VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ

Individu et société : confrontations de valeurs ?

Unité 9
Lire Claude Gueux de Victor Hugo.

Durée approximative : 8 heures

Avec cette unité, débute pour cette année l’étude du thème : VIVRE EN SOCIÉTÉ, PARTICIPER
À LA SOCIÉTÉ. Le questionnement au cœur de ce travail a pour intitulé : Individu et société :
confrontations de valeurs ? L’unité 10, consacrée au théâtre prolongera cette étude.

Pour l’heure, dans cette unité 9, tu vas lire intégralement un récit intitulé Claude Gueux (1834). Ce
titre est également le nom du personnage principal au sujet duquel Hugo écrit en forme de conclusion :

« Cet homme, certes, était bien né, bien organisé, bien doué. Que lui a-t-il donc manqué ? Réfléchissez. »

Accepte donc toi aussi cette invitation à réfléchir que lance Victor Hugo à ses lecteurs. Tu découvriras
ainsi que la littérature est une puissante et magnifique façon d’agir sur le monde.

Avant de commencer, prends ton cahier. En haut d’une nouvelle page, recopie en rouge le numéro et le
titre de l’unité. Encadre-les.

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 séance 1 — Unité 9

Sommaire

Séance 1 Étudier la critique sociale dans l’incipit de Claude Gueux

Séance 2 Étudier l’éloge de l’opprimé

Séance 3 Accorder les noms composés

Séance 4 Comprendre la décision de Claude Gueux

Séance 5 Identifier et utiliser la forme pronominale

Séance 6 Lire la fin de Claude Gueux

Séance 7 Je m’évalue

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 Unité 9 — séance 1

Séance 1
Étudier la critique sociale dans l’incipit de Claude Gueux

Je peux lire aussi …

Dans le cadre de cette unité, tu peux lire aussi en lecture cursive les
textes suivants :
- Le dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo, qui aborde,
comme Claude Gueux, la question de la peine de mort.
- Cannibale de Didier Daeninckx, qui est, comme Claude Gueux,
un récit inspiré d’un fait réel.
© Cned / N. Julo

Durée approximative : 1 h.

Les durées indiquées en début de séance sont approximatives. Il est possible que tu aies besoin d’un peu
plus (ou moins) de temps pour réaliser l’ensemble.
Dans la première séance, tu vas étudier l’incipit de Claude Gueux pour comprendre la nature et les
enjeux de ce récit.
Avant de commencer, prends ton cahier. Écris maintenant en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis à présent le texte ci-dessous puis réponds aux questions posées :
1 Il y a sept ou huit ans, un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à
Paris. Il avait avec lui une fille1 qui était sa maîtresse, et un enfant de cette fille. Je dis les
choses comme elles sont, laissant le lecteur ramasser les moralités à mesure que les faits
les sèment sur leur chemin. L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort mal traité par
5 l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Un hiver,
l’ouvrage manqua. Pas de feu ni de pain dans le galetas2. L’homme, la fille et l’enfant
eurent froid et faim. L’homme vola. Je ne sais ce qu’il vola, je ne sais où il vola. Ce que
je sais, c’est que de ce vol il résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour
l’enfant, et cinq ans de prison pour l’homme.
10 L’homme fut envoyé faire son temps à la maison centrale de Clairvaux3. Clairvaux,
abbaye dont on a fait une bastille4, cellule5 dont on a fait un cabanon6, autel dont on a fait
un pilori7. Quand nous parlons de progrès, c’est ainsi que certaines gens le comprennent
et l’exécutent. Voilà la chose qu’ils mettent sous notre mot.
Poursuivons.
15 Arrivé là, on le mit dans un cachot pour la nuit et dans un atelier pour le jour. Ce n’est
pas l’atelier que je blâme.
Claude Gueux, honnête ouvrier naguère8, voleur désormais, était une figure digne
et grave. Il avait le front haut, déjà ridé, quoique jeune encore, quelques cheveux gris
perdus dans les touffes noires, l’œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade
20 sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse.
C’était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait.
Il avait la parole rare, le geste plus fréquent, quelque chose d’impérieux9 dans toute sa
personne et qui se faisait obéir, l’air pensif, sérieux plutôt que souffrant. Il avait pourtant
bien souffert.

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 séance 1 — Unité 9

Notes :
1. « une fille » : une femme avec laquelle Claude Gueux n’est pas marié.
2. « un galetas » : un logement à petit prix sous les toits, dans lequel il fait très froid en hiver.
3. « Clairvaux » : ancienne abbaye qui a été transformée en maison de détention en 1808.
4. « une bastille » : Hugo transforme le nom propre de la Bastille (la prison détruite lors de la Révolution de
1789) en nom commun. Il désigne ainsi la prison.
5. « une cellule » : nom donné aux petites chambres des religieux.
6. « un cabanon » : un cachot très sombre.
7. « un pilori » : un poteau sur lequel on attachait le condamné.
8. « naguère » : autrefois.
9. « impérieux » : qui commande et qui impose le respect.

A Le protagoniste
As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en rédigeant des
phrases complètes.
1- a) Comment s’appelle le protagoniste ?
b) Quel est son métier ?
c) Quelle est sa situation familiale ?
2- a) Dans le premier paragraphe (lignes 1-9), souligne en bleu les informations indiquant que le
protagoniste est pauvre.
b) Cherche la définition de « gueux » dans un dictionnaire des noms communs. Le patronyme
du personnage est-il approprié ? Justifie ta réponse.
3- a) Dans le texte, souligne en rouge les expressions et les termes mélioratifs qui permettent
de décrire ou de caractériser Claude Gueux. (Reporte-toi à la séance 4 de l’unité 9 si tu as
besoin d’aide)

Rappel :
Le vocabulaire mélioratif et le vocabulaire péjoratif
Dans la séance 1 de l’unité 2, tu as appris à distinguer la description péjorative et la description
méliorative. Pour exprimer un jugement, on utilise aussi un vocabulaire péjoratif si on veut
souligner les défauts de l’objet décrit et en proposer une critique négative (ex : mauvais,
médiocre, dur, fade, lourd...). Au contraire, pour faire l’éloge de quelque chose et exprimer une
critique positive, on utilise un vocabulaire mélioratif (ex : meilleur, exceptionnel, parfait...).

b) Pourquoi Claude Gueux devient-il hors-la-loi ?

c) D’après tes précédentes réponses, dirais-tu que Victor Hugo estime le protagoniste ou
qu’au contraire il le méprise ? Justifie ta réponse.

Compare tes réponses avec celles du corrigé avant de passer à la deuxième partie.

B Un récit
1- a) Quels sont les trois pronoms utilisés par le narrateur pour se désigner dans le texte ?
b) Souligne en vert les phrases dans lesquelles le narrateur prend la parole en s’impliquant
directement.
2- a) Relis la première phrase. À quel temps est conjugué le premier verbe ? Quelle est sa valeur ?

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 Unité 9 — séance 1

b) Généralement, les récits qui sont introduits par ce genre de phrase sont-ils des récits
véridiques ou des récits de fiction ? Justifie ta réponse en t’appuyant notamment sur
l’emploi des temps.

3- a) Que blâme Victor Hugo dans ce texte ? Pour répondre, relis les phrases que tu as soulignées
en vert.

b) Comment Victor Hugo s’y prend-il pour impliquer le lecteur et lui faire adopter son point
de vue ?

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé avant de passer à la dernière partie de la séance.

C La critique de la société

1- a) Ce que Claude Gueux a volé avait-il une grande valeur financière ? Justifie ta réponse.

b) À quelle peine est condamné Claude Gueux ?

c) Compare tes réponses aux questions a et b. Que peux-tu en conclure ? Quel message Victor
Hugo veut-il transmettre à son lecteur ?

2- a) Où Claude Gueux est-il envoyé en détention ?

b) Dans le deuxième paragraphe, quels sont les deux champs lexicaux que le narrateur oppose
pour décrire ce lieu ? Encadre en bleu les mots appartenant au premier champ lexical et
en rouge ceux appartenant au deuxième champ lexical.

c) Explique l’opposition de ces champs lexicaux.

N’oublie pas de vérifier tes réponses dans le corrigé. Tu vas à présent construire le « Je retiens » qui te
permettra d’avoir un bilan de la leçon.

3- Complète le « Je retiens » ci-dessous en ajoutant les informations suivantes : dénoncer, faim,

injustice, lourdes, récit, révolté, société.

j e retiens
Claude Gueux, un récit engagé
Claude Gueux de Victor Hugo est un …………………. inspiré d’un fait divers. Victor Hugo
publie Claude Gueux en 1834, deux ans après la condamnation à mort de l’homme qui
porte ce nom. Fervent opposant à la peine capitale, Victor Hugo est …………………. par
l’…………………. du système judiciaire de son temps, qui condamne les gens du peuple à des
peines très …………………. sans prendre en compte les circonstances atténuantes (comme la
………………….) qui ont pu les pousser à commettre un délit. Aussi entend-il ………………….
les conditions d’incarcération des prisonniers, la cruauté des gardiens et l’inhumanité de
la peine capitale en racontant l’histoire d’un ouvrier poussé au crime par la violence de la
…………………..

Vérifie soigneusement la justesse de tes réponses dans le corrigé. Mémorise ensuite le « Je retiens ».

Poursuis ta lecture de Claude Gueux. Le prochain extrait que tu étudieras commence par « Au bout de
quelques mois, Claude s’acclimata à l’air de la prison, et parut ne plus songer à rien. »

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 séance 1 — Unité 9

Séance 2
Étudier l’éloge de l’opprimé
Durée approximative : 1 h.

Dans cette séance, tu vas étudier la suite du récit expliquant comment Claude Gueux s’est adapté au
milieu carcéral.

Avant de commencer, prends ton cahier. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.

A En guise d’introduction
1- Dans les paragraphes qui précèdent le texte reproduit ci-dessous, le narrateur décrit le
directeur de la prison. Parmi les différentes informations proposées ci-dessous, choisis celles
qui permettent de décrire le directeur et encadre -les.
- un homme doux - un homme dur
- un homme doué de bonté naturelle - un homme juste
- un homme doué de compassion - un homme mauvais
- un homme doué d’une obstination absurde - un homme raisonnable
2- Comment comprends-tu cette métaphore qui clôt le portrait du directeur : « L’étincelle que de
pareils briquets arrachent à de pareils cailloux allume souvent des incendies. » ?
3- Quelles terribles nouvelles le directeur apprend-il à Claude Gueux au sujet de sa femme et de
son enfant ?

Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé.

B Les relations entre Claude Gueux et les autres occupants de Clairvaux

Lis à présent le texte ci-dessous puis réponds aux questions posées :

1 Au bout de quelques mois, Claude s’acclimata à l’air de la prison et parut ne plus

songer à rien. Une certaine sérénité sévère1, propre à son caractère, avait repris le dessus.
Au bout du même espace de temps à peu près, Claude avait acquis un ascendant2
singulier sur tous ses compagnons. Comme par une sorte de convention tacite3, et sans
5 que personne sût pourquoi, pas même lui, tous ces hommes le consultaient, l’écoutaient,
l’admiraient et l’imitaient, ce qui est le dernier degré ascendant de l’admiration. Ce
n’était pas une médiocre gloire d’être obéi par toutes ces natures désobéissantes. Cet
empire4 lui était venu sans qu’il y songeât. Cela tenait au regard qu’il avait dans les
yeux. L’œil de l’homme est une fenêtre par laquelle on voit les pensées qui vont et
10 viennent dans sa tête.
Mettez un homme qui contient des idées parmi des hommes qui n’en contiennent
pas, au bout d’un temps donné, et par une loi d’attraction irrésistible, tous les cerveaux

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 Unité 9 — séance 2

ténébreux graviteront humblement et avec adoration autour du cerveau rayonnant5. Il y

a des hommes qui sont fer et des hommes qui sont aimant. Claude était aimant.
15 En moins de trois mois donc, Claude était devenu l’âme, la loi et l’ordre de l’atelier.
Toutes ces aiguilles tournaient sur son cadran. Il devait douter lui-même par moments
s’il était roi ou prisonnier. C’était une sorte de pape captif avec ses cardinaux.
Et, par une réaction toute naturelle, dont l’effet s’accomplit sur toutes les échelles,
aimé des prisonniers, il était détesté des geôliers. Cela est toujours ainsi. La popularité
20 ne va jamais sans la défaveur. L’amour des esclaves est toujours doublé de la haine des
maîtres.

Notes :
1. « une sérénité sévère » : une tranquillité grave.
2. « un ascendant » : une autorité, une influence.
3. « un tacite » : qui n’a pas été clairement énoncée, qui est implicite.
4. « un empire » : une autorité.
5. « rayonnant » : l’adjectif « rayonnant » a ici un emploi métaphorique et permet de comparer le cerveau de Claude Gueux à un soleil.

1- a) Quelle relation Claude Gueux entretient-il avec ses compagnons d’infortune ?

b) Dans le deuxième et dans le dernier paragraphes, souligne en rouge les informations qui
justifient la précédente réponse.
2- a) Claude Gueux a-t-il manœuvré pour obtenir cette influence sur ses compagnons ? Justifie ta
réponse en citant le texte.
b) D’où lui vient cette influence ?
3- a) Que ressentent les gardiens de la prison pour Claude Gueux ?
b) Dans le dernier paragraphe, souligne en bleu les informations qui justifient ta précédente
réponse.
c) Selon toi, pourquoi les gardiens nourrissent-ils ce sentiment à l’égard de Claude Gueux ?
4- a) Quelle figure de style est utilisée dans la dernière phrase du texte ?
b) À qui sont comparés les prisonniers d’une part, et les geôliers d’autre part ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé, puis lis le petit encadré qui suit. Il revient sur l’abolition de
l’esclavage en France, sujet que tu as étudié dans tes cours d’histoire cette année, en travaillant sur le
thème « Les traites négrières et l’esclavage ».

le coin des curieux

L’abolition de l’esclavage en France

Sous la Révolution, l’esclavage a été aboli une première fois. Appliquant le premier article de «
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » qui prône que « tous les hommes naissent
et demeurent libres et égaux en droits », les révolutionnaires proclament l’abolition de l’esclavage
le 4 février 1794. Mais les planteurs des colonies françaises s’y opposent et prétendent que cela
va les ruiner. Aussi, le 20 mai 1802, Napoléon Bonaparte autorise-t-il à nouveau l’esclavage dans
les territoires d’Outre-mer. Il faudra attendre le 27 avril 1848 pour qu’un deuxième décret de
l’abolition de l’esclavage soit signé.

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 séance 2 — Unité 9

C Le langage métaphorique et l’éloge de Claude Gueux

1- Relis les troisième et quatrième paragraphes.

a) Parmi la liste suivante, indique quels sont les deux langages que Victor Hugo utilise pour
évoquer les relations entre Claude Gueux et ses compagnons : le langage de l’alchimie, le
langage de l’anatomie, le langage de l’astrologie, le langage de l’astronomie, le langage de
la botanique, le langage du magnétisme, le langage de la météorologie.

b) Surligne en jaune les métaphores utilisant le premier langage et surligne en vert les
métaphores utilisant le deuxième langage.

c) Dans les métaphores utilisées dans le troisième paragraphe, encadre en rouge deux
termes qui s’opposent.

d) Quel rôle ces métaphores confèrent-elles à Claude Gueux dans la prison ?

2- a) Dans le quatrième paragraphe, surligne en rose les images utilisant le langage politique
(relatif à l’organisation de la société) pour évoquer le statut de Claude Gueux.

b) Dans la pyramide du pouvoir reproduite ci-dessous, colorie en vert les personnes

auxquelles Claude Gueux est comparé et colorie en bleu la classe sociale à laquelle il
appartient.

D’après un dessin de N. Langbour © P. Derr/Cned/2012

c) En t’aidant de ta précédente réponse, explique quelle transformation sociale Victor Hugo

fait subir à Claude Gueux.

Compare tes réponses avec celles du corrigé. Puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant :

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 Unité 9 — séance 2

j e retiens
L’éloge de l’opprimé
Dans Claude Gueux, Victor Hugo fait l’éloge de l’opprimé pour lequel il prend fait et cause.
Pour cela, il utilise des métaphores qui comparent Claude Gueux à un soleil, à un aimant,
à un roi et à un pape, montrant ainsi que Claude Gueux est un homme charismatique
qui exerce un pouvoir juste sur ses compagnons par le biais de son intelligence et de ses
capacités de raisonnement. La métaphore comparant les prisonniers aux esclaves et les
geôliers aux maîtres permet de faire l’éloge de tous les opprimés, qu’il s’agisse du peuple de
la France métropolitaine ou des esclaves exploités dans les plantations d’outre-mer.

D S’entraîner à la dictée

Pour conclure cette séance, tu vas t’entraîner à la dictée. Écoute le texte enregistré sur la piste 45 puis
écris-le en soignant ton orthographe. Tu noteras à la fin de ta dictée le nom de l’auteur suivi du titre de
l’ouvrage de la manière suivante : Victor Hugo, Claude Gueux. Quand tu auras fini, compare ton texte
avec le corrigé.

Poursuis à présent ta lecture de Claude Gueux. Avant de commencer la séance 3, lis le texte jusqu’au
paragraphe suivant : « Une fois que les surveillants les eurent laissés seuls, Claude se leva debout sur son
banc, et annonça à toute la chambrée qu’il avait quelque chose à dire. On fit silence. »

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 séance 2 — Unité 9

Séance 3
Accorder les noms composés
Durée approximative : 1 h.
Dans cette séance, tu vas apprendre à accorder les noms composés.
Avant de commencer, prends ton cahier. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.

A Vérifie ta lecture
Avant de commencer la séance 3, tu devais lire la suite de Claude Gueux, depuis la fin de l’extrait que
tu as étudié dans la séance 2 jusqu’au paragraphe suivant : « Une fois que les surveillants les eurent
laissés seuls, Claude se leva debout sur son banc, et annonça à toute la chambrée qu’il avait quelque
chose à dire. On fit silence. »
Vérifie que tu as bien lu ces quelques pages en faisant les exercices suivants :
1- Relie chaque question de la colonne A à la réponse correspondante proposée dans la colonne
B.

Colonne A Colonne B
De quel mal physique Claude Gueux souffre-
• • Le directeur a pris cette décision. [A]
t-il ? Quelle en est la cause ?
Comment s’appelle le jeune homme qui
• • Il décide de tuer le directeur. [B]
partage sa ration avec Claude Gueux ?
Quelle aide Claude Gueux apporte-t-il
• • Il la cache dans son pantalon. [C]
régulièrement au directeur de la prison ?
Qui décide de séparer Claude Gueux de son
• • Il se nomme Albin. [D]
jeune compagnon ?
Pourquoi Claude Gueux est-il séparé de son Il lui demande de transférer de nouveau
• •
ami ? Albin dans son quartier. [E]
Il a toujours faim car on ne lui donne pas
Que demande Claude Gueux au directeur ? • •
assez de pain. [F]
Claude Gueux possède une paire de ciseaux
Pourquoi Claude Gueux est-il enfermé au
• • de couturière et un volume de l’Émile de
cachot ?
Rousseau. [G]
Quelle terrible décision prend Claude Gueux Le directeur veut seulement torturer Claude
• •
? Gueux car il le hait sans raison valable. [H]
Quels souvenirs Claude Gueux conserve-t-il
• • Ils gardent le secret. [I]
de sa famille ?
Claude Gueux est enfermé parce qu’il
Où Claude Gueux cache-t-il l’arme qu’il s’est demande tous les jours au directeur de lui
• •
procurée ? rendre Albin et que, las de ne rien obtenir, il
a lancé un ultimatum à son geôlier. [J]

Que font les autres prisonniers lorsqu’ils sont Il calme ses compagnons et empêche toute
• •
informés du projet de Claude Gueux ? rébellion. [K]

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 Unité 9 — séance 3

2- Chaque réponse de la colonne B est suivie d’une lettre de l’alphabet. En suivant l’ordre des
réponses aux questions de la colonne A, note ces lettres puis, sur le dessin suivant, relie-les.
Si tu as trouvé les bonnes réponses au premier exercice, tu verras apparaître l’arme de Claude
Gueux sinon, lis les réponses dans le corrigé.

D’après un dessin de N. Langbour © P. Derr/Cned/2012

B Accorder au pluriel les noms composés

1- Lis l’extrait de Claude Gueux reproduit ci-dessous avant de répondre aux questions :
« Un jour, un matin, au moment où les porte-clefs transvasaient les prisonniers deux
à deux du dortoir dans l’atelier, un guichetier appela Albin qui était à côté de Claude, et le
prévint que le directeur le demandait. [...]
— Est-ce qu’Albin est malade ? dit-il.
— Non, répondit le guichetier.
— D’où vient donc, reprit Claude, qu’il n’a pas reparu aujourd’hui ?
a) Encadre un nom composé dans cet extrait.
b) Quel est le sens de ce nom composé dans le texte ? Choisis la bonne réponse.
- Petit objet qui permet d’attacher ensemble plusieurs clés.
- Gardien de prison qui conserve les clés des salles et des cellules.
c) Selon toi, comment s’écrit ce mot au singulier ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé puis lis et apprends le « Je retiens » qui suit.

98 — © Cned, Français 4e
 séance 3 — Unité 9

j e retiens
Le pluriel des noms composés
- Un nom composé peut être formé par plusieurs mots réunis.
Pour le mettre au pluriel, on met simplement un -s final.
Ex. : un portefeuille  des portefeuilles.
- Un mot composé peut être formé par plusieurs mots reliés par un trait d’union
(Ex. : le centre-ville) ou par une préposition (Ex. : des patins à roulettes). Ils peuvent
aussi être juxtaposés (Ex. : un garde champêtre).
- Le pluriel des noms composés dépend de la classe grammaticale des mots qui les
composent. Les verbes, adverbes, prépositions qui entrent dans la formation des noms
composés sont invariables. Les noms et les adjectifs qui entrent dans la formation des noms
composés se mettent au pluriel.
Ex. : - un porte-savon = verbe + nom  des porte-savons
- un rouge-gorge = adjectif + nom  des rouges-gorges
- un avant-poste = préposition + nom  des avant-postes
- une porte-fenêtre = nom + nom  des portes-fenêtres
Attention, lorsque le second élément du mot composé contient un article, il reste invariable.
Ex. : - un trompe-l’œil  des trompe-l’œil.

2- Lis attentivement les noms suivants et écris-les au pluriel.

Un sans-abri à des …………………………………………………………………………
Un sans-cœur à des …………………………………………………………………………
Un va-et-vient à des …………………………………………………………………………
Un porte-bonheur à des …………………………………………………………………………
Un gentilhomme à des …………………………………………………………………………
Un hors-la-loi à des …………………………………………………………………………
Un procès-verbal à des …………………………………………………………………………
Une remise de peine à des …………………………………………………………………………
Un laissez-passer à des …………………………………………………………………………
Un après-midi à des …………………………………………………………………………
Un chapeau melon à des …………………………………………………………………………
Un couvre-chef à des …………………………………………………………………………
Un haut-de-forme à des …………………………………………………………………………
Une salle à manger à des …………………………………………………………………………
Un amuse-gueule à des …………………………………………………………………………
Un petit-four à des …………………………………………………………………………
Une pomme de terre à des …………………………………………………………………………
Un chou-fleur à des …………………………………………………………………………
Un porte-parole à des …………………………………………………………………………
Un souffre-douleur à des …………………………………………………………………………
Un garde-fou à des …………………………………………………………………………
Un corps-à-corps à des …………………………………………………………………………

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 Unité 9 — séance 3

Séance 4
Comprendre la décision de Claude Gueux

Durée approximative : 2 h.

Dans cette séance, tu vas étudier un troisième extrait de Claude Gueux. Comme tu le sais, Claude
Gueux s’est fait un ami en prison : le jeune Albin. Mais le directeur les a séparés. Pendant deux mois,
Claude Gueux a demandé au directeur de lui rendre son ami. En vain. Il a donc pris une décision dont il
fait part à ses compagnons d’infortune. C’est ce passage que tu vas étudier.

Avant de commencer, prends ton cahier. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.
Lis à présent le texte ci-dessous puis réponds aux questions posées :

1 Alors Claude haussa la voix et dit :

— Vous savez tous qu’Albin était mon frère. Je n’ai pas assez de ce qu’on me donne
ici pour manger. Même en n’achetant que du pain avec le peu que je gagne, cela ne
suffirait pas. Albin partageait sa ration avec moi ; je l’ai aimé d’abord parce qu’il m’a
5 nourri, ensuite parce qu’il m’a aimé. Le directeur, M. D., nous a séparés, cela ne lui
faisait rien que nous fussions ensemble ; mais c’est un méchant homme qui jouit de
tourmenter. Je lui ai redemandé Albin. Vous avez vu ? il n’a pas voulu. Je lui ai donné
jusqu’au 4 novembre pour me rendre Albin. Il m’a fait mettre au cachot pour avoir dit
cela. Moi, pendant ce temps-là, je l’ai jugé et je l’ai condamné à mort, nous sommes au
10 4 novembre. Il viendra dans deux heures faire sa tournée. Je vous préviens que je vais
le tuer. Avez-vous quelque chose à dire à cela ?
Tous gardèrent le silence.
Claude reprit. Il parla à ce qu’il paraît, avec une éloquence singulière qui d’ailleurs
lui était naturelle. Il déclara qu’il savait bien qu’il allait faire une action violente, mais
15 qu’il ne croyait pas avoir tort. Il attesta la conscience des quatre-vingt-un voleurs qui
l’écoutaient. Qu’il était dans une rude extrémité. Que la nécessité de se faire justice
soi-même était un cul-de-sac où l’on se trouvait engagé quelquefois. Qu’à la vérité il
ne pouvait prendre la vie du directeur sans donner la sienne propre, mais qu’il trouvait
bon de donner sa vie pour une chose juste. Qu’il avait mûrement réfléchi, et à cela
20 seulement, depuis deux mois. Qu’il croyait bien ne pas se laisser entraîner par le
ressentiment1, mais que, dans le cas où cela serait, il suppliait qu’on l’en avertît. Qu’il
soumettait honnêtement ses raisons aux hommes justes qui l’écoutaient. Qu’il allait
donc tuer M. D., mais que si quelqu’un avait une objection2 à lui faire il était prêt à
l’écouter.
25 Une voix seulement s’éleva, et dit qu’avant de tuer le directeur, Claude devait essayer
une dernière fois de lui parler et de le fléchir3.
— C’est juste, dit Claude, et je le ferai.

Notes :
1. « le ressentiment » : la rancune, le désir de se venger.
2. « une objection » : un argument contraire à ceux de Claude Gueux.
3. « fléchir » : le faire changer d’avis.

100 — © Cned, Français 4e

 séance 3 — Unité 9

A Définir la situation mise en scène

1- a) À quel champ lexical appartiennent les mots utilisés par Claude Gueux lorsqu’il dit : « je l’ai
jugé et je l’ai condamné à mort » (ligne 9) ?
b) Dans le texte, encadre en rouge tous les mots et expressions appartenant à ce champ
lexical.
2- a) Souligne en vert les informations qui montrent que Claude Gueux maîtrise la parole.
b) Si on était dans un tribunal, quels seraient les rôles assumés par Claude Gueux ? Justifie ta
réponse.

 Coup de pouce : Voici une liste de personnes présentes dans un tribunal : l’accusé, l’avocat, le
greffier, le juge, les jurés, le plaignant, le procureur, les témoins. Aide-toi d’un dictionnaire si cela
est nécessaire pour bien définir leurs rôles.
3- a) Selon toi, quel est le rôle des prisonniers qui écoutent le discours de Claude Gueux ?
b) Quel est le rôle du prisonnier qui émet une objection à la fin du texte ?
4- Selon toi, quel message le narrateur veut-il transmettre au lecteur en assignant aux prisonniers
des rôles de personnes travaillant dans un tribunal ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

5- Rédige à présent un petit bilan de ce que tu as appris dans cette séance. Ton paragraphe,
de quatre-cinq lignes, devra expliquer comment et pourquoi le narrateur met en scène ce «
tribunal des prisonniers ».

Compare ton bilan à celui proposé dans le corrigé. Complète-le si cela est nécessaire puis mémorise-le.

B Comprendre le raisonnement de Claude Gueux

As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, réponds aux questions suivantes, sur ton cahier, en rédigeant des
phrases complètes.
1- Quelle terrible décision a pris Claude Gueux ?
2- Selon Claude Gueux, sa décision lui a-t-elle été dictée par un désir de vengeance ? Justifie ta
réponse.
3- a) Quelles raisons Claude Gueux donne-t-il pour justifier sa décision ?
Relis le 1er paragraphe pour répondre et concentre-toi sur les actions du directeur.
b) Que nous apprend l’accusation de Claude Gueux sur le personnage du directeur ?
4- a) Quelle sera, pour Claude Gueux, la conséquence de l’action qu’il a décidée ?
b) Surligne en jaune la phrase qui t’a permis de répondre à la précédente question.

C Identifier le discours du narrateur

1- Quels sont les deux discours utilisés pour rapporter les paroles de Claude Gueux ? Tu peux
revoir l’unité 8, séance 3 pour répondre.
2- Quels sont les trois locuteurs de ces deux discours ?

© Cned, Français 4e — 101

 Unité 9 — séance 4

3- Quelle image de Claude Gueux les mots et expressions suivants nous donnent-ils : « déclara »
(l. 14), « éloquence singulière » (l. 13), « attesta » (l. 15) ?

4- Quel est l’intérêt, selon toi, de mêler ces deux discours rapportés ?

Compare tes réponses avec celles du corrigé.

D Expression écrite

Pour conclure cette séance, tu vas effectuer un travail d’expression écrite.

j e retiens
Écrire un texte argumenté
Tu as déjà vu précédemment (Unité 4, séances 3 et 6) comment construire une réponse
argumentée et ajouter des exemples.
Comme la réponse argumentée, le texte argumenté repose sur la défense d’un point de vue.
Il comporte trois parties :
- D’abord, une introduction, d’une ou deux lignes, qui présente le sujet et le point de vue de
celui qui parle.
- Ensuite, un développement composé de deux ou trois arguments qui illustrent cette
position. Il faut hiérarchiser les arguments, en allant du plus simple au plus complexe ou
du plus évident au moins évident.
Ces arguments sont illustrés d’exemples précis. Il faut alors s’appuyer sur les documents
(textes, images), quand ils sont fournis.
- Et une conclusion de deux à quatre lignes proposant une petite synthèse. Elle doit donner
une réponse à la question soulevée dans l’introduction ou réaffirmer le point de vue énoncé
initialement.

Voici le sujet de l’exercice d’écriture :

Pour respecter la parole qu’il a donnée à un de ses compagnons, Claude Gueux écrit une lettre
au directeur afin de lui demander de lui rendre Albin. Rédige cette lettre qui devra comporter une
quarantaine de lignes.

Remarque : Cet exercice te prépare à l’évaluation finale dans laquelle tu devras aussi rédiger une
lettre à visée argumentative.

Pour réussir cet exercice, tu dois :

- Respecter les codes d’écriture de la lettre (reporte-toi à l’unité 3 si tu as besoin d’aide)
- Reprendre les arguments de Claude Gueux développés dans l’extrait et en inventer d’autres
- Utiliser des connecteurs argumentatifs (lis le « Je retiens » qui suit)
- Structurer ton texte en différents paragraphes
- Vérifier ta conjugaison, tes accords et ton orthographe.

102 — © Cned, Français 4e

 séance 4 — Unité 9

j e retiens
Les connecteurs logiques
• Pour relier deux idées entre elles, on utilise des mots ou des locutions appelé(e)s
connecteurs logiques.
• On peut les trouver dans les textes explicatifs ou argumentatifs.
• Les connecteurs argumentatifs soulignent la logique du développement.
Ex. : D’abord, Claude Gueux est victime de la misère sociale. Ensuite, il est harcelé par le directeur de
la prison. Enfin, il témoigne d’une grande générosité.
• Ces connecteurs sont choisis en fonction du rapport logique établi :
- s’il s’agit de préciser l’ordre des éléments, on utilisera :
à pour commencer : d’abord, premièrement, en premier lieu
à pour poursuivre : en outre, puis, de plus, par ailleurs, ensuite, de surcroît
à pour terminer : enfin, en dernier lieu, en définitive, en conclusion...
- s’il s’agit d’illustrer une idée par un exemple, on emploiera : ainsi, par exemple, notamment,
comme...
- s’il s’agit de marquer une opposition, on utilisera : or, pourtant, en revanche, mais...
- s’il s’agit d’indiquer une cause, on utilisera : car, parce que, puisque...
- s’il s’agit d’indiquer une conséquence, on utilisera : c’est pourquoi, donc, par conséquent...

Fais d’abord cet exercice au brouillon. Vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes en complétant
le tableau suivant.

Je vérifie que… Fait

J’ai respecté les codes d’écriture de la lettre.
J’ai repris les arguments de Claude Gueux développés dans l’extrait.
J’ai essayé de trouver d’autres arguments.
J’ai organisé mon texte en différents paragraphes.
J’ai utilisé des connecteurs argumentatifs.
J’ai accordé chaque verbe avec son sujet.
J’ai soigné les accords des noms, des déterminants, des adjectifs.

Si toutes les consignes sont bien respectées, recopie ta lettre sur ton cahier. Lis ensuite dans le corrigé un
exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Poursuis ta lecture de Claude Gueux jusqu’à « Quand il eut distribué toutes ses hardes... »

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 Unité 9 — séance 4

Séance 5
Identifier et utiliser la forme pronominale
Durée approximative : 1 h.

Dans cette séance, tu vas travailler sur une notion grammaticale : la forme pronominale.

Avant de commencer, prends ton cahier. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.

Lis à présent le texte ci-dessous puis réponds aux questions posées :

1 Quand il eut distribué toutes ses hardes1, fait tous ses adieux, serré toutes les mains,
il interrompit quelques causeries inquiètes qui se faisaient çà et là dans les coins obscurs
de l’atelier, et il commanda qu’on se remît au travail. Tous obéirent en silence.
L’atelier où ceci se passait était une salle oblongue2, un long parallélogramme
5 percé de fenêtres sur ses deux grands côtés, et de deux portes qui se regardaient à ses
deux extrémités. Les métiers étaient rangés de chaque côté près des fenêtres, les bancs
touchant le mur à angle droit, et l’espace resté libre entre les deux rangées de métiers
formait une sorte de longue voie qui allait en ligne droite de l’une des portes à l’autre
et traversait ainsi toute la salle. C’était cette longue voie, assez étroite, que le directeur
10 avait à parcourir en faisant son inspection ; il devait entrer par la porte sud et ressortir
par la porte nord, après avoir regardé les travailleurs à droite et à gauche. D’ordinaire il
faisait ce trajet assez rapidement et sans s’arrêter.
Claude s’était replacé lui-même à son banc, et il s’était remis au travail, comme
Jacques Clément3 se fût remis à la prière.
15 Tous attendaient. Le moment approchait. Tout à coup on entendit un coup de cloche.
Claude dit : « C’est l’avant-quart4». Alors il se leva, traversa gravement une partie de la
salle, et alla s’accouder sur l’angle du premier métier à gauche, tout à côté de la porte
d’entrée. Son visage était parfaitement calme et bienveillant.
Neuf heures sonnèrent. La porte s’ouvrit. Le directeur entra.
20 En ce moment-là, il se fit dans l’atelier un silence de statues.
Le directeur était seul comme d’habitude.
Il entra avec sa figure joviale, satisfaite et inexorable5, ne vit pas Claude qui
était debout à gauche de la porte, la main droite cachée dans son pantalon, et passa
rapidement devant les premiers métiers, hochant la tête, mâchant ses paroles, et jetant
25 çà et là son regard banal, sans s’apercevoir que tous les yeux qui l’entouraient étaient
fixés sur une idée terrible.
Tout à coup il se détourna brusquement, surpris d’entendre un pas derrière lui.
C’était Claude qui le suivait en silence depuis quelques instants.

Notes :
1. « ses hardes » : ses vieux vêtements.
2. « oblongue » : de forme allongée.
3. « Jacques Clément » : moine qui assassina le roi Henri III en 1589.
4. « l’avant-quart » : les coups que sonnent certaines horloges quinzes minutes avant l’heure.
5. « inexorable » : impitoyable, d’une grande dureté.

104 — © Cned, Français 4e

 séance 5 — Unité 9

A En guise d’introduction
As-tu bien lu ? Pour vérifier ta lecture, effectue l’exercice suivant.
1- Complète la grille de mots croisés ci-dessous. Ne te préoccupe pas des cases grisées.







1. Biens que Claude Gueux donne à ses compagnons.

2. Lieu où se passe la scène.
3. Activité des prisonniers après que Claude Gueux a fait ses adieux.
4. Nom de famille de l’assassin d’Henri III auquel Claude Gueux est comparé.
5. Fond sonore de la scène.
6. Indique l’heure aux prisonniers.
7. Heure de l’inspection par le directeur.
2- Qu’a fait Claude Gueux après l’entrée du directeur ? Pour trouver la réponse, lis, dans l’ordre,
les lettres écrites dans les cases grises des mots croisés. Rédige ta réponse sur ton cahier.

Tu as certainement trouvé les bonnes réponses ; regarde tout de même dans le corrigé.

B Identifier et conjuguer les verbes pronominaux

Avant de faire les exercices, lis et mémorise le « Je retiens » ci-dessous.

© Cned, Français 4e — 105

 Unité 9 — séance 5

j e retiens La forme pronominale

À l’indicatif, au subjonctif et au conditionnel, un verbe pronominal est précédé de deux
pronoms à la même personne, le premier étant un pronom personnel sujet et le deuxième
un pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous, se).
Ex. : se concentrer  je me concentre…
À l’impératif, le pronom réfléchi prend une forme tonique (toi, nous, vous). Le pronom
réfléchi est placé après le verbe auquel il est relié par un tiret.
Ex. : concentre-toi, concentrons-nous, concentrez-vous.
Aux temps composés, un verbe pronominal se conjugue avec l’auxiliaire « être ».
Ex. : je me suis concentré(e).

1- Lis l’extrait reproduit ci-dessous :

1 Il y eut, dans cette heure dernière des instants où il causa avec tant de tranquillité et
même de gaieté, que plusieurs de ses camarades espéraient intérieurement, comme
ils l’ont déclaré depuis, qu’il abandonnerait peut-être sa résolution. Il s’amusa même
une fois à éteindre une des rares chandelles qui éclairaient l’atelier avec le souffle de
5 sa narine, car il avait de mauvaises habitudes d’éducation qui dérangeaient sa dignité
naturelle plus souvent qu’il n’aurait fallu.

a) Souligne en bleu les verbes précédés de deux pronoms.

b) Quel verbe est un verbe pronominal ?

2- Conjugue au présent et au passé composé de l’indicatif et aux trois personnes du singulier le

verbe « se résigner ».

3- Utilise dans deux phrases les verbes : « tuer », « décider », « résoudre ». Une phrase où le verbe
a une forme pronominale et une phrase où il est employé sans pronom.

Compare tes réponses avec celles du corrigé.

C Classer les verbes pronominaux

Lis et mémorise le « Je retiens suivant » :

j e retiens
Les différents verbes pronominaux
On distingue les verbes pronominaux en fonction de leur sens :
- Les verbes essentiellement pronominaux sont toujours précédés d’un pronom réfléchi. Ex. :
s’évanouir, s’enfuir…
- Les verbes pronominaux de sens réciproque : l’action exprimée par le verbe est faite par les
deux personnes, l’une envers l’autre.
Ex. : Claude Gueux et Albin se saluent  Claude Gueux salue Albin et Albin salue Claude Gueux.

106 — © Cned, Français 4e

 séance 5 — Unité 9

- Les verbes pronominaux de sens réfléchi : l’action exprimée par le verbe est faite par une
personne sur elle-même.
Ex. : Claude Gueux se regarde dans un miroir  Claude Gueux regarde lui-même.
- Les verbes pronominaux de sens passif sont l’équivalent de verbes conjugués à la voix
passive.
Ex. : Le projet d’assassinat de Claude Gueux se met en place  Le projet d’assassinat est mis en
place par Claude Gueux.

1- a) Dans l’extrait reproduit au début de la séance, souligne en noir tous les verbes
pronominaux.

b) Surligne en jaune, dans le premier paragraphe, un verbe pronominal de sens passif.

c) Surligne en vert, dans le deuxième paragraphe,un verbe pronominal de sens réfléchi.

d) Surligne en rose, dans le quatrième paragraphe, un verbe essentiellement pronominal.

2- Relis la phrase qui constitue le troisième paragraphe (lignes 13-14)

a) Quel pronom complément redouble le pronom réfléchi du verbe « replacer » ? Quelle est sa
fonction grammaticale ?

b) Réécris cette phrase en remplaçant « Claude » par « je » (première personne du singulier)

puis par « nous » (première personne du pluriel).

 Coup de pouce : Pour réussir cet exercice, fais attention aux différentes transformations que
tu dois effectuer (changement des terminaisons des verbes, des pronoms et des déterminants
possessifs, respect des règles d’accord).

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

© Cned, Français 4e — 107

 Unité 9 — séance 5

Séance 6
Lire la fin de Claude Gueux
Durée approximative : 1 h.

Dans cette séance, tu vas finir ta lecture de Claude Gueux.

Avant de commencer, prends ton cahier. Écris ensuite en rouge le numéro et le titre de la séance.
Souligne-les.

Lis à présent la fin du récit de Victor Hugo puis réponds aux questions posées :

A Le châtiment du directeur
1- Avec quel instrument Claude Gueux tue-t-il le directeur ? Combien de fois le frappe-t-il ?
2- Avec quel instrument Claude Gueux tente-t-il de se suicider ? Combien de fois se frappe-t-il ?
Pourquoi n’arrive-t-il pas à ses fins ?

B Le procès de Claude Gueux

1- a) Quelle est l’attitude des compagnons détenus de Claude Gueux lors de son procès ?
b) Que fait Albin lors du procès de Claude Gueux ?
2- Pourquoi le procureur et Claude Gueux ne sont-ils pas d’accord sur le fait que le directeur a
provoqué (ou non) l’accusé ?
3- À quelle peine est condamné Claude Gueux pour avoir tué le directeur ?

C L’exécution de Claude Gueux

1- Comment Claude Gueux est-il exécuté ?
2- Quel acte de charité fait-il avant de mourir ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé.

D Le discours engagé
Lis à présent l’extrait suivant puis réponds aux questions posées :
1 Nous avons cru devoir raconter en détail l’histoire de Claude Gueux, parce que, selon
nous, tous les paragraphes de cette histoire pourraient servir de têtes de chapitre au livre
où serait résolu le grand problème du peuple au dix-neuvième siècle.
Dans cette vie importante il y a deux phases principales : avant la chute, après la
5 chute ; et, sous ces deux phases, deux questions : question de l’éducation, question de
la pénalité ; et, entre ces deux questions, la société tout entière.
Cet homme, certes, était bien né, bien organisé, bien doué. Que lui a-t-il donc
manqué ? Réfléchissez. C’est là le grand problème de proportion dont la solution, encore

108 — © Cned, Français 4e

 séance 6 — Unité 9

à trouver, donnera l’équilibre universel : Que la société fasse toujours pour l’individu
10 autant que la nature.
Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, coeur bien fait, sans nul doute. Mais le sort
le met dans une société si mal faite, qu’il finit par voler ; la société le met dans une
prison si mal faite, qu’il finit par tuer.
Qui est réellement coupable ?
15 Est-ce lui ?
Est-ce nous ?
Questions sévères, questions poignantes, qui sollicitent à cette heure toutes les
intelligences, qui nous tirent tous tant que nous sommes par le pan de notre habit, et qui
nous barreront un jour si complètement le chemin, qu’il faudra bien les regarder en face
20 et savoir ce qu’elles nous veulent.
[…]

1- Cette partie du texte est-elle toujours consacrée au récit de l’histoire de Claude Gueux ?
Justifie ta réponse en observant les temps verbaux.

2- À qui renvoie le pronom « nous » ? À qui le locuteur s’adresse-t-il ?

3- a) Quel est le but de ce texte selon toi ?

b) Comment le locuteur s’y prend-il pour atteindre son but ? Observe les types de phrase pour
répondre.

4- Quels sont les deux problèmes soulevés par le locuteur dans le deuxième paragraphe ?

5- Observe le quatrième paragraphe. Quels sont les éléments qui poussent Claude Gueux au
crime ?

6- D’après ce texte, Claude Gueux apparaît-il vraiment coupable ? Justifie ta réponse.

© Cned, Français 4e — 109

 Unité 9 — séance 6

Séance 7
Je m’évalue

Durée : 1 h.

Comme à la fin de chaque unité, tu vas faire le bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra de
faire le point sur ce que tu dois savoir et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir. Complète
maintenant le tableau suivant. Bien sûr, si tu as oublié quelque chose ou si tu n’es pas sûr de toi,
tu peux utiliser ton cours. Lorsque tu auras fini, prends le corrigé et vérifie tes réponses. Il est très
important que ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreurs.

Je connais Je suis capable de

 Le récit de Victor Hugo : Claude Gueux  Expliquer pourquoi Claude Gueux a été
(1834) emprisonné :
 Je sais que Victor Hugo a écrit ce texte en .. .................................................................
s’inspirant d’un .......................................... . ...................................................................
 Je sais que Victor Hugo veut dénoncer par ce ...................................................................
récit les ......................................................  Résumer le crime commis par Claude Gueux
et la ........................................................... lorsqu’il était en prison :
...................................................................
...................................................................
...................................................................
 Dire à quelle peine est condamné Claude
Gueux après son crime :
...................................................................

 Les accords des noms composés.  Mettre au pluriel les noms suivants :
 Je sais qu’un nom composé est formé - Un chou-fleur  .........................................
de plusieurs mots qui peuvent être - Un taille-crayon  ......................................
……………………………... ou reliés par - Un sèche-cheveu  .....................................
un ……………………………... ou une
- Un coffre-fort  .........................................
……………………………....
- Un rouge-gorge  ......................................
 Je sais que les .............................................
- un gratte-ciel  ..........................................
................................................. qui entrent
...................................................................
dans la composition des mots composés
sont invariables. - un laissez-passer  .....................................
...................................................................
 Je sais que les .............................................
et les.......................................... qui entrent
dans la composition des mots composés
s’accordent.

110 — © Cned, Français 4e

 séance 7 — Unité 9

 La forme pronominale.  Souligner les verbes pronominaux dans cet

extrait et d’indiquer leur sens :
 Je sais qu’à l’indicatif, au subjonctif et
au conditionnel, le verbe pronominal est Il avait perdu une grande quantité de sang, mais
précédé d’un ......................................... les ciseaux avec lesquels il avait eu la superstition
......................... et d’un ............................. touchante de se frapper avaient mal fait leur
ou .................................. . devoir, aucun des coups qu’il s’était portés n’était
dangereux. Il n’y avait de mortelles pour lui que
 Je sais qu’aux temps composés, un verbe
les blessures qu’il avait faites à M. D.
pronominal se conjugue avec l’auxiliaire
« ............................... ». Dans cet extrait, les verbes pronominaux utilisés
sont des .........................................................
 Je sais que les verbes pronominaux peuvent
avoir différents sens. On distingue :
- ...................................................................
- ...................................................................
- ...................................................................
- ...................................................................

© Cned, Français 4e — 111