Elles Tiennent Les Cordons de La Bourse
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Au Burkina Faso, la privatisation de la filière riz dans les années 90 n’a pas permis aux
producteurs rizicoles de vivre de belles années de prospérité, c'est le moins qu'on puisse dire.
Pour pallier à l’abandon grandissant de cette activité agricole et au déclin de la productivité, le
CECI appuie une pratique locale ancestrale qui a maintes fois fait ses preuves; l’étuvage du riz
par les femmes. Cette technique de transformation transmise de mères en filles améliore la qualité
physique et nutritionnelle du riz paddy , qui se vend ensuite mieux sur le marché local et génère
des revenus pour les ménages.
L’étuvage est un procédé qui consiste à précuire le riz paddy, préalablement hydraté. Dans la
région ouest du Burkina Faso, dans les plaines de Banzon et de Bama, les activités du CECI ont
permis à plus de 1133 étuveuses de se regrouper en associations professionnelles.
Les Centres de Bama et de Banzon permettent aux femmes de faire leur travail dans un
environnement plus propice au respect des normes de qualité et d’hygiène. En plus d’améliorer
leurs conditions de travail, le projet permet la création de revenus pour les femmes, dont elles
sont les seules administratrices. Comme le raconte une des fondatrices de l’Union des étuveuses
de Bama, Ramata Soré, son indépendance financière lui a permis de participer à la prise de
décisions familiales, car « si tu n’as rien à apporter pour la gestion financière de la famille, tu n’as
rien à dire », explique-t-elle.
De plus, les autorités burkinabées ont reconnu l’apport positif du projet des étuveuses : « le
ministre délégué à l’agriculture a demandé au CECI d’étendre cette expérience réussie à
l’ensemble du pays », rapporte Adama Ouedraogo, directeur du CECI au Burkina Faso.
Par l’amélioration de leurs conditions d’étuvage, les 450 femmes de Banzon et les 683 femmes de
Bama mettent annuellement plus de 900 tonnes de riz étuvé au profit des populations, contribuant
ainsi à l’atteinte de la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la qualité nutritionnelle.
2-
Pays sahélien à vocation agricole, le Burkina Faso a une production végétale dominée par les
ème
céréales. Le riz au Burkina Faso occupe la 4 place parmi les céréales cultivées, tant du point de
vue des superficies, de la production que de la consommation annuelle par tête. La production
nationale ne couvre pas les besoins alimentaires du pays, et face à l’accroissement de la
demande des populations en riz, le pays importe cette denrée. La consommation annuelle par
tête est passée de 18 kg en 1999 à 21 kg en 2011 (Rapport CPSA, DGPER 2011) et atteint 50 kg
par personne dans les centres urbains de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Le riz occupe 8,6
pour cent des dépenses alimentaires des ménages (soit 14 pour cent en milieu urbain et 7 pour
cent en milieu rural) (EBCVM, 2003). Cependant, la production nationale en riz paddy est encore
modeste et couvre moins de 50 pour cent des besoins en consommation.
Cette situation d’inadéquation entre l’offre locale et la demande intérieure amène le pays à
avoir recours à des importations massives chaque année pour satisfaire une demande sans
cesse croissante.
Cette dépendance aux importations du riz constitue une ponction de devises et une source de
vulnérabilité en matière de sécurité alimentaire. Ainsi, face à la crise alimentaire de 2008 quand
entre mars 2007 et avril 2008 le prix du riz a augmenté de 123 pour cent le gouvernement a
initié des mesures de politiques pour une relance définitive et durable de la filière riz au niveau
national (DGEP, 2008). Cette relance de production qui s’est matérialisée par la distribution des
semences et les subventions des engrais a abouti à un accroissement sans précédent de la
production rizicole nationale qui est passée de 68 916 tonnes en 2007 à 240 865 tonnes en 2011
(DGPER, 2011).
La présente étude se fixe pour principal objectif d’analyser les incitations et les pénalisations par
les prix à la production du riz ce qui permettrait de comprendre les effets des politiques
appliquées.
PRODUCTION
L’importance de la riziculture au Burkina Faso n’est plus à démontrer. Cependant, du fait des
aléas pluviométriques, les rendements et la production de riz connaissent une variabilité
interannuelle importante. Les mesures de soutien à la production agricole ont permis une
amélioration des performances de la riziculture au Burkina Faso au cours de ces dernières
années qui s’est traduit surtout par une hausse des rendement de la riziculture irriguée (plaines
et bas-fonds aménagés) passant de 2,7 tonnes à l’hectare en 2007 à quatre tonnes en 2010.
Les productions nationales de riz ont atteint un niveau record de 270,658 tonnes pour une
superficie emblavée de 133,737 ha en 2010. Le graphique ci-dessous donne les évolutions des
superficies, des productions et des rendements du riz sur la période 2005-2010. Les superficies
supérieures à 60 000 ha s’observent à partir de 2008.
6
Figure 1: évolution des superficies (ha), des productions (kg) et des rendements (kg par ha) du riz au
Burkina Faso (2005 à 2011)
Les ressorts de la nette augmentation de la production en 2008 qui s’explique certainement par
la combinaison plusieurs facteurs demande des recherches approfondies. Il serait
particulièrement intéressant de déterminer si une augmentation aussi importante peut
s’expliquer par un changement dans l’environnement des politiques. Les mesures de soutien à la
production du riz initiées depuis 2008 peuvent fournir des réponses préliminaires à cette
tendance.
Superficie en ha
Figure 2: production et échanges du riz au Burkina Faso, en quantité en tonne, entre 2006 et 2010
50,000 -
2006
2007
Importation en tonne
A l’instar des autres pays ouest-africains, le Burkina Faso présente une consommation du riz en
1
constante augmentation alors que la production nationale ne couvre à peine que 47 pour cent
des besoins de la population. Les importations de riz ont pratiquement triplé en l’espace de 10
ans, passant de 137,185 tonnes en 1998 à 305,180 tonnes en 2006 pour des valeurs respectives
de 26,8 milliards à plus de 37,8 milliards de francs CFA (FCFA).
Tableau 1: production et échanges détaillés du Burkina Faso en tonnes entre 2006 et 2010
200
Année 2006 2008 2009 2010
7
Production
Importations
Exportations
Paradoxalement, le Burkina Faso dispose d’un potentiel important non encore exploité dans le
domaine de la riziculture: environ 500 000 ha de bas-fonds aménageables dont moins de 10
pour cent sont aujourd’hui aménagés et plus de 233 500 ha irrigables dont moins de 5 pour cent
sont actuellement mis en valeur. Cependant, avec l’accompagnement de l’État, la filière riz a
connu un accroissement de sa production de plus de 200 pour cent entre les campagnes
agricoles 2007-2008 et 2008-2009. La poursuite des mesures de soutien à la production a permis
de maintenir la production nationale élevée au cours des deux dernières campagnes (195 000
tonnes en 2009-2010, 270 000 tonnes la campagne 2010-2011).
Les principales zones de production de riz sont les Hauts-Bassins et le Centre-Est (voir Figure 3 et
Figure 4), qui produisent près de 55 pour cent de la production nationale du fait de la présence
des grands aménagements dans ces deux régions (Bagré au Centre-Est et Bama aux Hauts
Bassins). La production de riz se fait selon trois modes bien distincts, irrigué, bas-fond et pluvial
strict:
1
DGPER, 2011.
Source: auteurs
La riziculture irriguée
42%
5%
La riziculture pluviale stricte
Afin d’apprécier les revenus des producteurs, il a été procédé à une estimation des coûts de
production moyens du riz décortiqué dans les systèmes de production les plus représentatifs de
la culture du riz au Burkina Faso: Pluvial strict (PS), Bas-fonds non aménagé (BNA), Bas-fonds
aménagé (BFA), Grand périmètre irrigué aval barrage (GPAB), Grand périmètre irrigué par
pompage (GPPP) (voir Tableau 2). De l’ensemble de ces systèmes, le GPPP possède le coût de
production moyen le plus élevé soit 98,08 FCFA/kg de paddy (cas du Sourou en 2009).
L’entrée des producteurs dans les activités de transformation est un fait majeur qui leur permet
de capter une partie de la valeur ajoutée en aval de la filière (voir ci-dessous). Cependant, le riz
local demeure moins compétitif que le riz importé au regard des prix, du marketing et des
quantités offertes.
environ pour un revenu global d’environ cinq milliards de FCFA, soit un revenu net de 16,616
FCFA/personne. Ce revenu se situe à 16 pour cent du seuil de pauvreté estimé à partir de
l’EIVCM 2009.
Les marges bénéficiaires dégagées après déduction des coûts de production sont de l’ordre de
60 000 FCFA/ha en riziculture pluviale, 82 000 à 125 000 FCFA en riziculture de bas-fonds (non
aménagés et aménagés), et 168 000 à 270 000 F CFA en riziculture irriguée (par gravitation et
par pompage) (DGPER, 2009).
CONSOMMATION/UTILISATION
Au Burkina Faso comme dans beaucoup d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, le riz est un sujet
de préoccupation grandissante à la fois pour les producteurs et les consommateurs et revêt de
ce point de vue un caractère stratégique dans l’arène politique burkinabé. Insignifiante au début
des années soixante, la consommation de riz a atteint aujourd’hui plus de 200 000 tonnes au
Burkina Faso et s’accroît à un rythme de 5,6 pour cent par an, taux supérieur à celui de la
croissance démographique.
4
Plusieurs études nationales aboutissent aux constats qui suivent:
Cela représente autant de ressources qui ne pourront pas être employées dans le
renforcement des performances économique et sociale de la filière notamment dans la
transformation (étuvage) et la commercialisation. Par ailleurs, le Burkina Faso dispose
d’un nombre limité d’options pour acquérir des devises par les exportations. A ce jour, il
s’agit essentiellement du coton.
4
DGPER, AfricaRice, analyse de la compétitivité de la filière riz, 2009, 2010.
5
DGPER, analyse de la compétitivité de la filière riz en 2009.
6 Rapport d’étude de faisabilité d’un programme d’aménagement de bas-fonds et de suivi de la
filière riz au Burkina Faso (Août 2007).
11
Par ailleurs, la hausse des prix des produits alimentaires et les discours sur les risques de pénurie
sur le marché mondial ont poussé certains pays en développement à promouvoir la production
nationale pour garantir leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et réduire la vulnérabilité de
leurs économies aux chocs exogènes. Déjà en 2004, le Gouvernement burkinabé s’est doté
d’une stratégie de développement rural en cohérence avec le cadre stratégique de lutte contre
la pauvreté qui, dans son premier axe stratégique affirmait toute la volonté politique d’accroître,
de diversifier et d’intensifier les productions agricoles, pastorales, forestières, fauniques et
halieutiques.
COMMERCIALISATION ET ECHANGES
Les importations du riz ont fortement évoluées sur la période de 1990 à 2009. Elles ont fluctuées
entre 69 000 et plus de 267 000 tonnes respectivement en 1990 et en 2009.
300
\https://www.fao.org/3/at469f/at469f.pdf
La crise de l’approvisionnement en riz sur les marchés internationaux en 2008 a révélé le caractère
stratégique de cette denrée (Mendez Del Villar, 2000 ; Boutsen, Aertsen, 2013). En Afrique de l’ouest, dès
l’accès à l’indépendance, l’engouement des populations urbaines pour la consommation du riz a guidé les
politiques publiques dans le développement de la production rizicole. Ainsi, la vallée du fleuve Sénégal,
l’office du Niger, les vallées des Volta ont accueilli de grandes plaines irriguées en maitrise totale et
partielle. Mais trente ans après, on pourrait bien se demander ce que ces programmes ont produit comme
résultats au point que l’Afrique de l’ouest notamment se révèle aussi vulnérable durant la crise de
l’approvisionnement en riz sur le marché international.
2Cette analyse est centrée sur le cas du Burkina Faso, pays qui, bien que dépourvu de tradition rizicole, a
réussi à développer de vastes domaines rizicoles et susciter l’adhésion des populations rurales à cette
initiative. En dépit des efforts consentis pour étendre les superficies rizicoles, le Burkina Faso continue
d’importer plus de la moitié de ses besoins en riz. Aussi sommes-nous tentés de nous interroger si les
grands aménagements rizicoles, au-delà de sécuriser la production agricole ne cachent pas des intérêts
politiques ou stratégiques ?
3Le texte analyse les formes de territorialisation rizicole et les acteurs de la filière rizicole en fonction des
régimes politiques au Burkina Faso. Il souligne les mesures prises pour développer la riziculture. Ensuite, il
montre en quoi cette option de développement est pertinente pour un pays sahélien. Il procède enfin à
une analyse critique pour relever que des intérêts politiques et géostratégiques animent ces grands
processus de développement qui à terme marquent le territoire.
5Les sites d’analyse sont dispersés dans tout le Burkina Faso, mais les exigences hydriques de la
riziculture font que les aménagements hydro-agricoles sont localisés au sud de l’isohyète 600 mm (cf. fig.
1).
7Les peuples du Burkina Faso n’ont pas de tradition 1 en matière d’irrigation, néanmoins quelques
documents historiques (Tauxier, 1917) relatent des pratiques de riziculture dans les zones relativement
humides. En effet, des expériences de riziculture pluviale ont été développées de façon sommaire au sein
des peuples Lobi, Marka, Sénoufo. Les zones occupées par ces communautés disposent d’une assez bonne
pluviométrie (800mm-1200mm/an), concentrée sur au moins cinq mois, et permettant de conduire une
riziculture à maturité sans apport d’eau par irrigation dans les bas-fonds exondés, même si localement une
irrigation d’appoint par submersion non-contrôlée pouvait être mise en place. Dans le sud-ouest
notamment, des cas de systèmes rizicoles en casiers étagés ont été identifiés, ils dénotent d’une certaine
maîtrise technique (Ouédraogo O.D., 1986). La préparation des terres réservées à la riziculture y
commençait dès les mois de février-mars.
2 « C’est l’espèce riz d’eau…car ils ne connaissent pas le riz de montagne (riz pluvial). Le riz se c (...)
8Le caractère marginal de cette activité agricole faisait qu’elle était surtout assurée par les femmes, les
hommes ne s’y intéressant pas (Pallier, 1977). Outre ces contrées, d’autres parties du Burkina Faso ont
développé certaines formes d’usage de l’eau dans le domaine rizicole. Louis Tauxier (1917) fait ainsi cas
des pratiques rizicoles dans le Yatenga, il décrit comment les paysans procédaient à la culture du riz dans
cette région2. Hormis ces expériences d’irrigation par submersion très sommaires, on retient qu’une
véritable tradition d’irrigation assurant une maîtrise parfaite de l’eau ne s’est pas développée à l’image de
la riziculture casamançaise décrite par Angelo Turco (1986).
9Les variétés de riz (Oriza glaberrima) étaient très rustiques, avec des récoltes aléatoires et surtout de
très faibles rendements ; 100 kg /ha selon Ginette Pallier (1977). Du fait donc de sa rareté, le riz ne
constituait pas la base de l’alimentation des ménages, il mérite d’ailleurs son nom de nourriture de fête.
Car, c’est à l’occasion des cérémonies que le riz était préparé ou lorsqu’un hôte de marque était reçu dans
la famille.
4 Suite à l’echec de la culture du coton et pour d’autres raisons, le territoire de la Haute-Volta es (...)
6 La propension pour la consommation du riz chez les citadins est liée au prestige que sa
consommatio (...)
10Dans l’ancienne Haute-Volta3, l’Etat colonial est porteur d’un modèle de contrôle territorial et
économique basé sur les cultures d’exportation notamment le coton et l’arachide, exportés vers la
métropole, pour financer le développement de la colonie jusqu’en 1932 4 (Marchal, 1986). La production de
riz ne fait pas partie des stratégies coloniales de développement et de contrôle de l’espace de l’actuel
Burkina Faso. Cependant, après la reconstitution du Burkina Faso en 1947, l’Etat colonial adopte un plan
de développement de la colonie stipulant des tentatives de mise en valeur agricole privilégiant le recours
à l’irrigation. Dès 1949, est mise en place une politique de construction de petits barrages en terre servant
surtout à l’alimentation et à l’abreuvement du bétail. Les ébauches de planification du développement de
l’irrigation apparaissent dans le deuxième plan FIDES 5 (1953-1959) de la colonie. Ce plan visait le
développement de la production rizicole nationale pour satisfaire la demande locale qui augmentait du fait
de la croissance urbaine ; les citadins étant de grands consommateurs de riz 6. Ainsi, des actions furent
entreprises pour développer un système d’irrigation avec maîtrise totale de l’eau et un autre, plus
rudimentaire, fondé sur la riziculture de bas-fonds.
11Les premiers aménagements hydro-agricoles furent réalisés à Malba, en pays lobi, au sud du pays
(région la plus arrosée) en 1954, mais la réticence des populations à la riziculture entraîna l’échec de cette
expérience pionnière (Savonnet-Guyot, 1985). A partir de 1956, fut entrepris un projet d’aménagement de
la plaine de Loumana (situé sur l’axe Banfora-Sindou) pour le développement de la culture du riz avec
maîtrise partielle de l’eau. L’aménagement de la plaine de Loumana a consisté à drainer des zones
marécageuses pour protéger les sites à mettre en valeur et permettre la production du riz irrigué.
L’aménagement permit d’irriguer les plaines de Baguéra et de Léra, cependant on ne put atteindre les
1600 ha escomptés. Très tôt, l’expérience fut abandonnée du fait du développement spectaculaire de
l’onchocercose, cette maladie parasitaire appelée aussi « cécité des rivières » qui obligea les paysans et le
personnel d’encadrement à quitter le périmètre en 1962 (Hervouet, 1980, p.11-40). D’autres retenues
d’eau construites durant la période sont restées faiblement valorisées à des fins hydro-agricoles : les
superficies aménagées comparativement au potentiel aménageable étaient estimées à 4,5% à Niéna-
Donkélé, 9% à Louda, 10% à Dakiri et 21% à Boulbi.
12En 1956, au Sourou cette fois, une autre expérience de développement de l’irrigation démarre avec la
création d’une station d’essai à Di. Elle devrait expérimenter dans les conditions hydrauliques naturelles
(les crues annuelles du Sourou) et artificielles (irrigation) des cultures vivrières et industrielles. Mais
l’expérience a été abandonnée. Dans ce plan, le développement de la riziculture pluviale mené à travers
«l’opération culture motorisée» fut rebaptisé «opération labours mécaniques de défrichements» dans le
cadre du 3è plan FIDES (1958-1962). Ce dernier fut également interrompu pour des raisons de trésorerie.
13Ces deux expériences d’introduction de l’irrigation au Burkina Faso furent des échecs cuisants dont les
raisons peuvent être recherchées dans l’absence d’études d’impact des aménagements, le manque
d’implication des paysans dans la réalisation et la conception des projets, mais aussi et surtout parce que
le riz ne constituait pas une denrée très consommée au sein de la population rurale. Avec l’accession du
Burkina Faso à l’indépendance, les nouvelles élites politiques vont lancer d’autres politiques de
développement agricole.
LE RIZ DE L’INDÉPENDANCE
7 SATEC : Société d’assistance technique et de coopération ; BDPA : Bureau pour le développement de
l (...)
14Dès l’accession du Burkina Faso à l’indépendance, les premiers programmes de développement mettent
l’accent sur l’irrigation, notamment par le développement de la riziculture. Ainsi les programmes des
organismes de développement (SATEC, BDPA, CIDR)7 sont relancés entre 1960 et 1966. L’établissement
des relations diplomatiques avec la République de Chine 8, en 1961, permet au Burkina Faso de recevoir
des techniciens chinois pour accompagner le développement de l’irrigation. Aidé par une mission d’aide et
de coopération de la République de Chine, la SATEC lance un vaste programme de construction de petits
barrages en terre sur les cours d’eau, dans le centre du pays. A l’aval des retenues d’eau, des systèmes
d’irrigation par gravité sont également réalisés pour la culture du riz. Bien que le niveau de maitrise de
l’eau ne garantisse pas une double culture sur l’ensemble du périmètre en saison sèche, ces systèmes ont
le mérite de garantir un complément régulier d’eau en hivernage au cours des périodes de sècheresse. Ils
ont en outre permit d’accroitre les rendements qui atteignent 2 à 3 tonnes de riz à l’hectare. En 1963, la
mission chinoise de Taiwan appui la mise en place du périmètre de la vallée du Kou et celui de Mogtédo 9.
Avec ces projets tous azimuts, l’engouement pour la riziculture grandi au sein des paysans et cela permet
d’élargir les initiatives à de nombreux autres bas-fonds dans le pays. C’est le cas des barrages de Louda
(188 ha) en 1968, Boulbi (75 ha) entre 1968 et 1970. Le projet Sourou, qui avait suscité des espoirs en
1956, est ravivé avec « l’opération 100 familles ». En effet, le transfert en 1961 de l’office du Niger à l’Etat
malien amène de nombreux Burkinabè à revenir au bercail. Pour les accueillir, le président Maurice
Yaméogo10 lance « l’opération 100 familles » pour les installer, ainsi que d’autres nationaux, sur un
périmètre de 145 ha à Guiédougou (Marchal, 1976, Bethemont et al., 2003). Avec ces projets, la riziculture
irriguée prend vraiment son envol au Burkina Faso et sera dorénavant au cœur des politiques publiques
dans le domaine agricole.
16Si l’accompagnement technique de la promotion de l’irrigation au cours des années 1960 a été le fait de
la République de Chine (Taiwan), la décennie 1970 en revanche, a reçu le soutien de la République
populaire de Chine. En effet, profitant de l’exclusion de la République de Chine des Nations-Unies, le
Burkina Faso a noué des relations diplomatiques avec la Chine populaire en 1973. Les experts agricoles
chinois envoyés en remplacement des experts taiwanais vont poursuivre les aménagements à la vallée du
Kou et réaliser de nouveaux périmètres rizicoles à Karfiguéla (1975-1977) et Banzon (1977-1981).
17L’ensemble de ces opérations est soutenu sur le plan de la politique agricole, par la création en 1971
d’une section riz au sein du Ministère du Développement rural. En outre, le secteur rizicole occupe une
place de choix dans le deuxième plan quinquennal (1972-1976). Au total, entre 1974 et 1987, 4 461 ha de
superficies irriguées et 800 ha de bas-fonds ont été aménagés (Bethemont et al., 2003).
18Jusqu’à la fin des années 1970, les plus grands périmètres ne dépassent guère 1 500 ha, mais avec
l’arrivée des révolutionnaires à la tête de l’Etat en 1983 11, les ambitions augmentent. Les
révolutionnaires, nourris à la sauce soviétique, sont friands de grands aménagements. Ils activent une
rhétorique populiste pour mobiliser les populations autour de leur idéal (Dumont, 1993 ; Bethemont et al.,
2003). Après avoir lancé le « Programme Populaire de Développement (PPD) », ils jettent leurs dévolus sur
le projet Sourou avec des objectifs ambitieux : aménager 40 000 ha de terres irriguées devant produire
120 000 tonnes de céréales (Zoungrana et al, 2009). Même si les superficies aménagées jusqu’à la mort
du Président Thomas Sankara en 1987 se limitent à 1000 ha, l’enthousiasme révolutionnaire et la
rhétorique mobilisatrice autour du Sourou ont donné un nouveau souffle à ce qui devrait être le « grenier
du Faso » (Palé, 2003). Au regard de la stagnation des superficies aménagées de 1966 à 1979, la figure 2
montre bien comment le régime révolutionnaire a été à l’origine de l’accroissement de la riziculture dans
le pays (cf. fig. 2)
Figure.2. Evolution des superficies cultivées dans la vallée du Sourou entre 1966 et 2002
19A la suite du Sourou, le grand projet rizicole du grand Bagré, fondé sur la construction d’un barrage, est
lancé en 1989. Sur ce barrage, il est prévu l’aménagement de 30 000 ha de terre dont 7400 ha par
irrigation gravitaire. L’inauguration du barrage et de la centrale hydro-électrique interviennent en 1994,
mais le gouvernement du Burkina Faso engagé dans un Programme d’Ajustement Structurel entre 1991 et
2010 a du mal à démarrer l’aménagement des périmètres irrigués. Dès lors, jouant encore de la
« diplomatie de développement », après une rupture de ses relations diplomatiques avec la République
populaire de Chine (RPC), il sollicite à nouveau l’appui de Taiwan pour aménager, à partir de 1997,
1200 ha sur la rive droite du Nakambé. Par la suite, d’autres périmètres rizicoles seront aménagés en rive
gauche soit 680 ha en 1999 et 1 500 ha en 2009 (Daré et al. 2019) Au total, 3080 ha de rizières sont
exploités sur ce périmètre. L’ensemble constitue, avec le Sourou et la vallée du Kou, les plus grands
aménagements rizicoles en maitrise totale du pays (Nebié, 1996 ; Palé, 2012).
20Au-delà des infrastructures, les politiques agricoles ont joué aussi un effet d’entraînement. Entre 1992
et 1997, une incitation (meilleur prix d’achat du kilogramme) à la production du riz s’est traduite par un
accroissement des superficies de 25 000 ha à 53 600 ha (tous types de riziculture confondus) (MAHRH,
2004).
21Malgré tous ces efforts, l’entrée du Burkina Faso dans le programme d’ajustement structurel en 1991 a
mis un bémol à la réalisation des grands aménagements. En effet, les restrictions budgétaires imposées
par le PAS et les pressions exercées par les mouvements écologistes, soutenus par la Banque mondiale sur
les financements des grands projets hydrauliques ont limité les investissements dans les grands
aménagements dans les années 1990. En outre, l’Etat a été contraint par le Fond Monétaire international
et/ou la Banque Mondiale de se désengager des secteurs de production et de laisser l’initiative aux acteurs
privés. Cela s’est soldé par un changement dans la stratégie de promotion du secteur rural et en
particulier de la riziculture.
23Au-delà de ces grands projets, d’autres de moyennes portées sont également orientés vers des
systèmes d’irrigation légers et gérables par les exploitants. Il s’agit du Projet d’Intensification Agricole par
la Maîtrise de l'Eau (PIAME), le Projet de Développement de la Petite Irrigation Villageoise (PDPIV), le Projet
d'Irrigation et de Gestion de l'Eau à Petite Echelle (PIGEPE), le Programme d'Amélioration des Filières Agro-
Sylvo-Pastorales (PAFASP), le Programme d’Amélioration de la Productivité et de la Sécurité Alimentaire
(PAPSA). Ils sont tous spécialisés dans l’aménagement de bas-fonds, de périmètres et des réhabilitations
d’anciens aménagements.
24Les aménagements en bas-fonds et la riziculture pluviale stricte représentent 77% des superficies
rizicoles en 2010. Mais du fait de la non-maitrise de l’eau et des techniques par les producteurs, les
rendements (1 à 1,3t/ha) sont inférieurs à ceux des périmètres en maitrise totale (rendement d’environ 4 à
7t/ha) (Guissou, Ilboudo, 2012). Le boom observé dans la production rizicole depuis 2008 est lié aux
aménagements de bas-fonds. Avec ces aménagements, la riziculture s’étend à tout le pays, sauf que les
rendements et les superficies attribués à chaque exploitant sont faibles.
25La riziculture irriguée a démarré de façon mitigée pour ensuite occuper de grands espaces avec
l’accroissement du risque climatique. Loin d’être anodin, l’engouement progressif pour cette céréale au
niveau local mais aussi dans les politiques publiques recouvrent plusieurs enjeux.
LES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT DE LA
RIZICULTURE IRRIGUÉE
26Pour une denrée qui ne constitue pas la base de l’alimentation des Burkinabè, il est étonnant qu’elle
fasse l’objet d’autant de rhétorique et mobilise les politiques publiques au point de jouer sur certaines
relations diplomatiques. Dès lors, on pourrait penser qu’en dehors des mobiles réels comme les crises
climatiques qui ont contraint les acteurs à recourir à l’irrigation, il y a des enjeux politiques, diplomatique
et de souveraineté.
28De nombreux travaux ont déjà montré le rôle moteur de l’eau ou de l’irrigation dans la construction de
grande civilisation à l’image de celle de la Chine (Wittfogel, 1980) ou du Turkestan. Dans ce dernier pays,
Ekaterina Pravilova (2009) démontre dans son analyse comment dans ce territoire aride, l’eau constitue la
voie principale vers le pouvoir. Au Burkina Faso également, les analyses de Bethemont et al., (2003), Faggi
(2004) ont montré le rôle central de l’eau dans la construction territoriale dans la vallée du Sourou. Quant
à la vallée du Nakambé, entre le vide constaté par Yves Lacoste (1984) dans les années 1970 et le pôle de
croissance en émergence décrit par Lassane Yameogo (2015), on perçoit le rôle central porté par
l’irrigation et notamment la riziculture dans les mutations en cours à Bagré. Au regard de tous ces cas, on
peut reconnaitre que le choix de la riziculture comme outil de construction territoriale peut s’avérer
pertinent.
12 Le riz serait à l’origine d’une culture humaine, d’un mode de vie ou d’organisation de la société ( (...)
30Cependant, dès l’indépendance, les nouvelles élites ont repris les mêmes expériences de riziculture. Ce
choix semble être lié au souci de se construire une légitimité sociale et politique. D’aucuns ont parlé de
« civilisation du riz »12, attribuant à la riziculture, notamment la rigueur du tour d’eau d’irrigation, la
capacité de faire éclore l'esprit d'association, de faire respecter des obligations communes, et, peut-être,
d’occasionner des pouvoirs centralisateurs aptes à encadrer des multitudes sur de vastes étendues
(Wittfogel, 1980). En effet les luttes pour l’accès à l’indépendance politique en Afrique et au Burkina Faso
en particulier ont été menées au nom du droit à l’autodétermination, elles ont constitué pour les élites
nationales l’une des principales, sinon l’unique source de légitimation de leur pouvoir. Pour donc asseoir
cette légitimité, les élites semblent avoir opté pour une structure « étatico-centrée » basée sur une
bureaucratie puissante, actrice de tous les processus de construction territoriale. Ainsi en tant que
structure territoriale, l’Etat a pour objectif primordial sa propre reproduction (Turco, 1986). Le recentrage
de tous les processus de développement au sein de la structure favorise mieux cette auto-reproduction.
L’Etat burkinabè au lendemain des indépendances se reproduit en s’impliquant donc dans tous les
processus territoriaux, visant la création de territoire. Pour matérialiser son contrôle des territoires
d’irrigation, les pouvoirs publics et même coutumiers étaient omniprésents dans les organes de décision
des comités de gestion des périmètres irrigués, alors que les coopérateurs se retrouvaient dans le conseil
d’administration qui est un organe d’exécution des décisions du comité de gestion. Le préfet, représentant
de l’Etat au niveau local, était le président du comité de gestion alors que la cellule technique était animée
par les fonctionnaires de l’Etat. L’organisation de l’irrigation s’accommodant, selon certains auteurs
(Manning, 2002, Wittfogel, 1980), de régimes centralisés, le choix de cette forme de contrôle de l’espace
irrigué par les représentants de l’Etat n’est pas anodin.
31Au regard de l’importance de la population travaillant dans le secteur agricole (90%), les programmes
de développement ont ciblé cette couche dans leur stratégie de mobilisation des « masses ». Les élites
politiques post-indépendance adoptent donc, des plans de développement où l’irrigation occupe une place
de choix. Les barrages construits pour l’alimentation en eau et l’abreuvement du cheptel sont réaménagés
pour y adjoindre des volets agricoles à l’aval. Le projet Sourou, dont les travaux d’essai ont été effectués
en 1956 puis abandonnés, est remis au goût du jour. La relance des travaux à travers « l’opération 100
familles » dérive de la volonté de l’Etat de réinstaller sur des sites similaires, les producteurs burkinabè
expulsés de l’office du Niger au Mali en 1961. En rupture de ban avec la fédération du Mali et
idéologiquement opposé au régime malien de Modibo Keita qui vient d’expulser des exploitants burkinabè,
la réaction du Président Maurice Yaméogo peut s’interpréter comme une volonté de satisfaire son ego
plutôt qu’un réel besoin de produire du riz. Pour Jacques Bethemont (2002), la question est de « savoir si,
finalement, les grands ouvrages hydrauliques flattent non pas l’ego des grands hommes mais plus
simplement celui des peuples ? »
32Sous les régimes révolutionnaires (cf. note 11), en dépit des superficies aménagées relativement faibles
(moins de 1000 ha entre 1983 et 1987), la rhétorique qui a entouré le projet Sourou révèle à quel point les
dirigeants veulent marquer leur passage au pouvoir en laissant des investissements massifs. En dehors
des grands aménagements, même les petits périmètres de la période d’ajustement ont servi des causes
électoralistes. La promotion de la petite irrigation villageoise, étendue à tout le Burkina Faso, a été
souvent perçue en tant que moyen de mobilisation de l’électorat comme lors des élections présidentielles
de 2005.
https://journals.openedition.org/espacepolitique/7608
BOUTSEN, S. et AERTSEN J., 2013, « Peut-on nourrir l’Afrique de l’Ouest avec du riz ? », Mo Papers, n°
74, www.mo.be.
Les Centres de Bama et de Banzon permettent aux femmes de faire leur travail dans un
environnement plus propice au respect des normes de qualité et d’hygiène. En plus d’améliorer
leurs conditions de travail, le projet permet la création de revenus pour les femmes, dont elles
sont les seules administratrices. Comme le raconte une des fondatrices de l’Union des étuveuses
de Bama, Ramata Soré, son indépendanc financière lui a permis de participer à la prise de
décisions familiales, car « si tu n’as rien à apporter pour la gestion financière de la famille, tu n’as
rien à dire », explique-t-elle.
De plus, les autorités burkinabées ont reconnu l’apport positif du projet des étuveuses
https://ceci.ca/fr/projets/etuveuses-de-riz-au-burkina-faso
Paradoxalement, le Burkina Faso dispose d’un potentiel important non encore exploité dans le
domaine de la riziculture: environ 500 000 ha de bas-fonds aménageables dont moins de 10
pour cent sont aujourd’hui aménagés et plus de 233 500 ha irrigables dont moins de 5 pour cent
sont actuellement mis en valeur. Cependant, avec l’accompagnement de l’État, la filière riz a
connu un accroissement de sa production de plus de 200 pour cent entre les campagnes
agricoles 2007-2008 et 2008-2009. La poursuite des mesures de soutien à la production a permis
de maintenir la production nationale élevée au cours des deux dernières campagnes (195 000
tonnes en 2009-2010, 270 000 tonnes la campagne 2010-2011).
Les principales zones de production de riz sont les Hauts-Bassins et le Centre-Est (voir Figure 3 et
Figure 4), qui produisent près de 55 pour cent de la production nationale du fait de la présence
des grands aménagements dans ces deux régions (Bagré au Centre-Est et Bama aux Hauts
Bassins). La production de riz se fait selon trois modes bien distincts, irrigué, bas-fond et pluvial
strict:
https://journals.openedition.org/espacepolitique/7608
BOUTSEN, S. et AERTSEN J., 2013, « Peut-on nourrir l’Afrique de l’Ouest avec du riz ? », Mo Papers, n°
74, www.mo.be.
Au Burkina Faso, la promotion des filières porteuses occupe une place de choix dans
les politiques et stratégies de développement agricole. Le riz, qui est devenu une
culture de base majeure dans le pays28, est un sujet de préoccupation
grandissante pour le gouvernement, les producteurs, les transformateurs et les
consommateurs. Il joue un rôle considérable dans l’économie, tant comme source
de revenus et comme élément important dans le régime alimentaire de
nombreux ménages, en particulier dans les zones urbaines29.
Cependant, en raison d’une offre nationale insuffisante pour couvrir les besoins
nationaux30, le pays doit faire recours à des importations massives pour satisfaire
une demande croissante31, ce qui contribue à la détérioration de la balance
commerciale globale, avec un impact négatif sur les réserves de change du pays
(D’Alessandro et Tondel, 2021). Le riz revêt donc de ce point de vue un caractère
stratégique dans l’arène politique burkinabé. Sa promotion est une option du
Gouvernement burkinabé pour booster la production agricole du pays et assurer une
sécurité alimentaire durable des populations.
Au Burkina Faso, le riz est désormais une culture de base majeure et joue un
rôle considérable dans l’économie, tant comme source de revenus que comme
élément important dans le régime alimentaire de nombreux ménages, en particulier
dans les zones urbaines. Il occupe donc une place stratégique dans l’arène politique
burkinabé. Cependant, en raison d’une offre insuffisante non seulement en
termes de quantité mais aussi de qualité, les importations de riz ont
continué à capter les opportunités offertes par les marchés urbains plus
lucratifs, aux dépends des producteurs locaux. Cette chaîne de valeur (CdV) a
un potentiel de croissance important, avec l’existence de nombreuses plaines de
production, en particulier dans les zones de production de l’ouest, du centre Est et du
sud du pays, et d’acteurs organisés autour de la production, de la transformation et
de la commercialisation, notamment à travers un comité interprofessionnel. Ce
potentiel est soutenu par une forte demande nationale de riz, qui augmente à un
rythme croissant chaque année, et une très forte demande sous-régionale.
Au cours des années, le secteur rizicole a aussi bénéficié d’un soutien public
important, intensifié en particulier suite à la crise des prix alimentaires de 2008
avec des programmes visant à fournir des semences et des engrais subventionnés,
ainsi que des services de formation et de conseil, notamment pour les grands
périmètres irrigués. Néanmoins, ces politiques n’ont pas réussi à mettre en
place des cadres propices aux investissements privés et à l’émergence
d’une filière nationale du riz modernisée. C’est dans ce contexte que le
gouvernement a récemment réaffirmé son engagement pour atteindre l’objectif du
programme présidentiel visant à augmenter la production de riz à 1 million de tonnes
de riz paddy par an d’ici la fin 2021.