vous ressentez le plus
souvent en tant que thérapeute ?
3. Quel est votre style d’attachement si vous le connaissez ? Comment
cela vous aide-t-il et vous entrave-t-il en tant que thérapeute ?
Nous avons tous un besoin inné de partager de manière compassionnelle avec les autres, de
les comprendre et d’être compris. En tant qu’êtres sensibles, nous avons besoin de nous
comprendre nous-mêmes. Cette communication essentielle est la base pour collaborer
avec les autres en profitant de nos similarités et de nos différences tout en nous respectant.
CONCEPT CLÉ
Un modèle relationnel collaboratif exige que nous soyons présents à ce qui se passe juste
là maintenant, à la fois en nous-mêmes et dans la relation entre le thérapeute et le pa-
tient. C’est l’expérience ultime du partage et de la compréhension, ce dont nos patients
dissociatifs ont le plus besoin.
CONCEPT CLÉ
La collaboration et le sentiment de sécurité sont nécessaires pour que les problèmes rela-
tionnels soient abordés en thérapie avec des patients hautement traumatisés. Cepen-
dant, la collaboration devrait venir avant l’attachement, et le thérapeute devrait se mé-
fier de donner des soins, car cela suscite encore davantage de recherche d’attachement
chez le patient.
Reconnaît, accepte et tra- Offre peu ou pas de discus- Offre peu d’attention à
vaille explicitement et sion sur l’expérience de aider le patient à apprendre
implicitement avec la dépendance ou de peur de la régulation.
dépendance, les souhaits, dépendance du patient.
les émotions et les conflits.
Le patient est perçu comme Le thérapeute est perçu Le patient est perçu comme
l’acteur du changement avec comme l’acteur du change- l’acteur du changement sans
le soutien du thérapeute. ment. le soutien du thérapeute.
TABLEAU 4.1
Les modèles relationnels en psychothérapie
-FUIÏSBQFVUFTVSJOWFTUJ -FUIÏSBQFVUFTPVTJOWFTUJ
Se sent impuissant, désespéré, dans l’ur- Se sent impuissant, désespéré, mais pas
gence. dans l’urgence.
Tente de contrôler sa propre anxiété, ses Tente de contrôler ses propres émotions
sentiments de culpabilité, de honte ou de par évitement, rejet et déni des besoins du
douleur en « réglant » les besoins du patient.
patient.
Réagit aux besoins ou aux exigences du Couvre le patient de blâme car il exprime
patient dans le moment au lieu d’aider le ses besoins ou est incapable de répondre.
patient à réfléchir.
Est incapable de prendre une distance Rejette les besoins ou les exigences du
saine par rapport à la souffrance du patient. patient dans le moment au lieu d’aider le
patient à réfléchir
N’est pas en mesure d’aider le patient à Ne réussit pas à aborder des problèmes
comprendre, accepter, traiter les conflits de d’attachement importants.
dépendance.
N’est pas en mesure d’aider le patient à Il n’aide pas adéquatement les patients à
comprendre, accepter et tolérer le fait que fonctionner dans la vie quotidienne.
le thérapeute et les autres ne peuvent satis-
faire tous les besoins du patient.
Il a des difficultés à poser des objectifs de Il n’est pas en mesure de poser des objec-
traitement et à maintenir le patient concen- tifs thérapeutiques suite à l’évitement ou
tré sur ses tâches. au rejet de certains sujets.
Il favorise une dépendance excessive. Il croit que le patient n’essaie pas assez ou
qu’il manipule.
TABLEAU 4.2
Le thérapeute sur- et sous-investi
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Le soutien relationnel ne dépend pas seulement du contact face à face mais surtout de la
question de savoir si une personne a un sens du soutien de l’autre et si ce sens est ressenti
même en l’absence de l’autre.
CONCEPT CLÉ
La qualité de nos interactions avec les patients dans l’instant est bien plus importante que
la quantité de temps passé avec eux.
&YFNQMFEFDBTQFSNFUUSFBVQBUJFOUEFEÏWFMPQQFSVOFFYQÏSJFODF
SFTTFOUJFEVTPVUJFOEVUIÏSBQFVUF/BUIBMJF
Nathalie était une patiente avec un trouble dissociatif de l’identité (TDI) et un trouble
état limite de la personnalité. Elle ne pouvait pas parler de sujets douloureux lors des
séances, en partie parce qu’elle était concentrée sur le fait que le thérapeute ne serait
pas là pour l’aider avec les émotions difficiles entre les séances. Dans l’ensemble, elle
avait une stratégie contrôlante/punitive, y compris de nombreuses exigences, des
plaintes et une insistance chronique selon laquelle le thérapeute ne l’aidait pas
suffisamment. Elle déclarait : « Vous n’êtes jamais là quand j’ai vraiment besoin de vous ! »
Pourtant, lorsque le thérapeute était disponible en séance, Nathalie ne pouvait se
concentrer que sur le fait qu’il fallait bientôt partir et que le thérapeute disparaîtrait à
nouveau. Ainsi, elle ne pouvait utiliser l’expérience positive d’être avec le thérapeute
pour explorer son monde intérieur. Le thérapeute aidait Nathalie à explorer ce qui se
passait en séance.
5IÏSBQFVUFNathalie, pouvez-vous observer et partager avec moi ce qui se passe à
l’intérieur de vous à l’instant même où nous sommes ensemble ?
/BUIBMJF Ce qui se passe à l’intérieur de moi ? C’est misérable, voilà ce qui se passe !
Les bébés (parties enfant de Nathalie) sont en train de pleurer. Tout le monde crie pour
qu’ils se taisent maintenant.
5IÏSBQFVUF Donc, vos parties bébés sont encouragées à ne pas montrer leur peine
en ce moment. Pourquoi pensez-vous que cela pourrait être important ?
/BUIBMJF Parce que ! Elles viennent juste de commencer, et puis nous devons partir
et être grands. Nous ne pouvons pas faire cela !
5IÏSBQFVUF Humm, cela me paraît un grand dilemme. Je me demande si nous
pouvons trouver une façon de travailler avec cela.
/BUIBMJF Je ne vois pas comment, puisque nous n’avons qu’une heure par semaine
ensemble.
5IÏSBQFVUF Eh bien, j’imagine que nous trouverons une façon de faire, même si ce
sera difficile. Êtes-vous d’accord d’essayer ?
/BUIBMJF Je suppose, mais je ne vois pas comment, à moins que vous soyez prêt à
me parler tous les jours au téléphone lorsqu’ils ont vraiment besoin de vous.
5IÏSBQFVUF Eh bien, voyons si on peut faire un pas à la fois. Commençons avec
l’ici et maintenant pour l’instant et ne brûlons pas les étapes. Avant d’avancer,
j’ai le sentiment que nous ratons quelque chose de vraiment important juste
maintenant.
/BUIBMJF Je ne sais pas ce que c’est. Je suis là, non ? Je viens à chaque séance !
6OSFTTFOUJDPSQPSFMEVSBOUMBTÏBODF
• Que ressentez-vous par rapport à moi à l’instant ?
• Est-ce que toutes les parties me ressentent ici avec vous ?
• Si certaines parties ne me ressentent pas : qu’est-ce qui, selon vous, garde ces parties
de vous éloignées de votre sentiment d’être avec moi en ce moment ?
• Y a-t-il un conflit sur le fait de ressentir mon soutien ici maintenant avec vous ? Par exemple :
0 Vous (le thérapeute) ne serez pas là après, donc quel est le but ?
0 Je ne peux pas compter tout le temps sur vous.
0 Je ne mérite pas le soutien.
0 Comment pourriez-vous être réellement avec moi ? Je suis si répugnant.
0 Vous aimez les parties enfant, mais vous ne souhaitez pas que les parties en colère
soient là.
0 Je vais à nouveau être déçu.
0 Des parties de moi disent que cela me blessera si je ressens votre soutien ou votre soin.
0 Demander de l’aide ne m’apporte que des problèmes.
0 Du réconfort venant de votre part n’est pas suffisant. J’ai besoin du réconfort de la
part de ma mère ou de…
0 Je vous paie pour être là, ce n’est donc pas réel.
0 La souffrance est la seule chose que je connaisse ; c’est ce que je suis. Qui serais-je
si je ne souffre pas ?
• Le thérapeute pourrait dire : Vous dites que certaines parties de vous ressentent mon sou-
tien, mais d’autres ne le ressentent pas. Pouvez-vous nous aider à comprendre ces parties
de vous ? Quelle est l’objection ou la pierre d’achoppement pour ces parties de vous ?
TABLEAU 4.3
Exploration du ressenti corporel du patient vis-à-vis du thérapeute
CONCEPT CLÉ
Le patient a besoin d’au moins une autre personne de soutien en plus du thérapeute. Cela
peut être un membre de la famille, un ami, un autre membre d’une équipe de traitement
ou un autre professionnel.
&YFNQMFEFDBTTVSMBQQSFOUJTTBHFEFMBVUPSÏHVMBUJPO3PHFS
Roger était un patient avec un trouble dissociatif et un trouble anxieux sévère. Il appelait
constamment sa femme de son lieu de travail pour se rassurer quand il était anxieux. Il allait
chez son patron de manière récurrente pour clarifier ses instructions, ce qui irritait son patron
au plus haut point. Roger avait peur de se tromper ou de déplaire à son patron. Certaines
parties dissociatives pleuraient et insistaient pour qu’il rentre à la maison, une autre criait
4. L’utilisation du contre-transfert
comme une intervention collaborative
Partager le contre-transfert directement ou indirectement peut être incroyable-
ment puissant dans le soutien d’une collaboration relationnelle si ce partage s’ef-
fectue d’une façon correcte et au bon moment. Selon les modèles théoriques, les
conseils aux thérapeutes varient. Ils vont du non-partage au partage modéré et
prudent et jusqu’à un partage important. Nous croyons que la bonne connais-
sance d’un patient en particulier et celle des motivations du thérapeute quant à
cette question sont des premiers pas importants dans la décision de savoir s’il y
a quelque chose à divulguer, quoi et quand le faire. La divulgation n’est assuré-
ment pas une approche universelle, en particulier chez les patients dissociatifs.
Et les thérapeutes doivent savoir que différentes parties peuvent avoir des réac-
tions considérablement différentes vis-à-vis d’une révélation, dont certaines ne
pourraient pas être anticipées. Toutefois, s’il est bien mené, le partage du contre-
transfert peut accroître l’efficacité de la psychothérapie (Barrett et Berman, 2001).
CONCEPT CLÉ
Partager notre expérience du moment avec les patients peut, si c’est réalisé de manière
appropriée, améliorer la relation, construire la confiance et aider les patients à augmenter
leur capacité à partager et à être en relation. C’est une façon de dire : « Vous faites partie
de la race humaine, comme nous tous. »
Certains types de divulgation sont plus utiles, d’autres le sont moins. Par
exemple, un thérapeute qui divulgue qu’il souffre d’une dépression sévère va
probablement éveiller une réaction négative ou effrayée. Tandis qu’une thé-
rapeute qui parle de la façon dont elle gère des moments improductifs que
chacun vit comme faisant partie intégrante de la condition humaine, va sans
doute susciter une réaction positive.
Autrement dit, les révélations qui rejoignent le patient dans sa condition
humaine vont vraisemblablement être plus utiles que des révélations aux
contenus spécifiques. Si le thérapeute divulgue trop, les patients pourraient le
percevoir comme étant moins compétent et efficace, voire fragile, et s’inquié-
ter de l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’état d’esprit du thérapeute. Cepen-
dant, une divulgation collaborative place à la fois le thérapeute et le patient
directement dans la sphère de l’expérience humaine normale et aide le patient
à avoir un ressenti corporel du thérapeute comme « étant avec ».
5. Résumé
Un modèle d’attachement parents-petit enfant peut considérablement rensei-
gner la relation thérapeutique, cependant il existe des difficultés dans l’utili-
sation de ce modèle sans informations additionnelles. Notre besoin inné de
collaboration et de partage peut aussi contribuer à la structure de la relation
thérapeutique. La collaboration concerne autant la communication et le par-
tage implicite que les mots explicites, et une bonne collaboration résulte en un
sentiment de compétence et de bien-être. Les divulgations de contre-transfert
peuvent être un moyen puissant de promouvoir la collaboration en thérapie.
TABLEAU 4.4
Les divulgations par le thérapeute qui soutiennent la collaboration
6. Explorations supplémentaires
1. Décrivez un exemple de la façon dont vous avez partagé le contre-
transfert avec un de vos patients et qui vous a aidé tous deux à collabo-
rer sur ce qui était en train de se passer dans le moment.
2. Qu’avez-vous tendance à utiliser le plus pour vous-même, l’auto-apai-
sement ou l’apaisement relationnel ? Votre réponse n’est ni bonne ni
mauvaise. Différentes personnes tendent à avoir un penchant pour l’un
ou l’autre. Êtes-vous capable de savoir quand c’est approprié pour vous
de demander du soutien et quand c’est approprié de vous débrouiller
tout seul ? Si vous avez des croyances quant à savoir si une façon est
meilleure que l’autre, écrivez-les.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Ce qui est vraiment unique dans le TDAS et le TDI n’est pas la présence de
l’absorption ou de l’interruption dorso-vagale, mais bien la présence de parties
dissociatives de la personnalité (même si elles sont rudimentaires). Il est pro-
bable que des altérations persistantes et généralisées de la conscience – ce que
certains appellent la dissociation « normale » – soient un ingrédient nécessaire
pour le développement de l’organisation dissociative de la personnalité, mais
elles ne sont pas suffisantes pour la causer et la soutenir. Ces symptômes ne sont
ni spécifiques ni sensibles à l’évaluation du TDI et du TDAS, et sont omnipré-
sents dans de nombreux troubles, par exemple le trouble panique (Aderibigbe,
Bloch et Walker, 2001). Ce qui est unique aux troubles dissociatifs, ce ne sont
pas les schémas d’activation ou d’attention mais le fait que le patient possède
des sens de soi différents reliés à des perspectives à la première personne et avec
lesquels des schémas attentionnels et d’activation particuliers sont associés.
CONCEPT CLÉ
La plupart des thérapeutes n’ont guère (voire pas) été formés à l’évaluation de la disso-
ciation. Cette situation peut mener à un sous-diagnostic ou à un sur-diagnostic, tous les
deux entraînant un traitement inadéquat des patients. Les thérapeutes qui travaillent
avec des populations qui ont un traumatisme complexe ont une obligation éthique d’éva-
luer correctement les troubles dissociatifs.
CONCEPT CLÉ
Les symptômes dissociatifs sont souvent cachés au thérapeute parce que le patient n’en
est pas conscient, en est honteux ou ne sait pas comment décrire ses expériences. Les
thérapeutes devraient poser des questions spécifiques à propos de la dissociation et s’en-
quérir de nombreux exemples de l’expérience passée ou présente du patient.
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes devraient être conscients que les activités des parties dissociatives
peuvent imiter ou exacerber d’autres symptômes ou d’autres troubles, tels que la dépres-
sion, l’automutilation, le risque de suicide, les problèmes alimentaires, les addictions et
la panique.
CONCEPT CLÉ
Les états du moi sont des phénomènes normaux dont nous faisons tous l’expérience et
qui n’indiquent pas la présence d’un trouble dissociatif. Ils diffèrent des parties dissocia-
tives dans leur manque d’autonomie et d’élaboration, dans leurs expériences et mémoires
personnelles ainsi que dans leurs autoreprésentations uniques et leurs perspectives à la
première personne. Le patient reconnaît facilement que les états du moi sont des parties
de soi, ce qui n’est pas le cas pour les parties dissociatives.
Les symptômes dissociatifs peuvent être positifs ou négatifs. Les symptômes positifs sont
des intrusions temporaires comme des voix, de la douleur, des pensées et des émotions.
Les symptômes négatifs sont des pertes de fonctions qui ne peuvent être expliquées par
d’autres raisons, tels que l’engourdissement émotionnel, l’analgésie ou l’anesthésie, la
paralysie et les pertes soudaines de compétences comme de conduire une voiture ou
cuisiner.
Les thérapeutes devraient être conscients que les patients avec un trouble dis-
sociatif complexe présentent un ensemble de symptômes dissociatifs communs et
peuvent, en plus, rapporter beaucoup d’autres symptômes d’origine traumatique
(Boon et Draijer, 1993a ; Brand et Loewenstein, 2010 ; Carlson et Armstrong,
1994 ; Dell, 2009a, 2009b ; Frankel, 2009 ; Ross, 1995 ; Steinberg, 1994, 1995,
2004 ; Steinberg, Cichetti, Buchanan et Hall, 1993). À nouveau, ce qui semble
être une comorbidité à la surface peut être causé ou au moins être exacerbé par
les actions de diverses parties dissociatives. Souvent, une organisation dissocia-
tive de la personnalité devient claire lorsqu’on interroge sur la présence de symp-
tômes d’origine traumatique. Les parties dissociatives du patient fixées au temps
du trauma rendent compte d’un grand nombre de ces symptômes, tandis que les
parties qui fonctionnent dans la vie quotidienne peuvent être amnésiques des
symptômes portés par d’autres ou se vivent elles-mêmes comme des observateurs
qui ne peuvent pas influencer les symptômes ou les comportements.
Le tableau 5.1 dresse la liste des symptômes communs des troubles dissocia-
tifs complexes.
"NOÏTJF
L’amnésie est une caractéristique du trouble dissociatif de l’identité et peut survenir tant
pour les expériences du passé que pour celles du présent. Elle devrait être distinguée
de l’état d’absorption et d’hébétude (défauts d’encodage). L’amnésie ne doit pas être
due à un abus de substance (black-out). L’amnésie psychogène ou dissociative signifi-
cative existe rarement en soi, elle est le plus souvent le symptôme d’un trouble disso-
ciatif plus complexe (Loewenstein, 1991b).
• De larges trous dans la mémoire du passé.
• Des trous dans la mémoire du présent, comprenant les « micro-amnésies », c’est à dire
des absences très brèves dans la conscience durant les séances suite à des switching
cachés. On peut observer cela quand le patient semble fréquemment perdre de vue
ce qui est en train d’être discuté. Ceci doit être distingué de l’absorption et de l’état
d’hébétude.
• Une perte de mémoire pour des événements importants, qui va au-delà de l’oubli
normal (p. ex. les patients ne peuvent pas se souvenir de leur propre mariage, la
naissance d’un enfant, l’obtention d’un diplôme, le décès d’une personne aimée).
• Une preuve de comportements dans le présent dont le patient ne se souvient pas.
-FTTZNQUÙNFTEFEÏQFSTPOOBMJTBUJPOFUEFEÏSÏBMJTBUJPOSÏGÏSBOUËVOFEJWJTJPO
EFMBQFSTPOOBMJUÏ
• Les patients se ressentent comme en dehors de leur corps, comme s’ils regardaient
quelqu’un d’autre.
• Les patients ne ressentent pas de contrôle à propos de ce qu’ils disent. Ils savent
peut-être ce qu’ils disent mais ne peuvent pas le contrôler.
• Les patients ressentent leur corps d’une manière déformée (plus grand, plus petit), ou
comme ne leur appartenant pas.
• Les patients ne reconnaissent pas leur famille ou de bons amis ou leur environnement
(p. ex. leur propre maison ou le bureau du thérapeute).
-JOGMVFODFQBTTJWF
• Une ou plusieurs parties dissociatives influencent intérieurement le comportement,
les pensées, les sensations, les prévisions et les perceptions (sans switching apparent).
Cela peut résulter dans des symptômes schneidériens (voir plus bas).
• Deux ou plusieurs parties dissociatives sont (co)présentes de façon simultanée. Cela
peut entraîner des symptômes schneidériens.
• Une partie switche complètement en une autre partie et est observée par le thérapeute
ou par d’autres proches du patient.
-FTTZNQUÙNFTEJTTPDJBUJGTTPNBUPGPSNFT
Une large diversité de symptômes somatiques survient chez des patients souffrant de
troubles dissociatifs complexes (Nijenhuis, 2000, 2004, 2010, 2015 ; Loewenstein et Good-
win, 1999 ; Ross, Heber, Norton et Anderson, 1989 ; Van der Hart et al., 2006).
Tandis que le DSM-5 n’inclut pas les symptômes somatoformes dans les critères diagnos-
tiques pour le TDI, ils sont compris ailleurs sous les catégories Conversion, Symptômes
non expliqués médicalement et Troubles de symptômes somatiques. La CIM-10 inclut
spécifiquement les troubles dissociatifs somatoformes.
• Les patients rapportent de la douleur ou des sensations inexpliquée (souvent d’origine
traumatique).
• Une incapacité à ressentir de la douleur (analgésie).
• Un engourdissement physique (anesthésie).
• La paralysie ou une paralysie partielle sans cause médicale.
• Une perte de fonctions physiques sans cause médicale (le mouvement, la vue, l’ouïe,
l’odorat, le goût, la sensation, ne pas avoir faim, ne pas ressentir la température).
• Les perceptions somatiques déformées.
• Crises ou épilepsie sans causes médicales (crises pseudo-épileptiques).
-FTTZNQUÙNFTTDIOFJEÏSJFOT
Les symptômes schneidériens de la schizophrénie (aussi connus comme symptômes
positifs ou de premier rang) sont très communs dans les troubles dissociatifs et sont le
%BVUSFTTZNQUÙNFTRVJUSBWFSTFOUMFTDBUÏHPSJFTEJBHOPTUJRVFT
Les symptômes suivants peuvent signaler la présence d’un trouble dissociatif mais sont
aussi expérimentés par des patients avec d’autres troubles mentaux, particulièrement
les troubles de la personnalité. Un diagnostic différentiel prudent est donc de mise.
• Le comportement
0 Les patients rapportent des fluctuations déconcertantes dans des compétences et
des facultés (p. ex. conduire une voiture, cuisiner un repas, faire des mathématiques).
CONCEPT CLÉ
Il est important de distinguer les patients qui n’ont qu’une partie dissociative qui fonc-
tionne dans la vie quotidienne de ceux qui en ont plusieurs. Outre l’utilité de poser un
diagnostic de trouble dissociatif correct, cette distinction a des implications importantes
pour le traitement.
&YFNQMFEFDBTEFMÏWBMVBUJPOEVO5%"43PCFSU
Robert était un homme de 40 ans qui cherchait de l’aide pour des problèmes sexuels.
Pour la première fois dans sa vie, il avait une relation stable avec un autre homme, Jean,
mais il ressentait énormément d’anxiété dans leur relation, en particulier lors des rapports
sexuels. Il craignait que Jean ne le quitte, car il croyait qu’il le décevait et qu’il était un raté
au niveau sexuel. Depuis longtemps il savait qu’il était homosexuel et avait connu plusieurs
relations sexuelles dans le passé avec différents hommes mais aucune de celles-ci n’avait
duré plus de quelques semaines. La plupart du temps, Robert mettait fin à ces relations.
Il raconta avoir été abusé par un voisin dès l’âge de 7 ans jusqu’à ses 12 ans. Il réalisa
que ses problèmes sexuels étaient liés d’une certaine manière à l’abus. Il rapporta qu’il
avait suivi de la thérapie et de l’EMDR pour son histoire traumatique, mais il avait arrêté
les séances d’EMDR parce qu’elles semblaient avoir un effet néfaste sur ses problèmes.
En fait, il avait été complètement dépassé et terrifié. Sa solution avait été d’éviter tant
la thérapie que les relations sexuelles durant les 10 dernières années.
Robert fonctionnait assez bien comme ingénieur et avait beaucoup de contacts sociaux
superficiels ainsi que quelques amies proches. C’était une de ces amies qui avait motivé
Robert à chercher à nouveau de l’aide. Robert raconta à la thérapeute qu’aussi longtemps
qu’il restait à distance du sexe et des relations avec les hommes, tout allait bien dans sa vie.
Quand on l’interrogeait sur ses symptômes somatiques, Robert notait qu’en général il ne
ressentait pas vraiment son corps. Il aimait faire de longs entraînements à la salle de sport,
mais disait qu’il ne ressentait jamais de courbatures ou de douleurs, même lorsqu’il se blessait.
Dans le cas de Robert, il n’y avait pas de preuve de l’existence d’autres par-
ties dissociatives qui auraient eu des fonctions dans la vie quotidienne. Alors
que des parties faisaient parfois brièvement intrusion, elles le faisaient unique-
ment dans un contexte sexuel ou relationnel avec Jean et non afin de faire face
aux expériences de la vie quotidienne de Robert. Ce dernier ne mentionna pas
d’amnésie dans son quotidien, excepté pour ces quelques brefs épisodes intru-
sifs. Il fonctionnait assez bien au travail et dans quelques relations. Il entendait
plusieurs voix internes liées à son passé et rapporta d’autres symptômes disso-
ciatifs tels qu’une dépersonnalisation épisodique et une certaine déréalisation
(ne pas reconnaître son environnement ou son partenaire, quelque chose qui
peut se produire lorsqu’une partie dissociative fixée dans le temps du trauma
est activée). Robert mentionna aussi des symptômes somatiques avec des per-
ceptions déformées de son corps vécu comme plus petit (un phénomène d’in-
fluence passive lorsqu’une partie plus jeune est coprésente) et une absence de
sensation de son corps ou l’incapacité à reconnaître la douleur.
Selon le DSM-5, Robert avait les critères du TDAS. Le cas de Marianne,
décrit ci-dessous, est très différent car elle a plus de parties avec des fonctions
dans la vie quotidienne, une amnésie grave et d’autres symptômes dissociatifs
qui indiquent la présence d’un TDI. Dans les deux prochains chapitres, nous
discuterons de la manière dont les différences dans ces cas peuvent influencer
le plan de traitement.
&YFNQMFEFDBTEFMÏWBMVBUJPOEVO5%*.BSJBOOF
Marianne était une femme de 30 ans avec une histoire de traitement qui débuta à
20 ans. À cet âge, elle quitta sa maison et commença une scolarité dans une autre ville.
Elle vivait seule, n’arrivait à travailler qu’à mi-temps pour une compagnie de logiciels
et n’avait que très peu de contacts sociaux. Elle avait reçu des traitements de nombreux
thérapeutes pour des épisodes dépressifs, de l’anxiété (y compris une phobie sociale
et des attaques de panique) et de l’anorexie-boulimie. Elle avait également reçu un
diagnostic de trouble de personnalité non spécifié à caractère mixte. Durant son dernier
5IÏSBQFVUF Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce que vous voulez dire quand
vous dites que « vous avez votre savoir » ?
.BSJBOOF Eh bien, je sais juste ce que j’ai fait.
5IÏSBQFVUF Humm, et comment arrivez-vous à ce savoir ?
.BSJBOOF Eh bien, la plupart du temps, c’est comme si je recevais un rapport sur ce
que j’ai fait, et donc je ne perds aucun moment.
7. Résumé
L’évaluation des troubles dissociatifs est complexe parce que les symptômes
peuvent être cachés et impliquer une organisation intrapsychique qui ne se mani-
feste pas toujours ouvertement, parce que les descriptions du DSM-5 des troubles
dissociatifs manquent de détails clairs et parce que certains symptômes dissocia-
tifs potentiels peuvent être présents dans différents troubles. Le diagnostic diffé-
rentiel est donc essentiel. Les thérapeutes devraient être conscients qu’aussi bien
le sur- et le sous-diagnostic peuvent être problématiques. Distinguer entre des
patients qui ont une partie dissociative qui fonctionne dans la vie quotidienne et
ceux qui ont plus d’une de ces parties a des implications thérapeutiques impor-
tantes. Si le thérapeute doute du diagnostic, il devrait référer les patients chez un
consultant expérimenté en évaluation diagnostique.
CONCEPT CLÉ
Il est essentiel d’évaluer les lésions cérébrales traumatiques chez les patients chronique-
ment abusés depuis l’enfance ou qui ont une histoire d’agression physique ou d’accident
entraînant potentiellement une blessure à la tête. Les lésions cérébrales traumatiques
sous-diagnostiquées ou non traitées peuvent interférer significativement dans le progrès
de la thérapie.
1.5. Compréhension
La compréhension est un des facteurs les plus communs dans la psychothé-
rapie, connu pour aider les patients à changer et constituant une première
étape cognitive dans la réalisation. L’important n’est pas de savoir comment
la compréhension est acquise ni même si elle est entièrement précise. L’im-
portant réside dans le fait que le patient trouve une explication qui soutienne
un résultat adapté, c’est-à-dire celle qui aide le patient vers un changement
et une stratégie plus efficaces (Wampold, Imel, Bhati et Johnson-Jennings,
2007). Une compréhension sans changement n’est pas particulièrement utile.
&YFNQMFEFDBTEFDPNQSÏIFOTJPOdiffÏSÏF$PSJOOF
Ce n’est que dans la sixième année de thérapie que Corinne, une patiente hautement
dissociative avec un TDI et un trouble de personnalité obsessionnel-compulsif, put
commencer à comprendre son comportement autopunitif lui interdisant toute expérience
agréable et parvint à réaliser des changements significatifs pour accepter des expériences
plus positives dans sa vie. Elle avait la conviction pendant toutes ces années d’avoir été
pragmatique et de s’être débrouillée quand elle le devait, et que son comportement avait
été normal et responsable. Elle disait des choses qui semblaient raisonnables à la surface,
mais qui en fait étaient nuisibles pour elle dans la manière dont elle utilisait ces croyances :
« Vous devez faire ce que vous devez faire, vous devez faire des choses que vous ne
voulez pas faire. » La compréhension du fait qu’elle se privait afin de se punir d’avoir été
abusée mit du temps à venir. Mais dès que la compréhension prit le chemin d’une vraie
réalisation, elle opéra des changements significatifs au cours des deux années suivantes,
parmi lesquels un travail mieux rétribué et un meilleur endroit où vivre, des achats de
quelques nouveaux vêtements pour la première fois depuis des années, ses premières
vacances à l’âge adulte ainsi que plusieurs relations saines.
Ces deux cas sont révélateurs de ce que certains patients peuvent amener
du changement sans développer de la compréhension au préalable (Donald),
tandis que d’autres doivent d’abord développer la compréhension pour accéder
au changement (Corinne). Il va sans dire qu’un manque de compréhension
laisse les patients vulnérables au fait de retourner vers des comportements pro-
blématiques sous l’influence du stress.
1.6. Motivations
Une des évaluations les plus importantes pour la formulation de cas est la com-
préhension de ce qui motive nos patients à se comporter, penser, sentir, perce-
voir, et prédire de manière particulière. Les principales motivations viennent
des objectifs, des souhaits, des valeurs, schémas ou croyances de base du patient
et des conflits entre ceux-ci.
La résistance dans la thérapie se situe généralement au niveau de conflits
irrésolus parmi différentes parties dissociatives du patient, et au niveau de la
phobie de ces parties et d’autres expériences dissociatives. Les différentes moti-
vations sont généralement contenues dans des parties dissociatives en conflit.
Par exemple, la partie du patient qui fonctionne dans la vie quotidienne peut
avoir l’objectif de se sentir mieux et d’être plus indépendante et compétente.
Une partie enfant a le souhait qu’on prenne soin d’elle. La plupart des parties ont
des schémas selon lesquels ils ne sont pas aimables. Une partie qui imite l’agres-
seur crie que personne ne mérite d’aller mieux. Plus les thérapeutes parviennent
à identifier ces pensées, souhaits, buts et schémas conflictuels, mieux ils peuvent
aider leurs patients à trouver des façons de les accepter et de les changer.
&YFNQMFEFDBTEVOFSFTTPVSDFJNBHJOBJSF$MBJSF
Claire était une patiente qui commençait à peine à aborder certaines de ses émotions
les plus douloureuses. La thérapeute décida de l’aider à utiliser plus consciemment ses
ressources pour le confort et la sécurité. Claire choisit d’utiliser une figure ressource
avec des qualités positives. Elle développa l’image d’une femme âgée qui était
compassionnelle, juste, aimante, sage et forte. Elle avait de longs cheveux argentés
flottants, était vêtue d’une longue robe couleur émeraude et avait le visage le plus
gentil de la terre. Claire s’imagina qu’elle marchait main dans la main avec cette
silhouette sur un chemin, se sentant sans peur et solide. Une fois que Claire eut pratiqué
l’utilisation de cette ressource intérieure quand elle était calme, elle fut plus capable
de l’évoquer quand elle se sentait stressée. Elle trouva cela extrêmement utile. Claire
était capable d’utiliser cette ressource non seulement quand elle avait besoin d’approcher
un sentiment effrayant mais aussi par la suite. Elle utilisa la figure de la femme sage
après une séance productive pour continuer à réfléchir sur le travail, se sentir renforcée
et retrouver du réconfort quand elle avait besoin de pleurer. Ainsi, Claire utilisa la figure
sage non seulement pour surmonter son évitement phobique mais aussi pour la
soutenir dans les gains continus.
La thérapeute commença en aidant Claire à sentir la femme sage auprès d’elle et à
remarquer ce que cela faisait dans son corps, quelles émotions elle ressentait et quelles
étaient ses pensées. Après avoir eu le temps de consolider cette expérience positive,
la thérapeute attira son attention sur une sensation sombre et effrayante, avec l’intention
de voyager entre l’expérience positive et l’expérience négative. C’était cependant
déstabilisant pour Claire, alors la thérapeute la renvoya vers l’image positive jusqu’à ce
qu’elle soit à nouveau régulée. La thérapeute demanda à Claire ce qui pourrait l’aider.
Claire suggéra qu’elle pourrait se sentir plus en sécurité si la silhouette sage pouvait
l’accompagner à l’endroit sombre et effrayant. Claire fit une tentative et observa que
c’était possible en laissant la femme sage marcher devant elle. La femme sage regarda
CONCEPT CLÉ
Une anamnèse soigneuse du traitement antérieur du patient est utile pour révéler les
problèmes potentiels de transfert et de contre-transfert qui peuvent survenir dans la
thérapie actuelle, et faire connaître la manière dont les clôtures sont gérées par le patient,
ainsi que ses attentes et ce qui devrait être similaire et différent dans la thérapie actuelle.
Peu importe si un ancien thérapeute a été perçu comme utile ou pas, les
patients communiquent sur leurs schémas d’attachement et leurs percep-
tions habituelles, ainsi que sur leurs conflits, leurs souhaits et leurs craintes
au sujet des thérapies et des thérapeutes. Les patients ont souvent des senti-
ments conflictuels à propos d’anciens thérapeutes ou équipes de traitement,
ce qui fait qu’ils ont besoin d’une personne de soutien pour les écouter et les
aider à intégrer les divergences. Le thérapeute doit également être attentif aux
attentes irréalistes du patient pour la thérapie actuelle et au danger que le
patient idéalise ou dévalorise le thérapeute actuel depuis le début. Le théra-
peute trouvera utile d’explorer les points suivants :
• Durée des traitements antérieurs – cela peut indiquer la volonté du patient
de s’engager dans une thérapie, sa tolérance pour le processus thérapeu-
tique et sa capacité à rester en contact avec un thérapeute ou non.
• Résultats thérapeutiques du point de vue du patient.
• Raisons de l’interruption du point de vue du patient.
• Diagnostics antérieurs, si connus.
• Médicaments, résultats et observance de la médication prescrite.
• Hospitalisations, dates, raisons et durée du séjour. Ces données aident
le thérapeute à déterminer l’instabilité du patient au fil du temps et les
principaux problèmes qui conduisent à la déstabilisation.
CONCEPT CLÉ
Il est essentiel d’évaluer la manière dont le patient réagit à la dissociation, dont les parties
dissociatives (et le patient dans son ensemble) font face aux conflits, et les conflits qui
sont intenses entre les parties.
Les réactions du patient à son état dissociatif. L’une des premières choses
à observer est la façon dont les différentes parties du patient acceptent un
diagnostic de trouble dissociatif. Certaines parties dissociatives peuvent mieux
l’accepter, tandis que d’autres sont plus dans l’évitement. Souvent, la partie
principale fonctionnant dans la vie quotidienne est réticente à faire face à la
dissociation. Cependant, certains patients sont fortement soulagés de com-
prendre ce qui se passe avec eux. Robert, dans l’exemple de cas du chapitre 5,
était l’un de ces patients. Comme partie adulte fonctionnant dans la vie quoti-
dienne, il commença presque immédiatement à communiquer avec ses parties
dissociatives. Il accepta ses jeunes parties traumatisées et put les réconforter.
D’autres, comme Marianne, également présentée au chapitre 5, ont eu peur ou
honte et nièrent ou évitèrent toute tentative du thérapeute de travailler avec
la dissociation. Ces attitudes affectent le progrès de la thérapie et devraient
indiquer comment le thérapeute pourrait aborder le sujet de la dissociation.
Plus les patients dans leur globalité ont peur, sont honteux ou évitent phobi-
quement leurs parties dissociatives, plus la thérapie est lente, plus ils peuvent
avoir besoin de stabilisation et de développement d’habilités émotionnelles.
Il est également essentiel de comprendre les champs de la coopération
explicite et implicite et des conflits entre les parties dissociatives, car l’évi-
tement phobique entre les parties entraîne une forte résistance et doit donc
3. L’évaluation du pronostic
À bien des égards, l’évaluation du pronostic chez les patients présentant des
troubles dissociatifs est la même que chez tout autre patient. Cependant,
la façon dont les patients réagissent et gèrent leur dissociation ajoute une
autre dimension au pronostic. Certains patients dissociatifs ont été dans le
système de santé mentale pendant des années sans un diagnostic approprié.
Tout comme les patients ayant un trouble de la personnalité état-limite, il y a
quelques années, ils peuvent venir à une nouvelle thérapie en ayant été étique-
tés comme « intraitables ». Pourtant, bon nombre de ces patients se portent
bien et s’améliorent avec le temps avec un traitement adéquat. Le fait d’avoir
suivi un traitement de longue durée n’implique pas nécessairement un mauvais
pronostic (Brand et al., 2013 ; Brand et Loewenstein, 2014).
Néanmoins, alors que la plupart des patients s’améliorent, quelques-uns
ne le font pas, et bon nombre d’entre eux ont une évolution lente et inégale
qui peut prendre des années (Horevitz et Loewenstein, 1994 ; Kluft, 1994c,
1994d). Dans une large mesure, les progrès dépendent du pronostic et le pro-
nostic renseigne sur la planification du traitement. L’évaluation continue
décrite dans ce chapitre aide les thérapeutes à évaluer les forces et les faiblesses
d’un patient et son degré de résistance. Les facteurs suivants, dont certains ont
été discutés ci-dessus dans les ressources et les besoins du patient, sont impor-
tants pour déterminer le pronostic.
• Niveau de fonctionnement le plus élevé atteint
• Degré de comorbidité, y compris les troubles de la personnalité
• Degré et flexibilité des défenses psychologiques
• Volonté de partager des pensées et des sentiments personnels
• Degré de phobies liées au traumatisme
Bien sûr, le pronostic peut changer avec le temps. Ainsi, certains patients
qui ont initialement un mauvais pronostic sont potentiellement en mesure de
progresser si on leur donne suffisamment de temps et un bon traitement, alors
que d’autres ne peuvent pas bénéficier de la thérapie.
Le pronostic est utile pour guider le traitement en ce sens qu’il aide
le thérapeute à avoir une perspective réaliste qui se prête à la patience et
renseigne sur les objectifs thérapeutiques pragmatiques. Un patient avec
un mauvais pronostic, par exemple, n’est pas prêt à travailler avec des sou-
venirs traumatiques. Que ce patient puisse le faire est quelque chose qui ne
peut être déterminé qu’avec le temps et la patience. Seulement, le théra-
peute doit marcher sur une corde raide tendue entre deux pôles : nourrir
l’espoir et ne pas avoir des attentes irréalistes qui feront que le patient se
sente nul.
&YFNQMFEFDBTEFGPODUJPOOFNFOUMFQMVTÏMFWÏ
.BSJBOOF
Marianne (voir le cas du chapitre 5) avait été capable de maintenir un travail à temps
partiel pendant plusieurs années et avait reçu des commentaires de compétence à son
travail, même si elle avait de l’amnésie ou rapportait se trouver parfois hors de son
corps au travail. Le thérapeute conclut qu’il y avait suffisamment de coopération entre
les parties dissociatives pour que Marianne travaille et qu’elle avait une force d’ego
considérable qui lui permettait de bien fonctionner au travail, même si elle rapportait
d’autres difficultés significatives.
Moira était une patiente âgée de 42 ans, souffrant de TDI, qui demeurait dans un
silence terrifié malgré tout ce que le thérapeute faisait pour essayer de créer une
régulation et de la sécurité. Elle était extrêmement paranoïaque, craignant que le
thérapeute utilise toute information contre elle et elle rapporta l’inefficacité de
plusieurs traitements antérieurs. Pendant près d’un an, elle refusa que même son
partenaire sache qu’elle était en thérapie, ne lui partageant rien de ce qui se passait
pour elle. Elle refusa des médicaments et ne donna pas son consentement au
thérapeute de parler avec ses précédents thérapeutes. Elle ne permit pas au
thérapeute de travailler avec toutes les parties dissociatives. Moira était également
incapable de travailler sur les techniques de stabilisation à la maison et ne pouvait
pas écrire ses pensées ou utiliser d’autres modalités créatives auxiliaires. Malgré
24 mois de bon traitement de stabilisation et 9 mois de traitement intensif en
hôpital résidentiel, elle demeura silencieuse, gelée, très sur ses gardes et paranoïde.
Une tentative de médicaments antipsychotiques s’avéra inutile. Son pronostic reste
mauvais.
&YFNQMFTEFDBTEFEÏUFSNJOBUJPOEVQSPOPTUJD
3PCFSUFU.BSJBOOF
D’après les informations et l’évaluation initiale, il était clair que Robert (décrit au
chapitre 5) avait beaucoup de ressources et un bon soutien social, pas de comorbidité
grave, pas de graves problèmes d’attachement, d’excellentes compétences de
fonctionnement exécutif et peu de phobies de ses parties dissociatives après avoir
surmonté sa honte initiale. Il développa rapidement une solide relation de travail avec
le thérapeute et s’exerça avec diligence aux techniques de régulation de l’émotion.
Alors qu’il se sentait souvent honteux par rapport à son abus sexuel, il s’évaluait de
façon assez précise dans d’autres domaines et il fut en mesure de développer
l’autocompassion. Son niveau de fonctionnement était élevé, même si son stress post-
traumatique et les symptômes dissociatifs avaient augmenté quand il commença sa
relation avec sa partenaire. Robert avait un excellent pronostic, à condition que le
thérapeute adapte le rythme de la thérapie pour que Robert puisse rester fonctionnel
dans la vie quotidienne (Kluft, 1986a).
CONCEPT CLÉ
Le diagnostic se concentre sur les symptômes et les troubles. La formulation de cas em-
ploie une évaluation pour comprendre le processus des patients, la façon dont ils sont
organisés et se relient à eux-mêmes, aux autres et au monde. La formulation de cas éclaire
alors le traitement.
&YFNQMFEÏWBMVBUJPOBQQSPGPOEJFFUEFGPSNVMBUJPOEFDBT.BSJBOOF
6. Résumé
L’évaluation, le pronostic et la formulation de cas sont indispensables pour
la planification et les progrès du traitement. Les thérapeutes doivent procé-
der à des évaluations continues et changer les plans de traitement en consé-
quence. Ils devraient aussi régulièrement, tous les trois mois, tous les six mois,
ou chaque année, discuter des progrès du traitement et des objectifs avec les
patients afin de déterminer si le traitement est efficace et ce qu’il pourrait être
nécessaire d’ajuster ou d’améliorer.
7. Explorations supplémentaires
1. Avez-vous régulièrement évalué les progrès du traitement chez vos
patients et en avez-vous discuté avec eux ? Si non, comment pour-
riez-vous commencer à incorporer cela dans votre pratique ?
2. Avez-vous traité des patients dont le pronostic a évolué de façon meil-
leure ou pire que vous ne l’attendiez ? Avec le recul, y a-t-il eu quelque
chose que vous avez manqué de voir et qui aurait pu vous aider à déter-
miner un pronostic plus précis ?
3. Comment définissez-vous et mettez-vous en place un cadre de traite-
ment ? De quelle manière votre cadre est-il similaire ou différent de
celui de vos collègues, et pourquoi ?
4. Rédigez une formulation brève de cas pour un de vos patients, en vous
concentrant sur son processus ses capacités, et discutez-en avec des
collègues.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Les patients doivent savoir à quoi s’attendre, ce que l’on attend d’eux et ce
qui se passera s’ils violent les limites. Ils devraient être instruits sur les choses
à faire au cas où un thérapeute ou un autre professionnel transgresse les limites
avec eux. Nous recommandons de donner des lignes directrices aux patients
par écrit et d’avoir une discussion à ce sujet lors de la première séance. Les ins-
titutions ont généralement établi des politiques sur ces questions, alors que les
thérapeutes en pratique privée peuvent avoir besoin de faire les leurs.
Deux aspects du cadre du traitement sont souvent difficiles pour beaucoup
de thérapeutes : décider de la fréquence et de la durée des séances, et comment
utiliser le courrier électronique avec les patients.
CONCEPT CLÉ
Des séances plus fréquentes ne signifient pas toujours une thérapie plus efficace. Les
thérapeutes doivent en examiner attentivement les avantages et les inconvénients et
avoir une justification claire de l’augmentation des séances ou de leur durée. Le traite-
ment devrait commencer par une séance hebdomadaire jusqu’à l’évaluation du patient
afin de déterminer si des séances plus longues ou plus nombreuses peuvent être indiquées,
et à quelles fins.
CONCEPT CLÉ
Les séances devraient toujours commencer et s’arrêter à temps. Les séances prolongées
devraient être planifiées à l’avance et ne pas être spontanées. Le thérapeute devrait s’as-
surer suffisamment de temps avant la fin de la séance pour que le patient soit ancré,
contenu et capable de partir sans détresse excessive.
&YFNQMFEFDBTEFSÏQPOTFBVDPVSSJFSÏMFDUSPOJRVF
EVOFQBSUJFJNQMPSBOUFEFMBQBUJFOUF+PBOOB
&YFNQMFEFDBTEFSÏQPOTFËVODPVSSJFM
EVOFQBSUJFFODPMÒSFEFMBQBUJFOUF4PQIJF
&YFNQMFEFDBTEFOPVWFMMFTMJNJUFTËQPTFS-PVJTB
Louisa était une patiente TDI âgée de 35 ans référée à un centre de traitement spécial
pour les troubles complexes liés au traumatisme, suite au déménagement de son
ancienne thérapeute dans une autre ville. Bien qu’elle ait travaillé comme assistante
sociale pendant plusieurs années dans le passé, elle avait une longue histoire dans le
système de santé mentale, n’avait pas eu d’emploi depuis de nombreuses années et
touchait des revenus d’invalidité. Elle avait aussi eu des problèmes de toxicomanie et
d’automutilation et répondait aux critères de trouble de la personnalité état-limite (TPEL).
Elle était sujette aux crises. Elle avait été traitée pour le TDI et le TPEL pendant un certain
nombre d’années. Elle avait eu plusieurs conflits dans le réseau de santé mentale, mais
aimait sa thérapeute précédente. Cependant, cette thérapeute rapporta dans sa lettre
de référence s’être sentie coincée dans la thérapie en voyant la patiente de plus en
plus souvent dans l’effort pour faire face à de nombreuses parties enfant dérégulées.
Elle s’était sentie isolée, incapable de trouver une supervision locale. Louisa s’était
habituée à au moins deux séances par semaine et de nombreuses interventions de
crise. Cette thérapeute avait également permis aux parties enfant de se manifester
pendant de longues parties de séances, car Louisa l’avait convaincue que c’était la
meilleure façon de se réguler et de la calmer.
Lorsque Louisa vint pour l’évaluation, le diagnostic TDI fut confirmé par des tests. Une
évaluation plus poussée et une étude de cas ont clairement montré que le traitement
antérieur de Louisa avait causé beaucoup de problèmes, favorisant la dépendance.
Louisa idéalisait sa thérapeute précédente mais en même temps se sentait abandonnée
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute devrait discuter des objectifs de traitement à court et à long terme, progres-
ser sur une base régulière avec les patients et ajuster le traitement selon le besoin.
Dans le cas de Louisa, les objectifs à court terme suivants furent fixés dans
son plan de traitement initial. Ces objectifs furent évalués tous les trois mois :
1. Établir une relation thérapeutique avec des limites saines.
2. Développer une meilleure compréhension des raisons pour lesquelles
un nouveau cadre de traitement est utile.
3. Apprendre à assumer la responsabilité d’elle-même et de ses parties
enfant.
4. Apprendre à se réguler quand elle se sentait en crise.
&YFNQMFEFDBTEVOÏUBCMJTTFNFOUEVOPCKFDUJG
FODPMMBCPSBUJPO"OOB
Anna était une patiente avec un TDI qui évitait ses parties de façon extrême. Elle
déclara : « Je veux mieux dormir et me débarrasser de ces cauchemars, mais je ne
veux pas faire face aux parties. » Son thérapeute convint avec elle qu’ils travailleraient
dans un premier temps avec des approches standard sur le sommeil et ses cauchemars.
Après plusieurs semaines d’interventions, non seulement le sommeil d’Anna ne s’était
pas amélioré, mais il était devenu bien pire. Le thérapeute expliqua alors que, pour
améliorer son sommeil, Anna aurait besoin d’être disposée à comprendre un peu
mieux ses parties et les façons dont elles avaient contribué à ses problèmes de
sommeil. Elle soupçonnait, en effet, qu’elles jouaient un rôle majeur, car Anna signalait
fréquemment l’amnésie de nombreux et différents comportements pendant la nuit.
Le thérapeute passa du temps avec Anna, en la rassurant sur le fait que ses craintes
étaient compréhensibles et qu’elle pouvait prendre le temps dont elle avait besoin
pour avancer par petits pas. C’est ce qui aida Anna à pouvoir fixer l’objectif d’explorer
ses peurs des parties dissociatives avec le thérapeute. Une fois la peur diminuée, un
objectif supplémentaire fut fixé pour une meilleure communication et coopération
concernant le sommeil la nuit.
Une fois qu’un objectif thérapeutique est établi, le prochain défi pour le
thérapeute et le patient est de déterminer ce dont le patient a besoin pour
atteindre le but, et quelles étapes sont suffisamment gérables à l’intérieur de
la fenêtre de tolérance. Cette approche prudente, étape par étape, donne
un rythme à la thérapie en fonction de ce que le patient peut tolérer et lui
offre de petites expériences de maîtrise à partir desquelles la compétence et la
confiance peuvent être construites. Si le patient est constamment incapable
d’atteindre un but, le thérapeute doit voir s’il peut être décomposé en étapes
gérables ou si le patient possède les compétences et la motivation pour passer
à l’étape suivante.
Dans le cas d’Anna (ci-dessus), elle et son thérapeute ont convenu qu’elle
prendrait d’abord le temps pour discuter de ses peurs sans avoir à prendre
contact avec ses parties. Anna voulait également plus d’explications de son
thérapeute au sujet de la façon dont les parties pourraient influencer son som-
meil (voir Boon et al., 2011, pour les problèmes de sommeil chez les patients
dissociatifs).
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Les objectifs à court terme qui incluent de petits pas vers des objectifs à long terme
peuvent aider à garder la thérapie sur la bonne voie, de telle sorte que les objectifs prin-
cipaux nécessitant plus de temps ne soient pas perdus.
Une façon utile de maintenir le cap est d’avoir des objectifs concrets à
court terme pour le traitement, écrits tant pour le thérapeute que le patient.
Le thérapeute peut s’y référer à chaque séance comme aide à la redirection
du traitement si nécessaire. L’ambiance dissociative dans la pièce peut rendre
le thérapeute confus ou somnolent, ce qui rend difficile de penser clairement
(Loewenstein, 1991a). Il n’est pas rare qu’à la fois le thérapeute et le patient
soient confus par rapport à ce qui vient d’être discuté.
&YFNQMFEFDBTEFSFTUFSTVSMBCPOOFWPJFFOUIÏSBQJF+FBOOF
&YFNQMFEFDBTEFSFTUFSTVSMBCPOOFWPJFFOUIÏSBQJF
.BSJBOOF
Parfois, Marianne ne répondait plus et ne se souvenait plus de ce qui avait été discuté
en thérapie. Même sa thérapeute trouvait difficile de se rappeler ce dont elles parlaient
quand Marianne avait l’un de ces épisodes. Marianne se dissociait souvent au cours de
la séance, en particulier lorsque le sujet concernait son diagnostic et ses parties dissociatives.
Il était difficile pour Marianne de se concentrer sur ce point pendant plus de quelques
minutes. Ainsi la thérapeute devait-elle aborder les conflits sous-jacents de Marianne. Elle
faisait cela en « parlant au travers » à toutes les parties à l’intérieur (Kluft, 1982), sans
réellement mentionner le mot partie, car elle devina que le terme ne ferait qu’augmenter
les conflits : « Marianne, je vois que vous luttez pour rester présente surtout quand on
parle de vos symptômes dissociatifs. Je me demande s’il n’y a pas de nombreuses pensées
et idées dans votre esprit et peut-être quelques inquiétudes à parler de la dissociation ? »
Marianne fut capable d’acquiescer, mais ne put répondre, elle sembla figée.
La thérapeute continua : « Même maintenant, je vois que c’est tellement difficile pour
vous, et je suis désolée. Je voudrais juste dire que je suis intéressée par ces différentes
pensées et inquiétudes à propos d’être ici et que toutes auront besoin de notre attention
en temps voulu. Je me demande si vous pourriez peut-être écrire quelques-unes de
celles-ci ? Puis, quand vous vous sentez prête, nous pourrions en parler, une à la fois. »
Marianne fit signe que oui, et la thérapeute continua. « Génial ! J’espère que vos pensées
et sentiments sont prêts à devenir un peu plus calmes. Peut-être qu’ils pourraient tout
simplement faire un pas en arrière pour un moment et trouver temporairement un espace
calme dans votre esprit afin que vous puissiez vous concentrer sur un(e) seul(e) pensée
à la fois. Je me demande si cela pourrait être possible en ce moment, parce que nous
sommes en train de trouver une façon pour vous de les exprimer par écrit. Je tiens à
réitérer que chaque pensée et chaque sentiment sont tout aussi importants et doivent
être entendus et compris, et que nous le ferons à votre rythme et selon votre propre
voie, que je suis sûre que nous trouverons ensemble. N’hésitez pas à écrire à la maison
quand vous vous sentez moins sous pression. Si vous ne le sentez pas, n’hésitez pas à
arrêter, et nous clarifierons cela. Je veux vous remercier, Marianne, remercier tous les coins
de votre esprit qui écoutent et qui participent afin que nous puissions trouver notre
chemin ensemble. Maintenant, seriez-vous prête à vous lever avec moi et à marcher
autour de la pièce afin que vous puissiez vous sentir plus ancrée ? »
&YFNQMFEFDBTEFMÏMBCPSBUJPOEVOQMBOEFUSBJUFNFOU3PCFSU
Dans les deux chapitres précédents, nous avons décrit les informations concernant
l’évaluation de Robert. Il avait clairement un bon pronostic. Il acceptait son diagnostic
et était prêt à prendre contact avec ses parties dissociatives une fois sa honte initiale
dépassée. De plus, Robert était soutenu par son partenaire et quelques bons amis. Dans
le cas de Robert, les objectifs tant à court terme qu’à long terme avaient pu être établis
au début du traitement. Il était clair que Robert avait assez de force dans son moi et
de soutien pour pouvoir passer à la phase 2. Ces objectifs à court terme avaient ainsi
tous été dirigés sur l’amélioration de la collaboration interne, l’apprentissage de
techniques pour réguler ses émotions et la préparation du travail de la phase 2.
Robert et le thérapeute se mirent d’accord sur les objectifs à court terme suivants : (a)
apprendre plusieurs techniques d’ancrage pour rester dans le présent, (b) créer des
lieux sûrs internes pour les parties fixées dans le temps du trauma, et (c) comprendre
et acquérir une certaine collaboration avec toutes ses parties dissociatives, y compris
la voix en colère qu’il entendait. Pour Robert, le plus grand défi était de comprendre
que la voix en colère de l’auteur était en fait une partie dissociative de lui-même, et
qu’il devait développer un peu de compassion et ensuite de coopération avec cette
partie. Il avait peur de communiquer directement avec cette partie et craignait sa colère.
Finalement le thérapeute, avec son accord, entra d’abord en contact avec cette partie
et établit une alliance de travail. Une fois que cette partie se sentit reconnue par le
thérapeute, Robert put progressivement et plus facilement l’accepter et travailler avec
elle. Robert fut ensuite en mesure d’accéder rapidement à la phase 2.
3. Résumé
Le thérapeute peut planifier le traitement d’une manière raisonnable, séquen-
cée et rythmée et faire preuve de souplesse dans la révision du plan selon le
besoin. Une approche collaborative qui se concentre sur des objectifs com-
muns est nécessaire. Le thérapeute peut planifier en conséquence la meilleure
façon d’atteindre ces objectifs compte tenu des points forts du patient et de ses
déficits.
Une fois que le patient a atteint une acceptation raisonnable du diagnostic
(qui peut encore vaciller de temps à autre), l’étape suivante consiste à planifier
comment et quand travailler avec les parties dissociatives. La planification du
traitement implique de savoir quelles approches adopter et quand les mettre
en œuvre. Les principes généraux pour savoir quand et comment travailler
avec les parties reposent principalement sur la fenêtre de tolérance du patient
et la complexité de la dissociation de la personnalité, ce qui est abordé dans le
chapitre 10.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Lorsque des souvenirs traumatiques émergent ou sont évités, le contenu des souvenirs
traumatiques ne doit pas être ignoré, mais les thérapeutes devraient comprendre et tra-
vailler avec les dynamiques du système interne et des relations du patient. Un objectif
essentiel du traitement consiste à savoir ce qui se passe chez le patient et ce qui se passe
dans la relation lorsque les souvenirs traumatiques sont évoqués.
CONCEPT CLÉ
La thérapie est une question de qualité, pas de quantité. Le fait qu’un patient
apporte une rame de pages de journal intime à la séance ou plein de choses à
discuter, qu’il ait des émotions intenses, qu’il passe d’une partie à une autre
dans la séance, ou qu’il passe des heures par jour à dresser une cartographie des
parties en rédigeant des descriptions détaillées de toutes leurs préférences, ne
signifie pas qu’il évolue dans une direction positive en thérapie. La question
est de savoir si le travail avec ce matériel aide le patient à mieux fonctionner
dans le temps et contribue à une meilleure intégration interne. La capacité à
équilibrer une concentration tournée vers l’intérieur sur les émotions et les
expériences douloureuses tout en continuant à fonctionner dans la vie quoti-
dienne est important pour le fonctionnement à long terme.
Par exemple, lorsqu’un patient produit des centaines de pages de journal
intime chaque semaine, à quel prix ces écrits sont-ils produits, et qu’est-ce
qui est négligé dans la vie quotidienne ? Que se passe-t-il avec les enfants du
patient, son/sa partenaire, ses amis, son travail, ses études, ses tâches ménagères
et ses factures ? Quel est le but de l’écriture ? Est-ce peut-être d’éviter de s’oc-
cuper de la vie quotidienne qui est ressentie comme accablante ou ennuyeuse ?
Le patient ne se sent-il pas écouté et vu à moins que des quantités massives
d’informations ne soient données ? Le patient éprouve-t-il que le thérapeute
ne peut pas comprendre sans connaître tous les détails et toutes les nuances ?
L’écriture est-elle, en fait, une façon d’éviter d’accepter pleinement ce qui s’est
passé ? Le patient souffre-t-il d’un trouble obsessionnel compulsif et l’écriture
Les limites sont essentielles. Alors qu’elles devraient être quelque peu flexibles, elles ne
devraient pas changer simplement parce qu’un patient veut ou exige quelque chose ou
parce que le thérapeute éprouve les choses de façon intense.
Une ligne directrice générale stipule que les limites doivent être mainte-
nues face à des désirs, exigences ou crises du patient dans le moment présent,
ainsi que lorsque le thérapeute a des sentiments intenses ou souhaite sauver le
patient ou l’éviter. Les limites devraient être relativement, mais peut-être pas
exactement, semblables pour tous les patients d’un thérapeute donné. Si un
thérapeute a des limites très différentes avec un seul patient (p. ex., se tenir
à des séances longues de façon constante, avoir des séances prolongées ou des
appels téléphoniques et des courriels fréquents, avoir des implications person-
nelles dans le travail ou la vie personnelle du patient), cela peut servir de signal
d’alarme indiquant que les questions de contre-transfert doivent être abordées
et que les frontières doivent être redéfinies. Rappelez-vous qu’il est beaucoup
plus douloureux et perturbant pour les patients lorsque les thérapeutes doivent
fixer des limites plus fermes après avoir été laxistes. C’est généralement perçu
comme un refus, une sanction et un rejet. Donc il est plus indiqué de commen-
cer par des limites plus fermes et parfois les assouplir selon le besoin.
CONCEPT CLÉ
L’un des objectifs à long terme du traitement consiste à aider les patients à accepter avec
compassion toutes les parties d’eux-mêmes, et à distinguer la désapprobation de compor-
tements de la désapprobation de parties de soi.
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes doivent apprendre à réparer les ruptures relationnelles avec humilité, et
ce même quand ils n’ont rien fait de mal.
Le traitement orienté par phases peut être plutôt facile pour les
cas relativement simples de traumatisation. Cependant, il peut
être bien plus complexe, comporter plus de modifications parmi
les phases, et doit, dès lors, rencontrer des problèmes chroniques
à multiples facettes.
Onno van der Hart, Ellert Nijenhuis
et Kathy Steele (2006, p. 15)
CONCEPT CLÉ
Le traitement des patients souffrant d’un trouble dissociatif est échelonné afin d’aider à
développer les capacités cognitives, émotionnelles, somatiques et relationnelles néces-
saires au début du traitement.
CONCEPT CLÉ
TABLEAU 9.1
Phase 1 Objectifs de traitement
TABLEAU 9.2
Compétences de stabilisation pour les patients
CONCEPT CLÉ
Un principe directeur est d’empêcher une nouvelle réactivation des mémoires trauma-
tiques dans la phase 1 tout en écoutant avec compassion le patient et en maintenant le
traitement dans la fenêtre de tolérance.
De nombreux patients présentent soit une aversion complète pour les sou-
venirs traumatiques, soit une poussée agressive à parler d’eux qui dépasse les
craintes et les préoccupations de certaines parties dissociatives d’eux-mêmes.
En phase 1, le thérapeute doit être conscient de ce conflit intérieur et s’assurer
que ce souvenir soit pleinement évoqué pour que la thérapie ne soit ni trop
stagnante ni trop rapide (Van der Hart et Steele, 1999).
CONCEPT CLÉ
Les patients peuvent présenter un déni complet des événements traumatisants, un évi-
tement phobique extrême ou une tendance à parler immédiatement de chaque détail. Le
thérapeute doit être conscient que le patient est habituellement aux prises avec des
conflits intenses entre les parties dissociatives à propos de la façon de faire face aux trau-
matismes. Souvent, ce qu’il présente au thérapeute n’est qu’un côté du conflit entre sa-
voir et ne pas savoir. Ce conflit lui-même doit être traité de façon adaptée au rythme du
patient.
Pour les patients qui tendent à aller de l’avant sans régulation, le thérapeute
pourrait recommander doucement de ne pas encore aborder de détails, mais
d’en parler en termes plus généraux. Les thérapeutes devraient être prudents et
transmettre que les raisons ne sont pas qu’ils ne veulent pas en entendre par-
ler, mais plutôt que le patient dans son ensemble doit trouver le bon moment
et le bon rythme. Le thérapeute pourrait demander au patient : « Comment
saurais-tu que ton partage avec moi est trop important en ce moment ? » Beau-
CONCEPT CLÉ
Les flash-back doivent être contenus et le patient doit être ancré dans le présent. Ce sont
des expériences qui débordent le psychisme et dans lesquelles le patient est en dehors de
la fenêtre de tolérance. Elles ne constituent donc pas un bon point de départ pour travail-
ler sur un souvenir traumatique.
Les flash-back sont des expériences terrifiantes, qui constituent des frag-
ments d’un tout et sont bouleversantes. Souvent, les patients ne sont pas très
présents ou en mesure d’être pleinement au courant de ce qui se passe. La
capacité d’intégration pendant les flash-back est faible et les patients sont hors
de leur fenêtre de tolérance. Ainsi, ce n’est pas le moment de travailler sur la
mémoire traumatique, même si le souvenir s’est présenté. Au lieu de cela, le
thérapeute devrait aider les patients à contenir la mémoire et à se réorienter
vers le présent. Si le patient n’est pas assez stable, le travail de confinement
devra se poursuivre au fil du temps. Une fois le patient prêt, ancré et orienté
vers le présent, et s’il dispose de suffisamment de temps dans la séance, le thé-
rapeute peut le préparer pour un segment spécifique du travail.
La présence de parties dissociatives ajoute une complexité supplémentaire
à la gestion des flash-back. Parfois, la partie adulte du patient qui se présente
rapporte la grande détresse d’autres parties qui ont des flash-back dont la par-
tie adulte ne fait pas l’expérience, ou la partie adulte peut avoir un vague
sentiment de détresse ou de malaise. Ainsi, le thérapeute doit travailler avec
les parties spécifiques impliquées dans le flash-back. Les patients ont parfois
• Agissez calmement, même si vous, le thérapeute, ne vous sentez pas calme. Les
flash-back et les épisodes dissociatifs sont habituels pour les survivants de trauma-
tismes. Ils sont intenses, mais sont habituellement limités.
• Ne touchez pas le patient sans sa permission (toujours demander d’abord). Un tou-
cher inattendu pendant un flash-back peut être perçu comme dangereux, même
lorsque le thérapeute essaye de réconforter ou d’ancrer le patient.
• Parlez lentement et calmement, utilisez quelques mots simples et répétez-les, par
exemple : « Vous êtes en lieu sûr. Vous avez un flash-back. Même si vous ressentez
les choses intensément, tout ici et maintenant est comme il se doit. Vous êtes dans
mon bureau et vous êtes en sécurité. »
• Lors des flash-back, les patients ferment souvent les yeux. Demandez-leur d’ouvrir
les yeux et de regarder autour d’eux, en nommant trois ou quatre choses qui leur
rappellent qu’ils sont dans le présent. (p. ex. le canapé, l’horloge, le tableau sur le
mur, la chaise).
• Encouragez toutes les parties à regarder à travers les yeux de l’adulte et à écouter
avec les oreilles de l’adulte afin que toutes les parties du patient puissent voir où
elles se trouvent, entendre le son de la voix du thérapeute et savoir qu’elles sont ici
et qu’elles sont en sécurité.
• Aidez le patient à utiliser l’ancrage par la perception : « Nommez trois choses dans
la pièce que vous voyez, que vous entendez, que vous ressentez (touchez) ; et nom-
mez une ou deux choses que vous sentez. » (Le thérapeute peut conserver des
éléments agréables mais à l’odeur intense dans le bureau comme de la menthe
poivrée, des agrumes ou de la cannelle.)
• Demandez au patient de bouger : s’étirer, se lever et marcher ou changer de position.
• Aidez le patient à utiliser la respiration relaxante ou la relaxation musculaire progres-
sive.
• Demandez si les parties à l’intérieur peuvent aider à contenir le flash-back et aider
à calmer et ancrer les parties qui sont déclenchées.
• Utilisez le son de votre voix : « Que toutes les parties écoutent le son de ma voix.
Ma voix vous rappelle que vous êtes ici et maintenant, parce que je suis ici, pas
là. Vous êtes ici avec moi, et vous pouvez entendre ma voix. Ici. Maintenant. Comme
les miettes de pain qui montrent la piste, suivez mes paroles jusqu’à ici et main-
tenant. »
• Ne posez pas de questions sur ce dont le patient se souvient. Cela ne peut servir
qu’à augmenter le flash-back, car cela permet au patient de rester concentré sur le
contenu.
TABLEAU 9.3
Comment contenir les flash-back
CONCEPT CLÉ
Les patients ont généralement de forts conflits internes parmi les parties dissociatives
entre savoir et ne pas savoir, dire et ne pas dire. Il est essentiel de les reconnaître et de les
résoudre.
Mégane était une patiente de 52 ans souffrant de dépression majeure et de TDAS. Elle
avait grandi avec un frère extrêmement violent, atteint d’une grave maladie mentale.
Bien que Mégane ait vu un psychiatre pendant une douzaine d’années, elle n’avait
jamais parlé de ce qui s’était passé autrement qu’en reconnaissant que cela avait été
difficile. Elle faisait remarquer à son thérapeute actuel que ses parents n’avaient fait
aucun effort pour faire soigner son frère, essayant de le gérer à la maison. Quand son
frère faisait du mal à Mégane, ses parents la blâmaient et lui demandaient : « Qu’as-tu
fait pour le contrarier ? » Mégane ne partageait que quelques détails sur ces faits à ce
point de son traitement car elle était bouleversée à chaque fois qu’elle le faisait. Elle
laissait également entendre qu’elle avait peut-être été victime d’abus sexuel de la part
de son frère, mais qu’elle « ne voulait pas savoir » si c’était vrai. Le thérapeute comprit
qu’il ne fallait pas pousser Mégane à se confronter aux souvenirs traumatisants sans
davantage d’exploration de son évitement et une période de renforcement de ses
compétences de régulation. Le thérapeute offrit donc plutôt un peu d’enseignement
sur la violence familiale et la violence conjugale et sur la façon dont les victimes croient
souvent qu’elles sont à blâmer pour se sentir davantage dans le contrôle de la situation,
ce que Mégane ignorait. Dans les trois premières séances, Mégane commença à se
rendre compte qu’elle n’était pas à blâmer et s’en trouva fort soulagée.
Le patient doit d’abord développer des habiletés pour faire face et accepter
l’inconfort, la douleur, l’incertitude, l’ambivalence et le conflit. Ces compé-
tences sont la base pour pouvoir surmonter la phobie dominante de l’expé-
rience intérieure et sont un point central du traitement de la phase 1. Par la
suite, toutes les phobies seront abordées au fil du traitement, selon les besoins
de l’individu.
*OUÏHSFSMFTTPVWFOJSTUSBVNBUJRVFT
• Veiller à ce que le patient ait une capacité d’intégration et une stabilisation suffisantes.
• Traiter les phobies et les résistances pour aborder les souvenirs traumatiques.
• Préparer le patient à travailler avec des souvenirs traumatiques.
• S’engager dans le traitement des souvenirs traumatiques.
• Engager la réalisation et l’intégration.
• Compléter les actions liées au traumatisme, par exemple les défenses animales.
3ÏTPVESFMFTMJFOTEBUUBDIFNFOUUSBVNBUJRVFTBWFDMFTBHSFTTFVST
• Apprendre à mentaliser et à réfléchir sur l’état d’esprit de l’agresseur.
• Accepter tout ce qui est positif ou négatif sur le lien avec l’auteur, c’est-à-dire résoudre
les conflits de loyauté et de peur, d’amour et de haine, etc.
• Augmenter la capacité à contenir des sentiments ambivalents de haine et d’amour.
3ÏTPVESFMFUSBOTGFSUUSBVNBUJRVF
• Aider les parties dissociatives à s’orienter vers le présent.
• Aider toutes les parties du patient à remarquer non seulement ce qui est similaire
entre le passé et le présent mais aussi ce qui est différent.
• Collaborer et partager à propos des expériences relationnelles du moment entre le
patient et le thérapeute.
TABLEAU 9.4
Objectifs de traitement de la phase 2
TABLEAU 9.5
Objectifs de la phase 3 du traitement
Fin
Le processus de fin doit être soigneusement planifié, car il nécessite souvent
d’être entrepris graduellement et peut inclure une invitation à revenir en thé-
rapie si nécessaire (voir chapitre 23). La fin peut être très émotionnelle, en rai-
son du changement et de la perte dus à la séparation avec le thérapeute qui est
devenu une figure centrale de l’attachement du patient. Le suivi est considéré
comme essentiel pour vérifier l’intégration complète, c’est-à-dire l’unification
de la personnalité du patient.
5. Explorations supplémentaires
1. Quels sont les critères que vous utilisez pour déterminer le moment du
passage d’une phase à l’autre avec un patient ?
Le défi unique dans le traitement des troubles dissociatifs est de mener à bien
le travail avec les parties dissociatives de manière à aider les patients à se sta-
biliser, à mentaliser et poursuivre l’intégration, tout en reconnaissant que ce
sont des individus singuliers avec un sentiment fragmenté de soi. Plusieurs
publications importantes abordent le traitement des troubles dissociatifs chez
l’adulte, adoptant diverses approches (p. ex. Boon et al., 2011 ; Chefetz, 2015 ;
Chu, 2011 ; Fraser, 1991, 2003 ; Frewen et Lanius, 2015 ; Howell, 2011 ; Kluft
et Fine, 1993 ; Kluft, 2006, 2013 ; Krakauer, 2001 ; Paulsen et Lanius, 2014 ;
CONCEPT CLÉ
La personnalité, l’identité et le soi ne sont pas des choses réelles. Ce sont des termes qui
donnent aux autres et à nous-mêmes une impression large et condensée de qui nous
sommes. Nous n’avons pas de soi comme nous avons un cerveau ou un cœur. Au lieu de
cela, nos esprits construisent une histoire en constante évolution à propos de qui nous
sommes. C’est ce que nous appelons notre « soi ». Les patients souffrant de troubles dis-
sociatifs ressentent subjectivement, leur moi et leur personnalité comme fragmentés, et
souvent en dehors de leur contrôle volontaire et de leur conscience.
Nous construisons tous un « soi » à partir de soi multiples, chacun avec ses
propres postures, gestes et expressions caractéristiques. John et Helen Watkins,
fondateurs de la thérapie des états du moi, notaient que toutes les personnes
ont des états du moi normaux qui sont des « structures de personnalité seg-
mentées de façon latente » existant sur un continuum du moins au plus discret
CONCEPT CLÉ
Normalement, notre sens du moi est continuellement mis à jour au fur et à mesure que
nous apprenons et que nous réfléchissons aux expériences nouvelles et anciennes. Les
patients dissociatifs semblent incapables de s’engager dans cette révision naturelle, ce qui
les laisse avec des moi relativement rigides et divisés.
&YFNQMFTEFDBTPáMFTFOTEFTPJFTUTÏQBSÏ
EBOTEFTQBSUJFTEJTTPDJBUJWFT)ÏMÒOFFU%JEJFS
Hélène, la patiente dont il a été question au chapitre 1, avait une partie qu’elle appelait
« Ellen ». Ellen se vivait comme une enfant avec une posture qui semblait enfantine,
vulnérable et effrayée, toujours coincée dans le traumatisme du passé d’Hélène. Elle
considérait Hélène comme une adulte séparée qui la négligeait et était hésitante de
sa relation avec elle. En fait, elle ne pensait pas vraiment beaucoup à Hélène, un exemple
typique du rétrécissement de l’attention et de la non-réalisation de la plupart des parties
dissociatives. Elle avait un vague sentiment de se trouver au lieu de travail d’Hélène,
mais elle n’était pas au courant de ce qu’Hélène y faisait et ne le considérait pas comme
important pour sa propre expérience.
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute doit comprendre les raisons pour lesquelles le patient continue à avoir des
parties dissociatives, c’est-à-dire continue à avoir une non-réalisation profonde. Ces rai-
sons sont des cibles du traitement et incluent la phobie de l’expérience intérieure, des
parties dissociatives et des souvenirs traumatiques.
La phobie des souvenirs traumatiques non résolus est une autre raison
majeure pour laquelle les parties restent séparées. Une partie peut contenir
une mémoire intolérable pour une autre partie qui ne semble pas se souve-
nir de ce qui s’est passé. Une partie peut contenir un aspect particulièrement
intolérable du souvenir, une émotion telle que la culpabilité ou la honte, une
sensation physique telle qu’une excitation sexuelle ou une douleur insuppor-
table, un mouvement comme esquiver la tête et éviter le contact avec les
yeux, une menace de l’agresseur ou un moment où la patiente croyait qu’elle
était en train de mourir, alors que d’autres parties gardent le reste du souvenir.
Cependant, d’autres conflits tout aussi puissants maintiennent la dissociation
et peuvent être directement ou indirectement liés au trauma.
Une partie dissociative particulière doit toujours être comprise dans le
contexte de la personne dans son ensemble – le système dynamique dont la
partie est un sous-système. En d’autres termes, il est important de comprendre
les fonctions d’une partie donnée au sein de toute la personne. Comme Janet
(1945) l’observait, les parties dissociatives représentent certaines non-réali-
sations. Les fonctions des parties sont étroitement liées aux non-réalisations
qu’elles soutiennent. Par exemple, une partie enfant fonctionne pour contenir
des désirs de dépendance, avec les yeux écarquillés et une posture corporelle
désemparée et effondrée, que la partie adulte du patient, qui a une posture plus
droite, est cependant incapable de réaliser, alors que les parties enfant sont
incapables de réaliser qu’elles sont maintenant adultes. Une partie en colère,
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute doit travailler avec les parties dissociatives comme des sous-systèmes d’une
personne à part entière et pas en tant qu’individus.
CONCEPT CLÉ
La question n’est pas « Devrais-je travailler avec des parties ? », mais « Comment dois-je
travailler avec des parties de manière à faciliter l’intégration ? »
La question est de savoir comment travailler avec les parties d’une manière
qui diminue la dissociation et facilite l’intégration. Les interventions visant à
diminuer la dissociation comprennent celles qui :
• ont une perspective théorique des systèmes (les parties dissociatives
sont des sous-systèmes dans le système biopsychosocial dynamique de
toute la personnalité) ;
• ont une approche relationnelle ;
• incluent toutes les parties dissociatives dans la thérapie ;
• traitent toutes les parties dissociatives avec respect et comme apparte-
nant à une seule personne ;
• aident le patient à faire face à ce qui maintient les parties dissociatives
séparées, en fonction de ce que le patient peut tolérer ;
• maintiennent le traitement à l’intérieur d’une fenêtre de tolérance
pour toutes les parties ; et
• travaillent de manière systémique, quelles que soient les parties pré-
sentes ou absentes dans le moment.
Des interactions explicites entre les parties peuvent parfois être enten-
dues, vues ou ressenties par le patient. Hélène pouvait parfois voir la jeune
partie d’elle-même qu’elle appelait Ellen et pouvait la sentir dans son corps.
Parfois, Hélène voyait Ellen avec les yeux de son esprit comme une orphe-
line abandonnée dans des vêtements en lambeaux et sales et, à d’autres
moments, elle voyait Ellen à l’extérieur d’elle-même, recroquevillée dans
un coin de sa chambre. Ellen pleurait et demandait à Hélène de la tenir et
elle exprimait une grande crainte de « l’Observateur », une partie punitive.
L’Observateur apparaissait souvent comme une figure inquiétante, sombre,
ombrageuse, qui appelait Ellen par des noms effrayants et menaçait de la
tuer.
Nous pouvons considérer ces parties d’Hélène comme des représentations
fragmentées de son enfance – la victime et le persécuteur – avec Hélène sou-
vent dans le rôle d’un spectateur négligent, ignorant ce qui se passe avec ces
parties d’elle-même ou impuissant à faire quoi que ce soit.
Une approche du système familial consistant à travailler avec les parties
internes est une méthode qui offre une perspective systémique (p. ex., Chu,
2011 ; Schwartz, 1997 ; Van der Hart et al., 2006). Dans la thérapie du système
familial, il n’y a pas de patient individuel identifié. C’est plutôt l’ensemble du
système familial qui est la cible du traitement. Changer le système familial, i.e.
comment les individus interagissent et se rapportent les uns aux autres, est le
point central du traitement. De la même manière, le point focal du traitement
pour les troubles dissociatifs est de changer de manière adaptée les façons dont
les parties dissociatives sont et ne sont pas en relation les unes avec les autres
et avec le monde.
Une approche de psychothérapie sensorimotrice (Ogden et al., 2006 ;
Ogden et Fisher, 2015) propose des théories et des interventions qui aident les
thérapeutes et leurs patients à prendre conscience de l’organisation somatique
des parties et de la façon dont le corps lui-même peut devenir un atout pour
soutenir la réalisation et l’intégration. Les mouvements, les sensations et les
postures du patient sont considérés comme un reflet et un support de diverses
parties. Les interventions thérapeutiques qui changent et intègrent des actions
Certains patients n’ont pas de nom pour leurs parties, en particulier ceux
qui ont un TDAS. Les thérapeutes ne devraient pas nommer les parties ni
encourager le patient à le faire si cela n’a pas déjà été fait avant le traitement,
sauf pour les identifier de manière générale, comme la partie en colère ou la par-
tie jeune de vous. L’exception est peut-être de renommer une partie comme un
élément qui aide le patient à l’accepter plus pleinement ou de mettre davan-
tage l’accent sur sa fonction originelle de protection ou d’aide. Par exemple,
renommer « la Salope » en « la Protectrice » ou « le Monstre » en « le Petit
Enfant » ou « Papa » en « Harry » peut être utile. Ce genre de recadrage à
travers le changement de nom ne peut se produire que si la partie accepte
un autre nom, car elle ne devrait pas être forcée. Habituellement, les parties
souillées sont finalement désireuses d’être acceptées et choisissent souvent leur
propre nouveau nom.
Thérèse avait une partie qu’elle appelait « Salope ». Finalement, alors qu’elles travaillaient
la honte de Thérèse d’être dans la promiscuité sexuelle, la thérapeute signala que c’était
un nom bien dur. Comme Thérèse développait plus de compassion, elle renomma
cette partie « Cassidy », qui signifie « intelligente » en gaélique. Elle comprit que Cassidy
était la partie d’elle qui avait appris à utiliser le sexe pour attirer l’attention et l’amour
dans des circonstances difficiles. Comme Thérèse était plus en mesure de s’approprier
sa sexualité, Cassidy devint de moins en moins active et finalement s’intégra à Thérèse
après quelques autres années de traitement.
Une autre patiente, Patricia, avait deux parties dissociatives qu’elle appelait « Maman »
et « Papa ». Ces parties la terrifiaient en remettant en actes des abus sadiques de la
part des deux parents. Dans le cadre d’une stratégie globale visant à aider Patricia à
améliorer ses compétences pour mentaliser efficacement, le thérapeute se concentra
sur les différences entre Maman et Papa « à l’intérieur » et Maman et Papa « à l’extérieur ».
Patricia sentait que les parties internes étaient des « versions plus jeunes » de ses parents
vieillissants. Le thérapeute suggéra plusieurs façons d’aider Patricia à faire la distinction
entre les parties internes et ses vrais parents. L’une des suggestions était de renommer
les parties. Patricia aima cette idée et les nomma « Édith » et « Archie » (de la série
télévisée All in the Family). Cela la faisait rire et se sentir beaucoup moins menacée.
Les patients souffrant de TDI ont souvent des parties qu’ils ont nommées
plus tôt dans leur vie. Une question courante est de savoir si le thérapeute doit
désigner les parties par leur nom. Il n’y a pas d’autre règle absolue que celle-là,
peu importe la façon dont le thérapeute se réfère aux parties, il doit toujours être
clair que les parties sont perçues comme des sous-systèmes d’une seule personne.
La plupart des thérapeutes utiliseront un nom spécifique pour une partie si
cette partie a déjà été nommée par le patient. Par exemple, Hélène appelait la
partie jeune d’elle Ellen. Parfois, le thérapeute se référait à Ellen par son nom,
mais disait aussi souvent « la petite partie de vous », ou « Ellen, la partie jeune
de vous ». Entrelacer ce genre de langage clair avec un nom est un rappel utile
à l’attention du patient que le thérapeute maintient à la fois la réalité subjec-
tive du patient et la réalité que le patient est une seule personne.
En général, l’utilisation des noms ne devrait pas devenir une lutte de pou-
voir. Le thérapeute peut utiliser l’approche décrite avec Hélène ci-dessus si le
patient insiste sur des noms différents. L’objectif est de développer une alliance
de travail avec toutes les parties du patient. Les thérapeutes doivent prendre
le risque d’entrer avec un pied dans le monde intérieur du patient, en gardant
l’autre pied enraciné dans la réalité commune partagée du présent.
CONCEPT CLÉ
Le soi adulte du patient doit être engagé en premier lieu dans le traitement et être aidé à
accepter et à travailler avec d’autres parties dissociatives.
Préciser explicitement que toutes les parties ont des objectifs communs.
Pratiquement toutes les parties veulent se sentir soulagées ou se sentir mieux,
même celles qui semblent avoir des objections féroces à la thérapie, y com-
pris les parties qui veulent mourir pour mettre fin à la douleur ou qui croient
qu’elles méritent d’être punies. Les thérapeutes devraient aider leurs patients à
comprendre, quels que soient la résistance et les conflits qu’ils ressentent, qu’il
y a des buts communs pour la personne dans son ensemble. Le thérapeute peut
essayer de l’expliquer ainsi : « C’est vrai, n’est-ce pas, que toutes les parties de
vous n’ont pas envie de souffrir ? Et il est vrai, n’est-ce pas, que même si vous
pouvez difficilement l’imaginer, toutes les parties aimeraient se sentir mieux,
même si ce n’est que secrètement ? Et toutes les parties ont convenu de vous
permettre de venir en thérapie, même si c’est à contrecœur, sinon je pense
que vous ne seriez pas dans mon bureau. Donc d’une façon ou d’une autre, en
dehors de votre conscience, toutes les parties de vous ont convenu que vous
ne voulez plus souffrir, même si certaines pensent que vous devriez souffrir
et d’autres pensent que vous ne pouvez pas arrêter de souffrir. Il semble que
toutes les parties de vous veulent éliminer la souffrance. Êtes-vous d’accord
avec moi ? Il y a donc des choses que toutes les parties ont en commun et qui
sont vraiment des choses essentielles et bonnes. Nous pourrions commencer
par ces objectifs auxquels toutes les parties peuvent souscrire. »
CONCEPT CLÉ
Les tentatives initiales visant à faciliter la communication entre les parties devraient être
axées sur la stabilisation et sur la façon d’aider le patient à fonctionner dans la vie quoti-
dienne, et non sur le partage des souvenirs traumatiques.
Pierre, un patient souffrant de TDI disait à son thérapeute, après les premiers mois de
traitement, qu’il était souvent très confus et parfois totalement paralysé après une
séance. Il disait que les voix intérieures devenaient fortes et que les combats à l’intérieur
augmentaient tellement qu’il se demandait vraiment s’il devait poursuivre la thérapie.
Il décrivait se sentir tiraillé entre de nombreuses directions : (a) désirant rester dans le
cabinet du thérapeute parce qu’il s’y sentait en sécurité, b) s’enfuyant terrifié parce qu’il
sentait que quelque chose de terrible allait se produire, (c) s’imaginant lui-même crier
au thérapeute qu’il était stupide et ne savait pas dans quoi il s’embarquait, (d) étant
vraiment intéressé par ce qui était discuté, même s’il estimait que ce n’était pas du tout
pertinent pour lui et e) se sentant stupide et ridicule d’avoir toutes ces réactions.
Son thérapeute valida ses craintes et dit à Pierre qu’il était courageux de partager ses
différentes pensées et sentiments. Pierre comprit petit à petit que ces différentes
réactions à la thérapie provenaient de ses parties intérieures et de leurs expériences
passées dans les relations. Chaque partie fut invitée à faire connaître à Pierre et au
thérapeute leurs inquiétudes au sujet du thérapeute et qui menaient au chaos intérieur
que Pierre ressentait. Chaque partie fut validée comme ayant une fonction importante
et le thérapeute aida Pierre à avoir moins peur de ces parties et à les reconnaître avec
compassion plus souvent. Pierre et son thérapeute apprirent lentement à identifier les
émotions, les pensées et les caractéristiques physiques de chaque partie séparée et à
associer les mouvements et les postures à la fonction particulière de chaque partie, ce
qui favorisa aussi la compréhension, la coopération et la compassion.
L’objectif est de noter ce qui déclenche des switchs chez un patient, de sou-
tenir toutes les parties à être plus présentes et concentrées sur un sujet à la fois
et d’augmenter la capacité de l’ensemble du patient à tolérer la détresse avec
plus de capacité d’adaptation au lieu de switcher. Aider un patient à prendre
conscience des précurseurs somatiques du switch, comme une sensation par-
ticulière, une tension, un mouvement ou une posture, peut souvent l’aider à
exercer un certain contrôle par rapport au switch en exécutant une action
différente ou en créant délibérément une sensation différente.
CONCEPT CLÉ
Le switch manifeste entre les parties n’est pas aléatoire. Il a toujours une fonction – sou-
vent d’évitement, de satisfaction de besoins inacceptables, ou pour faire face à une me-
nace – et se produit habituellement lorsque le patient est sous pression.
TABLEAU 10.1
Gérer le switch pendant les séances
4. Explorations supplémentaires
1. Pouvez-vous décrire avec précision à vos patients les raisons pour les-
quelles une personne se dissocie ? Si ce n’est pas le cas, revenez en arrière
pour réviser et pratiquer jusqu’à ce que vous vous sentiez confiant.
2. Dressez une liste des fonctions des parties d’un de vos patients. Pouvez-
vous identifier les actions concernées, ainsi que les non-réalisations ?
3. Pratiquez « parler au travers » de toutes les parties avec un patient dis-
sociatif. Si vous ne vous sentez pas à l’aise, demandez à un collègue de
faire un jeu de rôle avec vous.
4. Avez-vous une idée du moment où vous devez travailler avec toutes les
parties, avec quelques parties, et avec une seule partie à la fois ?
5. Comment vous sentez-vous quand un patient switche ? Utilisez des
jeux de rôle avec vos collègues pour vous exercer à gérer les switchs des
patients, afin que vous puissiez gagner confiance en vous.
6. Pouvez-vous identifier les changements subtils ou moins subtils du
corps qui indiquent l’émergence d’une partie de votre patient ? Pouvez-
vous penser à des façons d’utiliser le corps pour aider certaines parties
du patient à communiquer, développer de la compassion ou se com-
prendre les unes les autres.
Les patients difficiles sont généralement décrits comme des patients qui
évitent ou qui s’opposent au travail de la thérapie. La littérature a longtemps
décrit de telles personnes comme « résistantes ». Malheureusement, le terme
de résistance est devenu un jugement péjoratif des comportements ou attitudes
du patient que les thérapeutes ressentent comme contrecarrant leurs efforts
(Messer, 2002). Ceci ignore complètement le fait que le thérapeute a aussi
des résistances (Schoenewolf, 1993 ; Strean, 1993). Les survivants de trauma-
tismes chroniques ont en particulier souvent été étiquetés comme résistants,
en grande partie parce que de nombreux thérapeutes ne comprennent tout
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
&YFNQMFEFDBTEF$MBVEF
MBSÏTJTUBODFDPNNFÏWJUFNFOUQIPCJRVF
TABLEAU 11.1
Indications de contre-résistance chez le thérapeute
CONCEPT CLÉ
&YFNQMFEFDBTEFSÏTJTUBODFFUEFDPOUSFSÏTJTUBODF.JBFU#FUUZ
Mia, une thérapeute très compétente, demanda une consultation pour un cas difficile.
Sa patiente, Betty, s’automutilait plusieurs fois par mois après les séances. Mia exprima
sa frustration en disant qu’elle avait essayé d’enseigner à Betty toutes les compétences
d’autorégulation qu’elle connaissait, sans que cela eût été efficace. Elle gardait d’excellentes
limites avec la patiente et travaillait d’une façon systémique ne favorisant pas une
dissociation supplémentaire. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi Betty
continuait de s’engager dans un comportement autodestructeur. Le superviseur la
questionna sur le sujet de travail actuel dans les séances, sur ce qui s’était passé à la fin
des séances et sur ce qu’elle ressentaitcomme thérapeute dans la relation thérapeutique.
CONCEPT CLÉ
La résistance peut être temporaire – dans le cas de la réticence, elle est due au manque de
connaissance, à la peur ou à la honte – ou elle peut durer. Dans ce dernier cas, elle est
l’expression d’une phobie persistante et omniprésente face à une réalisation et un chan-
gement. Les patients qui ont un évitement phobique dans leur façon d’être permanente
sont les plus difficiles à traiter. Cependant, le succès peut être atteint lorsque le théra-
peute a pu demeurer constamment patient, persévérant, curieux, engagé et non défensif
et a gardé des limites saines.
Comme nous l’avons déjà mentionné, certains patients ont mis au point
une façon d’être durablement dans l’évitement du changement, de la réalisa-
tion ou de toute influence interpersonnelle du thérapeute, et parfois ils y sont
opposés agressivement (Beutler et al., 2001 ; Van Denburg et Kiesler, 2002).
Leur évitement phobique déborde dans leur vie quotidienne et contribue à des
problèmes relationnels chroniques à la maison et au travail. Ces patients ont
généralement de graves problèmes d’attachement et de régulation, avec un
degré de réactivité et de rigidité élevé et peu de capacités de mentalisation.
Les patients ayant une résistance durable ont de multiples couches d’évite-
ment phobique qui se dressent comme une série de murs entre eux et ce qu’ils
craignent. Ils peuvent ainsi éviter presque toutes les tentatives de connexion
avec ce qu’ils évitent, aussi inoffensif que cela puisse être.
Cela laisse au thérapeute une sensation désespérée d’être non quali-
fié et incompétent, et parfois frustré et furieux. Ce qui, à son tour, mène à
la contre-résistance. Il s’ensuit un cercle vicieux qui cimente et prolonge
l’impasse.
Le changement chez ces patients est un « miracle de dur labeur », comme
l’a décrit un thérapeute (Johnson, 1985). La thérapie est souvent lente et
pénible pour le patient et le thérapeute, et irrégulière pendant de nombreuses
années. De tels patients ont besoin de beaucoup plus d’espace pour s’autogérer,
• Le meilleur moment pour commencer avec les patients qui ont un évitement pho-
bique persistant est lors de l’évaluation. Plus tôt dans la thérapie ces modèles ancrés
sont reconnus, moins probable est le risque que le thérapeute soit pris dans des
impasses et des luttes de pouvoir.
• Essayez de tout comprendre sur l’évitement phobique : les croyances qui le ren-
forcent, l’expérience somatique de celui-ci, de quelle manière il apporte quelque
chose, les coûts éventuels, les émotions qui y sont associées (p. ex., la peur, la honte,
la colère).
• Donnez aux patients très résistants beaucoup d’espace pour se diriger eux-mêmes,
pour développer leurs propres buts en thérapie et pour se sentir maîtres de ce qui
se passe (Beutler et al., 2010). En général, il est très utile de revenir encore et encore
vers les objectifs énoncés par les patients : « Revenons un instant sur les objectifs
que vous vous êtes fixés dans la thérapie et dont nous avons convenu. Comment
pouvons-nous le mieux répondre à certains de ces objectifs dans la séance
aujourd’hui ? »
• Même si les patients dirigent leur thérapie, le thérapeute doit être ferme en gardant
le cadre de base et les limites de celle-ci malgré les demandes pressantes des patients
de faire autrement.
• Indiquez les doubles liens de manière empathique, en méta-communiquant sur le
problème : « Je remarque lorsque j’essaie d’aider ou de comprendre que je ne suis pas
vraiment utile ou ne comprends pas clairement les choses, même si j’aimerais bien.
D’autre part, si je m’assois et que je dis ou ne fais rien, ce n’est pas non plus vécu
comme utile, bien sûr. J’aimerais que nous trouvions notre façon de travailler ensemble,
donc je me demande s’il pourrait y avoir des conflits internes entre certaines parties
de vous qu’il serait utile d’explorer. Je me demande aussi si certaines parties de vous
ont de meilleures idées sur comment je pourrais être avec vous en ce moment. »
• Demandez toujours au patient d’expérimenter une nouvelle compétence ou expé-
rience sans aucune attente de succès ou d’échec : « Notons simplement ensemble
ce qui se passe » (Ogden et al., 2006).
• Aidez toutes les parties à explorer les conflits au sujet du changement, afin que le
thérapeute devienne moins triangulé comme le seul qui favorise le changement. Y
a-t-il des parties du patient qui se sentent plus ouvertes et curieuses que les autres ?
Ces parties pourraient-elles partager leur intérêt pour des parties plus évitantes ?
TABLEAU 11.2
Conseils pour travailler avec la résistance persistante
Roxane était une femme de 46 ans souffrant d’un TDI et d’un trouble de la personnalité
état-limite et qui avait été relativement fonctionnelle jusqu’à la mort de son père à
l’âge de 33 ans. À ce moment-là, elle décompensa et fut inondée de souvenirs
traumatiques. Elle se sentait gravement dépressive et anxieuse, se scarifiant
régulièrement ; elle était suicidaire de façon chronique et incapable de travailler.
Cependant, elle n’entama pas de thérapie avant encore 10 ans. Au moment où elle vint
en thérapie, Roxane était profondément enracinée dans une dérégulation chronique,
une instabilité et des crises. Elle se sentait seule et se détestait. Elle avait des flash-back
insupportables et presque constants d’abandon et d’abus sexuels et physiques perpétrés
par plusieurs auteurs. Parfois, elle frôlait la violence et la négligence avec ses propres
enfants et son partenaire, souvent elle se scarifiait et elle fit de nombreuses tentatives
de suicide. Elle arrêta de manger et perdit 15 kilos. Elle était très attachée à l’idée d’être
victime. Parfois, elle se rendait en voiture dans des quartiers dangereux de la ville au
milieu de la nuit et se promenait. Elle expliqua à son thérapeute que « C’est mon destin
d’être violée ». Elle dit encore et encore : « Je ne suis rien. Je ne suis que douleur. »
Plusieurs fois, elle fut hospitalisée pour empêcher une tentative de suicide ou pour y
faire suite. La stabilisation fut douloureusement lente à se développer, mais
progressivement, elle devint moins suicidaire et l’automutilation cessa. Cependant, elle
resta très dérégulée, en conflit perpétuel avec la thérapeute et incapable de profiter
de la vie. Elle était tellement enveloppée dans sa souffrance que rien ne semblait faire
la différence.
La thérapeute interrogea Roxane au sujet de son expérience des changements dans
la thérapie et elle répondit : « Le changement signifie que tout sera parti. Tout va
changer, comme quand j’étais enfant. Quelqu’un apportait toujours “un changement”,
et ça me faisait toujours mal. Ma mère m’a quittée quand j’avais un mois parce qu’elle
voulait “un changement”. Mon père m’a abandonnée quand j’avais six ans parce qu’il
voulait “un changement”. » Roxane demanda de ne plus utiliser le mot « changement »,
car il contenait tellement de terreur et d’incertitude pour elle et suggéra à la place
d’utiliser le mot « guérison ». La thérapeute lui demanda alors si elle pouvait penser
à être désireuse de vouloir guérir, et elle acquiesça, même si elle croyait qu’elle ne le
méritait pas.
À partir de cette petite percée, Roxane et la thérapeute commencèrent à explorer
comment c’était pour Roxane de vouloir guérir, ce qui lui donna la sécurité d’explorer
le changement sans avoir à faire un changement. La thérapeute se concentra sur les
expériences positives dans lesquelles Roxane pouvait vivre un petit moment d’émotion
ou de sensation positive. Elle donna à Roxane le plus de contrôle et le moins de direction
possible, offrant un soutien et une régulation relationnelle. Roxane développa de petits
objectifs en vue de la guérison à atteindre graduellement. La relation thérapeutique
s’améliora considérablement : il y eut moins de conflits et plus de confiance. La
thérapeute prit soin de ne pas faire remarquer à Roxane qu’elle progressait lentement,
car elle savait que Roxane avait si peur de guérir.
La thérapeute travailla avec diligence pour accéder à une partie imitant un agresseur,
partie sadique très difficile. Au cours des trois années suivantes durant lesquelles la
thérapeute tomba dans des luttes de pouvoir et en ressortit, cette partie s’engagea
progressivement dans la thérapie et coopéra. Roxane autorisa que ses besoins de
&YFNQMFEFDBTEFSÏTJTUBODFDPHOJUJWFFYUSÐNF
.BSJF
Marie était une femme de 62 ans qui avait suivi plusieurs thérapies à long terme depuis
ses trente ans. Aucune de ces thérapies n’avait été particulièrement efficace. Elle souffrait
d’un TDI, d’un dysfonctionnement exécutif grave, de dépression et de crises de panique.
TABLEAU 11.3
Évitements phobiques courants (résistances) chez le patient
&YFNQMFEFDBTEFEÏQFOEBODFDPNNFSÏTJTUBODF4FSFOB
Serena suppliait son thérapeute : « J’ai besoin de vous voir quatre fois par semaine et
une heure ne suffit pas ! Je commence à peine la séance, puis je dois partir et mes
parties n’arrivent même pas à vous parler. Vous ne comprenez pas à quel point je souffre
à chaque minute. Je n’en peux plus. Ça m’aide de vous voir, c’est la seule chose qui
m’aide ! Comment pourriez-vous ne pas m’aider ?! Je suppose que vous ne voulez pas
me voir parce que je n’ai pas les moyens de payer vos honoraires complets. Je savais
que vous vous fichiez de moi. Bien ! Je ne sais pas si je serai là pour d’autres séances
de toute façon. » Serena quitta le bureau en pleurant et claqua la porte, laissant la
thérapeute se sentir incompétente et accablée, se demandant ce qu’elle devait faire et
craignant pour la sécurité de sa patiente.
Serena évite ses besoins de façon phobique. Elle espère que si elle peut exiger la
présence et l’apaisement de la thérapeute, elle n’aura pas à ressentir d’inconfort ou de
douleur ni à faire face à des besoins qui ne sont pas satisfaits dans la vie. Elle a aussi
une phobie de la perte d’attachement, recherchant frénétiquement la thérapeute et
en même temps ayant honte de ses besoins.
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Tim avait une partie en colère avec une tendance à devenir violent envers les autres. En
séance, lorsqu’il jeta soudainement un coussin vers sa thérapeute, cette dernière lui dit
d’arrêter et de s’asseoir et de parler au lieu de lancer des objets. Tim réagit avec colère :
« Vous voulez me faire un lavage de cerveau pour que je sois un de ces robots soumis
et silencieux, juste comme tout le monde dans la société. Vous voulez que je me débarrasse
de ma colère. J’ai le droit d’être en colère ! C’est vous qui ne supportez pas ma colère. Et
quoi, si je jette quelque chose dans votre bureau ? Le coussin ne vous a pas touchée et
je n’avais pas l’intention de vous frapper ! Vous faites tout un plat à partir de rien du tout.
Je croyais que vous deviez accepter mes sentiments. Je me sens totalement trahi. »
Tim résistait à se rendre compte que la façon dont il exprimait sa colère était inappropriée
et effrayante pour les autres. Il était plus facile pour lui d’exprimer sa colère et de blâmer
la thérapeute parce qu’il évitait phobiquement de réfléchir effectivement sur sa colère
et de découvrir ce qui pourrait se trouver en dessous : de la douleur, de la honte et de
l’impuissance. Il était aussi honteux d’avoir jeté impulsivement le coussin et attaquer
ainsi la thérapeute lui permettait d’éviter la honte.
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&YFNQMFEFDBTEFMBsouffrBODFDPNNFSÏTJTUBODF/BODZ
Nancy, une patiente dans la soixantaine avec un TDI, semblait avoir fait de grands pas
au cours de nombreuses séances, ayant apparemment réalisé de façon décisive qu’elle
échouait à prendre soin d’elle-même, et elle se sentait heureuse et optimiste lorsqu’elle
quittait ces séances. Cependant, elle retombait invariablement dans une dépression
grave, une autoprivation et des souffrances intenses, éprouvant une sorte de réaction
brutale intérieure. La séance qui suivait une « bonne » séance était exceptionnellement
douloureuse, et tant le thérapeute que la patiente se sentaient frustrés et déconnectés.
Leur expérience était un pas en avant, deux pas en arrière.
L’exploration répétée de cette tendance au cours de nombreuses années ne fut pas
très fructueuse bien que Nancy progressât quand même dans l’ensemble. Finalement,
après des années de traitement, Nancy put partager un souvenir précis de maltraitance
Bien qu’il n’existe jamais une seule bonne manière d’aborder la résistance,
plus le thérapeute est respectueux et compréhensif à l’égard de ce qui rend le
patient évitant, meilleur sera le début d’une approche bienveillante et efficace.
En outre, plus les thérapeutes sont conscients de leurs contributions, pour le
meilleur et pour le pire, à la thérapie, plus la contre-résistance peut être traitée
rapidement et efficacement. Bien sûr, le principe fondamental est le travail à
l’intérieur de la fenêtre de tolérance de toutes les parties du patient, souvent en
allant aussi lentement que la partie la plus lente, un petit pas à la fois.
Comme spécifié dans le chapitre précédent, la phobie de l’expérience
intérieure est la raison principale de la résistance suivie par les phobies des
parties dissociatives, l’attachement et la perte, le souvenir traumatique et le
changement. Malheureusement, les thérapeutes n’évaluent pas assez souvent
l’évitement de l’expérience intérieure et la raison de son existence. Être au fait
CONCEPT CLÉ
Le comportement de résistance survient souvent dans des parties qui ne sont pas aisé-
ment accessibles en thérapie et que le patient a tendance à rendre responsables du pro-
blème alors que la résistance concerne véritablement un problème pour l’ensemble du
système du patient. Même si c’est seulement en évitant et en faisant des reproches aux
parties évitantes, toutes les parties ont un rôle dans le maintien de la résistance.
CONCEPT CLÉ
• Vous faites l’expérience d’être séparé de cette autre partie de vous. Mais
je vois la même personne lorsque je vous vois et lorsque je vois cette
autre partie de vous. C’est un vrai casse-tête, n’est-ce pas ? Pouvez-vous
m’aider à comprendre cela ?
• Vous m’avez dit avoir 3 ans. Pouvez-vous regarder vos mains un
moment et remarquer cette alliance ? Où avez-vous eu cela ? et quand ?
Si ce n’est pas à vous, pouvez-vous m’expliquer d’où cela vient ?
• Comment savez-vous que votre partie coléreuse serait violente si elle
était présente en séance ? Est-ce déjà arrivé qu’elle soit violente avec
autrui ?
• Qu’est-ce qui vous indique que je suis dégoûté ou en colère sur vous ?
Avez-vous remarqué chez moi quelque chose de la sorte ?
• Comment la croyance de devoir être parfait affecte-t-elle votre vie
quotidienne ? Votre thérapie ? Croyez-vous que les autres doivent être
parfaits ? Sinon, pourquoi est-ce différent pour eux et pour vous ?
• Pouvez-vous supposer qu’il y ait d’autres façons de penser concernant
ces parties de vous, comme ne pas croire qu’elles sont dangereuses et
doivent être détruites ?
• Qu’arriverait-il ou qu’est-ce que cela signifierait si vous acceptiez ce qui
vous est arrivé enfant ?
CONCEPT CLÉ
Travailler avec le vécu somatique de la résistance ou l’évitement phobique peut être une
façon puissante d’aider le patient à accéder au changement.
&YFNQMFEFDBTEFUSBWBJMBWFDMJNBHFSJFEFSÏTJTUBODF
5IÏSBQFVUF C’est un merveilleux mur que vous avez là. Il est grand et robuste. Je
me demande ce que cela ferait, n’est-ce pas, si vous vous permettiez de vous appuyer
dessus et de juste noter comment c’est.
1BUJFOU Je me sens détendu comme si je me décharge d’un lourd fardeau. Je me
sens soutenu. Je peux me reposer.
5IÏSBQFVUF Bien, laissez-vous vous débarrasser de ce fardeau et vous sentir soutenu.
La force de ce mur est votre force. Imprégnez-vous de cela. (Le thérapeute attend ; s’il
utilise l’EMDR, il peut faire ici des stimulations bilatérales.)
1BUJFOU : Oui, je me sens bien.
5IÏSBQFVUF : Vous vous sentez bien. Prenez-en simplement note et acceptez-le.
Comment ressentez-vous cela dans votre corps ? Et considérez maintenant votre mur
à nouveau, le mur qui vous soutient et qui porte votre fardeau.
1BUJFOU Je l’aime plutôt bien. Ce n’est pas si redoutable en fait. C’est plus comme un
lieu de repos où je suis soutenu. J’en suis heureux. Je peux voir le sommet à présent.
5IÏSBQFVUF Pas si redoutable. C’est maintenant un lieu calme de soutien. (Il attend.)
Cela vous intéresse de jeter un regard par-dessus le sommet ?
1BUJFOU Peut-être juste un peu (les larmes aux yeux). C’est si beau là-bas. Si incroyablement
beau. Je ne le savais pas.
5IÏSBQFVUF Humm, une beauté que vous ne connaissiez pas. C’est quelque chose
ça, n’est-ce pas. Prenez seulement tout le temps dont vous avez besoin pour regarder
cette beauté.
1BUJFOU Je réalise que le mur ne me protège plus. Le mur est ma douleur : il est fait
de tout ce qui m’a blessé et dont je ne veux rien savoir. Cela maintient ma douleur
pour moi-même mais cela me garde loin de cette vie magnifique. Je pense que je peux
commencer à la laisser devenir mienne maintenant. (Beaucoup de larmes de soulagement,
tristesse et réalisation.)
5IÏSBQFVUF Oui, vous pourriez, n’est-ce pas, commencer à laisser cela devenir vôtre…
Pourriez-vous vérifier et voir ce qui vous arrive à vous et au mur maintenant ?
1BUJFOU Le mur apparaît très différent. Très relâché, et les pierres deviennent plus légères,
flexibles. (Riant de joie) Comme si elles devenaient des bulles qui flottent dans les airs. De
belles bulles. Oui, de petites bulles qui sont vraiment vivantes ! Elles flottent sur cette
scène merveilleuse dans le respect de ce qui est là. C’est comme si elles étaient finalement
arrivées à la maison. Je suis finalement arrivé à la maison (encore plus de larmes).
CONCEPT CLÉ
Un bilan des objectifs thérapeutiques avec le patient peut être utile lorsque l’évitement
phobique est fort.
Ce bilan des objectifs n’est pas seulement destiné au patient mais aussi
au thérapeute. Ce sont parfois les thérapeutes qui développent implicitement
leurs propres objectifs pour le patient, comme travailler sur les souvenirs trau-
matiques ou rencontrer les parties dissociatives, avant que le patient n’en
ait fait un but personnel. L’entretien motivationnel peut être utile lorsqu’il
semble que le patient est bloqué et ne peut aller de l’avant (Miller et Rollnick,
2012). Toutes les parties devraient être comprises dans le processus (voir cha-
pitres 7-9 pour la mise en place de buts de traitement appropriés).
CONCEPT CLÉ
3. Explorations supplémentaires
1. Quelles sont les résistances qui vous interpellent le plus avec les
patients dissociatifs ?
2. Certains de vos patients se plaignent-ils que des parties d’eux-mêmes
soient résistantes ? Et si c’est le cas, pouvez-vous les aider à accepter que
toutes les parties ont un rôle dans cette protection ?
CONCEPT CLÉ
1.1. La dépendance
La dépendance implique de pouvoir compter sur une autre personne pour
le soin, l’attention et l’assistance (Sroufe, Fox et Pancake, 1983). Le but
de la dépendance est de recevoir du soin et de l’aide d’un autre plus fort,
plus sage et pas nécessairement de développer un attachement sécurisé. La
dépendance consiste à élaborer une stratégie pour satisfaire ses besoins plutôt
que d’utiliser la disponibilité du thérapeute pour créer un sentiment de sécu-
rité intérieure. Un patient bloqué dans la dépendance se sentira fortement
affligé lorsque le thérapeute n’est pas disponible et son énergie sera dirigée
soit vers davantage de tentatives de contact avec le thérapeute, soit vers des
comportements qui atténuent le stress, comme l’alcool ou l’automutilation.
Le patient peut ressentir de la panique, de la rage ou du désespoir. Cela se
passe le plus souvent entre les séances. Cependant, cela peut aussi survenir
pendant une séance lorsque le patient ne partage pas explicitement ses sen-
timents de dépendance et que le thérapeute ne les reconnaît pas ou ne s’en
occupe pas directement.
&YFNQMFEFDBTEFEÏQFOEBODF+PTJBOF
CONCEPT CLÉ
Une base sécurisée est un moyen de pouvoir explorer son monde en toute confiance.
CONCEPT CLÉ
Notre but principal comme thérapeutes n’est pas de prendre soin du patient mais de lui
fournir la possibilité d’une exploration collaborative et d’améliorer son fonctionnement
dans la vie.
Comme Bowlby (1988) l’a noté, notre tâche principale comme thérapeutes
est d’être :
« une base sécurisée à partir de laquelle des patients peuvent explorer
divers aspects malheureux et douloureux de la vie, passée et présente, aux-
quels pour beaucoup d’entre eux il est difficile ou peut-être impossible de
réfléchir, voire même de les envisager, sans un compagnon fiable pour leur
procurer du soutien, de l’encouragement, de la sympathie et même, à l’oc-
casion, de la guidance » (p. 138).
Le but de l’attachement sécurisé, d’un sentiment éprouvé de sécurité, est une capacité
d’explorer le monde à partir d’une base sécurisée. Le thérapeute soutient donc les patients
dans l’examen de leur expérience du moment avec compassion, curiosité et confiance
plutôt que de chercher à être immédiatement disponibles ou à secourir les patients de la
détresse.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
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Arthur était un homme de 45 ans avec une longue histoire d’abus dans l’enfance, de
nature physique, sexuelle et émotionnelle, par sa mère sévèrement alcoolique. Son
père avait abandonné la famille quand Arthur avait 3 ans. Sa mère disparaissait
fréquemment pendant plusieurs jours de suite ou partait dans des épisodes
d’alcoolisation, laissant Arthur seul avec sa sœur qui n’avait que deux ans de plus que
lui. La sœur était très anxieuse et pleurait des heures durant après leur mère. La sœur
fit une overdose de méthamphétamine à 26 ans et en est morte. Arthur fut capable
d’obtenir une maîtrise mais ne put garder un travail plus de quelques mois suite à une
anxiété sévère, des flash-back et de la dépression. Arthur avait suivi six thérapies
différentes et accompli deux sessions de thérapie dialectique comportementale. Son
trouble dissociatif était resté non diagnostiqué et le traitement se focalisait sur un
trouble de personnalité borderline avec des traits dépendants et des épisodes dépressifs
majeurs. Il était invalide depuis l’âge de 35 ans.
Arthur se présentait des heures avant ses séances, traînant dans la salle d’attente et s’y
attardait longtemps après les séances soit dans la salle d’attente soit sur le parking,
effrayé d’être trop loin du thérapeute. Il téléphonait ou expédiait des courriels plusieurs
fois par semaine, en crise ou très anxieux, parfois de manière importante ou parfois
mineure. Arthur n’avait jamais arrêté la thérapie ; au contraire, ses divers thérapeutes
devenaient chaque fois plus frustrés par ses besoins constants et son absence de progrès
et ils le réadressaient. Finalement, il aboutit chez un thérapeute qui diagnostiqua un
TDI et, peut-être de manière aussi importante, comprit les dynamiques de sa dépendance.
Arthur était très fragmenté avec de nombreuses parties enfant, la plupart d’entre elles
fixées dans le pleur d’attachement. Son fonctionnement adulte impliquait de nombreuses
parties, toutes passives et anxieuses. Il décrivait son expérience intérieure comme une
école pleine d’enfants pleurant dans sa tête, enfermés dans des douzaines de salles de
classe sans professeur, capables de voir à l’extérieur grâce à de petites fenêtres dans
les portes mais incapables de demander de l’aide. Ces parties enfant avaient peu ou
pas de conscience du présent, vivant au temps du trauma. Cette description a
immédiatement permis au thérapeute de mieux comprendre pourquoi Arthur n’était
pas capable de développer le ressenti d’un autre interne comme soutien. Les parties
d’Arthur qui en avaient le plus besoin et y avaient le moins accès étaient si centrées
sur la souffrance qu’elles étaient incapables de percevoir la présence du thérapeute.
Un peu plus tard, Arthur décrivit une partie cruelle imitant l’agresseur calquée sur sa
mère qui hantait les couloirs de l’école avec une batte de base-ball, frappant sur les
portes, enjoignant aux enfants de se taire. Il avait aussi une sorte de parent interne
gentil mais inefficace qui ressemblait à une très vieille, frêle, grand-mère et qui avait
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Gaëlle appelait fréquemment son thérapeute après des disputes avec son petit ami.
Elle pleurait de façon hystérique et était quasi incohérente. Pendant les séances, le
thérapeute aida Gaëlle à apprendre des techniques d’ancrage et de calme qu’elle
pratiquerait à domicile. Alors lorsque Gaëlle appelait en crise, le thérapeute lui conseillait
de faire usage de ces techniques : « Gaëlle, puisque nous sommes ensemble au
téléphone, vous souvenez-vous de la technique de respiration que vous avez apprise ?
Prenons ensemble plusieurs respirations profondes après avoir compté jusqu’à trois.
Une fois que le patient a des compétences pour réguler et moduler mais
continue toujours à faire des appels de crise chronique, le thérapeute a besoin
de réévaluer si des contacts en dehors des séances servent un but utile (voir par
exemple le cas de Marjorie et Pam à la fin du chapitre). La crise chronique peut
requérir une réévaluation des limites thérapeutiques et des capacités du patient
pour la psychothérapie, et nécessite peut-être une référence à un plus haut
niveau de soin (p. ex., un programme ambulatoire ou hospitalier ou un centre
qui dispose d’une équipe de crise disponible). Il peut être important d’évaluer
la situation de façon plus approfondie dans le cas où le patient continue à être
abusé au présent car il peut en résulter une décompensation déstructurante
et une crise dont le thérapeute n’a pas connaissance. Le thérapeute devrait
explorer soigneusement si un rythme inapproprié de la thérapie peut contri-
buer à la dérégulation du patient (Van Dijke, 2008). Le thérapeute devrait
aussi explorer le sens et la fonction de la crise dans la relation thérapeutique et
vérifier s’il ne serait pas en train d’encourager ou de perpétuer la crise de façon
inconsciente.
CONCEPT CLÉ
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CONCEPT CLÉ
Les patients dépendent de nous pour les aider à apprendre à tolérer des fluctuations limi-
tées de connexion, séparation, rupture, reconnexion et réparation dans la relation thé-
rapeutique.
Un problème particulier avec les patients dissociatifs est que seules cer-
taines parties sont capables d’avoir ces expériences positives au début. Il est
donc important pour le thérapeute de réaliser que les expériences d’une partie
ne se transfèrent pas automatiquement à d’autres parties. Par conséquent, le
thérapeute doit encourager ces parties à avoir un sentiment de sécurité accru
à partager avec d’autres parties. Nos patients ont besoin de nous pour les aider
à bâtir des ponts de conscience et d’empathie entre leurs parties dissociatives
pour que soient soutenues croissance, maturité et compétence.
Les patients dépendent du thérapeute pour les aider à accepter et à s’adapter
à la séparation et à la perte comme des expériences de vie normales et inévi-
tables. Nous les aidons à réaliser les pertes du passé, du présent et du futur, à les
tolérer et à se les approprier. Et seulement par la suite, ils sont capables d’avoir
des expériences positives et des émotions comme fondation à ce soutien. Donc,
nous reconnaissons avec compassion la souffrance du patient quant au fait que
Le cycle dépendance-menace
Le patient et le thérapeute peuvent être pris dans un cercle vicieux de dépen-
dance et de menace. Le patient (typiquement une ou plusieurs parties enfant
dissociatives) se sent en insécurité en raison d’un déclencheur extérieur ou
interne, souvent les deux simultanément. Le pleur d’attachement est activé et
aboutit à une recherche et un accrochage frénétiques au thérapeute. Le patient
ou certaines parties du patient ressentent de la honte et de la peur à cause de
la vulnérabilité de ce besoin et de la détresse. Souvent, certaines parties du
patient deviennent enragées par défense contre la honte : « Vous êtes mauvais
et dégoûtant parce que vous êtes tellement dans le besoin », ou se lâchent
contre le thérapeute : « Vous n’êtes pas là quand j’ai besoin de vous ! Vous
ne vous préoccupez pas de moi, vous voulez seulement mon argent ! » Ces
parties enragées du patient activent davantage la peur de l’abandon et le rejet
chez l’enfant ou d’autres parties dépendantes, ce qui exacerbe la dépendance,
l’incompétence et la détresse.
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Caroline était une patiente extrêmement phobique d’une partie enfant qui pleurait
tout le temps, implorant de l’aide à l’intérieur, ainsi que d’une partie critique qui disait
toujours à la partie enfant de se taire. Ce conflit intérieur était si intense qu’elle
commença à appeler fréquemment sa thérapeute, Suzanne, entre les séances, pour
être soulagée de son anxiété. Dans un premier temps, Suzanne aida Caroline à
comprendre et à verbaliser davantage le conflit concernant sa dépendance à la
thérapeute et lui partagea ses préoccupations. Elle demanda ensuite la permission de
parler à la partie hostile de Caroline et détermina que la fonction de cette partie était
de maintenir la sécurité en gardant calme le « bébé braillard » de façon à ce que la
partie enfant ne pleure pas trop et n’aie pas des ennuis. Cette partie hostile était en
vie au moment du trauma, sans conscience du présent, et était bien défendue contre
les besoins de dépendance par la rage.
Suzanne aida Caroline à orienter la partie critique dans le présent et fut d’accord avec
cette partie pour refuser que la partie enfant (ou n’importe quelle partie de Caroline)
soit dans un tel état douloureux. La thérapeute encouragea alors Caroline à comprendre
les fonctions de la partie critique tout comme les aspirations de dépendance de la
partie enfant. Caroline devint progressivement moins phobique et éprouva davantage
de compassion à l’égard des parties d’elle-même et put accepter leurs fonctions. La
thérapeute soutint une alliance entre la partie critique et la partie adulte de Caroline
ce qui, à son tour, soutint la partie enfant à être reconnue et aidée de manière adéquate.
Cela réduisit significativement le conflit intérieur.
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Marjorie prit en charge une patiente dans le cadre d’un programme en hôpital de jour.
Pam, une célibataire de 42 ans en invalidité, était chroniquement suicidaire et souffrait
intensément. Elle avait reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur, de TDI et de
trouble de personnalité limite. Elle avait fait plus de trois ans de thérapie DBT sans
amélioration. Marjorie commença le protocole DBT standard, se montra disponible en
Pam fut capable de rester une semaine sans entrer en contact avec la thérapeute. Elle
restait en colère, blessée et peu convaincue concernant la suite du traitement mais elle
fut engagée dans la séance et n’eut pas de crises durant la semaine. La deuxième
semaine, elle envoya un e-mail avec une question à Marjorie concernant le fait d’apporter
son journal à la séance suivante parce qu’elle avait beaucoup écrit sur les progrès
réalisés. Marjorie se réjouissait que Pam soit motivée pour son journal et fut tentée de
répondre à cette question légitime. Après consultation, elle décida de maintenir la limite
de non-contact parce qu’elle sentait que c’était une manière de tester les limites. À la
séance suivante, Pam était en colère que Marjorie n’ait pas répondu à son e-mail.
1BN Vous pourriez seulement répondre avec un oui ou un non. C’est tout ce que je
demande ! J’étais en train d’essayer de comprendre ce qui serait utile en séance – J’essaie
vraiment. Vous êtes tellement rigide.
.BSKPSJF C’est OK d’être en colère à mon sujet. Oui, vous essayez vraiment. C’est aussi
important que vous puissiez compter sur moi pour être cohérente. La recommandation
était que nous n’aurions aucun contact par courriel. Je ne veux pas manquer de respect
à tout ce travail difficile que vous avez réalisé dans les deux semaines passées en faisant
marche arrière vers quelque chose qui ne fonctionnait pas. J’ai aussi confiance que
vous prendrez les bonnes décisions à propos de ce que vous apportez en séance, et
que vous savez qu’au cas où vous amenez quelque chose, c’est encore toujours votre
choix de le partager ou non.
Marjorie commença à travailler avec ces diverses parties de Pam en séance pour
envisager et interrompre cette dynamique interne entre les parties dissociatives. Elle
choisit de travailler avec la Reine d’abord puisque cette partie était celle qui était la
plus évitante du besoin. Travailler avec les autres parties sur la dépendance à ce
moment-là ne pouvait qu’activer davantage la Reine et accroître l’autodestructivité.
Marjorie commença à simplement parler à la Reine et lui faire remarquer qu’elle pensait
avoir une certaine compréhension de ses soucis. Voudrait-elle en parler davantage ?
(Travailler avec les parties imitant l’agresseur est discuté au chapitre 17 et donc nous
ne nous centrerons pas sur ce travail avec la Reine.) Au début, la Reine refusa de
répondre mais autorisa Marjorie à lui parler. Progressivement, la Reine commença à
répondre d’une voix hostile intérieure que Pam pouvait répercuter à Marjorie. Après
deux mois d’un travail régulier, la Reine commença à s’assouplir lorsqu’elle réalisa que
Marjorie ne la dénigrait pas comme le faisaient d’autres parties de Pam mais qu’elle
cherchait en fait à la comprendre. Elle voulut participer plus activement au traitement,
bien qu’elle restât dégoûtée par Pammie et la Fille Coléreuse mais de manière moins
intense et malveillante.
CONCEPT CLÉ
Les parties enfant dissociatives représentent généralement les expériences les plus vul-
nérables, douloureuses, désemparées et désavouées du patient. Cependant, elles peuvent
aussi contenir de la rage désavouée, des revendications, des sentiments sexuels et un fort
besoin de contrôler les autres.
Certaines parties enfant sont très actives dans la vie quotidienne, certaines
sont seulement actives à l’intérieur et d’autres encore sont complètement iso-
lées des autres parties et inconnues, gardées à l’intérieur dans des trous sombres,
derrière des murs ou autrement profondément cachées. Le thérapeute doit se
souvenir que le monde dissociatif intérieur ne suit pas une pensée linéaire et
logique. Par exemple, les parties que l’on dit mortes peuvent ne pas être effec-
tivement mortes mais seulement apparaître ainsi pour un moment et les parties
sourdes peuvent comprendre sans entendre.
Comme toujours, le thérapeute et le patient doivent commencer à com-
prendre la signification de ces présentations et spécifiquement les non-
réalisations qu’elles contiennent. Par exemple, un enfant décédé peut s’être
développé quand la patiente a perdu ou a failli perdre connaissance durant
l’abus et a cru qu’elle était morte. Donc, ni cette partie ni d’autres parties de
la patiente ne réalisent qu’elle a survécu. Un enfant mort peut représenter le
sentiment que l’abus « a tué mon âme » ou peut représenter un autre enfant
qui n’est pas la patiente. Certaines parties enfant fonctionnent dans la vie
quotidienne ou influencent fortement la partie adulte du patient.
Daniel, un homme âgé de 40 ans, avait une partie enfant appelée « Danny ». C’était
une partie enfant intelligente et joueuse dont la fonction était d’aller à l’école quand
Daniel était un garçon, inconscient de l’abus qui se déroulait à la maison. Danny a arrêté
de grandir à l’âge de 11 ans parce qu’il ne pouvait pas réaliser que sa grand-mère, une
figure capitale d’attachement dans sa vie, était morte et n’était plus là pour le protéger
de ses parents abusifs. Danny était convaincu que sa grand-mère était toujours en vie
et parlait à une partie intérieure qu’il vivait comme étant sa grand-mère. Cette partie
de Daniel faisait souvent surface lorsque Daniel était déprimé afin d’influencer son
humeur (pour le rendre plus heureux).
CONCEPT CLÉ
Les parties enfant ne sont pas réellement des enfants. Ce sont des représentations et elles
ne devraient pas être traitées par le thérapeute comme des enfants mais comme des as-
pects d’un patient adulte.
Parfois, ces parties sont vécues comme des cris, des pleurs ou des gémissements
incessants, ce qui effraie davantage et submerge la partie du patient qui se présente.
Certains patients éprouvent au moins un peu de compassion envers leurs
parties enfant, ce qui est généralement de bon augure pour le traitement. À
l’intérieur, il peut y avoir des parties bienveillantes pour les parties enfant ; par
exemple, des enfants plus âgées encourageants, des adolescents, des grands-
mères aimables ou d’autres parties adulte du patient qui peuvent être d’une
certaine aide en thérapie. À d’autres moments, la disposition envers ces parties
est, au mieux, sommaire et conduite avec une attitude hargneuse et pleine de
CONCEPT CLÉ
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Denise a une partie enfant dissociative qui se vit à l’âge de 5 ans et qui ne fait que
danser. Elle se sentait heureuse et libre quand elle dansait et rêvait d’être une ballerine
un jour. Bien sûr, ce rêve n’était plus possible, mais elle a pu partager avec sa partie
adulte le sens du bonheur et de la liberté, ce dont toutes les parties pouvaient se réjouir
quand Denise a inscrit des leçons de danse dans sa vie. Denise put intégrer,
progressivement, un sentiment de joie et de liberté dans sa vie quotidienne.
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Georges était un homme de 28 ans avec un diagnostic de TDI. Une partie jeune
adolescent de Georges interrompit la thérapie quand du matériel douloureux émergea.
Cette partie du patient faisait semblant de jouer de la batterie de manière frénétique,
imitant le bruit de la batterie, secouant sa tête sauvagement à chaque son, semblant
Inconscient de son environnement. Plus le thérapeute tentait d’engager cette partie,
plus elle devenait bruyante et frénétique. C’était très difficile pour le thérapeute d’obtenir
que la partie adulte du patient s’ancre à nouveau dans le présent. Progressivement, le
thérapeute aida d’autres parties dissociatives de Georges à connaître « le batteur » et
aida cette partie à s’orienter davantage dans le présent. Il aida toutes les parties à
apprendre à mieux tolérer la détresse car des habiletés étaient mises en pratique au
cours de la thérapie. Progressivement, Georges eut moins besoin du batteur pour
interrompre la thérapie. George devint plus capable de dire au thérapeute qu’il était
activé et ils pouvaient ainsi, ensemble, ralentir avant que le batteur ne se déclenche.
Le patient en est arrivé à comprendre que le batteur était une partie de lui-même qui,
en tant qu’enfant plus âgé et jeune adolescent pouvait se perdre dans la musique afin
d’éviter la douleur de son abus à la maison.
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À la maison, Monique, une patiente souffrant de TDI, permit à sa partie âgée de 8 ans
de dessiner. Au début, les images enfants étaient simples, des représentations heureuses
d’arbres et de soleil, etc. Cependant, cette partie devait bientôt prendre des crayons
sombres et commencer à colorier vigoureusement toute la page d’une façon chaotique
jusqu’à ce qu’elle soit entièrement couverte. Plus cette partie de Monique coloriait, plus
la partie enfant devenait agitée, effrayée ou enragée. À maintes reprises, les images
devenaient des représentations graphiques de l’abus. Même lorsque Monique n’autorisait
plus ce comportement pendant la journée, elle se réveillait souvent avec du papier
déchiré par des griffonnages intenses au crayon ou au stylo.
Le thérapeute soutenait toutes les parties du patient à aider cette jeune partie à être
plus consciente du présent. Au fil du temps, Monique comprit que cette partie d’elle-
même représentait les menaces de son père à ne pas parler de l’abus. Enfant, elle
éprouvait du ressentiment à devoir agir comme si tout était normal et heureux alors
que sa vie à la maison était, en fait, épouvantable. Les amorces d’images heureuses
étaient détruites de façon à raconter l’histoire. Finalement, l’adulte Monique fut
capable d’aider cette jeune partie à devenir plus verbale, et les comportements
destructeurs se transformèrent progressivement davantage en un récit. La jeune partie
dissociative apprit à tolérer ses émotions et à les partager à la partie adulte de
Monique.
CONCEPT CLÉ
Il est utile d’explorer pourquoi les parties enfant ont échoué à « grandir ». Des non-ré-
alisations diverses forment le cœur de ce blocage. Une fois que le thérapeute et le pa-
tient peuvent reconnaître les non-réalisations, le travail peut débuter afin d’en arriver
à bout.
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Vicky, un patient avec TDI, rapportait des cauchemars chroniques et des épisodes de
mictions nocturnes qui lui faisaient fortement honte. À la demande de son thérapeute,
Vicky consulta son médecin généraliste, qui exclut toute cause médicale à l’énurésie.
Le thérapeute et Vicky pouvaient ensuite explorer d’autres possibilités. Une partie jeune
enfant que Vicky appelait « Reggie » admit qu’il y avait un « bébé dans la benne à
ordures » à l’intérieur. Le bébé avait froid, était affamé, mouillé et sans surveillance.
Grâce à un travail par l’imagination, la thérapeute aida Reggie et Vicky à récupérer le
bébé et à en prendre soin. Vicky était choquée de retrouver ce nourrisson intérieur
mais commença facilement à en prendre soin et fut agréablement surprise lorsque
l’enfant commença à grandir après quelques semaines. Elle dit : « Je suppose que c’est
cette partie de moi qui a été si négligée bébé. On me laissait dans le berceau. Je suis
si triste pour elle et pour moi. » Une fois cette prise de conscience réalisée, Vicky ne
mouilla plus jamais son lit.
5. Résumé
Les parties enfant sont le plus généralement organisées par des systèmes d’ac-
tion de défense mais certaines sont impliquées dans des fonctions de la vie
quotidienne. Le thérapeute ne devrait pas traiter les parties enfant comme
des enfants réels mais comme un des nombreux aspects du patient adulte. Il
est essentiel d’encourager le patient comme un tout à accepter et prendre soin
de ces parties de façon à ce que le thérapeute n’endosse pas un rôle de don-
neur de soin. Il existe de nombreux conflits intérieurs à propos des parties
enfant qui ont souvent des aspirations désavouées pour le soin et l’amour et
qui détiennent des souvenirs traumatiques. Ces conflits devraient être résolus
soigneusement et en profondeur afin de réduire le besoin d’avoir des parties
enfant à l’intérieur de la personnalité du patient.
Joanne est une patiente qui est gentille et pleine de compassion pour autrui,
s’engageant avec beaucoup de bienveillance dans ses relations. Elle est souvent
préoccupée de savoir si le thérapeute se porte bien ou est fatigué. Un beau jour,
sa thérapeute était très en retard à la séance et Joanne l’a rassurée que ce n’était
pas du tout un problème parce qu’elle était bien certaine que la thérapeute
avait d’autres patients qui avaient davantage besoin de la thérapeute qu’elle.
Mais elle était racrapotée sur elle-même, fuyait le contact visuel et souriait
pendant toute la conversation. Dean, un autre patient, n’était pas gentil du
tout. Selon tous les témoignages des autres, il était égoïste et irritable, sa phrase
préférée était quelque chose comme « Tu dois prendre ce qui t’appartient parce
que les gens ne te le donneront pas ». Il a une attitude tendue, souvent penché
en avant et pointant l’autre du doigt agressivement pour souligner son propos.
Jody souffrait d’anxiété sociale sévère. Quand il sortait, il était convaincu que
1. Comprendre la honte
Il n’est pas surprenant que l’abus dans l’enfance soit un facteur de risque pour
la honte (Karan, Niesten, Frankenburg, Fitzmaurice et Zanarini, 2014) et que
la honte soit un médiateur entre l’abus chez l’enfant et la psychopathologie
de l’adulte (Talbot, 1996) incluant la dissociation (Andrews, Brewin, Rose
et Kirk, 2000). En fait, la honte est permanente chez les patients dissociatifs
(Dorahy, Gorgas, Hanna et Wijngaard, 2015) et l’hypothèse a été formulée
d’un maintien de la dissociation par la honte (DeYoung, 2015 ; Irwin, 2018 ;
Kluft, 2006 ; Van der Hart et al., 2006). La honte a un effet négatif sur les rela-
CONCEPT CLÉ
La honte est un signal important indiquant qu’il y a un désaccordage ou une menace plus
sérieuse dans nos relations et qu’elle a donc d’importantes fonctions. Avant que la honte
chronique ne puisse être traitée, ses fonctions doivent être entièrement comprises et le
patient et le thérapeute doivent éprouver ensemble avec compassion la profonde décon-
nexion et l’occultation de la honte.
CONCEPT CLÉ
Dans la pratique clinique, nous observons que la honte met un frein non
seulement à l’excitation et à la joie mais peut aussi bloquer toute émotion,
pensée, sensation, croyance ou comportement perçus comme non réciproques
ou inacceptables par d’autres comme la colère ou le désir sexuel. Lorsque la
&YFNQMFEFDBTEFMBIPOUFDPNNFVOJOIJCJUFVS²UJFOOF
CONCEPT CLÉ
4BCJOF Je ne comprends pas mais je me sens toujours honteuse quand Dana [l’amie
de la patiente] m’embrasse ou est réellement chaleureuse avec moi. Je détourne mon
corps en fait ; peut-être parce que je ne le mérite pas ?
5IÏSBQFVUF Est-ce ce que vous croyez ?
4BCJOF Pas réellement. C’est seulement une pensée. Je commence réellement à
accepter que je suis une personne OK.
5IÏSBQFVUF Hmm, je me demande si, peut-être, votre honte vous empêche de laisser
Dana s’approcher tout près ? Vous la décrivez comme la personne la plus accueillante
et chaleureuse que vous connaissez. Peut-être est-ce effrayant de la laisser s’approcher
parce que vous pourriez être vulnérable.
4BCJOF Eh bien, ça c’est sûr ! Autant je la souhaite être proche, autant cela ne me fait
pas me sentir en sécurité.
5IÏSBQFVUF Donc, peut-être que la honte essaye de vous aider à rester en sécurité
en diminuant votre désir d’être proche d’elle ?
4BCJOF Je n’avais pas pensé de cette façon, mais cela correspond. Je peux peut-être
essayer autre chose la prochaine fois.
CONCEPT CLÉ
La honte n’est pas seulement un sentiment sur ce que nous ressentons, pensons, sentons
et faisons. C’est un jugement sur qui nous sommes depuis la perspective d’un autre, cri-
tique, rejetant, dirigé depuis nous-mêmes sur nous-mêmes.
CONCEPT CLÉ
Les patients éprouvent souvent de la honte face à ce qu’ils ont fait pour collaborer dans
le passé ou n’ont pas fait pour y mettre fin pendant un traumatisme relationnel. En
d’autres mots, ils ont honte des défenses animales qui étaient activées naturellement,
telles que le figement, le combat ou l’effondrement, même si ces réactions n’étaient pas
sous leur contrôle.
&YFNQMFEFDBTEFIPOUFTVSEÏGFOTF.BSHBVY
CONCEPT CLÉ
La nature de la honte est d’être cachée. Il n’est peut-être pas évident pour le thérapeute
que le patient soit honteux et le patient lui-même peut l’ignorer. Le thérapeute doit de-
venir un expert de la reconnaissance du langage verbal et corporel de la honte, de ses
paramètres cognitifs et des déconnexions relationnelles qui la signalent.
&YFNQMFEFDBTEFIPOUFQSPWPRVÏQBSMBUIÏSBQJF$ISJTUJOF
Christine était en train de parler avec sa thérapeute à propos de sa mère, qui lui faisait
rarement un compliment ou disait rarement quelque chose de bien à son sujet. Tandis
que Christine faisait ce récit, elle s’est interrompue soudainement et a rompu le
contact visuel avec la thérapeute. Elle dit : « Une partie de moi souhaite que vous
sachiez que j’ai été faire du shopping hier. » La thérapeute a cru que cela signifiait
un évitement du sujet et ainsi elle a gentiment suggéré qu’elle et Christine continuent
de parler de ses expériences avec sa mère. Christine a semblé se renfermer et est
devenue silencieuse. Elle baissa la tête et resta immobile. La thérapeute identifia
qu’une forme de rupture venait de survenir. Elle demanda à Christine : « Je remarque
que quelque chose est survenu qui a semblé nous déconnecter. Je me demande s’il
y a quelque chose que j’ai dit ou fait pour que vous vous sentiez dans le besoin de
déconnecter ? » Christine leva finalement les yeux et répliqua : « La petite Christine
est contrariée parce que vous ne souhaitez pas entendre parler de sa petite virée
shopping. »
La thérapeute commença à expliquer pourquoi elle avait arrêté la conversation sur le
shopping mais décida qu’elle suivrait un peu plus les dynamiques relationnelles. « Ainsi,
lorsque j’ai dit que nous devions recommencer à parler de votre mère, cette partie de
vous s’est sentie réellement invalidée et non écoutée, est-ce correct ? » Christine opina
du chef avec des larmes coulant sur son visage. Le thérapeute dit : « Alors, cette partie
de vous qui est la petite Christine peut-elle remarquer qu’on se rend compte toutes
les deux qu’elle s’est sentie si dévalorisée ? Peut-elle entendre que je suis vraiment très
désolée parce que je réalise que je dois avoir raté quelque chose d’important ? J’imagine
à quel point cela doit être douloureux pour elle. » Christine opina à nouveau du chef.
Et avec une voix tranquille, elle déclara : « Et pour moi aussi. » Le thérapeute dit : « Oui,
pour vous aussi. Comme cela doit être douloureux de ne pas être vue par moi. Et
combien cela a dû être douloureux de ne pas avoir été vue par votre mère. » Encore
plus de larmes vinrent à Christine qui commença à sangloter. La thérapeute était à côté
d’elle, faisant savoir à Christine qu’elle était présente à sa peine. Christine leva finalement
les yeux et dit tranquillement : « Vous avez raison. » La honte de Christine commença
à se réparer par la reconnexion avec la thérapeute, qui pouvait reconnaître la honte
sans jamais l’avoir énoncée.
À la séance suivante, Christine et sa thérapeute furent capables de revisiter la dernière
séance et Christine put expliquer que son trip shopping était actuellement relié au fait
de parler au sujet de sa mère dans l’esprit de la petite Christine. Christine avait acheté
une belle robe comme une étape supplémentaire dans la manière de se traiter avec
gentillesse et Petite Christine désirait partager cela avec la thérapeute comme une
source de fierté dans ses progrès. La méconnaissance et la dévalorisation de la part de
la thérapeute de sa fierté et de sa compétence avaient provoqué de la honte. Il aurait
peut-être été plus efficace de demander d’abord l’aide de Christine pour comprendre
qu’aller faire du shopping était enrelation avec le fait de parler au sujet de sa mère.
CONCEPT CLÉ
Nous nous défendons contre la honte à l’aide de quatre stratégies fondamentales : (a)
nous attaquer à nous-mêmes comme mauvais, incompétents ou inadéquats ; (b) attaquer
les autres comme mauvais, incompétents ou inadéquats ; (c) éviter les expériences inté-
rieures qui provoquent la honte ou éviter les sentiments de honte eux-mêmes ; et (d)
éviter le contact avec les autres pour prévenir la survenue des expériences de honte
(Nathanson, 1987). Le thérapeute doit être capable de reconnaître et de s’occuper de ces
défenses.
CONCEPT CLÉ
La honte crée une extinction cognitive. Le thérapeute devrait prendre un rythme lent
quand il s’en occupe, avec un débit de parole plus lent et plus simple, des pauses, un suivi
soigneux des réactions du patient, un ajustement en conséquence et un rythme très res-
pectueux.
CONCEPT CLÉ
La honte est vécue comme un souvenir traumatique avec intrusion, évitement et éveil
(Matos et Pinto-Gouveia, 2010). Ainsi, le thérapeute doit veiller à ne pas l’évoquer sans
une préparation soigneuse et, lorsque c’est nécessaire, sans un dosage adapté.
CONCEPT CLÉ
Le contact direct avec le patient profondément honteux peut être envahissant et deman-
der un contact visuel peut s’avérer aliéner davantage le patient. Les interventions rela-
tionnelles initiales peuvent être plus indirectes comme l’empathie pour les effets de la
honte ou l’exploration de la manière dont le patient gère la honte, plutôt que se concen-
trer sur l’émotion elle-même.
2.3. La psychoéducation
La psychoéducation peut servir à procurer un cadre cognitif utile pour com-
prendre la raison pour laquelle des patients peuvent se sentir honteux et pour
comprendre les comportements ou sentiments qu’ils craignent être inaccep-
tables. Cependant, le moment opportun est important. Dans les phases pré-
coces de la thérapie, certains thérapeutes peuvent donner un peu d’éducation
dans le cadre d’un enseignement plus général sur les émotions et leurs fonc-
tions et sur la façon dont le traumatisme relationnel provoque tant de honte.
Normaliser l’expérience de la honte est essentiel étant donné que beaucoup de
patients se sentent honteux d’être honteux.
Le thérapeute peut faire allusion à la possibilité que la honte surgisse pen-
dant la thérapie et, le cas échéant, le patient devrait savoir que c’est normal,
attendu et que le thérapeute peut leur apporter une aide. Pour soutenir cela,
le thérapeute peut partager une anecdote (réelle ou factice) de quelqu’un qui
a vécu la honte, en suivant pendant tout ce temps la réponse non verbale du
patient et en ajustant l’intervention. Beaucoup de patients ressentent un peu
de soulagement en sachant que d’autres, y compris le thérapeute, vivent aussi
la honte comme un défi. Il se peut que certains patients n’aient jamais consi-
déré qu’ils ressentent de la honte, l’étiquetant autrement ou seulement comme
faisant partie d’une série de sentiments dysphoriques.
Cela pourrait servir les patients d’avoir la notion que les défenses animales
ne sont pas des choix mais des réactions automatiques au danger et que l’ex-
citation sexuelle est naturelle quand le corps est stimulé, qu’on le veuille ou
non. Les patients doivent aussi savoir que la honte est une réaction naturelle
à l’impuissance, la détresse et la blessure. Un peu plus tard dans la thérapie,
expliquer la boussole de la honte (Nathanson, 1992, 1997) peut aussi aider
les patients à reconnaître leurs réactions à la honte et à les voir aussi chez
les autres. Cela peut les aider à éprouver plus de compassion envers les parts
• Le sentiment de compassion
0 Pouvez-vous vous permettre de ressentir la compassion pour tout ce que
vous avez vécu ? Pour vos pensées ? Pour ce que vous ressentez dans
votre corps ? Pour des parties de vous ? Pour vos combats ?
&YFNQMFEFDBTEFUSBWBJMBWFDMJNBHFSJFEFMBIPOUF$PSJOOF
$PSJOOF La honte est un mur de glace. Il m’enferme, loin de tout un chacun. C’est
froid, glissant ; je ne peux pas grimper dessus. Je pense que cela sent mauvais, comme
si quelque chose de pourri était enfermé dans la glace. La douleur, le rejet, le désespoir,
toutes ces mauvaises choses que j’ai faites, tout ce mauvais que je suis. L’idée même
d’être née et d’occuper de l’espace. C’est ce qui est dans la glace. C’est si haut que je
ne peux pas voir le ciel et si long que je ne peux pas en voir la fin. Il n’y a aucun moyen
de s’en sortir.
5IÏSBQFVUF Hmm, froid, glissant, une odeur de pourriture. Restons avec cela pour
un moment. C’est d’accord ? Juste pour remarquer cela et accepter que c’est là ?
$PSJOOF Je déteste cela. Cela me tient loin de la vie. J’en frissonne.
5IÏSBQFVUF Oui, allez-y et frissonnez et notez ce qui arrive. Ne faisons aucun jugement
là maintenant et restons centrées avec notre compassion.
$PSJOOF C’est froid comme un froid de solitude, vous comprenez ? Comme être
abandonnée dans le froid.
5IÏSBQFVUF Absolument, comme être abandonnée dans le froid, terriblement seule.
Je suis avec vous là-dedans. Notez seulement le frisson et le mur.
$PSJOOF (se serrant dans ses bras comme si elle essayait de se réchauffer) Je voulais de
l’amour. Juste être admise dans le cœur de quelqu’un. Si honteuse que personne ne
m’aime.
5IÏSBQFVUF Seulement y être admise. Ces mots sont si puissants : seulement y être
admise. Remarquez vos bras qui vous serrent pendant que vous avez le sentiment de
juste vouloir y être admise. Remarquez ce qui se passe ensuite.
$PSJOOF Je me sens si triste pour cette petite fille que j’étais. (En larmes et silencieuse
pendant un moment.) Je l’étreins pour le moment. Je peux la laisser entrer dans mon
cœur maintenant. (Pleurs et une longue pause.) J’ai plus chaud, comme si une braise
brûlait en moi-même.
5IÏSBQFVUF Ressentez ainsi que la braise embrase, ressentez la chaleur de vous laisser
entrer, d’être admise, sans vous sentir plus longtemps abandonnée dans le froid.
$PSJOOF (souriant) Oui ! Je peux la laisser entrer maintenant !
C’est une affirmation pleine de joie, ce que Pierre Janet appelait un acte de
triomphe (1925b), une action d’achèvement et d’intégration qui est remplie de
fierté, compétence et compassion.
Si ce n’est pas dans cette séance, alors dans une autre, le thérapeute peut
retourner à l’image du mur et à ses autres caractéristiques (glissant, odeur ter-
rible) et travailler de la même manière avec elles. La mauvaise odeur indique
2.7. EMDR
Les approches pour venir à bout de la honte avec l’EMDR (Eye Movement
Desensitization and Reprocessing, désensibilisation et retraitement par les
mouvements oculaires) ont été décrites par de nombreux cliniciens (p. ex.,
Balcom, Call et Peralman, 2000 ; Gonzalez et Mosquera, 2012 ; Knipe, 2009a,
2014 ; Leeds, 1998). Une des grandes valeurs de l’EMDR est qu’il peut aider
les patients à accéder et à venir à bout de questions qui sont non verbales
ou trop envahissantes pour être verbalisées du moment que le thérapeute sait
comment travailler à l’intérieur de la fenêtre de tolérance avec le patient. On
a démontré que l’EMDR peut diminuer l’expérience de honte chez certains
patients (Balcom, Call et Pearlman, 2000). Leeds a préconisé l’installation de
ressources à titre de précurseur à l’approche directe des émotions anxiogènes
3. Explorations supplémentaires
1. Décrivez ce qui constitue le plus grand défi pour vous dans le travail
avec des patients profondément honteux.
2. Décrivez un événement ou une situation en thérapie avec un patient,
où vous, le thérapeute, avez ressenti de la honte. Faites la liste de vos
pensées, sentiments et sensations.
3. Décrivez comment vous utilisez l’un ou l’autre pour vous protéger contre
la honte que vous ressentez avec un patient (attaque de soi, des autres,
isolement des autres, évitement de l’expérience intérieure). Comment cela
vous affecte-t-il lorsque vous êtes en présence d’un patient ?
4. Décrivez une situation dans une séance où vous ressentez un sentiment
de fierté quand vous travaillez avec un patient. Remarquez votre res-
senti de mémoire, vos pensées, sentiments et sensations.
5. Imaginez votre propre figure idéale, qui vous soutient de façon com-
passionnelle dans votre travail. Imaginez cette figure debout à côté de
votre chaise, vous offrant une sagesse tranquille et de la compassion à
vous, le thérapeute.
6. Pratiquez la compassion avec vous-même comme thérapeute. Tous les
thérapeutes – même chevronnés – ressentent parfois de l’incertitude
ou de la confusion, font des erreurs ou ne savent pas quoi faire, et ont
des moments de gêne et un contre-transfert intense. Ce sont des expé-
riences humaines normales qui peuvent être acceptées avec beaucoup
de compassion comme faisant partie de l’identité de thérapeute
7. Trouvez un pair, superviseur ou consultant avec lequel vous pouvez
partager en toute sécurité vos expériences de honte comme thérapeute.
CONCEPT CLÉ
Plus vite les parties coléreuses du patient peuvent être engagées au sein d’une alliance
thérapeutique, plus il est probable que le patient dans son ensemble apprendra à faire face
à la colère de manière appropriée.
CONCEPT CLÉ
La colère est la première émotion de la défense « de combat ». Lorsque le patient (ou des
parties du patient) est coincé dans cette défense, la colère devient chronique. La pre-
mière intervention est donc de créer de la sécurité.
Aussi longtemps que la réaction de combat reste non résolue, la colère restera
chronique. Cependant, il est bon de réaliser que toutes les parties coléreuses ne
sont pas toujours hostiles envers le patient ou le thérapeute. Parfois, ces parties
veulent vraiment être aidées pour gérer leur colère plus efficacement et sont volon-
taires pour coopérer en thérapie. De telles parties peuvent aisément devenir de
véritables alliés et la phobie interne pour ces parties peut s’améliorer relativement
vite. C’est particulièrement vrai lorsque le thérapeute n’a pas peur et peut accepter
avec compassion ces parties, amenant ainsi le patient à faire de même.
CONCEPT CLÉ
Des parties du patient qui ont développé des stratégies contrôlantes-punitives devien-
dront coléreuses avec autrui pour obtenir ce dont elles ont besoin, tandis que celles qui
ont des stratégies contrôlantes-attentionnées se puniront elles-mêmes d’être coléreuses
ou d’éprouver des besoins.
CONCEPT CLÉ
• Une fois que le patient est plus calme, invitez les autres parties du
patient à « regarder et écouter » si possible.
• S’il y a trop de débordement pour le patient, travaillez seulement avec
la partie coléreuse. Le but est de diminuer la menace, de promouvoir
la sécurité et d’ensuite introduire progressivement un sentiment de
connexion avec le thérapeute et entre les parties dissociatives. Il est
primordial d’aider la partie coléreuse à se sentir en sécurité avant la
connexion relationnelle.
• Encouragez le patient à mettre des limites aux comportements inap-
propriés de la partie coléreuse. Cependant, la maîtrise doit être couplée
avec la compréhension compassionnelle de la partie coléreuse : mettre
des limites ne doit pas être punitif.
• Demandez l’aide des autres parties pour orienter la partie coléreuse vers
le temps présent. Comme c’est le cas pour de nombreuses autres parties,
les parties coléreuses souvent ne comprennent pas qu’elles sont dans le
présent.
• Le patient dans sa globalité (et la partie coléreuse) a besoin d’apprendre
que des relations saines n’incluent pas la punition, l’humiliation ou la
force.
• Engagez les parties coléreuses au service de la thérapie :
0 J’apprécie que vous soyez en train de protéger d’autres parties de vous
du danger ou de l’échec. Je suis d’accord avec vous qu’il est important
d’être en sécurité ou de vous sentir compétent dans votre vie. Je voudrais
vous aider à trouver d’autres façons qui pourraient être plus efficaces.
Êtes-vous intéressé à les explorer avec moi ?
&YFNQMFEFDBTEVOFQBSUJFFOGBOUEJTTPDJBUJWFFOSBHÏF$IBSMFT
Charles était un patient âgé de 33 ans qui avait été précédemment diagnostiqué
schizophrène parce qu’il entendait des voix et se comportait dans des lieux publics en
faisant des mouvements de boxe, ce qui effrayait ceux qui l’approchaient. Parfois, il
frappait soudainement le mur avec son poing, se cognait la tête à plusieurs reprises
ou se frappait dans l’estomac. Les rapports de l’hôpital confirmaient qu’il avait eu de
nombreuses fractures et d’autres blessures sérieuses par suite d’abus physiques sévères
subis avant d’avoir été retiré de son domicile à l’âge de 10 ans. Charles avait été placé
dans une famille d’accueil stricte sur le plan religieux, où l’expression de la colère n’était
pas autorisée et était sévèrement punie. Le seul recours était pour Charles de retourner
la colère contre lui-même.
Après une évaluation approfondie, il est devenu clair pour son nouveau thérapeute
que Charles était fortement dissociatif. Il avait une partie enfant de 2 ans qu’il appelait
« Bobby » qui frappait Charles (intérieurement) dans l’estomac et il pouvait subitement
se courber comme s’il avait été frappé. Bobby était coléreux tout le temps bien qu’il
ne sache dire pourquoi. Il frappait les parties dissociatives intérieures au hasard et ne
faisait que hurler. Bobby avait une colère très primitive sans mots ou pensées cohérentes
et voulait donner des coups et hurler du sommet de ses poumons (intérieurement).
Sa colère se manifestait aussi dans les comportements de combat qui avaient été
précédemment étiquetés comme psychotiques.
Le thérapeute travailla d’abord avec la partie adulte de Charles en commençant avec
de très courts contacts avec Bobby. Charles était encouragé à regarder Bobby sur un
très petit écran TV et à diminuer le son. Il reçut comme instruction de seulement
observer et voir ce qu’il remarquait. Charles a remarqué que Bobby était « comme un
animal sauvage blessé qui ne comprend pas ce qui lui arrive ». Charles ne pouvait pas
voir sur l’écran ce qui arrivait à Bobby mais il avait le sentiment que c’était terrifiant et
douloureux. Cela lui donna une perspective pleine de compassion à l’égard de Bobby.
Bobby était encouragé à ouvrir les yeux sur l’écran pour de brefs moments et à s’orienter
davantage dans le présent quelques secondes à la fois. Tant Charles comme adulte que
CONCEPT CLÉ
Le meilleur prédicteur de violence de la part des parties coléreuses est une histoire passée
de violences. Des précautions particulières devraient être prises avec les patients disso-
ciatifs qui ont une histoire de comportement violent non contrôlé.
4. Résumé
La colère est une émotion difficile tant pour les patients que pour les thé-
rapeutes. Plus tôt dans le traitement les thérapeutes s’occupent des parties
coléreuses du patient en combinant la compassion et la mise de limites au com-
portement inadéquat, plus efficace sera la thérapie. Quand les patients dans
leur globalité commencent à comprendre les fonctions de ces parties, ils sont
plus aptes à accepter la colère comme une émotion humaine naturelle et ils
peuvent aider ces parties d’eux-mêmes à aller au-delà de la réaction de défense
et à développer de plus grandes capacités relationnelles.
5. Explorations supplémentaires
1. Décrivez les règles familiales quant à l’expression de la colère dans votre
propre famille d’origine. Étiez-vous autorisé à exprimer de la colère et si
c’est le cas de quelle façon et de quelle façon cela ne l’était pas ? Com-
ment votre expérience de la colère vous a-t-elle aidé ou bloqué dans
votre travail avec les patients ?
CONCEPT CLÉ
Les parties qui imitent l’agresseur se ressentent souvent elles-mêmes et sont vécues par
les autres parties comme de véritables agresseurs. Il est donc compréhensible qu’elles
provoquent de la peur et de la honte chez le patient dans sa globalité, et parfois de la peur
chez le thérapeute.
Il est essentiel que les thérapeutes comprennent le rôle des parties qui
imitent l’agresseur dans le développement de la personnalité globale et le
soi du patient. Elles ne sont pas quelque chose dont il faut se « débarras-
ser » comme le patient le souhaite très souvent. Elles ne sont pas l’agres-
seur réel et leurs sentiments et pensées n’appartiennent pas seulement à
l’agresseur. Elles contiennent certaines des expériences les plus difficiles à
intégrer pour les patients, y compris leurs propres sentiments et tendances
sadiques. L’acceptation par le thérapeute de ces parties et émotions, tout
en ne tolérant pas les comportements abusifs, peut mener ces parties hau-
tement défensives à devenir parmi les meilleurs alliés dans le traitement
(Blizard, 1997 ; Boon et al., 2011 ; Howelll, 2011 ; Kluft, 2006 ; Schwartz,
2013 ; Van der Hart et al., 2006). En effet, un tournant majeur survient en
thérapie une fois que ces parties ont développé une alliance avec d’autres
parties du patient et le thérapeute, même si cela peut prendre beaucoup de
temps pour y arriver.
CONCEPT CLÉ
Les fonctions des parties imitant l’agresseur sont de (1) protéger le patient contre les
menaces de l’agresseur, qui continuent à être vécues comme réelles dans le présent ;
(2) défendre le patient contre les prises de conscience insupportables d’être dans la dé-
tresse et impuissant comme lorsqu’il était enfant ; (3) rejouer les souvenirs traumatiques
à partir de la perspective de l’agresseur tels que mentalisés par l’enfant ; (4) servir de dé-
fense contre la honte en attaquant le patient et en évitant les expériences intérieures de
honte ; (5) offrir une issue pour les tendances sadiques et punitives reniées du patient ; et
(6) retenir les souvenirs traumatiques insupportables.
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes devraient être proactifs pour accepter et inclure dans la thérapie les
parties imitant l’agresseur aussi rapidement et de manière aussi sécurisée que possible. Le
travail prématuré avec ces parties peut effrayer le patient, qui alors fuit la thérapie ou
décompense. D’un autre côté, le fait d’éviter de travailler avec ces parties laisse le patient
vulnérable face à un chaos intérieur continu, la punition, la peur ou la honte et rend la
thérapie vulnérable aux impasses.
Bien sûr, ces comportements ne sont pas efficaces sur le long terme, de
même que la scarification ou l’abus de substance peuvent être efficaces momen-
tanément mais non adaptés pour résoudre les problèmes dans la durée. Mais il
est essentiel que le thérapeute comprenne que l’intention de ces parties est la
protection. Et le plus important est que le thérapeute travaille activement pour
inclure ces parties dans la thérapie. Comme l’a noté Kluft (2006), ces parties
« provoquent souvent un chaos et incitent à l’automutilation dans les cou-
lisses mais sont probablement mieux disposées si on y accède régulièrement
et si on les amène en thérapie. Leurs constellations narcissiques défen-
sives les empêchent souvent de se sentir inclus dans des approches qui ne
s’adressent pas directement à eux » (p. 293).
Tous les patients n’ont peut-être pas des parties qui imitent l’agresseur mais
c’est certainement très fréquent. Elles sont un enjeu central à résoudre chez la
grande majorité des patients, un noyau de résistance qu’il faut comprendre et
transformer progressivement. Il se peut qu’elles ne soient pas identifiées pen-
dant un long moment en thérapie, parce que le patient en a honte et qu’il en
est terrifié et ces défenses ne peuvent être résolues aussi longtemps qu’elles ne
se sont pas engagées pleinement dans la thérapie. Le tableau 17.1 décrit les
diverses fonctions des parties imitant l’agresseur.
TABLEAU 17.1
Fonctions des parties imitant l’agresseur
Les thérapeutes doivent reconnaître les remises en scène dans lesquelles les parties imi-
tant l’agresseur jouent un rôle central. Les thérapeutes peuvent être entraînés dans ces
mises en scène et ressentir la même chose que le patient en tant qu’enfant ou en tant
qu’agresseur. Ces expériences au sein du thérapeute doivent être reconnues plutôt
qu’agies dans la mesure du possible
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes ont besoin d’un équilibre raisonnable entre l’acceptation compassion-
nelle des parties imitant l’agresseur et la fixation de limites par rapport aux comporte-
ments agressifs ou sadiques du patient, tant à l’intérieur pour le patient qu’à l’extérieur
avec le thérapeute ou d’autres personnes dans la vie du patient.
CONCEPT CLÉ
Plus les parties vulnérables (comme les parties enfant) sont activées dans la thérapie, plus
les parties imitant l’agresseur résistent contre la vulnérabilité et passent à l’acte en punis-
sant ces parties. Le thérapeute doit généralement travailler avec les parties imitant
l’agresseur avant de travailler avec les parties vulnérables et en besoin.
Plus les parties vulnérables sont actives en thérapie, plus le conflit intérieur
autour de la sécurité et de la honte en ce qui concerne leurs besoins augmente
et plus les parties imitant l’agresseur deviennent actives dans leur résistance à
la thérapie. Ainsi, même si cela peut paraître contre-intuitif aux thérapeutes,
travailler avec les parties imitant l’agresseur doit donc avoir lieu avant de tra-
vailler avec les parties enfant ou au moins simultanément selon un aller-retour
utilisant une sorte de navette diplomatique. Les thérapeutes (idéalement avec
l’aide de parties plus objectives du patient) vont et viennent entre les parties
• Ensuite, apprécier comment ces parties aident le patient (p. ex., elles
tentent de s’assurer que le patient ne fasse jamais d’erreur, ou bien elles
forcent le patient à éviter les situations sociales pour prévenir humilia-
tion ou rejet, ou encore elles gardent les parties enfant calmes à l’inté-
rieur en leur criant de se taire ou en les battant).
• Graduellement et avec respect offrir des faits qui confrontent les
croyances de ces parties qu’elles sont l’agresseur (p. ex., l’agresseur est
en fait mort, ou est très vieux, ou vit dans une autre ville, ou est en pri-
son ; le patient a grandi et a sa propre famille ; le thérapeute n’était pas
là quand le patient était jeune et être dans son bureau est une indication
que le temps a passé ; la partie partage le même corps que le patient).
0 Même si vous pouvez croire que vous êtes le père de Marie, il y a des
différences importantes. Par exemple, vous dites que vous avez 35 ans
mais le père de Marie est un très vieil homme maintenant et il souffre
d’Alzheimer. Le saviez-vous ? Vous êtes une partie de Marie même si
cela ne vous paraît pas être le cas du tout pour l’instant pour vous.
0 Même si Marie dit qu’elle veut se débarrasser de vous et que vous sou-
haitez vous débarrasser de Marie ce n’est réellement pas possible. Si vous
tuez Marie, vous vous tuerez vous-même et vice versa. Vous ne pouvez
pas vous débarrasser l’une de l’autre comme vous le voudriez maintenant.
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&YFNQMFEFDBTEFUSBWBJMMFSBWFDVOFQBSUJF
JNJUBOUMBHSFTTFVS.BSJF
Marie était une femme de 45 ans avec des épisodes dépressifs récurrents et une histoire
d’abus sexuel et de maltraitance physique par son père et d’autres membres de la famille.
Après plusieurs années dans le système de santé mentale, elle a été diagnostiquée TDI et
le traitement pour son trouble dissociatif a débuté. Après quelques interventions de
stabilisation initiale, Marie rapporta avec hésitation qu’elle entendait constamment des
voix d’enfants pleurant dans sa tête et souvent la voix d’un homme qui ressemblait à celle
de son père et qui lui criait dessus et faisait pleurer ses voix enfants intériorisées. Elle était
terrifiée que cette partie prenne le dessus et fasse du mal à elle-même ou au thérapeute.
Le thérapeute lui délivra de la psychoéducation (comme décrit plus haut) sur les fonctions
de cette partie et parla à travers Marie à cette partie paternelle d’elle-même.
5IÏSBQFVUF : Je suis désolé d’apprendre cela. Il semble qu’il y ait beaucoup de conflits
à l’intérieur de vous et la partie paternelle de vous a ressenti que je ne suis pas sécurisant.
Je me demande si j’ai été trop vite ou si j’ai fait quelque chose qui l’a perturbée ? Mais
je me demande aussi si cette partie de vous ne pouvait pas avoir ressenti un choc et
de la confusion d’avoir été reconnue si directement. Qu’en pensez-vous ? Je me
demande si d’autres parties de vous ont des idées à ce sujet ?
La partie paternelle commence une alliance difficile avec le thérapeute qui alterne
doucement des mises au défi de la réalité de la partie, l’acceptation de son rôle
intériorisé actuel en tant que bourreau principal et l’incitation respectueuse à élargir la
conscience de la partie vers un certain type d’expérience positive.
Au cours du temps, le thérapeute travaille à davantage mettre au défi la réalité figée de
la partie. « Réalisez-vous que vous vivez maintenant dans une autre maison, une autre
ville, que Marie a sa propre famille, un mari, des enfants ? Réalisez-vous que Marie a 45 ans
et votre père 79 et que du temps a passé ? Et que votre père est maintenant vraiment
un vieil homme dans une chaise roulante et qu’il ne peut plus vous faire du mal ? »
Le thérapeute profite aussi de la petite opportunité laissée par cette partie concernant
son attrait pour les oiseaux. Le thérapeute peut engager cette partie dans d’autres
conversations sur les oiseaux, utiliser des métaphores sur les oiseaux et proposer
éventuellement à cette partie de développer un espace calme sur le thème des oiseaux.
Le thérapeute pourrait demander quand cette partie a commencé à aimer les oiseaux,
ce qui est une sorte d’intervention d’orientation dans le temps. Le thérapeute peut aussi
utiliser le travail imaginaire couplé à un travail somatique pour développer une ressource
somatique pour cette partie : « Je me demande ce que ce serait d’être capable de voler ?
Pouvez-vous imaginer à quoi cela ressemblerait ? Observez cela dans votre corps. »
La partie devient progressivement plus confuse quant au fait d’être le père réel ou non.
Le thérapeute ne devrait pas insister là-dessus mais continuer, avec le plus grand respect
et au moment approprié, à souligner les différences entre la partie et le père. « J’ai vu
que vos chaussures [celles de la patiente] sont rouges aujourd’hui. Est-ce que votre
père avait des chaussures rouges ? J’ai noté que vous aviez un smartphone. Ils n’existaient
pas dans le temps. J’ai remarqué que vous n’avez pas de barbe mais que votre père
en a une. Que faites-vous avec cela ? Si vous étiez une partie de Marie, qu’est-ce que
cela vous ferait ? »
4. Résumé
Les parties imitant l’agresseur sont de fortes défenses contre la réalisation,
peut-être les plus fortes. Leur incapacité à réaliser qu’elles ne sont pas l’agres-
seur réel peut créer beaucoup de détresse et de douleur pour le patient. Plus les
thérapeutes parviennent à accepter et inclure ces parties en étant sincèrement
curieux et compassionnels, plus la thérapie avancera sans heurts. Un problème
majeur tient aux fortes réactions contre-transférentielles des thérapeutes pour
de telles parties. Le thérapeute devrait bénéficier de supervisions régulières si
des sentiments intenses émergent et devrait recevoir une aide pour poser des
limites si nécessaire. Au fur et à mesure que ces parties acceptent progressi-
vement qu’elles sont des parties réelles du patient, elles peuvent devenir des
alliées dans le traitement.
5. Explorations supplémentaires
1. Nous avons tous des introjections négatives ou des modèles opérants
internes de nos parents. Pourriez-vous décrire les vôtres ? Comment
ont-ils changé au cours du temps ? Pouvez-vous utiliser votre propre
travail avec vos introjections négatives pour mieux comprendre les
parties imitant l’agresseur de vos patients ?
2. Quels ont été vos succès et défis dans le travail avec les parties imitant
l’agresseur dans le passé ? Après la lecture de ce chapitre, ferez-vous
différemment la prochaine fois ?
Pour la plupart des thérapeutes, le travail avec les patients qui s’engagent
dans des comportements à risque, c’est-à-dire des comportements qui peuvent
potentiellement causer un dommage au patient et à autrui, est un énorme
défi. Il est important de considérer ces comportements comme des actions de
substitution, des tentatives de résoudre un problème qui sont moins adaptées
au long cours que, par exemple, l’acceptation d’émotions douloureuses ou
être capable de réfléchir (Janet, 1945 ; Van der Hart et al., 2006).
CONCEPT CLÉ
Les comportements à risque sont des stratégies d’adaptation et des tentatives de résoudre
des problèmes avec des comportements de substitution qui ne sont pas adaptés.
CONCEPT CLÉ
Certaines parties dissociatives sont engagées dans des comportements à risque et les
aborder directement peut aider à éliminer ces comportements.
&YFNQMFEFDBTEFUSBWBJMBWFDMBVUPNVUJMBUJPO²MJTF
Élise vint en séance avec son bras gauche enveloppé de bandages infiltrés de sang par
endroits. Elle n’en fit pas mention jusqu’au moment où la thérapeute l’interrogea. Elle
déclara simplement : « Oh, ça a été pris en charge. » C’est seulement après les questions
insistantes de la thérapeute et une énorme hésitation qu’elle avoua qu’elle s’était
« réveillée » deux jours avant et avait trouvé son bras coupé, saignant abondamment.
Elle l’avait enveloppé et s’était rendue à l’hôpital où elle fut recousue. Élise n’était pas
du tout curieuse de ce qui était arrivé à son bras, un symptôme classique de « la belle
indifférence », une sévère non-réalisation assumée par la partie d’Élise qui fonctionnait
dans la vie quotidienne.
CONCEPT CLÉ
Bien que les thérapeutes puissent jouer un rôle déterminant dans l’aide et l’orientation,
c’est le patient, dans son ensemble, qui est en dernier ressort responsable de rester en
sécurité. Le thérapeute ne peut pas sauver le patient et la sécurité ne doit pas devenir une
lutte de pouvoir entre eux.
4. L’automutilation et la suicidalité
L’automutilation et la suicidalité sont probablement les comportements à risque
les plus communément rencontrés chez les patients avec un trouble dissociatif
complexe. Ils peuvent perturber la thérapie et paralyser à la fois le patient et le
thérapeute. Le début de l’automutilation chez des patients qui ne se sont pas
fait du mal jusque-là requiert une attention particulière du thérapeute. Il est
tout à fait possible que le thérapeute n’adapte pas la thérapie suffisamment au
rythme du patient et que celui-ci se sente débordé. C’est particulièrement vrai
lorsque les souvenirs traumatiques sont au centre du traitement actuel.
4.1. L’automutilation
La douleur et la blessure auto-infligées sont des tentatives pour résoudre un
problème. Il peut s’agir de moyens concrets de manifester de la honte et du
dégoût à un corps vulnérable qui fut incapable de protéger le patient et qui a
dû endurer des souffrances et des humiliations insupportables. L’automutila-
tion est souvent une tentative de réduire la tension, de soulager des émotions
insupportables et de communiquer d’une façon concrète ce que les patients ne
peuvent partager avec des mots (la blessure physique est la seule manière avec
laquelle je puis vous communiquer la profondeur de ma douleur). Certains
patients se font du mal d’une façon qui ne peut être vue ou découverte (comme
les organes génitaux ou la mutilation de la poitrine) et le révèlent rarement.
D’autres peuvent se blesser à des endroits qui seront probablement vus, comme
les avant-bras, et cela de façon à montrer directement leur souffrance inté-
4.2. La suicidalité
Les sentiments suicidaires chroniques constituent une très grande partie de
l’expérience de la plupart des patients avec des troubles dissociatifs. Les patients
qui s’automutilent sont aussi très probablement suicidaires (Paul, Tsypes, Eid-
litz, Ernhout et Whitlock, 2015) et la suicidalité chronique est habituelle chez
les patients dissociatifs (Foote et al., 2008). La plupart des patients peuvent
faire la distinction entre un désir chronique de mourir et une intention claire.
Cependant, un problème majeur chez les patients dissociatifs, c’est qu’ils ne
sont pas toujours conscients des parties hautement suicidaires et de leurs inten-
tions. Ainsi, certains patients finissent par être hospitalisés après avoir fait une
tentative soudaine pour laquelle ils ont une amnésie, laissant tous deux, le
thérapeute et le patient, perplexes sur ce qui est arrivé et la raison.
CONCEPT CLÉ
Un problème majeur chez les patients dissociatifs est de ne pas être conscients des parties
dissociatives qui s’engagent dans des comportements à risque et de ne pas pouvoir les
contrôler. Ainsi, ils ne peuvent souvent pas expliquer pourquoi ils se sont blessés.
Les thérapeutes devraient faire attention à ne pas trop se focaliser sur les
mesures d’urgence à prendre, échouant ainsi à explorer les questions de sui-
cidalité avec le patient. Ils devraient prendre le temps d’explorer les raisons
pour lesquelles le patient ou une partie dissociative particulière est suicidaire,
ce qui pourra donner une forme de regard sur des interventions pertinentes.
Beaucoup de parties suicidaires sont bloquées dans les temps du trauma et mal
orientées dans le présent.
Carine était une femme âgée de 36 ans avec un TDI et qui avait une partie de 13 ans
qui avait l’intention de se suicider. Plutôt que d’arranger immédiatement une
hospitalisation, le thérapeute prit le temps d’explorer l’intention. Lorsqu’il interrogea
Carine sur ses projets, elle lui répondit qu’elle allait se tirer une balle avec l’arme de son
oncle. Le thérapeute savait que l’oncle était décédé et commença à poser davantage
de questions pour déterminer si cette partie était orientée dans le temps.
5IÏSBQFVUF Bon, comment comptez-vous acquérir le fusil de votre oncle ?
$BSJOF DPNNFQBSUJFRVJBBOT J’attendrai jusqu’à ce qu’il se rende au travail
et je le prendrai dans son armoire.
5IÏSBQFVUF Où vit votre oncle ?
$BSJOF DPNNFQBSUJFRVJBBOT Dans la rue juste en dessous de chez moi
5IÏSBQFVUF Dans quelle ville est-ce ?
$BSJOF DPNNFQBSUJFRVJBBOT : San Francisco
5IÏSBQFVUF Savez-vous où nous sommes maintenant – je veux dire, dans quelle
ville ?
$BSJOF DPNNF QBSUJF RVJ B BOT (Un peu irritée) Évidemment, je suis à San
Francisco.
5IÏSBQFVUF Non, en fait, vous êtes à Atlanta. Vous êtes dans mon bureau à Atlanta.
$BSJOF DPNNFQBSUJFRVJBBOT Je ne comprends pas, je veux seulement son
arme.
5IÏSBQFVUF Oui, je peux voir que tout cela provoque de la confusion chez vous. Mais
voyez-vous, vous ne vivez plus à San Francisco. Vous vivez ici à Atlanta. Et vous n’avez
plus 13 ans, vous avez 36 ans aujourd’hui et vous êtes une adulte en sécurité. Vous
avez quitté San Francisco il y a très longtemps. Votre oncle est mort il y a quelques
années et ne vit donc plus dans cette maison là-bas. Son arme n’est pas là.
$BSJOF DPNNFQBSUJFRVJBBOT (Avec un regard traduisant une confusion extrême
et de l’anxiété) Je ne comprends pas de quoi vous parlez, je vais seulement descendre
la rue et aller prendre l’arme.
5IÏSBQFVUF Je suis désolé que vous soyez si confuse mais c’est très important que
vous sachiez que votre oncle ne vous fait plus de mal. C’est fini maintenant. Je peux
imaginer que vous ayez eu envie de vous tuer à l’époque mais peut-être avez-vous
besoin d’un peu de temps pour vous habituer à être ici, de telle façon que vous puissiez
mettre de l’ordre dans tout cela avec moi. Examinons ensemble quelles parties à
l’intérieur de vous pourraient vous aider là maintenant.
La partie adolescente de Carine croyait qu’elle était toujours abusée et que la seule
manière de s’en sortir était de se suicider. Une fois mieux orientée dans le présent et
malgré qu’elle se sentait toujours suicidaire, l’intention suicidaire de se procurer l’arme
de son oncle diminua drastiquement.
Les parties complètement coincées dans le temps du trauma vivent dans des
flash-back chroniques, dans la douleur physique, la peur, la terreur, la défiance,
la honte, la culpabilité, le désespoir, la colère et la tristesse. Elles n’ont aucun
espoir pour le futur et ne participent pas à la vie courante. Il n’est pas étonnant
CONCEPT CLÉ
Un plan de sécurité écrit est essentiel. Il devrait inclure des façons pour le patient d’en-
gager les parties internes dans la recherche de la sécurité et des moyens de se moduler et
de s’apaiser.
CONCEPT CLÉ
L’auto-agression en séance n’est pas acceptable, quelles que soient les circonstances, et
doit être immédiatement arrêtée.
CONCEPT CLÉ
Dans le cas rare d’un patient qui continue une escalade d’appels téléphoniques de crise à
propos de comportements à risque en dépit du fait qu’il ait acquis de bonnes compétences
et que le rôle des parties dissociatives ait été abordé, une approche particulière peut être
nécessaire dans laquelle le thérapeute, après une consultation attentive, devient moins
disponible sauf au cours des séances.
Rebecca, patiente avec un TDI, fut récemment hospitalisée pendant plusieurs semaines
pour traitement d’une boulimie-anorexie. Cependant, elle continua à osciller autour de
son poids minimum acceptable et à s’engager dans des attitudes de restriction et de
purge au point d’altérer ses électrolytes sanguins. La thérapeute devait décider si elle
pouvait travailler avec Rebecca en consultation ambulatoire ou si elle devait l’orienter
vers un niveau de soins plus intensif.
5IÏSBQFVUF Je veux vraiment continuer la thérapie avec vous mais si votre poids
descend à nouveau si bas au point de mettre votre vie en danger, je devrai vous envoyer
à l’hôpital pour un traitement et ne pourrai plus vous voir avant que vous ne soyez
stabilisée. Je voudrais vraiment beaucoup continuer notre traitement et espère dès lors
que vous déciderez qu’il en soit ainsi.
3FCFDDB Mais vous savez que je n’ai pas de contrôle sur ce comportement. Je peux
parfois sentir que j’ai vomi mais cela a lieu pendant un black-out. Comment pouvez-
vous affirmer que c’est ma responsabilité ? J’ai une amnésie ! Je veux réellement que
cela finisse ! Je pensais que vous étiez une experte en dissociation et que vous pourriez
m’aider !
5IÏSBQFVUF Je veux absolument vous aider et vous aider à essayer de comprendre
pourquoi une partie de vous souhaite refuser la nourriture ou la purger et vous aider
comme personne entière à réaliser des changements positifs. Mais le traitement est
une voie à double sens où nous avons toutes les deux des responsabilités Je ne peux
vous maintenir en vie ; vous seule pouvez choisir de le faire. Il est impossible de vous
soigner en ambulatoire si votre état de santé physique nuit à votre capacité de suivre
un traitement. Notre accord concerne la psychothérapie que nous pouvons seulement
continuer si votre poids se situe hors de la zone de danger et que vous êtes donc
en sécurité. Vous êtes proche d’un état de dénutrition, ce qui affecte votre pensée
et votre jugement. Et donc, oui, je veux vraiment beaucoup continuer avec vous et
oui, c’est totalement votre choix de maintenir un état de santé physique qui rende
la thérapie possible et je ne veux pas entrer dans un rapport de force avec vous. C’est
à vous de tenir votre part du contrat. Je suis certaine que la partie de vous qui ne
mange pas doit avoir une raison et j’espère que nous pourrons aborder cela. Mais
vous évitez cette partie de vous, ce qui explique pourquoi vous avez de l’amnésie.
Je suis heureuse de vous aider à prendre de petits pas gérables vers davantage de
conscience, mais votre poids doit rester au moins à 54 kg et vos électrolytes doivent
se situer à l’intérieur des limites normales pour que nous puissions poursuivre. Et
vous devez le vérifier régulièrement auprès de votre médecin et lui et moi collaborerons
avec vous dans cette démarche. J’espère sincèrement que vous pourrez mener à bien
le contrat thérapeutique et je crois que c’est cela que nous souhaitons toutes les
deux.
Un GPS est une aide potentielle pour des patients très dissociatifs ; ainsi,
ils peuvent se localiser et rentrer chez eux ou trouver leur adresse domiciliaire
&YFNQMFEFDBTEFTDPNQMFYJUÏTEFUSBWBJMMFSBWFDEFTQBSUJFT
RVJTFOHBHFOUEBOTEFTDPNQPSUFNFOUTËSJTRVF
.BSJB
Le cas suivant illustre les nombreuses couches et la complexité des fonctions des
comportements à risque et les dynamiques du système entre les parties qui maintiennent
ces comportements. Bien que de nombreux patients ne soient pas si complexes, les
interventions du thérapeute restent quasiment similaires.
Maria était une femme de 28 ans qui avait été en traitement pour TDI pendant
deux ans et était toujours en Phase 1. Elle était étudiante et vivait seule. Elle avait
déjà été traitée en ambulatoire pour anorexie-boulimie sévère, une combinaison
de troubles du comportement alimentaire qui n’est pas rare dans les troubles
dissociatifs. Pendant le traitement pour son trouble du comportement alimentaire,
il était clair qu’elle était dissociative et fut donc adressée pour le traitement de son
trouble dissociatif. Dans la première année de traitement pour son TDI, la thérapie
continuait à se concentrer sur son trouble du comportement alimentaire parce qu’il
restait un problème sévère. Maria craignait de devoir entrer dans un hôpital pour
traiter son trouble alimentaire comme cela lui était arrivé durant son adolescence.
Elle se sentait furieuse, craintive et impuissante face à ses parties qui avaient pris
le contrôle et refusaient de manger ou qui la faisaient ingurgiter et vomir sans
conscience apparente. La thérapeute essaya d’engager ces parties de Maria en
thérapie mais elles étaient défensives et gardaient une distance, refusant le dialogue
avec le thérapeute.
.BSJB FO UBOU RVF DFUUF QBSUJF : Qu’est-ce que tu veux ? Je parie que tu ne t’es
jamais engagée dans du sexe sadomasochiste ; t’es trop ennuyeuse comme Maria. Elle
est si stupide. Elle se demande ce qui arrive les soirées. A-t-elle une idée de qui paie
pour son école ? Sa bourse ne couvre pratiquement rien. Elle n’y pense même pas.
C’est sa façon de faire, ne pas penser aux choses qu’elle ne désire pas savoir.
5IÏSBQFVUF Oui, Maria a effectivement difficile à réaliser des choses douloureuses
dont elle ne veut pas parler et elle y travaille. Il semble que tu sois capable d’en savoir
plus à ce sujet que Maria. D’une certaine manière, tu aides Maria à payer son école
sans qu’elle le sache. Est-ce que ça a quelque chose à voir avec le fait qu’elle ne se
souvienne pas de ses soirées ?
.BSJB FOUBOURVFQBSUJF Ouais (rires). Elle n’a aucune idée de la manière dont je
gagne de l’argent. Et cette stupide Lydia devrait savoir qu’évidemment je prends des
précautions. Je ne veux pas tomber enceinte. Maria déteste les hommes ; elle devrait
aimer ce que je leur fais ! Je les fais souffrir. Ces jouets ne sont pas pour rien ! Et vous
n’allez pas m’enlever cela. Personne ne le peut !
Immédiatement après, Maria revint mais la thérapeute continua à parler à cette partie
de Maria.
5IÏSBQFVUF J’apprécie que vous m’expliquiez un peu à propos de ce qui est arrivé
et j’espère que vous voudrez bien encore parler avec moi. Il est curieux que vous
n’attendiez pas ma réponse. Je me demande si peut-être vous êtes inquiète que je
puisse essayer de vous enlever quelque chose. En fait, j’aimerais beaucoup mieux
comprendre votre position.
$FUUFQBSUJFEF.BSJFSFWJOUËMBWBOUQMBO
.BSJB FOUBOURVFDFUUFQBSUJF Lydia sait beaucoup plus de mon travail qu’elle ne
vous a dit. [Une expérience habituelle avec les patients dissociatifs : l’amnésie n’est pas
toujours aussi complète qu’il y paraît.] Elle prétend simplement qu’elle ne me connaît pas
parce qu’elle est honteuse. Mais elle était avec moi dans le passé quand j’étais avec des
hommes. Je couche avec eux. Je les blesse. Je devais prendre le relais parce qu’elle
n’était pas assez costaude. Elle n’aimait pas vraiment ça, mais moi si. C’est excitant et
au moins les gens me voient et m’écoutent ! Et maintenant je peux garder l’argent que
je me fais ; dans le passé ma mère prenait tout. Elle me vendait aux hommes – vous
saviez cela ? Maintenant, c’est moi le patron !
La thérapeute s’assit tranquillement avec Maria tandis que Lydia partageait avec elle
intérieurement quelques faits sélectionnés sur cette autre partie d’elle-même que Lydia
appelait « la Tigresse ». D’un côté, Maria fut choquée et consternée mais, d’un autre
côté, elle se demanda vaguement comment elle disposait d’argent tout le temps pour
acheter des livres et des vêtements coûteux. Elle semblait accepter la Tigresse plus que
cette partie ne le craignait.
La thérapeute continua à travailler pendant de nombreux mois avec la Tigresse et aida
d’autres parties à accepter cette partie de Maria. Dynamiquement, elle nota que Maria
en tant que Tigresse avait des problèmes majeurs d’attachement comme le besoin
d’« obtenir de l’attention des hommes » et de se sentir importante. Bien que Maria fût
en état de sous-activation et comme éteinte, la Tigresse était en état de sur-activation
et souvent fortement dérégulée.
Elle se débattait avec une solitude intense, l’ennui et la rage et l’amertume face à l’abus
précoce par sa mère. La Tigresse avait une forme d’addiction au sentiment d’être
puissante et en contrôle, une solide défense contre la vulnérabilité et la honte. Elle avait
une importante libido qu’elle utilisait agressivement, alors que Maria était complètement
dépourvue de tout désir sexuel. Lentement, au fil du temps, la Tigresse admit entendre
une voix de femme qui lui disait qu’elle était une putain et que c’était le seul travail
pour lequel elle était bonne. Cela la rendit furieuse, honteuse et effrayée. La thérapeute
suspectait que cette voix puisse être une partie imitant l’agresseur mais n’en était pas
certaine.
La thérapeute était aussi consciente de plusieurs parties enfant bloquées au temps du
trauma et qui étaient retraumatisées chaque fois que la Tigresse avait une relation
sexuelle avec un homme. La Tigresse admit qu’elle n’avait pas toujours le contrôle dans
son travail sexuel. Elle admit à contrecœur être parfois blessée parce qu’elle était
incapable d’utiliser un mot sûr, car la voix punitive intérieure l’empêchait de parler. De
cette façon, la patiente dans son ensemble rejouait ses expériences en tant qu’enfant
entre les parties d’elle-même.
Un tournant se produisit dans la thérapie quand la Tigresse réalisa que les parties enfant
étaient blessées par son travail car elle avait un cœur compassionnel sous son extérieur
dur et dédaigneux. Elle devint plus consciente que sa voix punitive intérieure la contrôlait
parfois, lorsqu’elle était si fière d’être complètement en contrôle. Elle expliqua à la
thérapeute qu’elle avait toujours voulu protéger les parties enfant et se venger pour
ce qui leur était arrivé. Elle quitta son job de dominatrice peu après la séance.
Finalement, la thérapeute put accéder à la partie imitant l’agresseur, qui était comme
la mère de Maria. Cela lui prit encore deux autres années mais cette partie qui ressemblait
à sa mère, développa graduellement plus de compassion et réalisa finalement qu’elle
était une partie de Maria.
Ce chapitre traite d’une série de sujets qui sont fréquemment amenés en consul-
tation et en supervision et qui représentent de sérieux défis dans le traitement.
Ils incluent la manière d’aider les patients avec leurs relations actuelles, la
parentalité, l’intimité, la sexualité et la victimisation actuelle et comment se
débrouiller lors de conflits dans l’équipe thérapeutique.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Dans certains cas, les symptômes dissociatifs peuvent interférer avec la parentalité mal-
gré les meilleurs efforts du patient. Le thérapeute devrait veiller à aider le patient dans ses
compétences parentales et sa gestion du stress et s’assurer que les enfants du patient sont
évalués si nécessaire.
Certains patients ont des parties enfant qui veulent jouer avec leurs enfants
réels. La seule manière acceptable est la présence complète et co-consciente
de la partie adulte en même temps que les parties enfant. De cette manière,
les parties enfant peuvent se réjouir de voir à quel point le patient est un bon
parent et comment des enfants peuvent se réjouir eux-mêmes dans un environ-
nement sécurisé. Les parties adulte peuvent aussi apprendre à être joueuses et
prendre conscience que le jeu ne doit pas être réservé aux enfants seulement.
Les parties enfant dissociatives d’un parent ne devraient jamais être en posi-
tion de contrôle direct en présence des enfants réels du patient.
L’âge d’un enfant peut être un déclencheur pour un parent qui a vécu des
événements traumatisants au même âge. Les parents peuvent être déclenchés
par le comportement de leurs enfants et glisser vers la colère ou vers des par-
ties dissociatives apeurées. Elles peuvent se sentir jalouses que l’enfant reçoive
davantage d’amour et de soin qu’elles n’en ont eu. Certains parents éprouvent
du dégoût à l’égard de leur enfant, une projection de leur honte déniée. Ces
comportements et sentiments peuvent aboutir à des comportements effrayants
ou effrayés de la part du parent, des types d’expériences qui peuvent mener à
un attachement désorganisé chez l’enfant si ceux-ci perdurent (Main et Hesse,
1990). D’autres parents trouvent guérison et rédemption dans le soin apporté
à des enfants vulnérables de manière positive et saine, en étant heureux de
CONCEPT CLÉ
Avant que les patients ne divulguent des informations sur leur histoire, leur diagnostic
ou leur traitement, les parties dissociatives devraient arriver à un accord intérieur sur ce
qui peut être partagé. Sans cela les patients peuvent ressentir une réaction intérieure
négative brutale.
Une question qui se pose à la fois au thérapeute et aux patients est celle
de la nécessité ou de l’utilité de partager le diagnostic avec un partenaire
ou un ami proche. Cela dépend de la situation de chaque patient. Les per-
sonnes étrangères à cette matière ne comprennent pas vraiment la nature
des troubles dissociatifs et le patient fera très certainement face à la possi-
bilité d’une combinaison de fascination, peur et stigmatisation. Cependant,
la plupart des gens peuvent capter le concept de stress post-traumatique par
empathie. Certains patients peuvent simplement raconter aux autres qu’ils
souffrent d’ESPT ou qu’ils sont aux prises avec des questions en lien avec
un trauma ou un abus enfant. Ils peuvent avoir besoin d’apprendre quels
types de questions les autres peuvent poser et s’ils souhaitent y répondre et
de quelle manière. Un jeu de rôle avec le thérapeute peut être d’un certain
secours. Il est important d’explorer ce que le patient souhaite gagner en par-
2.2. La confrontation
Certains patients veulent se confronter à leur abuseur. Ce débat est complexe
et on ne s’y hasardera pas tant que le patient n’aura pas obtenu la coopération
entre toutes les parties. Bien que les patients puissent croire que la confron-
tation est nécessaire ou les aidera, le contraire peut également être vrai. La
question n’est pas de savoir si la confrontation doit avoir lieu mais plutôt quel
résultat le patient souhaite obtenir de cette confrontation. Donc, le théra-
peute doit d’abord et avant tout aider les patients à comprendre leurs attentes.
« Qu’en attendez-vous ? Quelle est votre idée de la manière dont cela va se
passer ? Qui, à votre avis, pourrait être là ? Qu’imaginez-vous comme discours
de la part de votre père ou de votre mère ? Comment pensez-vous que vous réa-
girez si vous n’obtenez pas ce que vous en attendez ? Comment réagirez-vous
probablement s’ils sont dans le déni que quoi que ce soit s’est passé ? Quelle
sera votre attitude s’ils vous demandent de leur pardonner ? Et s’ils recon-
naissent les événements mais disent que tout cela, c’est du passé et qu’il faut
laisser tomber ? »
CONCEPT CLÉ
Les patients peuvent pardonner ou non à leurs abuseurs ; cela dépend des individus et ce
sujet devrait être amené en thérapie par le patient. Dans ce cas, le thérapeute devrait
soigneusement explorer ce que le pardon signifie pour le patient et si c’est ce que le pa-
tient désire et pour quelles raisons.
CONCEPT CLÉ
Les patients doivent être aidés à ressentir qu’ils ont un contrôle d’impulsion suffisant pour
permettre au thérapeute de travailler en toute sécurité avec les parties dissociatives
sexualisées. Il peut être important qu’une partie observatrice du patient soit coprésente
pendant que le thérapeute travaille avec ces parties.
Les patients doivent avoir une certaine confiance dans leur propre contrôle
d’impulsion pendant les séances et une confiance suffisante que le thérapeute
ne se montrera ni exploitant ni rejetant durant le travail avec des parties
sexualisées. Parfois, il est suffisant d’obtenir un accord à la fois du thérapeute
et du patient de s’asseoir à des places séparées et de ne pas se lever durant la
séance et de rappeler au patient qu’une partie du contrat thérapeutique est
de ne pas être sexuel l’un envers l’autre. Ce qui peut aider le patient, c’est
de l’assurer que, à deux, lui et le thérapeute ensemble, ils travailleront avec
cette partie dissociative et chercheront à comprendre, ancrer et guérir juste
comme pour n’importe quelle autre partie. Le thérapeute pourrait alors être à
même d’encourager la partie adulte du patient ou d’autres parties dissociatives
à travailler intérieurement avec la partie sexualisée, avec le thérapeute parlant
à cette partie. Ou le patient pourrait se sentir suffisamment en sécurité pour
permettre à la partie sexualisée de se manifester à l’avant-plan pour travailler
directement avec le thérapeute.
Cathy était une patiente de 36 ans avec un TDI, en traitement avec une femme
thérapeute. Elle avait une partie sexualisée âgée de 7 ans qu’elle appelait « Cat » qui
était perçue intérieurement comme portant des « vêtements adultes sexy » et du
« rouge à lèvres rouge ». Cette partie était visualisée comme une « petite pute » avec
les jambes écartées et un regard sensuel sur son visage. D’autres parties de Cathy
rejetaient cette partie sexualisée et étaient honteuses d’elle, croyant qu’elle souhaitait
être abusée et qu’elle avait provoqué l’abus par son comportement séducteur. Cathy
avait une longue histoire de promiscuité dans laquelle cette part dissociative jouait un
rôle dominant. Pendant des années, Cathy ne pouvait pas admettre avoir cette partie
et elle la conserva bien loin de la thérapie. Le seul signe de cette partie en séance
émergea lorsque Cathy voulut se frotter les lèvres avec un tissu de manière incessante,
essayant d’enlever le rouge à lèvres ou lorsque d’autres parties firent de vagues
références à la « pute ».
La thérapeute travailla avec toutes les parties de Cathy pour qu’elle comprenne et
accepte mieux Cat. Cathy voulut finalement prendre plus de risques en thérapie pour
obtenir de l’aide pour cette partie d’elle-même et ses parties plus punitives le permirent.
Lorsque Cat vint à l’avant-plan, la patiente commença à prendre une posture sexualisée,
écartant très légèrement les jambes avec un regard séducteur sur le visage. La thérapeute
eut un contact visuel et demanda à Cat de se redresser et de ramener ses jambes
ensemble, et elle demanda aux parties à l’intérieur d’aider Cat à maintenir une posture
appropriée. Elle fournit aussi à Cat une couverture pour mettre sur ses genoux et conclut
un accord selon lequel ni la patiente ni la thérapeute ne se lèveraient de leur siège
pendant la durée de la séance. La thérapeute reconnut qu’il était important de maintenir
la dignité et la sécurité de la patiente et de contenir un comportement inapproprié.
Cat fit plusieurs invitations sexuelles déplacées à la thérapeute qu’elle a fermement
mais gentiment déclinées, indiquant qu’il n’y aurait jamais de rapport sexuel mais qu’elles
avaient plutôt d’autres buts à atteindre ensemble. Ce but était de commencer à
comprendre Cat et de l’aider à lui faire prendre conscience qu’elle avait d’autres options
dans la vie. Elle demanda à Cat de regarder autour de la pièce et de voir si elle
reconnaissait où elle était. Cat ne le savait pas. Le thérapeute demanda aux parties à
l’intérieur, dont la partie adulte, d’aider Cat à s’orienter dans le présent et dans la thérapie.
Le regard sensuel sur le visage de Cat commença à se transformer en confusion. Elle
commença à vigoureusement se frotter les lèvres comme pour tenter d’enlever le rouge
à lèvres. Le thérapeute demanda si Cat pourrait être plus consciente des autres parties
intérieures et informer les différentes parties qu’elle ne souhaitait pas avoir du rouge à
lèvres. Cat déclara qu’elle détestait le rouge à lèvres et que l’agresseur lui en avait mis
avant de la donner à d’autres hommes. Ce fut la première fois que toutes les parties
de Cathy commencèrent à prendre conscience que peut-être Cat avait été forcée plutôt
qu’avoir désiré être abusée.
Au fil du temps, Cat fut capable de raconter son histoire – elle avait été utilisée dans
des films et des images pornographiques – et Cathy put commencer à l’accepter avec
compassion comme faisant partie de sa propre histoire. Les réalisations les plus
douloureuses vinrent quand Cathy put accepter qu’une partie de l’abus sexuel fut
ressenti comme agréable et que son agresseur était « super-chouette » avec elle quand
elle jouait bien son rôle dans les films. Elle prit conscience qu’elle avait tout à fait
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TBEPNBTPDIJTUF/JDLZ
Nicky était une patiente avec un TDI qui était fortement impliquée dans la sous-culture
BDSM. Son corps était couvert de centaines de piercings, tatouages et cicatrices de
scarifications. Une partie forte et adulte de Nicky, qu’elle appelait « Marcheur de feu »,
trouvait du plaisir dans le couplage de la douleur intense avec l’excitation sexuelle
Le thérapeute doit apprendre à accepter et tolérer les ressentis sexuels comme tous les autres
ressentis et les utiliser pour explorer ce qui arrive au patient dans le moment présent
CONCEPT CLÉ
Des processus parallèles, clivages et conflits dans l’équipe thérapeutique peuvent sérieu-
sement interférer dans un traitement adéquat. Il est essentiel que les buts thérapeutiques
soient partagés par tous les membres de l’équipe thérapeutique. Lorsqu’il y a un conflit
que l’équipe ne peut résoudre, il faudrait appeler un consultant.
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Angela était une femme de 40 ans avec TDI qui était en thérapie dans une clinique
ambulatoire du trauma. Elle avait une thérapeute individuelle, Laura, et aussi une
art-thérapeute, Jane, et elle participait à un groupe de thérapie comportementale
dialectique (DBT). Elle était en début de Phase 1 avec le but majeur de l’aider à se
stabiliser dans la vie quotidienne et arriver à accepter et tolérer ses parties dissociatives.
L’art-thérapie avait été ajoutée pour aider Angela à mieux s’exprimer car elle devait
souvent lutter pour trouver les mots. Elle utilisait aussi l’art pour entrer en contact
avec ses parties. Le groupe de DBT était adjuvant pour aider Angela à apprendre
davantage de comportements régulateurs. Cette approche d’équipe fonctionna bien
pendant six mois.
5. Victimisation en cours
Malheureusement, la retraumatisation à la fois dans des relations anciennes
et nouvelles n’est pas rare pour les patients dissociatifs (Kluft, 1990a, 1990d ;
Myrick, Brand et Putnam, 2013). Par une combinaison complexe de disso-
ciation, de détresse apprise, d’absorption et de remises en scène, les patients
chroniquement traumatisés sont souvent incapables de prendre garde aux
signaux de danger dans les relations menant à ce que Kluft (1990d) a appelé
le « syndrome du canard assis ». Beaucoup de patients sont empêtrés dans des
relations actuelles dans lesquelles survient un abus émotionnel, physique ou
sexuel. Certains sont abusés par d’autres professionnels, y compris des théra-
peutes, dans le présent. Une minorité de patients ont été abusés en continu
depuis leur enfance. Le sujet de la victimisation en cours est très complexe et
est plus commun que beaucoup ne le pensent (Boon, 2014, 1997a ; Middleton,
2013, 2014 ; Muyrick et al., 2013 ; Sakheim, 1996 ; Schwartz, 2000, 2013 ; Van
der Hart, Boon et Heijtmajer, 1997). C’est une chose de traiter des patients
sévèrement traumatisés mais c’est beaucoup plus difficile si le trauma continue
dans le présent. Les thérapeutes devraient toujours mener une enquête afin de
savoir si les patients sont maltraités d’une certaine manière dans leurs relations
actuelles et ne pas présumer qu’ils sont en sécurité.
Généralement, les comptes rendus de la victimisation actuelle peuvent
émerger graduellement pendant le cours de la thérapie, souvent avec des allu-
sions et des indices subtils mais sans aveu ouvert pendant longtemps. Lorsque
cela devient finalement clair dans la thérapie, les patients peuvent expéri-
menter une aggravation brutale des symptômes (automutilation en augmen-
tation ou suicidalité) car de la divulgation résulte une énorme ambivalence,
de la honte et de la peur. Ces patients peuvent (mais pas toujours) différer
des autres patients dans le fait qu’ils peuvent avoir davantage d’amnésie pour
leur passé et pour leur vie quotidienne actuelle. Ils peuvent montrer de plus
grands conflits, plus d’ambivalence à propos de la thérapie et de plus sévères
passages à vide ou de switchs vers une autre personnalité au cours des séances.
CONCEPT CLÉ
L’enchevêtrement courant avec des agresseurs d’enfants ou des réseaux criminels organi-
sés requiert de se centrer sur la sécurité. Le thérapeute doit être préparé à ces questions
complexes tout en restant ancré et centré sur les buts de la thérapie.
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute ne devrait pas supposer que les patients dissociatifs sont en sécurité dans
le présent car ils peuvent être revictimisés. Se renseigner spécifiquement sur la sécurité
dans le présent est important.
CONCEPT CLÉ
L’accent sur la sécurité et la stabilisation est une partie importante, de longue durée et
difficile du traitement des patients qui continuent à être abusés. Généralement, les in-
cursions dans le travail avec des souvenirs traumatiques devraient être reportées jusqu’au
moment où le patient est en sécurité.
5.4. Le contre-transfert
De tous les défis difficiles inhérents au traitement des patients qui continuent à
être victimisés dans le présent, le plus exigeant est peut-être la gestion d’un contre-
transfert intense. Les réactions des thérapeutes peuvent comprendre : fascina-
tion ou débordement par les détails crus de l’abus, urgence de sauver le patient,
croyance ou non-croyance sans esprit critique, collusion avec un patient dans une
folie à deux de peur et de paranoïa, échec à rester dans le processus plutôt que
dans le contenu ; ou bien rejet et retrait émotionnel de la part du patient. Les
thérapeutes peuvent s’engager avec le patient dans une escalade mutuelle de peur
de la rétorsion de la part des agresseurs et dans une croyance sans esprit critique de
tout ce qu’il dit. Le contenu devient primordial alors que le processus est ignoré
ou minimisé. Cela peut mener à briser le cadre du traitement et à violer les limites
lorsque les thérapeutes deviennent de plus en plus désespérés à sauver le patient, à
traquer l’agresseur et ainsi de suite. D’autres thérapeutes peuvent se trouver isolés,
refusant de discuter le cas avec des collègues de peur du ridicule ou de l’incrédulité.
Les thérapeutes peuvent être si débordés qu’ils développent une trauma-
tisation vicariante ou un burn-out (Saakvitne et Pearlman, 1996). D’autres
thérapeutes peuvent se méfier de tout ce que les patients leur disent en consi-
dérant que ce sont des récits farfelus ou histrioniques qui doivent être rejetés
ou ignorés autant que possible. Nous estimons obligatoire que les thérapeutes
consultent pour être soutenus lorsqu’ils ont un patient qui rapporte ou fait
allusion à une victimisation en cours.
6. Explorations supplémentaires
1. Comment interagissez-vous – si c’est le cas – avec les familles de vos
patients ?
2. Est-il facile de parler de sexualité avec vos patients ? Avez-vous vérifié
si les patients ont des fantasmes érotiques vous concernant ? Avez-vous
eu affaire à un transfert érotique et, si c’est le cas, comment vous êtes-
vous débrouillé avec cela ?
3. Avez-vous des patients également suivis par d’autres professionnels
pour leur traitement (clergé, art-thérapeute, thérapeute de couple ou
de groupe, etc.) ? Avez-vous des rencontres régulières avec l’équipe
thérapeutique ? Avez-vous jamais eu des conflits dans l’équipe théra-
peutique ? Si c’est le cas, comment les avez-vous gérés et comment
pourriez-vous faire différemment – si cela devait arriver dans le futur ?
4. Vous arrive-t-il de demander à un patient s’il est vraiment en sécurité
dans le présent ? Quels sont vos sentiments à l’égard des patients qui
continuent à être victimisés ? Comment imaginez-vous que cela puisse
affecter votre capacité thérapeutique ?
CONCEPT CLÉ
Le but principal du traitement des souvenirs traumatiques n’est pas la décharge d’émo-
tions intenses mais la réalisation. Même si l’émotion peut être intense, elle doit rester
dans la fenêtre de tolérance pour le patient dans sa globalité.
CONCEPT CLÉ
Il n’y a pas une seule bonne façon d’aider les patients à résoudre les souvenirs trauma-
tiques. Une diversité de méthodes apparaît efficace. Le thérapeute et le patient devraient
collaborer et déterminer la meilleure approche basée sur les préférences et la capacité
intégrative du patient.
Il n’y a pas une technique « bonne pour tout » dans le traitement du souve-
nir traumatique. Les questions du quand et du comment aborder les souvenirs
traumatiques sont des questions complexes étant donné que chaque patient
est relativement unique dans ses besoins. Les thérapeutes doivent établir une
évaluation soignée en consultation avec leur patient pour identifier quelles
approches sont les plus aidantes et à quel moment, tout en s’assurant que le
travail se situe dans la fenêtre de tolérance.
Bien qu’il existe beaucoup d’approches et de techniques pour le traitement
des souvenirs traumatiques, il est de première importance que le thérapeute
comprenne ce qui doit être fait pour que les patients intègrent ces souvenirs.
Le travail avec la mémoire traumatique nécessite à la fois des changements
physiologiques et psychologiques, qui ne peuvent être séparés. Les souve-
nirs traumatiques n’ont pas les mêmes corrélations psychobiologiques que la
mémoire narrative. Ils comprennent des systèmes d’action de défense chroni-
quement sur-activés qui doivent être désactivés. Dans le même temps, les effets
psychologiques de la non-réalisation doivent être pris en compte.
CONCEPT CLÉ
La synthèse est le partage des souvenirs traumatiques entre les parties dissociatives et
l’accès à la perspective de chaque partie vis-à-vis du souvenir. C’est une étape unique
dans la Phase 2 du traitement des patients dissociatifs.
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Les phobies liées au trauma doivent être dans une certaine mesure dépassées avant que
ne commence le travail sur les souvenirs traumatiques. La présence de ces phobies in-
dique que le patient n’a pas encore les aptitudes et la capacité intégrative pour intégrer
les souvenirs traumatiques.
CONCEPT CLÉ
Il est essentiel d’obtenir un accord entre les parties dissociatives pour que le travail sur la
mémoire traumatique puisse débuter. C’est une étape indispensable de préparation. Faute
de cela, un contrecoup peut survenir avec une déstabilisation potentielle du patient.
• La vie du patient est-elle relativement stable et sans crise régulière ? Les périodes de
crise ou les grands changements réclament de l’énergie, ce n’est donc pas le moment
pour le patient de s’engager dans un intense travail sur la mémoire. Ceci dit, les sou-
venirs traumatiques sont souvent provoqués par des changements et un moment de
crise et le thérapeute peut aider le patient à les contenir jusqu’au moment adéquat.
Cependant, il existe des occasions appropriées pour intégrer le souvenir et il est impor-
tant de les saisir. Par exemple, si une patiente se blesse lors de la reviviscence d’un
souvenir et qu’elle a, en général un haut niveau de capacité intégrative, intégrer le
souvenir pourrait être essentiel de façon à arrêter l’autodestruction.
• Le patient et le thérapeute peuvent-ils dresser un plan de collaboration spécifique
à propos de la façon et du moment opportun pour travailler les souvenirs trauma-
tiques ? Comme noté ci-dessous dans la section sur la préparation, la première étape
dans le traitement des souvenirs traumatiques ne se fait pas de façon spontanée
mais requiert une planification soigneuse.
• Le thérapeute a-t-il été capable d’amener les parties imitant l’agresseur à un stade
où elles peuvent consentir à ce que le travail avec certains souvenirs traumatiques
puisse être entrepris ? Ce travail est essentiel pour prévenir des contrecoups majeurs
en réaction à la révélation de souvenirs traumatiques.
• La partie principale du patient qui se présente (habituellement une partie adulte)
a-t-elle la capacité de prendre conscience au moins en partie que le trauma s’est
produit ? C’est souvent une indication que le travail peut se réaliser.
• Y a-t-il une communication explicite entre les parties fixées au temps du trauma et
les parties qui assurent le fonctionnement dans la vie quotidienne ? Si c’est le cas, y
a-t-il de la compassion entre ces parties ? Plus la communication est sereine et
constructive, plus grande est la compassion intérieure, meilleur est le travail avec les
souvenirs traumatiques car il y a des efforts de collaboration pour se réguler et se
calmer.
• Le patient (ou les parties impliquées dans le travail avec les souvenirs traumatiques)
a-t-il la capacité de rester ancré et présent jusqu’à un certain point lorsque les sou-
venirs traumatiques émergent ?
• Y a-t-il un conflit crucial vrai-faux entre les parties à propos du passé ? En d’autres
termes, est-ce que certaines parties attestent du trauma tandis que d’autres en
contestent l’existence ? Si tel est le cas, cela pourrait nécessiter une plus grande réso-
lution avant que le travail sur la mémoire traumatique ne commence. Le thérapeute
peut aider le patient à développer une certaine acceptation et une compassion envers
le fait que toutes les parties souffrent à leur manière, quelle que soit la cause de leur
souffrance. Ou peut-on éventuellement tomber d’accord sur le fait que certains sou-
venirs parlent de faits établis tandis que d’autres peuvent être encore débattus. Le
passé pourrait alors être le centre du traitement. Il est impératif que le thérapeute ne
prenne pas parti dans ce conflit qui appartient au patient en tant qu’entité.
TABLEAU 20.1
Considérations sur l’approche du traitement
des souvenirs traumatiques
CONCEPT CLÉ
CONCEPT CLÉ
Les flash-back qui créent une crise peuvent avoir dans certains cas une fonction straté-
gique additionnelle de recherche d’un attachement pour obtenir de l’attention de la part
du thérapeute (ou d’autres personnes). Les thérapeutes devraient être conscients du
contexte situationnel et relationnel des flash-back, en plus du contenu des souvenirs.
Le thérapeute de Yolande s’est aperçu que ses flash-back survenaient toujours à la fin
des séances. Ce n’était pas un acte conscient de la part de la patiente et c’était parfois
dû à la réticence de Yolande à se débrouiller avec le matériel douloureux jusqu’à la
dernière minute. Un regard attentif révéla toutefois que Yolande tendait à avoir
davantage de flash-back lorsque surgissait la crainte d’être seule. Le flash-back servait
partiellement à maintenir l’attention du thérapeute et à prolonger la séance. Les flash-
back étaient quelque peu contenus en aidant Yolande à se sentir plus connectée
lorsqu’elle quittait la séance. Le thérapeute l’encouragea à établir des contacts avec les
autres pendant la semaine et à prendre du temps pour soutenir les parties intérieures.
Elle fut encouragée à imaginer une figure idéale. Yolande était capable de réconforter
une partie enfant d’elle-même qui se sentait seule, ce qui réduisit aussi les flash-back.
Le souvenir traumatique
Les conflits et les menaces
La phobie du souvenir traumatique
La phobie des parties dissociatives
La phobie de l’expérience interne
FIGURE 20.1
Les résistances à l’intégration des souvenirs traumatiques
&YFNQMFEFDBTEFNFOBDFTJOUFSOFTDPOUSFMFSÏDJU5IPNBT
Thomas a raconté à son thérapeute qu’à l’âge de 10 ans il avait été abusé sexuellement
par son voisin quand il vivait chez sa grand-mère depuis à peu près six semaines.
Dans la séance suivante, il confia avoir développé un tic : lorsqu’il était à l’extérieur,
sa tête faisait un mouvement incontrôlable : il la tournait soudain aussi loin que
possible comme s’il voulait regarder derrière lui. Lorsque le thérapeute explora le tic
avec Thomas, ils trouvèrent que c’était le comportement répétitif d’une partie enfant
terrifiée bloquée au temps du trauma, cherchant derrière lui l’agresseur. La partie
enfant effrayée signalait que l’agresseur lui avait dit : « Ne t’avise pas d’en parler à
qui que ce soit, parce que où que tu sois et quoique tu fasses, je le saurai et je viendrai
pour te tuer. » Une fois que Thomas devint conscient de la menace, il put aider la
partie enfant à prendre plus conscience du présent, du fait qu’il était en sécurité, le
tic cessa.
3. Explorations supplémentaires
1. Comment vous sentez-vous pour aider les patients à travailler les sou-
venirs traumatiques ? Êtes-vous hésitant ? Si oui, pourquoi ? Discutez
de vos sentiments avec vos collègues.
2. Avez-vous eu l’expérience d’un patient qui a travaillé la mémoire trau-
matique trop tôt et qui a été submergé ? En ayant un regard rétrospectif
sur votre expérience, qu’auriez-vous pu faire différemment pour aider à
contenir le souvenir ou le garder à l’intérieur de la fenêtre de tolérance
du patient ?
3. Croyez-vous toujours les souvenirs traumatiques de vos patients ? Êtes-
vous parfois sceptiques ? Comment vous débrouillez-vous avec le fait
de ne pas croire le patient, si vous avez eu cette expérience ? Comment
pouvez-vous être dans la compassion à l’égard d’un patient si dans le
même temps vous êtes dubitatif sur le souvenir ?
4. Quelles théories avez-vous sur la nature des souvenirs traumatiques et
comment vous affectent-elles dans votre pratique thérapeutique ?
CONCEPT CLÉ
TABLEAU 21.1
Les approches de traitement du souvenir traumatique
chez les patients dissociatifs
CONCEPT CLÉ
1.1. La préparation
Des séances planifiées et prolongées de 75 ou 90 minutes peuvent être utiles, non
pas pour augmenter l’intensité ou la durée des vécus mais plutôt pour fractionner
plus lentement les souvenirs traumatiques en vue d’une synthèse adéquate et d’une
prise de conscience ainsi que pour laisser au patient beaucoup de temps pour se
ré-ancrer et se réorienter complètement dans le présent. Kluft (1991, 2013) a noté
que la préparation devrait survenir précocement dans le premier tiers de la séance
ou même avant ; la synthèse dans le second tiers et l’ancrage, l’orientation et le
travail cognitif dans le troisième tiers. Le travail débutant trop tard dans la séance
va probablement laisser le patient submergé à la fin, d’autant qu’il n’y a pas assez
de temps pour clôturer. Il est essentiel de terminer la séance de synthèse à temps,
parce que cela donne au patient un sentiment de contenance.
CONCEPT CLÉ
La synthèse guidée devrait débuter avec un thérapeute et un patient (et ses parties disso-
ciatives) bien présent et ancré.
Les décisions sur les parties participantes. Planifier implique aussi des
décisions concernant les parties qui peuvent et devraient participer. Il existe
une différence majeure dans le travail sur les souvenirs traumatiques avec les
patients dissociatifs et ceux qui ne le sont pas. Certains patients, mais sûre-
ment pas la majorité, ont une capacité intégrative telle que toutes les parties
participent simultanément. Quand un patient a un TDI et une vie quotidienne
exigeante qui pourrait s’effondrer – par exemple, un travail hautement qualifié
ou l’éducation de plusieurs enfants –, la partie ou les parties qui fonctionnent
dans la vie quotidienne peuvent être laissées en dehors du travail. Elles peuvent
éventuellement être capables de regarder à une distance « respectable » lors de
la synthèse. Ce qui permet de donner davantage de temps pour construire une
capacité intégrative des parties adulte. Cependant, les barrières dissociatives
ne tiennent pas toujours, de sorte que le travail devrait être fractionné pru-
demment jusqu’à ce qu’on puisse déterminer ce que ces parties peuvent tolérer.
Lorsque le moment est propice, le thérapeute doit être capable d’aider les par-
ties à réaliser que ces souvenirs leur appartiennent également.
CONCEPT CLÉ
Les souvenirs traumatiques contiennent des noyaux pathogènes, c’est-à-dire des expé-
riences, des émotions, des sensations ou des croyances qui furent les plus accablantes. Il
faut que le patient y ait accès, en prenne conscience et les intègre pour que le traitement
des souvenirs traumatiques soit efficace.
CONCEPT CLÉ
L’écran divisé. La technique de l’écran divisé (p. ex., Kluft, 2013 ; Spiegel,
1981 ; Spiegel et Spiegel, 1978) comprend deux écrans côte à côte, l’un qui
montre un souvenir traumatique et l’autre une image d’un lieu sécurisé et
serein. Si le patient devient trop dérégulé, l’image sécurisée est superposée et
efface le souvenir traumatique. Cela procure une sorte de balancement entre
la régulation et la dérégulation (Levine et Frederick, 1997).
&YFNQMFEFDBTEVOEÏCVUEFTZOUIÒTF
BWFDMBfin EVOÏWÏOFNFOU-VDJF
Lucie, une patiente avec un TDI et une histoire d’abus particulièrement horrible, avait
besoin d’intégrer un souvenir traumatique qui incluait la croyance qu’elle allait mourir
(pendant le trauma). Lucie pensait qu’une partie enfant était morte quand elle perdit
connaissance durant l’abus et était donc catégorique dans son refus d’effectuer la
synthèse guidée, croyant que cette partie mourrait chaque fois qu’elle revivrait
l’événement. Le thérapeute fut capable de s’arranger avec les autres parties de telle
sorte qu’elles pourraient synthétiser d’abord la façon dont cet événement avait pris fin,
ce qui incluait, bien sûr, un sentiment puissant que la patiente avait survécu au supplice.
Suite à une synthèse réussie de la fin de l’expérience, le travail put en effet être réalisé
sans le vécu de la « mort » au préalable.
CONCEPT CLÉ
Il n’y a pas une seule bonne voie pour aider les patients dissociatifs à intégrer les souvenirs
traumatiques et chaque patient peut avoir besoin de différentes approches. Dans chaque cas,
le thérapeute doit collaborer avec les patients pour trouver ce qui fonctionne pour eux plutôt
que d’essayer de traiter les souvenirs traumatiques avec une seule technique ou approche.
Les approches additionnelles. Certains patients ont trouvé que l’EMDR stan-
dard les avait aidés, tandis que d’autres n’aiment pas la stimulation bilatérale ou
décompensent sauf si des approches beaucoup plus titrées sont utilisées comme le
bout du doigt (Gonzalez et Mosquera, 2012). Des techniques hypnotiques sont très
aidantes pour la plupart des patients et, en fait, les approches les plus titrées s’ap-
puient sur ces techniques qu’elles soient reconnues ou non comme telles.
&YFNQMFEFDBTPáUPVUFTMFTQBSUJFTQBSUJDJQFOU
ËVOFTÏBODFEFTZOUIÒTF&EEZ
Eddy, un patient très performant, avec un trouble dissociatif atypique, avait établi une
excellente coopération et communication entre la majorité de ses parties dissociatives
en utilisant son propre concept spirituel de totalité et d’unité comme un paradigme
de restructuration empathique de son monde intérieur. Après 18 mois de stabilisation,
il s’est senti prêt pour l’approche d’un souvenir très douloureux et honteux d’abus
sexuel par une tante, où ils furent pris sur le fait et pour lequel il fut blâmé. Il imagina
toutes ses parties assises dans la pièce de la thérapie. En utilisant cette image, il donna
une pierre à chaque partie comme signe de rappel du présent et ensuite chaque partie
fit part d’une partie du souvenir aux autres parties.
Tout au long de la séance d’Eddy, une échelle d’unités subjectives de perturbation
(SUDs) de 0 à 10 fut utilisée afin qu’il puisse indiquer le niveau de stress du point de
vue de n’importe quelle autre partie de lui-même. Ceci permit au thérapeute et au
patient, en étroite collaboration, de maintenir un niveau d’activation supportable pour
toutes les parties. Pendant la synthèse, le patient eut d’intenses sentiments et sensations
mais pas au-delà de ce que chaque partie put tolérer. À la fin de la séance, toutes les
parties en étaient arrivées à reconnaître : « Cela m’est arrivé et ce n’était pas ma faute,
même si j’ai été blâmé. »
&YFNQMFEFDBTEFUSBJUFNFOUEVOTPVWFOJSUSBVNBUJRVF
EBOTMBQTZDIPTFEJTTPDJBUJWF$FMJB
&YFNQMFEFDBTEFTZOUIÒTFHVJEÏF&WB
Eva, une femme de 32 ans avec un état dissociatif atypique, nous est adressée après
que son compagnon l’ait quittée avec un petit bébé. Cette rupture a été un point
d’effondrement pour elle : elle a décompensé et a été plongée dans des souvenirs
d’abus. Elle travaillait comme infirmière de nuit et fut incapable de poursuivre son
travail. Eva eut besoin de quatre ans de travail de stabilisation avant d’être prête pour
entamer le travail de la Phase 2. Durant ces quatre années, elle débuta une toute
nouvelle vie, en assumant sa parentalité, changeant d’appartement, organisant ses
dépenses, trouvant un nouveau travail et une solution de garderie pour sa fille. Comme
la partie principale fonctionnait dans la vie quotidienne, Eva eut à surmonter la phobie
des autres parties et apprit à coopérer au niveau interne. Au début, elle insista sur le
fait qu’elle savait tout de l’abus et qu’elle ne voyait pas la nécessité de travailler autour
de ses souvenirs traumatiques. Cependant, après plusieurs années, elle réalisa que même
si elle était bien plus capable de moduler ses émotions et ne perdait plus de temps
ou ne se montrait plus autodestructrice, les souvenirs traumatiques la ramenaient dans
le passé, spécialement la nuit. Elle surmonta progressivement sa phobie des souvenirs
traumatiques, prenant conscience que des parties plus jeunes continuaient à souffrir
aussi longtemps qu’elles restaient en dehors de toute intégration. Elle était très motivée
à devenir « meilleure mère que la mienne » et voulait s’approprier son trauma pour
être totalement présente pour sa fille.
Eva était capable elle-même de décrire plusieurs épisodes d’abus commençant à 4 ans
et jusqu’à sa quinzième année. Comme jeune enfant, elle fut abusée par un oncle
lorsque sa mère et elle vivaient chez les parents de la mère. Elle avait aussi des souvenirs
effrayants de sa mère qui avait des explosions de colère extrême quand Eva était très
jeune. Sa mère trouva un nouvel amant quand Eva eut 5 ans et elle la laissa avec ses
3. Résumé
Il existe beaucoup de manières différentes d’aider les patients à intégrer les
souvenirs traumatiques. Le thérapeute et le patient ensemble ont besoin de
prendre des décisions éclairées sur les approches qui donneront vraisembla-
blement le plus de résultats efficaces et rencontreront les besoins du patient.
Un indicateur important du traitement réussi est l’élimination des symptômes
ESPT en relation avec les souvenirs qui ont été intégrés. Souvent, la par-
tie la plus difficile de l’intégration des souvenirs traumatiques est la prise de
conscience progressive que ces événements ont eu lieu et ont profondément
influencé la vie des patients au cours du temps. Cette personnification et cette
présentification vont croissant et sont atteintes tout au long de la Phase 3, qui
est décrite dans les chapitres 22 et 23. Beaucoup de patients doivent faire le
deuil de ce qu’ils ont perdu.
CONCEPT CLÉ
L’intégration des parties dissociatives favorise un sens de soi cohérent qui est fiable et peut
s’adapter quels que soient le moment ou les situations. Les patients n’auront plus à vivre
des symptômes dissociatifs comme l’amnésie, le passage d’un état à un autre, l’audition
de voix ou une influence passive.
CONCEPT CLÉ
Les patients peuvent résister à l’intégration des parties parce qu’ils ont peur de ces parties
et des vécus intérieurs qui leur sont liés, parce qu’ils sont effrayés par le changement,
qu’ils craignent un changement ou sont fortement attachés aux parties comme des enti-
tés séparées avec lesquelles ils sont en relation. Ces résistances doivent être résolues
avant toute intégration des parties.
Le thérapeute peut dire quelque chose du genre : « Je sais que c’est difficile
à imaginer pour vous mais beaucoup de gens ont découvert que c’est tout à fait
naturel et bon pour toutes les parties de se retrouver ensemble lorsque c’est le
bon moment pour elles. Elles vivent cela comme quelque chose de tout à fait
positif et aidant. Les parties sont confortables avec cela. Vous pouvez prendre
votre temps et vous retrouver juste là où vous êtes en ce moment, sans avoir
besoin de vous faire du tracas à ce propos. Quand vous serez prête, nous nous
en occuperons ensemble, tout comme nous faisons avec tout ce à quoi nous
devons faire face en ce moment. Nous sommes une équipe et vous avez le
choix. Mais pour l’instant, nous sommes d’accord de nous centrer sur l’aide à
apporter aux parties pour vous sentir bien et pour qu’elles travaillent ensemble
de manière plus efficace. Ainsi, chaque partie de vous peut acquérir davantage
ce dont vous avez besoin dans votre vie. »
CONCEPT CLÉ
Les traumas non résolus et les parties dissociatives cachées. Deux raisons
principales de l’évitement de la fusion ou de l’unification sont la présence d’un
trauma non résolu ou de parties dissociatives qui ne sont pas encore connues
du thérapeute (et souvent du patient) qui indiquent toutes deux de sévères
phobies.
&YFNQMFEVODBTEÏNFSHFODFEFTQBSUJFTDBDIÏFT3FOÏF
Renée, partie adulte du patient qui fonctionne dans la vie quotidienne, a accompli un
travail colossal en acceptant une partie enfant très colérique et têtue et cette partie
enfant est devenue progressivement plus coopérante au cours d’une longue période
CONCEPT CLÉ
Être ensemble, l’intégration temporaire de deux parties ou plus, peut être un premier pas
important pour atteindre l’intégration permanente de ces parties. De cette façon, les
patients peuvent pratiquer l’intégration et sont capables d’expérimenter à quoi cela res-
semble avant de décider qu’elle est en fin de compte une aide pour eux.
1.3. La fusion
La fusion est l’intégration de deux parties ou plus du patient et peut survenir
spontanément ou intentionnellement (Kluft, 1993b).
Les fusions spontanées. Certains patients attestent de fusions spontanées
au cours de la Phase 1 et de la Phase 2 : « Il semble qu’il y ait beaucoup moins
de voix intérieures, j’avais 15 parties et maintenant j’en ai 8. Je me demande
ce qui est arrivé ? » Cela survient de manière naturelle et c’est un signe que
la thérapie va bien et se consacre aux raisons pour lesquelles la dissociation
continue à exister. Le thérapeute peut rassurer les patients en leur disant que
c’est normal et en écoutant tous les soucis qu’ils pourraient avoir. La plupart
des patients s’en rendent compte rapidement.
La fusion est habituellement la plus réussie entre les parties qui se res-
semblent le plus (comme un groupe de parties enfant) ou entre une partie
adulte très compassionnelle et une partie enfant. Dans le cas des troubles dis-
sociatifs atypiques, la fusion ou l’unification peuvent survenir plus facilement
que dans le TDI. Par exemple, une patiente avec un trouble dissociatif aty-
pique « adopta » toutes ses parties jeunes quand elle était à la maison – c’est-à-
dire en les intégrant – et le raconta au thérapeute. En dépit des stress survenant
dans sa vie quotidienne, elle resta intégrée. Plus grandes sont les différences et
plus grands sont les conflits entre les parties et plus c’est un challenge de mener
à la fusion.
CONCEPT CLÉ
Le thérapeute devrait prendre un temps conséquent pour aider le patient à explorer les
raisons de l’échec du maintien de l’intégration. Il doit lui apprendre à reconnaître les
déclencheurs et être proactif dans la stabilisation des gains de l’intégration.
2. Résumé
L’intégration des parties est une longue aventure et constitue le but princi-
pal du traitement des troubles dissociatifs complexes. L’intégration peut être
graduelle ou rapide, spontanée ou planifiée, temporaire ou finalement perma-
nente. Beaucoup de patients accomplissent une intégration complète de leurs
parties, c’est-à-dire l’unification, tandis que d’autres non. Beaucoup de voies
mènent vers l’unification, et thérapeute et patient doivent trouver les voies qui
marchent le mieux pour eux.
Une intégration plus poussée de la personnalité du patient ne s’arrête pas à
l’unification. Comme signalé, la réorganisation est permanente et se poursuit
tout au long du cours de la vie. Le patient a besoin de temps pour établir de
nouveaux schémas, des plus simples aux plus complexes. Vivre de manière
moins divisée requiert de nouvelles façons de penser, de ressentir, d’être et
d’entrer en relation. La thérapie peut se poursuivre avec les problèmes de la
Phase 3, qui seront discutés dans le chapitre suivant.
3. Explorations supplémentaires
1. Quelles sont vos pensées au sujet de l’intégration des parties dissocia-
tives par le patient ou leur maintien comme un groupe fonctionnant
de manière cohésive ? Que voyez-vous comme supporters et adversaires
d’une intégration incomplète ?
2. Quelles sont vos expériences avec des patients qui ne souhaitent pas
intégrer leurs parties ?
3. Quelles sont vos expériences avec des patients qui ont mis ensemble
des parties ou ont fusionné au moins une partie d’eux-mêmes ?
4. Certains patients vivent des changements physiologiques avec intégra-
tion des parties ; par exemple, en voyant ou en entendant plus claire-
ment. Qu’est-ce qui cause ces changements selon vous ?
5. L’intégration, c’est ce que nous faisons tout le temps. Pensez-vous que
l’intégration des parties dissociatives soit l’unique moyen d’intégra-
tion ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
Ce travail n’est pas pour les petites natures. Mais j’y suis arrivé
et je suis vivant et plein de vie. Je vais bien. Est-ce que cela valait
la peine ? Je me suis tiré de l’enfer. Ouais, cela valait la peine.
Un patient anonyme à la fin de sa thérapie
Étant donné qu’il est fortement centré sur la vie quotidienne et les relations,
le travail de la Phase 3 se réalise en boucle tout au long de la thérapie. Il y a
d’abord l’unification toujours en cours des parties dissociées mais, en plus, cette
phase implique un travail de deuil, un sentiment de soi sain et solidifié, l’amé-
lioration des relations et bien d’autres sujets. Des incursions dans le traitement
de la mémoire traumatique continueront de temps en temps et il y aura même
parfois un retour occasionnel à la stabilisation.
À cette étape de la thérapie, les patients ont généralement une capacité
intégrative bien plus grande que précédemment et donc leur capacité à la réa-
lisation s’accroît. En effet, ils ont le sentiment que leur vie leur appartient bien
davantage tout autant qu’augmente leur capacité à être plus dans le présent.
En général, les patients sont davantage centrés sur l’expérience du présent et
sur l’amélioration de la qualité de leur vie avec moins d’énergie investie dans
le passé. Avec un peu de chance, ils sont de plus en plus capables de faire face
aux défis de leur vie. Les patients trouvent généralement leur vie meilleure en
Phase 3, comme l’un d’entre eux le notait :
« Je n’ai jamais cru que je pourrais passer de “l’autre côté” et même que je
pourrais imaginer qu’il y avait une meilleure place pour moi avant ma mort.
Je ne sais pas exactement comment je suis arrivé là. C’est seulement quand
CONCEPT CLÉ
Au fur et à mesure que les patients intègrent les parties dissociatives, ils doivent ajuster
leur vie à une vie sans dissociation en s’appropriant de plus en plus leur vie quotidienne
et en se focalisant moins sur le passé.
2. Faire le deuil
Le deuil réel est une partie intégrante de l’adaptation à la réalité. En fait, nous
pensons que l’échec du deuil est une forme particulière de non-réalisation. Le
deuil est essentiel parce qu’il est un processus de reconnaissance de la perte, en
lâchant prise sur le besoin de changer ce qui ne peut être changé et en allant
de l’avant (Herman, 1997 ; Van der Hart et al., 2006.). Cela ne peut pas être
un processus tranquille ou rapide.
CONCEPT CLÉ
L’échec du deuil, de ce qui était et qui ne peut plus être, est une non-réalisation qui doit
être surmontée au cours du traitement.
CONCEPT CLÉ
Les thérapeutes peuvent aider les patients à changer et s’adapter, en explorant avec
compassion les conflits et les craintes liés à ce changement et en les encourageant à faire
de petits pas à la fois.
&YFNQMFEVDBTEF%POOBTVSNPOUFSMBQIPCJFEVDIBOHFNFOU
Donna était une patiente qui commençait à peine à être plus socialisée. Elle voulait
débuter des études artistiques mais avait de nombreuses craintes : « Qu’arrivera-t-il si
je ne peux y arriver ? Qu’arrivera-t-il si les gens pensent que c’est mauvais ? Qu’arrivera-
t-il si pour finir je n’aime pas cela ? » Donna discuta de ses peurs avec le thérapeute
qui l’aida à réaliser qu’elle pourrait abandonner ses études si elle ne les aimait plus ou
si elle se sentait trop submergée. Ils décidèrent qu’elle demanderait à assister/observer
un cours avant de s’inscrire. Le professeur d’art accepta sa demande et Donna apprécia
ce cours. Ce petit pas lui donna la liberté d’essayer ces études. Donna passa un moment
extraordinaire et s’inscrivit ultérieurement à un autre cours et établit finalement des
relations durables avec le professeur d’art et un autre élève de la classe.
Dans la Phase 1, les patients ont souvent combattu sans beaucoup de succès
pour accepter avec compassion leurs corps et le soigner. À partir du moment où
la majorité de leurs souvenirs traumatiques et de leur honte a été dépassée, cela
devient plus facile pour eux de vivre des sensations corporelles avec davantage
de plaisir. Les thérapeutes peuvent les encourager à prendre note plus souvent
de ce qui survient dans leur corps, à vivre des sensations physiques sources de
5. La crainte de guérir
De nombreux patients portent une peur secrète de guérir (Van der Hart et al.,
2006). Non pas parce qu’ils souhaitent continuer à souffrir mais parce qu’ils
sont craintifs de ce que cela pourrait signifier. Ils ont souvent des croyances très
irréalistes quant à l’idée de « guérir ». Certains pensent que cela veut dire que
les autres personnes ne les aideront plus et qu’ils doivent songer à se débrouil-
ler par eux-mêmes pour tout. D’autres ont peur de ne plus jamais s’améliorer
et qu’ils ne pourront plus alors revenir en arrière vers quelque chose de plus
familier, quelque chose sur lequel ils se sont appuyés toute leur vie. Certains
ont peur que cela change qui ils sont.
Les patients en Phase 3 commencent surtout à réaliser que la thérapie finira
par se terminer de telle sorte que l’idée d’aller mieux se couple à la peur de perdre
le thérapeute. Cette peur est très importante à traiter car il n’y a pas de promesse
que le thérapeute soit toujours là. Dans les traitements à long terme, la relation
thérapeutique est généralement devenue très importante tant pour le patient
que pour le thérapeute. Pour certains patients, cela peut être la première relation
saine ; pour d’autres, cela peut avoir été leur seule relation saine. Un transfert
intense (et un contre-transfert) peut sourdre et ce n’est pas toujours complète-
ment résolu au moment où le traitement atteint son terme. Idéalement, il fau-
drait que la résolution du transfert survienne. Les patients ont besoin d’être aidés
pour envisager d’une manière ou d’une autre comment ils pourraient gérer leur
vie sans un contact régulier avec leur thérapeute. Les thérapeutes, aussi, peuvent
être très attachés à leurs patients et trouvent douloureux de les laisser partir. Ce
n’est pas seulement le patient qui doit faire le deuil de la thérapie.
6. La fin du traitement
Les thérapeutes ont une responsabilité éthique à terminer le traitement lors-
qu’il n’est pas nécessaire ou possible plus longtemps ou lorsqu’il n’aide pas
(Barnett, MacGlashan et Clarke, 2000 ; Vazquez, Bingham et Barnett, 2008).
CONCEPT CLÉ
Terminer n’est pas uniquement la fin de la thérapie. C’est une intervention majeure qui
peut aider en soi le patient à continuer à grandir et à se développer au cours de sa vie.
• Toutes les parties ont-elles été intégrées et le trouble dissociatif n’existe-t-il plus ? Si
le patient est déterminé à maintenir des parties séparées, le thérapeute devrait dis-
cuter sérieusement sur les options et les mises en garde, incluant la possibilité de
retourner en thérapie pour la poursuite du travail.
• Le fonctionnement du patient est-il optimal dans la situation actuelle ?
• Le patient a-t-il été capable de développer et de maintenir au moins certaines rela-
tions et faire usage de certaines habiletés sociales ?
• Le patient est-il capable de mentaliser ?
• Le patient est-il capable de moduler des émotions normales dans la vie quotidienne ?
• Le patient a-t-il une forme significative de compassion pour lui-même ?
• Les souvenirs traumatiques principaux sont-ils intégrés ?
• Le patient est-il capable de se consoler lui-même et de demander de l’aide si néces-
saire ?
• Le patient est-il capable d’être suffisamment présent pour fonctionner relativement
bien dans la vie quotidienne ?
• Le patient est-il capable de vivre des émotions et des expériences positives au moins
à certains moments ?
TABLEAU 23.1
Les facteurs qui déterminent la fin
7. Explorations supplémentaires
1. À quoi ont ressemblé vos propres expériences de deuil précédentes ?
Qu’est-ce qui vous a aidé à aller de l’avant ? Comment votre propre
affect de deuil vous a-t-il aidé à être capable de vous comporter face à
un patient endeuillé ?
Autoquestionnaires de dépistage
Échelle des expériences dissociatives II
(DES Dissociative experiences scale II)
(Carlson & Putnam, 1993)
Interviews de diagnostics
Examen de l’état mental pour la dissociation
(Office Mental Status Exam for Dissociation)
(Loewenstein, 1991a)
Additionnez les chiffres d’une colonne pour obtenir un sous-total pour la par-
tie 1, puis pour la partie 2. Additionnez les deux totaux partiels pour obtenir une
note totale. Le score total varie de 0 à 256. Plus le score est élevé, plus le pronos-
tic ou les progrès du traitement au fil du temps est mauvais. Lorsque le traitement
progresse, le score devrait diminuer avec le temps, à mesure que les symptômes
s’atténuent et que les patients apprennent plus de compétences efficaces.
Veuillez noter que la notation de la partie 2 est inversée par rapport à celle
de la partie 1.
Pronostic et échelle de cotation du progrès dans le traitement des troubles dissociatifs 555
PARTIE 1
Score Score Score Score Score
de départ Temps 2 Temps 3 Temps 4 Temps 5
Date : Date : Date : Date : Date :
Dissociation
Amnésie du présent
Amnésie du trauma
(du passé)
Déréalisation ou
dépersonnalisation
chronique
Dissociation
somatoforme
Influence passive
(par exemple, les voix,
sentiments ou
comportements
fabriqués)
Conflits sévères
entre les parties
Switchs fréquents
entre les parties
Très investi dans
le Diagnostic TDI
Comorbidité
État de stress post-
traumatique significatif
Trouble de l’humeur
significatif
Trouble de personnalité
significatif
Trouble psychotique
significatif
Trouble du
développement
(p. ex. retard mental,
spectre autistique)
Trouble d’abus
de substance persistant
Pronostic et échelle de cotation du progrès dans le traitement des troubles dissociatifs 557
PARTIE 2
Dans cette section, la cotation est inversée.
0 = Presque tout le temps (tous les jours)
1 = Souvent (quelques fois par semaine)
2 = Rarement (quelques fois par mois)
3 = Très rarement (quelques fois par an)
4 = Absent
S/O = Sans objet ou inconnu
Pronostic et échelle de cotation du progrès dans le traitement des troubles dissociatifs 559
Relation thérapeutique
Volonté et capacité d’engagement avec le
thérapeute.
Réagit (relativement) positivement à la relation
thérapeutique.
Est capable d’accepter les tentatives de réparation
du thérapeute lorsqu’une rupture se produit.
Est capable et disposé à parler de et de travailler
le transfert.
Partie 2 Score sous total =
+ Partie 1 Score sous total =
Score total =
Que se passait-il juste avant que je sente l’envie de m’engager dans des activi-
tés dangereuses ?
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
Comportements de substitution
Si je ressens toujours le besoin de me faire du mal, je pourrais :
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
.............................................................................................................................
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Bibliographie 595
Index
A automutilation 421
abréaction 470, 501 autorégulation 87, 100, 104-105, 112,
119, 228, 271
ACE 166
acte de triomphe 369 B
action opposée 364 Balcom 372
Allen 73, 81, 96, 136-137, 197-198, 210, Barach 19, 37, 44, 81
240, 415 Barnett 543
Amnésie Barrett 114, 449
à propos de 132 BDSM 455-457
courriels et texte et 183 Beebe 88, 320, 386, 417
organisation de la personnalité disso- Beere 496
ciative et 140
Bender 359
ancrer 67, 88, 91, 181, 201, 204, 213, 222,
Benjamin 21, 443-444
313, 321, 361, 380-381, 436, 453, 489,
Berkowitz 290, 496
491, 504
Bernstein 124, 135
Andrews 348
Beutler 177, 272-275
appels téléphoniques 47, 67-68, 178, 209,
Bicanic 477
312, 315, 324-325, 386, 420, 431, 434
Black 349
approches cognitives de la honte 364
Blizard 392
approches d’imagerie 293, 368
Boehm 351
approches somatiques 289, 370
Boesky 270
approches somatosensorielles 383 Book 155
Arnold 544 Bowlby 37, 306-307
attachement de type D 79, 83 Brach 48
attachement et défenses animales 267 Brady 136-137
attention duelle 476, 489, 498, 501 Brand 13, 19, 123, 125, 132, 134, 137,
autocompassion 68, 170-171, 198, 202, 260 167, 172, 215, 240, 249, 460, 518
Index 597
Bratton 349 156, 167-168, 170, 172, 180, 182, 187,
Braun 19, 495, 519, 524, 536 189, 194, 202, 212, 218-219, 223, 226,
Bresler 489 228, 254, 257, 259, 261, 264, 269, 272,
Bretherton 162 277, 283-284, 288, 290, 297, 308, 311,
316, 318, 320-323, 329, 333-334, 336,
Brewin 29, 348, 472
338, 347, 349, 354, 358, 362-369, 371-
Briere 42, 197
374, 376-377, 379-380, 384, 388, 398,
Britner 96 405, 407-408, 416-419, 423, 427-429,
Brodsky 68 433, 437, 439, 454, 464, 475-476, 478,
Bromberg 20, 61, 64, 84, 104, 251, 352 480-481, 486, 499, 506, 523, 525-526,
Brown 20, 48, 54, 155, 197, 209-210, 215- 540-541, 545-546
216, 220, 362, 371, 373, 448, 470, 496 compétence 14, 34, 52, 66, 95, 99, 109,
Butler 124 113, 116, 155, 158, 169, 178-179, 186,
203, 225-226, 275, 304-305, 307, 314-
C 315, 320-321, 323, 356-357, 369,
cadre du traitement 178-179, 460, 464 371-372, 419, 434, 475, 480
Carlson 44, 124, 132, 135, 166 compétences d’adaptation 435
CCRT 155 compétences de stabilisation 217-218
Cheek 259, 289 comportement sadique 397
Christoffersen 423 comportements à risque 378, 415-424,
Chu 14, 19, 44, 47, 72, 77, 197, 208, 211, 426-431, 433-434, 440, 480
215, 217, 220, 239, 250, 331, 419, 488 compréhension
CIM-10 126, 133 concertation 431
clairvoyance 28 confidentialité 75, 548
clivage 431, 458-459 conflits dans l’équipe thérapeutique 441,
Cloitre 218, 488 458, 465
colère 28, 31, 33, 38, 41-43, 51-53, 55, conflits vrai-faux 484
63, 66, 70, 79, 81, 86-89, 97, 100-101, confrontation, famille d’origine et 174
104, 110, 117-118, 129, 138, 142-143, consentement éclairé 178, 182, 443, 487,
160, 164, 166, 173, 183-184, 188, 194, 489-490, 548
200, 206, 208, 228, 230, 243, 246, 252- consultation 20, 55, 66-67, 71, 73, 77,
253, 261, 267, 270-272, 275, 281-282, 124, 194, 204, 271, 318-320, 327, 376,
284, 291-292, 298, 305, 309, 318, 324, 418, 420, 431-432, 440-441, 462, 471,
327, 335, 337, 349-350, 354-355, 359, 483, 548
374-381, 383-386, 388-389, 393, 396-
contact entre les séances 111, 324
398, 404-410, 425, 431, 438, 440, 442,
contre-résistance 265, 269-271, 273, 281-
444, 447, 450, 457, 459, 503, 510-511,
521-522, 539 282, 285, 287-288, 304, 315, 317
collaboration interne 113, 194, 259 contre-transfert 14, 47, 55, 72, 75, 100,
114-116, 161, 199, 204, 397
Colrain 476, 489, 496
avec des comportements à risque 418
communication implicite 96, 103 avec les parties imitant l’agresseur 395
comorbidité 14, 128, 132, 136, 147, 167, avec les parties sexualisées du patient
169, 171-172, 470 457
compassion 5, 11, 21, 42, 64, 81, 86-90, comportements à risque 417
95, 98, 103, 105, 112-113, 139, 142, dépendance 316
Index 599
équilibre dans la vie quotidienne Fogel 87
équivalence psychique 32, 68, 210, 219, Fonagy 32, 96
392, 461 Foote 211, 416, 424
ESPT 123, 137-138, 140, 142, 170, 189, Ford 20, 47, 54, 189, 197, 208, 215-216,
208, 216-217, 219, 349, 442, 446, 462, 218, 476, 488
470, 477, 512 Forgash 496
états du moi 130-131, 137, 209, 240-242, formulation de cas 121, 149-151, 157,
496, 518 172-175, 217
être ensemble 117, 519, 523, 525, 527-528 fractionnement 15, 231, 489, 494, 501-
évaluation 502, 504
de l’organisation de la personnalité dis- Frankel 20, 132
sociative 139 Fraser 239, 489
défis dans 124
Frawley-O’Dea 61, 84
des besoins et ressources du patient 157
dissociation durant 138 Frederick 20, 54, 158-159, 209-210, 240,
pronostic 167 292, 300, 477, 489, 496-497, 499
évitement de la douleur 44 Freyd 20, 41
évitement phobique 40, 81, 141, 159-160, Friberg 445
163, 191, 220, 248, 265-269, 272-275, Fromm 54, 209-210, 220, 496
281, 284, 287-289, 292, 295-298, 300- fusion 519, 521-523, 525-529, 542
301, 320, 373, 474, 521
G
Ewin 259
expériences somatiques 28, 76, 159, 204- Gabbard 68, 343
205, 208, 480 Gallagher 242
Gelinas 20, 496
F Gentile 177
faire le deuil 506 George 44, 96, 162, 341
famille d’origine 15, 171, 174, 388, 446- gestion des comportements abusifs 381
447, 449, 539 Giang 75
feinte 37, 39, 252, 349 Gilbert 351-352, 366, 371
Felitti 166 Gold 20, 94, 150, 219, 470
Ferentz 421, 426, 429 Gonzalez 20, 159, 289, 372-373, 473, 489,
figement 37, 40, 44-45, 267, 290, 331, 496, 508
335, 349, 354, 450 Good Will Hunting 359
Figley 73, 482 Gratz 426, 429
fin du traitement 413, 543-544, 547 Greenwald 489, 502
fin prématurée 547 Grey 472
Fine 19, 47, 197, 208, 210, 216, 239, 259, Groth-Marnat 177
290, 488-489, 496, 502, 519, 525 Gutheil 68
Fisher 20, 29, 104, 158-159, 205, 225,
250, 292, 496 H
flacidité 37, 290, 331, 335, 349 Hammond 54, 289, 489
Flores 420 Harper 68
Foa 216, 494 Hayes 42, 115, 158, 364, 498
Index 601
Loewenstein 19, 54, 123, 132-134, 137, Muenzenmaier 71
167, 191, 215, 217, 249, 259, 518 MVA 472-473
Luborsky 155 Myers 115
Luoma 364-365 Myrick 460
luttes de pouvoir 274-275
Lyons-Ruth 44, 104, 306, 352 N
narcissisme 280, 342-343, 462
M
Nathanson 349, 354, 356, 358, 363,
Main 44, 79, 162, 272, 378, 444 371-372
Malatesta 60 Nemiah 127
MAS 472-473 nerf vague 37
Matos 361 neuroception 34, 37, 40, 45, 80, 103-104
McCann 54 Nijenhuis 13, 20, 26, 31, 34, 36, 41-43,
McClellan 137 81, 124-127, 130-131, 133, 139, 160,
McDougall 127 166, 215, 217, 265, 303, 484
McDowell 137 non-réalisation 25
McWilliams 150 Norcross 64
mémoire accessible en situation 472 Nouri 348-349
mémoire verbalement accessible 472 noyaux pathogènes 492-493, 503, 511-
mémoires 130, 215-216, 219-220 512, 523
menaces 36, 485
O
mentalisation 33, 64, 96, 168, 198, 218,
273, 366, 477 objectifs de traitement 185, 187, 218, 229
Messer 213, 265-266, 287 Ochberg 489, 502
Middleton 20, 274, 349, 460, 462 Ogawa 44
Miller 295, 300 Ogden 20, 29, 36, 104, 158-159, 203, 205,
Miller-Karas 300 250, 275, 280, 289-290, 292, 352, 354,
Minton 29, 496 370, 372, 496, 541-542
mise entre parenthèses 499 organisation de la personnalité 140, 243
Mitmansgruber 353 organisation dissociative de la personnalité
MMPI–2 137 126, 132, 139, 240
modèle CASC 495 Orne 33, 139, 209
modèle collaboratif 93, 98 O’Shea 496
modèle d’attachement parent enfant 84 P
modèle d’attachement parents-nourrissons
94 PAN 16, 31
modèles relationnels en psychothérapie Panksepp 34-35
100 paradoxe de la douleur 42
Moskowitz 20, 129, 134, 137 pardon 449-450
Mosquera 20, 159, 289, 340, 372-373, parler au travers 257, 264, 428
473, 489, 496, 508 Parnell 489
motivations 78, 96, 105, 114, 154, 157, Partie émotionnelle de la personnalité
174 (PE) 16, 31
Index 603
ressources émotionnelles 157 signaux idéomoteurs des doigts 259
ressources et déficits cognitifs. 7PJS BVTTJ Simon 496
compréhension Solomon 20, 44, 96, 473
ressources financières 151, 180 Somer 20, 125, 280
ressources imaginaires 159 sous-activation feinte 37
ressources psychologiques 289 sous-diagnostic 127, 131, 146
ressources somatiques 158-159, 217, 219 souvenirs écrans 484
retraumatisation 460 souvenirs traumatiques 11, 15-16, 29,
rhéostat 498 47, 50, 54, 68, 78, 80, 140, 160, 164,
rituels 45, 529, 539 168, 180, 189, 199, 203, 217, 219-
rituels d’adieux 539 220, 223-224, 228-232, 235, 246,
Rizvi 365 255-257, 259-260, 262, 276, 284, 289,
295, 299, 312, 335, 338, 341, 344,
Rodewald 125, 136, 150
361, 376, 381, 393, 421, 452, 457,
Roe 544
460, 463, 469-474, 476-483, 485-488,
Rorschach 137 490-493, 496, 498-499, 501, 507-510,
Rose 71, 348 512-513, 518, 522-523, 529, 538, 541,
Ross 19, 40, 54, 124, 129, 132-134, 137, 545
240, 529 Spiegel 20, 125, 134, 209-210, 249, 489,
Rossman 489 497, 518
Rothschild 73, 205 Spitzer 139
Ruismäki 445 Sroufe 44, 241, 305-306
Stark 61, 274, 343
S
Steadman 68
Saakvitne 73, 464 Steele 3, 13, 26, 31, 36, 42-44, 47-48, 54,
Sachs 442 74, 81-82, 84, 94-95, 98, 113, 124-126,
Sakheim 460, 462-463 160, 163, 197, 215, 217-219, 225, 230,
Sar 20, 127 265, 267-268, 303-304, 391, 476, 478,
schémas 45, 78, 85, 115, 126, 130, 155, 482, 489, 496, 499
157, 161-162, 164, 173-174, 241-242, Steinberg 124, 132, 134
298, 308, 311, 320, 334, 364, 532-533, Stern 61, 95
536 Stoler 153
schémas d’attachement 161-162, 173 stratégies contrôlantes/attentionnées 81,
Schoenewolf 265-266, 270 320, 378
Schore 12, 37, 44, 61, 64, 84, 125, 217, stratégies contrôlantes/punitives 97-98,
242, 349-350, 352, 519 378
Schwartz 250, 392-393, 460, 462 stratégies d’attachement 44, 83, 378
sécurité à l’intérieur 188 stratégies de confinement 505
sensations corporelles. 7PJS expériences Strean 265-266, 270
somatiques SUDs 373, 498, 509, 511
Serban 139 suicidalité 59, 317, 319, 324, 328, 376,
Shapiro 473, 497-498 408, 416, 418, 421, 424, 426, 440, 460,
Shaw 280 480
Siegel 12, 35, 41, 64, 88, 96, 217 suivre le rythme 203
Index 605
Vasterling 153 Welch 496
Vesper 539 Werbart 544
victimisation en cours 15, 171, 460, 462, Wilson 42, 73, 76, 88, 158, 364, 482
464 Winnicott 60
vie privée 17, 182 Wolpe 489
Vogt 501 Woody 177
Wright 489
W
Wurmser 343, 349
Walker 126, 462
Waller 124-125 Y
Wallin 84 Yalom 74
Walser 498 Young 130, 155, 349, 472
Walsh 421, 426, 429
Wampold 13, 64, 155 Z
Watkins 130, 209, 241, 496-497, 518 Zur 68
Sommaire 7
Préface 11
1. Savoir-faire versus savoir-être 11
2. L’expérience embarrassante du traitement des patients
atteints de troubles dissociatifs 13
3. L’organisation du livre 14
4. Un mot sur la terminologie 16
5. Une note au sujet des exemples de cas 17
Remerciements 19
Introduction
PARTIE I
La relation thérapeutique
PARTIE III
Phase 1
Traitement et au-delà
PARTIE IV
Traitement de la Phase 2
PARTIE V
Traitement de la Phase 3
Bibliographie 565
Index 597