Loi 123

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JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE DE DJIBOUTI

Loi n°123/AN/4ème L portant sur la réglementation, la qualification et la


certification des Bureaux d’Ingénierie dans le secteur du Bâtiment, des
Travaux Publics et d’architecture.

L’ASSEMBLEE NATIONALE A ADOPTE

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PROM ULGUE

LA LOI DONT LA TENEUR SUIT :

VU La Constitution du 15 septembre 1992 ;

VU La Loi n°53/ AN/ 83/ 1er portant réglementation des professions


d’Architecture ou d’Agrée en Architecture ;

VU La Loi n°82/AN/00/4ème L du 17 mai 2000 portant organisation du


Ministère de l’Habitat de de l’Urbanisme, de l’Environnement et de
l'Aménagement du Territoire ;

VU Le Décret n°99-0059/ PRE du 12 mai 1999 portant nomination des


membres du Gouvernement Djiboutien et fixant leurs attributions ;

VU La Délibération n°345/ 7ème L du 10 mai 1973 relative aux sociétés


Civiles des professionnelles, rendue exécutoire par l’arrêté n°73-795/ SG
/CD du 19 mai 1973.

Article 1er : Objet.

L’objet de la présente loi est de :

* Définir les conditions dans lesquelles sont effectuées la qualification des


bureaux d’Ingénierie dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics
et d’Architecture ainsi que l’information sur leurs moyens en personnels
et leur potentiel économique.
* Déterminer les moyens utilisés pour porter ces renseignements à la
connaissance des tiers ainsi que les modalités de délivrance des certificats .

Article 2 : Champ d’application.

Les dispositions de la présente loi s’appliquent à tous les bureaux


d’Ingénierie dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics et
d’Architecture exerçant à titre principal ou secondaire, une ou plusieurs
des activités du bâtiment ou des travaux publics ou des activités annexes

Article 3 : Définition.

Tout bureau d’Ingénierie ou d’Architecture dont l’activité entre dans le


champ d’application prévue à l’article 2 ci-dessus peut demander à être
qualifié.

Article 4 : Critères.

Un bureau d’Ingénierie ou d’Architecture sera reconnu qualifié lorsque


l’ensemble des informations fournies par lui aura été jugé suffisant par la
commission d’attribution compétente et que notamment les références
présentées correspondent à la définition donnée de cette activité, la
commission de qualification n’est pas tenue de qualifier les bureaux
d’Ingénierie ou d’Architecture qui n’auront pas fourni les renseignements
et justifications demandés

L’attribution d’une qualification à un bureau d’Ingénierie ou


d’Architecture dans une activité donnée est appréciée selon les critères
suivants :

critères administratifs :

Le bureau d’Ingénierie ou d’Architecture est tenu de justifier de son


existence légale et de la régularité de sa situation. Il doit en particulier :

- Justifier de son inscription au Registre du Commerce,

- Fournir les identités des responsables légaux et techniques et copies de


leurs diplômes ou justificatifs d’expériences professionnelles,
- Attester qu’il est à jour de ses obligations fiscales,

- Justifier de son affiliation et de la régularité du versement des cotisations


aux organismes sociaux (notamment OPS),

- Justifier d’un contrat d’assurance en responsabilité civile et en


responsabilité construction.

critères techniques :

Parmi les informations d’ordre technique, le bureau devra notamment


présenter une liste exhaustive des références d’études, de projets et de
travaux qu’il a réalisés en maîtrise d’oeuvre dans les cinq dernières
années.

Ces références devront préciser la nature et le montant des études et


projets exécutions, leur lieu et date d’exécution, les noms et adresses des
maîtres d’ouvrage pour certaines, être justifiées par des attestations de
bonne exécution.

La commission peut demander, en tant que de besoin, des attestations


complémentaires.

Par "références" il faut entendre les études et projets dont l’exécution a


été réalisée directement par le bureau d’Ingénierie ou d’Architecture avec
son propre personnel et au moyen des matériels dont il dispose.

La commission est fondée à demander des informations complémentaires


lorsque l’importance des études ou contrôles sous-traités amene à mettre
en doute l’exécution des références fournies par le bureau d’Ingénierie ou
d’Architecture.

Critères financiers :

Les éléments financiers demandés au bureau d’Ingenierie ou


d’Architecture concernent son chiffre d’affaire global sur les trois
dernières années, ventilé ensuite par activité.
En cas de doute motivé, la commission est fondée à demander des
informations complémentaires.

Article 5 : Obligations générales des bureaux d’études ou de contrôle.

Les bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture demandant une qualification


s’engagent par là même à accepter les règles définies à la présente loi
ainsi que toutes les dispositions décidées par la commission de
qualification pour en faciliter l’application.

A défaut et après mise en demeure, le certificat annuel ne sera pas délivré


au bureau d’Ingénierie ou d’Architecture.

Le bureau d’Ingénierie ou d’Architecture ne figurera plus sur le répertoire


des bureaux qualifiés et sera alors radié par le Président, sur proposition de
la commission de qualification et de classification.

Article 6 : Classification.

Indépendamment de leurs compétences techniques attestées par leur(s)


qualification (s), les bureaux d’Ingénierie et d’Architecture seront classés
en un certain nombre de catégories d’après l’importance et la qualification
de leurs moyens en personnel (effectif), leurs moyens matériels et leur
potentiel (chiffre d’affaire).

Ces catégories seront fixées par arrêté simple sur proposition de la


Commission de qualification et de classification et avis de la commission.

Article 7 : Mode de classification.

Le classement dans ces catégories est effectué par la Commission à partir


des informations fournies par les bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture
dans le dossier de demande et mis a jour au moyen d’un questionnaire
annuel auquel tous bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture sont tenus de
répondre.
Article 8 : Composition de la Commission de Qualification et de
classification.

La Commission comporte douze membres avec des représentants des


maîtres d’ouvrage publics et privés, des maîtres d’oeuvre et des bureaux
d’Ingénierie ou d’Architecture.

A/ Collège maîtrise d’ouvrage déléguée :

* Maîtres d’ouvrages publics : six représentants du secteur public.

- le Ministre de l‘Habitat, de l‘Urbanisme, de l‘Environnement et de


l’Aménagement du Territoire ou son représentant,

- le Secrétaire Général du Gouvernement,

- un représentant du Ministre de l’Économie et des Finances, Chargé de la


Privatisation,

- un représentant du Ministre de l’Équipement et des Transports,

- un représentant du Ministre du Commerce et de l’Artisanat,

- un représentant du Ministre de l’Intérieur

* Maîtres d’ouvrages privés : un représentant du privé.

Les maîtres d’ouvrages privés seront sollicités pour désigner un


représentant

B/ Collège maîtres d’oeuvres et experts :

* Maîtres d’oeuvres et experts publics : trois représentants des services de


l’État.

- le Directeur des Travaux Publics ou son représentant,


- le Directeur de l’Assainissement ou son représentant,

- le Directeur de l’Habitat et de l’Urbanisme ou son représentant.

* Experts privés : deux représentants du privé.

- un représentant des bureaux d’ingénierie dans le secteur du Bâtiment et


des Travaux Publics,

- un Ingénieur Civil du secteur du Bâtiment et des Travaux Publics.

Article 9 : Durée des mandats.

Les nominations des membres de la commission sont faites pour une durée
de 3 ans renouvelable une fois. Les membres doivent être âgés de moins
de 55 ans à la date de leur dernière désignation. Le Président peut déroger
à cette règle, pour un seul mandat de 3 ans en faveur de personnalités qui ,
en raison de leur compétence reconnue, apportent à l’organisme une
notoriété certaine.

Les membres démissionnaires ou décédés sont remplacés dans les même


conditions pour la durée du mandat restant.

Article 10 : Désignation du président.

La commission est présidée par le Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme,


de l’Environnement et de l’Amenagement du Territoire et le Ministre de
l’Équipement et des Transports, alternativement sur une base annuelle.

Article 11 : Fonctionnement.

Les membres de la commission sont nommés par arrêté.

La commission se réunit au moins deux fois par an sur convocation de son


Président ou, en cas d’absence de celui-ci, sur convocation de son Vice-
président. Le Comité ne délibère que si la totalité de ses membres moins
un sont effectivement présents. La présence de six membres au moins
appartenant aux trois collèges est nécessaire pour la validité des décisions.
Celles-ci sont prises à la majorité des membres présents . En cas de
partage, la voix du président est prépondérante.

Article 12 : Recours contre les décisions de la Commission.

Tout bureau d’Ingénierie ou d’Architecture peut faire appel d’une décision


de la commission prise à son égard, dans le délai de deux mois à compter
de la notification de la décision par le Président.

La demande est dans tous les cas adressée au Président de la commission


qui la transmet à la commission pour examen.

Article 13 : Plaintes des tiers.

Les tiers (organisations professionnelles, maîtres d’oeuvre et experts,


maîtres d’ouvrages publics et privés, entreprises assureurs) qui
estimeraient que :

1. une qualification ou une certification professionnelle a été abusivement


attribuée ;

2. un bureau d’Ingénierie ou d’Architecture n’a pas eu le comportement


professionnel que l’on peut attendre d’un bureau d’études qualifié et
certifié.

peuvent en saisir le Président par écrit avec un argumentaire. Après avis de


la commission une sanction éventuelle pourra être prise par celui-ci à
l’encontre du bureau.

Article 14: Droit de saisine directe.

Le Président de la commission peut de sa propre initiative convoquer la


commission sur tout sujet qui lui paraîtrait devoir être soumis à son
appréciation.

Article 15 : Secrétariat de la commission.


Le secrétariat de la commission est assuré par la Direction Administrative
et Financière du Ministère de l’Habitat, de l‘Urbanisme, de
l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire.

Article 16 : Modèle de certificat.

Le Président délivre à chaque bureau d’Ingénierie ou d’Architecture un


certificat mentionnant les activités pour lesquelles il a été reconnu qualifié
et les catégories dans lesquelles il a été classé.

Le modèle en est arrêté par le Président sur proposition de la commission.

Article 17 : Durée de validité et contenu.

Le certificat est délivré pour un an, de date à date. Il doit toujours porter la
signature du titulaire et le timbre du Président qui l’a délivré.

Le certificat est unique pour une entité juridique déterminée. Il comporte

1. l’identification de l’entité,

2. toutes les qualifications attribuées,

3. la classification et les moyens en personnel.

Article 18 : Copies.

II pourra être délivré aux bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture, sur


demande adressée à la commission, des copies certifiées conformes de leur
certificat ou des attestations, établies aux frais de l’intéressé.

Article 19 : Publication.

Il ne pourra être publié par la commission et le Ministère de l’Habitat, de


l’Urbanisme, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire,
aucun renseignement d’ordre confidentiel en dehors de ceux qui figurent
sur les certificats remis aux intéressés comme définis aux articles
précédents.
Ces informations sont mises à la disposition des maîtres d’ouvrage,
maîtres d’oeuvres et de toutes les personnes intéressées dans :

1. un répertoire des entreprises qualifiées publié périodiquement par le


Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme, de l’Environnement et de
l’Aménagement du Territoire.

2. une banque de données informatisées accessible sur internet.

Toute publication d’information complémentaire ne pourra se faire


qu’avec l’agrément formel de l’entreprise.

Tous les membres de la commission sont tenus au secret professionnel.

Article 20 : Révisions - Renouvellements annuels.

L’attribution d’une qualification n’est jamais définitive. Tous les trois ans,
les qualifications sont révisées à l’initiative de la commission. Le bureau
d’Ingénierie ou d’Architecture doit fournir un dossier complet donnant
lieu à un nouvel examen par la commission.

Si le bureau d’Ingénierie ou d’Architecture ne fournit pas ce dossier, le


Président peut sur proposition de la commission prononcer le retrait de la
qualification.

En dehors des cas d’application de l’article 21 ci-après, le Président a la


faculté sur proposition de la commission, à titre exceptionnel, d’imposer
une révision anticipée d’une qualification. Il doit alors motiver
précisément sa décision et fixer un délai précis.

Les classifications sont mises à jour annuellement au moyen d’un


questionnaire, permettant à la commission de vérifier la situation du
bureau d’Ingénierie ou d’Architecture et de délivrer le certificat pour
l’année.
Si la commission décide une modification significative de la structure du
bureau d’Ingénierie ou d’Architecture, elle en saisit le Président qui peut
provoquer une révision des qualifications.

Tout bureau d’ingénierie ou d’Architecture qui modifie sa structure


juridique ou qui cesse totalement son activité ou dont l’activité ne
correspond plus au certificat qui lui a été délivré est tenu de le signaler au
Président et de lui retourner son certificat.

Il en est de même pour les bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture en état


de redressement judiciaire ou de liquidation de biens ou pour ceux dont le
fonds de commerce a changé de propriétaire, ou bien encore lorsqu’à la
suite de cession d’actions ou de parts sociales, la majorité a changé de
mains. En application des règles définies à la présente loi, la commission
apprécie, dans chaque cas particulier les conditions dans lesquelles un
nouveau certificat peut être délivré au bureau d’Ingénierie ou
d’Architecture. La qualification délivrée est réexaminée dés lors que la
commission a reçu en provenance des tiers visés ci-dessus, par le canal du
Président, des informations justifiant la réouverture de dossier.

Article 21: Qualifications probatoires ou temporaires.

Une qualification temporaire pourra être délivrée aux bureaux


nouvellement crées ou déjà existants mais souhaitant étendre leurs champs
d’activités. Elle sera attribuée pour une durée de deux ans non
renouvelable après que la commission se soit prononcée :

1. sur les références personnelles des dirigeants et les garanties qu’ils


offrent tant du point de vue technique que moral et financier, liées à
l’exercice de la profession,

2. sur les moyens en personnel et en matériel.

Au cours de ce délai maximum de deux ans, la qualification pourra être


attribuée sans limitation autres que celles prévues par la présente loi si le
bureau d’Ingénierie ou d’Architecture produit des références jugées
quantitativement et qualitativement suffisantes. L’attribution d’une
qualification probatoire ne s’applique pas, même pour une première
demande, dés lors que le bureau d’Ingénierie ou d’Architecture présente
un dossier complet comportant des références suffisantes pour les
qualifications demandées.
Si les dirigeants d’un bureau d’Ingénierie ou d’Architecture (nouveau ou
se trouvant dans un des cas visés à l’article 20) ont déjà exercé des
fonctions semblables dans des bureaux d’Ingénierie ou d’Architecture
qualifiés ayant été mis en liquidation judiciaire depuis moins de 3 ans, le
Président peut attribuer sur proposition de la commission une qualification
temporaire limitée à un an renouvelable une fois et exiger un suivi accru
du bureau concerné par présentation d’un dossier administratif deux fois
par an.

Article 22 : Sanctions.

Après l’avoir informé des faits qui lui sont reprochés, lui avoir
communiqué toutes les pièces en attestant et l’avoir entendu, le Président,
sur proposition de la commission peut appliquer une des sanctions ci-après
à tout titulaire d’un certificat :

1. Qui aurait modifié ou tenté de modifier les mentions portées sur son
certificat ou sur tout document émanant du Président ;

2. Qui serait condamné pour des faits délictueux liés à l’exercice de la


profession ;

3. Qui n’aurait pas respecté les obligations générales telles quelles sont
définies dans la présente loi ;

4. Qui serait responsable de malfaçons graves ou répétées dans l’exécution


des études ou le contrôle de travaux témoignant ainsi d’une insuffisance de
moyens ou d’organisation ou d’une mauvaise maîtrise de son système
qualité ;

5. Qui aurait retardé dans des conditions inadmissibles l’achèvement d’une


étude ou d’un chantier à l’exécution duquel il participe témoignant ainsi
d’une insuffisance de moyens ou d’organisation, ou d’une mauvaise
maîtrise de son système qualité.
L’échelle des sanctions applicables est fixée comme suit suivant la gravité
des faits :

- Avertissement avec ou sans obligation d’un examen complémentaire


total ou partiel de la situation du bureau d’Ingénierie ou d’Architecture
dans un délai fixé ;

- Retrait temporaire d’une ou plusieurs qualifications et/ou certifications


pour une durée de six mois à 3 ans, retrait temporaire du certificat (le
retrait pouvant être prononcé pour une durée de 6 mois à 3 ans selon les
cas) ;

- Retrait définitif du certificat.

En cas d’appel d’une sanction prévue au présent article dans les conditions
définies par l’article 12, son application est suspendue jusqu’à la décision
du Président, qui statue en dernier ressort.

Tout titulaire d’un certificat sanctionné par un retrait temporaire ne pourra


présenter une nouvelle demande avant le délai fixé par la sanction.

Il en est de même pour tout bureau d’Ingénierie ou d’Architecture


qui aurait falsifié ou usurpé un certificat délivré par le Président, que ces
faits aient entraîné ou par une condamnation judiciaire pour laquelle
l’interdiction d’accès pourra être fixée au maximum à trois ans.

Toute décision de retrait du certificat sera portée à la connaissance des


administrations publiques, des maîtres d’œuvres, experts et des syndicats
des entreprises du secteur du Bâtiment et des Travaux Publics.

Articles 23 :

Le Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme, de l’Environnement et de


l’Aménagement du Territoire est chargé de l’application de la présente loi.
Article 24 :

La présente Loi sera publiée au Journal Officiel de la République de


Djibouti, dés sa promulgation.

Fait à Djibouti le 01 avril 2001.

Le Président de la République,

chef du Gouvernement

ISMAÏL OMAR GUELLEH

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