Diagnostic Ecotouristiques Jbil
Diagnostic Ecotouristiques Jbil
Diagnostic Ecotouristiques Jbil
Novembre 2014
2 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Sommaire
Sommaire .................................................................................................................................... 3
I. Chapitre introductif ......................................................................................................................... 5
1.1. Contexte .................................................................................................................................. 5
1.2. L’écotourisme : outil de développement territorial................................................................ 6
1.3. Approche méthodologique ..................................................................................................... 8
1.3.1. Fondements de base ............................................................................................................. 9
1.3.2. Diagnostic territorial : approche systémique ...................................................................... 10
1.3.3. Diagnostic des filières touristiques : potentiels écotouristiques ........................................ 11
1.3.4. Démarche ............................................................................................................................ 15
II. Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili).............................. 16
2.1. Diagnostic territorial de la délégation d’El Faouar ................................................................ 16
2.1.1. Situation géographique et administrative, et infrastructure de base et de
communication.............................................................................................................................. 16
Situation géographique et administrative................................................................................. 16
Infrastructures et équipements de base ................................................................................... 17
2.1.2. Capital humain .................................................................................................................... 17
2.1.3. Capital naturel ..................................................................................................................... 18
2.1.4. Capital culturel et patrimoine ............................................................................................. 21
2.1.5. Profil socio-économique...................................................................................................... 23
2.1.6. Gouvernance territoriale ..................................................................................................... 24
2.2. Diagnostic de la filière écotouristique................................................................................... 25
2.2.1. Parc National de Jbil : attraits naturels et valeur paysagère ......................................... 25
2.2.2. Infrastructures et aménagements................................................................................. 27
2.2.3. Gestion administrative et financière du parc ................................................................ 30
2.2.4. Fréquentation, activités et acteurs ............................................................................... 31
2.2.5. Pressions et menaces sur le parc .................................................................................. 33
Conclusion ..................................................................................................................................... 34
III. Analyse de la demande potentielle ........................................................................................... 36
IV. Cadre institutionnel et réglementaire ....................................................................................... 40
V. Positionnement stratégique .......................................................................................................... 42
5.1. Paniers de biens et services territorialisés ............................................................................ 42
5.2. Segments écotouristiques ..................................................................................................... 43
5.3. Offres écotouristiques : produits et services ........................................................................ 45
4 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
I. Chapitre introductif
1.1. Contexte
En Tunisie, les activités socio-économiques ont modifié, au fil du temps, les écosystèmes et
ont impacté négativement leur étendue et l’existence de plusieurs espèces. Les valeurs
paysagères et écologiques, et la qualité de vie s’en trouvent ainsi affecter. En effet, la
satisfaction des besoins d’une population de plus en plus croissante s’est accompagnée de
l’extension des terres agricoles au détriment des parcours et des forêts ainsi que de la
surexploitation des ressources hydriques et halieutiques. Par ailleurs, les pressions
anthropiques s’accentuent avec l’absence d’alternatives économiques dans les milieux
ruraux.
Or, ces objectifs ne sont que partiellement atteints notamment dans certains contextes en
raison de l’approche préconisée. Les communautés adjacentes aux parcs n’ont pas été
suffisamment associées au processus de leur création. Ceux-ci leur ont été imposés sans
consultations ni sensibilisation aux bienfaits de la conservation. Les parcs naturels sont de ce
fait souvent perçus comme un bien commun spolié engendrant des interdictions d’accès à
un espace dont la vocation, selon leur croyance, est de leur conférer des ressources
fourragères pour leur cheptel, du bois pour le chauffage, des plantes pour leurs soins, etc. Il
s’en suit des conflits récurrents entre les gestionnaires des parcs et les populations locales.
Les écosystèmes désertiques illustrent parfaitement cette relation conflictuelle.
La biodiversité désertique subit en effet des menaces liées à la sollicitation excessive des
ressources naturelles, les prélèvements illégaux de la faune et de la flore, le braconnage….
6 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Les résiliences des écosystèmes et de ces mêmes populations s’en trouvent amoindries. Des
efforts sont déployés en vue de pallier ces contraintes à travers des programmes
d’information, de sensibilisation, et d’éducation environnementale, et des projets visant la
création d’opportunités économiques complémentaires aux communautés utilisatrices des
parcs. Le projet « Ecotourisme et conservation de la biodiversité désertique » (PECBD)
intervient dans cette optique.
La diversification des sources de revenus des communautés locales réduira les pressions
anthropiques sur les ressources naturelles, permettra la création de valeur durable, et le
partage équitable de cette valeur.
Le projet a pour objectif aussi l’instauration d’un cadre favorable à sa mise en œuvre et sa
pérennité à travers la refonte du cadre institutionnel et réglementaire, les campagnes de
sensibilisation, le renforcement des capacités par le biais de programmes de formation
adaptés aux besoins des différents intervenants notamment le transfert des connaissances
en matière de gestion des aires protégées, et la promotion de modes de gouvernance
participatifs et transparents.
Considéré comme un tourisme responsable et durable, minimisant les impacts négatifs sur
l’environnement, ayant des retombées positives sur les populations locales, et par lequel les
écotouristes contribuent de manière active à atteindre des objectifs cités, l’écotourisme
connait cependant une multitude de définitions et d’interprétations traduisant une
dimension idéologique et rendant complexe la quantification de sa taille en termes de part
de marchés.
L’écotourisme est ainsi défini comme un tourisme responsable ayant un faible impact sur
l’environnement et qui procure des avantages aux populations locales (Ceballos-Lascurain)1.
Il traduit de nouveaux modes d’exploitation et de mise en valeur du patrimoine naturel et
humain inscrits dans une dynamique de développement durable.
A ces principes de base, peuvent se greffer des principes subsidiaires tels que (i) l’éducation
des touristes par le biais d’activités d’interprétation aux enjeux de développement durable,
au respect des valeurs culturelles des communautés d’accueil, et (ii) la promotion de la
gestion durable à travers le respect de la législation en place, le lancement d’études
préalables sur les impacts environnementaux, socio-économiques des projets, l’intégration
des mesures préventives nécessaires à la minimisation des impacts négatifs, et la mise en
place de mécanismes de suivi et d’évaluation des activités et projets écotouristiques.
Si à l’origine, l’écotourisme est défini comme une expérience basée sur la nature et a été
associé principalement aux parcs nationaux et aires protégées, la relation de l’écotourisme à
1
Ceballos-Lascurain (1991 b). Tourism, Ecotourism, and Protected Area. Parks, vol.2, n°3, pp 31-35.
8 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
la nature fait place à l’interprétation et est flexible, certains auteurs et praticiens attestent
de la possibilité qu’il puisse se dérouler en milieux altérés comme les domaines agricoles2.
Le développement de l’écotourisme dans les aires protégées est vu comme une stratégie
pour la conservation de la biodiversité. Il permet de générer des revenus pour les
communautés locales afin qu’elles réduisent leurs pressions sur les ressources naturelles, et
puissent prendre en charge la gestion de ces ressources. Une partie des revenus générés par
l’écotourisme servira parallèlement dans la conservation de la biodiversité en réinjectant
une partie des revenus directs générés par les frais d’admission, ou l’instauration d’une taxe
de conservation.3
Pour analyser l’efficacité de l’écotourisme comme outil de développement des PNx, des
indicateurs ont été établis structurés en trois axes4 :
L’écotourisme est considéré comme un levier pour asseoir un développement rural durable
conciliant les critères fondamentaux du développement durable à savoir, l’équité, l’écologie
(conservation de la biodiversité), la viabilité économique, et la gouvernance participative. Pour
ce faire, le développement de l’écotourisme devrait s’opérer en synergie avec les activités
socio-économiques locales et de manière intégrée. Il s’agit donc d’élaborer un diagnostic
approfondi et participatif (avec les acteurs clés) dans le but de développer une filière
écotouristique dans chacun des sites, qui soit adaptée aux spécificités des territoires, et basée
sur des initiatives individuelles et collectives.
2
Weaver (2001, a et b).
3
Honey, M. (2006). Avant propos dans le guide des destinations indigènes. Indigène éditions. France :
Montpellier, p383.
44
Ross and Wall (1999).
9 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
L’analyse des potentialités écotouristiques des trois parcs nationaux sélectionnés (Bouhedma,
Jbil, Dghoumès) a nécessité (i) la réalisation d’un diagnostic complet des ressources naturelles,
historiques, culturelles, humaines, organisationnelles, et matérielles (infrastructures
d’hébergement, d’accueil, d’information, de services….), (ii) la vérification de l’existence ou pas
de conditions préalables à l’écotourisme, et d’en dégager les points forts et les points faibles
afin de (iii) proposer des mesures et des actions à entreprendre qui permettront de développer
l’écotourisme dans les régions ciblées.
- d’une part, l’écotourisme s’appuie certes sur les ressources naturelles, qui en sont le
principal attrait touristique, mais aussi sur la découverte des cultures locales par le
biais d’échanges avec les communautés, et l’immersion dans les traditions et les
coutumes locales (culinaires, artisanat, festivités culturelles…) ;
- d’autre part, le développement de l’écotourisme ne peut s’opérer sans une mise en
synergie de toutes les ressources des zones et ce de manière verticale « filières » et
horizontale « intersectorialité ». En effet, le développement local et durable prôné se
base sur la valorisation de l’ensemble des ressources ayant un caractère spécifique
(ancrage territorial), et qui sont interdépendantes, et complémentaires. Il s’agit de la
valorisation simultanée de services environnementaux, de produits de terroirs et plus
largement du patrimoine matériel et immatériel.
L’approche territoriale permet, dans le cadre de cette mission, d’apprécier les potentialités
des régions abritant les PNx à proposer des produits et services intégrés et différenciés,
porteurs de divers « attributs » et engendrant un consentement à payer élevé auprès d’une
clientèle potentielle locale, nationale, et internationale. En d’autres termes, l’approche
territoriale permet d’évaluer le potentiel de mettre en place une stratégie de
développement territorial dite « panier de biens et services territorialisés» (PDBST) qui
correspond aux principes mêmes de l’écotourisme.
Le PDBST consiste donc en la proposition, par les acteurs territoriaux, d’une offre qui soit à la
fois composite (exemples produits agricoles, agro-alimentaires, artisanaux, culturels,
écotouristiques ; et services d’hébergement de restauration ….) et située (liée à un espace
particulier, à sa culture, à son histoire). Cet espace particulier se caractérise par un ensemble
d’écosystèmes dotés de milieux, de terroirs, de systèmes de production, de populations et
5
Rastoin J.L., Ghersi G., 2010, Le système alimentaire mondial : concepts et méthodes, analyses et dynamiques, éd. Quae,
Paris : 590 p.http://www.quae.com/fr/r966-le-systeme-alimentaire-mondial.html
6
Ross. S, Wall. G, 1999, Ecotourism: Towards Congruence Between Theory and Practice, International Journal of
Environmental Studies, vol. 25, p. 215-218.
7
Lequin. M, 2001, Ecotourisme et gouvernance participative, Presses de l’Université du Québec, 255 p.
11 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Il est évident que les territoires sont interdépendants et les acteurs y développent des
relations de coopération du fait des complémentarités. Ainsi un découpage administratif ne
rend pas compte des frontières réelles d’un territoire comme c’est le cas avec le PN de
Bouhedma qui dépend à la fois du gouvernorat de Sidi Bouzid et du gouvernorat de Gafsa.
L’écotourisme est une activité itinérante, les limites du territoire sont en effet flexibles
suivant le circuit touristique et l’intérêt de l’écotouriste, déterminé par les attraits naturels,
culturels et humains.
Plusieurs critères ont été analysés afin de caractériser les territoires et d’évaluer leurs
potentiels écotouristiques et à mettre en place une stratégie PDBST :
L’analyse des filières touristiques est privilégiée afin de dégager le potentiel des sites à
développer l’écotourisme ou à améliorer l’état, la structuration, et le positionnement de
cette filière si elle existe déjà en identifiant, d’abord, les goulots d’étranglement et
proposant, ensuite, des actions visant l’amélioration de ses performances (meilleur ancrage
territorial, création de valeur et partage équitable de cette valeur, préservation de la
biodiversité et de l’environnement, et création d’emplois). Il convient au préalable, de
revenir sur le concept de filière.
8
Pecqueur B. 2001, Qualité et développement territorial : l’hypothèse du panier de biens, Economie Rurale n°261, pp37-49.
12 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Le concept de filière a été largement adopté dans le cas des produits agricoles transformés 9.
Une filière peut être développée sur la base d’une volonté de satisfaire une demande
probable, dans ce cas, elle est construite suivant une démarche marketing. A l’inverse, elle
peut être développée en adoptant une démarche productive, c'est-à-dire de valorisation de
ressources locales matérielles (ressources naturelles) ou immatérielles (patrimoine culturel
et historique, savoir-faire), c’est le cas de l’écotourisme.
Le diagnostic de la filière touristique ou écotouristique (si elle existe déjà) implique quatre
étapes : analyse de la structuration de la filière (composantes et acteurs), son organisation,
son fonctionnement, et son environnement institutionnel (marchés et cadre réglementaire
et institutionnel). L’objectif étant de dégager les points forts (à consolider) et les points
faibles (cibles d’actions).
9
La définition la plus citée est celle de R.A. Golberg (1968) « L’approche filière [commodity system, en anglais] englobe tous
les participants impliqués dans la production, la transformation et la commercialisation d’un produit agricole. Elle inclut les
fournisseurs de l’agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs, les grossistes et
détaillants permettant au produit brut de passer de la production à la consommation. Elle concerne enfin toutes les
« institutions », telles que les institutions gouvernementales, les marchés, les associations de commerce qui affectent et
coordonnent les niveaux successifs sur lesquels transitent les produits».
13 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
supporter un flux géré de visiteurs (capacités de charge), leur potentiel à proposer une offre
écotouristique intégrée et attractive. Ainsi l’analyse a porté sur les rubriques suivantes :
1. Parcs Nationaux :
a. Dotations en ressources naturelles : état de conservation de la biodiversité,
faune, flore, géologie, paysages…
b. Ressources humaines : effectif du parc, niveau de qualification, cycles de
formation, niveau des salaires, conditions de travail…
c. Infrastructures et équipements: hébergement, accueil, points d’observation,
écomusées (état de l’infrastructure, capacité, conformité aux normes et
standards, type de construction, gestion des déchets, énergies
renouvelables…)
d. Services d’interprétation et d’éducation environnementale : signalétique,
guidage, sentiers, qualité de l’interprétation de la valeur écologique des PN
(herbiers, panneaux didactiques, support numérique…), ateliers d’éducation
environnementale (classes vertes…)
e. Activités et services: loisirs (randonnées, restauration, animation…)
f. Gestion administrative et financière du parc : mécanismes de financement,
mécanismes d’implication des populations locales, existence d’une charte ou
code de conduite (O/N)
g. Capacité de charge10 : connue (O/N) ; coopération avec la recherche
scientifique
h. Niveau de fréquentation et profil des visiteurs
i. Actions de promotion : (O/N), brochures, documentation, supports audio-
visuels ; coopération avec agences de voyages…
j. Menaces pesant sur les PN
a. Professionnels :
10
La capacité de charge d’un PN ou d’une aire protégée est le résultat d’une réflexion commune, menée par des
compétences pluridisciplinaires, et nécessite une batterie de données collectées et/ou construites sur une période plus ou
moins longue. Elle relève le plus souvent de la responsabilité des organismes et institutions de recherche spécialisés. Notre
ambition, dans le cadre de cette mission, ne réside pas dans la tentative d’estimer la capacité de charge des PN mais
seulement d’amorcer le débat autour de cette question primordiale lorsque l’objectif visé est de préserver la biodiversité
tout en attirant un flux de touristes. Il convient dès lors de connaitre les seuils à ne pas franchir afin de garder sauve la
résilience des écosystèmes.
14 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Positionnement Recommandations
stratégique
15 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
- conserver la biodiversité ;
- offrir des alternatives économiques aux communautés locales ;
- attirer une clientèle disposée à valoriser le patrimoine territorial en contrepartie
d’une offre typique, conforme aux promesses, et de qualité. En effet, le
consentement à payer est positivement corrélé à la qualité et l’authenticité des
prestations proposées car il ne s’agira pas de vendre du rêve mais de permettre au
touriste de vivre le rêve. Les segments dits de niches ou interstitiels, comme c’est le
cas de l’écotourisme, ne présentent pas un risque lié à l’absence d’une demande
potentielle, par contre celle-ci est très sensible à la qualité des produits et des
services.
1.3.4. Démarche
(ii) L’observation directe grâce à des visites des trois parcs. Deux visites ont été
organisées à chaque parc dans le but de constater in situ les caractéristiques
réelles de ces espaces naturels, d’apprécier leurs richesses en ressources
naturelles (faune et flore) et leurs typicités, la qualité des paysages qu’ils
offrent, la nature des émotions procurées et des sensations suscitées.
L’objectif étant aussi d’apprécier l’état des lieux des aménagements et des
infrastructures existants, y compris la qualité de la composante
« interprétative » (signalétique, sentiers, supports de communication des
écomusées…), leur accessibilité, et le potentiel humain du parc…
(iii) Les interviews et les entretiens avec les représentants des différentes parties
prenantes impliquées dans le développement de l’écotourisme dans les 3 PNx
et les régions les abritant , en l’occurrence les représentants de la société
civile, les opérateurs et professionnels du secteur touristique (promoteurs
privés et représentants du tourisme), les responsables du développement
régional, les chefs d’arrondissement des forêts, les conservateurs des parcs, le
16 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Le parc national de Jbil est situé dans la région de Nefzaoua (gouvernorat de Kébili), à 70 km
de Douz, et à 45 km de la localité de Sabria (délégation d’El Fouar). Ce sera donc la
délégation d’El Faouar abritant les populations les plus proches du parc qui fera l’objet d’un
diagnostic territorial. A noter que la disponibilité des données conditionne le choix de la
délégation comme unité d’analyse et non le secteur (Sabria). Mais compte tenu de la nature
de l’écotourisme, et de l’approche adoptée dans le cadre de cette mission, les principales
attractivités touristiques situées dans les régions limitrophes d’El Faouar et de Kébili seront
mises en exergue.
El Faouar (9 671,3 km², 20 400 habitants en 2012), délégation du gouvernorat de Kébili (43%
de la superficie), est une délégation enclavée, la distance par rapport aux pôles est de 300
km kilomètres contre une moyenne nationale de 100 km.
11
Les chiffres communiqués dans ce chapitre sont issus des documents de l’ODS notamment : « Le
Gouvernorat de Kébili en chiffres 2012 ». Office du Développement du Sud, Ministère du Développement et de
la Coopération Internationale, 2012, 108p.
17 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
L’aéroport le plus proche de Kébili (vols domestiques uniquement) se situe à Tozeur (96 km,
1h30 par la route) et l’aéroport international à Djerba (227 km, 4h). Un bon réseau routier
(bitumé) relie Kébili à Tunis (467 km, via Kairouan, et 519 km via Sfax, dont 270 km
d’autoroute), soit une durée d’environ 7h, et aux capitales régionales du littoral à l’Est
(Gabès, 120 km, 2h, Sfax, 230 km, 4h) et de l’intérieur, vers le Nord (Gafsa, 110 km),
Kairouan (292 km), et vers le Sud, Tataouine (243 km). La frontière algérienne se trouve à
l’Ouest et la libyenne au Sud (Nalut à 433 km, via Tataouine). Le trafic routier est intense
vers la Libye et donc la durée des trajets lente en l’absence d’autoroute.
Source : API
Le réseau routier d’El Faouar est relativement en bon état puisque les routes classées
dépassent 50% contre une moyenne nationale de 32%.
- les services de santé sont en deçà des standards requis, il existe 1 médecin pour
5400 habitants ; la capacité en lits est de 0,7 lit pour 1000 habitants. A noter que la
délégation compte 11 centres de santé de base.
Avec 20 400 habitants, la délégation d’El Faouar est l’une des délégations les moins
peuplées ; la densité de la population est de 2 hab/km², bien en dessous de la densité de la
population du gouvernorat de Kébili (7 hab/km²). Le rythme de croissance de la population
est cependant intéressant (2%) du fait de la mobilité inter-délégation, la vocation touristique
de la région attire la main-d’œuvre des autres délégations du gouvernorat vers El Faouar. Le
18 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
solde migratoire est en effet positif. Le taux de chômage avoisine 7% alors qu’il est plus
important au niveau du gouvernorat de Kébili (12%), et il est le double au niveau national
(14%).
Par ailleurs, la délégation se caractérise par des niveaux d’analphabétisme élevés, 31%,
largement au dessus de la moyenne nationale, qui elle se situe à 25%. Il en est de même du
niveau d’instruction des populations. La part de la population instruite (estimée par la part
de la population ayant le niveau secondaire ou supérieur) est de 32%, soit un taux largement
au dessus à celui du gouvernorat de Kébili (17,7%) mais inférieur à la moyenne nationale
(38%).
La région de Nefzaoua, et par conséquent El Faouar, fait partie de l’étage bioclimatique aride
de la Tunisie et se caractérise par un climat méditerranéen saharien, variante à hiver froid
dont les faits marquants sont12 :
La Nefzaoua est une vaste formation géologique (miopliocène) de 300 mille ha située entre
le Jebel Tebaga, les monts de Matmata et le Chott El Jerid, comptant 8 400 ha d'oasis. A
l'origine, les oasis sont des bouquets de palmiers, de variétés très diverses, concentrés
autour de sources artésiennes. Puis l’artésianisme naturel a été perturbé par des forages qui
se sont multipliés de façon importante au fil des années causant le tarissement de plusieurs
sources.
Ainsi, « les oasis irriguées, cultivées sur plusieurs strates, occupent progressivement tout
l'espace compris entre le forage et la première dépression topographique qui existe en aval.
Cette logique d'extension est imposée par le mode d'irrigation gravitaire. Dans les années
1980, les oasis nouvellement mises en eau sont plutôt des périmètres irrigués consacrés à la
monoculture du palmier-dattier Deglet Nour. Toutes sont alimentées par des forages. Le
calendrier des besoins en eau est modifié. La profondeur d'assainissement des sols
augmente. Le drainage s'intensifie et il apparaît dans le paysage des lacs d'exutoire qui se
salinisent par évaporation »13.
12
Sghaier M., 1999, Les oasis de la région du Nefzaoua, IMAROM, Working Paper Series, n° 3, Institut des
régions arides, Medenine : 37 p.
13
Sahnoun et al., 1995, op cité.
19 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
A partir de la fin des années 1980, ces évolutions sont aggravées par l’exploitation de
sources géothermiques. Les oasis subissent ainsi une lente mais inexorable dégradation de
leurs sols du fait de deux phénomènes : l'ensablement (par du gypse, sous forme de micro-
particules provenant des minéraux libérés par l’évaporation des eaux d’irrigation et de
drainage) dans les zones ouvertes en périphérie, et de leur salinisation dans les zones
basses. De plus, les paysages traditionnels sont enlaidis par des ouvrages en béton construits
pour l’exhaure d’une eau à 70°C et son refroidissement, sans aucune préoccupation
esthétique.
Les ressources totales en terre sont importantes mais le potentiel exploitable par
l’agriculture est très faible : la SAU (superficie agricole utile) à El Faouar représente un peu
moins de 13% dont 97% sont des terres de parcours.
La région connait une surexploitation de la ressource eau, les utilisations d’eau représentent
environ 1,5 fois la ressource annuelle, il y a donc prélèvement net et amenuisement
progressif des nappes aquifères dans le gouvernorat de Kébili. Ces utilisations ont très
fortement augmenté dans les 30 dernières années, passant de 4 288 l/s à 7 958 l/s en 1992
et sans doute plus de 14 000 l/s en 2012, dont 98% pour l’agriculture, secteur dans lequel
36% de l’extraction se ferait de manière illicite14. Par ailleurs, la forte salinité des eaux est
une lourde contrainte, à la fois pour l’extraction et l’acheminement de l’eau (dégâts coûteux
sur les installations) et pour la production agricole. L’eau constitue donc un enjeu majeur
pour la région.
Il en résulte une menace sérieuse sur l’agriculture régionale, d’autant plus que l’on a
encouragé la spécialisation sur la variété de dattes Deglet Nour et la production maraichère
géothermique. Enfin, de très nombreux pompages se font de manière illicite. Ceci pose la
question globale de la gestion de l’eau (publique et/ou privée) et de son prix : la ressource
étant facturée très en dessous de son coût, elle conduit à du gaspillage et à une allocation
non optimale entre les usages possibles.
14
Sghaier, 1999, op cité.
20 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
- Parc national de Jbil et ses ressources : faune, flore, paysages… (voir le chapitre sur
le PN de Jbil) ;
15
Pour plus de détails sur la multiplicité des intérêts des oasis traditionnelles (écologique, productif, récréatif,
socio-économique), et les problématiques de durabilité de ces écosystèmes, cf chapitre : Diagnostic territorial
de Mezzouna/capital naturel.
21 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
- Grand Erg Oriental : et les magnifiques paysages qu’il offre formé de dunes de sables
façonnées au gré des vents ; Ksar Ghilane, l’oasis située à la limite Est de l’Erg qui
permet, d’apprécier la beauté des paysages, de profiter de la douceur climatique, et
de se baigner dans une source d’eau chaude possédant des vertus thermales. A Ksar
Ghilène, le touriste pourra apprécier un « réseau d'ouvrages romains civils et
militaires, à la lisière du Sahara, fascinant par son intégration dans un milieu hostile.
Patrimoine représentatif d'un aspect important de la civilisation romaine. Un jet de
pierre à l’Ouest d’El Garâa, un des rares vestiges sahariens de l’antiquité Romaine. Le
Ksar est une imposante forteresse érigée sur une colline surplombant les dunes du
Grand Erg pour contrôler les migrations et les attaques venant de l’Afrique
subsaharienne »16.
La région du Nefzaoua (Nefzâwa), « pays de l’eau, des oasis et des dattes » est peuplée
depuis la haute antiquité et a connu les vagues d’occupation successives observées en
Tunisie depuis 2000 ans : Romains, Arabes (tribus Hilal et Soleim au XIe siècle), Turcs (XIVe-
XVIIIe), Français (fin du XIXe et première moitié du XXe), sur un fond berbère très ancien
(Nybgenii). Les vestiges sont nombreux dans la région dont les sites archéologiques de Ain
Brimba et Souk El Ahad (plus vieilles industries de l’humanité), et des vestiges romains dont
notamment à Telmine qui fut un centre important (Tamalleni) sous l’empereur Hadrien. A
l’époque arabe, le Nefzaoua est célèbré par El Atachi pour la profusion de ses lieux saints et
décrite par les grands géographes Ibn Khaldoun et Et-Tidjani17.
La culture alimentaire se fonde sur la datte depuis des millénaires, le palmier-dattier ayant
été introduit dans la région par les Phéniciens. La variété Deglet Nour a été introduite au
début du XXe siècle par les Français. Les qualités nutritionnelles du fruit sont indéniables :
présence d’anti-oxydants, de métaux et de vitamines contribuant à la prophylaxie des MCV,
16
Circuit oasis-Sahara, Ministère de l’environnement et du Développement Durable, 2006.
17
Bedoucha G., 1987, L’eau, l’amie des puissants, Une communauté oasienne du Sud Tunisien, Editions des
archives contemporaines, Collection Ordres sociaux, EHESS, OPA Bv and Ltd, Gordon and BahenbhS.A., Paris-
Montreux : 427 p.
18
Idoux, M. Notes sur le Nefzaoua (Tunisie méridionale). In: Annales de Géographie. 1902, t. 11, n°60. pp. 439-
447. Idoux M. Notes sur le Nefzaoua (Tunisie méridionale). In: Annales de Géographie. 1902, t. 11, n°60. Paris :
439-447.
22 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
La région de Kébili recèle d’autres typicités comme l’architecture locale qui s’appuie aussi
sur les troncs des palmiers dattiers pour en faire des poutres de soutien du plafond par
exemple ; ou encore les vestiges présentant un intérêt historique et culturel à l’instar
l’ancien Ksar Zamit construit sur les hauteurs, au bord de l’oued Zamit.
Le gouvernorat de Kébili se caractérise par sept festivals qui ont lieu entre novembre et
mars/avril :
L’économie dans la délégation d’El Faouar est dominée par l’agriculture et l’élevage qui
emploie 52% de la population active19. Le secteur des services, y compris le tourisme,
absorbe quant à lui 34% de la population active.
Les productions agricoles sont diversifiées. Il n’est pas aisé de séparer les superficies
cultivées en palmier dattier des autres spéculations car les systèmes de culture sont conduits
en association selon la disponibilité de l’eau et de sa qualité. Selon les statistiques officielles,
les principales productions se présentent comme suit :
Il n’existe aucune agence bancaire dans la délégation et aucune société d’assurance non
plus.
19
Rapport de l’ODS, Kébili en chiffres, 2012. Op cité.
24 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
vicissitudes du marché et sont dans une logique réactive plutôt que proactive. Kébili compte
donc près de 34 agences de voyages, deux hôtels de charme (d’une capacité de 26 lits), un
nombre important de guides-accompagnateurs et d’hôtels (en 2012 : 30 établissements
pour une capacité en lits de 4 209)20, et une école touristique privée (capacité de 60 élèves).
Plusieurs structures et organismes publics conjuguent leurs efforts pour encadrer et soutenir
le développement rural à El Faouar comme dans tout autre territoire à l’échelle nationale.
20
Source : ONTT
21
Rappelons que l’ODS (Office de Développement du Sud) est un établissement public à caractère non
administratif, crée en 1994. Son siège social se trouve à Médenine et couvre les gouvernorats suivants :
Médenine, Gabès, Tataouine, Gafsa, Kébili, et Tozeur. Il dispose de 3 directions régionales dans chaque
gouvernorat. Il intervient dans deux grands axes complémentaires : (i) l’aide à l’élaboration et l’exécution des
plans et programmes régionaux de développement (études, proposition de mesures, choix des programmes
d’investissement public, suivi et évaluation), (ii) la promotion de l’investissement privé à travers l’appui et
l’encadrement des promoteurs (élaboration d’études sectorielles et régionales afin d’identifier les opportunités
d’investissement, aide à la constitution des études technico-économiques et au montage des dossiers
d’investissement, intervention auprès des structures et organismes impliqués en vue de faciliter les démarches,
assistance et suivi des promoteurs durant les phases de réalisation de leurs projets).
25 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
La délégation compte en son sein 19 Associations d’Intérêt Collectifs (AIC), une Cellule
Technique de Vulgarisation (CTV), et deux centres de rayonnements agricoles.
Chaque groupe d’acteurs (administration, société civile, promoteurs privés…) est conscient
de la nécessité de se concerter afin d’asseoir de nouvelles bases de coopération et de
restaurer la confiance qui a été rompue entre la société civile d’une part, et l’administration
et les gestionnaires des projets de développement d’autre part.
Le parc national de Jbil abrite déjà des activités écotouristiques mais qui ne sont pas encore
suffisamment intégrées dans la dynamique locale et ne profitent aucunement aux
populations locales. Il s’agit dans le cadre de ce diagnostic d’élaborer un état des lieux de la
filière dans le but d’améliorer et de renforcer sa structuration et son positionnement pour
un développement durable.
2.2.1. Parc National de Jbil : attraits naturels et valeur paysagère
Le PN de Jbil a été crée en 1994, il est situé dans la région de Nefzaoua (gouvernorat de
Kébili), à 70 km de Douz, et à 45 km de la localité de Sabria (délégation d’El Fouar),
caractérisée par l’étage bioclimatique saharien avec des températures pouvant atteindre 55
degrés Celsius à l’ombre en été, et des vents soufflants tout au long de l’année façonnant à
leur gré des paysages insolites. Il couvre une superficie de 150 000 ha déclinée en 3
formations distinctes : (i) relief tabulaire (4800 ha) notamment au nord et à la limite Est du
parc ; (ii) zones planiformes des regs (18200 ha) ; et (iii) formation dunaire dans la partie
septentrionale du Grand Erg Oriental (127000 ha).
Flore
22
Il s’agit de : (i) endémiques Afrique du Nord (5 espèces) : Anacyclus monanthos (L.) Thell. subsp. cyrtolepidioides (Pomel)
Humphries, Echium trigorrhisum Pomel , Fagonia microphylla Pomel , Henophyton deserti (Coss. et Dur.) Coss. et Dur.,
Stephanochilus omphalodes Coss. et Durieu ex Benth. et Hook. f.; (ii) endémiques tunisiennes (3 espèces) : Arnebia
decumbens (Vent.) Coss. et Kralik, Helianthemum semiglabrum Bad. var. africanum Murb., Ferula tunetana Pomel ; (iii)
endémiques du grand erg oriental (2 espèces) : Calligonum arich Le Houérou, Calligonum azel Maire ; (iv) endémique libyco-
tunisienne (1 espèce) : Daucus syrticus Murb. ; (v) endémique algéro-tunisienne (1 espèce) : Centaurea microcarpa Coss.
26 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Faune
Elle est également riche et diversifiée, elle se caractérise par des espèces menacées de
disparition ou ayant le statut « d’espèce vulnérable » à l’instar de la gazelle des dunes
(gazella leptoceros) dite aussi « gazelle blanche » (ou encore Rim), la gazelle dorcas,
l’outarde houbara, l’addax, réintroduit depuis peu, etc. Le parc compte en son sein d’autres
espèces comme le fennec, le varan, la vipère à cornes, et nombre d’autres reptiles et
insectes.
Néanmoins, il a été constaté lors de la mission, deux contraintes majeures qui méritent que
l’on s’y attarde : (i) présence d’un effectif d’addax présentant des anomalies au niveau des
cornes (couleur noirâtre et formes courbées ou en 8). L’hypothèse avancée par les
interlocuteurs concerne des mutations génétiques du fait de la consanguinité). Des
explorations devraient être encouragées notamment par des centres de recherche ou
laboratoires spécialisés, ou encore par un vétérinaire afin d’apporter les remèdes requis ; (ii)
domestication alarmante du troupeau d’addax du fait des points d’alimentation et des
abreuvoirs postés à proximité des logements des gardes. Il convient de prévoir des mesures
de correction comme le déplacement des abreuvoirs au cœur du parc, à condition de
s’assurer de la disponibilité d’une source d’alimentation suffisante.
Valeur paysagère
Le PN de Jbil se caractérise en outre par une valeur paysagère sûre dans sa partie orientale
où le contraste de textures et la diversité morphologique présentent un intérêt pour des
activités de contemplation et de communion avec la nature : relief tabulaire (désert
rocailleux), zones planiformes des regs, formation dunaire du Grand Erg oriental (127 000
ha).
L’accès au parc par Douz se caractérise par une grande pénibilité dans la mesure où les
pistes sont dans un mauvais état. Les panneaux de signalisation sont rares et ne donnant
aucune indication par exemple sur les coordonnées GPS du parc. L’entrée du parc est dotée
d’un portail imposant et jouxtant une tour de contrôle faisant office également de
logements pour gardiens qui mérite d’être réhabilitée pour offrir des conditions
d’hébergement décentes.
Le parc abrite aussi deux constructions composées chacune de deux chambres, une cuisine,
et une salle d’eau destinée à héberger les gardiens (une seule en est équipée), un écomusée,
un gîte d’étapes, panneaux photovoltaïques (solaire) produisant de l’électricité pour le parc ;
2 impluviums avec réservoir à l’intérieur du massif de Jbil; un forage près de l’entrée
principale, 3 enclos (20 ha) pour la faune, abreuvoirs au nombre de 4 pour la faune sauvage
à l’intérieur du massif de Jbil, des moyens de transport (mobylettes, tracteurs pour le
transport des citernes…), quelques dromadaires qui ne sont pas actuellement valorisés et
posent des contraintes de surpâturage.
28 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Ecomusée
Il est d’une superficie modeste et insuffisante, composé d’une seule pièce d’exposition. La
structure de l’espace d’exposition, la disposition des éléments informatifs, le design, et la
qualité de l’information proposée méritent d’être revus pour remplir les fonctionnalités d’un
écomusée, à savoir conserver la mémoire historique, identitaire, et du patrimoine naturel
dans un esprit de vulgarisation scientifique. Par ailleurs, le recours à des produits locaux
comme le mergoum, et les sous-produits du palmier conférerait certainement plus de
caractère au site.
29 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Hébergement
Sentiers et signalétique
La valeur écologique, pour les visiteurs non initiés, est quasiment inaccessible tant la
signalétique est inexistante. Absence de table d’orientation à l’entrée du parc est à signaler.
Par ailleurs, il n’existe pas de sentiers balisés même si le conservateur maîtrise l’espace et
connait les points d’attraction potentiels.
L’article 16 du code forestier exige pour chaque parc national l’élaboration d’un plan
d’aménagement et de gestion (PAG), le PN de Jbil dispose d’un PAG qui a été actualisé en
2013. Il s’agit d’un outil de planification et de management sensé permettre l’implication de
toutes les parties prenantes lors de son élaboration, sa mise en œuvre, et son suivi-
évaluation. Le PAG prévoit une série de mesures et d’aménagements, dont la mise en œuvre
nécessite des moyens financiers importants que le PN ne peut mobiliser. En effet, les PN ne
sont pas autonomes financièrement, leur budget de fonctionnement, considéré comme
insuffisant, est attribué annuellement par le CRDA. Les réalisations en matière
d’infrastructures sont le fruit des financements mobilisés dans le cadre de projets de
coopération.
Pour pallier cette contrainte, les décrets de création des aires protégés ont connu des
modifications notables en 2009 dans le sens de l’association du secteur privé dans la
gestion des aires protégées sur la base d’une concession octroyée pour une période de 30
ans renouvelable par période de 5 ans (article 3). La concession forestière est octroyée pour
les activités présentant une utilité publique, assurant et garantissant le développement
sylvo-pastoral, et in fine compatibles avec les écosystèmes naturels en sauvegardant leur
31 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
vocation initiale et leur durabilité. Ces modifications devraient néanmoins être généralisées
à tous les parcs nationaux et ne pas se limiter à ceux crées à partir de 2010.
Dans les faits, il n’y a pas encore de possibilité de mettre en application ces textes puisque
les mécanismes et procédures de mise en œuvre n’ont pas été définis.
Par ailleurs, les ressources humaines des parcs sont également limitées. Le conservateur est
généralement le seul cadre de l’équipe au sein du parc (bac plus 3). Le personnel est
composé d’ouvriers sans qualifications, et dont la motivation est amoindrie par des
conditions de travail considérées comme insuffisantes (non titularisation pour certains ;
faible niveau de salaire 250-300 TND). A noter, que le personnel du parc se situe au nombre
de 40-45, il est sélectionné parmi les populations riveraines dans le but d’impliquer ces
populations dans la vie du parc et de compenser le manque à gagner généré par la limitation
d’accès et d’exploitation de certaines ressources des parcs.
Ces ressources humaines sont appelées à bénéficier de formations ciblées pour combler les
nombreuses lacunes constatées et ce dans l’objectif d’améliorer la gestion des ressources
naturelles et de promouvoir un écotourisme de qualité (notion même de PN, standards de
gestion et de conservation, hygiène et qualité, respect de l’habitat de la faune, langues …).
Le PN de Jbil n’a pas élaboré de charte ou de code de bonne conduite, une sorte de pacte
consensuel définissant les règles d’exploitation des espaces du parc, destiné aux utilisateurs
et visiteurs du parc. Ils diffèrent de la convention de concession réunissant le concédant et le
concessionnaire.
2.2.4. Fréquentation, activités et acteurs
32 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Le mont de Tinbaïne constitue aussi un principal point d’attraction des touristes. Situé à 15
km au sud ouest de la frontière du parc, Zemlet El Borma est l’erg le plus haut, et constitue
un autre point d’attraction apprécié par son remarquable paysage au couché du soleil. Il
clôture souvent la randonnée à dos de chameau.
Ces circuits sont organisés à la demande de groupes de touristes (15 à 20 personnes) parfois
moins nombreux drainés par des agences de voyages européennes (pas de contact direct).
Quelques touristes nationaux s’adonnent à cette pratique touristique, mais cela relève
d’occasions rares. Ce produit n’a pas de visibilité sur le marché national, les agences de
voyages ne proposent pas d’offres dédiées aux touristes tunisiens pourtant une demande
existe.
Ces circuits sont ponctués de campements dans le désert (bivouacs). Deux campements sont
toutefois fixes et aménagés à proximité du parc de Jbil, l’un est à environ 8 km, l’autre est à
Timbaïne. La visite de l’un des campements suggère la nécessité d’entreprendre des travaux
de rénovation des installations et des équipements (cuisine, literie…), mais aussi de résoudre
la contrainte du manque d’eau qui génère des désagréments auprès des touristes.
Le PN de Jbil n’est pas suffisamment valorisé dans le cadre de ces circuits, les opérateurs
avancent la contrainte des autorisations qu’ils convient d’obtenir préalablement (48 heures
au moins), il est souvent contourné ou juste traversé. Hormis les chercheurs et les visiteurs
initiés, les touristes se heurtent à un manque d’encadrement au sein du PN et l’absence
d’activités proposées. La qualité des informations fournies que ce soit lors de la visite de
l’écomusée ou par des guides, généralement non spécialisés, ne rend pas compte de la
richesse du patrimoine du parc.
Aussi, le contact avec les populations locales est quasi inexistant mis à part avec les acteurs
locaux en charge des randonnées chamelières et des campements. Les retombées de
l’écotourisme sur le bien-être des populations sont limitées du fait de la conception des
circuits. Ces derniers n’intègrent pas les agglomérations qui sont distantes du PN comme
Zaafrane ou Sabria par manque d’attractions sur ces sites. Par ailleurs, et durant les vacances
de printemps, les touristes peuvent croiser des familles sédentaires qui renouent avec leurs
33 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
origines nomades et privilégient la vie bédouine. Elles proposent souvent aux touristes de
partager leurs repas (coucous, pain cuit dans le sable, lait de chamelle, thé…).
La qualité et la diversité de l’offre s’en trouvent par conséquent affectées. En effet, la qualité
des prestations de services mérite des efforts en matière d’investissements dans les
infrastructures, la formation du personnel y compris les guides qui sont en majorité des
guides accompagnateurs maitrisant davantage la géographie locale que les langues et l’art
de transmettre des informations pertinentes et enrichissantes sur leur région (déficit de
contenu). C’est le cas également de certains porteurs de projets de restauration qui se
contentent de satisfaire les demandes potentielles des touristes en proposant des menus
standards ne reflétant pas la richesse et la diversité de la gastronomie locale.
Kébili tout comme Tozeur sont des régions émettrices de produits touristiques
caractéristiques du tourisme saharien. Elles n’arrivent pas à se défaire de l’image de
tourisme de masse et plus précisément du tourisme de passage qui est prédominant. En
effet, en 2012, d’après les statistiques de l’ONTT, l’hébergement alternatif (campement et
pensions de familles ou maison d’hôtes) n’a représenté que près de 13% en termes de
nuitées dans les deux régions. Les hébergements dans les hôtels classiques (87% de nuitées)
renseignent sur l’importance de ce tourisme de passage (1 à 2 nuitées) qui se greffe aux
offres du balnéaire faiblement valorisantes.
La commercialisation directe des circuits fait défaut. Le tissu des opérateurs du tourisme
dans la région de Kébili est riche et dense mais ces acteurs subissent davantage les
vicissitudes du marché et sont dans une logique réactive plutôt que proactive. En effet, Kébili
compte près de 34 agences de voyages, deux hôtels de charme (d’une capacité de 26 lits), un
nombre important de guides-accompagnateurs et d’hôtels (en 2012 : 30 établissements
pour une capacité en lits de 4 209)23 mais ce sont les tours opérateurs étrangers qui sont en
contact direct avec les touristes. Ce sont donc eux qui établissent les programmes et fixent
les tarifs laissant ainsi de minces marges aux opérateurs nationaux de valoriser pleinement
les ressources régionales et locales.
2.2.5. Pressions et menaces sur le parc
(i) la chasse illégale notamment les gazelles et l’outarde houbara. A noter tout de
même que ces pratiques prédatrices concernent aussi des touristes étrangers,
(iii) les randonnées motorisées en 4x4, et la pratique de sports motorisés via les
quads.
23
Source : ONTT
34 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Ces pressions menacent la diversité biologique au sein du parc national, elles altèrent le
couvert végétal qui est de fait clairsemé, la densité de la faune, et la qualité des sols à cause
des phénomènes de tassement des sols.
Le personnel du PN devrait être sensibilisé aux nuisances causées par ces prélèvements afin
d’accroitre leur niveau de vigilance, et il convient de le doter en matériel adéquat et en
quantité suffisante pour renforcer la lutte contre ces agissements. Aussi, il convient de
proscrire les déplacements motorisés au sein du parc sauf dans certains cas qu’il convient de
préciser dans le cadre d’un code de bonne conduite et qu’il serait souhaitable de concevoir.
Dans lequel, seront définies les responsabilités et les périmètres d’intervention de chaque
partie : visiteurs, prestataires de services, population locale, gestionnaires du parc.
Les atouts :
- Diversité des produits de terroirs dont les produits agricoles (biologiques) et les
produits alimentaires : séchage pain cuit dans le sable, el merdouma, Rfissa, Chnina…
- Le parc abrite actuellement des activités écotouristiques qui sont encore à l’état
embryonnaire et ce en dépit de l’insuffisance des aménagements en place et de
l’absence d’efforts promotionnels. La région est caractéristique du tourisme saharien,
elle recèle d’opérateurs déjà rôdés et imprégnés de l’activité touristique.
Actuellement, la pratique de l’écotourisme dans le parc et ses environs se caractérise
par des visites de contemplation de la nature, la méditation, la pratique du yoga, le
trekking, les randonnées à dos de chameaux (dites méharées) notamment durant
l’hiver et le printemps, et occasionnellement l’observation de la faune et de la flore
(dont l’ornithologie).
Les faiblesses :
- El Faouar est une délégation enclavée, la distance par rapport aux grands pôles
économiques est de 300 km contre une moyenne nationale de 100 km.
- Tissu économique du territoire est faiblement diversifié, il est axé sur l’agriculture et
l’élevage (52% de la population active) engendrant de fortes pressions sur les
ressources naturelles (parcours et forêts). Le tourisme absorbe 34% de la population
active. Le tissu industriel est faible.
populations locales à part avec les acteurs en charge des randonnées chamelières et
des campements. Les agglomérations qui sont distantes du PN comme Zaafrane et
Sabria ne sont pas intégrées dans les circuits.
L’écotourisme compte de plus en plus d’adeptes dans le monde sans pouvoir toutefois
avancer une estimation fiable de la taille de ce marché tant les définitions des écotouristes
varient selon les pays et les organismes chargés de l’évaluation des marchés touristiques.
L’objet de ce chapitre est de dégager les principales motivations et aspirations des
écotouristes, les segments dominants, et les comportements d’achat. Les sources
d’informations consultées sont essentiellement l’étude stratégique pour la promotion de
l’écotourisme en Tunisie (2009), les résultats des enquêtes réalisées par l’OMT (Organisation
Mondiale du Tourisme (2002; 2007)24.
24
Une stratégie marketing pour la promotion de l’écotourisme en Tunisie sera réalisée dans le cadre du PECDB.
Les aspects relatifs au marché seront traités de manière approfondie.
37 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Selon différentes sources25, les touristes affirment leurs préférences pour les entreprises
offrant des services respectueux de l’environnement (hébergements, transport,
restauration). Ils affichent une disposition à payer légèrement plus cher dans le but
d’encourager les pratiques écologiques. Selon un sondage réalisé en Grande Bretagne26, près
de 59% des touristes enquêtés annoncent une propension à payer plus cher un tour
opérateur disposant d’un code d’éthique visant l’encouragement des comportements
respectueux sur les sites naturels visités et vis-à-vis des communautés locales. La même
source indique qu’aux Etats-Unis, environ 87% des touristes se disent favoriser dans leurs
choix les entreprises touristiques respectueuses de l’environnement (par exemple les
hébergements respectant les normes écologiques).
Quelle que soit l’activité privilégiée, le point commun entre les différents segments de la
demande écotouristique est la conservation de la nature et la préservation des sites
naturels.
Une étude australienne réalisée par Tourism Queesland identifie une autre segmentation
fondée sur l’engagement environnemental des écotouristes. Trois segments se dégagent :
25
Cf Nature et tourisme : l’écotourisme au Québec, 2002.
26
Sondage mené par Tearfund (1999).
27
Ecotourism Market and Industry Structure (1998) et Australian Tourism Queesland (2001).
38 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
(ii) les écotouristes potentiels : prédisposés à des vacances axées sur la nature, leurs
voyages ne privilégient pas essentiellement des activités nécessitant l’apprentissage
et l’interprétation ;
(iv) les écotouristes probables : présentent des dispositions à des voyages dans les
milieux naturels sans attentes particulières en matière d’interprétation, la
planification des voyages est aléatoires voire insignifiante.
Les écotouristes sont le plus souvent des touristes d’âge mûr. Leur âge se situe en moyenne
entre 35 et 55 ans mais les seniors (au-delà de 55 ans) sont fortement représentés, ils
représentent plus de 36% des écotouristes britanniques et 44% des écotouristes canadiens.
L’enquête réalisée par Comete a ciblé des écotouristes dont la moyenne d’âge avoisine 39
ans (avec un intervalle allant de 25 à 56 ans).
Il semblerait d’après les enquêtes de l’OMT que les écotouristes sont composés d’autant de
femmes que d’hommes avec en moyenne une légère prédominance féminine (les femmes
sont majoritaires en France : 55%, en Grande Bretagne : 53,5% et au Canada : 54%). Aux
Etats-Unis par contre, les écotouristes comptent plus d’hommes (54%) que de femmes.
S’agissant du type de voyage réalisé, il ressort que les écotouristes favorisent en priorité les
voyages écotouristiques leur permettant de découvrir la nature mais également les cultures
des populations locales et de pratiquer des activités sportives (douces (randonnées) ou
d’aventure (parapente, spéléologie)) ou autres (stages de poteries, de tissage, agriculture…).
Les enquêtés déclarent aussi qu’ils leur arrivent de profiter d’un voyage d’affaires pour faire
de l’écotourisme, dans ce cas ce sont souvent des voyages de courte durée. Les voyages axés
exclusivement sur l’observation de la faune ou de la flore (niches) concernent des segments
de petite taille.
39 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Les principales motivations des écotouristes s’avèrent être par ordre décroissant :
Il convient tout de même de nuancer cette classification générale car les motivations lors
d’un voyage écotouristique pour les tunisiens diffèrent de celles des écotouristes étrangers.
L’immersion dans la nature, motivation commune pour les tunisiens et les étrangers, semble
relever davantage de l’ordre du divertissement pour les tunisiens alors que pour les
étrangers, elle permet de se mêler aux populations hôtes et de comprendre leurs codes
sociaux et leurs spécificités culturelles.
Les écotouristes optent pour des voyages par petits groupes, en individuel ou en famille. Les
voyages écotouristiques sont fréquemment planifiés (71% des écotouristes américains
planifient leur voyage au moins trois mois à l’avance ; il en est de même pour les anglais)28 .
Les composantes du voyage (circuits, activités, hébergement…) et les destinations se
décident grâce aux informations disponibles via internet, les brochures et les guides
touristiques et grâce aux expériences des proches (c’est le cas pour les étrangers comme
pour les tunisiens). Certains voyageurs optent pour les offres proposées par les TO ou les
agences de voyage.
Les écotouristes spécialisés, avertis et fortement engagés dans une démarche écotouristique
(objectifs écologiques et sociaux) évitent de recourir aux services d’un tour opérateur. Ils
réduisent au maximum le recours à des intermédiaires et entrent en contact direct avec les
28
Source : OMT
40 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
concepteurs et promoteurs des voyages locaux (lorsque cela est possible) dans le but de
garantir qu’une bonne partie de leurs dépenses profite aux populations locales.
- Fréquence du voyage : 2 à 3 fois par an; une même destination peut être visitée plus
d’une fois;
- Forte propension à payer mais peu nombreux sont les tunisiens qui achètent des
circuits proposés par les Tours Opérateurs en raison des prix élevés.
- La possibilité d’aménager des gîtes ruraux dans des bâtiments à usage agricole, ou
la construction de gîtes ou des chalets dans des zones soumises à des régimes
spéciaux (parcs nationaux, forêts…) est confrontée à des blocages relatifs au
changement d’affectation et à la vocation des terres.
29
La durée des procédures se présente par étape comme suit : accord de principe (60 jours) ; accord technique
sur l’esquisse (30 jours) ; autorisation préalable (30 jours) ; accord technique sur l’avant projet (30 jours) ;
accord technique sur le projet d’exécution (30 jours) ; attestation de dépôt de déclaration (ou accord définitif)
(60 jours).
30
Il s’agit de : droit fixe d’enregistrement, déduction des revenus ou bénéfices nets de l’entreprise de l’assiette
des impôts personnels, amortissements dégressifs, exonération des droits de douane et TVA-fixée au taux fixe
de 10%-sur les équipements importés, suspension de droits et taxes pour les équipements d’origine locale.
42 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
V. Positionnement stratégique
Rappelons que Le PDBST consiste donc en la proposition, par les acteurs territoriaux, d’une
offre qui soit à la fois composite (exemples produits agricoles, agro-alimentaires, artisanaux,
culturels, écotouristiques, et services d’hébergement de restauration ….) et située (liée à un
espace particulier, à sa culture, à son histoire). Cet espace particulier se caractérise par un
ensemble d’écosystèmes dotés de milieux, de terroirs, de systèmes de production, de
populations et d’institutions. Il s’agit d’éléments ancrés dans le territoire, en interaction
perpétuelle, permettant de générer des revenus aux communautés locales et des recettes
fiscales aux collectivités territoriales.
Les caractéristiques de Jbil, de Degache, et des régions avoisinantes, permettent aux acteurs
territoriaux de proposer un panier de biens et services ancré localement, véhiculant la
culture, les traditions et les savoir-faire locaux :
o Géologie.
o Produits culturels :
segment peut être considéré comme une niche en ce sens que les volumes potentiels
de vente sont faibles mais générateurs de bénéfices. Il pourrait concerner les
chercheurs, les scientifiques, les amateurs et passionnés, les photographes
spécialisés…
- Segment 4 : segment mixte alliant nature et culture : ce segment est le plus large en
termes de potentiels de vente du fait de la diversité des activités et services
proposés. Les flux de visiteurs doivent être gérés de manière à ne pas produire des
impacts négatifs sur les milieux naturels et humains. Les cibles sont en effet aussi
bien les amateurs de la nature que de la culture du fait de la diversité de l’offre :
observation de la nature, randonnées, agritourisme notamment dans les oasis, la
découverte des arts et traditions populaires (festivals, chants, artisanat,
gastronomie…), participation aux ateliers de démonstration, circuits thématiques
(exemple : musées, sites et monuments, oasis…).
Il est évident que les 3 premiers segments seront composés de produits et services
essentiellement axés sur les ressources du PN et des zones avoisinantes abritant les
communautés pour la découverte des cultures locales.
Concernant le segment 4, il est plus composite. La diversité de l’offre qui y est proposée peut
s’étendre au-delà des frontières du PN et des zones adjacentes, elle permet une mise en
synergie des ressources matérielles et immatérielles des territoires délimités lors des
précédents chapitres. Dans ce cas, le PN est intégré dans le tissu socio-économique local et
régional avec des effets directs et indirects probants.
Les différentes possibilités (ci-dessous) sont proposées à titre indicatif car l’offre
écotouristique se caractérise par une certaine flexibilité, suivant les intérêts et les
motivations des écotouristes d’où l’intérêt d’encourager l’émergence au niveau local
d’acteurs spécialisés dans la conception des produits écotouristiques au regard des
potentialités des régions et des attentes des écotouristes.
46 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Scénario 2 : Réseau des parcs nationaux des zones désertiques. Les trois parcs nationaux
(Jbil, Bouhedma, Dghoumès) font l’objet d’une offre commune qui peut être fondée sur la
découverte de la faune, de la flore, et des paysages désertiques. Dans ce cas, il convient de
constituer une marque ombrelle pour les trois territoires. Ce circuit peut varier de 8 à 12
jours voire plus si la composante de l’offre liée à Jbil intègre des méharées dans l’Erg
Oriental.
La saison écoutouristique à Jbil s’étale du mois d’octobre au mois de mai, ce qui correspond
à la saison du tourisme saharien et constitue une bonne opportunité afin de capter une
partie de cette clientèle.
Produit E Produit F Produit G Produit H
Observation de la faune : des espèces Contemplation de la nature : faune, Trekking avec possibilité de bivouac. Observation nature (faune, flore,
menacées de disparition ou ayant le statut flore, géologie. ornithologie) et contemplation des
« d’espèce vulnérable » à l’instar de la gazelle Randonnées pédestres dans des paysages, et possibilité d’organiser des
des dunes (gazella leptoceros) dite aussi Contemplation des paysages : Le PN sentiers thématiques mettant en circuits vers Timbaïne.
« gazelle blanche » (ou encore Rim), la gazelle présente une valeur paysagère sûre dans exergue les principales attractions du
dorcas, l’outarde houbara, l’addax, le fennec, sa partie orientale où le contraste de PN. Mini Trekking
le varan, la vipère à cornes, et nombre textures et la diversité morphologique
d’autres reptiles et insectes. présentent un intérêt pour des activités Randonnées chamelières avec Mini Randonnées pédestres, et
de contemplation et de communion avec possibilité de croiser des familles chamelières.
et/ou la nature : relief tabulaire (désert sédentaires qui reprennent avec la vie
rocailleux), zones planiformes des regs, bédouine durant les vacances scolaires Agritourisme dans les oasis : découverte
Ornithologie : l’outarde houbara, aigle royal… formation dunaire du Grand Erg Oriental et partagent des moments privilégiés des écosystèmes oasien : Sabria, Zaafrane,
(127 000 ha). avec les touristes autour d’un repas, ou Kébili, Limaguès (Géothermie) , Ksar
et/ou d’un verre de thé… Ghilane, Talmine, Tanbib, Rabta,
Promenades et ballades : en sillonnant Mansoura, Jadida, etc. et découverte des
Observation de la flore : la flore est composée des sentiers nature balisés et dotés d’une techniques culturales (irrigation,
des « espèces xéro-psammo-halo- signalétique appropriée. pollinisation des palmiers, cueillette des
Activités thermophiles », 106 taxons y sont dénombrés contemplation des paysages dattes…); dégustation des produits frais
principales dont 12 espèces sont endémiques : (i) Pratique d’activités physiques douces des Oasis (dattes et sous-produits des
endémiques Afrique du Nord (5 espèces) : comme le yoga. dattes).
Anacyclus monanthos (L.) Thell. subsp.
cyrtolepidioides (Pomel) Humphries, Echium Découverte des cultures et traditions
trigorrhisum Pomel , Fagonia microphylla locales : Intégrer les villes de Sabria ou de
Pomel , Henophyton deserti (Coss. et Dur.) Zaafrane comme station de départ et/ou
Coss. et Dur., Stephanochilus omphalodes d’arrivée des circuits pour permettre aux
Coss. et Durieu ex Benth. et Hook. f.; (ii) touristes de découvrir les traditions locales
endémiques tunisiennes (3 espèces) : Arnebia (i) culinaires : le fameux pain cuit dans le
decumbens (Vent.) Coss. et Kralik, sable, El Merdouma, Rfissa, Chnina… ; (ii)
Helianthemum semiglabrum Bad. var. artisanat et traditions populaires :
africanum Murb., Ferula tunetana Pomel ; (iii) fabrication de tentes en flije, tissage, sous-
endémiques du grand erg oriental (2 espèces) : produits du palmier; zerdas lors de la
Calligonum arich Le Houérou, Calligonum azel célébration de fêtes dans les mausolées El
Maire ; (iv) endémique libyco-tunisienne (1 Ghouth et El Mehjoub ; cérémonies de
espèce) : Daucus syrticus Murb. ; (v) mariage qui durent 5-6 jours et dont
endémique algéro-tunisienne (1 espèce) : chaque soirée est dédiée à une mise en
Centaurea microcarpa Coss. scène typique visant à rapprocher les
familles des époux, et à exprimer sa
et/ou solidarité avec les jeunes époux, el hadhra,
48 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
et/ou
Randonnées : pédestres, chamelières, mini Ateliers d’éducation environnementale Observation de la faune, flore,
trekking ornithologie, géologie, archéologie.
Agritourisme dans les oasis : découverte Visite des zones humides de Kébili
Ateliers d’éducation environnementale des écosystèmes oasien : Sabria, Agritourisme dans les oasis :
Activités Zaafrane, Kébili, Ksar Ghilane, Talmine, découverte des écosystèmes oasien : Visite des chotts (Jerid, El Gharsa)
Découverte des cultures et traditions locales : Tanbib, Rabta, Mansoura, Jadida, etc. et Sabria, Zaafrane, Kébili, Ksar Ghilane,
annexes
Intégrer les villes de Sabria ou de Zaafrane découverte des techniques culturales Talmine, Tanbib, Rabta, Mansoura, Circuit dans le Grand Erg Oriental
comme station de départ et/ou d’arrivée des (irrigation, pollinisation des palmiers, Jadida, etc. et découverte des
circuits pour permettre aux touristes de cueillette des dattes…); dégustation des techniques culturales (irrigation,
découvrir les traditions locales (i) culinaires : le produits frais des Oasis (dattes et sous- pollinisation des palmiers, cueillette
fameux pain cuit dans le sable, El Merdouma, produits des dattes). des dattes…); dégustation des produits
Rfissa, Chnina… ; (ii) artisanat et traditions frais des Oasis (dattes et sous-produits
populaires : fabrication de tentes en flije, Découverte des cultures et traditions des dattes).
tissage, sous-produits du palmier; zerdas lors locales : Intégrer les villes de Sabria ou
de la célébration de fêtes dans les mausolées de Zaafrane comme station de départ Ateliers d’éducation
El Ghouth et El Mehjoub ; cérémonies de et/ou d’arrivée des circuits pour environnementale
mariage qui durent 5-6 jours et dont chaque permettre aux touristes de découvrir les
soirée est dédiée à une mise en scène typique traditions locales (i) culinaires : le fameux Découverte des cultures et traditions
visant à rapprocher les familles des époux, et à pain cuit dans le sable, El Merdouma, locales : Intégrer les villes de Sabria ou
49 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
exprimer sa solidarité avec les jeunes époux, el Rfissa, Chnina… ; (ii) artisanat et de Zaafrane comme station de départ
hadhra, El aissaouia… traditions populaires : fabrication de et/ou d’arrivée des circuits pour
tentes en flije, tissage, sous-produits du permettre aux touristes de découvrir
Participation à des ateliers thématiques de palmier; zerdas lors de la célébration de les traditions locales (i) culinaires : le
démonstration : artisanat ; gastronomie fêtes dans les mausolées El Ghouth et El fameux pain cuit dans le sable, El
locale ; phytothérapie ; chants populaires… Mehjoub ; cérémonies de mariage qui Merdouma, Rfissa, Chnina… ; (ii)
durent 5-6 jours et dont chaque soirée artisanat et traditions populaires :
est dédiée à une mise en scène typique fabrication de tentes en flije, tissage,
visant à rapprocher les familles des sous-produits du palmier; zerdas lors
époux, et à exprimer sa solidarité avec les de la célébration de fêtes dans les
jeunes époux, el hadhra, El aissaouia… mausolées El Ghouth et El Mehjoub ;
cérémonies de mariage qui durent 5-6
jours et dont chaque soirée est dédiée
à une mise en scène typique visant à
Participation à des ateliers thématiques rapprocher les familles des époux, et à
de démonstration : artisanat ; exprimer sa solidarité avec les jeunes
gastronomie locale ; phytothérapie ; époux, el hadhra, El aissaouia…
chants populaires…
Participation à des ateliers
thématiques de démonstration :
artisanat ; gastronomie locale ;
phytothérapie ; chants populaires…
Afin de conférer la qualité requise aux produits écotouristiques du PN de Jbil, des services
doivent être conférés, lesquels nécessitent des aménagements et des infrastructures
adaptés dont certains existent déjà dans le PN mais requièrent des rénovations :
Centre d’accueil : il n’existe pas de centre d’accueil à Jbil, il convient d’aménager une tente
bédouine à l’entrée du parc pour faire office de centre d’accueil. Elle serait mitoyenne à
l’écomusée et il convient de l’équiper de supports informationnels (documentation,
panneaux…) et de moyens pédagogiques.
Le déficit en signalétique le long des routes menant au parc devrait être comblé.
- Postes d’observation :
51 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Afin de permettre aux visiteurs d’avoir une vue imprenable sur les paysages et d’observer de
manière optimale les oiseaux et les autres espèces animales, il convient de doter le PN de
postes d’observation au nombre de 7 dont 2 miradors et 5 huttes d’observation équipés en
signalétique et en téléscope (idéalement 2 télescopes par poste).
Les activités de randonnées chamelières nécessitent la prise en charge de cette activité par
des prestataires originaires des régions voisines. Un effectif composé de vingt chameaux est
nécessaire. Il est conseillé dans ce cas, d’aménager des abris qui soient esthétiques et
s’intègrent dans le paysage contrairement aux quelques aménagements déjà en place, en
périphérie du parc construits en béton. Il convient aussi de prévoir les équipements pour
randonnées (harnachements).
A noter par ailleurs, qu’il convient de doter le parc de deux minibus tout terrain afin de
permettre d’une part, aux non randonneurs de découvrir tout les attraits possibles vue
l’étendue de la superficie du parc, et d’autre part, de se déplacer en dehors du parc vers les
villes avoisinantes Sabria, Zaafrane, Kébili … dans le cadre notamment de circuits mixte
alliant la découverte de la nature et de la culture (cas du produit H par exemple).
- Hébergement et restauration :
Le parc abrite un gîte d’étapes d’une capacité de 10 lits dont l’équipement mérite d’être
rénové. En effet, il convient de privilégier les matériaux et meubles locaux et typiques. Les
meubles actuels, très sommaires, peuvent servir au renouvellement des équipements des
logements des gardes lesquels sont soit sous-équipés, soit vétustes.
A 11 km du parc, un campement fixe est aménagé par un promoteur privé lequel pourrait
servir de structure d’hébergement complémentaire à celle du parc moyennant tout de
même des travaux de rénovation des installations et des équipements en place (cuisine,
literie…). Il convient aussi de résoudre la contrainte du manque d’eau qui génère des
désagréments auprès des touristes.
Par ailleurs, afin de permettre une meilleure proximité des écotouristes avec les populations
locales, il est possible d’aménager deux gîtes ruraux l’un à Zaafrane, l’autre à Sabria, d’une
capacité chacun de 10 lits avec des tables d’hôtes. Ces gîtes seront tenus par les populations
locales et contribueront à la création de postes d’emplois et de revenus complémentaires.
A proximité du parc, existent deux cafés-restaurants, dans l’un est typique et présente de
belles opportunités d’intégration dans un circuit écotouristique en dépit de la modestie des
moyens engagés. Il mérite d’être équipé et permettra de créer quelques postes d’emplois
pour les populations locales.
A noter que dans le cadre de circuits intégrant Kébili et autres villages avoisinants, il est
possible de combiner les modes d’hébergement disponibles dans ces régions tels que les
hôtels, les maisons d’hôtes, et les chambres d’hôtes. Cela permettrait d’impulser une
dynamique économique localement.
- Centre communautaire :
52 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Afin d’optimiser le contact entre les touristes et les populations locales et de renforcer la
composante culturelle dans le circuit écotouristique, il est recommandé (i) d’aménager dans
la ville de zaafrane un centre communautaire qui serait tenu par une association locale, et
(ii) d’exploiter le centre écotouristique aménagé par le ministère en charge de
l’environnement à Sabria. Dans ces centres seront exposés les produits de terroir de la
région (alimentaires, artisanat, plantes médicinales, essences naturelles…) ainsi que divers
produits de souvenirs (cartes postales, livres et magazines, tee-shirts…). Des ateliers de
démonstration (tissage, cuisine, peinture…) peuvent être organisés et proposés aux visiteurs.
5.3.2. Opérateurs et gouvernance
Le PN de Jbil est juridiquement sous l’autorité de la Direction Générale des Forêts, laquelle
ne peut s’adonner à des activités commerciales en exploitant les ressources du parc à des
fins touristiques. L’exploitation des parcs doit donc faire l’objet d’une concession et pour ce
faire un plan d’aménagement et de gestion est défini pour chaque parc. La concession est
soumise à un cahier de charges, elle est octroyée pour une période de 30 ans renouvelable
par période de 5 ans.
En effet, un droit d’accès au parc doit être instauré afin de faire contribuer les visiteurs à la
gestion du parc (et sa protection et conservation). Ces droits seront perçus par le
concessionnaire et seront redistribués sous formes de salaires, de paiement des charges et
de marge bénéficiaire. Ces droits d’entrée définis dans le code des forêts, varient selon la
catégorie du visiteur : 500 millimes pour les scolaires tunisiens ; 2 TND pour les individuels
tunisiens et étrangers résidents et 10 TND pour les groupes organisés.
53 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
- le niveau total des investissements (publics et privés) à prévoir sur une période de 11
années (année 0 de préparation + 10 années d’exploitation) ;
- le nombre de postes d’emploi créés par le projet, avec une distinction entre emplois
spécialisés et emplois non qualifiés accessibles aux populations locales, quel que soit
leur niveau de qualification ;
- le nombre d’emplois réels (en équivalent plein temps), pour tenir compte des
saisonnalités inévitables de certaines activités (particulièrement hébergement et
restauration).
Il a été admis que les investissements à caractère public (écomusée, centre d’accueil,
sentiers, aménagements de sites et monuments, gîtes d’étapes) seront financés sur fonds
publics, et non par le concessionnaire. D’ailleurs, ce sont souvent des budgets qui sont
fournis dans le cadre de la coopération. En contrepartie, le concessionnaire assurera
l’entretien de ces installations et versera au concédant (DGF) une redevance annuelle de
concession.
Des droits d’accès au PN sont à percevoir, les tarifs appliqués sont ceux prévus par le code
forestier (2009), soit 500 millimes pour les enfants de moins de 6 ans, les élèves et les
étudiants, 2 dinars pour les visiteurs individuels nationaux et étrangers résidents, et de 10
dinars pour les groupes organisés (clientèle étrangère amenée par des agences de voyages).
Dans cette dernière configuration de clientèle, les recettes et dépenses comptabilisées dans
les simulations se rapportent exclusivement aux activités et services assurés par l’exploitant
du projet écotouristique, à l’exclusion des prestations telles que : guides d’accompagnement
spécialisés, transports vers le site, hébergement hors site (PN et villages).
54 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Pour l’hébergement en gîtes ruraux ou chez l’habitant, un tarif de 55 dinars par nuitée en
LPD a été appliqué; de même, pour les repas principaux (en gîte rural ou en table d’hôte), il a
été admis une recette moyenne de 17 dinars. S’agissant de l’hébergement dans le parc, un
tarif de 30 dinars en LPD a été appliqué. Des recettes accessoires (buvettes et ventes de
souvenirs, cartes postales, etc.) de l’ordre de 4 dinars par visiteur sont également
comptabilisées.
Les hypothèses de prix de vente des prestations sont adaptées à la fois aux prix de revient et
à la propension de la clientèle à payer ces prestations. Les prestations comme l’utilisation
d’équidés (chevaux et ânes), charrettes, VTT, ont été mises à des tarifs à la demi-journée de
respectivement 15, 10, 20 et 8 dinars.
5.3.3.2. Résultats
La grappe de projets présentée pour Jbil se fonde sur une hypothèse de fréquentation
optimiste estimée à 29 000 visiteurs dont 15 000 touristes étrangers, 5 000 visiteurs
nationaux (tunisiens et étrangers résidents), et 9 000 élèves et étudiants dans le cadre des
classes vertes et autre. La localisation géographique du PN, loin des grandes agglomérations
va limiter les fréquentations de courte durée mais qui sera compensée par le flux de
touristes étrangers qui fréquentent déjà la région et qui constitue un potentiel « captable ».
En effet, la région dispose déjà d’une valeur touristique bien identifiée et est promue par les
dépliants du Tourisme, il convient de faire l’objet d’un référencement clair et attractif fondé
sur les spécificités du PN.
55 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
Années
Montant-TND 0 1 3 5 10
Investissements
Immobiliers 310 500 D 194 250 D 0D 1 250 D 115 000 D 0D
Équipements 228 800 D 119 200 D 0D 28 000 D 81 600 D 0D
Aménagements 115 000 D 115 000 D 0D 0D 0D 0D
Promotion et commercialisation 30 000 D 30 000 D
Investissements de base 684 300 D 458 450 D 0D 29 250 D 196 600 D 0D
Dépenses d'exploitation
Personnel 234 300 D 159 600 D 190 100 D 234 300 D 234 300 D
Consommables 310 670 D 130 205 D 155 549 D 220 490 D 310 670 D
Services (hors gîtes, restaurants, buvette)
27 120 D 25 380 D 26 045 D 26 579 D 27 120 D
Total dépenses 572 090 D 315 185 D 371 694 D 481 369 D 572 090 D
Recettes d'exploitation
Droits d'accès 184 500 D 92 250 D 129 150 D 184 500 D 184 500 D
Locations de services 135 000 D 33 750 D 82 250 D 117 500 D 135 000 D
Hébergement 285 000 D 71 250 D 99 750 D 142 500 D 285 000 D
Restauration 212 600 D 77 400 D 108 360 D 154 800 D 212 600 D
Produits divers 158 000 D 39 500 D 55 300 D 79 000 D 158 000 D
Total recettes 975 100 D 314 150 D 474 810 D 678 300 D 975 100 D
TRI: 26%
VAN: 281 111 D
Marge nette 41%
TRI: 23%
VAN: 215894
Marge nette 41%
Les recettes attendues se partagent entre les droits d’entrée au parc et les services offerts à
l’intérieur du parc comme les randonnées par exemple (45%), l’hébergement et la
restauration en dehors du parc (40%) et des recettes diverses (16%). La rentabilité est bonne
aussi bien dans le modèle de grappe de projets (23%) que dans celui privilégiant la
distinction entre les investissements publics et privés, dans ce cas le TRI des exploitants est
de 26%. Elle permet la récupération des investissements en un peu plus de 5 ans. La marge
nette d’exploitation est substantielle (41%).
Le projet permet des effets directs et indirects non négligeables pour les populations locales
et constitue un facteur de préservation de la biodiversité du PN, de réduction de la pauvreté
56 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
En termes d’équivalent plein temps, du fait de la saisonnalité des activités, ceci correspond à
23 postes d’emplois permanents dont 18 emplois permanents peu qualifiés.
Le manque de qualification du personnel doit néanmoins être compensé par des sessions de
formation régulières afin d’assurer des prestations de qualité.
Au-delà de ces emplois, les projets écotouristiques présentés permettent de générer des
revenus complémentaires grâce à la vente des produits artisanaux et agricoles et
alimentaires. Des emplois indirects seront crées dans d’autres secteurs comme l’artisanat
par exemple, et des revenus aux habitants de la région, à titre supplémentaire, seront
induits.
57 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
VI. Recommandations
Les potentialités écotouristiques du PN étudié et de son territoire, mises en exergue lors des
précédents développements permettent de proposer des produits et des services
écotouristiques variés ciblant des segments différents allant des plus spécialisés (niches) aux
plus composites alliant découverte de la nature et de la culture locale. Le parc peut être
promu comme une destination exclusive ou intégré dans une offre composée des trois PNx,
un réseau des PNx désertiques.
Des projets ont été proposés dans le but de permettre l’organisation et la structuration de
filières écotouristiques, leur viabilité économique demeure toutefois tributaire d’un certain
nombre de facteurs tels que des taux de fréquentation suffisants, la qualité des prestations,
un cadre de gestion des PNx favorable, et l’implication des communautés locales car
l’écotourisme est un projet territorial pensé par et pour les communautés.
Un certain nombre d’actions devraient être engagées dans ce sens, elles s’inscrivent dans
quatre axes déterminants :
L’écotourisme est un marché à haute valeur ajoutée, sa clientèle est par conséquent sensible
à la qualité et l’authenticité des prestations offertes. Cette qualité est fondée sur des
produits satisfaisants les principes de l’écotourisme à savoir des produits (i) minimisant les
impacts sur l’environnement, (ii) permettant la conservation des ressources naturelles, (iii)
favorisant le contact du touriste avec le milieu naturel et les cultures locales, et (iv)
privilégiant une meilleure répartition des profits entre les acteurs impliqués de la filière y
compris les populations d’accueil.
- services de restauration proposant des mets locaux, typiques, et préparés avec des
produits de terroir ;
- Elaborer pour chaque parc un code de bonne conduite formalisant les responsabilités
et les devoirs de chaque partie dont notamment les visiteurs et les touristes.
- Recruter des guides spécialisés par parc afin de conférer aux visiteurs les
informations requises, et concevoir une signalétique dans les parcs qui soit adaptée,
suffisante, riche et pédagogique.
- Actualiser les inventaires des ressources naturelles des PNx pour renforcer les
attractivités.
Niveau Institutionnel
Il s’agit d’actions relevant des structures centrales et régionales comme l’ONTT et ses
représentations régionales (commissariats régionaux de tourisme), le Ministère en
charge de l’environnement et du développement durable et le Ministère de
l’agriculture. Elles ont pour rôle d’informer, de valoriser le patrimoine national, de
souligner les spécificités et l’universalité, et de se positionner à l’échelle
internationale. L’implication des institutions administratives en tant que partie
prenante de la promotion commerciale de l’écotourisme est capitale car certaines
actions dépassent le périmètre d’intervention des acteurs locaux et des promoteurs,
il en est ainsi de :
- Mettre en place des labels pour signaler la qualité (qui doit être effective) des
produits et des services
Les actions de sensibilisation ciblant les populations locales ont pour objectif de leur faire
prendre conscience de la richesse des ressources des PNx et de leur territoire, de la
possibilité d’en faire une source complémentaire de revenus dans le cadre d’une
exploitation durable. Cette sensibilisation permettra de combler le décalage qui existe
souvent entre les populations locales et les exigences de tels projets, et permettra de
réduire (i) les pressions exercées par celles-ci sur les ressources des PNx, et (ii) les conflits
avec les gestionnaires des PNx.
Ces formations peuvent se structurer atour de plusieurs thèmes qu’il convient de définir à la
suite d’un diagnostic des besoins. Cela pourrait concerner : la planification de l’écotourisme ;
l’élaboration des produits écotouristiques ; la commercialisation et le marketing, les
hébergements écotouristiques (normes, standards, cahiers des charges ; incitations…) ; le
cadre réglementaire et juridique ; la formation des éco-guides qui se chargeront de
communiquer et d’interpréter les valeurs des ressources naturelles et culturelles aux
touristes…
La loi et les décrets de création des aires protégées (loi n°2005-13 du 26 janvier 2005) ont
connu des évolutions notables en 2009 dans le sens de l’association du secteur privé dans la
gestion des aires protégées sur la base d’une concession octroyée pour une période de 30
ans renouvelable par période de 5 ans, et l’institution d’un droit d’entrée au PN a été
également institué. Néanmoins, l’application de ces décrets tarde à être effective du fait de
l’absence de mécanismes et de procédures d’application. Il est recommandé de rendre
opérationnelle l’application des décrets mentionnés par la mise en place d’une structure de
gestion.
D’autres actions devraient être entamées en vue de dépasser les nombreuses autres
contraintes réglementaires et institutionnelles entravant l’essor de l’écotourisme : alléger les
procédures d’agrément des projets écotouristiques ; assouplir et faciliter l’usage des bâtis
agricoles à d’autres usages que de pure production agricole ; assouplissement des critères
d’accès à la BTS et aux crédits bancaires; accès des projets d’écotourisme aux primes de
développement régional préférentiel, avec révision de la liste des délégations bénéficiant
des taux de 25 % et de 30 % pour les nouveaux promoteurs.
63 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
VII. Bibliographie
Bedoucha G., 1987, L’eau, l’amie des puissants, Une communauté oasienne du Sud Tunisien,
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Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG) du parc national de Jbil (2013)
Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG) du parc national de Bouhedma (2013)
Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG) du parc national de Dghoumès (2013)
64 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
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65 Diagnostic des potentialités écotouristiques du parc national de Jbil (Kébili
VIII. Annexes