3.fiche de Révision Liberté Philo
3.fiche de Révision Liberté Philo
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La liberté
Plan
1 Liberté naturelle et liberté politique
1 Définitions
Provient d'un mot latin dont le sens est avant tout politique : libertas, c'est l'état de celui qui
n'est pas esclave, ou d'un peuple qui n'est pas soumis à une autorité arbitraire et tyrannique.
Le terme s'est progressivement centré sur la situation d'un individu : c'est d'abord l'individu qui
n'est soumis à aucune contrainte, puis l'individu qui possède une puissance de choisir
parfaitement indépendante de toute cause extérieure (libre-arbitre). On peut rattacher ce
dernier sens à la formule courante « être libre, c'est faire ce qu'on veut ».
La liberté au sens politique est un terme qui existe toujours : il désigne le fait de demeurer libre
tout en étant soumis à l'autorité de la loi, dans la mesure où cette loi émane de l'exercice du
pouvoir législatif des citoyens.
Le sens initial de la liberté se réfère à un contexte politique (le rapport entre le maître et
l'esclave), ou même physique (celui qui est emprisonné). La liberté se définit de manière
presque négative : celui qui est libre, c'est celui qui n'est soumis à rien d'autre qu'à lui-même.
D'un point de vue politique, le citoyen représente le modèle de l'homme libre, parce qu'il est
l'opposé de l'esclave. L'esclave n'agit pas de son propre chef, c'est son maître qui constamment
lui donne des ordres. L'homme libre ou le citoyen peut agir à sa guise.
Du point de vue de la connaissance de la nature, est libre tout être qui n'est pas contraint par
une puissance extérieure à agir d'une façon particulière. Ainsi l'oiseau retenu en cage, mais
aussi l'arbre forcé d'adopter une certaine forme, ou même la rivière que l'on détourne sont
« contraints » et n'existent pas « librement ». Cela s'applique aussi à l'homme : l'homme libre
n'est pas tenu d'agir en suivant la volonté d'un autre homme (servitude), il peut être
pleinement lui-même, pleinement humain.
Il serait absurde de prétendre que la vie d'un homme n'est pas engagée dans un réseau
extrêmement complexe de causes et d'effets, dont il constitue un maillon. Si cet ensemble de
causes nous conduit invariablement à la même fin, quels que soient nos efforts, on parle alors
de destin ou de fatalité.
Il y a de nombreuses réactions possibles à l'idée d'une fatalité s'abattant sur nous. La tragédie
grecque donne des exemples de rébellions violentes, mais vouées à l'échec (Œdipe). La pensée
stoïcienne conseille au contraire d'accepter humblement l'ordre des choses, ce qui selon elle
revient à faire preuve de raison et de liberté.
La notion de providence a surtout été évoquée dans l'ère chrétienne. Elle pose le problème du
rapport entre la toute-puissance de Dieu et notre responsabilité personnelle : si Dieu me
détermine à faire le mal, en quoi suis-je responsable et pourquoi devrais-je être puni ? Mais si
je suis responsable, est-ce que Dieu est vraiment tout-puissant ?
2 Liberté et nécessité
L'idée de nécessité prend place dans un contexte d'analyse des lois de la nature : c'est la
nécessité des lois de la nature, d'après lesquelles à une même cause répond toujours un même
effet. Un rapport nécessaire est un lien indéfectible entre une cause et sa conséquence.
Puisque l'action humaine est insérée dans la chaîne des causes et des effets, elle doit elle aussi
dépendre d'une nécessité.
Spinoza pousse cette idée jusque dans ses dernières conséquences : si la liberté implique qu'un
être ne soit déterminé à exister et à agir que par lui-même et par aucune autre cause
extérieure, alors rien dans la nature n'est véritablement libre. L'idée de liberté résulte d'une
ignorance des causes qui nous déterminent : les hommes sont conscients seulement de leurs
actions, et pas des causes nécessaires par lesquelles elles sont déterminées.
Le seul être authentiquement libre est donc Dieu lui-même. Mais il reste une forme de liberté
accessible à l'homme, celle de la compréhension de la nécessité dont est constitué le monde,
qui me permettra de ne plus me bercer d'illusions sur ma capacité à être indépendant des
causes extérieures.
2 La liberté malgré la nécessité
Kant constate que la liberté représente un problème par rapport à une représentation
déterministe de la nature. Si tout dans la nature est déterminé par des lois nécessaires,
comment peut-il y avoir une place pour la liberté ? Il refuse pour autant de nuancer ce
déterminisme. Attention à bien distinguer fatalité (puissance extérieure face à laquelle on ne
peut rien), et déterminisme (qui établit une connexion nécessaire entre les événements
physiques mais ne se prononce pas sur l'issue des événements du monde).
Il pose alors une alternative : soit le déterminisme est vrai pour tout le réel, soit il n'est vrai que
pour une partie du réel. Kant affirme alors que le déterminisme ne s'applique qu'aux
phénomènes (le réel tel que nous pouvons le connaître). En dehors des phénomènes, il existe
les choses en soi, qui sont les causes des phénomènes, mais que nous ne pouvons pas
connaître car elles ne peuvent pas être perçues.
L'idée de liberté est maintenue par Kant, parce que la liberté est une propriété des choses en
soi, alors que la détermination nécessaire par des lois de la nature est une propriété des seuls
phénomènes.
3 La question du mal
Le problème de la liberté et de la nécessité est aussi celui de l'existence du mal dans le monde
et de sa justification. Si tout est le produit d'une détermination nécessaire, le mal est-il lui aussi
une nécessité ?
La thèse leibnizienne dite de « l'harmonie préétablie » affirme que notre monde n'est qu'une
possibilité parmi une infinité d'autres mondes possibles, mais que c'est cette possibilité que
Dieu a retenue parce qu'elle présentait le meilleur équilibre de bien et de mal que l'on puisse
espérer. Nous sommes libres, mais tout est prévu à l'avance, y compris le pire. C'est une idée
très surprenante mais maintenue par Leibniz : nos actions ne sont pas nécessaires (elles
auraient pu être différentes), et donc nous sommes libres – mais tout ce que nous faisons a été
prévu par Dieu dans le meilleur des mondes possibles.
3 Le problème du libre-arbitre
1 Pourquoi un libre-arbitre ?
L'idée de libre-arbitre provient de la nécessité de trouver une source au mal, notamment dans
la philosophie chrétienne. Saint Augustin affirme ainsi que Dieu a doté l'homme du libre-
arbitre pour le rendre responsable de ses actes. On ne peut donc pas imputer à Dieu
l'existence du mal.
La théologie chrétienne a ainsi longuement débattu sur la grâce divine (qui désigne une faveur
divine, l'influence bienveillante de Dieu sur nous) : est-elle efficace (elle produit intégralement
nos bonnes actions) ou suffisante (elle nous rend capables de bien agir sans nous y
déterminer) ?
Le libre-arbitre ainsi défini, qu'on nomme également liberté d'indifférence, désigne donc notre
capacité à vouloir ou décider sans nous laisser déterminer par les causes externes à notre
volonté. Selon cette logique, l'action la plus libre de toutes serait un « acte gratuit ». C'est un tel
acte qui est évoqué par André Gide dans Les Caves du Vatican.
Cette liberté est, selon Descartes, le fait d'une évidence intime et indiscutable. Je suis certain
que j'agis librement, en toute circonstance : mes actions sont toujours le produit d'un choix. Je
le constate par ailleurs au travers du sentiment de remords.
Mais pour Descartes aussi, la pure liberté d'indifférence est le plus bas degré de la liberté. Elle
est le résultat d'un défaut de connaissance, et pas d'une perfection de la volonté. Quand je
choisis sans connaître, je choisis indifféremment, mais je n'en tire aucune grandeur. En
revanche, le meilleur usage de la liberté est la liberté éclairée, lorsque je suis tellement
convaincu de faire le bon choix qu'il m'est impossible d'hésiter. Plus je suis convaincu de faire le
bon choix, plus j'ai de raisons réelles de le faire, plus je choisis librement. Choisir pour
simplement choisir est une utilisation appauvrie de ma liberté.
Le problème de la liberté n'est pas réservé à l'introspection ou à l'examen minutieux des causes
qui nous déterminent. Elle engage aussi un rapport constructif à soi : c'est par la liberté que
l'individu et les peuples se construisent et existent comme tels.
Le paradoxe est que c'est justement grâce à sa liberté que l'homme peut rencontrer des
obstacles ou des résistances, éprouver sa volonté, et ainsi progresser en tant qu'individu. Dire
que « nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons, donc nous ne sommes pas libres » est un
argument fallacieux. Au contraire, c'est parce que nous rencontrons des obstacles que nous
savons que nous sommes libres.
4 Liberté et politique
D'un point de vue plus général, l'idée de liberté continue de faire l'objet de revendications
politiques. Quelle que soit sa forme, l'appel à la liberté reste un élément moteur de l'histoire
des peuples. La tension entre liberté individuelle et liberté collective y est directement liée : un
peuple réclame sa liberté pour se construire, mais cette souveraineté peut aussi être l'ennemie
de la liberté individuelle. Bien des régimes se réclamant d'une légitimité « populaire » (ex-URSS,
Chine) ont été très peu respectueux des droits des individus.
Les modernes fixent à l'État la tâche de préserver les libertés individuelles. Benjamin Constant
indique ainsi que nous n'accepterons plus que l'État légifère sur nos croyances et impose une
foi officielle, comme ce fut le cas en Grèce antique. Tocqueville ajoute que l'abandon de
l'exercice de la citoyenneté au profit d'un État centralisateur n'est pas suffisant pour garantir
l'autonomie, la liberté suppose de ne point obéir à un maître.
Enfin, la liberté résulte aussi de combats pour l'émancipation. Elle est alors la finalité poursuivie
par des groupes qui revendiquent l'acquisition concrète de ce que les principes promettent en
droit. Simone de Beauvoir ou Olympe de Gouges ont montré que la liberté des femmes
supposait un combat politique et social pour changer les représentations mentales et
culturelles associées habituellement au genre féminin.