Cours EIDD Lasers Gain

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Cours EIDD Lasers - Radiation Atomique

Konstantinos Pantzas

I. INTRODUCTION

Cette fiche généralise les équations présentées dans la fiche sur la radiation atomique afin d’arriver à l’équation
de gain des lasers. Afin d’y arriver, il faut s’éloigner de l’équilibre thermodynamique et aussi introduire la notion de
forme de raie (line shape en anglais) [1].

II. LINE SHAPE

Jusqu’à présent on a représenté les transitions d’un état 1 vers un état 2 par des Diracs, c.à.d. qu’un seul photon
de fréquence ν respectant hν = E2 − E1 permet de passer d’un état vers l’autre. La réalité est différente. Des photons
dans une certaine bande ∆ν autour de la fréquence centrale de la transition peuvent y donner lieu. À minima, cette
bande passante existe à cause du principe d’incertitude d’Heisenberg.
La distribution de photons qui peuvent donner lieu à une transition est nommée la forme de raie, g(nu), et le
produit g(ν)dν représente la probabilité que la transition se passe dans l’intervalle dν. Étant donné qu’il s’agit d’une
probabilité, son intégrale sur toutes les fréquences vaut 1 :

Z ∞
g(ν)dν = 1 (1)
0

Cette forme de raie peut être vue de trois manières, toutes équivalentes :
1. g(ν ′ )dν ′ est la probabilité qu’un photon dont la fréquence est dans l’intervalle ν ′ et ν ′ + dν ′ soit absorbé.
2. g(ν ′ )dν ′ est la probabilité qu’un photon dont la fréquence est dans l’intervalle ν ′ et ν ′ + dν ′ soit émis de manière
spontanée.
3. g(ν ′ )dν ′ est la probabilité qu’un photon dont la fréquence est dans l’intervalle ν ′ et ν ′ + dν ′ soit émis de manière
stimulée.
Si on suit le même raisonnement que pour un système à l’équilibre thermodynamique, on montre qu’il s’agit de la
même forme de raie pour les trois types de transitions. Si on écrit maintenant l’évolution de la population dans l’état
2, N2 , avec les temps.
Z ∞ Z ∞ Z ∞
dN2 ′ ′ ′ ′ ′
= −A21 N2 g(ν )dν + B12 N1 ρ(ν )g(ν )dν − B21 N2 ρ(ν ′ )g(ν ′ )dν ′ (2)
dt 0 0 0
rad

La première intégrale vaut 1 et on peut donc écrire :


Z ∞ Z ∞
dN2 ′ ′ ′
= −A21 N2 + B12 N1 ρ(ν )g(ν )dν − B21 N2 ρ(ν ′ )g(ν ′ )dν ′ (3)
dt 0 0
rad

Si on prend ρ(ν) très large devant g(ν ′ ), on peut le sortir de l’intégrale et retrouver la formulation d’Einstein. Dans
le cas des lasers on se place dans le cas extrême inverse c.à.d. :
ρ(ν ′ ) ≈ ρν δ(ν ′ − ν) (4)
Alors on peut écrire la variation de la population du niveau 2 comme suit :

dN2
= −A21 N2 + B12 N2 ρν g(ν) − B21 N1 ρν g(ν) (5)
dt
rad

On se rappelle maintenant des identités d’Einstein et on peut écrire :


" #
dN2 c λ2 1 g2
= −A21 N2 − A21 ρν g(ν) N2 − N1 (6)
dt ng 8πn2 hν g1
rad
2

Par définition la densité de radiation ρν est liée à l’intensité lumineuse Iν par :



ρν = (7)
c/ng
On arrive ainsi à la forme finale de l’évolution de la population du niveau N2 avec le temps :
( ) " #
dN2 λ2 Iν g2
= −A21 N2 − A21 g(ν) N2 − N1 (8)
dt 8πn2 hν g1
rad

La quantité entre accolades à la dimension d’une surface et est appelé la surface d’émission stimulée (stimulated
emission cross section) :
λ2
σ(ν) = A21 g(ν) (9)
8πn2
et peut être interprétée comme la surface de l’atome dans le flux lumineux. Une valeur typique est de 1e−16 cm2 .
Mais cette valeur peut aller de 1e−20 cm2 à 1e−12 cm2 .

III. AMPLIFICATION DANS UN SYSTÈME ATOMIQUE

Imaginons un système atomique de longueur ∆z, irradié par un flux lumineux Iν . Le système possède deux niveaux
d’énergie E1 et E2 , peuplé de N1 et N2 porteurs. Contrairement à ce qu’on avait fait a précédente fois on ne va pas
se mettre en équilibre thermodynamique, mais plutôt que les populations dépendent d’un système de pompage et des
pertes qu’on ne spécifie pas encore.
Le système peut interagir avec la lumière avec les trois procédés décrits précédemment : émission spontanée, ab-
sorption et émission stimulée. À la sortie du système on récupère un flux lumineux d’intensité Iν + ∆Iν et focalisons
ce flux sur un détecteur. Ce détecteur ne peut distinguer entre les photons qui sont dûs à l’émission spontanée et ceux
dûs à l’émission stimulée. Mais on peut choisir de filtrer la lumière autour d’une bande passante ∆ν et aussi de se
servir d’un polariseur pour rejeter la moitié de l’émission spontanée.
Avec ces hypothèses on peut établir le bilan des contributions à ∆Iν . Faisons un tableau de ces contributions.

∆Iν = + hν × B21 × g(ν) × 1 × 1 × N2 ∆z (10)
c/ng

− hν × B12 × g(ν) × 1 × 1 × N1 ∆z (11)
c/ng
1 dΩ
+ hν × A21 ∆ν × g(ν) × × × N2 ∆z (12)
2 4π
Si on prend ∆z petit, arrive à la dérivée du flux :
" # " #
dIν hν 1 dΩ
= (B21 N2 − B12 N1 )g(ν) Iν + hνA21 g(ν)∆ν (13)
dz c/ng 2 4π

Le second terme ne dépend pas de l’intensité - c’est la contribution de l’émission spontanée, qui apparaît en fait
comme un terme de bruit. Si on le néglige, et si on se sert des équations d’Einstein, on se retrouve avec :
" #" #
dIν λ2 g2
= A21 g(ν) N2 − N1 Iν = γ(ν)Iν (14)
dz 8πn2 g1

Ce terme γ(ν) est le coefficient de gain d’un laser. Au sens strict on parlera de gain que quand ce coefficient est positif
- ce qui impose la condition suivante :
g2
N2 > N1 (15)
g1

[1] J. Verdeyen, Laser Electronics, Laser electronics (Prentice Hall, 1995).

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