Le Maraîchage Face Aux Contraintes Et Opportunités de L'expansion Urbaine
Le Maraîchage Face Aux Contraintes Et Opportunités de L'expansion Urbaine
Le Maraîchage Face Aux Contraintes Et Opportunités de L'expansion Urbaine
org
Série « documents de travail »
groupe de recherche et
Le maraîchage face aux
d’échanges technologiques
contraintes et opportunités de
l’expansion urbaine.
La cas de Thiès/Fandène (Sénégal)
enda graf
groupes recherche action
formation
Mars 2005
Coordination
Relecteurs
Anne Floquet, Cebedes, Bénin, [email protected]
Rigobert Cocou TOSSOU, DESAC/FSA, Bénin, [email protected]
L’objectif général du programme de recherche Ecocité est de réaliser une analyse fine et
partagée des processus en cours à l’interface milieu urbain/milieu rural dans deux sites au
Sénégal (Thiès et Mboro) et au Bénin (Abomey-Bohicon, Parakou).
Plus spécifiquement le projet vise 1) à identifier et analyser les processus de mutation de
l’espace rural dans les franges d’expansion urbaine, 2) les dynamiques de changement
des activités agricoles et de leurs performances économiques, face aux nouvelles oppor-
tunités et contraintes liées à l’expansion urbaine, 3) les enjeux écologiques des espaces
naturels et/ou agricoles à l’interface rural/urbain, et les pratiques innovantes en matière
de préservation de la biodiversité et de diminution des nuisances dans un contexte de ra-
reté des ressources en eau et en terres. Le programme étudie également si, en quoi et
comment, une meilleure connaissance des dynamiques et des enjeux par les acteurs lo-
caux peut contribuer à favoriser une gestion plus concertée et plus durable de l’espace ru-
ral à proximité des villes, par une meilleure articulation entre processus d’extension de la
ville et préservation/valorisation des espaces agricoles et naturels ayant un enjeu écono-
mique ou environnemental important.
La série des documents de travail d’Ecocité, publiés uniquement sous format électronique
sur le site Web, rassemble des études et travaux réalisés par des chercheurs des neuf insti-
tutions partenaires et des étudiants qui ont mené des recherches sur l’un des quatre sites
du projet :
- GRET (Groupe de recherche et d’échanges technologiques (France) ;
- Bergerie Nationale de Rambouillet, France ;
- CEBEDES (Centre Béninois pour le Développement Economique et Social), Bénin ;
- DESAC (Département d'économie, socio-anthropologie et communication), Faculté
des Sciences Agronomique de l'Université Nationale du Bénin ;
- ENDA-GRAF (Enda Groupes de Recherche Action Formation), Sénégal ;
- IFAN (Institut Fondamental d'Afrique Noire), Université Cheikh Anta Diop de Da-
kar, Sénégal ;
- Institut d'Etudes Africaines (IFEAS) de l'Université de Mayence, Allemagne ;
- ISRA (Institut sénégalais de recherches agronomiques), Sénégal ;
- LARES (Laboratoire d'analyse régionale et d'expertise sociale), Bénin.
Résumé
Fréquemment localisé en ville ou en péri-urbain, le maraîchage est très sensible aux dynamiques
urbaines. D’un côté, la croissance urbaine accroît les débouchés, de l’autre, elle accentue la pres-
sion sur l’espace.. Comment les activités maraîchères s’organisent-elles dans la zone de Fandène, à
proximité de Thiès, seconde ville du Sénégal ? Quels sont les systèmes de production, leur spatia-
lisation, leurs dynamiques ? Quelles sont les pratiques de consommation des urbains et les circuits
de commercialisation des produits maraîchers dans cette zone ?
Le mode d’exploitation (hors-sols et plein champ), l’accès aux ressources (notamment foncières),
les modes d’exploitation (privé/communautaire), la place de l’activités dans les revenus (activité
principale/secondaire), permettent de caractériser les exploitations maraîchères. Le critère de diffé-
renciation dominant est à la distance par rapport à la ville, facteur souvent évoqué dans les travaux
sur l’agriculture urbaine et péri-urbaine : on observe ainsi un gradient entre les produits périssa-
bles, vendus sur des circuits courts, à l’intérieur et à proximité du noyau urbain, jusqu’à des pro-
duits stables (piments, manioc) cultivés dans les périphérie, avec des circuits longs qui approvi-
sionnent aussi d’autres centres urbains. Si les producteurs considèrent la proximité de la ville
comme une opportunité (notamment en terme de marchés), ils sont conscients de la menace qui
pèse sur le devenir de leurs activités mais considèrent cette évolution comme inéluctable, même si
les ménagères se disent plutôt favorables à leur maintien.
Les éléments qui militeraient en faveur de la préservation de ces espaces dans l’espace urbain et
périurbain renvoient avant tout à la fonction économique et sociale du maraîchage dans la zone
(emplois notamment pour les jeunes et revenus pour des couches de populations les plus vulnéra-
bles dont les femmes très présentes dans le commerce de détail). Ce sont des arguments auxquels
la commune semble sensible puisqu’elle affiche une volonté d’aménager ces espaces (carrière et
bas-fonds) pour des questions de lutte contre la pauvreté mais en cherchant à confiner ces activités
à des espaces difficilement constructibles et menacés à terme.
Cette étude a été rédigée par Cécile Broutin (Gret) et Khanata Sokona (Enda Graf), sur la base
des travaux de terrain de Pierre-Gilles Commeat (stage CNEARC) d’un étudiant du Cnearc.
Mots clefs : maraîchage, légumes, périurbain, agriculture, fonction, rôle, expansion urbaine,
consommation, commercialisation
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Sommaire
Introduction .......................................................................................................................... 1
Graphiques
graphique 1: Effectif des maraîchers selon le type................................................................... 11
graphique 2: Fréquences de consommation des produits maraîchers étudiés par les urbains.. 20
Cartes
carte 1 Région de Thiès .............................................................................................................. 2
carte 2 – Occupation des sols ..................................................................................................... 3
carte 3 : Répartition des types en zones concentriques (fonds de carte Imap) ......................... 12
Schémas
schéma 1Liens entre les caractéristiques des types et les gradients « position par rapport à la
ville » et « sécurisation du foncier.................................................................................... 12
schéma 2 : Liens entre lieux de vie, types de maraîchers et place du maraîchage dans le revenu
des maraîchers .................................................................................................................. 14
schéma 3 : Liens entre lieux de vie, types de maraîchers et circuits de commercialisation..... 15
Tableaux
Tableau 1 : Critères de choix des produits maraîchers étudiés .................................................. 5
Tableau 2 : Principales caractéristiques des différents types de maraîchers– tab1/2 ................. 9
Tableau 3 : Stratégies des acteurs par type............................................................................... 16
Tableau 4 : Comparaison de la typologie proposée aux typologies issues d’autres travaux sur
le maraîchage urbain ........................................................................................................ 17
Tableau 5 : Part du maraîchage dans le revenu annuel (Fcfa) des maraîchers......................... 36
Tableau 6 : Participation en % de chaque activité dans le revenu annuel des maraîchers ....... 36
Introduction
Aucun pays ne reste à l’écart des grands phénomènes de concentration des populations dans les
métropoles. Les villes se développent et grignotent les espaces naturels et agricoles engendrant
des conflits d’usage de la terre. Or ces zones où apparaissent des signes d’intensification des
systèmes de production, jouent un rôle déterminant dans l’approvisionnement des villes et
marchés d’exportation et sont sources de revenus et d’emplois. Le maintien des espaces agri-
coles et naturels et de la productivité des écosystèmes fragilisés par une exploitation irration-
nelle des ressources nécessite une négociation complexe, impliquant les populations urbaines
et rurales, ainsi que l’Etat et les élus locaux.
Le programme de recherche Ecocité se propose d’analyser les enjeux et les dynamiques ob-
servés dans ces espaces et d’étudier l’impact de la mise à disposition de telles informations sur
les processus de concertation entre acteurs et sur la gestion de ces ressources naturelles et
agricoles. Des recherches sont menées sur les dynamiques foncières, les filières agricoles, les
impacts environnementaux des activités agricoles et urbaines. Les résultats sont traduits en
outils d’information, en particulier sous forme de cartes réalisées par des Systèmes
d’Information Géographique utilisées lors des restitutions et des réunions de concertation in-
ter-acteurs. Une analyse sociologique permet d’observer l’effet d’une connaissance partagée
sur les représentations des différents acteurs concernés, sur leurs négociations, sur les prises
de décisions en matière d’aménagement et de planification de l’espace.
Le programme, qui bénéficie d’un soutien de l’Union Européenne, mobilise des équipes pluri-
disciplinaires issues de 3 organisations européennes (Gret, Bergerie Nationale, Ifeas/université
de Mainz) et de 6 organisations africaines (Enda, ISRA, Ifan/Ucad, Cebedes, Desac/FSA, La-
res). Ces équipes travaillent en collaboration dans deux pays, le Bénin et le Sénégal. Deux
sites ont été retenus dans chaque pays : les zones de Thiès et Mboro au Sénégal, les zones
d’Abomey-Bohicon et Parakou au Bénin.
Dans le cadre du volet 2 « adaptation des agricultures aux opportunités et contraintes », Enda
graf et le Gret ont retenu de s’intéresser au maraîchage dans la zone de Thiès. Le sujet a donc
été proposé à un étudiant du Cnearc, Pierre Gilles Commeat, encadré par le Gret et Enda graf.
(stage de juin à novembre 2003) et au Cnearc par Pascale Maïzi. La majeure partie du travail
d’enquêtes a été réalisée en binôme, avec un jeune diplômé de l’ENTSS (Ecole Nationale des
Travailleurs Sociaux du Sénégal), Mama Gueye.
La première étape a consisté à analyser la perception du périurbain par les différents acteurs
de la zone et à repérer les filières de proximité qu’ils jugent essentielles. Il s’agissait de valider
le choix de la filière maraîchage par rapport à la problématique du programme Ecocité. Les
résultats des enquêtes ont confirmé le poids économique et social du maraîchage.
La deuxième étape a consisté à analyser plus précisément les systèmes de production, les
pratiques de consommation des urbains et les circuits de commercialisation des produits
maraîchers. Après avoir rappelé la démarche méthodologique et les outils utilisés, nous pré-
sentons ici les principaux résultats issus de cette deuxième partie de l’étude et une analyse
autour des fonctions et rôles de cette filière.
1
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
I. CONTEXTE ET METHODOLOGIE
2
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
tions à faire des pressions sur les autorités municipales et politiques dont les compétences en
matière foncière se limitent aux terres du territoire communal que la commune cherche donc à
étendre. La problématique périurbaine autour de la ville de Thiès est donc fondamentalement
structurée par un phénomène massif d’expansion urbaine. Cette expansion est génératrice
d’enjeux économiques et politiques importants : lotissements et conversion de terres agricoles
en terrains à bâtir génératrices de rentes foncières urbaines, marché des transactions foncières
(les achats & ventes restant illégaux), fiscalité, accès aux aides de l’Etat, constitution de clien-
tèles électorales, etc.
La communauté rurale de Fandéne est une zone d’agriculture familiale pluviale (mil, maïs,
sorgho, niébé d’autosubsistance, manioc commercialisé). Les agriculteurs possèdent quelques
animaux et exploitent également le quinqueliba (feuilles pour tisanes), le rônier et des vergers
de mangues. Le maraichage se développe (piments).
La communauté rurale de Fandéne, qui comptait 14 500 habitants en 1988, est une zone
d’agriculture familiale pluviale (mil, maïs, sorgho, niébé d’autosubsistance, manioc commer-
cialisé) qui nourrit les agriculteurs durant 6 à 8 mois. Elle est bâtie sur une cuvette inondable
qui permet d’envisager un développement des cultures maraîchères, notamment, le piment.
Les légumes souffrent cependant de la concurrence avec ceux issus des zones plus fertiles
(Niayes). Hormis ces possibilités de ressources financières durant la saison sèche, les agri-
culteurs vendent du petit bétail, des volailles ou des mangues. Certains villages environnant
Thiès exploitent également le quinqueliba (feuilles pour tisanes) et le rônier.
3
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
3. Méthodes d’analyse
1
En fruits et légumes : 90 % des exportation et 50 % du marché local (Sagna, 2003)
4
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Les déplacements réalisés lors de l’analyse de la perception du périurbain ont été mis à profit
pour identifier différents types maraîchers qui a servi de base pour le choix des lieux
d’enquêtes. Des entretiens ont été réalisés avec 4 à 7 maraîchers par type (au total 25 maraî-
chers).
Un guide d’entretien a été construit autour de six points :
> Histoire de l’exploitation : sccès à la terre et expérience en maraîchage (a-t-il toujours
été maraîcher ou s’agit-il d’une reconversion récente ?).
> Place du maraîchage dans le système d’activités : identification des autres activités du
producteur et place de l’activité de maraîchage.
> Techniques de production : données sur les systèmes de culture maraîchère (économi-
ques, techniques, relations, apprentissage)2.
> Amont et commercialisation : pratiques de vente et relations entretenues avec le secteur
amont de la production.
> Relations ville/campagne : stratégies des maraîchers face à l’avancée de la ville.
> Renseignements sur le maraîcher : saractéristiques des ménages (âge, religion, nombre
de personnes dans le ménage…) et répartition des maraîchers dans le territoire..
2
Pour les entretiens, l’année 2002 a été prise comme référence. Or, il s’agit d’une mauvaise année sur le plan
agricole : la sécheresse a causé de grosses pertes pour les cultures hivernales. Les récoltes de mil, sorgho, ara-
chide et niébé ont souvent été nulles. Mais faire l’étude sur une telle année est finalement une chance car elle a
permis d’identifier les activités qui jouent un rôle substitutif aux échecs des cultures hivernales (PG Commeat).
5
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
La pré-typologie est basée sur les systèmes de production maraîchère mais les entretiens ont
cherché, de manière succincte à déterminer la part du maraîchage dans les systèmes
d’activités3.
La collecte des données économiques a été difficile en raison de la fluctuation des surfaces
d’un mois à l’autre pour la menthe ou la salade. Il est également difficile de déterminer des
rotations de cultures puisqu’elles varient presque d’une planche à l’autre. Cependant l’analyse
économique avait surtout pour objectif de comparer les résultats entre cultures.
Les travaux antérieurs réalisés par le Gret et Enda graf et la littérature sur le sujet montrent
que la consommation de légumes est fortement liée au niveau de vie (constat valable pour la
plupart des produits alimentaires), lui-même corrélé à d’autres variables (niveau d’instruction,
lieu d’habitation). Les enquêtes auprès des consommateurs a consisté en une phase qualitative
puis une phase quantitative.
Phase qualitative (focus group)
Les réunions de groupes ont été réalisées dans deux quartiers : Médina Fall (faible niveau de
revenu) et Mbour III (revenu élevé). L’objectif de cette phase est d’avoir une idée générale sur
la consommation des légumes (notamment les critères de qualité, les principaux avantages
alimentaires, médicinaux, géographiques), nécessaire pour construire le questionnaire de
l’enquête quantitative.
Phase quantitative (questionnaire fermé auprès d’un échantillon représentatif)
Le questionnaire comprend 7 parties :
> Consommation de produits maraîchers : habitudes alimentaires : légumes les plus
consommés, abandon de consommation ;
> Transformation de produits maraîchers : pratiques de transformation, choix des légumes.
> Lieux d’achats et fidélisation ;
> Sensibilité santé / agriculture biologique : connaissance de l’agriculture biologique et pra-
tiques alimentaires liées à l’utilisation de produits chimiques ;
> Relations ville / campagne : connaissance des maraîchers et avis sur la proximité des
champs ;
> Connaissance des 6 légumes sélectionnés : pratiques de consommation de ces légumes :
périodes de ruptures et substitution, utilisation ;
> Renseignements sur le ménage : renseignements sur la structure du ménage et sur les rè-
gles de commensalité.
La population cible de l’enquête est la « ville » de Thiès (partie urbanisée) qui constitue
l’essentiel des consommateurs de légumes (population de Fandène comparativement faible et
faible consommatrice de légumes comme les villages rattachés à la commune).
L’échantillon a été construit à partir des résultats provisoires du recensement général de la
population de 2002 (nombre d’habitants) fournis par la direction de la statistique et par une
3
Note PG Commeat : Nous avons décidé de parler de système d’activité car la proximité de la ville rend possible des
activités extra-agricoles, saisonnières ou permanentes. D’autre part nous souhaitons comprendre le rôle du maraî-
chage dans la vie de l’exploitation familiale.
6
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
classification des quartiers en niveau de vie faible, moyen et élevé4 (éléments non fournis par
le recensement). Il a été retenu de réaliser 150 enquêtes réparties entre les 4 catégories (village
rattaché, niveau de vie faible, moyen et élevé) proportionnellement à la population avec un
échantillon minimale de 30 enquêtes par catégorie (nécessaire pour l’analyse statistique des
résultats). Trois quartiers ont été tirés au sort dans chaque catégorie.
Les questionnaires ont été administrés par trois enquêteurs en quatre semaines. Les conces-
sions au sein des quartiers ont été choisies au hasard selon une démarche de progression dans
le quartier5. La personne interrogée est la ménagère, responsable des achats et de la prépara-
tion des repas. Les questionnaires sont rédigés en français mais administrés en wolof.
L’analyse des réponses aux questionnaires (saisies par le bureau d’études IRIS) a été réalisée
avec le logiciel de traitement statistique de données (SPSS).
4
La classification des quartiers a été faite avec des personnes ressources qui confirment une certaine homogénéité
des quartiers par rapport au critère « niveau de vie ».
5
Démarrage au centre du quartier en direction du soleil, enquête 3ème maison sur la droite, puis 1ère route à droite
enquête 3ème maison sur la gauche, puis 1ère route à gauche enquête de la troisième maison à droite, etc.
7
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
ainsi en fonction de la disponibilité des produits mais également en fonction de la qualité (es-
sentiellement de la fraîcheur et de l’aspect visuel).
A partir des travaux d’enquêtes, une typologie a été élaborée par rapport aux questions posées
et notamment l’adaptation aux contraintes et le devenir des exploitations. Elle repose notam-
ment sur le mode d’exploitation (hors-sols et plein champ), l’accès aux ressources (notamment
foncières), les modes d’exploitation (privé/communautaire), l’importance des revenus (activité
principale/secondaire). Ces éléments ont permis de définir 5 types d’exploitants (cf. détails
tableaux pages suivantes) :
> Les maraîchers hors-sol : femmes dans les quartiers urbains qui cultivent des légumes
feuilles (salades, menthe) sur des tables (hors-sol – solution hydroponique pour les pépi-
nières, substrat pour les cultures), selon des techniques diffusées par le projet spécial sécu-
rité alimentaire (FAO/Ministère de l’agriculture),
> Les maraîchers périurbains : hommes, en milieu urbain ou rural, qui exerçaient un petit
métier urbain ou étaient agriculteurs et pour qui la maraîchage est devenue la principale
activité (seule source de revenu), exercée dans des zones non constructibles (légumes-
feuilles);
> Les maraîchers « préservés » : hommes qui ont bénéficié de l'aide d'ONG, ont obtenu
une parcelle « clé en main », sans investissement, n'ont pas de métier pour s'insérer dans la
ville (milieu rural). Les périmètres sont fréquemment délimités dans des espaces mis en dan-
ger par l'extension de la ville. Ces maraîchers, dont les périmètres sont le plus souvent dans la
communauté rurale, sont ceux qui pratiquent le plus l'agriculture biologique (légumes variés).
> Les néomaraîchers : citadins (hommes) dans une logique de sécurisation foncière des
parcelles qu’ils ont achetées en périphérie de la ville. Ils plantent des arbres fruitiers puis
développent le maraîchage (expérimentation, innovation, culture de nouveaux légumes
pour la zone) qui est une activité annexe, un loisir pour préparer leur retraite
> Les maraîchers ruraux : maraîchers (hommes) en zone rurale (Fandène) qui exploitent
les bas-fonds dans des logiques proches du droit coutumier. Production d’oignons et sur-
tout de piment (Fandène, zone réputée pour la production de piment)
8
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
9
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Néo
Hors-sol Périurbains Préservés Ruraux
Maraîchers
Activité agri- Faible : Embouche Cultures hivernales, petit
Aucune Arboriculture Cultures hivernales
cole bovine ou ovine élevage
Emplois ruraux (maçon,
Activité extra- Petit commerce Emplois salariés
Aucune Aucune ONG)
agricole Groupement féminin Commerce
Emplois liés au rônier
Relations avec Peu nombreuses (structu-
Ministère de l’agriculture Aucune
des structures Aucune Courantes et diverses res de proximité : MFR,
Rodale Institute Recherchées et diverses
d’encadrement niil Jam)
Type Conventionnelle Conventionnelle
Conventionnelle et hors-sol Conventionnelle Conventionnelle
d’agriculture Biologique Biologique
Utilisation de Par les maraîchers biologi-
Non Non Peu courant Non
compost ques
Cimenté à exhaure ma-
nuelle Cimenté à exhaure ma- Cimenté à exhaure ma-
Cimenté à exhaure
Type de puits Robinet Cimenté à exhaure éo- nuelle nuelle
manuelle
lienne Cimenté avec motopompe céane6
Cimenté avec motopompe
Durée d’emploi Selon la capacité de Selon la capacité de pro-
Emploi peu courant, ne
de la main Ø production : de 0 à 9 12 mois duction : de 0 à 9 mois
dépassant pas 2 mois
d’œuvre mois (saison sèche) (saison sèche)
Rémunération
Prêt de planches Salaire
de main Ø Salaire Confiage
Salaire Confiage
d’œuvre
6
« Puits traditionnel, souvent de faible profondeur, dans lequel le puisage peut se faire manuellement » (Fall et Al., année non déterminée, a )
10
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Une estimation des effectifs par types a été réalisée à partir des observations de terrain (cf.
graphique 1).
350
300
250
200
150
100
50
0
Hors sol Périurbains Préservés Néomaraîchers Ruraux
Effectif 80 300 150 50 300
Les maraîchers périurbains et les maraîchers ruraux sont les plus représentés (estimé à 34 %
chacun). Les maraîchers « préservés » représentent 17 % des maraîchers de la zone d’étude,
mais la surface de leurs parcelles est toujours faible. Les néomaraîchers sont les moins nom-
breux, du fait des investissements nécessaires pour créer une exploitation de ce type.
Si on localise les différents types sur une carte (cf. carte 3), on constate que la théorie de von
Thunen selon laquelle l'agriculture évolue en zones concentriques autour d'un espace urbain
est ici vérifiée. Proche de la ville, ce sont les produits fortement périssables (menthe, salade,
oseille de guinée ou bissap) qui sont cultivés ; un peu plus loin, les produits moins périssables
(piment, oignon) et encore plus loin, dans la communauté rurale de Thiénaba, les agriculteurs
sont spécialisés dans le manioc. Moustier et Pages (1997) présentent des résultats semblables
mais en faisant intervenir la théorie des avantages comparatifs. Les légumes périssables et les
légumes de type tempéré sont cultivés dans l’espace péri-urbain (à moins de 20 km de la ville)
en raison d’un accès plus facile aux intrants et à l’appui technique. Les zones plus distantes
sont caractérisées par des produits à plus faible marge dont « la qualité ne pâtit pas des longs
trajets, et pour lesquels la production en extensif intéresse plus les ruraux que la production
en intensif qui n’intéresse que les urbains » (Moustier 95).
Les espaces maraîchers se développent plus à l’est de la commune de Thiès qu’à l’ouest. La
distance n’est donc pas le seul facteur jouant sur la répartition des champs maraîchers dans
l’espace. Deux autres facteurs interviennent : la disponibilité en eau et la disponibilité en terre.
A l’ouest, les paysans ne peuvent pas cultiver dans la forêt classée, sauf s’ils obtiennent un
permis de culture. Dans les autres espaces, les cours d’eau sont peu nombreux, la nappe phréa-
tique est profonde et les sols sont peu chargés en argile (cf carte 2).
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Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Légende :
Hors-sol
Périurbains
Préservés
Néomaraîchers
Ruraux
Deux gradients influent sur la répartition spatiale et les caractéristiques des types : la distance
au noyau urbain (évoqué précédemment) et la sécurisation du foncier . La situation foncière
des maraîchers ruraux peut être considérée comme sécurisée, même si nous nous situons dans
un contexte proche du droit coutumier, alors que celle des maraîchers hors-sol est précaire
puisque la durée de vie des tables n’excède pas 4 ans.
schéma 1Liens entre les caractéristiques des types et les gradients « position par rapport à la
ville » et « sécurisation du foncier
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Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Seules les exploitations du type maraîchage hors-sol sont dirigées par des femmes. Ces exploi-
tations ont été appuyées par le projet spécial de sécurité alimentaire (PSSA) de la FAO. Les
résultats sont très mitigés et ces exploitations ne semblent pas avoir « beaucoup d’avenir »..
Certains périmètres préservés acceptent des femmes. Dans les autres types d'exploitations les
femmes peuvent juste aider dans certaines opérations. Elles interviennent en fait surtout dans
la vente au détail d’une partie des produits. Le maraîchage ne constitue donc pas une op-
portunité de revenu directe pour les femmes mais indirecte comme l’indique leur pré-
sence dans les circuits de distribution
Hormis les exploitations hors-sols, tous les autres types emploient des surgas (ouvrier) avec
trois modes de rémunération possible:
> La paye mensuelle permet au maraîcher d'imposer ses itinéraires techniques. Elle laisse
beaucoup de liberté au maraîcher puisqu'il peut licencier le surga à tout moment (type pé-
ri-urbains).
> Le confiage7 permet de motiver le surga car sa paye dépend de ses capacités à mener les
cultures. Ce type de rémunération permet au maraîcher de bénéficier gratuitement de la
main d’œuvre (dans les types « péri-urbains », néomaraichers et préservés).
7
« C’est un contrat de partage (négocié entre les deux parties) des bénéfices tirés de la vente de la production
entre le propriétaire et les travailleurs saisonniers à la suite de la déduction des charges ( intrants, etc. ), la
nourriture et l’hébergement des travailleurs sur le lieu du champ étant à la charge de l’employeur » Fall et al.
2001
13
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
> Le prêt d’un certain nombre de planches. Le surga peut y mener ses propres cultures,
mensuelles. Pour cela il faut être sûr de disposer d'assez d'eau. Il travaille pour son em-
ployeur puis pour lui. Cette méthode permet au maraîcher de ne pas dépenser d'argent pour
le travail (dans les types néomaraichers et ruraux), le surga se rémunérant sur la vente des
produits des planches qu’il exploite pour son compte.
Les surgas sont d'après les maraîchers de plus en plus difficiles à trouver. Ils se présentent sur
le champ et négocient leur force de travail avec le maraîcher. Ils viennent généralement
d’autres régions du Sénégal et les maraîchers ne les connaissent pas, sauf s’ils reviennent
d'années en années. Seuls les néomaraîchers embauchent des surgas sur recommandation,
mais ils les payent mieux. Les surgas se servent de ces années de travail pour capitaliser de
l’argent et pouvoir ensuite trouver un métier en ville : passer le permis de conduire ou monter
un petit commerce.
L’étude a permis d’estimer la part du maraîchage et des autres activités dans le revenu annuel
des ménages (cf. tableaux en annexe 2). Si on rapproche ces éléments aux espaces de vie (cf.
schéma 2 ci-dessous), on constate que pour les maraîchers vivant dans l’espace urbain, « le
choix de l’activité maraîchère n’est qu’un élément dans une stratégie plus globale de recher-
che de revenus et de diversification des investissements » (Tallet, 1999). Pour les autres, cette
activité est la seule ou la principale source de revenu.
schéma 2 : Liens entre lieux de vie, types de maraîchers et place du maraîchage dans le reve-
nu des maraîchers
Ruraux (300)
Le maraîchage est l’activité principale en
Espace rural terme de revenu
Préservés (150)
Contrairement à ce qui est fréquemment énoncé, il ne semble pas que le faible niveau
d’équipements et d’investissement soit lié à la question de la sécurisation foncière mais plutôt
à un problème d’accès au crédit. En effet, peu de maraîchers font appel au crédit pour financer
des puits et du matériel d’exhaure. Les « préservés » bénéficient d’appuis financiers d’ONG.
Les revenus dégagés par l’activité extra-agricole suffisent aux néo-maraîchers pour investir. Des
associations aident les maraîchers ruraux à obtenir des crédits (MFR de Fandène). Seuls les ma-
raîchers péri-urbains qui tirent la totalité de leur revenu du maraîchage n’ont pas accès au cré-
dit et par conséquent ne bénéficient pas de toutes les conditions pour pouvoir exploiter.
On observe un retour à l’activité agricole ou une redécouverte de celle-ci (cas du maraîchage
hors-sol). Le retour est soit un choix (désillusion de la ville), soit une obligation (chômage).
Ceci est valable pour les types périurbains et ruraux.
14
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Le cas des néomaraîchers est différent car ils ont un travail qui leur fournit des revenus régu-
liers, mais ils anticipent sur leur retraite ou sur une éventuelle perte d'emploi en investissant
dans le maraîchage.
Le type « préservé » constitue une alternative : ces exploitants s'organisent ou sont organisés
par les ONG pour lutter contre l'exode rural. Ils n'ont pas envie d'entrer dans la ville et n'ont
pas les compétences pour s'y intégrer. C'est également parfois une fuite de la ville et de ses
modèles. Les maraîchers préservés ont souvent une longue expérience maraîchère. C'est
certainement en partie pour cela que les ONG les ont appuyés. Les exploitants des types hors-
sol et néomaraîchers sont des novices dans le maraîchage.
Les circuits de commercialisation sont le plus souvent courts (vente directe ou un intermé-
diaire). Ce constant confirme que les producteurs maraîchers visent en priorité le marché ur-
bain de Thiès. Les ruraux et « préservés » présents dans l’espace rural sont les seuls à utiliser
des circuits longs en raison de la production de piments qui est notamment destinée aux mar-
chés de Dakar (piment de Fandène réputé pour son goût/parfum et son « piquant ») pour une
consommation dans la région ou pour une redistribution vers d’autres régions du pays.
schéma 3 : Liens entre lieux de vie, types de maraîchers et circuits de commercialisation
Ruraux
Circuits courts et circuits longs
Espace rural
Préservés
Circuits courts (production impor-
Périurbains tante) : nécessité d’aller vendre au
marché lors des périodes de surpro-
Espace urbain duction8
Néomaraîchers
Zone d’étude
Hors-sol Circuits courts (faible production)
La proximité de la ville est le plus souvent perçue comme un avantage sauf peut être pour
les néo-maraîchers dont les parcelles sont un peu isolées et qui sont confrontés à des problè-
mes de vols et à des destructions liées à la divagation des animaux. Lorsque les ONG ne sont
pas intervenues, les actions menées contre l'avancée de la ville sont quasiment inexistantes. En
effet les maraîchers sont fatalistes face à ce problème et pensent qu'ils ne peuvent rien entre-
prendre contre ce phénomène. On note que dans la zone, le milieu maraîcher est assez indivi-
dualiste et peu organisé. Les terres perdues servent le plus souvent à la construction d'habita-
tions. Les maraîchers les vendent en cachette avant que l'Etat ne les exproprie. Le fait que la
vente se déroule en cachette montre que le code foncier coutumier est encore socialement en
vigueur, mais que plus personne ne le respecte.
Le tableau ci-dessous présente une synthèse des stratégies des différents types de producteurs.
8
« Lors de la période d’abondance, en saison sèche, les détaillantes négligent leurs déplacements sur les périmè-
tres maraîchers intra-urbains. Pour palier cette lacune, les producteurs prennent en charge eux-mêmes les dé-
placements vers les marchés » (Leplaideur, Moustier, 1994).
15
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
MARAICHERS Stratégies
Les stratégies passent par le projet FAO/Ministère de l’agriculture, et sont peu effica-
ces dans le moyen terme car les tables ne sont pas entretenues et disparaissent après
Hors-sol
trois ans de culture. L'approvisionnement en substances nutritives est mal assuré et les
connaissances théoriques et empiriques n'ont pas le temps d'être assimilées. Les fem-
(milieu urbain)
mes profitent ainsi de tout ce que donne le projet et sont motivées tant que tout est
fourni. Elles ne conçoivent pas l’activité comme une source de revenus durables.
Les maraîchers trouvent dans cette activité une source de revenus. Ils sont les grands
oubliés de la vulgarisation agricole (bien qu’ils représentent d’après les estimations 35
Périurbains % des maraîchers de la zone) . Cette situation semble cependant évoluer (appui com-
postage, GIPD - Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs). Les exploi-
(milieu urbain tations se trouvent dans des espaces difficilement constructibles ce qui constitue un
et rural) avantage sur les autres maraîchers. Le fait d'être regroupés dans l’espace offre aux
maraîchers des atouts quant à la vente des produits : les acheteurs savent qu'ils trouve-
ront certainement ce qu’ils recherchent.
Ils ont bénéficié de l'aide d'ONG, ont obtenu une parcelle « clé en main », sans inves-
Préservés tissement. Ceux qui ont subsisté ont compris les avantages qu'ils pouvaient en tirer car
ils n'ont souvent pas de métier pour s'insérer dans la ville. Les périmètres sont fré-
(milieu rural) quemment délimités dans des espaces mis en danger par l'extension de la ville. Ce sont
ces maraîchers qui pratiquent le plus l'agriculture biologique.
Le maraîchage est un « loisir » qui s’inscrit dans une logique de sécurisation du fon-
cier. Posséder de la terre et recueillir les fruits de l'arboriculture les intéressent avant
tout. Ils ont saisi l'enjeu foncier, c'est pourquoi ils font tout pour sécuriser la terre qu'ils
ont acquise. Les arbres leur permettent d'assurer leur retraite future. Ils font du maraî-
Néomaraîchers
chage pour occuper leurs surgas, gagner « un peu d’argent » et expérimenter. C'est le
type d'exploitation où l'innovation est la plus présente. Cependant ces expériences sont
(milieu urbain)
menées sur des produits aujourd'hui marginaux dans la zone d'étude. Nous pensons
donc qu’ils investissent « pour le futur » par accumulation de connaissance à un mo-
ment où leur activité extra-agricole le leur permet. La vente des produits maraîchers est
souvent de proximité, et les réseaux sociaux sont privilégiés, donc peu risqués.
Ils ont leur propre mode de fonctionnement (droit foncier coutumier),leurs propres
Ruraux
circuits de commercialisation, leur mode original de rémunération des surgas… Ils
vivent encore loin de la ville, mais commencent à ressentir sa pression : de plus en plus
(milieu rural)
de citadins s'approprient des terres pour planter des arbres fruitiers.
La typologie proposée a été comparée à d’autres typologies qui paraissent les plus pertinentes
(cf. tableau 4 page suivante).
16
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Tableau 4 : Comparaison de la typologie proposée aux typologies issues d’autres travaux sur le maraîchage urbain
17
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Drechsel et Al. - Pays du sud Moustier (1999)- Afrique Fall et Al. (2001) - Niayes, Sénégal
Néo Systèmes de production urbaine de type entrepre-
Fermiers capitalistes Exploitations moyennes
maraîcher neurial
Ils se reposent essentiellement sur de Ils combinent différents types d’activités : maraîchage, Exploitations privées de 1 à 20 ha de surface.
la main d’œuvre salariée, achètent élevage, arboriculture et utilisent de la main d’œuvre L’accès aux terres se fait par héritage, achat, loca-
des terres dans les zones périurbai- salariée. tion ou don. Des investissements sont réalisés dans
nes, souvent le long des routes prin- l’exhaure et l’irrigation et des ouvriers agricoles
cipales, pour desservir les marchés ou de la main d’œuvre salariée sont employés. Le
alimentaires urbains marché de gros et l’exportation sont visés.
Rural Agriculteurs « normaux » Systèmes ruraux irrigués et spécialisés
Pratiquent agriculture de subsistance « Se reporter à maraîchers préservés »
Jeunes hommes ou couples
Réagissent avec souplesse aux chan-
gements de la demande et peuvent
former un groupe cible idéal pour
l’innovation et la recherche participa-
tive
Jeunes hommes pauvres
Louent des terres à court terme et
essayent de tirer un maximum de la
terre
Systèmes ruraux de polyculture familiale
Activité menée par les femmes pour
l’autoconsommation familiale et la vente pour les be-
soins monétaires non alimentaires du ménage (cas
limité à l’Afrique Centrale)
. Exploitations modernes
Surface supérieure à 50 ha, mise en valeur grâce à
d’importants moyens techniques et humains. Ex-
ploitations privées ou à caractère associatif dont la
production est destinée à l’exportation et le surplus
au marché local.
18
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Le piment, la menthe, le bissap feuille et la tomate sont consommés tous les jours, une à
deux fois par jour. La menthe a un statut particulier car elle n’est pas utilisée dans la cuisine,
elle sert juste à aromatiser le thé et est donc consommée plus souvent (cf. graphique n°2) page
suivante) Le piment, le bissap feuille et la tomate entrent en revanche dans la composition des
plats principaux les plus courants.. La salade est beaucoup moins consommée et est entrée
récemment dans les pratiques alimentaires au Sénégal. Les ménages pauvres en consomment
seulement pendant les fêtes. Les autres ménagères en préparent 1 à 3 fois par semaine (56 %)
et même moins d’une fois par mois (28 %)10.
On note des périodes d’arrêt similaire pour le piment, la menthe, le chou, la tomate et la salade
durant les mois de juillet à septembre (20 à 30 % des ménages arrêtent de consommer ces lé-
gumes). Cela coïncide avec les périodes où ces légumes sont jugés de mauvaise qualité mais
9
A Thiès nous n’observons pas de maraîchers urbains qui destinent leur production à l’autoconsommation contrai-
rement à de nombreuses autres villes africaines, par exemple Bangui où « La valeur de l’autoconsommation est
particulièrement importante […] : en 1988, Villien estimait que 35 % des ménages assuraient plus de la moitié
de leur approvisionnement en légumes par leur propre jardin ou champ » (Moustier, 1995).
10
La salade est beaucoup moins consommée en saison des pluies soit parce qu’elle est peu disponible ( difficulté
des maraîchers à réussir les pépinières), soit parce qu’elle est de mauvaise qualité (amère).
19
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
graphique 2: Fréquences de consommation des produits maraîchers étudiés par les urbains
80%
non administré
60% Jamais
Moins d'une fois par mois
40%
Au moins une fois par mois
Le prix (raison évoquée par 50 % des ménagères pour le chou et 59 % pour le piment) et la
disponibilité du produit (23 % pour le chou et 14 % pour le piment) sont plus souvent évo-
qués. La rupture d’approvisionnement des marchés constitue le principal blocage pour la to-
mate et le bissap feuille alors que la qualité est plus fréquemment évoquée pour la salade (44
%) ainsi que le prix (30 %).
La consommation du bissap-feuille, culture d’hivernage, baisse un peu durant les mois
d’octobre à mai (10 % environ des ménages arrêtent de l’acheter et le remplace par des fleurs
de bissap séché).
Le piment frais est remplacé par le petit piment sec (80 % des ménages), la tomate par du
concentré (75%) et par du bouillon cube (12%), la menthe par des pastilles mentholées. Près
de 50 % des ménages ne remplacent pas le chou, les autres utilisent notamment de la patate
douce (22 %) et/ou d’autres légumes (22 %) dont le manioc (9%). La salade est remplacée par
des plats à base de pâtes (63%) confirmant une consommation par des ménages aisés qui di-
versifient leur alimentation le soir par des plats plus « européens », couramment nommés
« plats à base de pain » (salade, pâtes, pomme de terre) en raison d’une substitution de la cé-
réale de base (mil, riz) par du pain qui accompagnent tous ces plats et n’est pas du tout
consommé avec les plats « traditionnels ». Les produits frais, privilégiés, sont donc remplacés
par des produits transformés artisanalement (petit piment sec, fleurs de bissap séchées) ou
industriellement (concentré de tomate, pastille à la menthe, pâte alimentaire).
On note des différences selon les lieux d’habitation. Les habitants des villages rattachés sont
très sensibles aux prix des produits maraîchers. C’est la première cause de leur abandon. Les
habitants des quartiers urbains mettent au contraire en avant le manque de qualité. Or les habi-
20
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
tants des quartiers urbains consacrent une somme plus élevée à la dépense quotidienne (DQ)11.
De leur ménage. Lorsque le niveau de vie est très faible, le facteur limitant l’achat est le prix.
Lorsque la dépense quotidienne est plus importante (et que le facteur prix est éliminé ou est
moins déterminant), le facteur limitant devient la qualité. Il est ainsi très important de définir
la qualité tout au long de la filière et non pas seulement pour un type d’acteur.
Les critères de qualité sont avant tout visuels (couleur, taille, état de fraîcheur ou absences
de tâches, de trous dans les feuilles, etc.). Les ménagères emploient quelques fois des critères
qui font intervenir les autres sens : olfactifs (menthe), tactiles (texture, fermeté pour la tomate)
ou liés au goût (amertume pour la salade). Elles n’utilisent jamais de critères portant sur les
modes de production (sans produits chimiques, sans engrais, avec beaucoup d’eau), ni sur les
relations avec le vendeur, contrairement à d’autres produits tels que le coucous de mil ou le
lait caillé.
Pour les produits maraîchers étudiés, la fonction socioculturelle n’est jamais relevée ou énon-
cée par les ménagères. En revanche, les fonctions biologiques sont reconnues (avantages mé-
dicinaux) mais peu mises en avant lorsque l’on parle de qualité, si ce n’est pour la salade (effet
digestif). Finalement, seule la fonction « hédonique » est mobilisée.
La plupart des ménagères n’accordent pas d’importance à l’origine géographique des pro-
duits maraîchers sélectionnés avec cependant une différence pour les légumes feuilles (10 %
accordent de l’importance à l’origine du produit pour la menthe, 7 % pour la salade, et 5 %
pour le bissap feuille) par rapport aux autres légumes (piment, 3 %, chou, 2%, tomate, 2 %).
Les ménagères qui sont sensibles à l’origine géographique préfèrent dans la majorité des cas
consommer des produits maraîchers cultivés dans les champs proches : la proximité rassure et
laisse un droit de regard sur les techniques culturales.
La salade, la menthe et le bissap feuille sont préférés lorsqu’ils proviennent des champs per-
sonnels. La production des carrières est également prisée, mais ces réponses correspondent
certainement à la réponse « champ proche ». Ce sont surtout les ménagères des villages ratta-
chés qui sont sensibles à l’origine, elles sont en contact permanent avec l’agriculture.
Seulement 5 % des ménagères cherchent à savoir si les produits maraîchers qu’elles
achètent sont traités avec des produits chimiques. Elles expliquent que ce n’est pas la peine
de demander aux vendeurs car ils ne le savent pas : elles n’exercent donc aucune pression. 85
% des ménagères se disent prêtes à acheter des produits maraîchers sans produits chimiques12,
mais les enquêtes qualitatives nous ont montré qu’elles n’étaient pas prêtes à payer plus cher.
Les effets des produits chimiques sur l’homme (engrais, pesticides) évoqués par les ménagè-
res13 sont les troubles de la vision et des problèmes d’articulation chez les personnes âgées
(respectivement 70 et 65 %), la diminution du goût des produits maraîchers (79 %) et de la
durée de conservation (79 %). De plus, 36 % des ménagères pensent que les produits chimi-
11
Terme utilisé pour désigner la somme dépensée pour les petits achats quotidiens par opposition aux achats ali-
mentaires effectués en début de mois (huile, riz, sucre,…)
12
En fait, le pourcentage est sans doute plus élevé ; en effet, un des enquêteurs avait mal compris la question au
départ et demandait aux ménagères si elles achetaient des produits maraîchers sans produits chimiques (la ré-
ponse était non). Nous pouvons dire que presque la totalité des ménagères sont prêtes à acheter des produits
maraîchers cultivés sans produits chimiques
13
Réponse par oui ou par non à des affirmations sur les effets des produits
21
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
ques « font vieillir » les enfants et 51 % qu’ils les font « trop grandir ». Cependant toutes les
ménagères pensent qu’il est possible d’éviter les effets négatifs des produits chimiques avec
des pratiques appropriées. La première des solutions est d’enlever la peau (45 %). Vient en-
suite le lavage à l’eau, avec une ou plusieurs eaux (24 %). Les autres pratiques sont : laver les
produits maraîchers à l’eau de javel (19 %) ou les faire bouillir (10 %). Les légumes biologi-
ques, selon les enquêtes réalisées, permettraient donc de faire gagner du temps à la ménagère,
mais pas vraiment d’améliorer la santé de la famille.
Une part importante des ménagères enquêtées transforme des produits maraîchers (43 %).
Cette pratique est surtout développée dans les villages rattachés (71 % des ménagères contre
30 à 45 % dans les quartiers urbains – taux qui demeure élevé). Leur logement se situe à
proximité des champs maraîchers et les liens familiaux sont encore forts. Elles se procurent
alors facilement des produits maraîchers.
Le piment est le légume le plus souvent transformé (offre importante dans la zone), sous
forme de purée ou « sauce » que les femmes conservent dans un bocal pour l’utiliser lorsque
le prix du piment est trop élevé (hivernage) ou que le piment du marché n'est pas assez pi-
quant. Viennent ensuite le navet et la carotte : ils sont râpés et conservés avec du vinaigre dans
un bocal pour être utilisés lorsque leur prix est trop élevé sur le marché. Enfin la pomme de
terre est transformée en purée sucrée et est généralement destinée aux enfants (nutrition). La
principale motivation des ménagères de niveau de vie moyen est la santé de leur famille (ap-
port de vitamines…). La transformation est en fait majoritairement destinée à l'auto-
consommation.
Seules 14 % des ménagères enquêtées disent avoir entendu parler de l’agriculture biologique,
présentée comme une agriculture sans utilisation de produits chimiques de synthèse et
d’OGM14, et valorisant des matières organiques naturelles (compostage). Logiquement, les
personnes qui n’ont jamais entendu parler de l’agriculture biologique ne se sentent pas du tout
informées sur celle-ci (85 %). Les autres (12 %) se sentent peu informées. Seules 3 % des
ménagères se sentent bien informées ! L’agriculture biologique est donc très mal connue à
Thiès.
14
Organisme Génétiquement Modifié
22
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Les ménagères enquêtées connaissent plus de champs maraîchers hors de la ville (33 %) qu’en
ville (22 %).Ceci est sans doute lié au fait que beaucoup de ménagères ont encore de la famille
en milieu rural. Les ménagères des villages rattachés sont les plus proches des champs maraî-
chers et ont souvent de la famille qui pratique le maraîchage. Plus de 90 % d’entre elles en ont
déjà visité. Près de la moitié des ménagères interrogées ont de la famille qui travaille dans un
champ maraîcher.
23
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Plus de 10 % des ménagères connaissent des maraîchers car elles achètent directement cer-
tains produits qu’elles cuisinent dans les champs et 12 % des ménagères sont elles mêmes
vendeuses de produits maraîchers et vont directement les chercher dans les champs (la proxi-
mité géographique des champs permet donc bien d’éliminer les intermédiaires).
Plus de 90 % des ménagères considèrent qu’il est important que des produits maraîchers
soient cultivés près de chez elles. C’est avant tout la proximité géographique et ses avantages
(fraîcheur, accès rapide) qui sont recherchés. Cependant elles ne sont plus que 75 % à vouloir
des champs maraîchers en ville, les autres considérant que la ville exclut tout périmètre agri-
cole. Les principales raisons évoquées par ces ménagères favorables au maraîchage urbain
sont la proximité (29 %), la disponibilité (22 %) et dans une moindre mesure la fraîcheur (7
%) et la création d’emploi (5 %).
Ce résultat laisse entendre que les citoyens (en tous cas les ménagères) de la commune de
Thiès sont finalement plutôt favorables à la conservation des espaces maraîchers dans les
schémas d’urbanisation.
Les légumes tiennent une place relativement importante dans les habitudes alimentaires des
Sénégalais (11 à 13 % des dépenses alimentaires selon les milieux – urbain Dakar, autres ur-
bains et rural- ESAM, DPPS, 95). L’oignon tient une grande place dans ces dépenses. En cas
de baisse de pouvoir d’achat, ce sont les premiers produits alimentaires dont la consommation
diminue (cf. effet dévaluation CILSS, Club du Sahel 98).. La proximité de production est un
gage de qualité, au moins pour les légumes feuilles. Les maraîchers de la zone d’étude oc-
cupent une place privilégiée pour fournir les produits attendus par les ménagères (fraîcheur,
prix). La proximité est donc l’avantage comparatif dominant (Thiès/Niayes). Le rôle du ma-
raîchage dans le paysage (espace vert) n’est pas évoqué et le rôle économique semble égale-
ment secondaire.
Les produits agricoles qui arrivent dans les marchés de Thiès ne sont en général pas redistri-
bués vers d’autres villes15 : ce sont donc des marchés de consommation. La plupart des flux
de produits de Thiès vers les autres villes du Sénégal ne passent pas par les marchés : les tran-
sactions se déroulent directement dans les champs.
Par contre, la production maraîchère de la zone n’est pas suffisante pour alimenter entiè-
rement la population de Thiès qui est de plus de 200 000 habitants. C’est pourquoi les gros-
sistes importent des produits des autres régions du Sénégal (essentiellement les Niayes), voire
de la Gambie.
L’essentiel des grossistes se trouve au marché central. Seuls quelques-uns, spécialisés dans
l’oignon et la pomme de terre, exercent au marché Monsanté. Ainsi le marché central consti-
tue le lieu d’approvisionnement privilégié des autres marchés. La proximité de Dakar (75 km)
permet néanmoins à certaines commerçantes de s’approvisionner aux marchés de gros (Thia-
15
Quelques détaillantes d’autres centres urbains s’approvisionnent en légumes feuilles sur le marché central en
période d’abondance, mais la plupart vont directement dans les champs.
24
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
roye, Castor) et d’obtenir de meilleurs prix (proximité des Niayes, plus gros volumes échan-
gés, plus de concurrence).
Les coxeurs sont des intermédiaires importants entre grossistes et producteurs. Ils intervien-
nent dans la régulation au sein du marché car ils acceptent les produits quelle que soit la situa-
tion sur le marché : « On ne retourne pas au grossiste ou au producteur leurs produits sous
prétexte qu’il y a abondance au niveau du marché. Quelle que soit la situation du marché, les
produits sont acceptés par le coxeur ». Ils vendent comptant ou à crédit selon l’état du mar-
ché. Ils fractionnent les lots et interviennent dans la fixation du prix : « il arrive que les ache-
teurs fixent le prix (période d’abondance), mais si les produits se font rares il appartient aux
coxeurs de le fixer ».
Les détaillantes de marchés commercialisent des quantités relativement importantes. Leur
offre varie selon les saisons. Les vendeuses ambulantes distribuent surtout des produits péris-
sables et arrêtent leur activité pendant la saison sèche (offre faible). Cette activité constitue un
tremplin pour devenir détaillante de marché (familiarisation avec les produits maraîchers,
constitution d’un réseau de clientes, accumulation d’un fond de roulement16). Les vendeuses
de rue proposent des petites quantités de produits pour les ménages du quartier. Il s’agit da-
vantage d’une activité de « pré-retraite » (moins de déplacements, petits bénéfices). La marge
de ces vendeurs augmente avec le niveau du fonds de roulement. Elle est comprise pour 1 Fcfa
investi entre 0,27 et 0,37 Fcfa.
Il est admis que les produits soient cultivés avec des engrais chimiques et des produits
phytosanitaires. La majorité des commerçants ne savent pas ce qu’est l’agriculture biologi-
que. Ils ne s’intéressent pas non plus à l’origine des produits, ce n’est pas un critère de vente.
On observe fréquemment un cumul de fonctions (producteur-grossiste, producteur-détaillant,
grossiste-coxeur, grossiste-coxeur-détaillant) qui permet le cumul de la marge. Mais il consti-
tue une perte de temps qui peut être nuisible à l’activité et les quantités à écouler sont plus
importantes : c’est pour cela qu’on observe néanmoins une spécialisation des fonctions.
La régulation du marché se réalise au niveau de tous les acteurs. En période d’abondance le
crédit est courant et accepté pour tous les acteurs (sous réserve de connaissance). Par contre en
période de sous production, le crédit n’est plus accepté, ce qui conduit à l’élimination des
acteurs les plus pauvres (capital financier, social) qui se replient alors sur la vente d’autres
produits ou arrêtent l’activité (vendeuses). Les stratégies anti-ruptures pour ne pas perdre les
clients consistent à diversifier les sources d’approvisionnement. Cette stratégie a pour autre
avantage de répartir de la richesse entre les acteurs du marché.
La plus grande partie des légumes « fruits » (moins périssables) proviennent des Niayes qui
représente une provenance de proximité ! Mais « les flux d’approvisionnement des marchés
urbains en légumes sont marqués par leur forte variabilité dans le temps » (Moustier, 1999) et
certains grossistes s’approvisionnent dans des lieux plus éloignés pendant l’hivernage (Gam-
bie, fleuve Sénégal…).
Les femmes occupent généralement des fonctions qui demandent peu de fonds de roule-
ment et de faibles distances à parcourir. Les grossistes, coxeurs, boutiquiers, producteurs-
grossistes sont tous des hommes. Quelques femmes sont semi-grossistes mais elles assurent
16
Leplaideur et Moustier (1994) soulignent que « dans cette activité [de vente au détail] qui ne nécessite qu’un
investissement en capital de départ minimal, c’est le montant du fond de roulement qui différencie le plus les
commerçantes ».
25
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
essentiellement la vente de détail (marchés, rue, …). Ce sont les seules à intervenir dans la
vente des légumes-feuilles. La vente au détail permet à de nombreuses femmes de se lancer
dans le commerce, qui est une activité génératrice de revenus. Ainsi pour Leplaideur et
Moustier (1994) : « la multiplicité des petits acteurs, qui ne recherchent dans cette activité
qu’un moyen pour se constituer un capital de survie, autorise ainsi une grande masse
d’emplois pour un coût social faible. La seule condition pour se lancer dans le commerce des
légumes-feuilles, qui font plus de 2/3 du chiffre d’affaire des échanges, est la disponibilité
d’un petit capital commercial de départ ».
Les légumes-fruits sont le plus souvent commercialisées dans des filières longues et les
légumes feuilles dans des filières courtes (vente directe ou avec peu d’intermédiaires).
Les filières longues empruntées par les « légumes-fruits » (tomates, aubergines) sont liées à la
durée de conservation, les volumes et les zones de production. Quatre ou cinq intermédiaires
interviennent le plus souvent dans la distribution : grossiste, coxeur, semi-grossiste, détaillant.
Les boutiquiers (mis à part l’oignon), et les vendeuses ambulantes ne participent pas à ces
filières. Les filières courtes pour les légumes-fruits existent mais sont peu développées : pi-
ment et champs de proximité (néo-maraîchers).
En période de surproduction les grossistes attendent que les maraîchers viennent les trouver
alors qu’en période de rupture, les grossistes se déplacent sur les champs pour continuer leur
activité. C’est l’occasion pour eux de nouer des relations avec les maraîchers. Le même phé-
nomène est observé pour le piment en période de surproduction entre les coxeurs et les détail-
lantes : les coxeurs se déplacent vers les détaillantes pour vendre la marchandise qui leur est
confiée et qu’ils ne peuvent pas refuser. En période de pénurie ou pour les autres légumes, les
détaillantes doivent se déplacer et trouver les coxeurs, la demande étant supérieure à l’offre.
Le piment est le seul produit de la zone qui est commercialisé dans ce type de circuit car Thiès
est un bassin de production « réputé » mais le marché de Thiès ne joue pas un rôle de marché
de collecte et redistribution. Les grossistes de Dakar viennent s’approvisionner dans la zone en
saison sèche. Les grossistes des marchés urbains, comme Touba et Louga
s’approvisionnement à Dakar : Thiaroye ou Castor (marchés de gros). C’est le même circuit
qui se met en place pour les autres légumes-fruits.
La majorité des légumes « fruits » (tomate, chou, aubergines douce et amère, carotte, oignon)
proviennent de circuits régionaux (y compris la tomate, produit périssable mais qui supporte
bien le transport – variété tomate « olivette »), parmi lesquels les Niayes occupent une place
primordiale (proximité, quantité).
Tous les légumes-feuilles vendus à Thiès proviennent de la zone d’étude. Le même constat
a été fait par Moustier (1999) dans différentes villes du Sud : « La part de jardins situés dans
la ville et dans la périphérie proche représente 80 % de l’approvisionnement en légumes-
feuilles pour Brazzaville, 100 % pour Bangui ; 90 % pour Bissau et Antananarivo ». Il
n’existe pas de flux de légumes-feuilles vers la ville de Dakar car elle a ses propres lieux de
production périurbains et est beaucoup plus proche des Niayes. Par contre, les villes comme
Louga, Touba… sont plus proches de Thiès que de Dakar et sont approvisionnées à partir des
champs de Thiès, la culture de produits maraîchers n’étant pas développée dans ces centres
urbains.
26
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Les maraîchers se déplacent rarement, ils attendent les détaillantes dans leur champ (ils se
déplacent quelquefois en période de surproduction de salade).
17
environ 250 000 habitants dans la zone et 25 000 ménages
27
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
maraîchers préservés. Les producteurs ruraux et les maraîchers « préservés » proposent des
légumes-fruits, et surtout le piment (la zone de Thiès est reconnue pour la qualité du piment),
qui commercialisés dans des circuits longs. Ces deux circuits sont indépendants sur la majorité
du parcours : ils ne se rejoignent qu’à la fin par l’intermédiaire de certaines détaillantes qui
proposent aussi bien des légumes-fruits que des légumes-feuilles. Toutefois la majorité des
détaillantes se spécialisent dans l’un ou dans l’autre, selon les saisons. Ils sont indépendants
mais complémentaires puisque les légumes fruits viennent majoritairement des Niayes alors
que les légumes-feuilles proviennent exclusivement de notre zone d’étude. Les produc-
teurs urbains et péri-urbains se sont donc spécialisés dans les produits qui ont un avan-
tage comparatif par rapport à ceux de la zone des Niayes.
Plus de 90 % des ménagères considèrent qu’il est important que des produits maraîchers
soient cultivés près de chez elles. C’est avant tout la proximité géographique et ses avantages
(fraîcheur, accès rapide) qui sont recherchés. Plus de 3 ménagères sur 4 veulent des champs
maraîchers en ville. Les principales raisons évoquées sont la proximité (29 %), la disponibili-
té (22 %) et dans une moindre mesure la fraîcheur (7 %) et la création d’emploi (5 %).
Une fonction environnementale peu développée mais à explorer
Plusieurs projets de compostage ont été développés dans la zone d’étude. Il semble que les
résultats soient mitigés, malgré l’enthousiasme des vulgarisateurs et des chercheurs, comme
en témoigne un extrait d’article de Moustier et Pages (1997) : « Les besoins élevés en matière
organique de la plupart des productions maraîchères ont conduit au développement d’une
activité de recyclage des déchets urbains, contribuant à préserver le milieu de vie des cita-
dins : ordures ménagères à Brazzaville, eaux usées à proximité de Dakar et Tunis, fumier
d’élevages à Bangui et Bissau, drêches de brasseries à Brazzaville, compost de déchets
d’abattoir près de Thiès18 ». Les producteurs n’ont pas le temps de le réaliser eux-mêmes et ils
n’ont pas les moyens de l’acheter. Ils reconnaissent toutefois les avantages que représente le
compost pour la fertilisation. L’équipe de l’Isra dans le cadre du programme s’intéresse à la
valorisation des ordures ménagères organiques en compost.
Dans le quartier de Medina Fall un petit périmètre maraîcher est irrigué par des eaux usées
provenant des ateliers de la SNCS19. Les risques sanitaires sont importants, comme le souligne
Lachance (1998) : « L’accès à une eau de qualité soulève d’énormes difficultés en Afrique
subsaharienne. Dans beaucoup de villes, on recourt encore fréquemment à des puits tradi-
tionnels. Certains palliatifs, notamment l’utilisation d’eau polluée, exposent aussi bien le pro-
ducteur que le consommateur à des dangers potentiels. Car les risques sont réels : contamina-
tion des sols, pollution des nappes phréatiques, traces de métaux lourds dans les légumes ».
Mais des expériences positives de traitement de l’eau existent et pourraient permettre de
conserver cette adaptation. C’est le cas des stations d’épuration de type lagunage à macrophy-
tes mises en place par l’IFAN et ENDA RUP à Rufisque (à 20 km de Dakar). Les résultats,
après 6 ans de fonctionnement sont encourageants, même si, « appréciés du point de vue
quantitatif, [ils] sont mitigés20 » (Ifan, Enda Rup, 2001).
18
Le projet, mené par le CIRAD, est actuellement abandonné.
19
Société nationale des chemins de fer du Sénégal
20
Augmentation des rendements (47,8 t/ha : eau épurée, pas d’engrais contre 32,1 t/ha : eau du robinet et un trai-
tement à l’engrais), kystes et trophozoïtes d’Entamaeba coli sur les légumes, quantités de métaux lourds pas
alarmantes.
28
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Il ne faut toutefois pas oublier que les traitements phytosanitaires mal dosés21 constituent aussi
un risque de pollution des eaux (et des sols), la ville n’est donc pas seule responsable. Cet
aspect n’a cependant pas été analysé dans le cadre de cette étude.
Une fonction d’aménagement du cadre de vie non évoquée
Cette fonction évoquée dans diverses publications dont un article récent (Temple et al. 2004),
ne semble pas du tout concerner le maraîchage dans la ville de Thiès. La préservation de ces
espaces est souhaitée par la plupart des ménagères mais elles n’évoquent pas cet aspect. Ce-
pendant pour les élus, cette fonction pourrait être prise en compte pour limiter la densité du
bâti et valoriser des espaces difficilement constructibles (anciennes carrières, bas-fond).
Une part importante des maraîchers ont orienté leurs activités vers des produits demandés par
les consommateurs urbains pour lesquels ils ont des avantages comparatifs par rapport à ceux
de la grande zone de production maraîchère du Sénégal, non loin de Thiès (les Niayes). Les
maraîchers ruraux quant à eux maintiennent une activité de production de piment qui corres-
pond également à une demande urbaine plus éloignée (Dakar et autres villes secondaires) et
pour laquelle cette zone est réputée. On peut donc conclure que les maraîchers ont su profiter
de l’opportunité de la présence de la ville en tant que marché de consommation alimentaire.
Concernant les contraintes et notamment la pression foncière liée à l’expansion urbaine, dans
le long terme, les maraîchers hors sol sont les seuls à être faiblement menacés par l’expansion
de la ville. Ce type de maraîchage se développe déjà dans un contexte de forte pression fon-
cière. Il est très sécurisé car les tables sont installées à l’intérieur même des concessions. Le
volume de production et les revenus sont cependant faibles et le devenir incertain (pérennité
des dispositifs d’appui, de l’approvisionnement en intrants, …).
Les autres maraîchers qui étaient déjà fortement menacés le sont encore. Il s’agit des maraî-
chers périurbains qui se situent dans les bas-fonds (Takhikao) ou dans des parcelles entou-
rées d’habitations (Medina Fall, Keur Issa). La pression de la ville reste élevée ou augmente
encore.
Les maraîchers périurbains des carrières passent d’une situation où la menace est faible à
une situation où la menace est forte. En effet, si la ville continue à se développer à l’est, le
comité de gestion des terres, rattaché à la mairie, peut décider de lotir cet espace et construire
des routes et des chemins pour y descendre. Certains parlent de remblayer la cuvette mais
cette solution semble trop coûteuse.
Les néomaraîchers seront certainement plus menacés par l’attrait que représentera la vente
du terrain que par une réelle pression de la ville. Il faut cependant se souvenir qu’une expro-
priation par l’Etat est toujours possible, même avec un titre foncier.
Les maraîchers ruraux, actuellement « hors d’atteinte » des effets de la ville, seront, dans le
long terme, rattrapés par le tissu urbain. Cette situation peut-être accélérée si, par exemple, la
promesse de goudronner la route Thiès-Fandène est tenue. De plus en plus de villages ont ac-
21
En effet, « l’utilisation mal raisonnée des pesticides, rendus nécessaires par le développement de nouvelles
spéculations, peut avoir des impacts négatifs marqués sur l’environnement : résidus sur les productions, pollu-
tion des nappes phréatiques » (Moustier, Pages, 1997).
29
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
cès à l’eau courante et à l’électricité. Tous ces éléments peuvent provoquer un développement
urbain de la communauté rurale de Fandène. Ces espaces seront attrayants pour certains cita-
dins : les terrains seront moins chers et le confort sera équivalent. Cependant les zones actuel-
lement exploitées par les maraîchers (bas-fonds) ne sont pas celles qui seront concernées en
premier lieu.
Enfin, la pression foncière pour les maraîchers préservés dépend en grande partie de l’appui
des structures qui les encadrent car leurs terrains ne sont sécurisés que par l’existence de cet
encadrement.
En conclusion, on peut considérer que la plupart des maraîchers se sont pour l’instant adaptés
aux contraintes foncières en exploitant des zones plus difficilement constructibles (carrière,
bas-fonds) ou pour les néo-ruraux en plantant des arbres qu’ils espèrent être un moyen de lutte
contre l’expulsion, mais leurs terres ne sont pas sécurisées.
Les éléments qui militent en faveur de la préservation de ces espaces dans l’espace urbain
et périurbain renvoient avant tout à la fonction économique et sociale du maraîchage dans la
zone (emplois et revenus pour des couches de populations les plus vulnérables). Ce sont des
arguments auxquels la commune semble sensible puisqu’elle affiche une volonté d’aménager
ces espaces (carrière et bas-fonds) pour des questions de lutte contre la pauvreté mais en
confinant ces activités à des espaces difficilement constructibles. Le fait de mettre à disposi-
tion des données plus précises sur la localisation et le rôle des activités maraîchères permet-
traient donc à la commune de mieux évaluer l’importance économique mais également de
prendre conscience que les citadins (ou en tous les cas les ménagères) sont favorables au
maintien de ces espaces maraîchers à proximité ou dans la ville pour fournir des légumes-
feuilles de qualité, ce qui constitue un argument supplémentaire et peut être un moyen pour les
acteurs de la filière de « faire pression » sur les élus pour qu’ils concrétisent leurs objectifs
d’aménagement de ces espaces.
Nous avons vu que la dimension foncière mais également les aspects environnementaux
étaient aussi importants et nécessitaient des collaborations avec les autres volets du pro-
gramme.
Le fait que l’étude conclue à la préservation de espaces maraîchers périurbains et urbains es-
sentiellement en raison de leur fonction économique et sociale (en tous les cas du point de vue
des acteurs interrogés) posent la question de leur devenir quand la pression foncière
s’accentuera et que les activités urbaines se développeront. Les maraîchers actuels ne cherche-
ront-ils pas à s’insérer dans les activités urbaines ? La demande en parcelles d’habitation ne
poussera-t-elle pas la commune à récupérer les zones maraîchères ? La fonction alimentaire
pourrait ne pas suffire à justifier le maintien de ces espaces car on peut penser que si les in-
frastructures et les moyens de transport s’améliorent, il sera possible de produire ces légumes
dans un espace plus éloigné de la ville.
Ces questions amènent à formuler deux autres questions. Comment anticiper sur la de-
mande en parcelles d’habitation ? La réponse se trouve peut être dans les conflits actuels
30
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
entre la commune et la communauté rurale, cette dernière revendiquant son « droit » à aména-
ger des espaces pour recevoir les urbains. Si la commune accepte que des parcelles soient
aménagées dans la communauté rurale, la pression sur l’espace communal sera réduite (lien à
faire avec les travaux et restitution du volet1 du programme sur l’analyse des dynaliques fon-
cières). Une autre solution a été évoquée lors des enquêtes : le déclassement de la forêt à
l’Ouest de Thiès qui permettrait de préserver les espaces agricoles à l’Ouest . Cette forêt est en
effet très dégradée et les sols seraient de moins bonnes qualité que ceux des espaces maraî-
chers actuels.
La deuxième question concerne la prise en compte de la fonction d’aménagement du ca-
dre de vie. Si celle-ci est souvent évoquée dans les travaux de chercheurs, les études de terrain
et les entretiens réalisés avec les différents acteurs montrent que cette fonction n’est pas re-
connue sauf par les ONG et projets. Si la nécessité d’espaces « sans habitation » au sein de la
ville est souvent évoquée (désengorgement et poumon), ni la protection ou l’aménagement de
forêt (considérée comme faisant partie du monde rural et comme un danger pour la ville)22, ni
les espaces agricoles ne sont proposés mais plutôt la création d’espaces de jeux, de détentes
(jardins), ou même l’édification de mosquées et de bâtiments publics. Il serait intéressant
d’étudier si le voyage d’élus en France, réalisé après les entretiens sur la perception de la ville
et de l’espace rural, a contribué à faire évoluer ces points de vue. Il semble, en effet, que cer-
tains élus ont été sensibles au fait que des espaces agricoles pouvaient être considérés aussi
comme des lieux de promenade.
Se pose aussi la question de la préservation des espaces des maraîchers ruraux. Même si
l’étude réalisée n’a pas permis d’approfondir l’analyse de ces systèmes de production maraî-
chère dans la zone, l’importance de la production de piment pour les habitants de Fandène a
été cependant soulignée. Pour les maraîchers, elle représente plus de 25 % des revenus. Ces
espaces ne sont sans doute pas menacés dans le court, voir même le moyen terme car il s’agit
de bas-fonds. Cependant la progression de la ville sur l’espace de la communauté rurale va
réduire l’espace agricole et les habitants de Fandène devront soit se reconvertir vers des activi-
tés urbaines (avec des débouchés qui sont limités au vu du taux de chômage déjà élevé), soit
accroître la productivité sur les espaces qui resteront agricoles. La question est donc de savoir
si la production de piment pourrait être encouragée en valorisant l’origine du produit (qualité
organoleptique du piment de la zone reconnue). Il faudrait alors vérifier le lien entre la qualité
du produit et le terroir (n’est-t-il pas possible de produire ailleurs un piment aux qualités iden-
tiques) et vérifier les performances économiques de cette filière.
L’étude avait également pour objectif d’étudier si l’agriculture biologique pouvait être une
alternative pour le maintien de l’activité de maraîchage de la zone (en tant que source de reve-
nu pour les ruraux et les villages rattachés) sur la base d’un avantage concurrentiel potentiel
par rapport à la zone de Niayes.
L’étude a montré que l’agriculture biologique est encore peu développée dans la zone , malgré
le nombre important d’ONG basées à Thiès, travaillant à sa vulgarisation (AGRECOL, Rodale
International, GREEN, ASPAB…) et les actions de Niil Jam (organisation paysanne). Seule-
ment quelques paysans pratiquent le maraîchage biologique (types ruraux et préservés) et
commercialisent leurs produits dans les circuits conventionnels ou auprès de réseaux restreints
22
un consommateur a cependant évoqué la possibilité de « forêt sécurisée » pour organiser des visites pour les
écoliers
31
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
de clients : les producteurs n’ont pas une capacité de production suffisante pour la création
d’un marché biologique à Thiès.
Si le rapport de la FAO sur l’agriculture biologique au Sénégal (El-Hadji et Al., 2001) semble
optimiste23, son développement dans la zone ne semble pas évident. Les formations dispen-
sées par Niil Jam semblent intéresser les paysans, qui se déplacent en nombre mais les enquê-
tes montrent que la conduite est encore mal maîtrisée et que les débouchés sont encore limités
(pas de surplus de prix car pas une reconnaissance de l’agriculture biologique comme argu-
ment de vente). Les commerçants considèrent que l’agriculture biologique sera néfaste pour
leur activité dans la mesure où les quantités seront moindres même si ils pensent que les pro-
duits cultivés sans engrais se conservent plus longtemps. Les consommateurs ne savent pas ce
qu’est l’agriculture biologique. Même si les ménagères semblent connaître les risques liés à la
présence de produits chimiques dans les légumes, elles pensent qu’il est aisé de les éliminer
par des pratiques appropriées (lavage notamment).
23 « L'agriculture biologique est une opportunité pour l'horticulture sénégalaise. Elle peut lui apporter la qualité
et la performance dont elle a besoin pour se développer et gagner des marchés étrangers (par exemple, l'Eu-
rope) » et « une comparaison faite sur la culture du haricot vert dans les Niayes a démontré qu'on arrivait à
faire jusqu'à 5 récoltes pour une campagne alors que dans le conventionnel on a rarement dépassé les 2 récol-
tes. Les résultats nets d'exploitations sont beaucoup plus intéressants en agriculture biologique. Au Sénégal, la
production biologique peut avoir un bel avenir si elle privilégie la diversification des cultures et prend en
charge la sécurité alimentaire » (Hanne et Al., 2001).
32
Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
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Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
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Ecocité – DT 2 Le maraîchage dans la zone de Thiès-Fandène
Autre Part
Maraî Exploi- Activité maraî
Cultures activité Arbori-
Fcfa hivernales
Manioc
de culture
Elevage tation extra- Total
Chage rônier agricole chage
culture (%)
Hors-sol 128 396 198 400 326 796 39
Périurbains 1 939 117 2 143 3 429 13 571 21 429 1 979 689 98
Préservés 308 066 37 000 55 000 15 000 34 400 216 000 665 466 46
Néo
256 918 12 750 12 500 100 000 3 144 000 3 526 168 7
Maraîchers
Ruraux 90 989 17 900 41 667 53 333 62 667 70 000 336 556 27
36