Chapitre 4 Mars 2020

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

UNIVERSITÉ de TOURS Faculté des Sciences & Techniques

LICENCE de MATHÉMATIQUES (L1)

Année universitaire 2019-2020 – semestre 2

Module 2.2 - Suites et fonctions


Jean Fabbri

Chapitre n0 4 : Développements limités

Ce chapitre utilise les méthodes et résultats des 3 premiers chapitres de ce cours pour
approfondir l’étude locale d’une fonction, en particulier on utilise la notion (chapitre 2)
de fonctions négligeables devant une autre au voisinage de 0.

1 Développements limités
1.1 Définition
On considère des fonctions numériques définies sur des intervalles.

Définition 1.1 Soient I un intervalle, x0 ∈ I, f : I → R une fonction numérique.


f admet un développement limité (D.L.) d’ordre n au voisinage de x0 s’il existe
un polynôme P de degré inférieur ou égal à n tel que

pour tout h petit, x0 + h ∈ I, f (x0 + h) = P (h) + o0 (hn )

Notation par la suite on écrira plus simplement pour les voisinages de 0, o au lieu de o0 .
Exemple : Puisque la somme des termes d’une suite géométrique de raison h 6= 1 donne
(1 − h)(1 + h + h2 + ... + hn ) = 1 − hn+1 , on peut écrire

1 hn+1 hn+1
= 1 + h + h2 + ... + hn + avec = o(hn )
1−h 1−h 1−h
1
donc = 1 + h + h2 + ... + hn + o(hn ) au voisinage de 0
1−h
Proposition 1.1 Si une fonction admet développement limité d’ordre n au voisinage de
x0 , celui-ci est unique.

1.2 Cas des fonctions polynomiales


Proposition 1.2 Toute fonction polynomiale admet un D.L. au voisinage de 0 d’ordre n
quelconque.
Ce D.L. est obtenu par troncature éventuelle. Si P est un polynôme de degré p ∈ N, en
l’écrivant comme une somme de puissances croissantes et par troncature des termes de
degré supérieur strictement à n s’il en existe.

Exercice 1 Soit P = (x−1)2 (x+3)x3 , écrire la forme développée de P puissance croissante


et puissance décroissante, puis en donner un D.L. d’ordre 5 au voisinage de 0.
1.3 Premières propriétés
Proposition 1.3 Une fonction f admet un D.L. d’ordre 1 au voisinage de x0 , si et seule-
ment si elle est dérivable en x0 .
Attention : ce résultat ne s’étend pas aux D.L. d’ordre plus grand que 1.
1
Par exemple la fonction définie sur R∗ par f (x) = x + x2 + x3 sin( 2 ) et prolongée par
x
continuité admet à l’origine un D.L. d’ordre 2 mais n’est pas 2 fois dérivable en 0.

Exercice 2 Si une fonction est paire (respectivement impaire) son développement limité
au voisinage de 0 est pair (respectivement impair) quelqu’en soit l’ordre.

2 Formule de Taylor Young


2.1 D.L. d’une fonction de classe C p
Théorème 2.1 Soit f une fonction de classe C p (p ∈ N∗ ) sur un intervalle ouvert I et
x0 ∈ I quelconque. Alors :
— f possède en x0 un D.L. d’ordre n pour tout n ≤ p ;

— celui ci s’exprime en fonction des dérivées successives de f en x0 par la formule de


Taylor-Young :
k=n
X f (k) (x0 ) k
pour tout h petit x0 + h ∈ I f (x0 + h) = h + o(hn )
k!
k=0

La preuve se fait par récurrence sur n.

Remarques : 1) les fonctions de classe C ∞ sur un intervalle I admettent en tout point de


cet intervalle un D.L. d’ordre aussi grand que nécessaire.
2) la formule de Taylor-Young est un moyen très puissant de calculer des D.L., en parti-
culier pour les fonctions dont les dérivées successives sont faciles à exprimer.

Résultat à retenir (conséquence du thérème) :


x2 xn
∀n ∈ N ex = 1 + x + + ... + + o(xn )
2! n!
ln x
Exercice 3 Ecrire le D.L. d’ordre 4 au voisinage de x0 = 1 pour la fonction g(x) = .
x

2.2 D.L. au voisinage de 0 de quelques fonctions usuelles

1
= 1 + x + x2 + ... + xn + o(xn )
1−x
x2 x3 xn
ln(1 + x) = x − + + ... + (−1)n−1 + o(xn )
2 3 n
α(α − 1) α(α − 1)...(α − n + 1)
(1 + x)α = 1 + αx + + ... + + o(xn )
2! n!
x2 x4 x2n
cos x = 1 − + + ... + (−1)n + o(x2n+1 )
2! 4! (2n)!
x3 x5 x2n+1
sin x = x − + + ... + (−1)n + o(x2n+2 )
3! 5! (2n + 1)!

Exercice 4 Expliciter les D.L. au voisinage de 0, à l’ordre 5 de la fonctions x 7→ chx.


3 Opérations sur les D.L. au voisinage d’un point
Pour des fonctions obtenues à partir d’autres, il est souvent utile, pour évaluer le
comportement local de connaître un D.L.

3.1 D.L. de combinaisons linéaires de fonctions admettant des D.L. en


x0
Proposition 3.1 Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I contenant x0 ,
et admettant en ce point des D.L. d’ordre m et n respectivement, montrer que pour tout
λ ∈ R, la fonction λf + g admet en x0 un D.L. d’ordre p = min(m, n).

Exercice 5 Ecrire un D.L. d’ordre 6 au voisinage de 0 de la fonction cosinus hyperbolique


ex + e−x
chx = .
2

3.2 D.L. en x0 d’un produit de fonctions admettant des D.L. en x0


Il s’agit de bien comprendre quel est l’ordre suffisant des D.L. des fonctions dont on
réalise le produit : la règle à retenir est la suivante.

Proposition 3.2 Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I contenant x0 ,


et admettant en ce point des D.L. d’ordre p et m respectivement, la fonction f × g admet
en x0 un D.L. d’ordre n, pour tout n ≤ min(p, m) qui est obtenu à partir du produit (des
polynômes) des D.L. en ne conservant de ce produit que les termes de degré inférieur ou
égal à n.
Exemple : Calcul du D.L. de F (x) = e3x sin 2x au voisinage de 0 à l’ordre 6.
La règle ci-dessus-qu’il convient d’appliquer avec méthode- donne :
23 61
F (x) = 2x + 6x2 + x3 + 5x4 + x6 + o(x6 )
3 60

3.3 D.L. d’un quotient de fonctions admettant des D.L. en x0


Il est essentiel que le dénominateur ne s’annule pas au voisinage de x0 , autrement dit
le D.L. du dénominateur est du type a0 + a1 (x − x0 ) + ...) avec a0 6= 0, ce qui s’écrit encore
a0 (1 + b1 (x − x0 ) + .....
Etablir que la fonction x → tan x admet un développement impair d’ordre quelconque au
voisinage de 0.

sin x
Exercice 6 Ecrire tan x = où 1 + u est le D.L. de cos x au voisinage de 0 et montrer
1+u
que
x3 2x5
tan x = x + + + o(x5 )
3 15
Exercice 7 Utiliser la méthode du quotient pour obtenir à nouveau le D.L. d’ordre 4 au
ln x
voisinage de x0 = 1 de la fonction g(x) = .
x

3.4 D.L. d’une fonction composée


Exemple développé
On cherche le D.L. à l’ordre 4 au voisinage de 0 de la fonction H(x) = ln(1 + sin x)
On compose le D.L. de sin x pour x proche de 0 et celui de ln(1 + u) pour u proche de
0. On écrit chacun des D.L. à l’ordre 4 et on injecte sous la forme de u celui de sin x en
négligeant les termes d’ordre supérieur à 4 :
x3
soit ainsi u = x − + o(x4 ) car le D.L. de sinus est impair
6
u2 u3 u4
et ln(1 + u) = u − + + + o(u4 ).
2 3 4
On obtient finalement :
x3 1 x3 1 x3 1 x3
H(x) = x − + o(x4 ) − (x − + o(x4 ))2 + (x − + o(x4 ))3 + (x − + o(x4 ))4
6 2 6 3 6 4 6
soit
1 1 1 1 1 1 1
H(x) = x − x2 + x3 + ( − )x4 + o(x4 ) = x − x2 + x3 − x4 + o(x4 )
2 6 6 4 2 6 12

4 Applications des développements limités


4.1 Recherche de limites
Exercice 8 Soit f une fonction de classe C 2 sur un intervalle I et a ∈ I.
f (a + h) + f (a − h) − 2f (a)
Déterminer la limite éventuelle lorsque h → 0 de
h2
Indication : on écrit les DL à l’ordre 2 de f (a + h) et f (a − h), et ont termine le
calcul
1 1 1 sin x 12 −1
Exercice 9 Etablir que lim ( 2 − 2 ) = et que lim ( )x =
x→0 sin x x 3 x→0 x 6

4.2 Position locale relative de deux courbes


Position d’une courbe par rapport à sa tangente en un point

Proposition 4.1 Si f admet en x0 un D.L. d’ordre n > 1, le D.L. donne à la fois l’équation
de la tangente à la courbe représentative (C) en le point M0 (x0 , y0 ), mais également la po-
sition de la courbe par rapport à cette tangente selon le signe du premier terme d’exposant
supérieur à 1.

2x ln x
Exercice 10 Etude au voisinage de x0 = 1 de la fonction g : x 7→ .
x−1
Préciser la limite éventuelle de la fonction, ainsi que, si elle existe, la tangente à la courbe
représentative (C) en ce point puis la position de la courbe par rapport à celle-ci.

Position d’une courbe par rapport à une asymptote oblique


Principe : soit f une fonction définie sur un intervalle du type [a, +∞[, on réalise, pour
faire l’étude quand x → +∞, un changement de variable et de fonction, le plus souvent
1
h = et f (x) = F (h).
x p
Exemple développé : Etude au voisinage de +∞ de f (x) = x2 + x + 1.
On combine plusieurs techniques :
1 3
La forme factorisée du trinôme est essentielle : x2 + x + 1 = (x + )2 + , donc,
r 2s 4
1 2 3 1 3
f (x) = (x + ) + ainsi pour x grand et positif f (x) = (x + ) 1 + .
2 4 2 4(x + 21 )2
1
Avec h = , h → 0 quand x → ∞ et le D.L. de (1 + t)α au voisinage de 0 permet de
x + 12
conclure
1 3 1 1
f (x) = x + + + o( )
2 8 x + 0.5 x + 0.5
3 1
Comme pour x → +∞, > 0, la courbe (C) est au-dessus de la droite asymptote
8 x + 0.5
1
d’équation y = x +
2
5 Autres formules de Taylor
5.1 Formule de Taylor avec reste intégral
Rappels :

— Toute fonction continue sur un intervalle admet sur celui-ci des primitives,

— Si u et v sont des fonctions de classe C 1 sur un intervalle contenant [a, b], alors on
a la formule d’intégration par parties
Z b Z b
u0 (x)v(x)dx = [u(x)v(x)]ba − u(x)v 0 (x)dx
a a

Théorème 5.1 Soient I un intervalle ouvert et f une fonction de classe C n+1 (n ∈ N) sur
cet intervalle, alors pour a ∈ I arbitraire :
k=n x
(x − a)k (k) (x − t)n (n+1)
X Z
∀x ∈ I f (x) = f (a) + f (t)dt
k! a n!
k=0

La démonstration se fait par récurrence, et repose sur la formule d’intégration par parties,
on vérifie aisément le résultat pour n = 0, n = 1 et n = 2.

5.2 Inégalité de Taylor-Lagrange


Comme une fonction de classe C p sur un intervalle I est p-fois dérivable et à dérivée
d’ordre p continue, cette dérivée est bornée (chapitre 2) sur tout sous-intervalle fermé de
I. Majorer cette dérivée (et sa valeur absolue) est donc possible et conduit au résultat
suivant :

Théorème 5.2 Soient I un intervalle ouvert et f une fonction de classe C n+1 (n ∈ N) sur
cet intervalle, a ∈ I arbitraire et M > 0 majorant de |f (n+1) (t)| dans un sous intervalle
[α, β] ⊂ I contenant a :
k=n
X (x − a)k (k) |x − a|n+1
∀x ∈ [α, β] |f (x) − f (a)| ≤ M
k! (n + 1)!
k=0

Il suffit, en distinguant par exemple les cas x < a et x > a, de majorer le reste intégral du
théorème précédent.
En particulier pour x proche de a, on retrouve avec des hypothèses plus fortes, la formule
(x − a)n+1
de Taylor-Young, puisque dans un voisinage de a : M = oa ((x − a)n ).
(n + 1)!

6 Exercices complémentaires
Exercice 11 Calculer les D.L. en 0 à l’ordre n indiqué dans la question :
1
1. √ + e2x (n = 4) et ln(cos x) (n = 6)
1+x
ln(1 + x)
2. ln(1 + x2 ) (n = 6) et (n = 3)
1 + x2
3 ln(x2 + 2x + 2) (n = 5)

ln x
Exercice 12 Calculer le développement limité de au voisinage de x0 = 1 à l’ordre 4.
x
Exercice 13 Calculer les limites suivantes :
1 1
1. lim ( − )
x→1 x − 1 ln x
ln(1 + x2 ) − x sin x
2. lim
x→0 x4
1 − cos x + ln(cos x)
3. lim
x→0 x4

Vous aimerez peut-être aussi