La Revelation de Dieu Au Coeur de L'homme 2
La Revelation de Dieu Au Coeur de L'homme 2
La Revelation de Dieu Au Coeur de L'homme 2
de l’Homme
I/ La recherche
« Poussé par le zèle, Nicétas demanda à son Abbé de le bénir afin qu’il
passe sa vie en réclusion totale. L’Abbé, qui était alors saint Nikon, lui a
interdit en disant :
’’- Mon enfant ! Il n’est pas bon pour toi d’être oisif. Il serait préférable
pour toi de vivre avec la communauté. En les servant dans l’obéissance,
tu ne perdras pas ta récompense. Tu sais très bien comment Isaac à été
trompé par les démons en réclusion. Il aurait péri si une grâce spéciale de
Dieu, après les prières de nos saints pères saint Antoine et saint Théodore,
ne l’avait sauvé !
- Mon père, répliqua Nicétas, je ne serai jamais trompé par quelque chose
de ce genre, mais je veux tenir fermement face aux ruses du Diable, et
demander à Dieu que je devienne un faiseur de miracles, comme Isaac le
Reclus, qui jusqu’à présent a accompli beaucoup de miracles.
- Tes désirs, dit l’Abbé, sont au-delà de tes forces. Reste sur tes gardes, de
peur que une fois tenté, tu ne tombes. Mais moi, je t’ordonne de servir tes
frères pour que tu reçoives de Dieu une couronne pour ton obéissance.’’
Mais Nicétas, poussé par un zèle très fort pour la vie de réclusion,
n’avait aucune intention de faire ce que son Abbé lui demandait. Il a fait
ce qu’il avait en tête. Il s’enferma dans un ermitage et continua de prier
sans jamais en sortir. Après quelques temps, pendant qu’il priait, il
entendit une voix prier avec lui, et il sentit un parfum aux senteurs
extraordinaires. Trompé par ces pièges, il se dit en lui-même ’’Si c’était
un démon, il ne prierait pas avec moi, et il n’aurait pas le parfum de
l’Esprit Saint.’’ Nicétas commença à prier encore plus sérieusement en
disant ’’Seigneur, manifeste Toi auprès de moi, afin que je puisse Te
voir.’’
A ce moment, il y eu une voix qui lui disait ’’Je ne me manifesterai
pas à toi parce que tu es jeune, de peur qu’après avoir été élevé, tu ne
tombes.’’
L’ermite répondit en pleurant ’’Seigneur, je ne serai jamais trompé,
car mon Abbé m’a appris à résister aux illusions diaboliques, mais je ferai
tout ce que Tu m’ordonnes.’’
Puis, ayant mis son emprise sur lui, le serpent destructeur d’âme dit
’’Il est impossible pour un homme encore dans la chair de me voir. Mais
regarde, j’envoie mon ange pour rester avec toi. Accomplis sa volonté.’’
Avec ces mots, un démon ayant pris la forme d’un ange apparu au
reclus. Nicétas tomba à ses pieds et l’adora comme un ange. Le démon lui
dit encore ’’Désormais, tu ne prieras plus, mais tu liras des livres. De cette
manière tu entreras en conversation constante avec Dieu et tu recevras le
pouvoir de donner un enseignement saint et salutaire à ceux qui viendront
à toi, et je prierai sans cesse le Créateur de tout pour ton salut.’’
Le reclus crut en ses mots et fut encore trompé. Il arrêta de prier et
occupa tous son temps à lire. Il voyait constamment le démon prier et se
réjouir, il pensait que l’ange priait pour lui. Alors il se mit à parler
beaucoup des Écritures à ceux qui le visitaient, et à prophétiser comme le
reclus palestinien.
Sa renommée se repandait dans tous le pays et atteignit la cour du
grand prince. En réalité, il n’avait rien prophétisé, mais seulement dit à
ceux qui venaient le voir où des biens qui avaient été volés ont été cachés,
ou que quelque chose s’était passé dans un lieu éloigné, il obtenait ces
informations par le démon qui l’assistait. Ainsi il pu dire au grand prince
Izyaslav que le prince Glab de Novgorod a été assassiné, et lui conseiller
d’envoyer son fils prendre sa place. Tout cela suffisait aux mondains pour
voir Nicétas comme un prophète. On observe que, comme les mondains,
les moines sans discernement spirituel sont presque toujours attiré par les
farceurs, les imposteurs, les hypocrites et ceux qui sont sous l’emprise de
vision venant du démon, ils les prennent pour des saints et de véritables
serviteurs de Dieu.
Personne ne pouvait rivaliser avec Nicétas sur la connaissances des
textes de l’Ancien Testament. Mais il ne pouvait pas supporter le
Nouveau Testament, jamais il ne tirait ses enseignements des Évangiles
ou des Épîtres des Apôtres, et ne permettaient pas à ses visiteurs de
mentionner quelque chose du Nouveau Testament. Par ce biais étrange
d’enseignement, les pères du monastère des grottes de Kiev réalisèrent
qu’il était trompé par le démon. En ce temps là, il y avait beaucoup de
saints moines remplis de grâce et de dons spirituel dans ce monastère. Ils
expulsèrent le démon de l’esprit et du cœur de Nicétas par leurs prières.
Et Nicétas arrêta d’être visité par le serpent déguisé. Les pères sortirent
Nicétas de sa réclusion et lui demandèrent de leur dire quelque chose de
l’Ancien Testament. Mais il affirma sincèrement qu’il n’avait jamais lu
les livres qu’il connaissait auparavant par cœur. Il s’avéra par la suite
qu’il avait même oublié comment lire, tant était grande l’illusion de
Satan, et ce n’est qu’avec beaucoup de difficulté qu’il réappris à lire. Par
les prières de ses saints pères, il fut ramené à lui-même, il reconnut et
confessa son péché, il se repentit avec des larmes amères, et il obtint un
haut degrés de sainteté et le don de faire des miracles par une vie humble
parmi ses frères. Par la suite, Saint Nicétas a été consacré évêque de
Novgorod. »
Saint Nicétas de Novgorod
Ici, nous voyons comment ce qui est appelé ’’révélation’’ nous est donné :
le cœur se meut et change en présence de Dieu, ou par quelque chose qui est
rempli de l’Esprit Saint, ou seulement par l’écoute de la vérité que Jésus
prêchait. C’est aussi ainsi que les Apôtres avaient le pouvoir d’aller sur
pratiquement toute la terre habitée, en Inde (et peut-être même jusqu’à la
Chine), la Russie au nord, la Grande-Bretagne à l’ouest, l’Abyssinie au sud,
afin de prêcher l’Évangile à tous les peuples pendant les premières décennies
après la résurrection du Christ.
C’est la même chose aujourd’hui, même si les gens sont beaucoup plus
insensibles et fermés spirituellement, plus simples, et ne répondent pas
simplement à l’appel de la vérité. Dans le cas de l’archevêque John, tous ceux
qui sont venu à la foi grâce à lui n’y sont pas venu par les miracles qui
s’accomplissaient par lui, mais parce que quelque chose bougeait dans leurs
cœurs. Je vais vous donner un exemple dans sa vie, un incident qui est arrivé à
Shanghai, où il était évêque pendant la seconde guerre mondiale. Ces
événements m’ont été relaté par un bonne amie que nous avions en commun qui
est morte il y a quelque années, une professeure de chant nommé Anna. Comme
elle l’a expliqué, le jeûne de l’évêque était si stricte que sa mâchoire inférieure
perdait de sa puissance et il parlait très indistinctement. Elle avait pour mission
de lui donner des leçons pour exercer sa mâchoire et le faire parler un peu plu
clairement. Il venait toujours la voir à intervalle régulier, et à la fin de chaque
leçon, il avait l’habitude de laisser un billet américain de vingt dollars. Pendant
la guerre, cette femme a été blessée et se mourrait dans un hôpital français de
Shanghai. Il était tard dans la nuit, il y avait une violente tempête à l’extérieur,
et aucune communication n’était possible dans la ville. Mais elle eut dans son
cœur une idée. Les médecins lui ayant dit qu’elle allait mourir, son seul espoir
était que l’archevêque John la visite et lui donne la Sainte Communion et la
sauverait d’une manière ou d’une autre. Elle suppliait tous le personnel de lui
faire passer le mot, mais ils lui ont dit que c’était hors de question. Les lignes
téléphoniques étaient coupées à cause de la tempête, et l’hôpital (puisque c’était
la guerre) été fermé à clef pour la nuit. Alors tout ce qu’elle pouvait faire était
de crier au secours : ’’Aide moi ! Archevêque John, viens !’’ Bien-sûr, tous le
monde disait que la pauvre femme délirait, qu’il n’y avait aucun moyen
possible de le contacter. Mais cette nuit là, alors qu’elle criait ces mots, les
portes se sont ouvertes, au milieu de la tempête, et l’Archevêque John est entré,
avec la Sainte Communion, il s’est approché d’elle, la confessa, la calma (elle
était, bien évidement, en extase), lui donna la Communion et partit.
La femme a alors dormi 18 heures de suite après ça, et quand elle s’est
réveillée le lendemain, elle a senti qu’elle avait récupéré. ’’Ça doit être parce
que l’archevêque est venu’’ se disaient-elle. ’’Quoi ? L’archevêque John ?’’
demandèrent les infirmières, elles lui dirent que personne n’aurait pu rentrer
dans un hôpital fermé par une nuit pareille. La personne dans le lit à coté du
sien affirma que quelqu’un était bien venu ici, mais personne ne la croyait. Elle
commençait elle-même à croire que ce n’avait été qu’une hallucination. Mais
quand les infirmières firent son lit ce jour là, elles trouvèrent un billet américain
de vingt dollars sous son oreiller. ’’Haha ! C’est la preuve qu’il est venu !’’
s’écria-t-elle.
Mais comment, pourrait-on se demander, l’archevêque John l’a su?
Comment a-t-il fait pour venir la voir, quand aucune communication ne pouvait
lui parvenir ? On peut aisément dire que cela lui a été révélé, comme tant
d’autres choses de ce genre lui ont été révélées. Mais de quelle façon cet appel
lui a été révélé ? Pourquoi à lui et pas à un autre ? Pourquoi la vérité semble se
révélé à certains et pas à d’autres ? Existe-t-il un organe spécial pour recevoir la
révélation de Dieu ? Oui, en un sens il y a un organe spécial, bien
qu’habituellement nous le fermions et ne le laissions pas s’ouvrir : la révélation
de Dieu est donnée à un organe qui s’appelle ’’un cœur aimant’’. Nous savons
par les Écritures que Dieu est Amour ; le christianisme est la religion de
l’amour. Vous pouvez regardez les échecs, voir des gens qui se disent chrétiens
mais ne le sont pas, et dire qu’il n’y a pas d’amour là-bas ; mais le christianisme
est en effet la religion de l’amour quand il est pratiqué de la bonne façon. Notre
Seigneur Jésus Christ dit lui-même que c’est sur leur amour que ses vrais
disciples seront distingués (Jean 13;35).
C’est ici que son cœur commença à devenir doux et réceptif, et ainsi, une sorte
de révélation a eu lieu :
’’Peu à peu, il m’a été révélé que la ligne séparant le mal et le bien ne se
trouve pas entre différent pays, ni entre différentes classes sociales, ni
entre les partis politiques, mais à travers de chaque cœur humain,et
ensuite à travers tous les cœurs humains...Et même si le cœur est accablé
par le mal, en lui résiste un petit pont qui mène au bien.Et même dans le
meilleur de tous les cœurs, il reste un petit coin de mal enraciné.’’
A quel point cette observation est-t-elle plus profonde que tout ce que
nous, en occident, pourrions dire sur la base de notre propre expérience. Elle est
plus profonde parce qu’elle est basée sur la souffrance, qui est la réalité de la
condition humaine et le commencement d’une vraie vie spirituelle. Le Christ
lui-même a eu une vie de d’épreuves et a souffert sur la Croix ; et l’expérience
de la Russie permet à ceux qui la subissent de le voir en profondeur. C’est
pourquoi le renouveau spirituel russe est si profond.
Alexander Soljenitsyne
IV/ La renaissance
Maintenant, j’aimerai dire quelques mots sur un homme simple nommé
Yuri Mashkov, qui raconte l’histoire de sa conversion en Russie. Il a été exilé de
force de Russie il y a 3 ans et, alors qu’il était encore dans la quarantaine, a eu
un cancer et est mort l’an dernier. Trois mois seulement après son arrivé aux
États-Unis, il a donné une conférence dans laquelle il racontait comment il est
venu à la foi, c’est à dire, comment Dieu s’est révélé à lui à travers ses
souffrances. Il était invité à participer à une conférence russe dans le New
Jersey en 1978, et quand ce fut à son tour de prendre la parole, il dit aux gens,
qu’avant de venir ici, il n’avait aucune idée de ce qu’il allait dire :
« J’ai été gêné, disait-il, il m’a semblé que je n’avais rien à vous dire.La
première moitié de ma vie, je l’ai passé dans mes études, et la deuxième
moitié en prison et dans les camps de concentration du goulag. En effet,
que pourrais-je dire à des gens qui sont bien plus éduqués que moi, plus
érudits, et encore mieux informés que moi sur les événements en Union
Soviétique ? »
Nous pouvons facilement voir ici le contraste avec ce qui se passe en
occident. Il y a ici, en occident, beaucoup de convertis à l’orthodoxie.
Habituellement, ils ont une large connaissance théorique de l’orthodoxie, mais
pas cette expérience de souffrance et ni d’avoir à vraiment ’’payer pour ce
qu’ils ont’’. Yuri, de l’autre côté, ne parle pas d’après les livres, mais d’après sa
propre expérience.
« Par conséquence, dit Yuri, j’ai décidé de ne pas écrire mon
discours, mais de vous livrer ce que Dieu soufflera à mon âme. Puis,
alors que nous nous dépêchions de quitter Bridgeport, Connecticut, dans
une splendide automobile roulant sur cette merveilleuse autoroute au
milieu d’une nature luxuriante, j’ai compris que toute ma vie spirituelle
tourmentée dans ce ’’paradis communiste’’ et mon cheminement de
l’athéisme et du marxisme à la foi orthodoxe était la seule information
valable qui pourrait vous intéresser venant de moi. Mon cheminement de
vie n’a d’intérêt que dans la mesure où elle st une goutte d’eau au milieu
de l’océan de la renaissance spirituelle russe.’
Je suis né durant l’année sanglante qu’était 1937, dans le village de
Klichev, à 50 kilomètres de Moscou. Mon père, forgeron de métier, est
mort à la guerre, je ne me souviens pas de lui ; ma mère, qui du exercer
plusieurs métiers différents, était, je pense, indifférente à la religion. Mais
c’est vrai que ma grand-mère était très portée sur la religion. Mais elle
n’avait aucune autorité à mes yeux de l’époque, car elle était totalement
analphabète. Bien-sur j’ai été baptisé enfant, mais durant mes années
d’école j’ai arrêté de porter la croix et jusqu’à l’age de 25 ans, j’ai été
un athée convaincu. Après avoir terminé l’école et le collège, j’ai eu la
chance d’entrer à l’École supérieure d’art et d’industrie à Moscou, et j’y
ai étudié cinq années sur sept. Avec le temps, j’aurai du obtenir mon
diplôme d’artiste et aurais pu travailler partout où je l’aurai voulu. »
Jusque là, c’est une biographie académique soviétique typique. En Union
Soviétique, la vie académique était prise très au sérieux : si on réussissait, on
avait un billet d’entrer à toutes les bonnes choses de l’Union Soviétique, mais si
vous échouiez, vous ne pouviez trouver qu’un travail comme éboueur.
« Mais l’ennuyante vie soviétique et l’insatisfaction spirituelle ne
m’ont pas donné la paix. Et à la fin de 1955, durant ma dix-neuvième
année, il s’est passé quelque chose d’extérieurement imperceptible mais
qui a pourtant changé ma vie et finalement amené ici. Cet événement
s’est produit dans mon âme, et a fait que mon âme a compris dans quel
genre de société je vivais. Malgré toute la propagande soviétique, j’ai
enfin compris que je vivais sous un régime d’injustice et d’absolue
cruauté. Beaucoup d’étudiant en sont venu à la même conclusion durant
cette période, et après quelques temps, nous étions beaucoup à penser
comme ça, et nous avons tous considéré qu’il était de notre devoir de
parler aux gens de notre découverte et d’agir d’une manière ou d’une
autre pour triompher du mal.Ceci reflète le courant idéaliste de la
jeunesse, qui se voit aussi dans le monde occidental.Mais la police
secrète surveillait très attentivement tous les citoyens de l’U.R.S.S. , et
quand, le 7 novembre 1958 (j’avais alors seulement 21 ans), nous avions
organisé une réunion pour le projet d’une publication clandestine, six
d’entre nous furent arrêtés, et ceux qui ne se sont pas repenti ont eu la
plus grande peine pour un agissement anti-soviétique : sept ans chacun
en camp de concentration. Ainsi a commencé le nouveau chemin de ma
vie.»
Jusqu’ici, notons-le, il n’y a pas encore de conversion religieuse. Yuri est
toujours ce jeune idéaliste qui a soudainement été écrasé et envoyé au goulag.
« Nous étions tous des athées et des marxistes dans le camp. C’est à dire
que nous pensions que le marxisme était en lui même un enseignement
juste qui conduirait les gens à un avenir radieux, à un royaume de justice
et de liberté, et que les criminels de Moscou n’avaient pas voulu
enseigner correctement cet idéal. Dans le camp de concentration, cette
idée était complétement, et pour toujours, morte pour nous. »
Ici je ne remettrai pas en question ou ne philosopherai pas sur le communisme,
mais noterai seulement le fait que Yuri a été réduit à un état de désespoir. Il
avait perdu foi en ce qu’il avait cru toute sa vie : que le communisme était
l’enseignement idéal pour apporter le bonheur et la paix au monde. Mais il a vu
qu’en pratique, le communisme n’était pas ce qu’il prétendait être. Alors
quelque chose commença à s’agiter dans son âme.
« J’aurai voulu vous parler un peu du processus de la renaissance
spirituelle, afin que vous puissiez voir à quel point il se déroule
infailliblement en Russie. Ce n’est pas seulement moi et mes compagnons
qui sommes passés par ce cheminement de l’athéisme jusqu’à la foi
religieuse. C’est typique de ce qui pouvait se passer en camp soviétique.
Comment cela se passait-t’il pour notre peuple ?Le processus de cette
renaissance spirituelle se fait en deux étapes. En premier, nous
discernons l’essence du marxisme, et à l’issue d’une analyse profonde et
réfléchie, nous découvrons que le marxisme est en essence un
enseignement complétement totalitaire, en d’autres mots, un absolu
esclavagisme, et que tout parti communiste, dans n’importe quel pays,
une fois qu’il a entrepris la réalisation du programme marxiste, sera
obligé de répéter ce que les communistes de Moscou ont fait et font, ou
bien de renoncer au marxisme et à l’athéisme. Ayant compris cette simple
vérité, nous perdons la base idéologique, base sur laquelle nous nous
étions opposé à l’esclavage marxiste. Nous tombions dans un vide
spirituel qui entraîne une crise de plus en plus profonde.
Après avoir été libéré du camp, donc 7 ans, nos perspectives d’avenir
étaient telles que nous nous pouvions pas souhaiter quoi que ce soit de
l’ennemi : sois nous retournions au camp pour le reste de notre vie, sous
nous allions mourir dans un hôpital psychiatrique, sois nous allions être
assassiné par la police secrète sans procès ni enquête.
Dans cette condition de crise spirituelle, sans issue, la question
principale de notre vision du monde nous vient inévitablement à
l’esprit :pourquoi je continuerai à vivre si il n’y a pas d’issue ? Et quand
ce terrible moment arrive, chacun de nous sent que la mort l’a pris à la
gorge : si une sorte de réponse spirituelle ne vient pas, la vie s’arrête,
car sans Dieu, non seulement ’’tout est permis’’, mais la vie en elle-même
n’a aucune valeur ou sens. J’ai vu dans ce camp comment les gens
pouvaient devenir fou ou arriver au suicide. Et moi-même, j’ai bien senti
que si, après tout, j’arrivais à la conclusion ferme et définitive qu’il n’y a
pas de Dieu, je serais simplement obligé d’en arriver au suicide, car c’est
honteux pour une créature rationnelle que de traîner une vie insensée et
tourmentée. Ainsi, à la deuxième étape de cette renaissance spirituelle,
nous découvrons que l’athéisme, pensé jusqu’à sa fin logique, conduit
inévitablement l’homme à sa perdition, parce que c’est un enseignement
plein d’immoralité qui mène au mal et à la mort.
Une fin tragique, comme le suicide ou la folie, aurait été mon lot si, pour
mon bonheur, il ne s’était produit, le premier septembre 1962, le plus
grand miracle de ma vie. Aucun événement ne s’est produit ce jour-là, il
n’y a pas eu de suggestions extérieures : dans la solitude je réfléchissais
à mon problème : ‘être ou ne pas être ?’ A cette époque, je ne m’étais pas
rendu compte que croire en Dieu est salvateur. Je voulais vraiment croire,
mais je ne pouvais me tromper moi-même : je n’avais pas la foi.
Et soudain, pendant une seconde, d’une manière ou d’une autre, j’ai vu
ce que je n’avais jamais vu auparavant, comme si la porte d’une salle
sombre s’ouvrait sur une rue ensoleillée, et dans la seconde suivante je
savais que Dieu existait, et que Dieu est le Jésus Christ du christianisme,
et non un autre Dieu. J’appelle ce moment le plus grand miracle de ma
vie parce que cette connaissance m’est venue non pas par la raison, mais
par un autre moyen, et je suis incapable d’expliquer ce moment de façon
rationnelle. Et ainsi, avec un tel miracle, commença ma nouvelle vie
spirituelle, qui m’aidait à endurer les treize dans les camps, les prisons,
en exil, et je l’espère, m’aidera à supporter les difficultés de la vie
d’émigrant.
Et ce moment de foi, le plus grand des miracles, est vécu maintenant en
Russie par des milliers de personnes, et pas seulement dans les camps de
concentration et dans les prisons. Igor Ogurstov, le fondateur de l’Union
Sociale Chrétienne, est venu à la foi non par les camps mais à
l’université. La renaissance spirituelle est un phénomène typique de la
Russie contemporaine. Tous ce qui est spirituellement vivant finit
inévitablement par retourner vers Dieu. Et il est absolument évident
qu’un tel miracle salvateur, malgré toute la puissance du régime
communiste en Russie, ne peut être accompli que par le Dieu Tout-
Puissant, qui n’a pas laissé le peuple russe dans de terribles souffrance et
sans défense face à de nombreux ennemis. »
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