Chap4 Limites Continuite
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Sommaire
4.1 Limites de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.2 Comparaisons locales de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.3 Fonctions continues en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.4 Fonction continue sur un intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.5 Fonctions uniformément continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
On rappelle qu’une fonction réelle sur un ensemble X non vide est une application de X dans R. Elle
f
sera souvent notée f : X → R ou X 7−→ R. Nous ne considérons ici que les fonctions définies sur des
parties de R, mais les limites sont définies dans R. On rappelle que X̄ désigne l’adhérence de X dans R.
Définition 4.1. Soit f une fonction réelle définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ R adhérant
à A. On dit que f admet une limite lorsque x tend vers a s’il existe
un nombreréel ` tel que pour tout
voisinage V` de ` il existe un voisinage Ua du point a tel que f Ua ∩ A \ {a} ⊂ V` .
Proposition 4.1. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie non vide A de R. Si f admet une
limite en un point a ∈ A, cette limite est unique.
La Proposition 4.1 permet lorsque, pour une fonction f : A → R, un réelle ` vérifie la propriété de la
Définition 4.1 de dire que ` est la limite de f en a ∈ Ā. On écrit alors f (x) −−−→ ` ou limx→a f (x) = `.
x→a
Définition 4.2. Soit f une fonction réelle définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā. On dit
que f tend vers +∞ lorsque x tend vers
a si elle vérifie la propriété suivante : pour tout réel b, il existe
un voisinage Ua du point a tel que f Ua ∩ A \ {a} ⊂]b, +∞[.
Définition 4.3. Soit f une fonction réelle définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā. On dit
f tend vers −∞
que lorsque x tend vers a si pour tout réel b, il existe un voisinage Ua du point a tel que
f Ua ∩ A \ {a} ⊂] − ∞, b[.
( )
n o
f (x) −−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃δ > 0 / x ∈ A et |x − a| < δ ⇒ f (x) < λ .
x→a
( )
f (x) −−−−→ ` ⇔ ∀ε > 0, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ |f (x) − `| < ε .
x→−∞
( )
f (x) −−−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x > α ⇒ f (x) < λ .
x→+∞
( )
f (x) −−−−→ +∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ f (x) > λ .
x→−∞
( )
f (x) −−−−→ −∞ ⇔ ∀λ ∈ R, ∃α ∈ R/ x ∈ A et x < α ⇒ f (x) < λ .
x→−∞
2. On dit que f admet une limite à droite en a s’il existe un nombre réel ` tel que :
∀ε > 0, ∃δ > 0 / x ∈ A et 0 < x − a < δ ⇒ |f (x) − `| < ε .
Notations.
1. Si f admet ` comme limite à droite en a, on note lim f (x) = ` ou x→a
lim f (x) = `.
x→a+
x>a
2. Si f admet ` comme limite à gauche en a, on note lim f (x) = ` ou x→a
lim f (x) = `.
x→a−
x<a
|x|
Exemple 4.1. Pour la fonction f : R∗ → R, x 7→ on a lim = 1 et lim = −1.
x x→0+ x→0−
Théorème 4.1. Soit I un intervalle ouvert non vide de R et soit a ∈ I. Une fonction f : I \ {a} → R
admet une limite en a si et seulement si elle admet une limite à droite en a et une limite à gauche en a
et ces deux limites sont égales.
Remarque 4.1. On peut regarder la limite de f en +∞ [resp.−∞] comme une limite à droite [resp. à
gauche] lorsque cette limite existe.
Proposition 4.2. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie non vide A de R. Soit a un point
adhérent à A. La fonction f admet une limite ` en a si et seulement si pour toute suite (un ) de points
de A tendant vers a, la suite (f (un )) tend vers `.
et
|f (xn ) − `| > ε0 . (4.2)
De (4.1) on obtient lim xn = a et (4.2) signifie que ` ne peut pas être égale à lim f (xn ). Ce qui
n→+∞ n→+∞
contredit le fait que ` = lim f (xn ).
n→+∞
Supposons à présent que : ∀ε > 0, ∃δ > 0 /∀x ∈ A, (0 < |x − a| < δ) ⇒ (|f (x) − `| < ε). Soit donc
ε > 0 fixé et δ = δ(ε) choisi tel que pour tout x ∈ A vérifiant 0 ≤ |x − a| < δ on ait |f (x) − `| < ε.
Pour toute suite (un )n d’éléments de A tendant vers a il existe un entier n tel que pour tout n ≥ nε ,
|un − a| < δ. Donc, pour tout n ≥ nε on a : |f (un ) − `| < ε, c’est-à-dire que lim f (un ) = `.
n→+∞
De la Proposition 4.2 nous avons les résultats suivants tirés des propositions obtenues sur les suites.
Proposition 4.3. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A de R. Si f admet une limite
(finie) en un point a adhérent à A, alors il existe un voisinage ouvert V de a et un réel M > 0 tels que
pour tout x ∈ (V \ {a}) ∩ A, |f (x)| ≤ M .
Proposition 4.4. Si une fonction f : A → R définie sur une partie A de R admet une limite ` 6= 0 en
un point a ∈ Ā, il existe un voisinage ouvert V de a tel que pour tout x ∈ (V \ {a}) ∩ A, f (x) 6= 0.
Proposition 4.5. Soient f et g deux fonctions numériques définies sur une même partie non vide A de
R de limites respectives ` et `0 finies, en un point a ∈ Ā, adhérence de A. Alors,
1. lim (f + g)(x) = ` + `0 ;
x→a
2. lim (λf )(x) = λ`, pour tout réel λ ;
x→a
3. lim (f · g)(x) = ``0 ;
x→a
f `
4. si `0 6= 0, alors g(x) 6= 0 sur un certain voisinage de a et lim (x) = 0 ;
x→a g `
5. lim |f (x)| = |`|.
x→a
Cette proposition peut être étendue aux cas où ` et `0 ne seraient pas finies grâce aux conventions :
+∞ + (+∞) = +∞, −∞ + (−∞) = −∞, +∞ − (−∞) = +∞, b × (+∞) = sgn(b)∞, b × (−∞) =
b
−sgn(b)∞, ∞ = 0 si b ∈ R.
Proposition 4.6. Soit f une fonction définie sur un voisinage d’un point x0 ∈ R, à l’exception peut-être
de x0 , telle que lim f (x) = a et soit g une fonction définie sur un intervalle ouvert W de centre a
x→x0
privé du point a et telle que lim g(y) = b ∈ R. Supposons qu’il existe un voisinage Vx0 de x0 tel que
y→a
f (Vx0 \ {x0 }) ⊂ W . Alors la fonction h = g ◦ f est définie sur Vx0 \ {x0 } et lim h(x) = b.
x→x0
Démonstration. Pour tout x ∈ Vx0 \ {x0 } posons y = f (x) ; alors h(x) = g(y). Puisque lim g(y) = b, pour
y→a
tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que : (0 < |y − a| < δ) ⇒ (|g(y) − b| < ε). Par suite (0 < |f (x) − a| <
δ) ⇒ (|h(x) − b| < ε). Mais puisque lim f (x) = a et que quel que soit x ∈ Vx0 \ {x0 } on a f (x) 6= a (voir
x→x0
définition de W ), alors on peut associer au nombre δ > 0, un nombre α > 0 tel que 0 < |x − x0 | < α
implique que 0 < |f (x) − a| < δ et par suite |h(x) − b| < ε.
(
1 1 si y 6= 0
Exemple 4.2. Soient f : R∗ → R, x 7→ f (x) = x sin et g : R → R, y 7→ g(y) = . On a :
x 0 si y = 0
1
6 nπ
lim f (x) = 0 et lim g(y) = 1, g[f (x)] = 1 si x = , n ∈ Z∗ . Pourtant la fonction x 7→ g[f (x)] n’admet
x→0 y→0
pas de limite en 0.
Définition 4.5. Une fonction f définie sur une partie A de R est dite
— croissante si : ∀x, y ∈ A, (y ≤ x) ⇒ (f (y) ≤ f (x)) ;
— décroissante si : ∀x, y ∈ A, (y ≤ x) ⇒ (f (y) ≥ f (x)) ;
— monotone si elle est croissante ou décroissante (le ”ou” étant exclusif) sur A ;
— strictement croissante si : ∀x, y ∈ A, (y < x) ⇒ (f (y) < f (x)) ;
— strictement décroissante si : ∀x, y ∈ A, (y < x) ⇒ (f (y) > f (x)) ;
— strictement monotone si elle est strictement croissante ou strictement décroissante sur A.
Théorème 4.2. Soit f une fonction définie sur une partie non vide A de R.
a) Si f est croissante, alors f admet une limite à gauche (finie ou égale à +∞) en tout point a ∈ Ā
où cette limite peut être définie ; si a ∈ A, cette limite est finie et vérifie lim f (x) ≤ f (a). Si A
x→a−
est non majoré, f a une limite (finie ou égale à +∞) en +∞.
b) Si f est décroissante, alors f admet une limite à droite (finie ou égale à −∞) en tout point a ∈ Ā
où cette limite peut être définie ; si a ∈ A, cette limite est finie et vérifie lim f (x) ≤ f (a). Si A
x→a+
est non minoré, f admet une limite (finie ou égale à −∞) en −∞.
Exemple 4.3. La fonction partie entière E : x 7−→ E(x) est croissante sur R et pour tout a ∈ R, on a
lim E(x) ≤ E(a) = lim E(x).
x→a− x→a+
x
−3 −2 −1 0 1 2 3
−1
−2
Exemple 4.4.
a) x → sin x, x0 = 0
1. 1 sont des infiniment petits aux voisinages des points considérés.
b) x → , x0 = ±∞
x
)
a) x → sin
x 2
x
, x0 = 0
2. sont des infiniment grands au voisinage des points considérés.
b) x → −x2 , x0 = ±∞
Exemple 4.5.
1 1 1 1
1. =O 2
puisque ≤ 2 si |x| ≤ 1.
x 0 x x x
1 1 1 1
2. 2 = O puisque 2 ≤ 1 × pour |x| ≥ 1.
x ±∞ x x |x|
Proposition 4.7. Soient f et g deux fonctions définies sur une partie A de R, x0 ∈ R un point adhérent
f (x)
à A et g 6= 0 sur A. Si lim = c ∈ R∗ , alors f et g sont de même ordre.
x→x0 g(x)
Démonstration. Remarquons d’abord que lim f (x) = b ∈ R équivaut à l’existence d’une fonction α telle
x→a
que f (x) = b + α(x) avec lim α(x) = 0. En effet, si lim f (x) = b alors il suffit de poser α(x) = f (x) − b.
x→a x→a
f (x)
Réciproquement, si f (x) = b + α(x) avec lim α(x) = 0 alors lim f (x) = b. Maintenant lim = c 6= 0
x→a x→a x→0 g(x)
f (x) g(x) 1
implique que g(x) = c + α1 (x) et = + α2 (x) avec lim αi (x) → 0, i = 1, 2. Donc au voisinage de
f (x) c x→0
f (x) g(x) 1
x0 , ≤ |c| + 1 et ≤ + 1.
g(x) f (x) |c|
Définition 4.8. Soient f et g deux fonctions définies sur une partie non vide A de R et x0 ∈ R un
point adhérent de A. On dit que f est infiniment petit (ou négligeable) par rapport à g ou que f est un
”petit o” de g au voisinage de x0 s’il existe un voisinage V de x0 et une fonction ε telle que pour tout
x ∈ (A ∩ V ) \ {x0 } on a : f (x) = ε(x)g(x) avec lim ε(x) = 0. On écrit alors f = o(g) ou f (x) = o(g(x)).
x→x0 x0 x0
x2 x2
x
1
Exemple 4.6. =o et aussi =o .
sin x 0 sin x sin x 0 sin x
1
Exemple 4.7. (1 + x4 )x2 ∼ x2 au voisinage de 0 avec ϕ(x) = 1+x4
.
f (x) f1 (x)
Remarquons que si f ∼ f1 et g ∼ g1 alors l’existence de lim entraı̂ne l’existence de lim ;
x0 x0 x→x0 g(x) x→x0 g1 (x)
f (x) f1 (x)
et de plus on a l’égalité lim = lim .
x→x0 g(x) x→x0 g1 (x)
Notons avant de clore ce paragraphe que dans le calcul des limites on rencontre assez souvent les
0 ∞
formes , , 0 · ∞, +∞ − ∞, 00 , ∞0 , 1∞ appelées formes indertiminées. Selon les situations concrètes
0 ∞
en présence, ces cas peuvent avoir tous les comportements possibles au point x0 . Déterminer la limite
éventuelle associée à de telles formes est ce qu’on appelle lever l’indétermination.
Définition 4.10. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A ⊂ R et soit a un point de A. On
dit que f est continue au point a si pour tout voisinage Vf (a) de f (a), il existe un voisinage Ua de a tel
que f (Ua ∩ A) ⊂ Vf (a) .
Définition 4.11. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A ⊂ R et soit a un point de A. On
dit que f est continue au point a si : ∀ ε > 0, ∃δ > 0 / ∀x ∈ A, (|x − a| < δ) ⇒ (|f (x) − f (a)| < ε).
S’il existe un voisinage Ua de a tel que Ua ∩ A = {a} c’est-à-dire si a est un point isolé de A, alors
f (Ua ∩ A) ⊂ Vf (a) , pour tout voisinage Vf (a) de f (a). D’où toute fonction f définie sur une partie A ⊂ Z
est continue.
Si f n’est pas continue en un point a0 , on dit que f est discontinue au point a0 ou que a0 est un point
de discontinuité de f .
Remarque 4.3. La continuité est une propriété locale. Par exemple, pour prouver qu’une fonction f
définie sur une partie A de R est continue en un point a de A, il suffit de trouver un intervalle ouvert I
contenant a vérifiant la propriété suivante : il existe une constante M > 0 tel que pour tout x de I ∩ A,
|f (x) − f (a)| ≤ M |x − a|. En effet si J est un intervalle de centre f (a) et de longueur ε, pour que f (x)
ε ε
appartienne à J, il suffit alors que x ∈ A et x ∈]a − M ,a + M [∩I.
Théorème 4.3. Soit f : A → R une fonction définie sur une partie A de R et soit a un point intérieur
à A. Alors f est continue en a si et seulement elle est continue à droite et continue à gauche en a.
Soit f : A → R est une fonction définie sur une partie non vide A de R et soit a ∈ Ā (fini) tels que
lim f (x) = b ∈ R. La fonction f est discontinue en a dans les deux cas suivants :
x→a
— a∈ / A,
— a ∈ A mais f (a) 6= b.
On peut par contre construire une fonction f˜ assez proche de f continue au point a comme suit :
— dans le cas où a ∈/ A, (
f (x) si x ∈ A
f˜(x) = (4.3)
b si x = a
— dans le cas où a ∈ A, (
f (x) si x ∈ A \ {a}
f˜(x) = (4.4)
b si x=a
Définition 4.13. La fonction f˜ continue au point a définie par (4.3) ou par (4.4), selon le cas, est appelée
le prolongement de f par continuité au point a.
Proposition 4.8. Soient f et g deux fonctions définies sur un même ensemble A ⊂ R et continues au
point a ∈ A ; et soit α ∈ R. Les fonctions αf , f + g, f · g sont continues au point a. Il en est de même
f
de si g(a) 6= 0.
g
Pour la preuve se référer a la Proposition 4.5.
1. On dit que f présente un maximum [resp. minimum] absolu en un point a ∈ A, si f (x) ≤ f (a)
[resp. f (x) ≥ f (a)], quel que soit x ∈ A ; et ce maximum [resp. minimum] f (a) est dit strict si les
relations x ∈ A et si x 6= a entraı̂nent l’inégalité stricte f (x) < f (a) [resp. f (x) > f (a)].
2. On dit que f présente un maximum [resp. minimum] relatif au point a ∈ A, s’il existe un voisinage
V de a tel que l’on ait f (x) ≤ f (a) (resp. f (x) ≥ f (a)), pour tout x ∈ V ∩ A.
Théorème 4.4. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné [a, b] ⊂ R. Alors
f est bornée sur [a, b] et y atteint sa borne supérieure M et sa borne inférieure m.
Démonstration. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné [a, b] ⊂ R.
1. Supposons f non bornée sur [a, b], alors pour tout n ∈ N, il existe un point xn ∈ [a, b] vérifiant
|f (xn )| ≥ n. De la suite bornée (xn ) le théorème de Bolzano-Weierstrass permet d’extraire une
suite convergente (xnk ) et le point x = lim xnk appartient à [a, b] (puisque [a, b] est fermé).
k→+∞
Puisque la fonction f est continue, la suite (f (xnk )) converge vers f (x). Mais ceci entraı̂ne une
contradiction car la suite (f (xnk )) est non bornée. Donc f est bornée.
2. Puisque f est bornée, les bornes M = sup f et m = inf f sont finies. Supposons que f ne prend
[a,b] [a,b]
1
pas la valeur M , alors la fonction x 7→ est définie et continue sur tout [a, b]. D’après la
M −f (x)
partie 1) de la démonstration, cette fonction est donc bornée. Il existe alors un nombre α > 0 tel
1 1 1
que M −f (x) ≤ α c’est-à-dire |M − f (x)| ≥ α , pour tout x ∈ [a, b]. On a donc M − f (x) ≥ α
c’est-à-dire f (x) ≤ M − α1 , quel que soit x ∈ [a, b]. Donc M n’est pas la borne supérieure de f . Ce
qui est inexact ; donc f atteint sa borne supérieure M .
Remarque 4.4. Le Théorème tombe en défaut pour une fonction continue sur un intervalle non fermé ou
non borné. L’application ]0, 1[→ R, x 7→ x1 est une bonne illustration.
Théorème 4.5 (Théorème des valeurs intermédiaires). Soit f une fonction numérique continue sur
un intervalle quelconque (ouvert, fermé, semi-ouvert, borné ou non) I de R ; et soient M = sup f et
I
m = inf f les bornes de f sur I. Alors f prend toute valeur entre m et M .
I
Démonstration. Si m = M (cas où f est constante) le théorème est trivial. Supposons donc m < M et soit
y un nombre arbitraire tel que m < y < M . Les propriétés des bornes supérieure et inférieure entraı̂nent
l’existence des points a, b ∈ I tels que m ≤ f (a) < y < f (b) ≤ M . Pour fixer les idées, supposons a < b.
y
M
f (b)
f (x0 ) = γ
f (a)
x
O a xn c0 b
L’ensemble C = {x ∈ [a, b] / f (x) ≤ y} est non vide (puisqu’il contient a) et est majoré par b. Il admet
donc une borne supérieure finie c0 < b. Pour chaque n ∈ N∗ , les propriétés de cette borne supérieure
entraı̂nent l’existence d’un élément xn ∈ C vérifiant c0 − n1 < xn ≤ c0 . Par conséquent lim xn = c0 et
n→+∞
donc lim f (xn ) = f (c0 ) ; et l’inégalité f (xn ) ≤ y (vraie par construction pour tout n ∈ N∗ ) entraı̂ne
n→+∞
par passage à la limite que f (c0 ) ≤ y. D’autre part, puisque c0 est la borne supérieure de C, on a f (x) ≥ y
pour tout x ∈]c0 , b] (car x > c0 ). Donc la limite à droite de f en c0 , qui est f (c0 ), vérifie f (c0 ) ≥ y. Il
suit donc l’égalité f (c0 ) = y.
Remarque 4.5. Ce procédé utilisé nous permet d’avoir la plus grande racine de l’équation f (x) = γ.
Corollaire 4.1. Soit f une fonction continue sur un intervalle I ⊂ R, s’il existe deux points a et b de I
tel que f (a)f (b) < 0, alors l’équation f (x) = 0 admet au moins une solution entre a et b.
Corollaire 4.2. Soit f une fonction continue sur un intervalle I ⊂ R. Si f ne prend pas la valeur 0,
alors f garde un signe constant sur I.
Corollaire 4.3. L’image d’un intervalle de R par une fonction continue, est un intervalle de R.
Démonstration.
— Si m, M ∈ R, on a ]m, M [⊂ f (I) ⊂ [m, M ] alors f (I) est égale à [m, M ], ]m, M [, [m, M [ ou ]m, M ].
— Si m ∈ R et M = +∞, on a ]m, +∞[⊂ f (I) ⊂]m, +∞[ et alors f (I) est ]m, +∞[ ou [m, +∞[.
— Si m = −∞ et M ∈ R, on a ] − ∞, M [⊂ f (I) ⊂] − ∞, M ] et alors f (I) est ] − ∞, M [ ou ] − ∞, M ].
Dans tous les cas, f (I) est un intervalle.
Théorème 4.6. L’image d’un intervalle fermé borné de R par une fonction continue est un intervalle
fermé et borné.
Proposition 4.10. Si f est une bijection continue d’un intervalle I sur un intervalle J, sa réciproque
f −1 est continue sur J.
Démonstration. D’après la partie a) de la Proposition 4.9, nous avons sur I une fonction f continue et
strictement monotone. Montrons la stricte monotonie de f −1 . Soient y1 < y2 deux éléments de J. Pour
se fixer les idées nous supposons la fonction f strictement croissante, cela donne f (x1 ) = y1 < y2 = f (x2 )
pour un seul x1 ∈ I et un seul x2 ∈ I et donc x1 = f −1 (y1 ) et x2 = f −1 (y2 ). Nous avons donc une seule
des 3 possibilités ; ou bien x1 < x2 ou bien x1 = x2 ou bien x1 > x2 . Si x1 = x2 ou si x1 > x2 on aurait
en vertu de la stricte croissance de f que y1 = f (x1 ) = f (x2 ) ou y1 = f (x1 ) > f (x2 ) = y2 ce qui serait
en contradiction avec l’hypothèse de départ y1 < y2 et par conséquent x1 < x2 . D’autre part I = f −1 (J)
est un intervalle. Ainsi, f −1 est monotone et I = f −1 (I) est un intervalle donc f −1 continue sur J.
Démonstration. Pour fixer les idées, supposons f strictement croissante. D’après le Théorème des valeurs
intermédiaires f (A) est un intervalle d’extrémités α et β. Il est évident que α ∈ f (I) (resp. β ∈ f (I)) est
équivalent à a ∈ A (resp. b ∈ A), c’est-à-dire I et f (I) sont de même nature.
Proposition 4.12. Si f est une fonction continue au point x0 et g une fonction continue au point
y0 = f (x0 ), alors la fonction h = g ◦ f est continue en x0 .
Démonstration. Soit z0 = h(x0 ) = g[f (x0 )] = g(y0 ) et Vz0 un voisinage quelconque de z0 , alors h−1 (Vz0 ) =
f −1 (g −1 (Vz0 )). Puisque g est continue en y0 , alors g −1 (Vz0 ) est un voisinage de y0 et la continuité de f
en x0 entraı̂ne que f −1 (g −1 (Vz0 )) est un voisinage de x0 .
∀ ε > 0, ∃ δ > 0 / ∀ (x, y) ∈ A2 , (|x − y| < δ) ⇒ (|f (x) − f (y)| < ε). (4.5)
Remarque 4.6.
a) δ = δ(ε) dépend seulement de ε et pas du point.
b) Une fonction uniformément continue est nécessairement continue. En effet, si δ est le nombre
associé à ε dans (4.5) et si x0 est fixé dans A, alors pour tout x ∈ A tel que |x − x0 | < δ,
|f (x) − f (x0 )| < ε.
Exemple 4.8.
1
a) La fonction f : x → |x| 2 est uniformément continue sur A = R. En effet soit ε > 0 et δ = ε2 . Pour
1 1 2
tout (x, y) ∈ R2 vérifiant |y − x| < δ = ε2 , on a |f (x) − f (y)|2 = |x| 2 − |y| 2 . Or
1 1
2 1 1
1 1
|x| 2 − |y| 2 ≤ |x| 2 + |y| 2 |x| 2 − |y| 2 = |x| − |y| ≤ |x − y| < ε2
1 1 p
donc |x| 2 − |y| 2 ≤ |x − y| < ε.
b) La fonction f :]0, 1[→ R définie par f (x) = x1 est continue sur A, mais non uniformément. En
effet, pour tout x > 0 et tout δ > 0 tels que 0 < x + δ < 1, on a :
1 1 δ
0 < f (x) − f (x + δ) = − =
x x+δ x(x + δ)
δ δ δ
et donc f (x) − f (x + δ) > x(1+δ) . Or x(1+δ) > ε ⇔ x < ε(1+δ) , donc pour tous ε > 0 et δ > 0, on
δ
peut toujours trouver x < ε(1+δ) tel que f (x) − f (x + δ) > ε.
c) Soit f : A = R+ → R, x 7→ sin x1 . Considérons les points x0 = π
1
+2πn et x00 = 3
1
π+2πn
. Prenons
2 2
ε = 1, alors pour tout δ > 0 on a : pour n assez grand, − < δ et |x0 x00 |
π
3
|f (x0 ) − f (x00 )| = sin + 2πn − sin π + 2πn = 1 + 1 = 2 > 1.
2 2
Théorème 4.7 (de Heine). Toute fonction continue sur un compact [a, b] y est uniformément continue.
Démonstration. Soit f : [a, b] → R une fonction continue. Soit ε > 0. Supposons que f est non uni-
formément continue, alors pour tout n ∈ N∗ , il existe deux points xn et yn de [a, b] tels que |xn − yn | < n1
et |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε. D’après le théorème de Bolzano-Weierstrass, on peut extraire de la suite (xn )
une suite (xnk ) convergente. Notons ` sa limite. Puisque |xnk − ynk | < n1k , la suite (ynk ) tend aussi vers
`. Maintenant puisque f est continue en `, les suites (f (xnk )) et (f (ynk )) tendent vers vers f (`). Par
conséquent il existe k0 ∈ N tel que pour tout k ≥ k0 , |f (xnk ) − f (`)| < 2ε et |f (ynk ) − f (`)| < 2ε . On en
déduit l’inégalité |f (xnk ) − f (ynk )| < ε pour tout k ≥ k0 , ce qui contredit l’hypothèse.
Définition 4.18. On dit qu’une fonction f : I → R définie sur un intervalle I de R est lipschitzienne s’il
existe un réel k > 0 tel que : ∀x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|.
Exercice 4.4. Soit f : I → R une fonction lipschitzienne. Montrer que f est uniformément continue.