Sources Des Perturbations Et Techniques de Couplages en CEM
Sources Des Perturbations Et Techniques de Couplages en CEM
Sources Des Perturbations Et Techniques de Couplages en CEM
Chapitre 2
2.1 Introduction
Les systèmes électriques et/ou électroniques ne sont pas isolés de leur environnement.
L'énergie électromagnétique peut donc franchir non intentionnellement leurs frontières soit
pour y pénétrer, soit pour s'en échapper. En effet, un équipement électrique ou électronique
peut devenir victime de l'environnement électromagnétique dans lequel il opère. Le
fonctionnement du système est alors perturbé.
Tout appareil est soumis à diverses perturbations électromagnétiques, et tout appareil
électrique en génère. Ces perturbations sont générées de multiples manières, ce sont
principalement des variations brusques de grandeurs électriques, tension ou courant.
Une interférence électromagnétique est la perturbation d’un système par un autre circuit ou
phénomène extérieur. Ce chapitre présente les principales sources de perturbation, les
différents modes de couplages. Nous donnons également un aperçu sur le mécanisme de
transmission des perturbations. Ensuite, les techniques de protection en CEM sont expliquées.
1) L'usage du téléphone portable peut nuire au bon fonctionnement de certains appareils, c’est
pourquoi il est strictement interdit dans les hôpitaux, les stations-service, les avions.
2) Une automobile moderne contient plus d’un kilomètre de fils électriques, elle se comporte
comme une antenne qui émet et capte des ondes E.M.
Tout appareil qui émet une perturbation électromagnétique, par conduction ou par
rayonnement, est qualifié de source. Parmi les principales causes de perturbations, il faut
relever: la distribution d’énergie électrique, les ondes hertziennes, les décharges
électrostatiques et la foudre.
En s’intéressant à l’environnement électromagnétique d’un système, nous allons voir qu’il
existe différentes sources de perturbations d’origines différentes.
Les perturbations d’origines naturelles (foudre, décharge électrostatique, activité solaire,
source cosmique, etc…); cependant, la majorité des sources est d’origine humaine.
Elles sont appelées également bruit industriel (Artificielle.), parmi ces sources, certaines
sont :
Intentionnelles : émetteurs radioélectriques, téléphone portable, fours micro-ondes, fours à
induction, four à arc, soudure à arc, lampes à décharge.
Non intentionnelles : systèmes d'allumage des moteurs à explosion, tous les systèmes
d'enclenchement et de coupure d'un signal électrique, lampes à décharge, électronique de
contrôle-commande et électronique de puissance, électronique de protection, appareillage
de puissance, moteur puissant à collecteur, démarrage de tout type de moteur électrique
puissant.
Plutôt que de les classer en fonction de leur origine, il convient d’examiner leur
comportement temporel et fréquentiel. C'est ce qui détermine leur influence.
On citera quelques sources perturbations importantes : les perturbations permanentes et les
perturbations intermittentes.
Par définition, une source permanente émet des perturbations aussi longtemps que
l’appareil contenant cette source est en fonction.
Une source intermittente n'émet des perturbations que sporadiquement, de manière souvent
imprévisible à des intervalles pouvant de quelques secondes à plusieurs jours. Le tableau 2.1
Le tableau 2.1 [35, 37,38] récapitule résume les différentes sources de bruit.
Les principaux phénomènes de perturbation considérés par la CEM sont [1, 10, 17] :
Les champs magnétiques et électriques,
Les harmoniques,
Les fluctuations de tension,
Les coupures brèves et les creux de tension,
Les déséquilibres de tension triphasée,
les décharges électrostatiques et chocs de foudre,
Les transmissions des signaux transmis sur les réseaux,
Les variations de fréquence de l'alimentation,
Les composantes continues sur les réseaux alternatifs,
Les tensions et courants de choc et perturbations hautes fréquences.
b) Les perturbations rayonnées: sont transmises par une onde électromagnétique (champ
électrique, champ magnétique, champ électromagnétique) et utilisent comme support les
milieux diélectriques.
Dans le premier cas les perturbations interviennent soit en mode commun (MC) soit en
mode différentiel (MD). Dans le second cas les perturbations sont rayonnées soit en mode
couplage champ lointain soit en mode couplage champ proche.
Les signaux utiles sont généralement transmis en mode différentiel (noté MD), appelé
aussi mode série, (mode symétrique). Le courant se propage sur l'un des conducteurs, passe à
travers l'appareil, et revient à la source par un autre conducteur comme indiqué sur la
figure2.3 [4,7].
IMD
Emetteur Récepteur
VMD
IMD
Le mode commun (noté MD), est très peu utilisé pour les signaux utiles, il correspond
souvent à un mode parasite. Il est aussi appelé mode parallèle (mode asymétrique). Le courant
se propage sur tous les conducteurs dans le même sens et revient par la masse, comme indiqué
sur la figure2.4 [4, 7, 22].
IMC/2
Emetteur Récepteur
IMC/2
IMC
Les tensions de mode commun se développent entre les fils de liaisons et la référence de
potentiel : masses des appareils, fil de protection équipotentielle PE.
Le couplage champ proche comme son nom l’indique est le type de couplage qui apparait
lorsque la source de rayonnement et la victime se trouvent à une distance très proche et
échangent de l’énergie, leur effet étant mesuré à proximité immédiate de la source
Il est clair que l’énergie émise par la source se dispersant dans un volume croissant sans
cesse avec la distance D à cette source, les amplitudes des champs électrique E et magnétique
H décroît lorsque cette distance D augmente [7,11,32-36] (figure 2.5). Le diagramme se base
sur l’évolution de l’impédance d’onde en fonction de la distance qui sépare la source de
rayonnement, au point où le champ rayonné est caractérisé. L’impédance d’onde est définie
E
par le rapport entre le module du champ électrique et le module du champ ( Z ).
H
En effet, pour une distance inférieure à de la source ( c'est la longueur d’onde de
2
propagation), les champs électrique et magnétique ont des composantes «indépendantes». Ils
peuvent être considérés comme quasi-stationnaires et ont une décroissance rapide des
1 1
amplitudes (en ou ).
D 2 D3
E
Dans le cas où l’impédance de l’onde ( Z ) est inférieure à l’impédance caractéristique
H
du vide ( Z 377 ) on parle de champ de basse impédance (le champ magnétique
0
dominant). Typiquement il s’agit des champs générés par une source de courant. Dans le cas
où l’impédance de l’onde est supérieure à l’impédance Z on parle de champ de haute
0
impédance (le champ électrique dominant).
Comme nous le constatons dans la figure précédente 2.5, au fur et à mesure qu’on
s’éloigne de la source, le processus d’échange d’énergie entre les deux champs annihile cette
différence initiale, jusqu’à l’obtention de l’équilibre énergétique entre les deux champs. On a
ainsi :
E2 / 2 H 2 / 2 (2.1)
0 0
Avec le rapport des amplitudes des composantes électriques et magnétiques du champ
électromagnétique est constant comme le montre la figure 2.5.
(1/ 36 .109 ) F.m1 , 4. .107 H .m1 sont respectivement la permittivité et la
0 0
perméabilité du vide.
Le rapport indiqué dans la formule (2.2) est appelé l’impédance caractéristique (ZC) du
milieu de propagation.
2L2
La zone de Fresnel est compris entre D à , avec L’impédance Z correspond
2
quasiment à Z0 . Le diagramme de rayonnement est en fonction de la distance D.
2L2
Pour D , il s’agit de la zone de Fraunhofer, les champs sont couplés et ils forment
une onde transverse électromagnétique (TEM) c’est à dire que les champs sont orthogonaux
Les couplages sont les modes d’action des perturbations (CEM) sur les victimes. A partir
de la représentation de la figure 2.6, nous observons clairement pour qu'il y ait couplage, il
faut au moins deux équipements en présence : un qui va générer des signaux parasites (le
coupable, l’agresseur), et un autre qui va subir la perturbation (la victime).
Mode conduit
Agresseur Victime
Chemin de couplage
Mode conduit
Figure2.6: représentation d'un problème CEM
Un couplage par impédance commune (ou par élément commun ou galvanique) Comme
son nom l’indique, ce couplage résulte de la présence d’une impédance commune à deux ou
plusieurs circuits. Il est mis en évidence lorsqu’un courant circule entre deux sous systèmes
d’un système électrique à travers des impédances communes constituées par des liaisons entre
les deux sous. Cette impédance commune peut être la liaison de masse, le réseau de terre, le
réseau de distribution d’énergie, le conducteur de retour de plusieurs signaux dans une même
liaison courant faible. Il est important de mentionner que, le couplage par impédance
commune est mis en évidence lorsque deux mailles ont en commun un tronçon de conducteur
dont l’impédance ne peut pas être négligeable.
La figure 2.7 représente un exemple d'un couplage par impédance commune
Système A Système B
Perturbation
externe
d.d.p parasite
Z masse
I parasite
La figure montre l'exemple de deux appareils sont branchés sur le réseau 230V : un
perturbateur qui génère des tensions parasites sur la tension du réseau, et une victime qui
utilise la tension du réseau, et qui récupère en même temps cette tension parasite.
Pour améliorer la CEM, on pourra utiliser les méthodes proposées suivantes [1, 7,11]:
• Éviter les tronçons communs,
• Relier alors les masses en un seul point,
• Diminuer les impédances, par exemple en élargissant les pistes.
Le couplage champ proche comme son nom l’indique est le type de couplage qui apparait
lorsque la source de rayonnement et la victime se trouvent à une distance très proche et
échangent de l’énergie. Dans ce type de couplage, on parle souvent d’une perturbation ou
interférence mutuelle. Il en sorte deux cas de couplages en champ proche :
Il est également à noter que, tout courant variable circulant dans un conducteur va créer un
champ magnétique autour de lui. La variation de flux ainsi produite va créer des tensions
induites parasites dans les boucles formées par les câbles conducteurs contigus au câble
perturbateur.
Le couplage par diaphonie inductive [4,5] : correspond à une perturbation
électromagnétique produite par le champ magnétique variable rayonné par un circuit (source)
qui va venir perturber un autre circuit voisin (victime) se comportant comme une boucle. La
diaphonie inductive est caractérisée par l’effet d’une tension parasite variable aux bornes de la
victime.
Une présentation de ce mode de couplage champ proche est montrée par la figure 2.8.
Les techniques pour amélioré la CEM (remèdes) peuvent être classifiées comme suit [1,4]:
Limiter les courants (sources de perturbations), limiter les variations de courant dans les
conducteurs, (l'élément dI/dt).
Diminuer la mutuelle entre les fils, en éloignant les conducteurs polluants et les
conducteurs sensibles : câbler séparément les fils de puissance et les fils de commande,
choisir une bonne répartition des conducteurs dans les câbles en nappe tout en multipliant
les conducteurs à 0 V.
Minimiser la valeur de la tension induite, les courants induits sur le conducteur victime
sont plus faibles si l’impédance de la boucle formée par ce conducteur est élevée,
augmenter l'impédance terminale des liaisons.
Il existe toujours une capacité parasite entre deux éléments conducteurs proches portés à
des potentiels variables.
Le couplage par diaphonie capacitive est créé par variation de tension entre deux
conducteurs en regard. La capacité parasite formée par les deux conducteurs va présenter une
impédance faible en HF à cette variation de (d.d.p) et de permettre le passage d'un courant
parasite.
La figure 2.9 illustre le principe de phénomène de base d’un couplage par diaphonie
capacitive.
Deux types de couplage peuvent être distingués en zone de champ lointain : il s’agit du
couplage champ à fil appelé aussi couplage champ à câble et couplage champ à boucle.
Dans ce mode de couplage, pour améliorer la CEM Il faut également s'assurer les remèdes
[3,8] :
Diminuer les champs perturbateurs, par l'utilisation des blindages, les plans de masse
2. Diminuer l'effet d'antenne, par l'orientation des conducteurs en fonction de la
polarisation des champs incidents, diminution de la longueur des pistes sensibles.
C'est un type de perturbation EM qui est dû a l’effet d’un champ magnétique variable dans
une boucle. A travers la surface de la boucle constituée par exemple par un conducteur, on
observe un champ magnétique variable. Les variations de ce champ induit une force
électromotrice. La figure 2.11 montre un couplage champ à boucle
2.7 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre, les sources des perturbations électromagnétiques
ainsi les différents couplages car en définitive, une des meilleures façons de résoudre les
problèmes de CEM consiste justement à réduire au maximum ces couplages.
Ces couplages sont causes soit par l’effet d’un champ électrique/magnétique rayonne par
l’un de composant ou soit par l’effet du couplage d’un signal parasite qui va agresser un autre
composant voisin. Nous nous proposons donc dans le prochain chapitre d'étudier les normes
et les mesures en CEM.