1085 Maraichage Maladies

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 28

Fiche technique

2023 | Édition Suisse | N° 1085

Protection des plantes en maraîchage biologique


Régulation des maladies et des ravageurs dans les cultures
de plein champ
La protection des plantes en maraîchage biolo- Une tâche exigeante
gique commence bien avant que les plantes ne
soient dans les champs. L’application des mesures Grande diversité de cultures
préventives disponibles doit permettre d’éviter
autant que possible l’usage de produits phytosa- et de modes de production
nitaires. En effet, si une maladie ou un ravageur
infeste une culture, le recours aux produits phyto- La désignation «légumes bio» constitue un terme
sanitaires autorisés n’est que partiellement efficace générique pour une multitude de cultures et d’ali-
et peut même être nuisible aux auxiliaires. ments. La diversité s’étend des légumes classiques,
Cette fiche technique présente les possibilités comme les carottes et les courgettes, aux plantes in-
de réguler préventivement les principales mala- solites comme le plantain corne de cerf ou la barbe
dies et principaux ravageurs dans les cultures de de moine, en passant par les pois surgelés et les to-
légumes bio en plein champ et fournit des recom- mates pelées en boîtes. Dans le secteur maraîcher, la
mandations d’utilisation pour les mesures de lutte diversité des cultures, des familles de plantes et des
directe lors d’une infestation. Des mesures de régu- variétés est énorme. Les maraîchers qui commer-
lation concrètes sont présentées pour trois cultures cialisent leurs produits sur les marchés locaux pro-
de plein champ typiques. posent souvent plus de 20 légumes différents. Sur
une saison complète, plus de 50 cultures peuvent se
succéder, sans prise en compte des diverses variétés,
Contenu couleurs et formes.
Une tâche exigeante 2 Les modes de culture, les structures d’exploita-
Principes du maraîchage biologique 4 tion et les possibilités de commercialisation de cette
Valorisation écologique et mise en réseau vaste palette de légumes sont très variés. Les exploi-
du paysage 6 tations de grandes cultures intégrant des cultures
Techniques culturales préventives 7 de légumes de plein champ, les professionnels du
Promotion ciblée des auxiliaires 11 marché de frais échelonnant les cultures au fil des
Lutte biologique 12 saisons ou les exploitations sous serre hautement
Mesures directes de protection des plantes: spécialisées font partie du paysage maraîcher suisse,
méthodes physiques, phéromones et pesticides 13 tout comme les maraîchers qui commercialisent leur
Technique d’application 18 production sur les marchés hebdomadaires ou les
Régulation des maladies et des ravageurs projets d’agriculture solidaire avec de nombreuses
des carottes 19 cultures sur de petites surfaces.
des choux spp. 22
de l’oignon 25

2 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Des défis multiples La grande diversité des cultures et les petites sur-
faces cultivées rendent le développement de solu-
La grande diversité des cultures maraîchères en- tions phytosanitaires très coûteux pour les stations
traîne également de nombreux défis en matière de recherche et peu attractif financièrement pour
de protection des plantes. En effet, les différentes les fournisseurs d’intrants. C’est la raison pour la-
cultures sont consacrées à des familles de plantes di- quelle l’offre de produits phytosanitaires pour la
verses et variées, dont les maladies et les ravageurs production maraîchère bio est limitée par rapport
sont souvent spécifiques à chaque espèce. aux produits disponibles en culture convention-
Les sensibilités individuelles de chaque espèce nelle. Par ailleurs, d’importantes restrictions impo-
de légume nécessitent la mise en place de rota- sées par les directives viennent encore compliquer
tions de cultures sophistiquées, afin d’interrompre la situation. Il s’agit en premier lieu de l’interdic-
de manière ciblée les cycles de multiplication des tion des herbicides, des engrais azotés minéraux
maladies et ravageurs. Cependant, il n’est pas rare et des pesticides chimiques de synthèse. D’autres
que les parcelles accueillent deux ou trois cultures restrictions concernent p. ex. le choix des variétés
de courte durée par saison, comme les salades ou et les techniques de sélection (interdiction des va-
les épinards, ce qui rend la planification de la ro- riétés issues de fusion cellulaire, sauf exceptions),
tation encore plus complexe. Ces cultures courtes le mode de chauffage des serres ou l’interdiction
contrastent avec les cultures maraîchères plurian- de produire hors-sol. Mais les exigences de qualité
nuelles comme les asperges ou la rhubarbe, pour sur le marché restent aussi élevées que pour les lé-
lesquelles les agents pathogènes et les ravageurs gumes conventionnels.
peuvent se propager d’une saison à l’autre. La
culture en serre offre d’autres conditions et pos-
sibilités de régulation, car le contrôle optimal des
facteurs climatiques et l’utilisation des auxiliaires
constituent des leviers essentiels pour maintenir les
plantes en bonne santé.

Les multiples défis de la production maraîchère bio requièrent une stratégie de protection des plantes sophistiquée et intégrée, à commencer par
le choix des variétés et le traitement des semences, jusqu’au conditionnement ou au stockage des produits finis.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 3


Principes du maraîchage biologique
Boucler le cycle des matières Les cultures qui améliorent la structure du sol au
sein de la rotation, comme le trèfle, les engrais
L’agriculture biologique repose sur des systèmes et verts à enracinement profond et les légumineuses à
des cycles naturels et vivants. Les agricultrices et graines, permettent au sol de se régénérer, l’aèrent
agriculteurs biologiques tentent de se rapprocher en profondeur, accroissent la disponibilité d’élé-
du principe de la fermeture des cycles des matières ments nutritifs comme l’azote, favorisent la forma-
en réduisant autant que possible leur dépendance tion d’une structure grumeleuse et stimulent l’acti-
aux engrais et aux produits phytosanitaires. Pour ce vité biologique du sol.
faire, ils recyclent efficacement les éléments nutritifs Des rotations longues avec des cultures moins
dans le cycle de l’exploitation (valorisation des en- intensives, comme les céréales, contribuent à la ré-
grais de ferme) et cultivent des légumineuses. duction des maladies transmises par le sol.
Dans le domaine de la protection des plantes, Une couverture du sol aussi permanente que
des mesures préventives sont mises en œuvre afin possible réduit le risque d’érosion, protège le sol
de promouvoir une croissance saine et vigoureuse contre le dessèchement et la lixiviation des éléments
des plantes et de réduire le risque d’infestation par nutritifs, tout en favorisant la formation d’humus.
des organismes nuisibles. Les déficits en nutriments peuvent être comblés par
l’apport d’engrais appropriés.

Maintenir la fertilité et la santé


naturelles du sol Promouvoir une forte biodiversité
Des habitats variés et proches de l’état naturel dans
Le maintien d’un haut niveau de fertilité et de santé les cultures maraîchères ou à leurs abords peuvent
naturelles du sol exige une gestion raisonnée du sol, contribuer dans une large mesure à une régulation
avec des rotations culturales équilibrées adaptées efficace et naturelle des ravageurs dans la produc-
au site et un travail du sol en douceur pour préser- tion maraîchère bio, car ils favorisent le développe-
ver les réserves humiques. ment des antagonistes naturels des ravageurs. En
La courte période de végétation de la plupart particulier pour les cultures de longue durée comme
des cultures maraîchères et les exigences élevées en les choux ou les carottes, des bandes semées avec
matière de régulation des mauvaises herbes néces- des fleurs sélectionnées, appelées bandes fleuries,
sitent un travail intensif du sol à intervalles réguliers. peuvent augmenter considérablement les popula-

Illustration  1: Principes de la production maraîchère biologique

Santé Écologie
Renoncement aux
herbicides

Protection biologique des plantes Promotion de la biodiversité

Les quatre principes de l’IFOAM,


Travail du sol en douceur Cycles des matières bouclés
la Fédération internationale des
mouvements d’agriculture biologique,
constituent le cadre idéal pour Responsabilité sociale Fertilité naturelle du sol
l’agriculture biologique et son
développement. Les exigences
concrètes pour la production Commerce équitable Élevage animal adapté à l’espèce
agricole, la transformation et le
commerce sont définies dans les
directives bio de droit public et
privé. Les principes de base pour les Utilisation parcimonieuse des ressources
cultures maraîchères apparaissent en
gras dans l’illustration. Equité Précaution

4 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


tions d’auxiliaires et contribuer à une régulation
autonome des ravageurs.
Les sous-semis ou les semis de trèfle dans des
cultures telles que les courges, les choux ou les to-
mates contribuent à une plus grande biodiversité
pendant les phases de croissance des cultures qui
tolèrent les adventices, car ils offrent le gîte et le
couvert aux auxiliaires.
La promotion de la biodiversité aérienne des
plantes et des insectes, la culture d’engrais verts
et l’apport d’engrais organiques favorisent la bio-
diversité dans le sol. Une flore du sol diversifiée Un sol biologiquement actif abritant une faune diversifiée favorise le développement
contribue à un sol biologiquement actif permettant de plantes robustes et nourries de manière équilibrée.
une mobilisation intense des nutriments et garantis-
sant un bon approvisionnement en eau des cultures.
Méthodes préventives efficaces
Renoncer aux herbicides L’application systématique de mesures phytosani-
taires préventives doit permettre de minimiser la
L’agriculture biologique renonce par principe à propagation des agents pathogènes, d’augmenter la
l’utilisation d’herbicides. Les herbicides détruisent résistance des plantes et de réduire le risque d’infes-
la flore messicole et donc la base alimentaire des tation (voir illustration 2). Dans l’idéal, ces mesures
auxiliaires, des oiseaux et autres animaux sauvages, préventives permettent d’éviter l’usage de produits
ce qui peut avoir de graves conséquences sur l’équi- phytosanitaires.
libre écosystémique. Au lieu d’utiliser des herbicides, Si une maladie ou un ravageur s’installe néan-
les mauvaises herbes sont régulées dans la produc- moins dans une culture de légumes, l’agriculture
tion maraîchère bio par des rotations de cultures, biologique ne dispose que de produits phytosa-
des variétés adaptées aux sites, des sous-semis, le nitaires autorisés partiellement efficaces. Comme
paillage du sol et l’emploi de machines et méthodes certains produits phytosanitaires bio peuvent éga-
sophistiquées comme les «faux semis» (voir la fiche lement nuire aux auxiliaires, les agricultrices et agri-
technique du FiBL «Le contrôle des adventices en culteurs bio attachent une grande importance à la
maraîchage biologique», shop.fibl.org > 1075). mise en œuvre optimale des mesures préventives.
La protection des plantes en maraîchage biologique
doit commencer bien en amont.

Illustration  2: Pyramide agroécologique de protection des plantes

Produits phytosanitaires,
phéromones et méthodes physiques
Mesures directes
de protection des
plantes
Lutte biologique: utilisation de bactéries,
Parcelle
virus, auxiliaires, etc.
La stratégie de protection des plantes en agriculture
biologique se base sur des mesures préventives qui
Services écosystémiques: promotion des auxiliaires, bandes accroissent le potentiel de régulation naturelle du
fleuries spécifiques pour auxiliaires, plantes compagnes système. Ce n’est qu’en cas d’infestation (imminente)
que des mesures de lutte directe contre des organismes
Mesures indirectes nuisibles spécifiques sont mises en œuvre. L’application
Choix du site et des variétés, techniques culturales de protection des de cette stratégie nécessite des contrôles réguliers des
plantes
cultures et une bonne connaissance de la biologie des
Exploitation
maladies, des ravageurs et des auxiliaires, ainsi que
Protection de la nature et développement durable: de l’efficacité des différentes mesures et de leurs effets
extensification, valorisation écologique et mise en réseau du paysage secondaires.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 5


Valorisation écologique et mise en réseau du paysage
La prolifération massive de certains ravageurs se
produit de plus en plus souvent aux endroits où les
antagonistes naturels sont en nombre insuffisant ou
totalement absents. Un réseau d’habitats semi-natu-
rels comme les haies, les jachères florales (surfaces
pluriannuelles semées de plantes sauvages indi-
gènes) et les ourlets entretenus de manière exten-
sive favorisent une grande diversité d’auxiliaires à
proximité directe des cultures.

Promotion durable des auxiliaires


Pour favoriser le développement des insectes utiles,
les plantes nectarifères sont particulièrement im- Un braconide Cotesia glomerata en train de parasiter des larves de
portantes, car elles constituent la base de leur ali- piéride du chou. Les larves de braconides se développent à partir
des œufs déposés dans les larves du ravageur. Les microguêpes
mentation. Les habitats semi-naturels à proximi-
adultes, en revanche, se nourrissent de nectar et de miellat facilement
té des cultures offrent de la nourriture et un abri accessibles. Pour l’hivernage, ces antagonistes naturels et efficaces
aux auxiliaires, même en dehors des périodes de ont besoin d’arbustes, de bosquets, de jachères et d’ourlets plurian-
culture. Grâce à leur proximité avec les cultures, ces nuels situés à une distance maximale de 200 m de la culture.
biotopes garantissent une réaction imminente des
insectes utiles face au développement des popula-
tions de ravageurs, dont la trop forte prolifération noirs, p. ex., sont des hôtes intermédiaires du pu-
est ainsi entravée. ceron des racines et doivent être évités autant que
possible. Les mélanges d’engrais verts contenant
Minimiser les risques potentiels des crucifères, comme la navette ou la moutarde,
Certaines plantes peuvent également servir d’hôtes peuvent transmettre la hernie du chou et servir de
intermédiaires pour les ravageurs et maladies des quartier d’hiver à des ravageurs comme la mouche
légumes. Le choix des espèces végétales est donc blanche. Par ailleurs, les limaces, les campagnols ou
déterminant lors de la plantation de haies ou le la mouche de la carotte peuvent migrer depuis les
semis de jachères et d’engrais verts. Les peupliers surfaces semi-naturelles environnantes.

Plus les habitats diversifiés et proches de la nature forment un réseau dense autour et dans les champs de légumes, plus la production maraîchère
peut profiter du développement de la biodiversité naturelle. Il s’agit de promouvoir d’une part les bandes fleuries pour auxiliaires, les jachères
florales, les talus, les ourlets fleuris exploités de manière extensive et d’autre part, les bosquets, les haies champêtres et les petites structures, telles
que des tas de bois ou de pierres.

6 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Techniques culturales préventives
Toutes les mesures préventives qui favorisent le
développement rapide de plantes saines et vigou- Encadré 1: Résistances et tolérances
reuses permettent de réduire ou d’éviter le risque déterminantes pour les légumes de
d’attaque par des organismes nuisibles. Il s’agit ici plein champ
de combiner diverses mesures pour renforcer la ré- • Résistances au mildiou (Bl 16-36) pour les
silience du système de culture dans son ensemble laitues (Lactuca spp.)
et d’utiliser de manière ciblée des mesures indivi- • Tolérances au puceron des racines et
duelles contre certains ravageurs et maladies spé- résistances aux pucerons pour les salades
cifiques. Ces deux dispositifs associés requièrent • Tolérances à l’alternariose pour les carottes
des connaissances pointues de la biologie des orga- • Tolérances aux virus pour les courgettes et
nismes nuisibles, de la sensibilité des cultures et des autres cucurbitacées
interactions, ainsi que des facultés d’observation et • Tolérances à la hernie du chou pour les choux
une grande expérience.

Semences
Un sol sain pour des plantes saines Selon le règlement de l’UE, seules les semences is-
sues de multiplication biologique (semences bio)
Les mesures préventives de protection des plantes peuvent être utilisées en agriculture biologique.
commencent par un sol en bonne santé. Les sols Cette exigence doit également être respectée par
riches en humus et biologiquement actifs ont tou- les organisations labellisatrices privées.
jours un effet inhibiteur sur les maladies et per- L’approvisionnement du marché en semences
mettent une croissance équilibrée de plantes résis- bio pour la culture professionnelle étant parfois
tantes. Ils constituent donc le socle indispensable encore insuffisant, les détenteurs de labels peuvent
d’un développement sain des plantes cultivées. accorder des dérogations. L’utilisation de variétés
éprouvées dans la pratique et issues de la multipli-
cation conventionelle, mais aux semences non traî-
Choix des variétés et semences tées, peut donc être exceptionnellement autorisée.
Plusieurs pays d’Europe utilisent la base de
Choix des variétés données OrganicXseeds (www.organicxseeds.com)
L’utilisation de variétés résistantes ou tolérantes et comme source d’information sur la disponibilité
adaptées aux sites de production est une mesure des semences bio en quantité et en qualité. L’utili-
décisive pour minimiser l’utilisation de produits sation de semences conventionnelles est soumise à
phytosanitaires. Outre les résistances et tolérances des règles spécifiques à chaque pays.
spécifiques (voir encadré 1), et autres propriétés es-
sentielles également en agriculture conventionnelle,
les variétés destinées à l’agriculture biologique
doivent présenter les caractéristiques suivantes:
• Résistances aux maladies transmises par
le sol et les semences (non intégrées dans les
­programmes de sélection conventionnels)
• Développement juvénile rapide
• Empêcher le développement des adventices
• Bonne stabilité pour les plantes hautes
• Meilleure valorisation des éléments nutritifs
grâce à un système racinaire développé et favo-
risant les symbioses avec les microorganismes
• Adaptation optimale aux conditions pédoclima-
tiques locales (exigences en matière de tempéra-
ture, longueur du jour, durée de culture)
• Critères de qualité (p. ex. qualités gustatives)
L’alternariose peut être évitée en utilisant des variétés résistantes. Le choix de variétés
résistantes est une mesure phytosanitaire efficace et neutre en termes de coûts.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 7


Encadré 2: Les semences biologiques
peuvent-elles être traitées? Rotation des cultures
Les semences traitées avec des produits chimiques Une rotation des cultures équilibrée et judicieuse
de synthèse ne sont pas autorisées en agriculture permet de minimiser de nombreux problèmes
biologique. En revanche, les traitements à l’eau phytosanitaires, en particulier les maladies et les
chaude, à la vapeur d’eau ou au vinaigre sont ravageurs transmis par le sol, tels que la hernie du
admis. chou, les nématodes, les maladies du flétrissement,
la sclérotiniose et les fusarioses. Mais il est égale-
ment possible de réduire la pression des ravageurs
Choix du site qui passent l’hiver dans le sol ou à proximité de
la culture, comme l’altise, la mouche du chou ou
C’est à leur emplacement naturel que les plantes la cécidomyie du chou, en respectant des pauses
sont les plus résistantes. Des conditions climatiques suffisamment longues entre les cultures sensibles
et édaphiques adaptées aux exigences d’une culture et en les éloignant géographiquement de la culture
favorisent un développement optimal. précédente. Voir les exemples sur l’illustration 3.

Comment choisir le site? Comment gérer la rotation?


• Tenir compte des conditions climatiques • Respecter une rotation équilibrée sur au moins
régionales et locales, telles que la température 4 ans.
moyenne annuelle, le volume de précipitations • Respecter les intervalles entre 2 cultures de la
et les risques de gel tardif/précoce. même famille ou entre deux cultures présentant
• Tenir compte du microclimat spécifique à une les mêmes sensibilités.
parcelle. Éviter les zones humides comme les • Respecter la distance temporelle et spatiale avec
cuvettes ou les lisières de forêt. Préférer les les cultures de l’année précédente, les cultures
endroits ensoleillés et ouverts au vent. précoces et les cultures tardives des mêmes
• Renoncer à une culture si la pression d’un orga- familles ou des mêmes groupes de sensibilités.
nisme nuisible est trop élevée dans une région. • Tenir compte des besoins en éléments nutritifs
• Tenir compte du type de sol lors du choix de la des cultures lors de la planification de la rota-
culture. Éviter les sols lourds et l’eau stagnante, tion (cultures exigeantes après les légumineuses
respecter le pH. et avant les cultures peu exigeantes).

Illustration  3: Exemples de rotation pour une production maraîchère couronnée de succès

é e 1 re ann
e nn ée
4 a
Carottes 8 1 Trèfle-graminées Trèfle-graminées 7 1 Chou

Engrais vert gélif


1
re

ée

7
an

nn
née

4 ea

Salades 2 Poireau Céréales 6 2 Pois


6
(2 cultures)
rotation rotation
sur 4 ans sur 4 ans
ée
3e anné

2 e an n
e

Seigle à faucher 5 3 Seigle à faucher Oignons 5 3 Pommes


en vert en vert de terre
3e
an
n ée
e
nné 4
4 2e a Engrais vert gélif
Chou

Les cultures exigeantes en éléments nutritifs sont placées au début de la rotation, à la suite d’un engrais vert composé d’un mélange trèfle-­
graminées, de seigle à faucher en vert ou de pois, dont le but est de revitaliser le sol. Suivent ensuite les cultures moins exigeantes, et là encore,
il est recommandé de cultiver des engrais verts en couverture du sol pour stocker les nutriments, plutôt que de laisser les sols nus en hiver.

8 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Date de semis ou de plantation Comment assurer une bonne aération?
• Choisir de plus grandes distances de plantation
Plus une culture reste longtemps sur une parcelle, (3 rangs par planche pour les oignons, 9 plantes
plus le risque d’attaques de ravageurs ou de mala- par m² pour les salades, 75 cm d’espacement
dies s’accroît. C’est pourquoi il convient de choisir entre les rangs pour les carottes).
des conditions de culture appropriées pour que la • Orienter les rangs dans le sens du vent.
durée de culture soit aussi courte que possible. • Limiter la présence de mauvaises herbes pour
favoriser une meilleure aération.
Comment planifier une culture?
• Ne semer ou planter que dans un sol suffisam-
ment réchauffé. Encadré 3: Avantages de la culture sur
• Planter au lieu de semer: dans des conditions buttes
favorables, le repiquage de jeunes plants • Meilleure aération du couvert végétal
réduit considérablement la durée de culture. • Meilleure résistance aux maladies racinaires
La culture des jeunes plants fragiles doit se faire • Séchage rapide des plants cultivés en hauteur
sous abri.
• Éviter les périodes où le risque d’infestation est
élevé. Irrigation
• Éviter une forte pression d’infestation par la
mouche de la carotte ou la psylle de la carotte Une irrigation raisonnée favorise l’approvision-
en été en optant pour une culture précoce ou nement des plantes en nutriments et minimise le
tardive. risque d’infection par des maladies.
• En cas de risque élevé d’infestation par la
­cécidomyie du chou, éviter la culture du brocoli Comment optimiser l’irrigation?
en été. • Un approvisionnement en eau suffisant, mais
pas excessif, favorise une levée rapide des semis
et une croissance vigoureuse des jeunes plants.
Système de culture et • En irriguant le matin, les plantes et le sol
sèchent rapidement, ce qui réduit les attaques
espacement des plantes de champignons et de limaces.
• Les systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte
Un système de culture optimisé garantit des condi- protègent les cultures sensibles contre les
tions de croissance favorables au niveau racinaire ­maladies fongiques, car le feuillage reste sec.
et végétatif. Il prévient les fermentations anaérobies • Un arrosage régulier perturbe le développe-
dans le sol et favorise le séchage rapide des feuilles. ment des thrips et des pucerons.

Les plants de salade plantés sur un film de paillage sèchent plus La culture sur buttes avec de grands espacements entre les rangs améliore l’aération
rapidement et sont donc moins sensibles à l’oïdium. dans la culture et réduit ainsi les maladies fongiques (p. ex. l’alternariose).

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 9


De courtes impulsions d’arrosage pendant 15 minutes peuvent perturber le développement Un compost bien décomposé est non seulement un bon engrais de
des ravageurs. fond P/K, mais il enrichit également le sol en humus.

Entretien du sol et fertilisation Comment assurer une bonne hygiène?


• Empêcher la propagation des maladies et des
La fertilité du sol est une condition primordiale ravageurs provenant de parcelles infestées par
pour le développement de plantes vigoureuses et le biais des outils et des machines. Nettoyer
robustes. Un approvisionnement équilibré et suffi- grossièrement les outils après utilisation dans
sant en nutriments permet une croissance harmo- les champs et les laver soigneusement au jet sur
nieuse et augmente la résistance des plantes. l’aire de lavage. Désinfecter régulièrement les
La forte minéralisation des réserves en humus couteaux servant aux récoltes avec de l’alcool
liée au travail intensif du sol dans les cultures ma- à 70 %.
raîchères nécessite des mesures de reconstitution • Le respect des règles d’hygiène est particulière-
des réserves. Les composts fournissent l’humus ment important dans la culture de jeunes plants
stable qui se minéralise lentement et dont les ré- afin d’éviter la propagation ultérieure de mala-
serves régénèrent le sol à long terme. Les composts dies et de ravageurs dans les champs. Nettoyer
peuvent en outre inhiber les maladies transmises les caissettes de semis et de repiquage après
par le sol et améliorer la santé de celui-ci. L’azote utilisation avec de l’eau chaude sous pression.
du compost produit ses effets à long terme par le • Traiter les jeunes plants présentant une faible
biais de l’amélioration du sol. infestation de ravageurs avant de les planter.
Les résidus de récolte et les engrais verts in- Cela permet de réduire la charge de travail au
corporés au sol se minéralisent rapidement et four- champ et nécessite moins de produits phytosa-
nissent de l’azote et d’autres précieux nutriments. nitaires que sur toute une parcelle de culture.
• Ne pas réincorporer les déchets de condition-
Comment raisonner la fertilisation? nement des légumes dans les champs, mais les
• Un apport élevé d’azote favorise la croissance, destiner à l’affouragement des animaux ou les
mais aussi la sensibilité aux maladies comme acheminer vers des installations de compostage
le Botrytis (pourriture grise) et aux ravageurs ou de biogaz. Lors du compostage, s’assurer
comme les pucerons ou la cécidomyie du chou. que les maladies sont éliminées par une oxygé-
• Pour maintenir la teneur en humus du sol, nation active des andains (assainissement par
la rotation des cultures doit intégrer 20 % de la chaleur).
surfaces herbagères (trèfle-graminées), d’en- • Broyer et incorporer rapidement les résidus
grais verts ou de jachères tournantes (jachères de récolte dans le sol afin d’interrompre le cycle
pluriannuelles). de développement des ravageurs tels que la
mouche blanche.
• Éviter le développement tardif des mauvaises
Mesures d’hygiène herbes et, en particulier, éliminer à temps les
mauvaises herbes qui servent d’hôtes intermé-
L’application systématique de mesures d’hygiène diaires aux maladies et ravageurs.
dans les champs et sur l’exploitation peut contri- • La culture d’engrais verts empêche la pro-
buer de manière décisive à interrompre les cycles lifération des mauvaises herbes et réduit la
de développement des bioagresseurs ou à endiguer ­propagation de maladies et ravageurs sur les
leur propagation. résidus de récoltes.

10 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Promotion ciblée des auxiliaires
De nombreux auxiliaires ont un rayon d’action li- Illustration  4: Favoriser les auxiliaires en deux étapes
mité. C’est pourquoi il peut être judicieux de favo-
riser de manière ciblée le développement des au- •1
xiliaires (service écosystémique) dans les cultures
et aux alentours. Des bandes fleuries spécifiques à
la culture, ensemencées à proximité immédiate et
des plantes compagnes dispersées dans la culture
(bleuets,...) attirent les auxiliaires depuis leurs quar-
tiers d’hiver, tels que les haies, les jachères ou les
ourlets. Les plantes nectarifères sélectionnées at-
tirent et favorisent des auxiliaires spécifiques. Ain- La bande fleurie (à droite) attire les auxiliaires avec une offre précoce et abondante
si, les auxiliaires comme les insectes parasitoïdes de nectar lorsque ceux-ci quittent leurs quartiers d’hiver semi-naturels (jachères florales
­pluriannuelles, ourlets fleuris, etc.).
peuvent s’établir très tôt dans la culture et former
une population importante. Cela augmente consi-
dérablement l’efficacité de la régulation biologique 2
des ravageurs, en particulier contre les petites es-
pèces peu mobiles. Comme les cultures maraîchères
font l’objet d’attaques répétées sur toute leur surface,
des mesures doivent être prises à l’intérieur, mais
également à l’extérieur de la surface cultivée pour
que les auxiliaires soient très efficaces.

Comment favoriser les auxiliaires? Après la plantation des choux, la bande fleurie fournit continuellement de la nourriture
À l’intérieur des cultures et un abri aux auxiliaires. Des bleuets placés entre les plants de choux servent de passe-
relles et favorisent le parasitage des ravageurs. En automne, les auxiliaires recherchent
• Semer des bandes fleuries pour auxiliaires
des habitats pluriannuels pour passer l’hiver.
à base des plantes nectarifères sélectionnées
(p. ex. une bande fleurie de 3 m de large avec
40 % de vesce fourragère, 11 % de sarrasin,
4 % de bleuet et 0,1 % de coquelicot) le long des
parcelles de choux. Cette bande fleurie favorise
de manière ciblée les insectes parasitoïdes des
pucerons et des chenilles. Pour accroître l’effi-
cacité des auxiliaires, on peut également semer
des bleuets entre les plants de choux (voir
illustration 4).
• Intégrer des cultures dérobées hivernantes,
des engrais verts ou des jachères tournantes
dans la rotation des cultures. Ces cultures
garantissent une offre de nourriture et les abris
nécessaires aux auxiliaires grâce à la couverture
végétale hivernale non perturbée et riche en
plantes herbacées.

En dehors des cultures


• Les bandes herbacées exploitées de manière Les espèces végétales qui composent le mélange pour bandes fleuries produisent du
extensive, les jachères florales, les haies, les nectar extrafloral (vesce, bleuet) ou offrent aux auxiliaires un nectar facilement accessible
dans les fleurs (sarrasin).
tas de pierres, les nichoirs et les perchoirs
favorisent les insectes et les oiseaux utiles qui
migrent vers les surfaces cultivées.
• Les bandes enherbées/bandes vertes praticables
offrent à différents auxiliaires la possibilité de
se réfugier et un abri pour hiverner.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 11


Lutte biologique
Le lâcher sélectif d’organismes vivants pour la ré- Les préparations à base de Baculovirus, telles que
gulation ciblée des ravageurs est très efficace, sur- «Tutavir» ont un effet régulateur sur la mineuse
tout dans les cultures sous abri. Nous distinguons sud-américaine de la tomate (Tuta absoluta).
4 types d’organismes de biocontrôle utilisés en lutte
biologique: Les auxiliaires (parasitoïdes et préda-
teurs), les virus, les bactéries et les champignons. Bactéries
Certaines préparations bactériennes sont autori-
Auxiliaires sées dans les cultures maraîchères biologiques. La
préparation la plus connue est à base de diverses
En serre souches de Bacillus thuringiensis (Bt). Les prépara-
Le lâcher d’auxiliaires dans les serres est très répan- tions Bt sont très efficaces et agissent de manière
du en raison de l’efficacité de la méthode et de l’ab- sélective contre différents insectes nuisibles, tout en
sence de résidus chimiques. Par exemple: préservant les auxiliaires.
• Acariens prédateurs (Amblyseius ssp.) contre les
tétranyques ou les thrips
• Microguêpes parasitoïdes (Encarsia formosa, Encadré 4: Propriétés des
etc.) ou punaises prédatrices (Macrolophus ­préparations Bt
­caliginosus) contre les mouches blanches • Le Bt agit par ingestion et détruit le tube digestif
• Cécidomyies prédatrices (Aphidoletes) contre des larves d’insectes. Il n’est pas dangereux
divers pucerons pour les êtres vivants à sang chaud.
• Bourdons (Bombus) comme pollinisateurs dans • Le Bt est le plus efficace contre les chenilles aux
les cultures en serre 1er et 2e stades larvaires et à des températures
diurnes comprises entre 15 et 20 °C.
En plein champ • Le Bt est sensible aux rayons UV et au temps
En plein champ, le lâcher d’auxiliaires n’est que par- chaud et humide. L’application des préparations
tiellement efficace, car le risque de migration des Bt avec des systèmes de buses qui pulvérisent
auxiliaires est élevé. C’est pourquoi quelques rares la face inférieure du feuillage (droplegs) amé-
auxiliaires sont autorisés en plein champ: liore leur efficacité, car le dépôt de pulvérisation
• Microguêpes parasitoïdes (Trichogamma) contre est mieux protégé contre le lessivage et les
la pyrale du maïs rayons UV.
• Canards coureurs indiens contre les limaces

Champignons Préparations microbiennes


Les champignons peuvent être utilisés dans les Les préparations microbiennes sont composées de
cultures maraîchères aussi bien pour la régulation souches sélectionnées de différentes espèces de
des ravageurs que pour celle des maladies. Ainsi, bactéries ou de champignons, utilisées individuel-
les champignons Beauveria et Metarhizium, appli- lement ou en mélange. Les bactéries et les champi-
qués deux fois par an, permettent de réguler les gnons peuvent influencer et stimuler la santé, l’équi-
larves des hannetons communs et de la Saint-Jean libre hormonal et la croissance des plantes grâce
(vers blancs). à leurs sécrétions métaboliques. Certaines espèces
de champignons, comme les mycorhizes, peuvent,
grâce à leur vaste réseau d’hyphes souterrains, at-
Virus teindre des éléments nutritifs fixés dans les couches
plus profondes du sol et les rendre assimilables par
Les virus de la granulose sont encore peu utilisés. les plantes.
Cependant, les virus agissent de manière très sélec- Par ailleurs, les microorganismes entrent éga-
tive et souvent contre une seule espèce de ravageur. lement en concurrence spatiale avec des champi-
Ils sont néanmoins sensibles aux rayons UV et faci- gnons nuisibles ou parasitent des ravageurs, rédui-
lement lessivés par l’arrosage ou la pluie. sant ainsi leur densité dans le sol ou sur les racines.

12 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Mesures directes de protection
des plantes: méthodes
physiques, phéromones et
pesticides

Méthodes physiques
Filets et voiles de protection des cultures
Les filets de protection des cultures et les voiles
non-tissés sont des outils très appréciés dans la
production maraîchère bio pour tenir divers rava-
geurs à l’écart des cultures ou protéger les cultures
des dégâts de gibier. Les filets sont principalement
utilisés pour la culture des choux, radis blancs, radis,
carottes, poireaux et pour la production de jeunes
plants de haricots. Au printemps et en automne, les
voiles non-tissés sont souvent utilisés à la place des Les filets de protection peuvent protéger efficacement les cultures contre différents
filets, car ils emmagasinent davantage de chaleur et ­ravageurs. Pour une efficacité optimale, ils doivent être hermétiquement ancrés sur les
bords et lestés afin d’éviter que les ravageurs ne se glissent sous les filets.
permettent donc de hâter ou rallonger la production.

Avantages
• Protection efficace contre les ravageurs difficiles
Encadré 5: Comment utiliser correctement
à contrôler par d’autres méthodes.
les filets de protection des cultures?
• Effets positifs sur la structure du sol et sur le
• Recouvrir les semis avant même la levée des
microclimat, car les filets réduisent l’évapora-
cultures et les jeunes plants immédiatement
tion et favorisent des températures plus élevées,
après la plantation.
ce qui améliore les conditions de croissance des
• Ne planter que de jeunes plants exempts d’or-
plantes.
ganismes nuisibles tels que pucerons et mouches
• Protection des cultures contre les salissures
blanches.
en cas de fortes pluies et réduction des dégâts
• Bien ancrer les filets sur les bords pour éviter
causés par la grêle.
que des ravageurs ne pénètrent de l’extérieur.
• N’effectuer les mesures d’entretien qui néces-
Inconvénients
sitent l’enlèvement des filets que lorsque le
• Coûts relativement élevés pour une utilisation à
ravageur est peu actif (moment déterminé de
grande échelle.
la journée ou conditions météo adéquates).
• Charge de travail supplémentaire pour l’en-
Remettre les filets en place au plus vite.
tretien des cultures (p. ex. pour la régulation
• Empêcher l’hivernage des ravageurs (thrips,
des mauvaises herbes), car il faut retirer puis
­altise, mouche de la carotte ou mouche grani-
remettre en place les filets.
vore du haricot) dans le sol par une rotation
• Développement accru des maladies fongiques
appropriée des cultures. Les ravageurs présents
vers la fin de la culture (surtout sous les filets
dans le sol trouvent des conditions idéales pour
à fines mailles), car les cultures sèchent moins
se multiplier sous les filets.
bien sous les filets. Un retrait précoce des filets
• Utiliser un filet adapté à la culture et aux rava-
permet d’éviter le problème.
geurs potentiels: Les filets légers (< 20 g/m2)
• Risques de lésions dues à la pression sur les
sont conçus surtout pour les plantes sensibles:
cultures sensibles comme les salades en cas de
salades (contre les pucerons) ou radis (contre
vent fort et de pluie.
la mouche du chou). Les filets plus lourds
• Risque d’accumulation de chaleur par temps
(> 20 g/m2) sont conçus pour les plantes plus
chaud.
robustes: choux et carottes.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 13


Tableau 1: Filets de protection des cultures et domaines d’application

Dimension Exemples Efficace contre Poids Durée de vie


des mailles (g/m2) (années)
< 0,1 mm Voile de protection Tous les insectes nuisibles 17–22 1
< 0,9 mm Filbio Thrips, pucerons, altise, mouche blanche, 17–31 2–4
Biocontrol Net 0.9 cécidomyie du chou 65 6–8
Rantai S 70 5
< 1,4 mm Rantai K Mouche de la carotte, mouche du chou, 56 5–7
Biocontrol Net 1.3 mouche granivore du haricot, teigne du poi- 56 6–8
reau, charançon de la tige du chou, noctuelle
du chou, piéride du chou, teigne du chou
> 2 mm Filets contre les oiseaux Oiseaux, lapins 40 6–8

Pièges à phéromones, pièges Pièges chromatiques


Les pièges chromatiques sont installés à proximité
chromatiques et produits répulsifs et au-dessus des cultures. Les pièges chromatiques
orange servent à la détection précoce de la mouche
Comme la plupart des insectes adultes volent, leur de la carotte (Psila rosae) et de la psylle de la carotte
activité peut être surveillée ou, dans certains cas, (Trioza apicalis). Les pièges chromatiques bleus per-
régulée (p. ex. les mouches blanches) à l’aide de mettent de surveiller le vol des thrips (Thrips tabaci)
pièges. Les produits répulsifs servent à tenir les ra- dans les parcelles de poireaux, lorsqu’ils migrent
vageurs à l’écart des cultures. des champs de céréales en cours de maturation.
Le nombre d’insectes capturés donne des in-
dications sur la période et l’intensité des vols. Le
contrôle régulier des pièges permet de cibler l’utili- Important à savoir
sation de produits phytosanitaires (p. ex. contre la Les pièges chromatiques jaunes, en particulier,
cécidomyie du chou ou la mouche de la carotte), de peuvent également attirer et capturer des micro-
contrôler l’efficacité d’une mesure de lutte ou d’af- guêpes parasitoïdes et autres auxiliaires!
finer la stratégie de lutte avec des auxiliaires (p. ex.
pour le thrips).
Produits répulsifs
Pièges à phéromones Ces substances repoussent les ravageurs en raison
Les pièges à phéromones contiennent des attractifs de leur odeur désagréable. Le vol des insectes peut
sexuels spécifiques, grâce auxquels les femelles être surveillé à l’aide de pièges chromatiques, afin
d’une espèce attirent leurs partenaires pour l’ac- d’utiliser le plus efficacement possible les subs-
couplement. Si les diffuseurs de phéromones sont tances odorantes répulsives. L’huile d’oignon (p. ex.
disposés dans des pièges englués, les insectes mâles «Psila Protect») a un effet répulsif contre la mouche
attirés y restent collés. de la carotte. Les mouches ne sont pas affectées di-
Les pièges à phéromones sont utilisés dans rectement, mais l’odeur de l’oignon les perturbe et
différentes cultures de plein champ pour surveil- les dissuade de s’attaquer aux carottes.
ler la cécidomyie du chou (Contarinia nasturtii) et
la piéride du chou (Plutella xylostella), la teigne du Technique de confusion sexuelle
poireau (Acrolepiopsis assectella), ou encore la noc- La technique de confusion sexuelle n’est utilisée que
tuelle gamma (Autographa gamma) et la noctuelle dans les serres, p. ex. contre la mineuse sud-amé-
des semis (Agrotis segetum). Les pièges doivent être ricaine de la tomate (Tuta absoluta). Elle consiste à
remplacés à des intervalles réguliers ou au plus tard, installer de nombreux diffuseurs qui saturent l’at-
lorsque le fond englué est saturé d’insectes. mosphère avec des phéromones. La quantité de
phéromones émises naturellement par les femelles
est largement dépassée et les mâles sont incapables
de détecter une femelle de manière ciblée.

14 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Cultures associées
La culture simultanée de différentes plantes sur la
même parcelle ou planche permet de réduire les
attaques de certains ravageurs. Par exemple, une
culture mixte de céleri-branche et de poireau réduit
la propagation de thrips sur les poireaux. Ces lé-
gumes peuvent être plantés et récoltés mécanique-
ment en même temps avec une arracheuse par pré-
hension. Ce compagnonnage permet une régulation
efficace des ravageurs sans travail supplémentaire.

Produits phytosanitaires bio Les produits phytosanitaires biologiques contre les maladies n’ont qu’un effet p
c’est-à-dire qu’ils doivent être appliqués préventivement pour former une barrière
­ rotecteur,

­protectrice. C’est pourquoi, en complément des mesures prophylactiques telles que la


La promotion des mécanismes de régulation natu-
rotation des cultures, le choix des variétés et l’hygiène des champs, il est nécessaire
rels et le renoncement systématique aux produits d’observer régulièrement les cultures, afin de ne pas manquer les moments décisifs pour
phytosanitaires, issus de la chimie de synthèse et effectuer les traitements.
du génie génétique, sont deux principes essentiels
de la protection biologique des plantes. Dans la me-
sure où seules les substances naturelles sont auto- le moment optimal pour les traitements et de véri-
risées comme produits phytosanitaires biologiques fier l’efficacité de ces derniers.
(voir tableaux 2 et 3), aucune substance de synthèse La plupart des insecticides bio très efficaces
n’entre dans le cycle naturel. ont un large spectre et éliminent également des in-
Les produits phytosanitaires biologiques sectes utiles. Les insecticides bio à large spectre ne
agissent par contact ou ingestion. Ils n’ont pas d’ef- devraient donc être utilisés que lorsque les moyens
fet systémique, c’est-à-dire qu’ils ne circulent pas sélectifs ne présentent aucune chance de succès.
dans la plante traitée et se dégradent rapidement. Certaines préparations Bt constituent cependant
Cela explique leur moindre efficacité par rapport une exception.
aux produits chimiques de synthèse. L’ajout d’un agent adhésif comme l’huile de pin
L’efficacité de la plupart des produits phytosa- peut améliorer l’efficacité, en particulier pour les
nitaires biologiques dépend fortement des condi- espèces végétales présentant une cuticule épaisse,
tions météorologiques et du stade de développe- comme p. ex. les oignons. De nombreuses formu-
ment des organismes nuisibles. Cela nécessite des lations contiennent déjà des agents mouillants et
contrôles réguliers sur le terrain afin de déterminer adhésifs.

Tableau 2: Principaux fongicides autorisés dans les cultures maraîchères biologiques en Suisse

Types Substances actives Domaines d’application, remarques


(«produits commerciaux»)
Produits Soufre Oïdium des cucurbitacées, tomates et carottes
minéraux Cuivre Mildiou de la pomme de terre, septoriose, Alternaria, Cercospora,
Ramularia; effet partiel contre le mildiou; maladies bactériennes
Bicarbonate de potassium Oïdium: tomate, poivron, aubergine, concombre, melon, courgette,
(«Armicarb») choux, pois, céleri-rave, céleri-branche, persil tubéreux, panais,
­cucurbitacées
Produits Huile de fenouil Oïdium de la tomate et des cucurbitacées; attention: nocif, dangereux
végétaux («Fenicur») pour le milieu aquatique, corrosif; délai d’attente: 3 jours
Source: Liste des intrants du FiBL 2023 pour l’agriculture biologique en Suisse, voir l’édition actuelle sous fibl.org/fr/boutique > 1078

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 15


Tableau 3: Principaux insecticides autorisés dans les cultures maraîchères biologiques en Suisse

Types Substances Domaines d’utilisation Nocivité Remarques


actives pour les

Larves de mouches
Mouches mineuses
Mouches blanches
(«Produits auxi-
commerciaux») liaires

Tétranyques

Coléoptères
Pucerons

Chenilles
Thrips

Produits Pyréthrine × × × × ×  • Ajouter 0,2–1 % d’huile de colza pour


végétaux améliorer l’effet. Tester la compatibilité de
ce mélange avec les plantes (surtout si la
teneur en huile de colza est élevée).
Azadirachtine × × × ×  • L’utilisation contre les larves est générale-
(neem) ment la plus efficace. Efficacité à retarde-
ment.
• Application nécessaire sous forme de
­traitements en bloc (2–3 fois en 14 jours).
• Pour les pucerons, l’efficacité peut varier
en fonction de l’espèce.
Acides gras × ×  • Plusieurs traitements sont souvent néces-
­potassiques saires
• Effectuer le traitement le soir, car le dépôt
de pulvérisation doit tenir au moins
15 ­minutes.
Produits Spinosad × × × × ×  • Éviter les cultures en fleurs. Effectuer le
microbiens (p. ex. «Audienz») traitement tôt le matin ou tard le soir
(extraits de et avant ou après le vol des abeilles.
champignons) • Agit également contre les papillons de
nuit.
Micro­ Bt var. israeliensis ×  • Efficace contre les larves de sciarides
organismes (p. ex. «Solbac»)
(préparations Bt var. kurstaki ×  • Meilleure efficacité contre les jeunes
bactériennes) (p. ex. «Dipel») chenilles
• Appliquer le soir ou par temps couvert,
en raison de la forte sensibilité aux UV.
Bt var. aizawai ×  • Meilleure efficacité contre les jeunes
chenilles
• Appliquer le soir ou par temps couvert,
en raison de la forte sensibilité aux UV.
Bt var. tenebrionis ×  • Contre le doryphore sur les pommes de
terre et les aubergines

 = préserve les auxiliaires; ˜˜˜˜ = fortement nuisible aux auxiliaires


Source: Liste des intrants du FiBL 2023 pour l’agriculture biologique en Suisse, voir l’édition actuelle sous fibl.org/fr/boutique > 1078

16 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Stimulateurs des défenses
naturelles
Les stimulateurs des défenses naturelles servent à
induire une résistance accrue des plantes. Contrai-
rement aux produits phytosanitaires, ils n’ont pas
d’effet direct contre les maladies et les ravageurs.
Dans le cas contraire, ils doivent être homologués
en tant que produits phytosanitaires.
Les stimulateurs des défenses naturelles sont
utilisés à titre préventif et peuvent retarder ou ré-
duire les attaques d’organismes nuisibles. On sup- Ce jeune plant de brocoli est protégé contre les altises par un dépôt
pose que certains stimulateurs des défenses natu- de poudre de roche finement broyée et mise en suspension dans
de l’eau. Pour améliorer l’adhérence de la poudre de roche sur les
relles aident les plantes à induire des réactions de
choux (en raison de la cuticule de cire), un agent adhésif doit être
défense contre les organismes nuisibles (éliciteurs). ajouté à la poudre de roche.
En cas de forte pression d’infestation, l’efficacité
est en général insuffisante. C’est pourquoi ils sont
souvent utilisés en combinaison avec des produits • Pour les légumes à feuilles, il est recommandé
phytosanitaires ou des engrais biologiques. Le be- de renoncer à l’utilisation de poudres de roches.
soin de recherches est encore important.
Les stimulateurs des défenses naturelles peu­ Extraits d’algues
vent avoir diverses origines: Extraits de macro- et de microalgues sous forme
• Substances anorganiques (poudres de roches) liquide ou en poudre, utilisés contre les maladies et
• Substances organiques, telles que les extraits de comme biostimulants contre les facteurs abiotiques.
plantes et d’algues, le thé de compost
• Microorganismes comme les champignons Propriétés
­mycorhizes ou les bactéries • Les extraits d’algues brunes et vertes sont
relativement riches en matières organiques et
La réglementation de l’homologation des stimu- en minéraux, tels que le potassium et les oligo-­
lateurs des défenses naturelles varie d’un pays à éléments, contrairement aux algues rouges qui
l’autre et n’est pas la même dans l’UE que dans contiennent du calcaire.
d’autres pays. Il faut donc clarifier le domaine d’uti- • Accroissement de la résistance des plantes à
lisation de chaque produit, avant son usage. différentes maladies grâce à l’effet fertilisant et
stimulant par pulvérisation foliaire.
Poudres de roches Utilisation
Poudres de roches primitives finement broyées, • Applications répétées comme produit d’entre-
roches calcaires et composants riches en calcium, tien pendant la période de culture et lors de la
magnésium, oligo-éléments, silicium et CO₂ fixé culture de jeunes plants (épinards et oignons).
par les minéraux.
Décoctions et purins de plantes
Propriétés La prêle ou l’ortie sont mélangées à de l’eau pour
• Appliquées par poudrage des feuilles, elles obtenir des décoctions ou des purins.
induisent la formation de parois cellulaires
épaissies, ce qui peut rendre plus difficile la Propriétés
pénétration du mycélium des champignons. • La prêle a un effet contre les maladies fongiques
• Dans des conditions humides, elles ont en raison de sa teneur élevée en silicium.
un ­léger effet inhibiteur contre les insectes • Les purins d’orties favorisent la croissance et le
broyeurs. développement des plantes grâce à leur teneur
Utilisation relativement élevée en nutriments et en hormo­
• Contre le mildiou de la pomme de terre et de la nes végétales.
tomate, ainsi que contre l’oïdium de l’oignon. Utilisation
Utilisées dans les parcelles de tomates, des rési- • Le purin d’ortie enrichi (en poudre de corne) est
dus peuvent adhérer aux fruits. pulvérisé sous forme très diluée sur le feuillage.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 17


Technique d’application
Les fongicides et insecticides autorisés en agricul- pression d’infestation et du cycle de développe-
ture biologique agissent essentiellement par contact ment des ravageurs.
ou ingestion. La technique d’application est donc • Respecter le dosage correct des produits. Un
soumise à des exigences particulièrement élevées. dosage trop élevé peut entraîner des résidus
Une application optimale des produits accroît non sur la récolte et engendrer des coûts plus élevés.
seulement le succès du traitement, mais minimise En revanche, un dosage trop faible n’apporte
également les effets négatifs sur les organismes non pas le résultat escompté.
ciblés, préserve l’environnement et réduit les coûts • Assurer une pulvérisation intense et homogène
de traitement. y compris sur la face inférieure des feuilles, car
Outre une technique d’application optimisée et les substances actives biologiques agissent par
des produits phytosanitaires efficaces, le moment contact ou ingestion.
des traitements est également décisif pour le succès • Nettoyer les pulvérisateurs et les buses dans
de la régulation. Il faut donc tenir compte de plu- les règles après utilisation, assurer un entretien
sieurs aspects fondamentaux: régulier et procéder aux réglages corrects.
• Les produits autorisés jusqu’à présent contre
les maladies fongiques et bactériennes ne sont
efficaces que s’ils sont appliqués à titre prophy- Application de produits phytosanitaires
lactique sur des plantes en bonne santé. dans les cultures maraîchères denses
• Le risque d’infection par des maladies fon- • Les pulvérisateurs modernes et bien équipés,
giques et bactériennes est plus élevé lorsque ainsi que les pulvérisateurs à assistance pneu-
les feuilles sont humides. C’est pourquoi il faut matique, donnent de bons résultats lorsqu’ils
appliquer ces produits avant les précipitations, sont utilisés dans les règles de l’art.
lorsque le risque d’infestation est important et • Utiliser au moins 600 litres de bouillie de pulvé-
que les plantes sont en croissance. Il convient risation par hectare, même pour les pulvérisa-
de renouveler les traitements après des préci- teurs à assistance pneumatique.
pitations de plus de 20–25 mm, car le dépôt de • Utiliser une pression de travail suffisamment
pulvérisation est alors en grande partie lessivé. élevée de 7–10 bars pour assurer un bon bras-
• N’utiliser les insecticides et acaricides qu’en cas sage des feuilles.
de dépassement des seuils de tolérance spéci- • Les buses fines garantissent en principe un
fiques aux ravageurs. meilleur dépôt de pulvérisation. Toutefois, une
• Afin de déterminer le moment optimal pour ré- pression trop élevée entraîne une dérive plus
péter les traitements, tenir compte de la vitesse importante. Des buses plus grossières ou des
de dégradation des substances actives, de la buses à induction d’air permettent de réduire la
dérive.
• Les buses à double jet plat assurent une
meilleure pénétration dans le peuplement que
les buses à jet simple. Les supports de buses à
double jet (p. ex. «TwinSpray Cap») permettent
d’utiliser des buses à induction.
• En cas d’utilisation de buses simples sur la
rampe de pulvérisation, choisir un angle d’at-
taque incliné et traiter éventuellement la culture
dans les deux sens.
• Une rampe de pulvérisation plus proche du sol
agit plus profondément dans le peuplement.
Si la distance entre les buses et la culture est
importante, seules les parties supérieures des
plantes sont traitées.
• L’utilisation de pendillards (droplegs) améliore
considérablement la fixation du dépôt de pulvé-
Les droplegs permettent de traiter la face inférieure des feuilles, risation sur la face inférieure des feuilles.
où certains ravageurs comme les pucerons aiment se réfugier.

18 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Régulation des maladies et des ravageurs des carottes
Techniques culturales préventives Semences
• Utiliser des semences saines.
Rotation des cultures • Exiger du fournisseur de semences des graines
• Entre une culture de carottes et celle d’autres désinfectées à l’eau chaude ou à la vapeur sous
ombellifères (p. ex. fenouil ou persil), respecter pression.
un intervalle d’au moins 4 ans. Cela permet de • Lors de la production de semences de ferme,
réduire le risque d’infestation par la mouche de envisager la désinfection au vinaigre.
la carotte et des maladies spécifiques, telles que
les pourritures racinaires (Alternaria, Pseudocer- Date de semis
cospoidium) et les maladies foliaires. • En cas de risque d’attaque par la mouche de la
• En cas de risque élevé d’infestation par les vers carotte, planifier la date de semis des carottes
fil de fer, les nématodes ou la pourriture noire de manière à ce qu’elles puissent être récoltées
des racines, éviter le trèfle et les légumineuses 3–4 semaines après le vol principal de la der-
comme précédent cultural. En revanche, les nière génération. Les larves de la mouche de la
céréales constituent un bon précédent cultural. carotte se nourrissent des racines latérales pen-
Éviter les légumineuses en dérobée. dant les 4 premières semaines après la ponte et
ne causent pas encore de dégâts aux tubercules.
Choix du site/de la parcelle
• Une distance d’au moins 300 m par rapport aux Système de culture
parcelles de l’année précédente permet de ré- • La culture sur buttes avec un espacement des
duire la propagation de la mouche de la carotte. rangs d’au moins 60 cm améliore la santé des
• Comme les mouches de la carotte s’accouplent carottes et facilite leur récolte.
dans les haies ou les champs de maïs, éviter le • Selon les observations faites dans la pratique,
voisinage direct de ces plantes. un sarclage fréquent perturbe la mouche de la
• Les parcelles particulièrement ventées et sans carotte.
brouillard automnal réduisent également le • Butter les carottes lors du dernier passage de
risque d’infestation par la mouche de la carotte sarcleuse afin de protéger le collet des carottes
et l’alternariose du feuillage. de l’alternariose du feuillage et des dégâts cau-
• Éviter les parcelles avec de l’eau stagnante. sés par les campagnols.
• Dans les sols lourds, prévoir une récolte • Les filets de protection des cultures réduisent le
précoce, car une récolte à la fin de l’automne risque d’infestation par la mouche de la carotte
s’avère plus difficile. ou la psylle de la carotte, mais augmentent le
• Analyser les parcelles au plus tard l’année pré- risque d’alternariose du feuillage.
cédente pour détecter la présence de ­nématodes • Même si les filets sont enlevés suffisamment
à galles des racines ou examiner les plantes tôt, les feuilles sous le filet sont plus sensibles,
hôtes potentielles, comme les crucifères et les ce qui complique la récolte mécanique. En cas
composées. En cas de forte infestation, réali- de forte pression de la mouche de la carotte ou
ser une jachère noire, suivie d’une culture de de la psylle de la carotte, il est tout de même
céréales ou semer un engrais vert à base de judicieux d’utiliser les filets. Dès que le vol des
graminées telles que l’herbe du Soudan/sorgho ravageurs est terminé, retirer les filets.
ou l’avoine rude.
Récolte
Variétés • Récolter par temps sec, afin de réduire le risque
• Choisir des variétés au feuillage robuste et très de maladies des racines.
résistantes aux maladies du feuillage et des • Ne pas récolter par temps trop sec pour éviter
racines, telles que l’alternariose et les «taches les éraflures.
d’eau» (cavity spot). • Récolter les carottes de garde par basses tempé-
• Choisir des variétés à courte durée de culture, ratures.
autour de 120 jours, mais avec une capacité de • Un peu de terre dans les grandes caisses (de
conservation suffisamment longue. Celles-ci ne récolte) permet d’améliorer la capacité de
sont attaquées que par 1 génération de mouche conservation.
de la carotte au lieu de 2.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 19


Régulation des principales maladies de la carotte

Taches foliaires Oïdium Maladies des racines


Alternaria et Cercospora Erysiphaceae Alternaria, Chalara, Sclerotinia,
Fusarium, Pseudocercosporidium

Symptômes Symptômes Symptômes


• Taches foliaires brunes à noires • Feutrage blanc sur la face supé- • Pourritures noires pendant le stoc-
• Alternaria se développe surtout rieure des feuilles. kage, dues à Alternaria radicina,
au bord des feuilles âgées. Chalara spp., etc.
• Cercospora se développe à l’inté- Important à savoir • Feutrage mycélien blanc carac-
rieur des feuilles juvéniles (taches • Maladie fongique. téristique en cas d’attaque de
circulaires en forme d’oeil). • Propagation par temps chaud et Sclerotinia spp.
sec.
Important à savoir • Apparaît fréquemment dans les Important à savoir
• Transmission par les restes de cultures non irriguées. • Dans le cas d’Alternaria et de
récolte, adventices, semences. • En cas de pression modérée, Sclerotinia, l’infection des carottes
• Une forte humidité de l’air ou des les dégâts sont faibles, mais ils se fait à partir des semences ou
feuilles mouillées sont nécessaires peuvent toutefois servir de porte du feuillage.
à la contamination. d’entrée à d’autres maladies. • Le Fusarium s’attaque d’abord
• Une importante infestation rend la au collet.
récolte difficile et attaque le collet Lutte préventive • L’infection par Pseudocercospori-
des carottes. • Choisir des variétés robustes dium se fait à partir du sol.
(grandes différences entre les
Lutte préventive variétés!). Lutte préventive
• Choisir des variétés tolérantes, • En cas d’attaques répétées, • Éviter l’humidité stagnante.
désinfecter les semences. choisir une densité de peuple- • Privilégier la culture sur buttes.
• Broyer et enfouir rapidement les ment réduite afin de favoriser un • Ne pas récolter dans des condi-
résidus de récolte. séchage rapide des cultures. tions humides ou trop sèches.
• Respecter un intervalle de • Par temps sec, arroser brièvement • Éviter les blessures de récolte.
4–5 ans entre deux cultures. à intervalles réguliers. • Ne stocker que des carottes
• Choisir des situations exposées au saines et sans feuilles (pour éviter
vent, choisir un espacement entre Lutte directe les risques de pourritures).
les rangs > 60 cm. • Aucune mesure de lutte directe • Maintenir une température de
• Séparer les cultures précoces n’est nécessaire. stockage constante de 0–2 °C
des cultures tardives. Placer ces • En cas d’infection précoce, traiter pour éviter la condensation.
cul­tures tardives contre le sens du au soufre ou au bicarbonate
vent. (poudre à lever). Lutte directe
• Pas de lutte directe possible, sauf
Lutte directe inoculation du sol avec des cham-
• En cas de forte pression, pulvéri- pignons mycoparasites contre
ser du cuivre à titre préventif. Sclerotina («Contans»).

20 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Régulation des principaux ravageurs de la carotte

Mouche de la carotte Vers fil de fer Nématodes à galles des


Psila rosae Agriotes spp. racines
Meloidogyne spp.

Symptômes Symptômes Symptômes


• Galeries dans la partie inférieure • Galeries d’alimentation à l’inté- • Croissance réduite des plantes,
de la carotte. rieur des carottes. nids de plantes chétives.
• Les jeunes plantes dépérissent. • Carottes déformées.
Important à savoir • Formation de galles racinaires.
Important à savoir • Larve du taupin
• 3 générations par an en Europe. • Durée du cycle de développe- Important à savoir
• Préfère les climats doux et ment: 3–5 ans (selon l’espèce). • Plantes hôtes: presque toutes les
­humides. • La ponte au printemps a lieu de espèces de légumes, certaines
• Les jeunes larves blanches sans préférence dans les sols recouverts espèces de grandes cultures et
pattes se nourrissent d’abord des de végétation: prairies, céréales, d’adventices.
racines latérales. parcelles fortement envahies par • Les graminées ne sont pas
les adventices. ­attaquées.
Lutte préventive • Colonisation de nouvelles sur- • Les dégâts sont rares si les
• Distance minimale de 300 m par faces par les adultes ailés dans ­rotations sont respectées.
rapport aux cultures précoces et un rayon de quelques centaines • Apparaît surtout dans les sols
précédentes. de mètres (surveiller les parcelles légers, peu humifères et par
• Cultiver sur des sites venteux. voisines!). ­températures du sol élevées.
• Ne pas semer à proximité de • Les vers fil de fer migrent vers les
haies ou de champs de maïs. couches plus profondes du sol Lutte préventive
• Surveiller les vols avec des pièges en cas de sécheresse et/ou de • Examiner régulièrement les
chromatiques oranges. températures élevées du sol. ­parcelles à la recherche de néma-
• Récolter au plus tard 4 semaines todes. Rechercher des galles sur
après le vol principal. Lutte préventive les racines d’adventices.
• Cultiver les carottes à 3–4 an- • Ne pas broyer ou enfouir les
Lutte directe nées d’intervalle des mélanges carottes atteintes de galles.
• Sarcler et butter régulièrement trèfle-graminées, en fin de • Sur les surfaces infestées, cultiver
(perturbe le développement). rotation. des céréales exemptes de
• Couvrir les cultures avec des filets • Travailler le sol au printemps ­mauvaises herbes et de l’herbe
de protection (1,4 mm). (mars/avril) et à la fin de l’été du Soudan en dérobée.
• L’huile essentielle d’oignon a un (août/septembre) chaque année
effet partiel. en cas de problèmes. Lutte directe
• Broyer les résidus de récolte et les • Pas de lutte directe.
enfouir. Lutte directe • En cas de forte infestation, élabo-
• Réserver les écarts de tri au four- • Champignons antagonistes rer un plan d’assainissement avec
rage ou au compostage. ­(Metarhizium brunneum). le conseiller ou la conseillère.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 21


Régulation des maladies et des ravageurs des choux spp.
Techniques culturales préventives • Pour la culture en plates-bandes, changer
chaque année de site pour garantir un sol
Rotation des cultures exempt de hernie du chou.
• Dans les rotations incluant des espèces de
choux, ne pas utiliser d’engrais verts à base de Services écosystémiques
crucifères (moutarde ou radis oléifère). • Pour favoriser de manière ciblée les parasi-
• Ne pas cultiver d’espèces de grandes cultures toïdes des pucerons et des chenilles, semer des
de la même famille comme le colza. bandes fleuries de 3 m de large pour les auxi-
• Éliminer rigoureusement les adventices de la liaires, composées de plantes annuelles: 40 % de
même famille (capselle bourse-à-pasteur). vesce fourragère, 11 % de sarrasin, 4 % de bleuet
et 0,1 % de coquelicot.
Choix de la parcelle • Pour accroître le degré d’efficacité des auxiliai­
• Respecter une distance de plusieurs centaines res, planter des bleuets directement dans le peu-
de mètres avec d’autres crucifères comme le plement de choux.
colza, la moutarde ou des engrais verts.
• Chauler le sol si le pH est inférieur à 7. Culture
• Couvrir les cultures directement après la plan-
Variétés tation avec des filets de protection.
• Choisir des variétés résistantes à la nervation • Dès que le vol des principaux ravageurs est
noire des crucifères, à la hernie du chou et à la terminé, retirer les filets.
fusariose, et tolérantes à l’alternariose. • N’effectuer les travaux d’entretien qui néces-
sitent l’enlèvement des filets que lorsque le
Semences ravageur est peu actif (la mouche du chou vole
• Choisir des semences saines. le matin et le soir, l’altise est active au soleil).
• Exiger du fournisseur de semences la désinfec-
tion à l’eau chaude ou à la vapeur sous pression. Récolte
• Comme alternative ou lors de l’utilisation de se- • De nombreuses maladies et ravageurs comme
mences de ferme, désinfecter avec du vinaigre. la nervation noire des crucifères, l’alternariose
ou la mouche du chou peuvent hiverner sur les
Production de jeunes plants trognons. C’est pourquoi il est recommandé de
• En général, les jeunes plants sont en meilleure broyer les résidus de récolte (surtout les tro-
santé lorsqu’ils sont cultivés dans des plateaux gnons) et de les enfouir superficiellement pour
plutôt que dans des plates-bandes. qu’ils se décomposent rapidement.

Les bandes fleuries pour auxiliaires, combinées à d’autres techniques culturales préventives, se sont avérées efficaces pour réguler les ravageurs
du chou.

22 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Régulation des principales maladies des choux spp.

Nervation noire des crucifères Taches foliaires/alternariose Hernie du chou


Xanthomonas campestris des crucifères Plasmodiophora brassicae
Alternaria brassicae, A. brassicicola

Symptômes Symptômes Symptômes


• Taches jaunes, souvent triangu- • Taches annulaires brun-gris, • Croissance inhibée.
laires, délimitées par les nervures ­surtout sur les feuilles âgées. • Flétrissement par temps chaud.
des feuilles. • Hernies (excroissances, renfle-
• Les nervures des feuilles se Important à savoir ments) au niveau des racines.
­colorent en noir. • Maladie fongique
• Transmission par les semences et Important à savoir
Important à savoir les résidus de récolte contaminés. • Maladie tellurique; peut persister
• Maladie bactérienne. • Les feuilles humides favorisent plus de 10 ans dans le sol.
• Transmission par les semences. l’infection. • Apparaît surtout dans les sols
• Se propage dans les champs par acides avec un pH < 7.
les gouttes d’eau, les résidus de Lutte préventive • Contamine en premier lieu les
récolte et les machines. • Utiliser des semences saines. crucifères.
• Apparaît souvent dès la culture • Si nécessaire, traiter les semences • Activité à partir d’une température
des jeunes plants. avec de l’eau chaude. du sol de 15 °C.
• Un temps chaud et humide accroît • Choisir des variétés à haute • Peut se propager par les ma-
le risque d’infection. tolérance. chines et les jeunes plants.
• Limiter les apports d’azote. • Éviter l’humidité stagnante.
Lutte préventive • Veiller à une bonne aération des
• Utiliser des semences saines. peuplements (réduire la densité Lutte préventive
• Si nécessaire, traiter les semences de plantation). • Relever le pH au-dessus de 7.
avec de l’eau chaude. • Par temps humide, enlever les • Utiliser régulièrement des engrais
• Choisir des variétés résistantes. filets de protection des cultures azotés à base de chitine.
• Utiliser des plateaux qui ne sont après le vol des ravageurs afin de • Utiliser des variétés résistantes.
arrosés que par dessous. favoriser le séchage de la culture. • L’apport de compost, la culture
• Respecter un intervalle de • Conduite de culture sèche. sur buttes et le buttage répété
3–4 ans entre deux crucifères. ­Arrosage avec des tuyaux goutte- réduisent l’intensité.
• Ne circuler dans les champs et à-goutte plutôt que par aspersion • Travailler les endroits atteints
ne les arroser qu’à partir de midi, (sprinklers). en dernier et laver les outils au
quand les cultures sont sèches. nettoyeur à haute pression.
• Broyer et incorporer rapidement Lutte directe
les résidus de récolte. • Le cuivre a un effet partiel (ajouter Lutte directe
un agent mouillant). • Pas de lutte directe.
Lutte directe • Après une forte infestation,
• Le cuivre est peu efficace. respecter un intervalle d’au moins
7 ans pour toutes les crucifères.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 23


Régulation des principaux ravageurs des choux spp.

Altise du chou Piérides Puceron cendré du chou


Phyllotreta spp. Piéride du chou Pieris brassicae Brevicoryne brassicae
Piéride de la rave Pieris rapae

Symptômes Symptômes Symptômes


• Invasion massive par beau temps • Papillons blancs, diurnes, avec • Plantes rabougries.
au début de l’été. des ailes tachetées. • Pucerons «farineux».
• De nombreux coléoptères sont • Œufs/ooplaques jaunes, ­chenilles
observés sur les feuilles. vertes ou noires velues avec des Important à savoir
• Petites perforations foliaires. bandes jaunes. • Hivernage sous forme d’œufs
• Perforations sur toute la plante ou d’hiver sur les résidus de
Important à savoir défoliations extérieures. ­récolte. Vol à partir de mai/
• Hivernage dans le sol à proximité juin. ­Observer les consignes des
des crucifères; éviter donc les Important à savoir services d’alerte.
précédents culturaux à base de • Hivernation des nymphes dans le • Risque accru d’infestation par
crucifères. sol ou sur les résidus. temps chaud et sec après la
• Les cultures fraîchement plantées • Possibilité d’infestation par les plantation.
par temps chaud et sec sont parti- ­papillons, même en cas de rota- • Régulation possible par les
culièrement sensibles. tion régulière des cultures. ­auxiliaires spontanés.
• Régulation naturelle par des
Lutte préventive microguêpes parasitoïdes. Lutte préventive
• Éviter les lits de plantation trop • Couvrir les jeunes plants de multi-
finement préparés. Lutte préventive plication avec un filet (< 1,4 mm)
• Planter des jeunes plants bien • Le travail du sol au début du en plein air.
développés au lieu de semer. ­printemps décime les nymphes. • Ne planter que des jeunes plants
• Veiller à une croissance rapide • Favoriser le développement exempts de pucerons.
des jeunes plants. des microguêpes parasitoïdes • Semer des bandes fleuries pour
• Protéger la culture avec un filet (bandes fleuries). auxiliaires.
(< 0,8 mm) dès la plantation. • Alternative: couvrir avec un filet • Favoriser une croissance rapide
• La multiplication peut être freinée (< 2 mm) avant la 1re ponte. des plantes.
par des sarclages et arrosages • Contrôle hebdomadaire dès • Incorporer rapidement les résidus
réguliers. le début du vol (seuil de tolé- de récolte dans le sol.
rance: 10–20 petites chenilles
Lutte directe ou 1–4 grandes chenilles pour Lutte directe
• Saupoudrer de la poudre de 10 plantes). • Avant l’enroulement des feuilles,
roche ou la pulvériser en ajoutant • Incorporer rapidement les résidus pulvériser du savon de potassium
un agent mouillant à base d’huile de récolte dans le sol. ou un mélange de pyréthrine
terpénique. et d’huile de sésame avec des
• Traiter avec du spinosad (nuisible Lutte directe droplegs (buses orientées latéra-
aux auxiliaires et coûteux). • Pulvériser une préparation Bt. lement).

24 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Régulation des maladies et des ravageurs de l’oignon
Techniques culturales préventives
Climat
• Les oignons requièrent un temps chaud l’été et
beaucoup de lumière pendant la principale pé-
riode de croissance. Au stade de la germination,
ils peuvent tolérer de légères gelées. Des semis
précoces sont donc possibles.
• Les régions où les précipitations annuelles ne
dépassent pas 800 mm sont particulièrement
propices à la culture des oignons.

Choix du site/de la parcelle


• Les sols mi-lourds, riches en humus et en nu-
triments, avec une bonne capacité de rétention
d’eau et un bon drainage conviennent bien. Les exploitations équipées pour la culture sur buttes (p. ex. carottes, pommes de terre)
• Préférer les parcelles exposées au vent (pas de peuvent cultiver des oignons en rangs doubles espacés de 75 cm.
cuvettes) et ensoleillées le matin (pression des
maladies nettement plus faible).
• Choisir des parcelles exemptes de mauvaises Date de semis
herbes (surtout en cas de semis direct, en raison • Pour une meilleure compétitivité face aux mau-
du faible pouvoir concurrentiel des oignons). vaises herbes, envisager les oignons à repiquer
• Valeur pH idéale: 6,5 – 7,2 ou les jeunes plants plutôt que le semis direct.
• Pour les semis directs précoces, choisir un sol
qui ressuie rapidement au printemps. Culture
• Effectuer un désherbage avant le semis (après
Rotation des cultures le travail du sol, attendre 2 semaines avant de
• Respecter un intervalle d’au moins 4 ans entre préparer le lit de semis).
les cultures d’oignons, poireaux ou ciboulette. • Une fertilisation azotée n’est nécessaire que
• Intervalle d’au moins 2 ans avec le fenouil, les dans les sols légers et pauvres en éléments
betteraves rouges, les carottes ou le céleri. nutritifs ou en cas de récolte précoce pour la
• En cas de problèmes de maladies ou de némato- consommation en frais. Un apport d’azote trop
des, choisir des intervalles plus longs. élevé ou trop tardif retarde la maturation et fa-
• Ne pas cultiver les oignons d’été précoces et vorise le développement des mauvaises herbes.
tardifs, ainsi que les oignons d’hiver à proximité • Un bon approvisionnement en phosphore
immédiate (transmission du mildiou!). (apport de lisier ou de fumier lors de la culture
précédente) a un effet positif sur la croissance.
Choix des variétés • Un apport suffisant de potassium garantit une
• Choisir des variétés avec une bonne capacité bonne conservation et une maturation optimale.
de conservation, dont la peau est ferme et qui • L’irrigation peut favoriser le mildiou, mais elle
poussent rapidement. permet aussi de réguler le thrips de l’oignon.
• En culture de printemps, utiliser les types
­Rijnsburger précoces ou les types américains Récolte
avec de bons potentiels de rendement. • Arracher les oignons à partir du mois d’août par
• Pour les semis tardifs, utiliser les types Rijns- temps chaud et sec (facilite la récolte et améliore
burger précoces. la capacité de conservation).
• Pré-sécher les oignons dans le champ pendant
Semences 3 à 10 jours (pas plus longtemps, pour éviter
• Utiliser des semences certifiées, si possible les risques de pourritures pendant le stockage).
­traitées à l’eau chaude. Mettre impérativement les oignons à l’abri,
• L’offre de variétés de multiplication biologique avant qu’il ne pleuve (> 5 mm).
est consultable sur www.organicxseeds.com. • Faire sécher les oignons en entrepôt.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 25


Régulation des principales maladies de l’oignon

Mildiou de l’oignon Pourriture du collet Pourriture basale de l’oignon


Peronospora destructor Botrytis allii Fusarium oxysporum f. sp. cepae

Symptômes Symptômes Symptômes


• Taches claires et ovales sur les • Pourriture durant l’entreposage, • Pointes des feuilles jaunes.
feuilles tubulaires, suivies d’un commençant au collet. • Feutrage blanc à la base.
feutrage gris-violet (sporanges). • Pourriture durant le stockage,
Important à savoir commençant à la base.
Important à savoir • Attaque également les échalotes
• Transmission par les bulbes hiver- et l’ail. Important à savoir
nants, les oignons à repiquer et • Transmission par les semences et • Infection initiale par les oignons
les résidus de plantes. les plants. à repiquer ou les semences.
• Infection possible par conditions • Attaques du collet par temps • Les spores durables peuvent
humides (HR > 90 %, rosée ou humide avant la récolte. persister plusieurs années.
pluies matinales). • Infections secondaires durant • Propagation à des températures
• Développement maximal à des l’entreposage par des parasites supérieures à 15 °C.
températures entre 13 et 20 °C. opportunistes (p. ex. pourritures
grise et bactérienne) Lutte préventive
Lutte préventive • Pour les oignons de semis, choisir
• Ne pas cultiver les oignons d’été Lutte préventive des variétés résistantes.
à côté des oignons d’hiver, ni les • Choisir des variétés à collet fin. • Contrôler les oignons à repiquer
oignons semés ou plantés à côté • Semences et plants sains, traités à avant la plantation. Retourner les
des oignons repiqués. l’eau chaude. lots douteux.
• Variétés résistantes/tolérantes. • Respecter une distance d’au • Arroser les jeunes plants avec
• Culture des variétés précoces moins 100–200 m par rapport une solution de microorganismes
avec des jeunes plants. aux parcelles d’oignons d’hiver. avant de les planter (Trichoderma
• Envisager une densité réduite: • Respecter des espacements harzianum).
< 60 plantes/m2/3 rangs. suffisants pour garantir une bonne • Récolter et stocker avec soin.
• Limiter le plus possible le dévelop- aération. • Favoriser une maturation et un
pement des adventices. • Récolte soignée, conserver au séchage rapides.
• Arrosages brefs tôt le matin. moins 10 cm de feuillage.
• La poudre de roche peut retarder • N’arracher les oignons que Lutte directe
l’infestation. quand ⅓ du feuillage est au sol. • Trier et éliminer les oignons
• Laisser sécher les oignons au ­infectés lors de la récolte.
Lutte directe soleil pendant 7 à 10 jours. • Commercialiser rapidement les
• Détruire les plantes infestées de • Faire sécher les oignons en entre- lots problématiques.
la culture d’hiver avant le semis pôt en insufflant de l’air sec par le • Conserver au frais (0–1 °C,
ou la plantation de printemps. bas (max. 30 °C). 70–75 % d’humidité relative) et
• Aucun traitement connu. éviter la condensation.

26 Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL


Régulation des principaux ravageurs de l’oignon

Thrips de l’oignon Mouche mineuse de l’oignon Mouche de l’oignon


Thrips tabaci et du poireau Liriomyza nietzkei/ Delia antiqua
Napomyza gymnostoma

Symptômes Symptômes Symptômes


• Piqûres blanc argenté sur les • Piqûres argentées disposées en • Mouches: 6–7 mm de longueur,
feuilles (succion des thrips), taches colliers de perles sur les feuilles. ressemblent à des mouches do-
noires d’excréments. • Incurvation puis éclatement des mestiques, yeux rouges.
• Thrips: jaune clair à brun; larves feuilles et des fûts attaqués. • Larves: sans tête ni pattes, jusqu’à
plus claires et aptères; surtout • Symptômes similaires (peu de 1 cm de longueur.
positionnées dans le cœur des dégâts): charançon de l’oignon. • Nymphes: brun rougeâtre, 6 mm
plantes et les gaines foliaires. de longueur, se réfugient dans
Important à savoir le sol.
Important à savoir • 1re génération: mars/mi-mai, • 1re génération (mai/juin): jaunisse-
• Hiverne au stade adulte sur les 2e génération: dès fin août. ment des plantes et dépérissement
cultures d’hiver ou dans le sol. • Activité diurne à partir de 13 °C. (dégâts racinaires). Les larves se
• En l’absence d’insecticides, régu- déplacent de plante en plante.
lation naturelle possible par les Lutte préventive • 2e génération (juillet/août):
thrips prédateurs, les chrysopes, • Broyer et enfouir rapidement les Les larves s’attaquent aux bulbes.
les larves de syrphes, les acariens résidus de récolte.
prédateurs et les champignons. • Respecter les espacements entre Important à savoir
• Forte infestation pendant les étés les oignons, les poireaux ou la • Hivernage sous forme de pupes
chauds et secs; les oignons en ciboulette. dans le sol.
bottes et les oignons d’hiver sont • Utiliser des filets de protection • S’attaque surtout aux plantules.
plus sensibles. de culture (< 0,8 mm) ou un voile • Dégâts secondaires dus aux
non-tissé pendant le vol. champignons dans les galeries.
Lutte préventive • Ne pas repiquer ou planter les • Seuil économique d’intervention:
• Effectuer un labour profond. oignons d’été avant début mai. 5 % de plantes atteintes.
• Contrôle hebdomadaire en été,
jusqu’en septembre (en cas de Lutte directe Lutte préventive
fortes chaleurs et de tempêtes). • Ne retirer le filet de protection • Surveillance des vols avec des
que pour le sarclage, par temps pièges chromatiques bleus.
Lutte directe venteux et frais (< 13 °C). • Filets de protection (< 2 mm),
• Arroser pendant de courts inter- • Composter les déchets de condi- consignes des services d’alerte.
valles au cours de la journée. tionnement. • Favoriser le développement des
• Traiter les jeunes cultures le soir • Traiter avec du spinosad dès la auxiliaires (bandes fleuries).
avec du spinosad (0,4 l/ha) détection des premiers dégâts. • Respecter les rotations.
en assurant un bon mouillage • Pour les oignons d’hiver, traiter en
(600–1000 l/ha). automne avec «NeemAzal/TS» Lutte directe
(respecter les consignes). • Pas de lutte directe.

Protection des plantes en maraîchage biologique | 2023 | FiBL 27


Informations complémentaires Impressum
Liste des intrants du FiBL Éditeur
Produits phytosanitaires autorisés en agriculture biologique. FiBL. Édition Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL
Suisse. Mise à jour annuelle. Disponible en téléchargement gratuit ou en Ackererstrasse 113, Postfach 219, CH-5070 Frick
version imprimée payante sur fibl.org/fr/boutique > 1078 Tél. +41 (0)62 865 72 72
[email protected], www.fibl.org
Conseils phytosanitaires pour la culture maraîchère bio
Informations détaillées sur les mesures phytosanitaires préventives et Auteurs: Anja Vieweger (FiBL), Samuel Hauenstein (FiBL),
directes pour diverses cultures et groupes de cultures. FiBL. Édition Suisse. Martin Koller (Innoplattform Bio)
Mise à jour bisannuelle. Disponible en téléchargement gratuit ou en
Collaborateurs: Thomas Bernet, Joelle Herforth-Rahmé,
version imprimée payante sur fibl.org/fr/boutique > 1649
Patricia Schwitter, Lukas Pfiffner et Paul van den Berge (tous FiBL)
Régulation des ravageurs en culture de choux pommés bio.
Rédaction: Gilles Weidmann, Sophie Thanner (FiBL)
­Favoriser les auxiliaires, réduire l’utilisation de produits
­phytosanitaires Traduction: Laurent Graff (www.laurentgraff.ch)
FiBL. 2017. Édition Suisse. Disponible en téléchargement gratuit ou en
Mise en page: Brigitta Maurer (FiBL)
version imprimée payante sur fibl.org/fr/boutique > 2509
Photos: Thomas Alföldi (FiBL): pages 3, 8, 9 (1), 10 (1); Claudia
Ravageurs et maladies au jardin
Daniel (FiBL): p. 27 (3, 4); Hansueli Dierauer (FiBL): p. 8; Andreas
Otto Schmid, Silvia Henggeler. Éditions Terre vivante. 2000.
Fritzsche-Martin (Naturland): p. 13; Maya Frommelt (Bio Suisse): p. 28;
ISBN 978-2904082849
Jacques Fuchs (FiBL): p. 10 (2); Hansueli Höpli (Agroscope): p. 27 (2);
En allemand: Flavia Müller (Bio Suisse): p. 8; Martin Koller (FiBL): p. 4, 6 (2), 7, 8,
18, 20 (3), 21 (2, 3), 23 (1), 24 (5), 26; Peter Kunz (Getreidezüchtung
Biologischer Anbau von Zwiebeln
Kunz): p. 8; Martin Lichtenhahn (FiBL): p. 20 (1), 21 (1), 24 (2), 25;
Bio Austria, Bioland, FiBL, KÖN. Disponible en téléchargement gratuit
Henryk Luka (FiBL): p. 2, 6 (1), 22; Marion Nitsch: p. 11; Rasbak,
sur fibl.org/fr/boutique > 1436
Wikipedia: p. 23 (3); Florian Rau (Ökoring Niedersachsen): p. 27 (5, 6);
Biokulturen vor Schnecken schützen Armelle Rochat (FiBL): p. 20 (2); Jacob Rüegg (Agroscope): p. 27 (1);
FiBL. Disponible en téléchargement gratuit sur fibl.org/fr/boutique > Patricia Schwitter (FiBL): p. 17; René Schulte (Bio Suisse): p. 5; René Total
1004 (Agroscope): p. 24 (3); Anja Vieweger (FiBL): p. 1, 8, 9 (2), 15, 23 (2),
24 (1, 4)
Pflanzenschutz im Gemüsebau
Gerd Crüger. Éditions Eugen Ulmer. 2002. DOI : 10.5281/zenodo.8090960
ISBN 978-3-8001-3191-4.
Numéro d’article du FiBL: 1085
Pflanzenschutz im Integrierten Gemüsebau
La fiche technique peut être téléchargée gratuitement sur shop.fibl.org.
Schwarz et al. Éditions LMZ. 1990.
ISBN 3-906679-09-8. Toutes les informations contenues dans cette fiche technique sont basées
sur les meilleures connaissances et l’expérience des auteurs. Malgré tout
le soin apporté à sa réalisation, des imprécisions et des erreurs d’appli-
cation ne peuvent être exclues. Les auteurs et l’éditeur ne sauraient donc
être tenus responsables d’éventuelles inexactitudes dans le contenu, ni de
dommages résultant de l’application des recommandations.
2e édition 2023 © FiBL

Vous aimerez peut-être aussi