Implants Courts
Implants Courts
Implants Courts
ET IMPLANTOLOGIE
Intérêt et limites
des implants courts
RÉSUMÉ
> Les implants courts sont vendus par la plupart des firmes commer-
ciales, encore faut-il que ce terme « court » soit défini. Pour notre
part, ce sont des implants de 6 mm de long ou moins. Leurs indica-
tions sont limitées aux maxillaires postérieurs évitant ainsi des
greffes sous-sinusiennes aux complications possibles, et des pares-
Olivier NÉDÉLEC thésies du nerf alvéolaire inférieur. Leur mise en place ne diffère en
Académie nationale rien des implants plus longs, encore faut-il leur assurer une parfaite
de chirurgie dentaire,
DSO, stabilité primaire. Notre recul clinique est de 30 mois, il nous semble
Docteur de l’Université Paris-Descartes, prudent d’attendre un peu avant d’étendre leurs indications.
Chirurgie orale et implantologie,
34, rue Laugier,
75017 Paris.
Mots clés
l implants courts
l rugosité
l sinus maxillaire
AOS 2011;253:55-61
l nerf alvéolaire inférieur DOI: 10.1051/aos/2011106
l Bio Management ComplexTM © AEOS / EDP Sciences
l pilier LocatorTM
55
Article publié par EDP Sciences et disponible sur le site http://www.aos-journal.org ou http://dx.doi.org/10.1051/aos/2011106
CHIRURGIE ORALE
O. Nédélec
ET IMPLANTOLOGIE
Ces implants courts sont vendus aujourd’hui L’indication de ces implants est limitée à la
par la plupart des firmes commerciales de par réhabilitation des maxillaires postérieurs, qui
constitue notre défi au quotidien. Pour rappel, implants, paresthésies dues au paquet vasculo-
après une extraction au maxillaire supérieur, la nerveux infra-orbitaire, hémorragies de l’artère
crête est soumise à une double résorption : la alvéolo-antrale, sinusites de confinement dues
pneumatisation du sinus maxillaire en direc- au blocage de l’ostium à 3 semaines… Ces com-
tion coronaire, et la résorption de la crête plications ne sont pas anodines, elles doivent
osseuse. La crête évolue apicalement en posi- être anticipées, et peuvent même compro-
tion palatine, cette résorption post-extrac- mettre l’exercice d’une profession (fig. 1).
tionnelle est centripète, contrairement à la Quant à la mandibule, la proximité du nerf
mandibule où elle est centrifuge. alvéolaire inférieur constitue un danger
La pose d’implants de longueur standard dans majeur dans les cas d’édentations anciennes
ce faible volume osseux au maxillaire supérieur (fig. 2).
s’accompagne souvent de greffes sous-sinusales Il est important de souligner aussi que ces
par voie crestale ou par abord latéral, greffes zones maxillaires postérieures ainsi que les
aux complications possibles, voire fréquentes implants qui y sont posés sont soumis à des
pour des praticiens peu expérimentés : perfora- forces de mastication beaucoup plus impor-
tions et déchirures de la membrane de tantes que dans la région antérieure, tout
Schneider pouvant influer le taux de succès des compromis chirurgical sera source d’échec.
Fig. 1 À 24 mois postopératoires, implant court Fig. 2 Implant court posé à la mandibule afin de
de 6 mm posé chez un commandant de respecter le nerf alvéolaire inférieur chez
bord, choix dicté par le respect d’intégrité un édenté ancien.
du sinus maxillaire et par une absence
d’inaptitude temporaire.
Des études déjà anciennes rapportaient un taux La longueur d’un implant n’est que l’une de
de succès inférieur pour les implants courts, ses caractéristiques. Son diamètre, sa forme
mais elles concernaient des implants à surface (cylindrique, cylindro-conique, conique), son
usinée ayant un ancrage cortical et une faible type d’intégration dans l’os (vissé, impacté), sa
participation de l’os spongieux [4-6, 17]. Dans connexion, son état de surface sont des élé-
deux études de 2006 [9, 15], les auteurs ments qui doivent être pris en considération
concluent que le taux de survie cumulatif des lors d’une décision chirurgicale implantaire
implants courts est comparable à celui des [10]. Les effets interactifs de l’implant sur l’os
implants longs placés dans les mêmes condi- crestal environnant sont en fait la résultante
tions avec une technique chirurgicale correcte de tous ces facteurs, une étude de modèles par
et des implants à surface rugueuse à condition éléments finis [11] l’a bien expliqué, et les
d’obtenir une parfaite stabilité primaire. auteurs concluent que les implants étroits et
La littérature nous apprend qu’il ne faut pas courts devraient être évités dans un os de
appliquer nos connaissances concernant le rap- faible densité.
port couronne/racine des dents naturelles aux Un implant de plus gros diamètre permet de
implants courts [16], cette étude basée sur diminuer les contraintes appliquées, une ana-
889 implants Bicon™ Dental Implants entre lyse des contraintes par éléments finis [12]
1992 et 2004 ne montre pas de différences de montre clairement qu’un implant court
résultats quel que soit ce rapport avec un taux absorbe mieux les contraintes de cisaillement
de survie de 98,2 % (fig. 3). qu’un implant plus long car sa flexibilité per-
Fig. 3 Implant court à 24 mois postopératoire Fig. 4 Implant Astra Tech® de 6 mm de lon-
avec un rapport couronne/implant sem- gueur sur son « driver » avant sa mise en
blant défavorable. place.
des implants plus longs « standards ». Ce taux L’intérêt des implants courts est donc primor-
de succès ne doit pas pour autant être extra- dial car ils permettent d’éviter des interven-
polé, il est plus que probable que nous retrou- tions pouvant entraîner une morbidité et une
verons sur une série plus grande et avec plus de mortalité, ce concept évite les techniques chi-
recul un taux de succès de 94 où 95 %, rurgicales lourdes de greffes sous-sinusiennes
conforme à ce que nous apprend la bibliogra- ou de transposition du nerf alvéolaire inférieur
phie (l’implant perdu l’a été 27 mois après sa tout en tentant de répondre à toutes les situa-
mise en place, mais on peut s’interroger afin de tions cliniques. Néanmoins la prudence s’im-
savoir si le pilier Locator™ est adapté à cet pose en l’état actuel de nos connaissances sur
implant). Quant au niveau osseux, il est plus l’utilisation des implants courts pour des éden-
que probable que les clichés pris dans trois ans tements unitaires, d’autant plus que les études
(J + 5) montreront une perte osseuse courante sur les transferts de charge des piliers sont pra-
de l’ordre de 0,3 mm. tiquement inexistantes. n
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S U M M A RY
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