Cours Conduction Thermique

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CPGE ATS Thermodynamique 7

Conduction thermique
1. Transfert thermique
1.1. Présentation
Il existe trois modes de transfert thermique. Les transferts conductifs, les transferts convectifs et les transferts par
rayonnement. Nous avons vu les différences entre ces transferts dans le chapitre Thermodynamique 2.
Nous allons étudier la conduction thermique selon des modèles unidirectionnels à symétrie axiale ou radiale. Le
système sera supposé hors équilibre thermodynamique global mais en équilibre local.

Une barre métallique, soumise à une différence de température constante entre ses deux extrémités, voit un flux
thermique orienté de la zone chaude vers la zone froide.
L’énergie thermique s’écoule dans le sens des températures décroissantes comme le courant électrique circule dans le
sens des potentiels décroissants.

Par analogie avec la conduction électrique, la grandeur extensive qui s’écoule est l’énergie thermique au lieu de la
charge électrique. Il existe une différence de potentiel thermique comme il existe une d.d.p. électrique.
Ce potentiel thermique correspond à la température.
1.2. Flux thermique
Considérons un corps dont la température ne dépend que d’une seule coordonnée d’espace x et du temps t.
Le transfert thermique dQ qui traverse par conduction thermique
une surface élémentaire d’aire dS orthogonale à l’axe Ox pendant
une durée dt, est d’autant plus importante que dS e t dt sont
grands. dQ est proportionnel à dS et dt, ce que l’on peut écrire :
δ Q= j th d S d t ou δ Q=d Φ d t avec d Φ= j th d S .

Si la surface dS est d’orientation quelconque avec un vecteur unitaire normal ⃗n , on introduit le vecteur densité de flux
thermique ⃗ j th = j th e⃗x ce qui permet d’écrire d Φ=⃗ j th⋅⃗n d S
Le flux thermique F est le transfert thermique qui traverse une surface S par unité de temps. F est une puissance et
s’exprime en watt (W)
F est le flux du vecteur ⃗ j th densité de flux thermique à travers S.
Φ=∬Σ ⃗ j th⋅⃗n d S
1.3. Loi de Fourier
Dans un milieu conducteur dont la température T(x, t) varie dans la direction de l’axe (Ox), la conduction se manifeste
par l’existence d’un vecteur densité de flux thermique orienté dans le sens des températures décroissantes.
Joseph Fourier, en 1822, a observé expérimentalement une relation de proportionnalité entre la densité de flux
thermique ⃗ j th =−λ ⃗
j th et la dérivée spatiale de la température : ⃗ grad T
Le signe « - » indique que le flux thermique est dirigé dans le sens des températures décroissantes.
Le coefficient l est appelé la conductivité thermique.
On la définit pour un matériau donné et elle s’exprime en W×m-1×K-1. Elle peut dépendre de la température pour certains
matériaux. On la donne à 20 °C dans le tableau suivant.

matériau l (W×m-1×K-1) remarques


Gaz 0,006 à 0,18 mauvais conducteurs
air 0,026
Liquides (non métalliques) 0,1 à 1 conducteurs moyens
eau 0,6
Solides métalliques 10 à 400 excellents conducteurs
cuivre 390
aluminium 237
fer 80
acier inoxydable 26
Matériaux non métalliques 0,036 à 5300
graphène 4000-5300 excellents conducteurs

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graphite 500-2000
silicium 149
granite 2,2 conducteurs moyens
verre 1,2
béton 0,92
plâtre 0,35
bois sec 0,12
PVC 0,17
carton 0,07
laine de verre 0,04 mauvais conducteurs
polystyrène expansé 0,036 (isolants thermiques selon RT 2012)
mousse de polyuréthane rigide 0,025
1.4. Analogie électrique
Lorsqu’un conducteur de conductivité électrique g est soumis à une différence de potentiel il est le siège d’un courant
électrique dont le vecteur densité de courant électrique ⃗j est relié au champ électrique E ⃗ =−⃗grad V selon la loi
d’Ohm locale : ⃗j=γ E ⃗ =−γ ⃗
grad V .
L’intensité qui traverse le conducteur est égale au flux du vecteur ⃗j à travers la section du conducteur et représente le
flux des charges électriques.
Conduction thermique Conduction électrique
⃗j th vecteur densité de flux thermique ⃗j vecteur densité de courant électrique
Température T Potentiel V
Conductivité thermique l Conductivité électrique g
Loi de Fourier : ⃗ ⃗
j th =−λ grad T Loi d’Ohm : ⃗j=−γ⃗ grad V
Flux thermique : Φ=∬Σ j th⋅⃗n d S
⃗ Flux électrique (intensité) : I =∬Σ ⃗j⋅⃗ ndS
T 1−T 2 V 1 −V 2
Résistance thermique Rth : R th = Résistance électrique R : R=
Φ I

Tout comme la loi d’Ohm, la loi de Fourier est une loi phénoménologique. Cela signifie que ce n’est pas une loi
fondamentale mais une relation généralement bien vérifiée entre ces deux grandeurs.
Ces deux lois traduisent que, dans un certain domaine d’approximation, l’effet (densité de courants ou densité de flux
thermique) est proportionnel à la cause (gradient de potentiel ou de température).
Ces deux lois traduisent des phénomènes de transport. Elles correspondent à une évolution spontanée du milieu qui tend
à estomper une homogénéité conformément au deuxième principe de la thermodynamique.
Ces évolutions sont irréversibles.
2. Équation de la diffusion thermique
2.1. Bilan local d’énergie
Considérons un corps solide ou liquide, homogène de masse volumique µ, de conductivité thermique l et de capacité
thermique massique c.
Plaçons nous dans le cas où la température du matériau T ne dépend que de l’abscisse x et du temps t.
Considérons alors un petit volume compris entre les abscisses x et x + dx, de section S et effectuons un bilan enthalpique
entre deux instants voisins t et t + dt en supposant qu’il n’y ait pas d’apport d’énergie autre que par conduction.

A l’abscisse x, il entre un transfert thermique δ Q e= j th ( x , t ) S d t


A l’abscisse x + dx, il sort un transfert thermique δ Q s= j th ( x+d x ,t ) S d t

D’après le premier principe de la thermodynamique, la différence entre ces deux valeurs correspond à la variation
d’enthalpie dH du volume considéré dont la température varie de dT.
d H =µ S d x c d T =δ Q e−δ Q s
soit : µ S d x c d T = j th ( x ,t ) S d t− j th ( x+d x , t) S d t

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∂ j th ( x , t) ∂ j th ( x , t )
d’où : µ S d x c d T =− S d x d t donc µ c d T =− dt
∂x ∂x
∂T ∂T ∂T
En posant : d T = d t+ d x= d t , car le système est en équilibre local entre x et x + dx, la température ne
∂t ∂x ∂t
∂T ∂ j th ( x ,t )
dépend que du temps. L’équation devient : µ c =−
∂t ∂x
∂ j ( x ,t )
( )
En utilisant la loi de Fourier : j th ( x )=−λ
∂T
∂x x
, il vient µ c
∂T
∂t
=− th
∂x
∂T λ ∂2 T
Cette équation devient : = .
∂ t µ c ∂ x2
On l’appelle équation de diffusion thermique ou équation de la chaleur.
λ
Le terme est appelé coefficient de diffusion thermique : D th = λ
µc µc
∂T ∂2 T
Une analyse dimensionnelle de l’équation = D th 2 montre que Dth est le rapport d’une grandeur qui s’exprime en
∂t ∂x
K×s-1 sur une grandeur en K×m-2.
On interprète ce coefficient de diffusion thermique Dth dont l’unité SI est le m2×s-1, par une longueur L représentant
L2
l’extension du transfert diffusif et un temps t nécessaire pour l’atteindre : D th = τ
2.2. Résolution en régime stationnaire
∂T d2 T dT
Dans le cas d’un régime stationnaire : =0 . L’équation locale devient : =0 . En intégrant on obtient =a
∂t d x2 dx
et T ( x)=ax+b . Les deux constantes a et b sont à déterminer par les conditions aux limites sur la température.
Le gradient de température est constant ainsi que la densité de flux thermique puisque la section reste constante.
La température décroît linéairement de la zone chaude vers la zone froide pour un écoulement axial de section
constante.
Le régime stationnaire est obtenu par le maintien d’une différence de potentiel thermique.
2.3. Bilan global d’énergie
Soit un conducteur de section constante.
Considérons le même système que pour le bilan local, mais en faisant directement l’hypothèse du régime stationnaire.
Dans ce cas on peut écrire la conservation du flux thermique (comme il y a conservation de l’intensité électrique en
régime permanent). Dans le bilan local d’énergie cela revient à poser dH = 0 donc dQe = dQs.

On a alors : Φ= j th S quelle que soit l’abscisse x.


dT
La loi de Fourier donne : j th =−λ
dx
dT T −T 1
Il vient : Φ=−λ S mais comme le gradient de température est constant : Φ=−λ S 2 en notant T(0) = T1 et
dx l
T(l) = T2.
T 1 −T 2
Donc : Φ=λ S
l
T 1−T 2
On appelle résistance thermique Rth la quantité : R th = par analogie avec la résistance électrique :
Φ
V −V 2
R= 1
I
1 L
Pour un conducteur thermique cylindrique de section S et de longueur L : R th =
λS
De plus les lois d’association des résistances thermiques sont applicables comme les lois d’associations des résistances
électriques.

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Des résistances thermiques sont en série si le même flux thermique les traverse. La résistance thermique équivalente est
la somme des résistances thermiques. Ces lois sont intéressantes dans le domaine du bâtiment (isolation des murs,
double vitrage …)
2.4. Généralisation
D’autres apports d’énergie sont susceptibles d’intervenir dans les bilans précédents.
Si le matériau est parcouru par un courant électrique, le volume Sdx, de résistance électrique dR, traversé par un courant
2 1 2
I = jS reçoit par effet Joule, pendant la durée dt une énergie δ Q J =d RI d t= γ j S d x d t .
∂T ∂2 T 1 2
Le bilan devient alors µ c =λ 2 + pJ
où pJ = γ j est la puissance thermique volumique par effet Joule.
∂t ∂x
La convection intervient essentiellement à l’interface entre un solide et un fluide ou entre deux fluides : nous adopterons
une modélisation simple.
Le flux conducto-convectif (cc) est proportionnel :
- à la surface d’échange dSe
- à la différence de température entre la surface du matériau solide T et la température du milieu fluide
extérieur Te au voisinage de l’interface.
- à un coefficient d’échange ou de transfert conducto-convectif h qui s’exprime en W×m-2×K-1.
d Φ cc
On obtient la loi de Newton : j cc =h(T −T e ) avec j cc =
d Se
On peut alors utiliser la puissance : d P =h(T −T e) d S e
Si T > Te, cette puissance thermique sera perdue par le système. On parle alors de fuite ou de perte thermique.
Il faut alors orienter le vecteur ⃗j cc et affecter la puissance du signe selon les conventions de la thermodynamique.
2
Dans le cas d’une conduction thermique à trois dimensions, l’opérateur ∂ 2 est remplacé par l’opérateur laplacien D.
∂x
∂T λ
= ΔT
∂t µc
La vitesse de variation de la température en un point est (à un coefficient près) d'autant plus grande que l'écart de
température avec la moyenne de son entourage est important.

En incluant les puissances thermiques volumiques reçues par des mécanismes autres que la conduction, notées pi,
∂T
l’équation générale de la chaleur s’écrit µ c =λ Δ T + pi
∂t
3. Onde thermique
La résolution de l’équation de diffusion thermique est assez complexe en
général, et peu de configurations se prêtent à une résolution analytique.
Supposons qu’il n’y ait pas, dans le conducteur, d’autres échanges
d’énergie thermique que par conduction et que la température ne dépende
que de la seule variable d’espace x : T = T(x, t).

* On peut appliquer la méthode de séparation des variables :


T(x, t) = f(x)g(t).
* On peut chercher des solutions de la forme :

( )
2
A x
T ( x , t )= exp − où A désigne une constante d’intégration à déterminer.
√t 4 D th t
* On peut enfin noter que l’équation de diffusion thermique est une équation linéaire. On peut donc lui appliquer le
théorème de superposition : si on connaît plusieurs solutions particulières Ti(M, t) de cette équation, toute combinaison

linéaire de ces solutions est aussi solution : T ( x , t )=
i
ai T i ( x ,t )

C’est lors de cette étude que Fourier fut amené à représenter toute fonction f par une série trigonométrique dont il
définit les coefficients. Les séries de Fourier ont pour origine un problème de conduction thermique.

Lorsqu’on impose à la température de dépendre sinusoïdalement du temps, l’équation de diffusion à une dimension peut
se résoudre analytiquement.
On pose T ( x=0, t )=T 0 +θ0 cos( ωt ) .
On utilise la notation complexe : T ( x , t )=T 0 +ℜ θ( x ,t ) avec θ( x , t)= f ( x )ei ω t
Le choix de T0 est imposé par la condition limite en x = 0.

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Pour déterminer la fonction complexe, f ( x) on reporte cette solution dans l’équation de diffusion thermique et on
2
d f µc
obtient : =i ω f =i ω f
dx
2 λ D th

On pose x0 = ω √ 2 D th
(x0 est homogène à une longueur)

( )
2 2
d f 2i 1+i
2
= 2 f= f
dx x0 x0
d2 f 2 1+i
La solution de l’équation différentielle 2 −r f =0
, avec r=± est de la forme :
dx x0
f = K − exp[−r x ]+ K + exp[ r x ]

Soit f = Aexp −
[( )]
1+i x +B exp 1+ i x
x0 x0 [( ) ]
Les constantes d’intégration complexes A et B se déterminent à partir des conditions limites :
Les variations de température ne pouvant diverger lorsque x devient très grand, la constante B est nécessairement nulle.
En x = 0, et à tout instant (et en notation réelle), T ( x=0, t )=T 0 +θ0 cos( ω t ) impose A = q0.
x
( x
) x

( )
− i ωt −
x0 x0 −
x0 x
On en déduit : θ=θ 0 e e soit en notation réelle : T ( x , t )=T 0 +θ0 e cos ω t−
x0

( ( ))
x
x −
x0
La solution obtenue peut encore s’écrire sous la forme : T ( x , t )=T 0 +θ0 e cos ω t −
qui la fait apparaître
v
comme une onde thermique qui se propage avec la vitesse v=x 0 ω= √ 2 D th ω . Cette vitesse augmente avec la
fréquence.
En se propageant dans le milieu, on note également un amortissement de l’onde caractérisé par une longueur x0.
La relation v=√ 2 D th ω peut se lire en introduisant une longueur L et un temps caractéristique t de sorte que :
L
v= τ = √2 D th 1 2
τ avec τ= ω et donc L =2 Dth τ .

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