Le Profil Des NEET A-T-Il Évolué en 20 Ans +

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Le profil des NEET Magali Danner

Christine Guégnard
a-t-il évolué en 20 ans ? Olivier Joseph

Depuis plus de rois décennies, l’enrée de la jeunesse sur le marché du ravail es une préoccupaon
majeure dans la sociéé rançaise. L’inseron proessionnelle s’avère complexe pour nombre de jeunes
e les ronères son relavemen oues enre chômage e inacvié. Ainsi, cerains jeunes sans
emploi peuven ne pas êre compabilisés sasquemen comme chômeurs car ils ne remplissen
pas oues les condions1. Cerains ainsi souhaien ravailler mais ne son pas disponibles pour
s’insérer immédiaemen ou encore n’on pas ai de recherche acve récemmen e se rouven
compés comme inacs. Ces crières srics donnen une image limiée des siuaons des jeunes lors
de leurs premiers pas dans la vie acve.
Pour aller au-delà de ces approches classiques, la Commission européenne a inrodui en 2010 un
nouvel indicaeur : celui de NEET, conracon de l’expression anglaise Neiher in Employmen, nor in
Educaon or Training2. Il perme ainsi de mesurer la par des jeunes ni en emploi, ni en éude, ni en
ormaon parmi l’ensemble de la populaon âgée de 15 à 29 ans. En brisan la barrière chômage/
inacvié, il s’agi de rendre visible une populaon par rappor à l’ensemble de la jeunesse e de
quesonner son désengagemen ou son exclusion du marché du ravail, voire sociale Euroound,
2016). Ce concep NEET n’es pas nouveau. Il a déjà éé ulisé par les insuons brianniques dans
les années 1990 dans le cadre d’un plan de lue conre l’exclusion des jeunes déscolarisés sous les
termes de Saus A, Saus Zer0 Isance et al., 1994 ; Williamson, 1997) e ociellemen reenu
lors d’un rappor du gouvernemen qui ciblai les jeunes âgés de 16 à 18 ans hors des éudes e des
emplois Social Exclusion Uni, 1999).
Dernièremen, l’OCDE chire le nombre de NEET en France à 1,9 million de jeunes, soi 16,6 % des
15 à 29 ans pour l’année 2015 e insise sur les conséquences sociales e économiques de cee
déconnexion du marché du ravail e de la ormaon d’une pare de la jeunesse Carcillo et al., 2015 ;
OCDE, 2016). Si la France a une par de NEET proche de la moyenne européenne, cee populaon es
encore peu connue Guégnard et al., 2017). Qui son les jeunes NEET ? Leurs porrais on-ils évolué
en ving ans ? Pour quelles raisons se rouven-ils en marge de l’enreprise e de l’école ? Es-ce lié
au diplôme, à leurs responsabiliés parenales, aux diculés pour rouver un emploi, à un rerai
temporaire pour raison personnelle ?
La mobilisaon de quare enquêes du Céreq reraçan les parcours proessionnels des jeunes sur
quare généraons 1992, 1998, 2004 e 2010) duran les cinq années suivan leur sore de ormaon
iniale, appore des élémens de réponse à ces quesons. Cee comparaison dans le emps ore
l’opporunié d’analyser les conséquences des évoluons srucurelles par exemple, la hausse du
niveau de ormaon des jeunes au cours des ving dernières années) e conjoncurelles comme la
dégradaon du conexe économique à parr de 2008) sur les débus des parcours proessionnels ou
le risque d’enrer dans la caégorie NEET.

1 - Selon la dénion du Bureau inernaonal du ravail, les chômeurs son les personnes qui son disponibles pour prendre
un emploi dans les deux semaines, qui on eecué des démarches de recherche acve au cours des quare semaines précé-
denes, ou bien rouvé un emploi commençan dans moins de rois mois.
2 - Ce arcle ai pare d’un proje sur les NEETs nancé par l’Agence naonale de recherche ANR-15-ORAR-0005-01).

20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions 63


Selon l’Insee, le aux de chômage des moins de 25 ans es plus élevé que pour l’ensemble de la
populaon acve respecvemen 24 % conre 10 % au 1er rimesre 2016). Or, sur les quare
généraons suivies par le Céreq, l’âge moyen des jeunes à leur première sore de ormaon iniale
es resé sable, à 21 ans. Pour ces jeunes, la par de NEET3 cinq ans après la n des éudes s’es
mainenue auour de 18 % enre les cohores de 1992 à 2010. Ce chire es cependan à nuancer
selon la généraon observée.

Surexposés aux aléas conjoncurels qui réduisen les perspecves d’embauche des débuans voir
Jugno e Minni, infra), les jeunes on quié l’école en 1992 dans un environnemen économique
déavorable, avec un chômage à la hausse e un volume des recruemens à la baisse, qui n’on pas
acilié leur inseron. En conrase, la généraon 1998 a proé de l’embellie économique de la n
des années 1990, lui permean d’accéder à l’emploi rapidemen e durablemen. Par la suie, les
jeunes sors en 2004 on bénécié d’une conjoncure encore poreuse avan que la crise économique
amorcée en 2008 ne vienne ragiliser les parcours d’inseron les moins avancés. Enn, la ransion
de l’école à l’emploi s’avère plus ardue pour la dernière généraon 2010 sous l’ee d’un conexe
économique parculièremen dégradé.

De surcroî, les mesures d’aide à l’emploi des jeunes4 se sont succédé depuis près de trente ans
comme les conras emploi-solidarié créés en 1990, les emplois-jeunes en 1997 ou dernièremen
les emplois d’avenir voir Farvaque, infra). Ces mesures on côoyé d’aures disposis desnés à
accompagner les jeunes don les missions locales pour l’inseron proessionnelle e sociale des
jeunes) ou encourager des parcours de ormaon proessionnelle via les poliques des Régions.
De son côé, le minisère de l’Éducaon naonale a inscri expliciemen dans son acon, depuis
1984, une mission d’inseron chargée de prévenir les rupures scolaires e d’aider les élèves quian
prémaurémen l’école à inégrer une ormaon5. Ces diérenes inervenons proposées à une
populaon de moins de 26 ans on créé des ouverures vers le marché de l’emploi ou de la ormaon.

1 |UN SEUIL DE 18 % DE NEET CINQ ANS APRÈS LA FIN DES ÉTUDES

Les sorans de 1998 son les seuls à avoir bénécié d'une conjoncure parculièremen avorable
andis que la dernière cohore vi de plein oue la récession économique qui se répercue par un
emps de chômage plus long e des embauches davanage précaires. De ce ai, la par de NEET à
cinq ans es de 20 % pour la généraon 2010 e de 15 % pour la généraon 1998. Cee hiérarchie
enre généraons s'observe aussi dans un suivi mois par mois, les jeunes sors en 2010 enregisran
une proporon de NEET oujours supérieure à celle des aures sorans graphique 1). Les quare
généraons connaissen néanmoins des paliers de décroissance qui se produisen dans des
emporaliés similaires. Ainsi, au cours des premiers mois après la n des éudes, la par de NEET
baisse rapidemen pour arriver au ers des jeunes six mois plus ard, puis au quar des jeunes à douze
mois 30 % pour la Généraon 2010). À cee période, succède une diminuon en pene douce du
aux de NEET qui se sabilise auour du chire buoir de 18 % environ deux ans après la sore.

3 - À noer que la par de NEET es calculée ici sur l’ensemble des sorans du sysème éduca la même année e non par rap-
por à l’ensemble de la caégorie d’âge comme dans les éudes inernaonales). NEET regroupe ainsi les siuaons de chômage
e d’inacvié déclarées dans le calendrier par les jeunes.
4 - Soi 636 000 bénéciaires en 1990, 820 000 en 2000 e 665 000 en 2010 chires de la Dares recensan l’ensemble des
mesures d’aide à l’emploi des jeunes incluan les conras d’apprenssage) c. Aeberhard et al., 2011). Le gouvernemen
vien de généraliser en 2017 la Garane jeunes qui cible spéciquemen cee populaon de 16 à 26 ans ni en emploi, ni en
ormaon, ni en éude e en siuaon de précarié.
5 - Ce disposi d’inseron des jeunes de l’Éducaon naonale DIJEN) es devenu en 1995 la Mission générale d’inseron
MGI) e près de 60 000 élèves en on bénécié chaque année.

64 Céreq Essentiels
Graphique 1 | Évoluon de la par de NEET
mois par mois sur l’ensemble des sorans par généraon
60

50

40

30

20

10
Géné 92 Géné 98 Géné 2004 Géné 2010

0
mois 10
mois 11
mois 12
mois 13
mois 14
mois 15
mois 16
mois 17
mois 18
mois 19
mois 20
mois 21
mois 22
mois 23
mois 24
mois 25
mois 26
mois 27
mois 28
mois 29
mois 30
mois 31
mois 32
mois 33
mois 34
mois 35
mois 36
mois 37
mois 38
mois 39
mois 40
mois 41
mois 42
mois 43
mois 44
mois 45
mois 46
mois 47
mois 48
mois 49
mois 50
mois 1
mois 2
mois 3
mois 4
mois 5
mois 6
mois 7
mois 8
mois 9

Source : Céreq, enquêes comparables Généraon 1992, 1998, 2004 e 2010, inerrogaons à 5 ans.
Lecure : ce graphique représene mois par mois la par des jeunes NEET chômage e inacvié) sur
l’ensemble des sorans de ormaon iniale. Pour la généraon 2010, au premier mois après la sore,
52 % des jeunes son NEET; rene-rois mois après leur sore, ils son 24 % en siuaon de NEET.

Cee phoographie au l des mois ne prend pas en considéraon le parcours réel de chaque jeune.
Êre NEET peu correspondre à un éa ransioire comme lors des premiers mois après la sore
de l’école, ou un momen plus ou moins persisan avec des allers e reours enre des emplois
emporaires ou des emps de ormaon. Dans les ais, sur les cinq années d’observaon, c’es devenu
un poin de passage inéviable pour 71 % des sorans de chaque cohore sau pour la première
78 %). Seulemen le quar des jeunes n’on jamais connu de siuaon de NEET duran leurs cinq
premières années de vie acve.
Une expérience de NEET dès le débu de parcours semble avoir des répercussions par la suie. Les
jeunes repérés NEET à cinq ans on eu un premier épisode de NEET qui a duré en moyenne une année
ininerrompue pour les rois premières généraons 17 mois pour les sorans de 2010). Du côé des
jeunes repérés en emploi ou ormaon à cinq ans, cee première séquence, lorsqu’elle a lieu, n’aura
duré que 5 à 6 mois en moyenne, quelle que soi la cohore. Ces résulas laissen à penser que les
jeunes en siuaon de NEET à cinq ans présenen en moyenne un prol qui les rend plus ragiles au
regard de l’inseron, comparavemen aux aures sorans. Aussi, l’enjeu de la réexion auour des
NEET aujourd’hui es d’idener, au-delà des conexes économiques diérens auxquels on éé
conronées les généraons, les spéciciés qui caracérisen ces jeunes an de guider les poliques
de souen en aveur des publics les plus vulnérables. Quels son leur niveau de qualicaon, leur
prol social, leur rappor à l’emploi ?
2 | LA FORCE DU DIPLÔME
Sur le plan srucurel, le niveau d’éudes des jeunes s’es élevé pendan ces ving années. Ainsi, pour
l’enseignemen secondaire, les sorans bacheliers son devenus plus nombreux que les ulaires de
CAP-BEP. De même, le nombre de diplômés de l’enseignemen supérieur a progressé de 29 % en 1992
à 37 % en 2010. En écho, la par de jeunes non diplômés diminue, passan de 25 % à 17 % au cours
des généraions6.

6 - En France, plus de 100 000 jeunes quien aujourd’hui le sysème de ormaon iniale sans avoir obenu un diplôme ou
une qualicaon équivalene au CAP-BEP Le Rhun, 2012).

20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions 65


Cee endance à l’élévaion des qualiicaions es de naure à augmener la racure sociale avec les
sortants de l’école sans diplôme.

Plus réquemmen non diplômés proche de 40 %, voir ableau 1), les jeunes NEET à cinq ans on
cumulé souven des diculés de parcours scolaire : un reard dans la scolarié lié à un ou des
redoublemens en primaire, une orienaon conrariée vers une ormaon proessionnelle de
l’enseignemen secondaire, des dépars de l’école sans qualiicaion. Ces consas ne doiven
néanmoins pas occuler la par non négligeable parmi eux de jeunes bacheliers environ 18 % sur les
quare enquêes), mais aussi de diplômés de l’enseignemen supérieur 16 %).

Tableau 1 | Prol des jeunes NEET


cinq ans après la n des éudes selon le diplôme

Généraon Généraon Généraon Généraon


1992 1998 2004 2010
Non diplômé 43 36 40 44
CAP-BEP 27 27 26 20
Baccalauréa 16 18 19 20
Supérieur court 10 15 13 11
Supérieur long 4 4 2 5
Ensemble 100 100 100 100

Source : Céreq, enquêes comparables Généraon 1992, 1998, 2004 e 2010, inerrogaons à 5 ans.
Lecure : pour la généraon 2010, parmi les jeunes NEET cinq ans après la sore de ormaon iniale, 44 % n’on
aucun diplôme, 20 % on le CAP ou BEP, 20 % son bacheliers, 11 % on un diplôme de l’enseignemen supérieur
cour BTS, DUT, DEUG, écoles de sané e du social, licence), 5 % un diplôme du supérieur long maser, maîrise,
écoles d’ingénieurs...).
Tableau 2| Temps moyen passé
en NEET selon le diplôme (en mois)
Généraon Généraon Généraon Généraon
1992 1998 2004 2010
Non diplômé 20 mois 20 mois 22 mois 31 mois
CAP-BEP 13 mois 12 mois 14 mois 20 mois
Baccalauréa 12 mois 9 mois 10 mois 12 mois
Diplômé du supé- 9 mois 7 mois 8 mois 8 mois
rieur
Ensemble 13 mois 12 mois 12 mois 15 mois

Source : Céreq, enquêes comparables Généraon 1992, 1998, 2004 e 2010, inerrogaons à 5 ans.
Lecure : sur les cinq années après leur sore d’école, les jeunes sors sans diplôme de la généraon 2010 on passé
31 mois en NEET en mois cumulé).

De ai, les débuans sans diplôme cumulen en moyenne 20 mois passés hors de l’emploi e de la
ormaon sur les cinq années de suivi des rois premières cohores ableau 2). Un écar imporan
avec les diplômés don le emps moyen en NEET es inérieur à 12 mois. En période de ralenssemen
économique, les jeunes avec un aible niveau d’éudes son davanage pénalisés pour s’insérer. Ainsi,
les sorans non diplômés en 2010 passen plus de emps en NEET 31 mois) qu’en emploi 24 mois).
De même, les jeunes avec une qualicaon CAP-BEP voien leur expérience en NEET s’allonger de 13
mois pour la généraon 1992 à 20 mois pour celle de 2010).

La populaon NEET apparaî donc composie sur le plan du capial scolaire e regroupe des personnes
qui ne son pas exposées de manière idenque aux aléas économiques e/ou qui n’on pas les mêmes
aenes e sraégies vis-à-vis de l’emploi e des éudes. La qualié de leur inseron proessionnelle
dépend aussi des ressources sociales, économiques e culurelles apporées par leur milieu d’origine.

66 Céreq Essentiels
Si les NEET à cinq ans se rerouven dans ous les milieux sociaux, ils son cependan moins nombreux
dans les amilles dies avorisées. Ainsi, selon les généraons, seulemen 10 % à 13 % de ces jeunes
on un père cadre. En parallèle, près du ers on un père ouvrier pour le quar des jeunes en emploi
ou en ormaon). Quan aux mères, elles son plus souven au oyer : proche de 40 % pour les deux
premières cohores e 30 % pour les deux dernières. Parmi ces mères au oyer, la moié d’enre
elles n’on jamais ravaillé, ce qui peu inuencer le rappor à l’emploi des jeunes e la densié de
leur réseau proessionnel amilial. Finalemen, à la n de leurs éudes seulemen 40 % des jeunes
avaien leurs deux parens en acvié pour 60 % des jeunes en emploi ou en ormaon). De plus,
leurs parens son moins souven nés en France7 e cee origine migraoire peu elle aussi avoir des
répercussions sur leur inégraon sociale e proessionnelle.

3 | AUTANT DE NEET HOMMES QUE FEMMES ?

La réussie à l’école, les orienaons scolaires, les méers ou seceurs, oremen sexués, e les
aspiraons à la vie proessionnelle e amiliale... son auan de disncons évenuelles qui inuencen
les comporemens sur le marché du ravail e le prol des NEET. Les aléas conjoncurels e les
évoluons plus srucurelles du marché du ravail on aecé l’inseron proessionnelle, réduisant et
ransorman les ores d'emploi, noammen dans la consrucon e l’indusrie - seceurs privilégiés
d’embauches masculines. Dans ce conexe, les emmes davanage diplômées de l’enseignemen
supérieur on eu plus d’opporuniés, parculièremen dans les services voir Couppié e Épiphane,
infra). De ce ai, les emmes son moins nombreuses dans la populaon NEET à cinq ans au ur e
à mesure des généraons, passan de 64 % des sorans en 1992 à 46 % pour les deux dernières
enquêes ableau 3).

Tableau 3 | Caracérisques des jeunes NEET cinq après la n des éudes (en %)
Généraon 1992 Généraon 1998 Généraon 2004 Généraon 2010

NEET Non- NEET Non- NEET Non- NEET Non-


NEET NEET NEET NEET
Par des emmes 64 43 58 44 46 44 46 47
Père cadre supérieur 10 16 12 16 13 20 12 22
Père ouvrier 35 29 29 24 34 27 28 23
Mère au oyer 43 35 38 29 32 21 29 17
Viven en couple 48 52 42 47 33 46 27 43
Viven au domicile parenal 42 33 41 28 49 30 56 29
On un ou des) enan 36 20 35 21 22 16 22 15
On eu plusieurs emplois 39 43 36 39 43 44 30 41
On eu un emploi de + de 6 mois 77 98 77 98 75 98 62 96
On eu un CDI 35 81 40 82 36 82 33 75
Siuaon acuelle convien 24 73 30 78 24 81 27 80
Ménager leur vie hors ravail 21 17 23 15 11 22 11 17

Source : Céreq, enquêes comparables Généraon 1992, 1998, 2004 e 2010, inerrogaons à 5 ans.
Lecure : pour la généraon 2010, parmi les jeunes NEET à cinq ans, 46 % son des emmes, 12 % on un père cadre supérieur
versus 22 % des jeunes non-NEET), 56 % viven au domicile de leurs parens versus 29 % des jeunes non-NEET)…

La proporon d’hommes e de emmes parmi les NEET sur les quare généraons doi cependan
êre nuancée au regard de la charge de amille. Pour les premières cohores, rois grandes caégories
dénissaien les NEET, chacune regroupan près du ers des eecs : emmes avec enans, emmes
sans enan e hommes sans enan. La caégorie des hommes avec enan rese, quan à elle, peu
représenée sur les quare enquêes, auour de 4 %. Dans les deux dernières généraons observées,

7 - En parculier, 8 à 12 % des sorans on leurs deux parens d’origine maghrébine versus 4 à 5 % des non-NEET selon les
cohores).

20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions 67


les hommes sans enan composen désormais la moié des NEET. Dans un mouvemen inverse,
les emmes avec enans représenen moins de 20 % des eecs. L’idée que les emmes son
suscepbles de reser au oyer lorsqu’elles on des responsabiliés amiliales e peu de possibilié
ou de désir de reprendre un ravail semble moins préssene pour les généraons 2004 e 2010. Ceci
peu êre lié au recul de la première maernié, à l’allongemen des éudes e à la place croissane des
emmes dans le monde du ravail.

Le mode de vie des jeunes NEET a aussi évolué au cours de ces années. Près de la moié d’enre
eux éaien en couple hors du domicile parenal cinq ans après la n de la scolarié pour la première
cohore de 1992, andis qu’ils son moins de 30 % pour la dernière. Cee endance masque des
écars sexués persisans. Les jeunes emmes en siuaon de NEET son plus souven en couple 64 %
pour la première généraon, 46 % pour la dernière), à l’inverse des hommes qui resen davanage
chez leurs parens moins de 20 % viven en couple e seulemen 11 % pour la dernière cohore).
Dans l’ensemble, l’accès à une auonomie résidenelle es aible e a diminué au l des ans : plus de la
moié habien chez leurs parens pour la cohore 2010. Ce mainen au domicile parenal peu se lire
comme le résula d’un choix ou d’une conraine en lien avec un manque de ressources nancières.

En dénive, le prol des NEET au regard de l’origine sociale a peu évolué dans le emps, mais le
poids des caracérisques individuelles, en revanche, semble se modier, en parculier enre les
deux premières généraons e les deux dernières : davanage de non-diplômés, moins de emmes
avec enans, plus d’hommes sans enan, des personnes résidan plus souven chez leurs parens.
Ces endances peuven êre le ree de changemens dans le rappor des jeunes vis-à-vis du ravail.
Analyser commen les jeunes viven cee expérience de NEET cinq ans après la sore de ormaon
iniale perme d’approcher leurs rajecoires, de reour à l’emploi ou d’éloignemen volonaire de la
vie acve. À re d’exemple, sur oues les enquêes, plus de 40 % des emmes avec enans armen
que la siuaon acuelle leur convien par rappor à une moyenne de 20 % parmi les aures jeunes
NEET). Connaîre une expérience de NEET dans son parcours peu permere d'accompagner une
siuaon amiliale ou un proje personnel.

4 | LES NEET NE SONT PAS TOUS À LA DÉRIVE

Dans les ais, rès peu de jeunes son resés NEET duran les cinq années suivan la sore de l’école :
2 % pour les rois premières cohores e 3 % pour la dernière. Ce aible aux bouscule l’image
négave associée aux NEET comme éan celle de jeunes ne voulan ou ne pouvan pas ravailler.
La représenaon d’une jeunesse à la dérive e ne cherchan pas à s’insérer n’apparaî pas à ravers
ces enquêes. Les rois quars des NEET observés à cinq ans on même eu l’opporunié depuis la n
des éudes d’occuper un emploi d’au moins six mois 62 % de la généraon 2010) e plus du ers on
signé un conra à durée indéerminée, quelle que soi la cohore. Environ 40 % d’enre eux on eu un
parcours proessionnel avec de mulples emplois 30 % de la généraon 2010).

De surcroî, inerrogés sur leur priorié, plus des deux ers armen vouloir rouver un emploi sable,
andis que le souhai de ménager leur vie hors ravail a baissé au cours des enquêes de 21 % à
11 % des répondans NEET, ce qui n’es pas le cas des jeunes en emploi). La plupar son inscris à
Pôle Emploi l’Anpe pour les anciens sorans) ou l’Apec, dans des agences d’inérim. Quelques-uns
envisagen un jour de se mere à leur compe en créan leur propre enreprise, en auo-enrepreneur
ou en exerçan en libéral leur proession : près du quar des généraons 1998 e 2010 exprimen ce
proje. Êre NEET n’es donc pas oujours synonyme de rerai durable du marché du ravail.

D’ailleurs, le sau NEET n’es majoriairemen pas vécu comme une posion enviable. Près des rois
quars aesen que leur siuaon acuelle ne leur convien pas, e ce pour oues les généraons.
Cela peu s’expliquer aussi par l’absence de revenu. En ee, environ 40 % d’enre eux ne perçoiven
aucune indemnié ni allocaon sociales nancières.

68 Céreq Essentiels
CONCLUSION |

Au nal, d’une généraon à l’aure e au-delà de conexes économiques diérens que celles-ci on
raversés, la siuaon de NEET concerne des jeunes qui apparaissen êre bien plus vulnérables du
poin de vue du niveau de qualicaon aein, de leur prol social e de leur rappor à l’emploi.
Cependan, des évoluons on aussi marqué les jeunes concernés davanage de non-diplômés,
moins de emmes avec enans, plus d’hommes sans enan, des personnes résidan plus souven
chez leurs parens, ec.).

Ces évoluons soulignen l’évenail de prols e de réaliés que masque le erme NEET : chômeurs
de coure ou de longue durée, jeunes avec des responsabiliés parenales ou non, en couple ou
résidan chez leurs parens, diplômés ou pas... Il n’exise pas un modèle unique d’enrée dans la
siuaon de NEET mais plusieurs parcours. Cee expérience peu êre subie, noammen pour des
jeunes non diplômés en augmenaon depuis 1998. Elle peu concerner aussi des diplômés qui
reusen des emplois précaires en décalage enre leurs aenes e les poses proposés. Ainsi, une
par d’enre eux possèden des diplômes mais meen du emps pour rouver un pose sable, avec
de réquens allers e reours enre chômage e emplois emporaires. Pour d’aures, le sau de
NEET perme par exemple d’assumer une responsabilié parenale ou d’exprimer une disanciaon
par rappor au ravail salarié Schehr, 1999) en reournan à leur avanage une siuaon sociale
imposée. Cerains peuven donc privilégier à un momen donné de leur rajecoire des prioriés
diérenes de l’emploi salarié amille, année sabbaque, loisir, créavié arsque…), quand
d’aures jeunes viven des siuaons de grande vulnérabilié absence de qualicaon, problèmes
de sané, discriminaons, ec.). Ces consas posen, en ligrane, la queson de la place aie à la
jeunesse dans le monde économique e de la place prise par cee jeunesse au cœur de la sociéé.|

20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions 69

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