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Mardi 31 Aout 2021 - Par admin

Sciences et technologie: quelles


perspectives pour l’investissement au
Maroc ?

Par Yasser Biaz, Directeur Général UM6P Ventures

L es initiatives visant à encourager l’investissement en entrepreneuriat


et innovation (E&I) se sont accélérées. En Afrique, le volume
d’investissement a doublé entre 2017 et 2020, avec une concentration de
90% du capital risque africain total investi au Nigéria, Kenya, Egypte, Afrique
du Sud et Ghana. Selon les données publiques, le Maroc a investi 11.2
millions de dollars en 2020, soit la 8ème position sur la scène africaine. Cela
peut sembler refléter une timidité de l‘opportunité à y investir dans l’E&I.

Le financement des start-up dans la Silicon Valley demeure le modèle de


référence. En Afrique, le développement du capital-risque, certes très
entrepreneur et contextuellement innovant, a commencé à produire des
licornes (start-up valorisées à 1 milliard de dollars) dans les marchés e-
commerce, fintech, logistique et distribution. On cite : Jumia, Fawry et
Interswitch.

Les start-up marocaines deviennent plus visibles à l’international. Elles


s’exportent et attirent des investisseurs étrangers. La dynamique actuelle
suggère que d’autres régions africaines représentent des économies
intégrées plus attrayantes pour ce type d’investissement. Les start-up
marocaines, très compétentes mais limitées en opportunités économiques
deviennent candidates de premier rang à l’acquisition prise par les licornes
africaines. En Afrique, l’activité capital-risque s’est concentrée
principalement sur la transformation numérique des métiers conventionnels
– à savoir fintech, e-commerce, logistique, etc.

Récemment, le capital-risque prend fait de l’opportunité d’investissement


dans les startup spécialisées dans les sciences et technologies: DeepTech /
HardTech. Ce sont les vecteurs de la nouvelle vague de développement
économique et industriel, à travers les biotechnologies, les néo-énergies, les
nanotechnologies, l’intelligence artificielle, etc.

Ces chantiers dressent une barrière à l’investissement due à l’expertise


scientifique et les coûts requis pour leur mise en œuvre. Bien entendu, les
risques technologique, réglementaire et économique sont plus marqués.
Aujourd’hui, le Maroc se distingue par son accélération de l’innovation
scientifique, avec ses talents et infrastructures. Ses investissements et le
développement de son tissu scientifique et industriel lui confèrent un
potentiel latent qui fait l’opportunité marocaine. Cependant, les chiffres
génériques de l’investissement dans les start-up – en Afrique – manquent de
refléter ce potentiel.

Ainsi, le Maroc procure une opportunité d’arbitrage singulière


d’investissement au profit du transfert scientifique et technologique des
institutions de recherche. Les activités de ce transfert s’accélèrent et les
financements pour la transition du brevet scientifique ou du prototype à
l’industrialisation (et sa commercialisation) sont maintenant initiés.

Ce dernier point correspond au cycle critique des projets DeepTech; appelé


«vallée de la mort» dans le milieu scientifique. La validité scientifique est
confirmée, jusque-là supportée par des subventions et instruments de
financement de la recherche et développement (R&D) – de source marocaine
et internationale. Cette étape aboutit à un produit lié à la propriété
intellectuelle et clôture cette phase de financement du projet. Des centres
de transfert technologique, certains maintenant actifs au Maroc, multiplient
les exercices de valorisation de l’innovation scientifique dans le but d’assurer
la transition du projet à un actif investissable.

Le projet ou start-up DeepTech doit ensuite être dérisqué et dimensionné


dans ses capacités en capital humain et ambition industrielle, économique et
commerciale. L’écart entre la latence et le pragmatisme de l’investissement
dans la région n’a pas encore donné l’appétit aux investisseurs. En effet, les
pays qui ont réussi cette transition, bénéficient d’un écosystème qui assure
l’accès à des sources de financement non-dilutif, pour les start-up en
DeepTech qui adressent les défis actuels les plus conséquents – ex. santé,
climat.

Au Maroc, le rapprochement entre les acteurs de la DeepTech et le capital-


risque a commencé. Il se produit sur les campus d’éducation et de
recherche. Les investisseurs avertis y verront un profil et une performance
pour l’investissement singulier dans la région.

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