Logique4 1
Logique4 1
Logique4 1
1 Ensembles
1.1 Soit un ensemble X et PX l’ensemble des parties de X. L’inclusion A ⊆ B
définit un ordre partiel sur PX.
(i) Montrez que l’infimum de A, B ∈ PX est A ∩ B, et leur supremum est
A ∪ B. Déduisez-en que A ⊆ B si et seulement si A ∩ B = A, si et seulement
si A ∪ B = B.
(ii) Notons Ac = X \A pour le complément de A ∈ PX dans X. Observez que
A ∪ Ac = X et A ∩ Ac = ∅, quel que soit A. Et que donc, pour A, B ∈ PX,
(A ∩ Ac ) ⊆ B ⊆ (A ∪ Ac ).
(iii) Observez que, pour tout A, B, C ∈ PX, on a
— A ∩ A = A et A ∪ A = A ;
— A ∩ B = B ∩ A et A ∪ B = B ∪ A ;
— A ∩ (B ∩ C) = (A ∩ B) ∩ C et A ∪ (B ∪ C) = (A ∪ B) ∪ C ;
— (A ∩ B) ∪ B = B et (A ∪ B) ∩ B = B ;
— A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) et A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C) ;
— (A ∩ Ac ) ∪ B = B et (A ∪ Ac ) ∩ B = B.
(iv) Vérifiez que, pour tout A, B ∈ PX,
— (A ∩ B)c = Ac ∪ B c et (A ∪ B)c = Ac ∩ B c .
Remarque : On observe ici que, en tant qu’ordre partiel, (PX, ⊆) possède des pro-
priétés tout à fait remarquables. Dans 3.8 on étudie une abstraction de ce type
d’ordres partiels, appelés algèbres de Boole.
1.2 L’application { }: X → PX: x 7→ {x} est une injection évidente. Montrez qu’il
ne peut pas y avoir de surjection s: X → PX. Indication : Considérez
Y = {x ∈ X | x 6∈ s(x)},
pA : A × B → A: (a, b) 7→ a,
1
pB : A × B → B: (a, b) 7→ b.
fA hf , f i fB
A B
Ao pA A × B pB
/B
1.4 Une relation d’équivalence sur un ensemble A est une partie E de A×A vérifiant
la réflexivité, la transitivité et la symétrie.
(i) Vérifiez que si E et E 0 sont des équivalences sur A, alors leur intersection
E ∩ E 0 est également une équivalence. Est-ce vrai pour l’intersection d’une
famille quelconque (Ei )i∈I d’équivalences sur A ?
(ii) Pour toute relation R binaire sur A, désignons par R e la plus petite relation
d’équivalence sur A qui contient R. Montrez que R e existe et que l’on a R(x,
e y)
si et seulement si il existe une suite finie d’éléments z1 , ..., zr telle que z1 = x,
zr = y et pour tout i ∈ {1, ..., r}, on ait R(zi , zi+1 ) ou R(zi+1 , zi ) ou zi = zi+1 .
2
(i) Vérifiez que la clause
(a, a0 ) ∈ Ef ⇐⇒ f a = f a0
3
à l’application identité sur N ; observez que cela implique que σ: N → N est
une injection.
Remarque : Le point (i) prouve que tout objet de nombres naturels admet le principe
de preuve par induction. Et l’application π: N → N construite en (iii) est l’applica-
tion “prédécesseur”.
1.8 Soit toujours un objet de nombres naturels (N, z, σ). On définit l’addition sur
N par récurrence : pour tout m ∈ N on a
1.9 La multiplication sur un objet de nombres naturels (N, z, σ) est telle que pour
tout m ∈ N on a
m · z = z et m · σ(n) = m · n + m,
1.10 Toujours à propos d’un objet de nombres naturels (N, z, σ), on définit une
relation binaire sur N par :
Prouvez qu’il s’agit d’un ordre partiel sur N , c’est-à-dire, d’une relation transitive,
réflexive et antisymétrique.
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1.11 Le théorème de Cantor–Dedekind–Bernstein dit que deux ensembles sont é-
quipotents (donc qu’il existe une bijection entre eux) dès que chacun peut s’injecter
dans l’autre. Nous l’admettons.
(i) En utilisant au besoin ce théorème, montrez que tous les intervalles de R
ayant au moins deux éléments sont équipotens.
(ii) Trouvez des injections de N dans N × N et de N × N dans N.
(iii) Trouvez des injections de Z et de Q+ dans N × N, et déduisez-en que N,
Z et Q+ sont équipotents.
(iv) Utilisez l’équipotence de N et Q+ pour démontrer l’équipotence de Q et
N.
(v) Montrez que R n’est pas dénombrable (c’est-à-dire, n’est pas en bijection
avec N). Indication : Montrez que R et PN sont équipotents, et utilisez
ensuite 1.2.
Remarque : Le théorème que nous avons utilisé, a été conjecturé par G. Cantor, et
R. Dedekind en a donné la première preuve (1887)... mais celle-ci n’a pas été publiée.
F. Bernstein fut le premier à avoir publié une preuve, en 1898. Ceci explique pourquoi
ce théorème porte ces trois noms.
5
2.3 Soit un langage algébrique L , et deux structures S1 , S2 avec interprétations
I1 : L → S1 (et surjections σn1 : On → On ) et I2 : L → S2 (et surjections σn2 : On →
On ). Une application ensembliste h: D1 → D2 entre le domaine de S1 et le domaine
de S2 est appelée homomorphisme de L -structures si pour tout n ∈ N, pour tout
n-uple (d1 , ..., dn ) ∈ D1n et pour toute opération n-aire f ∈ On de L ,
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2.6 Soit L un langage algébrique. Si S1 et S2 sont deux L -structures, de domaines
D1 et D2 , alors le produit cartésien D1 × D2 peut être muni naturellement d’une
structure du même type, notée S1 × S2 , en définissant, pour tout n ∈ N, pour tout
n-uple (d11 , d21 ), ..., (d1n , d2n ) ∈ (D1 × D2 )n et pour toute opération n-aire f ∈ On de
L , que
σn1×2 f ((d11 , d21 ), ..., (d1n , d2n )) = (σn1 f (d11 , ..., d1n ), σn2 f (d21 , ..., d2n ));
ceci définit à la fois les Oj et les surjections σn1×2 : On → On d’une interprétation de
S1 × S2 .
(i) Montrez que les projections sur les facteurs
p1 : D1 × D2 → D1 : (x, y) 7→ x,
p2 : D1 × D2 → D2 : (x, y) 7→ y,
sont des homomorphismes.
(ii) Montrez que pour toute L -structure S , on a une bijection entre l’en-
semble des homomorphismes de S vers S1 × S2 et l’ensemble des couples
d’homomorphismes de S vers S1 et vers S2 , donnée par la préscription
h 7→ (p1 ◦ h, p2 ◦ h). Indication : Par 1.3 on sait que les homomorphismes
h1 : D → D1 et h2 : D → D2 déterminent une unique application ensembliste
hh1 , h2 i: D → D1 × D2 faisant commuter le diagramme suivant :
D
h1 hh1 , h2 i h2
D1 o p1 D1 × D2 p2
/ D2
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(iv) Généralisez ce qui précède au cas où on part d’une famille (Si )i∈I quel-
conque de L -structures.
Remarque : La propriété en (ii) est la propriété universelle du produit cartésien de S1
et S2 , dans le sens que cette propriété détermine le produit cartésien à isomorphisme
près.
2.7 Soit S une L -structure de domaine D. Une congruence E sur S est par
définition une relation d’équivalence E sur D telle que, pour tout n ∈ N, tout f ∈ On
symbole d’opération n-aire du langage L et tout (x1 , y1 ), ..., (xn , yn ) appartenant à
E on a que aussi le couple (σn f (x1 , ..., xn ), σn f (y1 , ..., yn )) appartient à E.
(i) Montrez qu’une équivalence E sur D est une congruence si et seulement si
E, vue comme partie de D × D, est une sous-structure du produit S × S .
(ii) Déduisez-en que l’intersection d’une famille (Ei )i∈I de congruences sur S
est toujours une congruence (cf. 1.4 et 2.4).
im(h) = {y ∈ D2 | ∃x ∈ D1 : hx = y}
peut être muni naturellement d’une L -structure, et que im(h) est une sous-structure
de S2 . On appelle im(h) l’image de h.
h / D2
D1 O
[−] i
D1 /Eh / im(h)
h
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dans lequel h: D1 /Eh → im(h) est la bijection qui envoie une classe [x] sur hx, est
un diagramme commutatif de L -structures et homomorphismes (cf. 1.5, 2.5, 2.8 et
2.9).
2.11 Observez que, pour tout langage algébrique L , l’ensemble des termes T (L )
est muni canoniquement d’une L -structure : son domaine est donc T (L ), et pour
toute opération n-aire f ∈ On du langage L et tout n-uple (t1 , ..., tn ) ∈ T (L )n
on pose σn f (t1 , ..., tn ) = f t1 ...tn , ce qui définit à la fois les Oj et les surjections
σj : Oj → Oj d’une interprétation I : L → T (L ). Ensuite, observez que l’inclusion
i: V (L ) ,→ T (L ) est une valuation.
Soit S une L -structure de domaine D et ϕ: V (L ) → D une valuation quel-
conque. Montrez que le prolongement ϕ: T (L ) → D est l’unique homomorphisme
h: T (L ) → D vérifiant h ◦ i = ϕ, c’est-à-dire, qui fait commuter le diagramme
suivant :
i /
V (L ) T (L )
ϕ
z h
D
Remarque : Dans le syllabus se trouve une définition inductive du “prolongement
d’une valuation”. La propriété ci-dessus donne une définition alternative équivalente
en termes d’homomorphismes.
2.13 Soit L un langage algébrique, T{x1 ,...,xn } (L ) l’ensemble des termes dont toutes
les variables sont contenues dans l’ensemble {x1 , ..., xn }, et S une L -structure de
domaine D.
(i) Montrez que T{x1 ,...,xn } (L ) est (le domaine de) une sous-structure de T (L ).
(ii) Montrez que pour tout choix d’un n-uple d = (d1 , ..., dn ) d’éléments de D
il existe un homomorphisme unique de T{x1 ,...,xn } (L ) vers D envoyant x1 sur
d1 , ... , xn sur dn . On le note hd .
(iii) Montrez la réciproque de (ii) : que tout homomorphisme de T{x1 ,...,xn } (L )
vers D détermine un unique n-uple d = (d1 , ..., dn ) d’éléments de D.
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(iv) Si on choisit p termes dans T{x1 ,...,xn } (L ), soit t = (t1 , ..., tp ), ce choix
détermine un homomorphisme de T{y1 ,...,yp } (L ) vers T{x1 ,...,xn } (L ), soit ht . Si
on choisit ensuite un n-uple d = (d1 , ..., dn ) dans D, ce choix détermine un ho-
momorphisme hd de T{x1 ,...,xn } (L ) vers D. Posons t(d) = (hd (t1 ), ..., hd (tp )) ;
ce p-uple dans D détermine donc un homomorphisme ht(d) de T{y1 ,...,yp } (L )
vers D. Justifiez l’égalité hd ◦ ht = ht(d) .
(v) Montrez que, si {xi1 , ..., xip } ⊆ {x1 , ..., xn }, alors T{xi1 ,...,xip } (L ) est une
sous-structure de T{x1 ,...,xn } (L ).
(vi) En particulier on a, pour 1 ≤ k ≤ n, des inclusions
tS : Dn → D: d 7→ hd (t).
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l’application tG : G × G → G n’est en général pas un homomorphisme de
groupes.
(ii) Si on suppose dans (i) que le groupe G est commutatif, alors qu’est-ce que
vous observez ?
(iii) Toujours avec les notations de ci-dessus, vérifiez que
— si t = x1 ∈ V (L ) (donc t est une variable) alors tS : D → D: d 7→ d ;
— si t = f0 ∈ O0 (donc t est une constante) alors tS : {∗} → D: ∗ 7→ σ0 f0 ;
— si t = fm t1 ...tm où fm ∈ Om (m ≥ 1) et chaque ti ∈ Tni (L ) alors
tS : Dn → D (avec n = n1 + · · · + nm ) est égale à la composée
(tS S
1 , ..., tm ) σm fm
Dn = Dn1 × ... × Dnm / Dm /D
11
tS2 font commuter le diagramme suivant :
tS1 /
D1n D1
(h, ..., h) h
D2n / D2
tS2
3.2 Soient P et Q des formules de L P dont les variables sont comprises dans
{p1 , ..., pn }.
(i) Puisque 2, le domaine des valeurs de vérité, est une L P-structure, il existe
une opération dérivée P 2 : {0, 1}n → {0, 1} (cf. 2.14). Montrez que P est une
tautologie si et seulement si P 2 est l’application constante à valeur 1.
(ii) Montrez que P et Q sont sémantiquement équivalentes si et seulement si
les opérations dérivées respectives coı̈ncident.
3.3 Soit M une réalisation de L P. Soit Th(M ) l’ensemble des formules P telles
que M |= P . Montrez que Th(M ) a les propriétés suivantes.
(i) Si P ∈ Th(M ) et si P 0 ∈ Th(M ), alors P ∧ P 0 ∈ Th(M ).
(ii) Si P ∨ P 0 ∈ Th(M ) alors P ∈ Th(M ) ou P 0 ∈ Th(M ).
(iii) Si P ∈ Th(M ) et si P → Q ∈ Th(M ), alors Q ∈ Th(M ).
(iv) Si P ↔ P 0 ∈ Th(M ), alors [P | p]Q ↔ [P 0 | p]Q ∈ Th(M ).
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3.4 Soient p, q, r ∈ V (L P). Vérifiez que les formules suivantes sont des tautologies
par la méthode des tableaux de vérité.
(i) p → (q → p)
(ii) (p → (q → r)) → ((p → q) → (p → r))
(iii) (¬q → p) → ((¬q → ¬p) → q)
(iv) (p → q) ↔ (¬p ∨ q)
(v) (p ↔ q) ↔ ¬((p ∧ ¬q) ∨ (q ∧ ¬p))
(vi) (p ∨ q) ↔ (¬p → q)
(vii) (p ∧ q) ↔ ¬(p → ¬q)
Justifiez que ces formules sont toujours des tautologies pour des formules P, Q, R de
L P aux places des variables p, q, r (donc P → (Q → P ), etc.).
3.6 Pour vérifier si une L P-formule donnée P est une tautologie, on peut éven-
tuellement remplacer le tableau de vérité par une réflexion ou analyse montrant
qu’il est impossible que pour une réalisation M on ait M (P ) = 0. Appliquez cette
méthode pour montrer que les formules suivantes sont des tautologies :
(i) (p → (q → r)) → ((p → q) → (p → r)) ;
(ii) [(((p → q) → (¬r → ¬s)) → r) → u] → [(u → p) → (s → p)] (axiome de
Meredith, 1953).
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3.7 Montrez que toute formule de L P(¬, ∧, ∨, →, ↔) est équivalente à une formule
de L P(¬, ∧), à une formule de L P(¬, ∨), ou encore à une formule de L P(¬, →).
3.8 Une algèbre de Boole B est la donnée d’un ensemble B avec deux opérations
binaires et une opération unaire, notées
∧: B × B → B, ∨: B × B → B, ¬: B → B
x ∨ y = supremum de x et y,
¬x = orthocomplément de x.
(ii) Est-ce que (N, ≤) est une algèbre de Boole ? Et, pour un espace vectoriel
V , l’ensemble des sous-espaces avec l’inclusion, (sev(V ), ⊆) ? Et, pour un
espace topologique (X, T ), l’ensemble des ouverts avec l’inclusion, (T , ⊆) ?
Et, pour un ensemble quelconque X, l’ensemble des sous-ensembles P(X)
avec l’inclusion, (P(X), ⊆) (cf. 1.1) ?
(iii) Montrez que toute algèbre de Boole B = (B, ∧, ∨, ¬) est munie d’une
structure d’algèbre pour le langage des propositions.
(iv) Prouvez que 2 = ({0, 1}, ∧, ∨, ¬) (le domaine des valeurs de vérité) est
une algèbre de Boole. Prouvez ensuite que, pour une algèbre de Boole B
quelconque, 2 est une sous-structure de B.
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3.9 Toute algèbre de Boole B, dont le domaine sera noté B, est une L P-structure,
et donc on a une opération dérivée P B : B n → B associée à toute formule avec n
variables (cf. 2.14). On dira que P est une B-tautologie si P B est l’application
constante à valeur 1 (le plus grand élément de B).
(i) Qu’est-ce qu’une 2-tautologie ?
(ii) Prouvez que, s’il existe une algèbre de Boole B telle que P est une B-tau-
tologie, alors P est une 2-tautologie. Indication : Il suffit de prouver que P 2
est l’application constante à valeur 1 si P B l’est. Mais puisque 2 est une sous-
structure de B (cf. 3.8 (iv)), l’inclusion i: {0, 1} → B est un homomorphisme.
Par 2.15 (ii) on a donc un diagramme commutatif
P2 /
{0, 1}n {0, 1}
(i, ..., i) i
Bn /B
PB
∀x ∈ X: δx (T ) = 1 ⇐⇒ T = X.
P2 /
{0, 1}n {0, 1}
O O
(δx , ..., δx ) δx
P(X)n / P(X)
PB
15
Remarque : La propriété en (iii) est aussi vraie pour des algèbres de Boole qui ne
sont pas de la forme (P(X), ∩, ∪, (−)c ). L’exercice 4.1 contient une preuve du cas
général, en passant par l’axiomatique du calcul propositionnel.
En somme, l’exercice ci-dessus indique que la sémantique des formules de L P
– qui dépend a priori de l’algèbre 2 des valeurs de vérité – est également déterminée
par toute autre algèbre de Boole à la place de 2. Exercice 4.1 précisera les choses.
3.11 Soient p1 , ..., pn des variables de L P. Convenons que, pour ε = (ε1 , ..., εn ) ∈
ε
{0, 1}n , la notation pj j désigne pj si εj = 1 et ¬pj si εj = 0.
(i) Quelle est l’opération dérivée sur {0, 1} définie par la formule P = pε11 ∧
... ∧ pεnn ?
(ii) Soit f : {0, 1}n → {0, 1} une opération n-aire quelconque. Quelle est l’opé-
ration dérivée sur {0, 1} définie par la formule
_
P = (pε11 ∧ ... ∧ pεnn )
ε
pour ε = (ε1 , ..., εn ) parcourant les éléments de {0, 1}n pour lesquels f (ε) = 1.
(iii) Soit P une formule quelconque de L P comprenant les variables p1 , ..., pn .
Vous inspirant de (ii), montrez qu’il existe une formule de la forme
_
(pε11 ∧ ... ∧ pεnn )
ε
16
Remarque : Cet exercice contient le fait que toute formule de L P est équivalente
à une formule en forme normale disjonctive, c’est-à-dire, en forme de disjonction de
conjonctions de variables ou négations de variables.
(ii) Généralisez en
(iii) Montrez que pour toute formule de L P on peut trouver une formule
équivalente “en forme nomale conjonctive”, c’est-à-dire, en forme de conjonc-
tion de disjonctions de variables ou négations de variables.
Remarque : Les équivalences en (i) sont les lois de De Morgan. Elles sont vraies dans
toute algèbre de Boole B = (B, ∧, ∨, ¬) : pour tout a, b ∈ B on a que ¬(a ∧ b) =
¬a ∨ ¬b et ¬(a ∨ b) = ¬a ∧ ¬b.
17
(ii) Déduisez-en que, pour toute algèbre de Boole B, tout théorème de C P
est une B-tautologie.
(iii) Concluez à l’aide de 3.9 (ii) que, pour une formule P , les phrases suivantes
sont équivalentes :
1. P est une tautologie ;
2. il existe une algèbre de Boole B pour laquelle P est une B-tautologie ;
3. pour toute algèbre de Boole B, P est une B-tautologie ;
4. P est un théorème du calcul propositionnel.
4.2 Plusieurs auteurs optent pour une axiomatique du calcul des propositions dans
laquelle l’axiome
(α) (¬Q → ¬P ) → ((¬Q → P ) → Q)
de 4.1 est remplacé par
(β) (¬Q → ¬P ) → (P → Q).
On peut démontrer l’équivalence des deux systèmes axiomatiques—que l’on notera
ici par C P α et C P β .
(i) Montrez que (β) est un théorème de C P α . Indication : Il suffit de montrer
que c’est une tautologie, par exemple par un tableau de vérité ; on peut
conclure par complétude de C P α .
(ii) Vérifiez que le Métathéorème de Herbrand reste valable dans le calcul
C P β . Indication : Notez que la preuve du Métathéorème pour C P α (cf. syl-
labus) n’utilise pas l’axiome (α).
(iii) Soient P, Q des formules quelconques. Montrez que ¬P → (P → Q) est
un théorème de C P β . Attention : On ne sait a priori pas si le calcul C P β est
complet. Il ne suffit donc pas de montrer que cette formule est une tautologie !
(iv) On considère le calcul C P β . Soit Γ une théorie et P, Q des formules telles
que Γ ∪ {¬Q} ` ¬P et Γ ∪ {¬Q} ` P . Montrez qu’alors Γ ` Q. (Un peu plus
dur !)
(v) Dans le point précédent, prenez pour Γ la théorie vide. Vérifiez qu’alors
on “récupère” (α) comme théorème dans C P β .
(vi) Concluez que les deux systèmes d’axiomes, C P α et C P β , sont équivalents :
une formule est un théorème dans l’un des systèmes si et seulement si elle est
un théorème dans l’autre.
4.3 Certains auteurs optent pour une axiomatisation du calcul des propositions
nettement plus riche en axiomes. Par exemple, on prend comme expressions bien
formées les termes de L P(¬, ∧, ∨, →), et les axiomes sont alors
P → (Q → P ),
18
(P → (Q → R)) → ((P → Q) → (P → R)),
P ∧ Q → P,
P ∧ Q → Q,
P → (Q → (P ∧ Q)),
P → P ∨ Q,
Q → P ∨ Q,
(P → R) → ((Q → R) → ((P ∨ Q) → R)),
(P → Q) → ((P → ¬Q) → ¬P ),
¬P → (P → Q),
¬P ∨ P .
La règle de déduction est toujours le Modus Ponens. Ce système étant basé sur les
travaux de Kleene (1952), on parlera ci-dessous du système de Kleene.
(i) Quels axiomes doit-on encore ajouter si on veut disposer du symbole ↔ ?
(ii) Montrez que les axiomes ci-dessus sont des théorèmes du calcul proposi-
tionnel de 4.1 (ou 4.2), modulo la traduction de L P(¬, ∧, ∨, →) à L P(¬, →
) (cf. 3.7).
(iii) Vérifiez que dans ce système on a toujours le Métathéorème de Herbrand.
(iv) Démontrez dans le système de Kleene que ¬¬P → P . (En fait, en présence
des autres axiomes la formule ¬¬P → P est équivalente aux deux derniers
axiomes donnés ci-dessus.)
(v) Pourquoi aurait-on pu écrire l’axiome (P → Q) → ((P → ¬Q) → ¬P )
aussi comme (P → ¬Q) → ((P → Q) → ¬P ) ?
(vi) Démontrez que P → ¬¬P ; concluez que ` P ↔ ¬¬P .
(vii) Montrez comment, par “substitution par équivalents” dans un des axiomes
ci-dessus, on récupère aussi le troisième axiome du calcul de 4.1 comme thé-
orème.
On peut conclure que le système de Kleene est équivalent aux systèmes de 4.1 et
4.2—modulo la traduction des termes.
4.4 Dans le système de Kleene (cf. 4.3) on peut laisser tomber le dernier axiome.
On obtient alors le calcul propositionnel intuitionniste. (Ceci indique que “la logique
intuitionniste est la logique classique sans tiers exclus”, comme les gens disent sou-
vent.) Soit maintenant (X, T ) un espace topologique ; pour fixer les idées on peut
prendre l’ensemble X = Rn muni de la topologie habituelle T = ouv(Rn ).
(i) Vérifiez que la topologie T est le domaine d’une L P(¬, ∧, ∨, →)-structure
par les interprétations suivantes (pour U, U1 , U2 ∈ T ) :
¬(U ) = int(X \ U ),
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U1 ∧ U2 = U1 ∩ U2 ,
U1 ∨ U2 = U1 ∪ U2 ,
[
U1 → U2 = {U ∈ T | U1 ∩ U ⊆ U2 }.
U ⊆ (U1 → U2 ) ⇐⇒ U1 ∧ U ⊆ U2 .
(iii) Inspiré par 3.9 on dira qu’une L P-formule P est une (X, T )-tautologie si
l’opération dérivée P (X,T ) est l’application constante à valeur X. En d’autres
termes, P est une (X, T )-tautologie si, pour toute valuation ϕ: V (L P) →
T , on a que ϕ(P ) = X (cf. 2.11). Vérifiez que les axiomes du calcul propo-
sitionnel intuitionniste sont des (X, T )-tautologies, et que le Modus Ponens
préserve les (X, T )-tautologies. Concluez que tout théorème du calcul pro-
positionnel intuitionniste est une (X, T )-tautologie.
(iv) Pourquoi est-ce que tout théorème du calcul propositionnel intuitionniste
est aussi un théorème du calcul propositionnel classique ?
(v) Montrez que les formules suivantes – qui sont des tautologies classiques !
– ne sont en général pas des (X, T )-tautologies :
— ¬¬P → P ,
— P ∨ ¬P .
Remarque : Le calcul propositionnel intuitionniste se distingue du calcul proposition-
nel classique entre autre par son algèbre de Lindenbaum : l’algèbre de Lindenbaum
du dernier est une algèbre de Boole (cf. 3.10), et celle du premier est une algèbre de
Heyting. Une topologie T est un exemple particulier d’une algèbre de Heyting. Une
étude profonde des algèbres de Heyting et leur rôle dans la logique intuitionniste
mènerait trop loin du sujet de ce receuil d’exercices. Consultez le “Handbook of
Categorical Algebra, vol. 3” [F. Borceux, 1994].
20
dans ce système sans axiomes ? Par exemple, on a que {P } ∪ {Q} ` P et donc par
deux fois la Déduction il suit que P → (Q → P ) est un théorème.)
Remarque : Il existe une axiomatisation du calcul propositionnel, qui est complète
et adéquate, sans règles de déduction : on prend tout simplement toutes les tau-
tologies comme axiomes ! Mais, comme on n’a aucune règle de déduction, il sera
impossible dans ce système de donner un sens à l’idée qu’une preuve peut suivre des
hypothèses—car on ne peut rien déduire de ces hypothèses !
4.6 Pour le language des propositions, on peut prouver que toute théorie consis-
tante possède un modèle (“complétude générale”) et que réciproquement une théorie
possédant un modèle est toujours consistante (“adéquation générale”)—cf. le sylla-
bus. Ici on va un peu plus loin : on étudie la maximalité d’une telle théorie.
(i) Soit M : V (L P) → {0, 1} une réalisation quelconque pour le langage des
propositions. Vérifiez que {P ∈ Form(L P) | M |= P } est une théorie maxi-
male consistante. On la note Th(M ).
(ii) Notez que toute théorie maximale consistante est de la forme Th(M ).
(iii) Pour une théorie consistante Γ, indiquez une théorie maximale consistante
qui la contient. Cette théorie maximale consistante, est-elle unique ?
5.2 Soit Θ le langage du premier ordre pour lequel V (Θ) = {x1 , x2 , ...}, OΘ,n = {fn }
pour n = 0, 1, 2 et OΘ,n = ∅ pour n > 2, RΘ,n = {rn } pour n = 1, 2 et RΘ,n = ∅
21
pour n 6∈ {1, 2}. Soit la réalisation M pour laquelle le domaine est N, et les symboles
sont interprétés de manière suivante :
σ0 (f0 ) = 3,
σ1 (f1 ): N → N: n 7→ n + 3,
σ2 (f2 ): N × N → N: (m, n) 7→ 2mn,
τ1 (r1 ) = 2N,
τ2 (r2 ) = {(m, n) ∈ N × N | m divise n}.
22
comme domaine N et les interprétations suivantes :
σ0 (c) = 0,
σ1 (f1 ): N → N: n 7→ n + 1,
σ2 (f2 ): N × N → N: (m, n) 7→ m + n,
σ2 (g2 ): N × N → N: (m, n) 7→ mn,
τ2 (r2 ) = {(m, n) | m ≤ n}.
(i) Pour chacune des formules suivantes, trouvez une assignation qui la satis-
fait et une assignation qui ne la satisfait pas :
— r2 f1 x1 x2 → r2 f1 f1 x1 x2 ,
— (∀x1 )r2 g2 x1 cx1 → r2 x1 x2 ,
— ¬(∀x2 )r2 g2 x1 x2 g2 x2 x3 .
(ii) Pour chacune des formules suivantes, examinez si elle est vraie dans la
réali-sation considérée :
— (∀x1 )r2 g2 x1 cx1 ,
— r2 f1 x2 x1 → ¬r2 x1 x2 ,
— (∀x1 )r2 f2 x1 x1 g2 x1 f1 f1 c.
5.4 Soit P une formule d’un langage du premier ordre Θ. Montrez que les formules
suivantes sont valides. (Rappel : Une formule P est valide – noté |= P – si M |= P
pour toute réalisation M .)
— (∀x)(∀y)P ↔ (∀y)(∀x)P ,
— (∃x)(∃y)P ↔ (∃y)(∃x)P ,
— (∃x)(∀y)P → (∀y)(∃x)P .
Montrez que l’implication réciproque de la dernière n’est pas valide. Indication :
Pour tous les hommes il y a une femme... mais ce n’est pas la même femme pour
tous les hommes !
5.5 Soit P une formule d’un langage du premier ordre Θ et t un terme libre pour
la variable x dans P , montrez la validité de [t | x]P → (∃x)P .
5.6 Soit P une formule d’un langage du premier ordre, et V L(P ) = {x1 , ..., xn }.
Alors on dit que P = (∀x1 )...(∀xn )P est la clôture universelle de P (et donc V L(P ) =
∅). Montrez que, pour toute réalisation M du langage, M |= P si et seulement si
M |= P .
5.7 Soient P et Q des formules, et x une variable, d’un langage du premier ordre.
(i) Montrez que si x n’est pas libre dans P , alors
23
— |= (∀x)(P → Q) ↔ (P → (∀x)Q),
— |= (∃x)(P → Q) ↔ (P → (∃x)Q).
(ii) Montrez que si x n’est pas libre dans Q, alors
— |= (∀x)(P → Q) ↔ ((∃x)P → Q),
— |= (∃x)(P → Q) ↔ ((∀x)P → Q).
(iii) La clause “x n’est pas libre dans P (Q)” est cruciale : montrez-le avec
des (contre-)exemples. Indication : Par exemple, considérez, à propos des
nombres entiers, les prédicats
P = Q = “x est pair”
(Une formule prénexe est de la forme (Q1 xi1 )...(Qk xik )P , oú P est sans quan-
tificateurs et où chaque Qj est ∀ ou ∃.)
Remarque : Pour indiquer une formule prénexe équivalente à une formule
comme
[(∀x1 )r2 x1 x2 → (∀x2 )¬r1 x2 ] → (∀x1 )(∀x2 )s2 x1 x2
5.8 Soit g: X → Y une application. On sait qu’elle induit une application “image
réciproque” g ∗ : PY → PX et une application “image directe” g∗ : PX → PY .
(i) Vérifiez que g ∗ respecte les opérations d’intersection, d’union et de prise
du complémentaire.
(ii) Vérifiez que g∗ respecte la réunion, mais pas les autres opérations.
(iii) Vérifiez que pour A ⊆ PX et B ⊆ PY on a A ⊆ g ∗ (B) si et seulement
si g∗ (A) ⊆ B, et g ∗ (B) ⊆ A si et seulement si B ⊆ (Y \ g∗ (X \ A)). On définit
l’application g∀ : PX → PY par g∀ (A) = (Y \ g∗ (X \ A)).
(iv) En prenant g: Dn+1 → Dn : (d1 , ..., dn , dn+1 ) 7→ (d1 , ..., dn ) (la projection
oubliant la composante d’indice n + 1), observez que
(a) pour s, une relation n-aire sur D, on a : (a1 , ..., an , an+1 ) ∈ g ∗ (s) si et
seulement si (a1 , ..., an ) ∈ s, sans condition sur an+1 ;
24
(b) pour r, une relation (n + 1)-aire sur D, on a : (a1 , ..., an ) ∈ g∗ (r) si et
seulement si il existe an+1 ∈ D tel que (a1 , ..., an , an+1 ) ∈ r ;
(c) pour r, une relation (n + 1)-aire sur D, on a : (a1 , ..., an ) ∈ g∀ (r) si et
seulement si pour tout an+1 ∈ D on a (a1 , ..., an , an+1 ) ∈ r.
Une autre bonne notation pour g∗ est donc “g∃ ”.
Remarque : Etant donné deux ordres partiels (P, ≤) et (Q, ≤), et deux applications
croissantes (= préservant l’ordre) f : P → Q et g: Q → P , on dit que f est l’adjoint
à gauche de g, et g est l’adjoint à droite de f , si on a pour tout p ∈ P et q ∈ Q que
On note cette situation souvent comme f a g. Ci-dessus on prouve donc que, pour
une application g: X → Y quelconque, g∃ a g ∗ a g∀ .
Cette notion d’adjonction – ou mieux dit une généralisation de cette notion pour
des foncteurs entre catégories plutôt que des applications croissantes entres ordres
partiels – est un point essentiel de la théorie des catégories. Consultez par exemple
le “Handbook of Categorical Algebra, vol. 1” [F. Borceux, 1994].
Vérifiez, à l’aide de (i), que cette relation n-aire sur D est bien définie. On
l’appelle une relation dérivée n-aire.
(iii) Montrez que,
— si P = rm t1 ...tm alors P S = tS S ∗ (τ r ) (bien sûr, r dénote un
1 , ..., tm m m m
symbôle relationnel m-aire, et les t1 , ..., tm sont des termes du langage—
c’est-à-dire, ce P est une formule atomique) ;
— si P = ¬Q alors P S = Dn \ QS ;
— si P = Q ∧ R alors P S = QS ∩ RS ;
— si P = Q ∨ R alors P S = QS ∪ RS ;
— si P = Q → R alors P S = (Dn \ QS ) ∪ RS ;
25
— si P = ∃xn+1 Q alors P S = g∃ (QS ) ;
— si P = ∀xn+1 Q alors P S = g∀ (QS ).
Les notations sont celles de 2.6 (ii), 2.13 (v) et 5.8 (iv).
(iv) Montrez que l’affirmation M |= P est vrai si et seulement si P S = Dn .
Remarque : On aurait pu définir la ‘relation dérivée n-aire’ P S par induction sur
la forme de P comme dans (iii), pour ensuite définir la vérité de M |= P par
l’équivalence de (iv). Cette abstraction permet éventuellement de considérer non
seulement des modèles ‘ensemblistes’ d’un langage du premier ordre Θ (comme nous
faisons dans ce cours : le domaine DS d’une structures S est un ensemble) mais
des modèles dans un ‘topos’ quelconque (DS est un objet d’un ‘topos’). Référence :
“Sheaves in geometry and logic” [S. MacLane et I. Moerdijk, 1992].
5.10 Donnez, par analogie avec 2.3, une (ou plusieurs) “bonne(s) définition(s)” de
homomorphisme entre deux Θ-structures M1 : Θ → S1 et M2 : Θ → S2 . Indication :
Consultez éventuellement un livre tel que “Introduction to Model Theory” [Philipp
Rothmaler, 2000].
(i) Vérifiez que les propriétés (i) et (ii) de 2.3 sont toujours vraies.
(ii) Que peut-on dire à propos des relations dérivées dans ce contexte, cf. 2.15
(ii) ?
(iii) Quelle est maintenant la “bonne définition” de sous-structure (cf. 2.4) ?
(iv) Et qu’est-ce qu’un isomorphisme dans ce contexte (cf. 2.5) ?
6.1 L’axiomatique du calcul des prédicats vue au cours fait intervenir les symboles
logiques ¬, → et ∀, et les axiomes sont
26
— P → (Q → P ),
— (P → (Q → R)) → ((P → Q) → (P → R)),
— (¬Q → ¬P ) → ((¬Q → P ) → Q),
— (∀x)(P → Q) → (P → (∀x)Q) où x n’a pas d’occurence libre dans P ,
— (∀x)P → [t/x]P où t est libre pour x dans P .
Les deux règles sont le Modus Ponens et la Généralisation :
de ` P et ` P → Q, déduisez ` Q,
de ` P , déduisez (∀x)P .
Quels axiomes doit-on ajouter si on veut utiliser aussi les symboles ∧, ∨, ↔ et ∃ ?
Indication : Consultez 4.3.
6.4 Soit P une formule d’un langage du premier ordre Θ telle que V L(P ) = {x}.
On suppose que y ∈ V (Θ) est libre pour x dans P . Dans ce cas, on dit que la formule
[y | x]P est semblable à P .
(i) Montrez que la relation de similitude est une relation d’équivalence. Re-
marque : Dans la situation de similitude, telle que décrite ci-dessus, il est
d’usage d’écrire P (x) et P (y) au lieu de P (avec V L(P ) = {x}) et [y | x]P .
(ii) Montrez que si P (x) et P (y) sont semblables, alors
6.5 Soit un langage du premier ordre dont P est une formule, les xi sont des va-
riables, r1 est un symbole relationnel unaire, et r2 , s2 sont des symboles relationnels
binaires.
27
(i) Démontrez que (∀x1 )(∀x2 )P ↔ (∀x2 )(∀x1 )P .
(ii) En utilisant l’exercice 6.4, montrez que
(∀x1 )(∀x2 )s2 x1 x2 ↔ (∀x3 )(∀x4 )s2 x3 x4 et (∀x2 )¬r1 x2 ↔ (∀x5 )¬r1 x5 .
6.6 Une théorie Γ du premier ordre est, tout simplement, un sous-ensemble des
formules d’un langage Θ du premier ordre : Γ ⊆ Form(Θ). Un modèle M d’une telle
théorie est une réalisation M : Θ → S telle que M |= Γ. Pourquoi peut-on, sans
perte de généralité, se limiter à l’étude des théories dont tous les éléments sont des
formules fermées (c’est-à-dire, sans variables libres) ? Indication : Voir 5.6.
P1 = ∀x1 (rx1 x1 )
P2 = ∀x1 ∀x2 ∀x3 ((rx1 x2 ∧ rx2 x3 ) → rx1 x3 )
28
6.9 On considère les graphes de type suivant : les points d’un graphe existent en
deux couleurs, donc chaque point a une couleur et aucun point a les deux couleurs
à la fois, et entre deux points de couleurs différentes il peut exister au maximum un
lien. Par exemple :
v v
H
B HH
HH
f
B
f
BB
v
f``
f v ``v
Donnez une théorie de premier ordre dont les modèles sont ces graphes.
6.10 Une théorie de premier ordre Γ ⊆ Form(Θ) est égalitaire si on dispose d’un
symbole relationnel binaire $ dans l’alphabet de Θ, et Γ contient les axiomes sui-
vants :
E1 = ∀x1 (x1 $ x1 )
E2 = ∀x1 ∀x2 (x1 $ x2 → x2 $ x1 )
E3 = ∀x1 ∀x2 ∀x3 ((x1 $ x2 ∧ x2 $ x3 ) → x1 $ x3 )
E4fn = ∀x1 ...∀xn , ∀y1 ...∀yn ((x1 $ y1 ∧ ... ∧ xn $ yn ) → fn x1 ...xn $ fn y1 ...yn )
(pour tout fn ∈ On )
E5rn = ∀x1 ...∀xn ∀y1 ...∀yn ((x1 $ y1 ∧ ... ∧ xn $ yn ∧ rn x1 ...xn ) → rn y1 ...yn )
(pour tout rn ∈ Rn )
29
M un modèle quelconque, de domaine D disons, alors on peut lui associer le
modèle dont le domaine est le quotient de D par l’interprétation de $.
6.12 Soit Θ un langage égalitaire du premier ordre avec un seul prédicat binaire
< (autre que l’égalité $ et les autres symboles logiques, bien sûr) et considérons la
théorie égalitaire Γ ⊆ Form(Θ) suivante :
(∀x)¬(x < x) (anti-reflexivité)
(∀x)(∀y)((x < y) ∨ (y < x) ∨ (x $ y)) (trichotomie)
(∀x)(∀y)(∀z)(((x < y) ∧ (y < z)) → (x < z)) (transitivité)
(∀x)(∃y)(∃z)((y < x) ∧ (x < z)) (non-borné)
(∀x)(∀y)((x < y) → (∃z)((x < z) ∧ (z < y))) (densité)
(plus les axiomes de l’égalité). Observez que (Q, <) et (R, <) sont des modèles
égalitaires de cette théorie, mais que (N, <) et (Z, <) ne le sont pas.
Remarque : On peut prouver que cette théorie n’admet qu’un seul modèle dénom-
brable (à isomorphisme près) : les nombres rationnels (Cantor, 1895). On dit que la
théorie est catégorique pour les modèles dénombrables, ou plus simplement qu’elle est
ω-catégorique. Ceci veut donc dire que les axiomes ci-dessus résument parfaitement
le “contenu mathématique” de l’objet mathématique (Q, <).
30
(∀x)(∀y)(m(x, sy) $ a(m(x, y), x))
(P (c) ∧ (∀x)(P (x) → P (sx))) → (∀x)P (x)
Le dernier axiome est en fait un schéma d’axiomes : un pour chaque formule P
telle que V L(P ) = {x} (cf. 6.4). Ce schéma contient donc un Principe d’Induction
Mathématique.
(i) Observez que N est (le domaine d’) un modèle de l’Arithmétique de Peano.
On l’appelle le modèle standard. Indication : Bien sûr, on interprète la constante
c comme le nombre zéro, l’opération s comme le successeur, et a et m comme
addition et mulitiplication—d’où l’arithmétique !
(ii) Montrez que, dans l’Arithmétique de Peano,
` (∀x)(∀y)(∀z)(a(a(x, y), z) $ a(x, a(y, z)))
` (∀x)(∀y)(a(x, y) $ a(y, x))
` (∀x)(∀y)(∀z)(m(m(x, y), z) $ m(x, m(y, z)))
` (∀x)(∀y)(m(x, y) $ m(y, x))
` (∀x)(∀y)(∀z)(m(x, a(y, z)) $ a(m(x, y), m(x, z)))
Indication : Vous pouvez vous baser sur le travail fait en 1.8 et 1.9.
(iii) Ecrivez dans le langage donné ci-dessus la Conjecture de Goldbach : “Cha-
que nombre naturel paire plus grand que 2 est la somme de deux nombres
premiers.” (Jusqu’à présent personne ne sait si N |= Goldbach.)
(iv) G. Peano (1891) proposait comme Postulat d’Induction : “Si P est une
propriété des nombres naturels qui est vraie pour 0, et qui est vrai pour le
successeur de x chaque fois qu’elle est vraie pour x, alors P est vraie pour
tous les nombres naturels.” Peut-on exprimer ce postulat dans un langage du
premier ordre ? Quelle est la différence avec l’axiome d’induction ci-dessus ?
Remarque : L’Arithmétique de Peano du premier ordre n’est pas une théorie ω-
catégorique : il existe des modèles dénombrables non-isomorphes à N. On les appelle
des modèles non-standards. (Consultez la litérature.) Si on se permet de travailler
avec un langage et une théorie du second ordre, alors on peut parfaitement encoder le
Postulat d’Induction de Peano (cf. (iv) ci-dessus). Et la théorie de l’Arithmétique du
second ordre que l’on obtient est alors ω-catégorique : son seul modèle dénombrable
est N (à isomorphisme près).
Lié au problème de non-categoricité, est l’incomplétude de l’Arithmétique de
Peano. K. Gödel (1930) a prouvé (des métathéorèmes qui impliquent) l’existence
d’une formule P telle que ni P ni ¬P est un théorème pour l’Arithmétique de Peano.
Pour une construction explicite d’une telle formule, consultez par exemple “Logic
for Mathematicians (revised edition)” [A. G. Hamilton, 1988]. Essentiellement, l’idée
derrière la construction est d’écrire une formule qui est l’équivalent de la phrase “je
31
mens toujours” : P dit que “P n’est pas vrai”.
a(n, n0 ) = min{n + n0 , N },
m(n, n0 ) = min{n · n0 , N }.
32
Remarque : On peut prouver que ΓN est consistant et catégorique : chaque modèle
a exactement N + 1 éléments, et est isomorphe au modèle DN . De plus, les méta-
théorèmes de Gödel ne s’appliquent pas à la théorie ΓN ! L’Arithmétique Stricte-
ment Finitiste a donc toute une série de bonnes propriétés que l’Arithmétique de
Peano n’a pas. En quelque sorte, on peut penser à l’Arithmétique de Peano comme
“limN →∞ ΓN ”, et donc N est “limN →∞ {0, ..., N }”. Mais en prenant cette limite, on
perd certaines bonnes propriétés.
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Table des matières
1 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 Langages et structures algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3 Calcul des propositions : sémantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4 Calcul des propositions : axiomatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5 Calcul des prédicats : sémantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
6 Calcul des prédicats : axiomatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Ce recueil d’exercices pour le cours SC 1110 de Thierry Lucas trouve son origine
dans une liste d’exercices compilée par Jean-Roger Roisin, le titulaire ad interim de
ce cours en 2000–2001 lorsque Thierry Lucas était en congé sabbatique. C’est cette
même année que je suis devenu l’assistant pour les séances d’exercices. D’après mes
propres goûts et mes expériences en classe, j’ai modifié – au cours des années – cette
première liste d’exercices ; et vous tenez le résultat de mon travail etre vos mains !
Je remercie Mathieu Dupont pour avoir corrigé mon orthographe.
En espérant que l’effort que demandent à l’étudiant ces exercices, portera tôt ou
tard ses fruits,
Isar Stubbe.
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