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Applications et relations

Cornou Jean-Louis
10 août 2023

1 Applications
1.1 Produit cartésien, notion de relation
Définition 1 Soit E et F deux ensembles. Le produit cartésien de E et F, noté E × F est l’ensemble des

R
couples (x, y) où x parcourt E et y parcourt F.

Remarque
Soit x, x ′ des éléments de E, puis y et y ′ des éléments de F. On a l’équivalence (x, y) = (x ′ , y ′ ) ⇐⇒ x =
x ′ et y = y ′ . L’élément x de E est appelé première composante de (x, y), l’élément y de F est appelé
seconde composante de (x, y). On dit également que x est la première projection de (x, y), et que y est
la seconde projection de (x, y).

Exemple 1 La première projection du cercle unité de R2 est le segment [−1, 1].

" Attention
L’ordre des éléments dans un couple a son importance, en particulier lorsque E = F. Le couple (1, 2) de
R2 n’est pas le même objet que le couple (2, 1).
Notation
Dans le cas où E = F, on note E × E = E2 .

On peut représenter un produit cartésien en deux dimensions, en représentant les éléments de E sur
un axe horizontal, puis les éléments de F sur un axe vertical. Les couples associés sont des éléments
du plan.

Définition 2 Soit E et F deux ensembles. Toute partie G de E × F est appelée une relation binaire entre E

R
et F (ou parfois graphe ensembliste de E × F). L’ensemble de ces parties de E × F est noté FE .

Remarque
Pour (x, y) élement de G, on dit que x est en relation avec y.

Définition 3 Soit E, F deux ensembles, et G un partie de E × F. On dit que G est un graphe fonctionnel
lorsque pour tout élément x de E, il existe au plus un élément de F tel que le couple (x, y) appartient à
G. Correctement quantifié, cela s’écrit

∀x ∈ E, ∀y ∈ F, ∀z ∈ F, [(x, y) ∈ G ∧ (x, z) ∈ G] ⇒ (y = z)

Définition 4 Avec les mêmes notations que précédemment, le domaine de définition de G est la pre-
mière projection de G, i.e l’ensemble des éléments de E ayant une relation avec un élément de F. En
termes ensemblistes, cela s’écrit
DG = {x ∈ E|∃y ∈ F, (x, y) ∈ G}

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1.2 Fonctions, applications
Définition 5 Une fonction est la donnée de trois objets, un ensemble E appelé ensemble de départ,
un ensemble F appelé ensemble d’arrivée et G un graphe fonctionnel de E × F.

Définition 6 L’ensemble de définition d’une fonction est la première projection de G, i.e l’ensemble des
éléments x de E pour lesquels, il existe un unique élément y de F tel que le couple (x, y) appartient à G.
Quand la fonction est notée f , son ensemble de définition est noté Df .

Définition 7 On appelle une application une fonction telle que son ensemble de départ est égal à son
ensemble de définition.
Notation
Soit f = (E, F, G) une application. Pour tout élément x de E, l’unique élément y de F tel que (x, y) ∈ G est
noté f (x). On note alors l’application f sous la forme

f : E → F, x 7→ f (x)

Définition 8 Soit f : E → F une application et x un élément de E. L’élément f (x) de F est appelé image de
x par l’application f . Soit y un élément de F, un élément x de F est appelé antécédent de y par f lorsque
f (x) = y.
" Attention
Pour tout x de E, x possède une unique image par f . Toutefois, pour y un élément de F, l’ensemble des
antécédents de y par f peut être vide, ou contenir plus d’un élément, voire une infinité. Par exemple,
cos(0) = 1 est bien l’unique image du réel 0 par l’application cosinus. Pour autant, le réel 1 possède une
infinité d’antécédents par cette application, tous les réels de la forme 2ká avec k ∈ Z, et le réel 2 ne
possède aucun antécédent par l’application cosinus.

Axiome 1 (du choix) Soit G une relation binaire de E × F, alors il existe un graphe fonctionnel G′ inclus
dans G.

Exemple 2 Les applications f : R → R, x 7→ exp(x) et g : R → R+∗ , x 7→ exp(x) sont distinctes. Les fonc-
tions tan et 1/(cos / sin) n’ont pas le même ensemble de définition.

Définition 9 Soit E un ensemble et A une partie de E. L’indicatrice de A est l’application notée 1A

1A : E → {0, 1}, x 7→ 1 si x ∈ A, 0 si x < A


Notation
L’ensemble des applications de E dans F (comprendre ayant E pour ensemble de départ et F pour en-
semble d’arrivée) est noté F (E, F).

Dans la pratique, nous ne différencierons très peu les mots « fonction » et « application ». On rencontrera
parfois des expressions dont l’ensemble de définition n’est pas fourni. Il vous appartiendra alors de
déterminer un ensemble convenable pour manipuler une application. De même, nous autorisons la
confusion entre la notation F (E, F) et FE dans le cadre de la première année (et même bien plus loin).
Exemple 3 Quand x est réel, l’expression ln(x 2 −x−2) est correctement définie pour x dans ]−∞, −1[∪]2, +∞[.

Définition 10 Soit E un ensemble. Alors l’application f : E → E, x 7→ x est appelée l’application identité


de E. Elle est notée IdE .

1.3 Familles, extension du produit cartésien


Définition 11 Soit I et E deux ensembles, une famille d’éléments de E indexée par I est la donnée d’une

R
application de I dans E. L’ensemble I est alors appelé ensemble d’indices ou ensemble d’indexation de
la famille.
Remarque
Soit f : I → E une famille d’éléments de E. Dans certains cas, on accepte la notation (f (i)i∈I ) ou (fi )i∈I
pour désigner cette application. Par exemple dans le cas des suites réelles, on note souvent une suite
u : N → R sous la forme (un )n∈N .

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Définition 12 Soit n un entier naturel non nul, E1 , E2 , . . . , En des ensembles. On appelle produit cartésien
de E1 , E2 , . . . , En l’ensemble des multiplets (x1 , x2 , . . . , xn ) où pour tout entier i entre 1 et n, xi parcourt Ei .
Un élément de cet ensemble est appelé multiplet ou encore n-uplet.
Notation
Cet ensemble est noté E1 × E2 , × · · · × En ou encore ni=1 Ei . Si pour tout entier i entre 1 et n, Ei = E, on
µ
note
E × E × · · · × E = En

R
| {z }
n termes

Remarque
Pour tout élément (x1 , x2 , . . . , xn ) de cet ensemble, pour tout entier i entre 1 et n, on appelle xi la i-ième
composante de cet élément. Pour x = (x1 , x2 , . . . , xn ) et y = (y1 , y2 , . . . , yn ) des n-uplets de E1 × E2 × · · · × En ,
on a l’équivalence x = y ⇐⇒ ∀i ∈ [[1, n]], xi = yi .

Définition 13 Soit E un ensemble et I un ensemble. On considère une famille (Ai )i∈I de parties de E
indexée par I, i.e une famille d’éléments de P (E) indexée par I. On définit
— l’union des Ai pour i parcourant I par
[
Ai = {x ∈ E | ∃i ∈ I, x ∈ Ai }
i∈I

— l’intersection des Ai pour i parcourant I par


\
Ai = {x ∈ E | ∀i ∈ I, x ∈ Ai }
i∈I

2 Opérations sur les applications


2.1 Images
Définition 14 Soit f : E → F une application et A une partie de E. L’image directe de A par f , notée f (A)

P
ou f ⟨A⟩ est l’ensemble {f (x)|x ∈ A}. C’est l’ensembles des images des éléments de E par f .

Méthode
Soit y un élément de F. Démontrer que y appartient à f (A), c’est démontrer l’existence d’un élément x
de A tel que f (x) = y.

Proposition - définition 1 Soit f : E → F une application et A une partie de E. Alors g : A → F, x 7→ f (x)


est une application notée f|A , appelée la restriction de f à A.

Définition 15 Soit f : E → F une application et B une partie de F. L’image réciproque de B par f , notée
f −1 (B) ou f −1 ⟨B⟩ est l’ensemble {x ∈ E|f (x) ∈ B}. C’est l’ensemble des antécédents des éléments de B par

P
f.
Méthode
Soit x un élément de E, démontrer que x appartient à f −1 (B), c’est démontrer que f (x) appartient à B.

Proposition - définition 2 Soit f : E → F une application et B une partie de F telle que f (E) ⊂ B. Alors
l’application h : E → B, x 7→ f (x) est une application, appelée la corestriction de f à B, notée f |B .

Propriété 1 Soit f : E → F une application, A1 et A2 deux parties de E, B1 et B2 deux parties de F. Alors

f (A1 ∪ A2 ) = f (A1 ) ∪ f (A2 )

f (A1 ∩ A2 ) ⊂ f (A1 ) ∩ f (A2 )


−1
f (B1 ∪ B2 ) = f −1 (B1 ) ∪ f −1 (B2 )
f −1 (B1 ∩ B2 ) = f −1 (B1 ) ∩ f −1 (B2 )

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Démonstration. Soit y un élément de f (A1 ∪ A2 ). Alors il existe un élément x de A1 ∪ A2 tel que f (x) = y. Comme
x appartient à A1 ou A2 , y appartient à f (A1 ) ∪ f (A2 ). Réciproquement, soit y un élément de f (A1 ) ∪ f (A2 ). Alors il
existe un élément x1 de A1 tel que f (x1 ) = y ou un élément x2 de A2 tel que f (x2 ) = y. Dans tous les cas, il existe un
élément x de l’union A1 ∪ A2 tel que f (x) = y, i.e y ∈ f (A1 ∪ A2 ).
Soit y un élément de f (A1 ∩ A2 ) alors il existe un élément x de A1 ∩ A2 tel que f (x) = y. Ainsi, y est image d’un
élément de A1 par f et image d’un élément de A2 par f , donc y appartient à f (A1 ) ∩ f (A2 ).
Soit x un élément de f −1 (B1 ∪B2 ). Alors f (x) ∈ B1 ∪B2 , donc f (x) appartient à B1 ou à B2 , donc x appartient à f −1 (B1 )
ou x appartient à f −1 (B2 ), i.e x ∈ f −1 (B1 ) ∪ f −1 (B2 ). Réciproquement, soit x un élément de f −1 (B1 ) ∪ f −1 (B2 ). Alors x
appartient à f −1 (B1 ) ou à f −1 (B2 ), soit f (x) ∈ B1 ou f (x) ∈ B2 . Ainsi, f (x) ∈ B1 ∪ B2 , ce qui s’écrit x ∈ f −1 (B1 ∪ B2 ).
La démonstration de la quatrième égalité répète exactement le même procédé. Soit x un élément de E. Alors

x ∈ f −1 (B1 ∩B2 ) ⇐⇒ f (x) ∈ B1 ∩B2 ⇐⇒ f (x) ∈ B1 ∧f (x) ∈ B2 ⇐⇒ x ∈ f −1 (B1 )∧x ∈ f −1 (B2 ) ⇐⇒ x ∈ f −1 (B1 )∩f −1 (B2 )

" Attention
La deuxième inclusion peut être stricte. Prenons f : R2 → R × {0}, (x, y) 7→ (x, 0), A1 = R+ × {1} et A2 =
R− × {0}. Ces parties vérifient
A1 ∩ A2 = ∅, f (A1 ∩ A2 ) = ∅ et f (A1 ) ∩ f (A2 ) = {(0, 0)}

2.2 Injections, surjections, bijections


Définition 16 Soit f : E → F une application. On dit que f est une injection ou encore injective lors-
qu’elle vérifie

R
∀(x, y) ∈ E2 , f (x) = f (y) ⇒ x = y

Remarque
En langue française, une application est injective lorsque les images de ses éléments sont deux à deux
distinctes. On peut également écrire

∀(x, y) ∈ E2 , x , y ⇒ f (x) , f (y)

via la contraposée.

Exemple 4 R+ → R, x 7→ x 2 est injective, mais R → R, x 7→ x 2 ne l’est pas.

Propriété 2 Soit f : E → F une application injective et A une partie de E. Alors la restriction f|A est
injective.

Démonstration. Soit x, y des éléments de A tels que f|A (x) = f|A (y). Alors x et y sont aussi des éléments de E tels
que f (x) = f (y). L’injectivité de f implique alors x = y, donc que f|A est injective.

Exemple 5 Avec les mêmes notations que précédemment, (IdE )|A est injective.

Définition 17 Soit f : E → F une application. On dit que f est une surjection ou encore surjective

P
lorsque f (E) = F, autrement dit lorsque tout élément de F appartient l’image directe de E par f .

Méthode
Démontrer qu’une application f : E → F est surjective, c’est démontrer pour tout élément y de F, l’exis-
tence d’un élément x de E tel que f (x) = y

Exemple 6 C → C, z 7→ z 2 est surjective grâce à l’extraction de racines carrées complexes prouvée au


chapitre précédent. R → R, x 7→ cos(x) n’est pas surjective.

Propriété 3 Soit f : E → F une application. Alors l’application f |f (E) est surjective.

Démonstration. Notons g = f |f (E) pour alléger les notations. Soit y ∈ f (E), alors d’après la définition de l’image
directe d’une partie par une application, il existe un élément x de E tel que y = f (x), ainsi y = g(x). Ainsi, g est
surjective puisque tout élément de son ensemble d’arrivée (f (E)) possède un antécédent par g.

Exemple 7 R → [−1, 1], x 7→ sin(x) est surjective. Cela peut se montrer à l’aide du théorème des valeurs
intermédiaires et la continuité du sinus.

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Définition 18 Soit f : E → F une application. On dit que f est une bijection, ou encore bijective lorsque
f est à la fois injective et surjective.

Propriété 4 Soit f : E → F une application. f est bijective si et seulement si

∀y ∈ F, ∃!x ∈ E, f (x) = y

Démonstration. Supposons que f est bijective. Soit y un élément de F. Alors la surjectivité de f assure qu’il existe
un élément x de E tel que f (x) = y.. Mais alors pour tout antécédent x ′ de y, on a f (x ′ ) = y = f (x). L’injectivité de
f implique alors que x = x ′ , donc qu’il a y un unique antécédent de y par f . Réciproquement, si tout élément de F
possède un unique antécédent par f , alors il en possède au moins un, donc f est surjective. D’autre part, soit x, x ′
des éléments de E. Alors l’élément y = f (x) de F possède pour antécédents x et x ′ par f . L’unicité de cet antécédent

P
entraîne bien x = x ′ , donc que f est injective. En conclusion, f est bien bijective.

Méthode
Pour démontrer qu’une application f : E → F est bijective, on peut par exemple procéder par analyse-
synthèse : pour tout y dans F, supposer l’existence d’un élément x de E tel que f (x) = y, démontrer qu’au
plus un seul élément x convient, puis démontrer qu’il convient effectivement.

Proposition - définition 3 Soit f : E → F une application bijective. Alors, en notant pour tout y, g(y)
l’unique élément de E tel que f (g(y)) = y, G′ = {(y, g(y))|y ∈ F} est un graphe fonctionnel de F × E et
l’application g : F → E, y → g(y) ainsi définie est appelée application réciproque de f . Elle est notée
f −1 .

Exemple 8 L’application identité de E est bijective de réciproque elle-même. L’application R2 → R2 , (x, y) 7→


(x − 4y, 2x + 3y) est bijective de réciproque R2 → R2 , (s, t) 7→ (3s/11 + 4t/11, −2s/11 + t/11).

Propriété 5 Soit f : E → F une application injective. Alors la corestriction f |f (E) est une bijection.

Définition 19 Soit E et F deux ensembles. On dit que E et F sont en bijection ou équipotents lorsqu’il
existe une application f : E → F bijective.

Exemple 9 L’application exponentielle assure que R et R+∗ sont en bijection. L’application N2 → N∗ , (n, m) 7→
2n (2m + 1) est bijective d’après le théorème fondamental de l’arithmétique, ce qui implique que N∗ et
N2 sont en bijection.

2.3 Composition
Dans tout ce qui suit, on note E, F, G des ensembles.
Définition 20 Soit f : E → F et g : F → G deux applications. On définit la composée de g par f , notée
g ◦ f via
∀x ∈ E, g ◦ f (x) = g(f (x))
" Attention
Faites attention à l’ordre de composition. Écrivez soigneusement E → F → G, x 7→ f (x) 7→ g(f (x)).

Théorème 1 Soit f : E → F et g : F → G deux applications injectives. Alors l’application g ◦f est injective.

Démonstration. Soit x et y des éléments de E tels que g ◦ f (x) = g ◦ f (y). Alors les éléments f (x) et f (y) de F vérifient
g(f (x)) = g(f (y)). L’injectivité de g implique alors f (x) = f (y). Mais alors l’injectivité de f implique à son tour x = y.
On ainsi prouvé
∀(x, y) ∈ E2 , g ◦ f (x) = g ◦ f (y) ⇒ x = y,
i.e l’injectivité de l’application g ◦ f .

Théorème 2 Soit f : E → F et g : F → G deux applications surjectves. Alors l’application g ◦ f est surjec-


tive.

Démonstration. Soit z un élément de G. Alors la surjectivité de g implique l’existence d’un élément y de F tel que
z = g(y). On applique ensuite la surjectivité de l’application f à l’élément y de F, elle entraîne qu’il existe un élément
x de F tel que y = f (x). On obtient ainsi, z = g(f (x)) = g ◦ f (x), ce qui démontre que z possède un antécédent par
g ◦ f , et ce pour tout élément z de G. C’est bien établir la surjectivité de g ◦ f .

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Exercice 1 Avec les mêmes notations, montrer que si g ◦ f est injective, alors f est injective. De même,
montrer que si g ◦ f est surjective, alors g est surjective.

Théorème 3 Soit f : E → F une application. Pour que f soit bijective, il faut et il suffit qu’il existe une
application g : F 7→ E telle que
f ◦ g = idF et g ◦ f = idE
Le cas échéant, l’application g est nécessairement l’application réciproque f −1 de f .

Démonstration. Si f est bijective, alors pour tout y de F, f −1 (y) est l’unique élément de E tel que f (f −1 (y)) = y, i.e
f ◦ f −1 (y) = y. Ainsi, f ◦ f −1 = idF . De plus pour tout élément x de E, f (x) possède pour unique antécédént x par f , i.e
f −1 (f (x)) = x, ce qui s’écrit f −1 ◦ f (x) = x. On a alors prouvé que f −1 ◦ f = idE .
Supposons à présent qu’il existe une application g : F → E vérifiant les deux égalités d’applications composées.
Montrons que f est injective. Soit x1 , x2 des éléments de E tels que f (x1 ) = f (x2 ). Alors en composant par g, on
obtient g(f (x1 )) = g(f (x2 )), soit g ◦ f (x1 ) = g ◦ f (x2 ), i.e idE (x1 ) = idE (x2 ), soit x1 = x2 . L’injectivité est alors prouvée.
Démontrons à présent que f est surjective. Soit y un élément de F, alors f (g(y)) = y, donc g(y) est un antécédent
de y par f .
Soit à présent deux applications g1 , g2 de F dans E vérifiant les compositions. Alors

g1 ◦ f ◦ g2 = idE ◦ g2 = g2 et g1 ◦ f ◦ g2 = g1 ◦ idF = g1 ,

R
cela implique que g1 = g2 .

Remarque

P
L’une des compositions implique l’injectivité de f , l’autre implique sa surjectivité. Laquelle est laquelle ?

Méthode
Pour prouver la bijectivité d’une application, il peut être plus rapide de proposer sa réciproque et de
vérifier les compositions indiquées plus haut.

Propriété 6 Soit f : E → F, g : F → G deux applications bijectives. Alors g ◦ f est bijective, de réciproque


f −1 ◦ g −1 .

Démonstration. L’application g ◦ f est bijective puisqu’injective et surjective d’après les propriétés précédentes.
Mais alors
g ◦ f ◦ f −1 ◦ g −1 = g ◦ idF ◦g −1 = g ◦ g −1 = idG
f −1 ◦ g −1 ◦ g ◦ f = f −1 ◦ idF ◦f = idE
On peut alors affirmer d’après le théorème précédent que f −1 ◦ g −1 est la réciproque de g ◦ f .

Propriété 7 Soit f : E → F une application bijective et B une partie de F. Alors l’image réciproque de B
par f , f −1 (B), est égale à l’image directe de B par l’application f −1 (la réciproque de f ).

Démonstration. Comme f est bijective, tout élément b de B possède un unique antécédent par f , il s’agit de f −1 (b).
Autrement dit,
f −1 (B) = {f −1 (b)|b ∈ B}.
C’est bien ici l’image directe de B par l’application réciproque f −1 .

Théorème 4 Soit E, F deux ensembles finis ayant même nombre d’éléments et f : E → F une application.
Alors on a l’équivalence : f bijective ⇐⇒ f injective ⇐⇒ f surjective.

Démonstration. Supposons f injective. Alors l’image directe f (E) possède autant d’éléments que E puisque deux
éléments distincts ont des images distinctes par f . Mais alors |f (E)| = |E| = |F|, donc la partie f (E) de F est égale à F,
ce qui signifie que f est surjective, donc bijective. Supposons à présent que f est surjective. Alors f (E) = F a autant
d’éléments que E. Par conséquent, si deux éléments distincts x, y de E ont même image par f , alors |f (E)| < E, ce qui
est absurde. On a ainsi prouvé que f est injective, donc bijective.

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3 Relations binaires
Notation
Soit E un ensemble et R une relation binaire entre E et E, i.e une partie de E2 . Plutôt que d’écrire (x, y) ∈
R, on écrit xRy pour indiquer que les éléments x est en relation avec y. La partie

{(x, y) ∈ E2 |xRy}

est plutôt appelée graphe de la relation R dans ce cadre.

Définition 21 Soit E un ensemble muni d’une relation binaire R et A une partie de E. Alors {(x, y) ∈
A2 |xRy} définit un graphe ensembliste et une relation binaire sur A, appelée relation induite sur A. Elle
est parfois notée RA .

3.1 Relations d’équivalence


Définition 22 Soit E un ensemble et R une relation binaire sur cet ensemble. On dit que la relation R
est une relation d’équivalence lorsque
— R est réflexive : ∀x ∈ E, xRx.
— R est symétrique : ∀(x, y) ∈ E2 , xRy ⇒ yRx.
— R est transitive : ∀(x, y, z) ∈ E3 , (xRy) ∧ (yRz) ⇒ xRz.

Exemple 10 La relation d’égalité est une relation d’équivalence. Soit f : E → F une application. On
définit la relation binaire R sur E via xRy ⇐⇒ f (x) = f (y). Alors R est une relation d’équivalence.

Propriété 8 Soit E un ensemble muni d’une relation d’équivalence R et A une partie de E. Alors la
relation RA induite sur A est une relation d’équivalence.

Exemple 11 Soit c un réel. On définit une relation binaire sur R via ∀(a, b) ∈ R2 , aRb ⇐⇒ ∃n ∈ Z, a−b =
nc. On dit que a et b sont congrus modulo c, ce qui est noté a ≡ b[c]. La relation de congruence modulo
c est une relation d’équivalence. De même, on définit sur Z la relation de congruence modulo n, via
∀(p, q) ∈ Z2 , p ≡ q[n] ⇐⇒ ∃k ∈ Z, p − q = kn, qui est une relation d’équivalence.

Démonstration. Soit a un réel. Alors a = a + c × 0, donc a ≡ a[c] ce qui prouve la réflexivité. D’autre part, soit a et b
deux réels tel que a ≡ b[c], donc il existe un entier relatif n tel que a = b+nc. Mais alors b = a−nc = a+(−n)c. Comme
−n est un entier relatif, cela prouve que b ≡ a[c], donc que la relation de congruence modulo c est symétrique.
Enfin, soit a, b, d trois réels tels que a ≡ b[c] et b ≡ d[c]. Ainsi, il existe deux entiers relatifs n et m tels que a = b +nc
et b = d + mc. On en déduit que a = d + mc + nc = d + (m + n)c. Comme m + n est un entier relatif, on en déduit que
a ≡ d[c], donc que la relation est transitive.

Définition 23 Soit E un ensemble, et (Ai )i∈I une famille quelconque de parties de E. On dit que
— la famille (Ai )i∈I est disjointe lorsque que ∀(j, k) ∈ I2 , j , k ⇒ A j ∩ A j = ∅.
S
— la famille (Ai )i∈I est un recouvrement de E, lorsque i∈I Ai = E.
S
— la famille (Ai )i∈I un recouvrement disjoint de E, lorsque c’est une famille disjointe et i∈I Ai = E.
— la famille (Ai )i∈I est une partition de E, lorsque ∀i ∈ I, Ai , ∅ et c’est un recouvrement disjoint de E.

Définition 24 Soit R une relation d’équivalence sur E. Alors pour tout x, on note

C(x) = {y ∈ E|xRy}.

Cette partie de E est appelée la classe d’équivalence de x. Une partie A de E est appelée une classe
d’équivalence lorsqu’il existe un élément x de E tel que A = C(x).

Notation
On rencontre également la notation x pour désigner C(x). Attention à ne pas la confondre avec la
notation du conjugué d’un nombre complexe.

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Théorème 5 Soit R une relation d’équivalence et (Ai )i∈I l’ensemble des classes d’équivalence asso-
ciées à cette relation. Alors la famille (Ai )i∈I est une partition de E.
Démonstration. Soit A une classe d’équivalence. Alors il existe x dans E tel que A = C(x). Comme R est réflexive,
x ∈ C(x), donc A = C(x) est non vide. Soit A et B deux classes d’équivalence. Notons a et b des élements de E
tels que A = C(a) et B = C(b). Supposons que A et B sont d’intersection non vide, et notons c un élément de E tel
que c ∈ C(a) ∩ C(b). Alors aRc et bRc. On en déduit par symétrie que cRb, puis par transitivité que aRb. Mais
alors par transitivité C(a) = C(b). Par conséquent, deux classes d’équivalences sont soit égales, soit disjointes.
Ainsi, l’ensemble des classes d’équivalence est une famille disjointe. D’autre part, pour tout x de E, x ∈ C(x), donc
S
E ⊂ i∈I Ai . Ainis, la famille des classes d’équivalence est un recouvrement de E.
En conclusion, la famille des classes d’équivalence est une partition de E.

Définition 25 L’ensemble des classes d’équivalence est appelé ensemble quotient de E par R, noté
E/R.
Théorème 6 Soit (Ai )i∈I une partition de E. On définit une relation binaire sur E via
∀(x, y) ∈ E2 , xRy ⇐⇒ ∃i ∈ I, (x ∈ Ai ) ∧ (y ∈ Ai )
Alors la relation binaire R est une relation d’équivalence et ses classes d’équivalence sont exactement
les (Ai )i∈I .
S
Démonstration. Comme i∈I Ai = E, pour tout x de E, ∃i ∈ I tel que x ∈ Ai . Cela implique que xRx, donc que la
relation R est réflexive. D’autre part, soit x, y deux éléments de E en relation et soit i ∈ I tel que (x ∈ Ai ) ∧ (y ∈ Ai ).
Mais alors (y ∈ Ai ) ∧ (x ∈ Ai ), donc yRx et la relation R est réflexive. Enfin, soit x, y, z des éléments de E tels que
xRy et yRz. Notons alors i ∈ I tel que Ai contient x et y, puis j ∈ I tel que A j contient y et z. Alors Ai et A j sont
d’intersection non vide puisqu’ils contiennent tous deux l’élément y. Par conséquent, Ai = A j et i = j. Mais alors x
et z appartiennent à la même partie Ai , donc sont en relation. Cela prouve que la relation R est transitive.
Soit A une classe d’équivalence pour cette relation R. Notons x un élément de E tel que A = C(x). Alors comme la
famille (Ai )i∈I est une partition de E, il existe un unique indice i tel que x ∈ Ai . Démontrons alors que C(x) = Ai . Soit
y un élément de C(x), alors yRx, donc il existe un indice j tel que x et y appartiennent tous deux à A j . Mais alors,
cet indice ne peut être que i puisque la famille est disjointe. Ainsi, y ∈ Ai . Réciproquement, soit y un élément de Ai .
Alors y ∈ Ai tout comme x ∈ Ai , ainsi xRy, donc y ∈ C(x).

Exemple 12 Soit n un entier naturel non nul. On considère la relation de congruence modulo n sur Z.
Alors les classes d’équivalence de cette relation d’équivalence sont les
{a + kn|k ∈ Z}a∈[[0,n−1]] .
Il y en a exactement n.
Exemple 13 On considère la relation de congruence modulo 1 sur R. Alors les classes d’équivalence
de cette relation d’équivalence sont les
{a + n|n ∈ Z}a∈[0,1[
Elles sont en bijection avec l’intervalle réel [0, 1[.
Propriété 9 Soit E un ensemble doté d’une relation d’équivalence R. Alors l’application E → E/R, x 7→
C(x) est surjective.
Démonstration. Cela provient de la définition d’une classe d’équivalence.

Définition 26 L’application précédente est appelée surjection canonique de la relation R. Pour tout
élément A de E/R, tout antécédent de A par cette surjection est appelé représentant de A.
Propriété 10 Soit f : E → F une application et R la relation définie via ∀(x, y) ∈ E2 , xRy ⇐⇒ f (x) = f (y).
Alors une partie de E est une classe d’équivalence pour R si et seulement si ∃y ∈ E, A = f −1 ({f (y)}).
Autrement dit, les classes d’équivalence de la relation R sont les images réciproques de singletons de
F dans l’image de f .
Démonstration. Soit z un élément de f (E) et notons y un élément de E tel que f (y) = z. Montrons que f −1 ({f (y)}) =
C(z). Soit x un élément de E. Alors x ∈ f −1 ({f (y)}) ⇐⇒ f (x) = f (y) ⇐⇒ yRx ⇐⇒ x ∈ C(y). Soit A une classe d’équi-
valence pour la relation R. Alors il existe un élément x de E tel que A = C(x). Mais alors, comme précédemment,
A = f −1 ({f (x)}) et A est une image réciproque de singleton par f .

Exercice 2 (difficile) Avec les mêmes notations que précédemment, montrer que l’application f˜ : E/R →
f (E), C(x) 7→ f (x) est bien définie et bijective.

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3.2 Relations d’ordre
Définition 27 Soit E un ensemble doté d’une relation binaire R. On dit que R est une relation d’ordre
lorsque
— R est réflexive : ∀x ∈ E, xRx.
— R est antisymétrique : ∀(x, y) ∈ E2 , [(xRy) ∧ (yRx)] ⇒ x = y.
— R est transitive : ∀(x, y, z) ∈ E3 , (xRy) ∧ (yRz) ⇒ xRz.
On dit alors que le couple (E, R) est un ensemble ordonné.
Notation
Les relations d’ordre sont plutôt notées avec des symboles tels que ≤ ou ≺.

Définition 28 Soit (E, ≤) un ensemble ordonné. On dit que que la relation d’ordre ≤ est totale lorsque

∀(x, y) ∈ E2 , (x ≤ y) ∨ (y ≤ x)

Une relation d’ordre non totale est appelée relation d’ordre partielle.

Exemple 14 — Les relations ≤ et ≥ sur R sont des relations d’ordre totales. Par contre, les relations
< et > ne sont pas pas des relations d’ordre car elles ne sont pas réflexives.
— Considérons l’ensemble N des entiers naturels. Pour tout couple (a, b) de N2 , on dit que a ≤ b ⇐⇒
∃c ∈ N, b = a + c. Cela définit bien une relation d’ordre totale.
— On définit la relation sur Z : ∀(a, b) ∈ Z2 , a|b ⇐⇒ ∃n ∈ Z, b = an. Celle-ci n’est pas une relation
d’ordre car elle n’est pas antisymétrique. 1|(−1) et (−1)|1, mais −1 , 1.
— La relation de division sur N est une relation d’ordre partielle :
— Soit a dans N, alors a = 1 × a, donc a|a et la relation est réflexive.
— Soit (a, b, c) ∈ N3 tel que a|b et b|c. On note n et m des entiers naturels tels que b = an et
c = mb. On en déduit c = mna. Comme mn ∈ N, on en déduit que c|a.
— Soit (a, b) ∈ N2 tel que a|b et b|a. On note n et m des entiers naturels tels que b = an et
a = mb. On en déduit a = mna soit encore a(mn − 1) = 0. On distigue alors deux cas : si
a = 0, alors b = an = 0, donc b = a. Si a , 0, alors mn = 1. Comme m et n sont deux entiers
naturels, m = n = 1, donc b = a. La relation est bien antisymétrique.
— 2 ne divse pas 3 et 3 ne divise pas 2.
— Soit E un ensemble. Alors la relation d’inclusion dans P (E) est une relation d’ordre. Elle est totale
si et seulement si E possède au plus un élément.

Définition 29 Soit (E, ≺) un ensemble ordonné non vide. On définit alors la relation suivante sur E :

∀(x, y) ∈ E2 , x ⊀ y ⇐⇒ (x ≺ y) ∧ (x , y)

Cette relation n’est pas réflexive, on l’appelle relation d’ordre strict associé à ≺. Attention, ce n’est pas
une relation d’ordre.

Proposition - définition 4 Soit (E, ≺) un ensemble ordonné. On définit alors la relation suivante sur E :

∀(x, y) ∈ E2 , x ≻ y ⇐⇒ y ≺ x

Cela définit bien une relation d’ordre. Celle-ci est appelée relation d’ordre opposée à ≺.

Dans tout ce qui suit, on peut remplacer (E, ≺) par (R, ≤) pour la facilité de lecture.
Définition 30 Soit (E, ≺) un ensemble ordonné et A une partie de E. On dit que A est
— majorée lorsqu’il existe un élément M de E tel que ∀a ∈ A, a ≺ M. Un tel élément M est appelé
majorant de A
— admet un maximum lorsqu’il existe un élément M de A tel que ∀a ∈ A, a ≺ M.
— minorée lorsqu’il existe un élément m de E tel que ∀a ∈ A, m ≺ a. Un tel élément m est appelé
minorant de A.

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— admet un minimum lorsqu’il existe un élément m de A tel que ∀a ∈ A, m ≺ a.
— bornée lorsqu’elle est à la fois majorée et minorée.
" Attention
Faites attention à l’ensemble auxquels appartiennent les majorants et les maximums (resp. minorants
et minimums).

Exemple 15 L’intervalle réel ] − 1, 1[ est borné, mais n’admet ni majorant, ni minorant. S’il admettait
un majorant M, il vérifierait M < 1, mais alors M < (1 + M)/2 < 1 implique que (1 + M)/2 appartient à cet
intervalle, mais n’est pas majoré par M, ce qui absurde.
Dans N muni de la relation de divisibilité, 1 est le minimum de N puisqu’il divise tout entier naturel et 0
est le maximum puisque tout entier naturel divise 0.

Propriété 11 Soit A une partie admettant un maximum M. Alors celui-ci est unique.

Démonstration. Soit M′ un maximum de A. Alors comme M est un maximum de A et M′ appartient à A, M′ ≺ M. De


même, M′ est un maximum de A et M appartient à A, donc M ≺ M′ . Par antisymétrie de la relation d’ordre ≺, on en
déduit que M = M′ , ce qui prouve l’unicité du maximum.

Exercice 3 Soit A une partie admettant un minimum m. Montrer que celui-ci est unique.

Définition 31 Soit A une partie de (E, ≺) ensemble ordonné. On dit que A


— admet une borne supérieure lorsque l’ensemble de ses majorants admet un minimum. Celui-ci
est alors notée sup A (puisqu’unique).
— admet une borne inférieure lorsque l’ensemble de ses minorants admet un majorant. Celui-ci est
alors notée inf A (puisqu’unique).

Exemple 16 L’intervalle réel ]−1, 1[ admet une borne supérieure, il s’agit de 1 et une borne inférieure, il
s’agit de −1. Dans (Q, ≤), considérons le sous-ensemble A = {x ∈ Q | x 2 ≤ 2} n’admet pas de borne supé-
rieure. Il est majoré par 2 (par exemple). Soit b un majorant rationnel de A, et exhibons un nouveau ma-
jorant rationnel c < b. Comme 1 appartient à A, b ≥ 1 > 0. Considérons alors le rationnel c = 2b + 1b > 0
 2 2
(construit en s’inspirant de la méthode de Héron). Comme c 2 − 2 = b2b−2 on a c 2 ≥ 2. Ainsi, c est un
1

majorant de A. D’autre part, c − b = 2b (2 − b 2 ) ≤ 0. Comme 2 est irrationnel, 2 − b 2 < 0 et on a même
c < b.

Définition 32 Soit (E, ≺) et (F, ≤) deux ensembles ordonnés, ainsi que f : E → F une application. On dit
que f est
— croissante lorsque ∀(x, y) ∈ E2 , x ≺ y ⇒ f (x) ≤ f (y).
— strictement croissante lorsque ∀(x, y) ∈ E2 , x ⊀ y ⇒ f (x) < f (y).
— décroissante lorsque ∀(x, y) ∈ E2 , x ≺ y ⇒ f (y) ≤ f (x).
— strictement décroissante lorsque ∀(x, y) ∈ E2 , x ⊀ y ⇒ f (y) < f (x).
— monotone lorsque f est croissante ou décroissante.
— strictement monotone lorsque f est strictement croissante ou strictement décroissante.

Exemple 17 L’identité est à la fois strictement croissante et strictement décroissante. C’est même la
seule application à le vérifier. L’application f : P (E) → P (E), A 7→ Ac est décroissante pour l’inclusion

Propriété 12 Soit f : E → F une application monotone et injective entre (E, ≺) et (F, ≤) deux ensembles
ordonnés. Alors, f est strictement monotone.

Démonstration. Considérons le cas où f est croissante par exemple (l’autre cas se traite de manière symétrique).
Soit x, y deux éléments de E tels que x ⊀ y. Alors en particulier, x ≺ y et la croissance de f entraîne f (x) ≤ f (y).
Toutefois, comme x , y et f est injective, f (x) , f (y). Par conséquent, f (x) < f (y), ce qui prouve la stricte croissance
de f .

Propriété 13 Soit (E, ≺) un ensemble totalement ordonné et (F, ≤) un ensemble ordonné, puis f : E → F
une application strictement monotone. Alors f est injective.

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Démonstration. Examinons le cas f strictement croissante. Soit x y deux éléments de E tels que x , y. Comme E
est totalement ordonné, on peut ordonner (comparer) x et y. Premier cas : x ≺ y. Comme on a supposé x , y, on a
même x ⊀ y. La stricte croissance de f implique alors f (x) ⊀ f (y) et en particulier f (x) , f (y). Deuxième cas y ≺ x.
Comme précédemment, on a y ⊀ x et f (y) ⊀ f (x) et en particulier f (x) , f (y). Dans tous les cas, f (x) , f (y), ce qui
prouve que f est injective.

Propriété 14 Soit f : E → F une application bijective monotone avec E totalement ordonné. Alors sa
réciproque est monotone de même monotonie.

Démonstration. Pour se fixer les idées, considérons le cas où f est croissante. Soit y1 , y2 des éléments de F tels
que y1 ≤ y2 . Montrons que f −1 (y1 ) ≺ f −1 (y2 ). Comme f est surjective, il existe des éléments x1 , x2 de E tels que
f (x1 ) = y1 et f (x2 ) = y2 , ce qui implique f (x1 ) ≤ f (x2 ). Comme E est totalement ordonné, on peut comparer x1 et x2 .
Supposons un instant que x2 ⊀ x1 , alors comme f est injective et croissante, elle est strictement croissante. Donc
f (x2 ) < f (x1 ), soit y2 < y1 , ce qui contredit y1 ≤ y2 . Par conséquent, x1 ≺ x2 , i.e f −1 (y1 ) ≺ f −1 (y2 ), ce qui prouve la
croissance de f −1 .

Propriété 15 Soit f : E → F, g : F → G deux applications monotones (resp. strictement monotones)


entre ensembles ordonnés. Alors g ◦ f est monotone (resp. strictement monotone).

Démonstration. Si f et g sont de même monotonie (i.e toutes deux croissantes ou toutes deux décroissantes),
alors g ◦ f est croissante (x ≺ y ⇒ f (x) ≤ f (y) ⇒ g(f (x)) ◁ g(f (y)). Dans le cas contraire, g ◦ f est décroissante.

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