Etude - Degré de Transmission Des Prix Internationaux Dans l'UEMOA

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DEGRÉ DE TRANSMISSION DES PRIX

INTERNATIONAUX AUX PRIX


DOMESTIQUES DANS L’UEMOA
Direction Générale de l'Economie et de la Monnaie
Direction des Statistiques
Service des Travaux Statistiques

DEGRÉ DE TRANSMISSION DES PRIX INTERNATIONAUX AUX PRIX DOMESTIQUES


DANS L’UEMOA

RAPPORT FINAL

Août 2023

Avenue Abdoulaye FADIGA Tél. (221) 33 839 05 00 / Fax. (221) 33 823 93 35


BP 3108 – Dakar - Sénégal [email protected] - www.bceao.int
2

RÉSUMÉ
Cette étude se propose de mesurer le degré de transmission des fluctuations des cours mondiaux des
produits alimentaires et pétroliers sur les prix domestiques dans l’UEMOA. Elle s’inscrit dans le cadre de la
dynamique d’amélioration de la connaissance des économies de l’Union et le renforcement de l’efficacité de
la politique monétaire dans un contexte de tensions inflationnistes aussi bien au niveau interne qu’à
l’échelle internationale.
En effet, au niveau international, les cours mondiaux du pétrole brut se sont inscrits dans une tendance
haussière depuis la fin de l’année 2020. Ainsi, les cours de l’or noir ont progressé de 64,4% en 2021 et de
54,1% en 2022. S’agissant des produits alimentaires importés par les pays de l’Union, leurs prix sont
également en progression notamment à partir de l’année 2020 où ils sont ressortis en hausse de 15,5%. En
2021 et 2022, ils ont connu des hausses respectives de 7,8% et 37,3%.
L’évolution des cours internationaux a des répercussions sur l’inflation dans l’Union en raison notamment du
poids important (30,0%) des produits importés dans l’indice des prix à la consommation. Toutefois, la
transmission des prix internationaux aux prix domestiques n’est pas parfaite, en raison du fonctionnement
des marchés de la zone marqué notamment par des dispositifs de régulation des prix et souvent des
mesures d'atténuation de la répercussion des chocs observés à l’international.
Prenant appui sur des modèles à correction d’erreur, l’étude a examiné le degré de transmission des prix
internationaux sur les prix domestiques. L’analyse a porté sur les produits pétroliers et alimentaires,
notamment l’essence à la pompe, le riz, le blé, les huiles, le sucre et les produits laitiers.
Au titre des produits alimentaires importés, les chocs sur les cours mondiaux affectent positivement
l’inflation dans l’Union. Il ressort des résultats de l’étude que 68% des fluctuations des cours mondiaux du
riz se répercutent sur les prix domestiques du riz. Le degré de transmission est évalué à 59% pour les
huiles, 45% pour le blé et 38% pour le sucre. Les chocs sur les fluctuations internationales sont absorbés
avec un délai moyen de dix (10) mois pour le riz et les huiles, quinze (15) mois pour le sucre et vingt (20)
mois pour le blé. Toutefois, l’impact sur les premiers mois est faible, en raison des interventions des
Autorités publiques et des délais d'approvisionnement des marchés locaux. En ce qui concerne les produits
laitiers, les chocs à l’international n’ont pas un impact significatif sur les prix domestiques, sauf au Sénégal,
au Togo et au Mali. En effet, une hausse de 10% des cours mondiaux des produits laitiers induit de légères
hausses des prix domestiques de 0,2% au Sénégal et au Togo, et de 0,9% au Mali. Au total, les fluctuations
internationales des cours des produits alimentaires impactent positivement l’inflation dans l’Union. Une
hausse de 10 points de pourcentage des cours mondiaux des produits alimentaires induit une progression
de l’inflation de 2,3 points pour la composante alimentaire et une hausse de 1,2 point pour l’inflation globale.
En ce qui concerne la transmission des prix internationaux du pétrole, les résultats des estimations montrent
qu’une hausse de 10% des prix à l’international induit une hausse de 4,6% des prix de l’essence à la pompe
dans l’Union et entraîne une progression de l’inflation de 0,5 point de pourcentage. Les chocs
internationaux sont absorbés dans un délai de dix (10) mois. L’analyse par pays montre que la transmission
des cours mondiaux du brut sur les prix de l’essence à la pompe est plus forte au Togo et au Bénin, avec
des effets respectifs de 5,3% et 6,3% pour une hausse des cours mondiaux de 10%, dans un délai moyen
d’absorption de huit (8) mois. Il convient de souligner que la hausse des prix internationaux du pétrole n’a
pas d’impact sur les prix de l’essence à la pompe au Niger où les prix ont été bloqués par l’Etat. Le prix de
l’essence à la pompe est maintenu inchangé dans ce pays depuis 2013 et se situe à 540 FCFA le litre, soit
le tarif le plus bas observé dans les pays de l’Union.
Au vu du degré de transmission des impulsions des cours mondiaux des produits alimentaires, les pays de
l’UEMOA devraient prendre des mesures pour réduire leur dépendance extérieure en produits alimentaires
importés, à travers des actions visant à rendre le secteur agricole moins vulnérable aux chocs climatiques et
en promouvant davantage la transformation locale. S’agissant des produits pétroliers, la mise en œuvre
d’une politique d’ajustement régulier des prix et la réduction de la fiscalité devraient permettre de mieux
contenir la transmission des prix internationaux.
3

SOMMAIRE

RÉSUMÉ 2

INTRODUCTION 4

I. REVUE DE LA LITTÉRATURE EMPIRIQUE 5

II. FAITS STYLISÉS SUR L'ÉVOLUTION DES PRIX INTERNATIONAUX ET DOMESTIQUES 7

2.1. Evolution des cours mondiaux du pétrole brut et des produits alimentaires 7

2.2. Dynamique de l’inflation dans l’UEMOA 8

III- DEMARCHE METHODOLOGIQUE 11

3.1 Données de l’étude et démarche d’analyse 11

3.2. Modélisation économétrique 12

IV. TRANSMISSION DES PRIX MONDIAUX DES PRODUITS ALIMENTAIRES 13

4.1. Transmission des cours mondiaux du riz 13

4.2. Transmission des cours mondiaux du blé 15

4.3. Transmission des cours mondiaux de l’huile 17

4.4. Transmission des cours mondiaux du sucre 18

4.5. Transmission des prix des produits laitiers 20

4.6. Transmission des cours mondiaux des produits alimentairs importés sur l’inflation
alimentaire dans l’UEMOA 21

4.7. Transmission des cours mondiaux des produits alimentairs importés sur l’inflation 22

V. TRANSMISSION DES COURS MONDIAUX DU PÉTROLE BRUT 23

5.1. Transmission des cours mondiaux du pétrole brut sur les prix à la pompe 23

5.2. Impact des cours mondiaux du pétrole sur la fonction “Transport” de l’IHPC 28

5.3. Effet des cours mondiaux du pétrole brut sur l’inflation globale 30

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 32

ANNEXES 36
4

INTRODUCTION
L’évolution des prix internationaux des matières premières importées par les pays de l’UEMOA
a été marquée au cours de ces dernières années par des chocs récurrents, notamment en ce
qui concerne les produits alimentaires et pétroliers. A titre d’exemple, la chute prononcée des
cours du pétrole brut en 2020 induite par la crise de la Covid-19 a été suivie par la flambée
desdits cours depuis le début de l’année 2021, en raison de la reprise de l’économie mondiale,
amplifiée par les tensions géopolitiques, notamment la crise russo-ukrainienne. Les cours
internationaux du baril du pétrole, exprimés en FCFA, ont ainsi affiché une hausse de 54,1%
en 2022, après une progression de 64,4% en 2021.

Pour les produits alimentaires, les données publiées par l’Organisation des Nations Unies pour
l’agriculture et l’alimentation (FAO) indiquent une hausse des cours de 14% en 2022 après
celle de 28% en 2021. Ces tensions sont observées notamment pour le riz, le blé, les farines,
le sucre et les huiles, principales denrées alimentaires importées par les pays de l’UEMOA.
Cette forte volatilité des cours a été exacerbée par les impacts de différents facteurs,
notamment les changements climatiques et les crises géopolitiques.

L’évolution des cours internationaux a des répercussions sur l’inflation dans l’Union en raison
notamment du poids relativement important (30%) des produits importés dans l’indice des prix
à la consommation. En effet, environ 25% des produits alimentaires consommés dans
l’UEMOA sont importés et la quasi-totalité des pays sont des importateurs nets de produits
pétroliers.

Toutefois, la transmission des prix internationaux aux prix domestiques n’est pas parfaite, en
raison du fonctionnement des marchés de la zone marqué notamment par des dispositifs de
régulation des prix et des mesures d'atténuation des chocs ainsi que des délais
d’approvisionnement sur les marchés internationaux. A titre illustratif, les prix domestiques à la
pompe de l’essence super dans l’UEMOA ont connu un repli de 1,1% en 2021, alors que les
cours mondiaux en franc CFA du pétrole brut ont grimpé de 64,4%. De même, au titre des
produits alimentaires, le cours du blé à l’international s’est accru de près de moitié (43,0%) en
2021 tandis que dans les pays de l’Union, le prix du pain est resté quasiment stable dans tous
les pays, à l’exception du Sénégal où une progression de 16,7% a été observée en décembre
2021. Ces évolutions reflètent un décalage dans la répercussion des fluctuations des prix
internationaux aux marchés intérieurs ainsi que l'existence des mécanismes d’ajustement des
prix domestiques que les Etats mettent en place pour atténuer les effets de l’inflation sur les
ménages.

Ce décalage entre les variations des cours sur le marché international et les prix sur les
marchés domestiques avait également été souligné par B. Daviron et al. (2008) dans une
étude sur la transmission de la hausse des prix internationaux des produits agricoles dans les
5

pays africains. Les auteurs ont observé que les prix des céréales importées sont plus stables
que les prix internationaux.

Partant de ces constats, la présente étude se propose de mesurer le degré et le délai de


transmission des fluctuations des prix internationaux des produits alimentaires et produits
pétroliers importés aux prix domestiques. Elle contribuera ainsi à une meilleure compréhension
de l’évolution des prix dans la zone, et à mieux affiner les prévisions de l’inflation.

L’étude est articulée autour de cinq parties. La première partie présente la revue de la
littérature empirique. La deuxième aborde les faits stylisés sur l’évolution des cours mondiaux
et des prix domestiques. La démarche méthodologique et les différentes données utilisées font
l'objet de la troisième partie. La transmission des prix internationaux des produits alimentaires
et celle des cours mondiaux du pétrole sont analysées respectivement dans la quatrième et la
cinquième partie.

I. REVUE DE LA LITTÉRATURE EMPIRIQUE


Plusieurs études ont abordé la transmission des prix internationaux aux prix domestiques,
notamment après les tensions inflationnistes de 2008.

Badolo, F. (2012), a étudié la transmission des prix internationaux du riz au Burkina. L’analyse
est basée sur les données mensuelles du prix du riz importé, sur deux marchés céréaliers du
Burkina Faso (Sankaryaré et Dori) et le prix international du riz d’origine thaïlandaise sur la
période allant d’octobre 1995 à décembre 2010. Selon l’auteur, le marché de Sankaryaré est le
plus important marché de Ouagadougou en termes de commerce céréalier. Il approvisionne
d’autres marchés à l’intérieur du pays. Le marché de Dori est situé à plus de 400 km de
Ouagadougou au nord du Burkina Faso et connaît aussi un commerce céréalier très important.

Les données sur ces deux marchés ont été fournies par la Société Nationale de Gestion des
Stocks (SONAGESS) du Burkina Faso et complétées par celles du Réseau des Systèmes
d’Information des Marchés en Afrique de l’Ouest (RESIMAO). Les prix internationaux du riz
sont extraits de la base de données du Fonds Monétaire International (FMI). S’appuyant sur
des modèles à correction d’erreur (MCE) et autorégressifs à seuil (TAR), l’auteur montre que
les marchés domestiques du riz importé au Burkina Faso répondent aux changements de prix
du riz sur le marché international. L’estimation de la relation de long terme issue du modèle
MCE fournit une élasticité de transmission d’environ 0,8. S'agissant du modèle TAR, les
résultats suggèrent que les marchés locaux répondent plus rapidement aux hausses de prix
international qu’aux baisses. Environ la moitié des hausses à l’échelle internationale se
répercute sur les marchés locaux, tandis que moins du quart des baisses des cours mondiaux
sont transmises au niveau local. Il explique ces résultats par le pouvoir de marché des
intermédiaires commerciaux, les coûts de transport et les mécanismes d’intervention de l’Etat.
6

Dans un article publié par le Réseau des systèmes d’information des marchés en
Afrique de l’Ouest sur la “transmission des prix internationaux sur les prix des céréales dans
le Sahel” en 2008, il ressort que la hausse des prix dans les capitales sahéliennes est
généralement inférieure à celle enregistrée sur les marchés mondiaux. Cette situation pourrait
s’expliquer par la disponibilité de stock sur plusieurs mois de consommation, la part
relativement faible du prix à l’international comparé au coût de fret dans le processus de
formation des prix domestiques ainsi que les interventions de l’Etat, notamment à travers les
allégements fiscaux. En outre, les commerçants pourraient choisir de réduire leurs marges
pour ne pas affecter les volumes commercialisés, compte tenu du pouvoir d’achat assez limité
des consommateurs.

“Lors de la flambée des prix en 2008, alors que les prix mondiaux décollaient dès septembre
2007, il a fallu attendre février à avril 2008 pour constater la hausse des prix du riz sur les
marchés de consommation sahéliens” (Dembélé et al. 2008). Les auteurs indiquent que cette
hausse des prix du riz s’est répercutée diversement sur les marchés des céréales locales.
Dans la région du Sahel, ils ont distingué trois cas de figure. Le premier concerne les pays de
la façade atlantique comme le Sénégal et la Mauritanie, dont les approvisionnements sont très
dépendants des importations. La Mauritanie importait près de 80% de ses besoins céréaliers
tandis que la production rizicole du Sénégal ne lui permettait de couvrir qu’environ 20% de ses
besoins internes. Les récoltes de céréales sèches ayant chuté de 25% lors de la campagne
2007-2008 au Sénégal, les prix des céréales locales avaient connu des hausses de prix dès la
fin de l’hivernage 2007.

Le deuxième cas de figure souligné par les auteurs concerne les grands pays enclavés que
sont le Mali et le Burkina Faso. Ces deux pays ont un système alimentaire fondé sur les
céréales produites localement, y compris pour le riz au Mali, et dépendraient peu des
importations. Ils avaient un taux élevé d’auto-approvisionnement et étaient régulièrement
confrontés à des excédents de production écoulés en partie sur le marché régional, ou stockés
au niveau des producteurs et des commerçants. Le dernier cas de figure concerne le Niger,
avec une production plus sujette aux aléas climatiques que ses voisins. L’économie du Niger
est reliée à celle du Nigeria, qui constitue le poids économique et démographique le plus
important de la région. Le niveau des prix au Niger dépendrait fortement des facteurs du
marché nigérian : taux de change, évolution de l’offre et de la demande, stratégies des
opérateurs commerciaux, mesures de politiques commerciales vis-à-vis du marché
international et du marché régional, etc. Les auteurs ont relevé que la dynamique des prix au
Niger serait par conséquent la résultante de l’équilibre du marché Niger-Nigeria, mais
dépendrait aussi des conditions du marché dans les autres pays côtiers comme le Bénin, et
surtout le Ghana et la Côte d’Ivoire.
7

Diallo et al. (2009) ont étudié la transmission des hausses des prix internationaux des produits
alimentaires en Afrique de l’Ouest. La méthode utilisée a consisté à calculer les variations
cumulatives en pourcentage des prix réels internationaux. L’étude a porté sur le Niger, le Mali,
la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Dans un premier temps, les auteurs ont mis l’accent sur la
relation entre les cours internationaux FOB du riz et les prix du riz importé sur le marché
domestique. Ensuite, ils ont mis en exergue le lien entre les cours mondiaux du maïs et les prix
des substituts locaux (mil et sorgho) à la consommation sur certains marchés. Il ressort de
l’étude l’existence effective d’une transmission de la hausse des prix internationaux du riz et du
maïs à la fois sur les marchés domestiques de la sous-région et au niveau des producteurs.
Cette répercussion des prix serait toutefois atténuée par les fluctuations du dollar par rapport
au franc CFA, et par une série fr mesures d’urgence (exonérations des droits d’importation,
subventions à la consommation, etc.). Il ressort également de l’étude que la transmission du
prix du riz importé a été plus importante au niveau des pays côtiers. En outre, les auteurs
montrent que la hausse des prix internationaux a également affecté, bien que faiblement, les
prix sur le marché du riz produit localement ainsi que les prix aux producteurs, notamment au
Mali.

Toé (2011) , dans une étude sur la prévision de l’inflation dans la zone UEMOA : “Une
approche par composante”, a utilisé un modèle à correction d'erreur pour expliquer les
évolutions de l'indice des prix des produits pétroliers par l'évolution des cours du pétrole. Pour
tenir compte de l'effet du taux de change, les cours du pétrole brut sont convertis en francs
CFA. Les résultats obtenus indiquent que les prix des produits pétroliers sont sensibles à
l'évolution des cours du pétrole brut. A court et à long terme, la hausse des cours du pétrole
brut agit sur les prix des produits pétroliers dans tous les pays de l'Union à des degrés de
transmission différents.

II. FAITS STYLISES SUR L’EVOLUTION DES PRIX INTERNATIONAUX ET


DOMESTIQUES
Cette partie décrit l'évolution des cours mondiaux du pétrole brut et des produits alimentaires
importés par l’Union. Elle analyse également la dynamique de l’inflation depuis 1999. L’analyse
détaillée de l’évolution de l’inflation sur la période récente et des contributions de ses
composantes sont retracées en annexe A1.

2.1. Evolution des cours mondiaux du pétrole brut et des produits alimentaires
Après une baisse enregistrée en 2020, en lien avec le ralentissement de l’activité économique
induit par la pandémie de la covid-19, les cours mondiaux du pétrole brut se sont inscrits dans
une tendance haussière vers la fin de l’année 2020. En 2021, les cours de l’or noir ont
progressé de 64,4%. Dans le contexte de la crise russo-ukrainienne, ils sont ressortis en
hausse de 54,1% en 2022.
8

Graphique 1 : Evolution des cours mondiaux du pétrole ( en 1.000 FCFA)

Source : BCEAO

S’agissant des produits alimentaires importés par les pays de l’Union, il est également observé
une hausse de leur prix à l’échelle internationale à partir de l’année 2020. L’accélération de la
hausse des cours mondiaux a dépassé celle observée lors de la crise financière de 2008. Il
convient de remarquer que depuis cette crise, qui a entraîné une hausse importante des prix
des produits alimentaires importés par l’Union, lesdits prix ne sont plus revenus à leur niveau
d’avant 2008.

Graphique 2 : Cours moyen des produits alimentaires importés par l’Union1

Source : BCEAO

2.2. Dynamique de l’inflation dans l’UEMOA


L’examen de la série des prix depuis 1999 montre que la plus forte inflation était enregistrée
dans l’Union au cours de l’année 2008, marquée par la crise financière internationale
combinée avec une baisse de 6,5% de la production céréalière dans l’Union. L’inflation est
passée de 2,4% en octobre 2007 pour atteindre un pic de 9,3% en août 2008. Elle est restée
au-dessus du seuil de 3% sur une période de quinze (15) mois.

1
Le riz, le blé, les huiles et le sucre sont les principaux produits alimentaires importés par l’Union.
9

L’accélération de l’inflation en août 2008 a été essentiellement imprimée par la hausse des prix
au niveau des fonctions “alimentaires” (+18,7%), “Transport” (+8,3%) et “Logement” (+6,1%).
L’analyse par pays montre que l’inflation était à des niveaux élevés au Burkina (14,0%), au
Bénin (13,5%), au Niger (13,5%), au Togo (12,6%) et au Mali (11,1%). En revanche, elle était
relativement faible en Côte d’Ivoire (6,8%), au Sénégal (7,9%) et en Guinée-Bissau (7,3%).

Les autres pics d’inflation ont été enregistrés en août 2001 (4,5%), en lien avec l’harmonisation
de la TVA dans l’Union, et en septembre 2005 (5,8%), en raison de la baisse de la production
céréalière de 14,3% lors de la campagne agricole 2004/2005. Pour chacun des pics, l’inflation
est demeurée au-dessus du seuil de 3% sur des périodes respectives de 17 mois et 13 mois.

Les prix à la consommation ont également connu une hausse relativement importante en 2011
pour atteindre un pic de 5,7% en avril 2011 dans un contexte de crise post électorale en
Côte d’Ivoire qui a enregistré durant le même mois une inflation de 9,1%. Autour de ce pic,
l’inflation est demeurée au-dessus du seuil de 3% sur une période de douze (12) mois.

Plus récemment, l’évolution du niveau général des prix à la consommation a dépassé le seuil
de 3% depuis avril 2021. Au cours de l’année 2022, le taux d’inflation est passé de 6,5% en
janvier à 8,8% en août avant de se situer à 7,4% en décembre. Sur l’ensemble de l’année
2022, la hausse du niveau général des prix à la consommation est ressortie en moyenne à
7,4% par rapport à l’année précédente. La persistance des tensions inflationnistes est
essentiellement imputable à la hausse des prix de la composante «Produits alimentaires»
(+12,5%), dont la contribution est ressortie à 5,6 points de pourcentage et, dans une moindre
mesure, celles des fonctions «Transports» (+5,6%) et «Logement» (+4,8%), qui ont contribué
chacune à hauteur 0,5 point de pourcentage à l’inflation totale.

L’analyse par pays montre une accélération de l’inflation dans la quasi-totalité des Etats en
2022 par rapport à l'année précédente. En effet, il a été enregistré une progression des prix à
la consommation au Burkina (+14,1% contre +3,9%), au Mali (+9,7% contre +3,9%), au
Sénégal (+9,7% contre +2,2%), en Guinée-Bissau (+7,9% contre +3,3%), au Togo (+7,6%
contre +4,5%), en Côte d’Ivoire (+5,2% contre 4,2%) et au Niger (+4,2% contre +3,8%). En
revanche, une décélération est observée au Bénin (+1,4% contre +1,7%).

Cette flambée des prix notée dans les pays de l’Union est en lien avec les conséquences de la
baisse de 13,1% de la production céréalière de l’Union lors de la campagne 2021/2022, de
l’aggravation des difficultés d’approvisionnement des marchés, du fait notamment de
l’exacerbation des tensions sécuritaires et de la persistance de la dynamique haussière des
cours internationaux des denrées alimentaires importées par l’Union. Cette flambée est
amplifiée par la guerre russo-ukrainienne, les deux pays assurant environ un tiers de l’offre
mondiale du blé et environ 35% des approvisionnements des pays de l’Union pour le même
produit. Elle est également exacerbée par la hausse du coût de fret, reflétée par «l'indice
mondial de fret conteneurisé».
10

Graphique 3 : Evolution en glissement annuel de l’inflation dans la zone UEMOA depuis 1999 (en %)

Source : BCEAO
11

III- DEMARCHE METHODOLOGIQUE


La mesure du degré de transmission des fluctuations des prix internationaux a porté sur les
produits alimentaires et pétroliers, qui sont les principaux biens à l’origine des fortes
fluctuations de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) dans l’UEMOA.

3.1 Données de l’étude et démarche d’analyse


L’étude vise à analyser le degré de transmission des prix internationaux sur les prix
domestiques dans les pays de l’UEMOA.

Dans un premier temps, l’étude se focalise sur la transmission des prix des principaux produits
alimentaires importés par les pays de l’Union. Sur la base des données du commerce
extérieur, les principaux produits retenus sont le riz, qui représente 30,5% des importations de
produits alimentaires dans l’Union, le blé (8,6%), les huiles (8,3%), le sucre (5,4%) et les
produits laitiers (4,4%). La dynamique des prix domestiques de ces produits a été analysée en
rapport avec les fluctuations de leurs cours à l’échelle internationale. Pour le riz, il a été
considéré les prix sur les marchés domestiques obtenus à partir des données granulaires
issues du dispositif interne de suivi des prix de la BCEAO complétées par les prix issus de la
base de données de la FAO2. La longueur des séries varie suivant les pays et se situe dans la
période de 2000 à 2022. En ce qui concerne le blé, les séries longues obtenues portent
uniquement sur deux pays à savoir le Niger et le Sénégal.

S’agissant des autres produits alimentaires, en raison de l’indisponibilité de données, il a été


considéré les sous-indices postes de l’indice harmonisé des prix à la consommation qui couvre
la période 2008-2022. Les cours mondiaux des produits alimentaires sont extraits des sites des
organisations internationales, notamment la FAO. En complément des analyses bivariées,
l’étude a examiné la transmission des cours mondiaux des produits alimentaires, pris dans leur
ensemble, sur l’inflation alimentaire et l'inflation globale dans les pays de l’Union.

En ce qui concerne les cours mondiaux du pétrole brut, ils sont extraits des sites des
organisations internationales, notamment la Banque Mondiale. Pour corriger l’effet des
fluctuations liées aux taux de change, les cours mondiaux ont été convertis en FCFA en
utilisant notamment le taux de change mensuel euro/dollar extrait du site internet de la Banque
de France. L’analyse porte sur la transmission des cours de l’or noir sur les prix de l’essence à
la pompe, puis sur la fonction transport de l’inflation et en dernier lieu sur l’inflation globale. Les
données des prix de l’essence à la pompe proviennent du dispositif interne du suivi des prix de
la Banque Centrale. Ledit dispositif a été mis en place par la BCEAO dans les années 2000.
Les informations couvrent la période 2002-2022 sur une base mensuelle.

2
Food and Agriculture Organisation
12

Les indices harmonisés des prix à la consommation sont mensuellement transmis à la Banque
Centrale par les Instituts Nationaux de la Statistique (INS). Les informations sont disponibles
suivant les douze (12) fonctions de consommation sur une longue période. L’étude a
également examiné la structure de formation des prix des produits pétroliers, à partir
d’informations recueillies auprès des Ministères chargés du Commerce et de l’Industrie ou
auprès des professionnels du secteur dans les pays de l’Union.

3.2. Modélisation économétrique


La transmission des prix mondiaux a été analysée en utilisant les modèles à correction
d’erreurs. Ces modèles sont généralement mis en oeuvre suivant les trois étapes ci-après :

● Etape 1 : tester l’ordre d’intégration des variables

Une condition nécessaire pour l’estimation des modèles à correction d’erreur est que les séries
soient intégrées de même ordre. Pour rappel, une série est intégrée d’ordre d (notée xt → I(d)),
s’il convient de la différencier d fois afin de la stationnariser. En particulier, une variable non
stationnaire en niveau, mais dont la différence première est stationnaire est dite intégrée
d’ordre 1. L’analyse de l’ordre d’intégration des chroniques est effectuée à l’aide des tests
habituels de stationnarité, notamment celui de Dickey-Fuller (simple ou augmenté), de Phillips
Perron ou le test KPSS. Les tests de cointégration sont effectués pour vérifier l’existence de
relations de cointégration entre les prix domestiques et les cours mondiaux.

● Etape 2 : tester l’existence de cointégration entre les variables

Deux séries xt et yt sont cointégrées si elles sont affectées d’une tendance stochastique de
même ordre d’intégration “d” et qu’une combinaison linéaire de ces séries permet de se
ramener à une série d’ordre inférieur (R. bourbonnais, 2018). En particulier, deux variables
intégrées d’ordre 1 sont dites cointégrées s'il existe une combinaison linéaire de ces deux
séries qui soit stationnaire. Les tests de cointégration sont effectués suivant la procédure en
deux étapes d’Engel et Granger ou celle en une seule étape de Johansen, qui présente
l’avantage d’identifier le nombre de relation de cointégration et sa forme fonctionnelle sur la
base des critères de la trace et de la valeur propre minimale.

● Etape 3 : Estimation du modèle

Si les tests effectués confirment l’existence de cointégration, alors un modèle à correction


d’erreurs est estimé afin d’en déduire le coefficient d'ajustement des déséquilibres, ainsi que
les élasticités des prix domestiques aux prix internationaux. La spécification générale du
modèle à correction d’erreurs s’écrit comme suit :

𝑛 𝑚
𝑑𝑜𝑚𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝑑𝑜𝑚𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟
∆𝐿𝑜𝑔𝑃 = 𝑐 + ∑ α𝑖∆𝑙𝑜𝑔𝑃𝑡−𝑖 + µ𝑙𝑜𝑔𝑃𝑡−1 + ∑ β𝑗𝑙𝑜𝑔𝑃𝑡−𝑗 + ε𝑡
𝑖=1 𝑗=1
13

𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟
où 𝑃𝑑𝑜𝑚𝑒𝑠𝑡 représente les prix domestiques et 𝑃 les cours mondiaux. Le paramètre µ est la
force de rappel du modèle. Il doit être négatif, significatif et inférieur à 1 en valeur absolue. Les
indices t-i et t-j sont les valeurs retardées. Pour tenir compte du taux de change, les cours
mondiaux sont convertis en francs CFA. A défaut, le taux de change euro/dollar est
directement intégré dans le modèle. Les paramètres α et β sont les coefficients qui décrivent
𝑖 𝑗

respectivement les dynamiques de court et de long terme.

Il convient de souligner que lorsque les variables ne sont pas cointégrées, mais sont
stationnaires en différence première, une régression linéaire simple sur variable stationnaire
pourrait permettre de déterminer l’impact des cours mondiaux sur les prix au niveau
domestiques.

IV. TRANSMISSION DES PRIX MONDIAUX DES PRODUITS ALIMENTAIRES


Cette section analyse la transmission des cours mondiaux du riz, des huiles, du sucre, du blé
et du lait. Dans sa dernière partie, elle analyse l’effet des cours mondiaux des produits
alimentaires sur l’inflation alimentaire et globale.

4.1. Transmission des cours mondiaux du riz


Selon les statistiques3 du commerce extérieur au titre de l’année 2021, la part du riz importé
dans les pays de l'UEMOA représente environ 30,3% des importations des produits
alimentaires dans l’Union. En outre, la fonction “Produits alimentaires", avec un poids de 42,5%
dans l’IHPC global, est composée du riz, qui représente environ 30% du poste “Céréales non
transformées”. Ainsi, une fluctuation du prix du riz sur le marché international devrait être
ressentie sur le marché intérieur.

4.1.1. Evolution comparée des cours mondiaux et domestiques du riz

Le graphique 4 ci-après montre une évolution globalement en phase des prix domestiques du
riz importé et des cours mondiaux du riz.

Graphique 4 : Evolution comparée du cours mondial et domestique du riz importé (FCFA/KG)

Source : BCEAO

3
Données du commerce extérieur en 2021 compilées par le Service de la Balance des Paiements du Siège.
14

4.1.2. Estimation et interprétation des résultats


L’étude de la stationnarité des séries montre que les cours mondiaux du riz et le prix
domestique du riz importé sont tous intégrés d’ordre 1. Les résultats du test de cointégration
indiquent l’existence d’une relation de long terme entre les deux variables. La synthèse des
résultats des estimations par pays est retracée dans le tableau 1 ci-après.

Tableau 1 : Synthèse des estimations pour le riz


LONG TERME COURT TERME Force de rappel du Délai
modèle d’ajustem
ent
Coef P. value Coef P. value ECT* P value (en mois)

Bénin 0,354 0,000 0,041 0,373 -0,1092 0,000 9

Burkina 0,605 0,000 -0,043 0,396 -0,1931 0,000 5

Côte d’Ivoire 0,132 0,000 0,012 0,718 -0,1847 0,000 5

Guinée Bissau 0,254 0,010 0,000 0,997 -0,1003 0,000 10

Mali 0,379 0,000 0,029 0,561 -0.2091 0,003 5

Niger 0,572 0,000 0,005 0,888 -0,144 0,000 7

Sénégal 0,861 0,000 0,0343 0,491 -0,084 0,000 12

Togo 0,816 0,000 -0,131 0,306 -0,210 0,000 5

UEMOA 0,680 0,000 -0,0118 0,738 -0,096 0,000 10


Source : BCEAO (*) error correction term

Les coefficients d’ajustement sont tous significatifs et négatifs, ce qui confirme l’existence de
relations de long terme entre les cours mondiaux et les prix du riz importé. Ils sont également
tous inférieur à 1 en valeur absolue. Sa valeur est de -0,096 pour l’Union, indiquant qu’environ
9,6% des déséquilibres des prix du riz importé par rapport à son niveau de long terme est
corrigé le mois suivant.

Les résultats indiquent que les chocs sur les cours mondiaux du riz ont, à long terme, un effet
significatif sur les prix du riz importé. Globalement, plus de la moitié des hausses enregistrées
au niveau international se répercutent sur les prix domestiques. Au niveau de l’Union, une
hausse des cours mondiaux du riz de 10% entraîne, à long terme, une hausse des prix
domestiques de 6,8%. La transmission des cours internationaux sur les prix du riz importé est
élevée au Sénégal et au Togo où plus de 80% des fluctuations à l’échelle internationale se
répercutent, à long terme, sur les prix domestiques. La transmission est relativement modérée
en Côte d’Ivoire (13,2%), en Guinée-Bissau (25,4%), au Bénin (35,4%) et au Mali (37,9%). Le
Niger et le Burkina présentent une situation intermédiaire avec des degrés de transmission
évalués respectivement à 57,2% et 60,5%.
15

En revanche, à court terme, les fluctuations des cours mondiaux du riz n’ont pas un effet
significatif sur les prix domestiques. Les mesures d'intervention des autorités publiques
semblent maintenir, à court terme, les prix à des niveaux relativement stables.

L’examen des délais d’ajustement montre que le temps moyen pour qu’un choc sur les cours
mondiaux se répercutent sur les prix domestiques est estimé à dix (10) mois. L’analyse par
pays montre que le retard moyen d’ajustement est plus élevé au Sénégal (12 mois) et en
Guinée-Bissau (10 mois), et relativement plus faible au Burkina, en Côte d’Ivoire, au Mali et au
Togo, avec un délai moyen d’ajustement des prix de cinq (5) mois. Le Bénin et le Niger
affichent des délais d’ajustement respectivement de neuf (9) mois et sept (7) mois.

4.2. Transmission des cours mondiaux du blé


Les pays de l’Union sont quasiment dépendants de l’extérieur en matière d’approvisionnement
du marché intérieur en blé et farine du blé. Ainsi, les fluctuations des prix internationaux sont
transmises sur le marché domestique.

4.2.1. Evolution comparée des cours mondiaux du blé et du prix de la farine de blé

Le graphique 5 ci-après illustre cette situation où le prix de la farine de blé importé sur le
marché local suit la même tendance que les cours internationaux.

Graphique 5 : Evolution des cours mondiaux de la farine de blé et prix dans l’Union (en FCFA/KG)

Source : BCEAO

Dans les pays de l’UEMOA, le blé est utilisé dans différents composés alimentaires,
notamment dans la production du pain, la pâtisserie et autres produits alimentaires. L’évolution
des cours mondiaux du blé est observée dans le panier de la ménagère. Toutefois, la
transmission sur les prix intérieurs se fait de manière progressive et modérée comme l’indique
le graphique 6 ci-après.
16

Les récentes progressions des cours mondiaux du blé, en lien avec la crise russo-ukrainienne,
auraient dû avoir un impact direct et important sur les prix des produits dérivés du blé, n’eût été
la volonté politique des Etats. En effet, malgré la flambée des cours mondiaux, il a été noté une
révision à la hausse de moindre ampleur du prix du pain dans certains pays de l’Union. La
hausse du prix du blé à l’international s’est traduite par une augmentation des prix du pain
dans l’Union d’environ 8,5% sur l’année 2022. Par pays, la révision du prix en 2022 varie de
8,0% au Mali à 16,7% au Niger et au Sénégal. En Côte d’Ivoire, la hausse de la baguette du
pain est de 11,0%.

Graphique 6 : Evolution des cours mondiaux de la farine de blé et prix dans l’Union

Source : BCEAO

4.2.2. Estimation et interprétation des résultats

Les variables étudiées sont intégrées d’ordre 1. L’analyse économétrique montre l’existence
d’une relation de cointégration entre les cours mondiaux du blé et le prix domestique du blé. Le
coefficient d’ajustement estimé est négatif, significatif et inférieur à 1 en valeur absolue. Sa
valeur est de -0,051, traduisant que 5,1% des déséquilibres de long terme sont corrigés la
période suivante. A court terme, les élatisitictés estimées indiquent qu’une hausse des cours
mondiaux du blé de 10% entraîne une hausse du prix de la farine de blé de 0,5%. En
revanche, à long terme, près de la moitié (45%) des fluctuations au niveau mondial est
transmise sur le prix de la farine de blé dans un délai 20 mois. Pour le Sénégal et le Niger, la
transmission des prix internationaux du blé est estimée respectivement à 37,6% et 23,5%.
17

Tableau 2 : Résultats des estimations par pays pour le blé

Pays Niger Sénégal UEMOA4

Relation de court terme

ect -0.13904 -0.066439 -0.05144


(-3.588) (-4.648) (-4.019)

Constance 0.55654 0.217740 0.11882


(3.607) (4.672) ( 4.088)

D(Log(prix_blé)t-1 -0.27963 -0.022359 -0.30387


(-3.493) (-3.371) (-5.189)

D(Log((prix_mondial))t-1 0.09341 0.009392 0.05744


(1.655) (0.395) (2.026)

Relation de long terme

Constance 4.87241 4.16046 3.80014


(31.240) (37.69) ( 28.76)

LOG(prix_mondial) 0.23489 0.37571 0.45859


( 7.236) (16.11) (16.42)
Source : BCEAO

4.3. Transmission des cours mondiaux de l’huile


L’étude de la stationnarité des séries montre que les cours mondiaux de l’huile et les
sous-indices de l’IHPC relatifs à l’huile sont tous intégrés d’ordre 1. Les tests de cointégration
indiquent l’existence d’une relation de long terme entre les cours mondiaux et les prix
domestiques de l’huile. La synthèse des résultats des estimations par pays est retracée dans
le tableau 3.

Tableau 3 : Synthèse des estimations pour l’huile

LONG TERME COURT TERME Force de rappel du Délai


modèle d’ajustem
ent
Coef P. value Coef P. value ECT* P value (en mois)

Bénin 0,525 0,000 -0,044 0,600 -0,204 0,000 5

Burkina 0,868 0,000 -0,007 0,794 -0,088 0,000 11

Côte d’Ivoire 0,461 0,000 -0,084 0,154 -0,169 0,000 6

Guinée Bissau 0,526 0,000 -0,104 0,085 -0,125 0,000 8

Mali 0,596 0,000 0,113 0,020 -0,087 0,000 12

Niger 0,311 0,000 0,014 0,909 -0,150 0,002 7

Sénégal 0,488 0,004 0,028 0,043 -0,066 0,030 12

Togo 0,543 0,000 -0,126 0,010 -0,219 0,000 5

UEMOA 0,594 0,000 -0,012 0,586 -0,101 0,000 10


Source : BCEAO (*) error correction term

4
La série utilisée pour l’Union intègre l’évolution moyenne du prix dans les autres pays également.
18

Les coefficients d’ajustement sont tous significatifs, négatifs et inférieurs à 1 en valeur absolue,
ce qui confirme l’existence de relations de long terme entre les cours mondiaux et les prix
domestiques de l’huile. Au niveau global de l’Union, le coefficient d’ajustement est de -0,101,
indiquant qu’environ 10,1% des déséquilibres des prix domestiques de l’huile par rapport à son
niveau de long terme sont corrigés le mois suivant.

Les résultats indiquent que les chocs sur les cours mondiaux de l’huile ont, à long terme, un
effet significatif sur les prix domestiques de l’huile. Environ trois cinquièmes des hausses
(59,4%) enregistrées au niveau international se répercutent sur les prix domestiques.
Autrement dit, une hausse des cours mondiaux de l’huile de 10% entraîne, à long terme, une
hausse des prix domestiques de l’huile de 5,9% dans l’Union. La transmission des prix
internationaux sur les prix domestiques de l’huile est élevée au Burkina où plus de 86,8% des
fluctuations à l’échelle internationale se répercutent, à long terme, sur les prix domestiques. La
transmission est relativement modérée au Niger (31,1%). Les autres pays se situent dans une
situation intermédiaire, proche de la moyenne observée au niveau régional.

En revanche, à court terme, les fluctuations des cours mondiaux de l’huile n’ont pas un effet
significatif sur les prix domestiques. Cette tendance est observée dans l’ensemble des pays,
sauf au Mali et au Sénégal où respectivement 11,3% et 2,8% des fluctuations des cours
mondiaux sont transmises à court terme sur les prix domestiques.

L’examen des délais d’ajustement montre que le temps moyen pour qu’un choc sur les cours
mondiaux se répercutent entièrement sur les prix domestiques est estimé à dix (10) mois.
L’analyse par pays montre que le retard moyen d’ajustement est plus élevé au Sénégal
(12 mois), au Mali (12 mois) et au Burkina (11 mois), mais relativement plus faible au Bénin et
au Togo où le délai moyen d’ajustement des prix est de cinq (5) mois. La Côte d’Ivoire, le
Niger et la Guinée-Bissau affichent des délais d’ajustement respectifs de six (6) mois, sept (7)
mois et huit (8) mois.

4.4. Transmission des cours mondiaux du sucre


Les sous-indices relatifs au sucre issus de l’indice des prix à la consommation sont tous
intégrés d’ordre 1. La série de chaque pays de l’Union est cointégrée avec celle des cours
mondiaux du sucre, sauf en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Pour ces deux pays, une modélisation
suivant l’approche des carrées ordinaires a été estimée en considérant les variables
stationnaires obtenues par différence première. Pour les autres pays, l'estimation a porté sur
un modèle à correction d’erreur. Les principaux résultats de ces différentes estimations sont
synthétisés dans le tableau 4 ci-après :
19

Tableau 4 : Synthèse des estimations pour le sucre

LONG TERME COURT TERME Force de rappel du Délai


modèle d’ajustem
ent
Coef P. value Coef P. value ECT* P value (en mois)

Bénin 0,300 0,000 -0,096 0,009 -0,133 0,000 8

Burkina 0,345 0,000 0,025 0,183 -0,045 0,000 22

Côte d’Ivoire - - 0,065 0,032 - - -

Guinée Bissau 0,509 0,000 0,010 0,852 -0,105 0,000 9

Mali 0,560 0,000 0,019 0,586 -0,092 0,000 11

Niger 0,333 0,000 -0,049 0,176 -0,102 0,000 10

Sénégal - - 0,021 0,086 - - -

Togo 0,454 0,000 0,019 0,718 -0,237 0,000 4

UEMOA 0,382 0,000 0,006 0,700 -0,067 0,000 15


Source : BCEAO (*) error correction term

Au Bénin, au Burkina, en Guinée Bissau, au Mali et au Togo, il existe une relation de long
terme entre les cours mondiaux du sucre et les prix domestiques du sucre. En effet, les
coefficients d’ajustement sont tous significatifs, négatifs et inférieurs à 1 en valeur absolue. Sa
valeur est de -0,067 pour l’Union, indiquant qu’environ 6,7% des déséquilibres des prix
domestiques du sucre par rapport à son niveau de long terme sont corrigés le mois suivant.

Les résultats indiquent que les chocs sur les cours mondiaux du sucre ont, à long terme, un
effet significatif sur les prix domestiques du sucre. Environ deux cinquièmes (⅖) des fluctuations
enregistrées au niveau international se répercutent sur les prix domestiques. Une hausse des
cours mondiaux du sucre de 10% entraîne, à long terme, une hausse des prix domestiques du
sucre de 3,8%. La transmission des prix internationaux sur les prix domestiques du sucre est
plus élevée au Mali (56,0%) et en Guinée Bissau (50,9%), mais faible au Bénin (30,0%), au
Niger (33,3%) et au Burkina (34,5%). Au Togo, 45% des fluctuations internationales du prix du
sucre se répercutent, à long terme, sur les prix domestiques.

En revanche, à court terme, les fluctuations des cours mondiaux du sucre n’ont pas un effet
significatif sur les prix domestiques, sauf au Bénin où il est noté un effet négatif de 9%, qui
pourrait s'expliquer par les interventions des autorités publiques, à travers notamment les
subventions, le plafonnement des prix et les ventes à prix réduits.

L’examen des délais d’ajustement montre que le temps moyen pour qu’un choc sur les cours
mondiaux se répercutent entièrement sur les prix domestiques est estimé à quinze (15) mois.
L’analyse par pays montre que le retard moyen d’ajustement est plus élevé au Burkina
20

(22 mois), au Mali (11 mois) et au Niger (10 mois), mais relativement faible au Togo (4 mois),
au Bénin (8 mois) et en Guinée-Bissau (9 mois).

Pour la Côte d’Ivoire et le Sénégal, il n’existe pas de relation de cointégration entre les cours
mondiaux et le prix domestique du sucre. Pour ces deux pays, une régression linéaire sur
variables stationnaire, par différence première, a été estimée. Il ressort des résultats qu’une
hausse de 10% des cours mondiaux du sucre entraîne une hausse relativement faible de 0,6%
des prix domestiques du sucre en Côte d’Ivoire et 0,2% au Sénégal.

L’absence de relation de long terme et le faible impact à court terme pourraient s’expliquer par
la prépondérance de l’offre locale de sucre. En effet, la Côte d’Ivoire et le Sénégal disposent
des plus grandes industries de production de sucre dans l’Union. En Côte d’Ivoire deux
industries “SUCAF5” et “SUCRE IVOIRE” couvrent environ 83%6 de la demande nationale en
sucre estimée à 240.000 tonnes pa an. Au Sénégal, la production de sucre est assurée par la
Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) en situation de monopole. Sa production annuelle est
estimée à 150.000 tonnes en 2018, contre une demande nationale évaluée à 190.000 tonnes7.

4.5. Transmission des prix des produits laitiers


S’agissant des produits laitiers, les tests statistiques indiquent l’absence de relation de
cointégration entre les cours mondiaux et les prix domestiques, sauf pour le Togo. Pour ce
pays, une hausse des cours mondiaux des produits laitiers induit, à long terme, une
progression des prix domestiques de 1,1%. A court terme, l’impact n’est pas significatif. Les
chocs mondiaux sur les prix des produits laitiers sont entièrement absorbés au niveau
domestique dans un délai de dix( 10) mois.

Une régression linéaire sur variable stationnaire, par différence première, a été effectuée pour
les autres pays de l’Union. Elle a permis d’identifier un impact significatif des prix à
l’international sur les prix domestiques seulement pour deux pays de l’Union : le Mali et le
Sénégal. La transmission des prix internationaux des produits laitiers est de 8,8% au Mali et
1,8% au Sénégal. Ainsi, une hausse de 10% des cours mondiaux entraînerait une hausse de
0,9% au Mali et 0,2% au Sénégal.

Pour les autres pays et pour l’Union, les résultats ne sont pas significatifs, ni pour les tests de
cointégration, ni pour les régressions sur variables stationnaires.

5
Sucrerie d’Afrique - Côte d’Ivoire
6
https://www.gouv.ci/_actualite-article.php?recordID=10005&d=1
7
https://www.jeuneafrique.com/mag/708838/economie/sucre-au-senegal-poker-menteur-entre-la-css-et-letat/
21

Tableau 5 : Synthèse des estimations pour les produits laitiers

LONG TERME COURT TERME Force de rappel du Délai


modèle d’ajustem
ent
Coef P. value Coef P. value ECT* P value (en mois)

Mali - - 0,088 0.046 - - -

Sénégal - - 0,0182286 0.042 - - -

Togo 0,111 0,000 0,0215678 0,786 -0,094 0,012 10


Source : BCEAO (*) error correction term

4.6. Transmission des cours mondiaux des produits alimentairs importés sur l’inflation
alimentaire dans l’UEMOA
Le graphique 7 ci-après montre que les cours mondiaux des produits alimentaires importés
dans l’Union sont globalement en phase avec l’évolution de l’inflation alimentaire de la zone.

Graphique 7 : Taux d’inflation”alimentaire” et évolution en rythme annuel du cours des produits alimentaires importés (en %)

Source : BCEAO

Les séries des indices des prix et des cours mondiaux des produits alimentaires sont toutes
intégrées d'ordre 1. Elles sont non-stationnaires en niveau, mais stationnaire en différence.
Une régression sur variable stationnaire à permis d’évaluer des cours mondiaux sur l’évolution
domestiques des prix. Les résultats indiquent qu’une hausse de 10 points de pourcentage des
cours mondiaux des produits alimentaires induit une hausse de 2,3 points d’inflation
supplémentaire dans l’Union. L’analyse par pays montre que l’impact est plus prononcé au
Burkina (4,6 points), au Mali (3,4 points), mais relativement faible au Bénin (1,6 point).
22

Tableau 6 : Impact des cours mondiaux des produits alimentaires sur l’inflation alimentaire

Coef T-Statistic P. value

Bénin 0,1649 1,8200 0,0850

Burkina 0,4608 3,7900 0,0010

Côte d’Ivoire 0,1874 3,2600 0,0040

Guinée Bissau 0,2386 4,6300 0,0000

Mali 0,3427 3,7800 0,0010

Niger 0,2073 1,8100 0,0870

Sénégal 0,2221 5,0900 0,0000

Togo 0,3222 3,1400 0,0060

UEMOA 0,2331 3,6600 0,0020


Source : BCEAO

4.7. Transmission des cours mondiaux des produits alimentairs importés sur l’inflation
S’agissant de l’inflation globale, les séries présentent également une évolution d’ensemble
avec le cours des produits alimentaires importés par l’Union, comme le montre le graphique 8
ci-après :

Graphique 8 : Taux d’inflation et évolution en rythme annuel du cours des produits alimentaires importés (en %)

Source : BCEAO

Les séries de l’IHPC global et des cours mondiaux des produits alimentaires sont toutes
intégrées d’ordre 1. Les résultats des régressions linéaires sur variable stationnaire obtenus
par différence première indiquent qu’au niveau global de l’Union, une hausse des cours
mondiaux de 10 points de pourcentage induit une progression de l’inflation de 1,2 point.
L’analyse par pays montre que l'impact est plus important au Burkina et au Mali où la hausse
de l’inflation est de 2,2 points.
23

Tableau 7 : Impact des cours mondiaux des produits alimentaires sur l’inflation alimentaire

P. value
Coef T-Statistic

Bénin 0,094 2,090 0,051

Burkina 0,224 3,810 0,001

Côte d’Ivoire 0,075 2,720 0,013

Guinée Bissau 0,193 6,190 0,000

Mali 0,218 4,320 0,000

Niger 0,142 2,500 0,022

Sénégal 0,148 5,460 0,000

Togo 0,152 3,830 0,001

UEMOA 0,119 3,640 0,002


Source : BCEAO

V. TRANSMISSION DES COURS MONDIAUX DU PÉTROLE BRUT


Il est examiné dans cette partie, l’effet des cours mondiaux du pétrole brut sur les prix de
l’essence à la pompe dans les pays de l’Union, sur la fonction “Transport” de l’indice harmonisé
des prix à la consommation et sur l’inflation globale dans l’Union.

5.1. Transmission des cours mondiaux du pétrole brut sur les prix à la pompe
Après un examen de l’évolution d’ensemble des cours mondiaux et du prix de l’essence à la
pompe, cette partie présente la structure des prix de l’essence dans les pays de l’Union et
analyse l’impact d’une hausse des cours mondiaux sur les prix de l’essence à la pompe.

● Evolution comparée des cours mondiaux et prix de l’essence à la pompe

Le prix de l’essence à la pompe a enregistré une évolution croissante au cours de la période


d’étude, passant de moins de 400 FCFA le litre dans les années 2000 à près de 700 FCFA le
litre en 2022. Le graphique 9 ci-après montre que les prix de l’essence à la pompe suivent
globalement la même tendance que les cours mondiaux du pétrole brut.

Sur l’année 2022, les cours mondiaux de pétrole brut ont enregistré une hausse importante, en
lien avec la relance de l’activité économique au niveau mondial, après la crise sanitaire de la
Covid-19 conjuguée aux effets de la crise russo-ukrainienne. Cette situation a notamment
impacté l’évolution du prix de l’essence à la pompe au niveau de l’UEMOA dans la dynamique
de la reprise de l’activité économique.
24

Graphique 9 : Evolution des cours mondiaux du pétrole et des prix de l’essence à la pompe (FCFA/L)

Source : BCEAO

Malgré cette évolution d’ensemble sur le long terme, les prix de l’essence à la pompe semblent
réagir modérément par rapport aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole brut. En effet,
sur la période d’étude, les cours mondiaux du pétrole ont progressé en rythme annuel de 8,5%
en moyenne par mois, contre une hausse des prix de l’essence à la pompe de 2,7% dans
l’UEMOA. Ainsi, les cours mondiaux du pétrole brut se sont accrus de 64,4% et 54,1%
respectivement en 2021 et 2022, alors que le taux de croissance des prix de l’essence à la
pompe est passé d’un repli de 1,1% en 2021 à une hausse de 7,6% en 2022 au niveau global
de l’Union.

Graphique 10 : Croissance comparée des cours du pétrole brut et de l’essence à la pompe

Source : BCEAO

Cette transmission partielle des fluctuations des cours internationaux aux prix domestiques de
l’UEMOA serait liée à plusieurs facteurs, notamment le système de régulation des prix, la
disponibilité des stocks de sécurité, les coûts de transport, l’évolution des taux de change ainsi
que la réduction de la marge bénéficiaire des professionnels du secteur pétrolier. S’agissant du
mécanisme d'ajustement périodique8 des prix des produits pétroliers dans les pays de l’Union,
il a été mis en place dans les années 2000 pour refléter l’évolution des cours internationaux
tout en contenant les éventuelles fluctuations.

8
Le mécanisme d’ajustement des prix est mensuel mais la mise en œuvre n’est toujours effective dans les
pays.
25

● Fréquence d’ajustement des prix à la pompe

Le tableau 8 ci-dessous donne une indication de la fréquence d’ajustement des prix de


l’essence sur la période de 2019 à 2022. Il en ressort une faible fréquence d'ajustement des
prix au niveau national. En effet, en dépit de la hausse importante des cours mondiaux de l’or
noir en 2021, les prix de l’essence n’ont été ajustées en moyenne qu’une seule fois dans
l’année. Seulement quatre pays sur les huit qui composent l’Union ont procédé à des
ajustements. Il s’agit du Bénin, du Burkina, de la Côte d’Ivoire et du Togo.

Tableau 8 : Fréquence d’ajustement des prix de l’essence à la pompe dans les Etats

Moyenne
2019 2020 2021 2022 2019-2022
Bénin 6 1 1 3 3
Burkina 2 4 1 2 2
Côte d'Ivoire 5 5 1 4 4
Guinée-Bissau 5 0 0 2 2
Mali 9 6 0 2 4
Niger 0 0 0 0 0
Sénégal 1 0 0 1 1
Togo 1 2 1 3 2
Source : BCEAO

● Prix de l’essence à la pompe dans les pays de l’Union

L’examen des prix moyens de l’essence à la pompe indique des différences dans les tarifs. Il
ressort que l’essence à la pompe est plus chère au Sénégal et moins chère au Niger, où le prix
n’a pas connu de modification depuis 2013.

Graphique 11 : Prix moyen de l’essence en 2022 dans les pays de l’Union (FCFA)

Source : BCEAO

Compte tenu de la diversité d’approche et de la politique interne propre à chaque pays de


l’Union pour la fixation des prix des hydrocarbures à la pompe, l’étude a également mis
26

l’accent sur la formation des prix des produits pétroliers dans l’UEMOA. L’encadré ci-après met
en exergue la situation dans certains pays de l’Union.

Encadrée : Structure des prix de l’essence et du gasoil dans les pays de l’UEMOA9
L’analyse des données disponibles a permis de déterminer la structure des prix des produits
pétroliers dans les pays de l’Union. Il ressort des informations collectées que les éléments
entrant dans la formation des prix des hydrocarbures varient d’un pays à un autre. Globalement
au niveau de l’Union, il a été noté que la structure10 des prix des produits pétroliers est composée
essentiellement de quatre éléments à savoir : le coût CAF rendu dépôt, les coûts d'approche, la
fiscalité et la parafiscalité, ainsi que les marges des distributeurs et des détaillants. Toutefois,
pour le besoin de comparabilité entre les pays de l’Union, il a été procédé à un regroupement des
certaines rubriques de la structure des prix. Ainsi, il a été retenu trois grandes composantes pour
l’essence et le gasoil, à savoir le coût CAF, la fiscalité et la parafiscalité ainsi que les marges.
En ce qui concerne l’essence super : l’examen de la structure des prix fait ressortir la
répartition ci-après :
● Prix CAF, il est composé du prix d’achat du pétrole à l’origine ainsi que le fret et
l’assurance. L’analyse des informations disponibles montre que les prix de base sont
relativement proches dans les pays de l’Union, du fait que l’ensemble des Etats de
l’Union sont des importateurs nets de produits pétroliers. Toutefois, depuis la mise en
place de sa raffinerie en 2012, le Niger assure la totalité de ses besoins internes en
hydrocarbure à partir de sa propre production. Au niveau global de l’Union, les prix CAF
représentent environ 43% du prix TTC de l’essence vendu à la pompe. Ils varient de
41,4% au Sénégal à 41,9% au Bénin, et se situent à 47,4% au Burkina. En Côte d’Ivoire
et au Niger, le prix CAF atteint jusqu’à 68% et 60% respectivement.
● Relativement à la composante fiscalité et parafiscalité, elle est constituée notamment de
droits de douane, des taxes à l’importation, de la TVA, de la taxe sur les produits
pétroliers, des taxes spécifiques, ainsi que de la subvention et redevance. L'ensemble
des taxes représente environ 45% du prix TTC de l’essence vendu à la pompe dans les
Etats. Par pays, il ressort que la fiscalité et la parafiscalité représentent 49,6% au Bénin,
47,7% au Sénégal et 44,2% au Burkina. Par contre, elle est moins élevée en Côte
d’Ivoire (19,6%) et au Niger (35,7%).
● Quant aux marges distributeurs et détaillants, elles sont évaluées à environ 10% du prix
à la pompe de l’essence dans les pays de l’Union.

9
Les données sur la structure des prix pour la Guinée-Bissau et le Togo ne sont pas encore disponibles.
10
La structure des prix présentée dans l’étude date du 2 mars 2022 au Bénin, du 1er mai 2022 en Côte
d’Ivoire, du 11 mai au Burkina, du 29 juin au Mali et du 31 juillet 2022 au Niger. Au Sénégal, elle date du 11
décembre 2021.
27

Graphique 12 : Structure des prix de l’essence dans les pays de l’UEMOA

Source : Service officiel et calcul auteurs

Concernant le gasoil : l’examen de la structure des prix fait ressortir la répartition ci-après :
➢ Pour le prix CAF composé du coût d’achat à l’origine ainsi que du fret et l’assurance,
l’examen des données indique qu’il représente environ 50% du prix TTC du gasoil vendu
à la pompe. Ils représentent de 40,2% au Bénin, 49,1% au Niger, 50,6% au Sénégal et
51,6% au Burkina.
➢ Quant à la fiscalité et la parafiscalité, elles représentent moins de 40% au Burkina, au
Sénégal et au Niger. Au Bénin et en Côte d’Ivoire, elles se situent au-dessous de 50% du
prix TTC du gasoil.
➢ S’agissant des marges distributeurs et détaillants, elles sont évaluées à environ 10% du
prix à la pompe du gasoil dans les pays de l’Union.

Graphique 13 : Structure des prix du gasoil dans les pays de l’UEMOA

Source : Service officiel et calcul auteurs

En somme, il ressort de l’analyse des informations disponibles que la structure des prix est
relativement proche dans l’Union, notamment au Bénin, au Burkina et au Sénégal. Par ailleurs,
l’analyse comparée de la structure des prix entre 2004 et 2022, indique une baisse de la fiscalité
et la parafiscalité au Burkina et au Sénégal. En effet, les taxes et autres droits dans ces deux
pays sont passés respectivement de 56,3% et 53,1% en 2004 à 44,2% et 47,7% en 2022.
28

● Estimation et interprétation des résultats


L’étude de la stationnarité des séries montre que les cours mondiaux du pétrole et le prix de
l’essence à la pompe dans les pays sont toutes intégrés d’ordre 1, sauf au Niger où les prix à
la pompe sont stationnaire en niveau. Les résultats du test de cointégration indiquent
l’existence d’une relation de long terme entre les deux variables dans l’ensemble des pays sauf
au Mali. Pour ce pays, il a été retenu une modélisation sur données stationnaires en différence
première. La synthèse des résultats des estimations par pays est retracée dans le tableau 9.

Tableau 9 : Synthèse des estimations pour l’essence à la pompe

LONG TERME COURT TERME Force de rappel du Délai


modèle d’ajustem
ent
Coef P. value Coef P. value ECT* P value (en mois)

Bénin 0,633 0,000 0,135 0,000 -0,122 0,000 8


Burkina 0,300 0,000 0,040 0,023 -0,121 0,000 8
Côte d’Ivoire 0,169 0,001 0,087 0,000 -0,077 0,000 13
Guinée Bissau 0,324 0,000 0,009 0,676 -0,172 0,000 6
Mali - - 0,029 0,013 - - -
Niger - - - - - - -
Sénégal 0,405 0,000 0,111 0,000 -0,056 18
Togo 0,530 0,000 0,024 0,273 -0,130 0,000 8
UEMOA 0,467 0,000 0,008 0,807 -0,101 0,000 10
Source : BCEAO (*) error correction term
Les coefficients d’ajustement sont tous significatifs, négatifs et inférieurs à 1 en valeur absolue,
ce qui confirme l’existence de relations de long terme entre les cours mondiaux et les prix de
l’essence à la pompe. Sa valeur est de -0,101 pour l’Union, indiquant qu’environ 10,1% des
déséquilibres des prix de l’essence à la pompe par rapport à son niveau de long terme sont
corrigés le mois suivant.

Les résultats indiquent que les chocs sur les cours mondiaux du pétrole ont, à long terme, un
effet significatif sur les prix à la pompe. Presque la moitié des hausses enregistrées au niveau
international se répercutent sur les prix domestiques. Une hausse des cours mondiaux du
pétrole de 10% entraîne, à long terme, une hausse des prix de l’essence à la pompe de 4,7%.
La transmission des prix internationaux sur les prix de l’essence à la pompe est relativement
plus élevée au Bénin et au Togo où respectivement 63,3% et 53,0% des chocs à l’international
se répercutent sur les prix domestiques. La transmission des prix est beaucoup plus contenue
en Côte d’Ivoire (16,9%), avec environ moins du quart des chocs qui sont transmis. Au
Sénégal, 40,5% des chocs observés sur les cours mondiaux se répercutent, à long terme, sur
le prix de l’essence à la pompe.
29

A court terme, les résultats des estimations suggèrent que la transmission est plus modérée.
Une hausse de 10% des prix à l’international induit, à court terme, une hausse des prix de
l’essence à la pompe de 1,4% au Bénin, 1,1% au Sénégal, 0,9% en Côte d’Ivoire et 0,4% au
Burkina et 0,1% au Mali. Dans les autres pays de l’Union, la hausse des cours mondiaux du
pétrole n’impacte pas significativement les prix à court terme de l’essence à la pompe.

L’examen des délais d’ajustement montre que le temps moyen pour qu’un choc sur les cours
mondiaux se répercutent sur les prix domestiques est estimé à dix (10) mois. L’analyse par
pays montre que le retard moyen d’ajustement est plus élevé au Sénégal (18 mois) et en Côte
d'Ivoire (13 mois), mais faible en Guinée Bissau (6 mois). Au Bénin, au Burkina et au Togo, le
délai d’absorption des chocs internationaux est évalué à huit (8) mois.

5.2. Impact des cours mondiaux du pétrole sur la fonction “Transport” de l’IHPC
La structure de pondération de la composante “Transport” de l’IHPC montre que les frais de
transport routier de passager et les prix de carburants sont les deux principaux postes avec
des poids respectifs de 37,9% et 30,0%. Ainsi, les chocs sur les cours mondiaux du pétrole
devraient affecter directement ces deux postes et auraient des conséquences sur l’évolution
des prix de cette fonction de l’IHPC.

Graphique 14 : Structure de pondération de la composante “Transport” (en %)

Source : BCEAO

Tout comme pour l'essence à la pompe, le graphique 15 montre que l’évolution de l’inflation de
la fonction “Transport” est globalement en phase avec celle des cours mondiaux du pétrole
brut.
30

Graphique 15 : Taux d'inflation “Transport” et évolution en rythme annuel du cours du pétrole (en %)

Source : BCEAO

Les séries d’inflation des pays de l’Union relatives à la fonction transport sont stationnaires
ainsi que le taux de croissance, en rythme annuel des cours mondiaux du pétrole. Ainsi, une
régression linéaire par la méthode des moindres carrées ordinaires a permis d’examiner l’effet
des fluctuations des cours mondiaux du pétrole sur l’évolution des prix de la fonction transport
de l’IHPC.

Il ressort des estimations que les fluctuations des cours internationaux du pétrole ont un effet
significatif et positif sur le prix du transport. Au niveau global de l’Union, une hausse de 10
points de pourcentage du taux de croissance du prix mondial de l’or noir induit une progression
de l’inflation de 0,5 point de pourcentage pour la fonction transport. L’impact est relativement
plus important au Bénin (0,9 point) et au Togo (0,8 point) et plus faible en Guinée Bissau
(0,2 point).

Tableau 10 : Impact des cours mondiaux du pétrole sur l’inflation “Transport”

Coef T-Statistic P. value

Bénin 0,085 5,380 0,000

Burkina 0,045 6,620 0,000

Côte d’Ivoire 0,041 5,480 0,000

Guinée Bissau 0,017 1,890 0,060

Mali 0,055 9,480 0,000

Niger 0,066 7,380 0,000

Sénégal 0,038 6,700 0,000

Togo 0,082 6,960 0,000

UEMOA 0,050 5,380 0,000


Source : BCEAO
31

5.3. Effet des cours mondiaux du pétrole brut sur l’inflation globale
Le graphique 16 laisse apparaître une évolution de l’inflation globalement en phase avec les
fluctuations des cours mondiaux du pétrole brut. Il ressort également du graphique, un léger
décalage dans la transmission des cours mondiaux du pétrole sur les prix dans l’Union.

Graphique 16 : Taux d’inflation et évolution en rythme annuel des cours du pétrole (en %)

Source : BCEAO

Les tests statistiques montrent que la série d’inflation ainsi que le taux de croissance des cours
mondiaux du pétrole sont stationnaires. Les résultats du modèle linéaire simple qui en découle
indique un effet significatif et positif des cours mondiaux sur l’inflation dans l’Union. Un
accroissement de 10 points de pourcentage des cours mondiaux du pétrole brut induirait une
hausse de l’inflation de 0,2 point. L’impact est d’environ 0,3 point au Burkina, au Mali et au
Bénin. Au Togo et au Sénégal, l’impact se situe autour de 0,1 point de pourcentage,
légèrement plus faible que celui de la Côte d’Ivoire (0,2 point).

Tableau 11 : Impact des cours mondiaux du pétrole sur l’inflation globale

Coef T-Statistic P. value

Bénin 0,025 5,940 0,000

Burkina 0,029 5,670 0,000

Côte d’Ivoire 0,017 5,890 0,000

Guinée Bissau 0,025 4,790 0,000

Mali 0,026 5,050 0,000

Niger 0,031 6,360 0,000

Sénégal 0,009 2,480 0,014

Togo 0,010 2,120 0,035

UEMOA 0,018 6,300 0,000


Source : BCEAO
32

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L’étude a permis d’examiner le degré de transmission des fluctuations des cours mondiaux du
pétrole brut et des produits alimentaires sur l’évolution des prix dans l’UEMOA, dans un
contexte de tensions inflationnistes à l’échelle internationale.

Au titre des produits alimentaires, les estimations montrent que les prix domestiques sont
quasi-stables à court terme, mais sont significativement influencés par l’évolution des cours
mondiaux sur le long terme. Environ ⅔ des fluctuations des cours mondiaux du riz se
répercutent sur le marché domestique dans un délai moyen de 10 mois, contre ⅗ et ⅖
respectivement pour l’huile (10 mois) et le sucre (15 mois). Presque la moitié des fluctuations
des cours mondiaux du blé se répercutent sur les prix domestiques de la farine de blé dans
l’Union dans un délai de 20 mois. En outre, il ressort des résultats de l’étude qu'une hausse de
10% des cours mondiaux de produits alimentaires induisent une progression de 2,3 points de
pourcentage pour l’inflation alimentaire et 1,2 point de pourcentage pour l’inflation globale.

Au titre des produits pétroliers, il ressort des résultats de l’étude qu’une hausse de 10% des
cours mondiaux du pétrole brut induit une hausse de 4,6% des prix de l’essence à la pompe
dans l’Union. En outre, les chocs de déséquilibre sont corrigés dans un délai de 10 mois et
entraînent, à long terme, une progression de l’inflation de 0,5 point de pourcentage. L’analyse
par pays montre que la transmission des cours mondiaux sur les prix de l’essence à la pompe
est plus forte au Bénin et au Togo.

Au total, la transmission des prix internationaux n’est pas complète. Ces résultats
s’expliqueraient notamment par les interventions des autorités publiques à travers des
mécanismes d’ajustement et de régulation des prix, dans le but de préserver le pouvoir d’achat
des ménages. Les délais d’approvisionnement des marchés influenceraient également la
répercussion des prix au niveau domestique. En particulier pour les produits pétroliers, le
mécanisme d’ajustement des prix introduit dans les années 2000 par les Etats permettant de
bloquer les prix des hydrocarbures à la pompe contribue efficacement à contenir la hausse des
prix desdits produits. S’agissant des biens alimentaires de grande consommation tels que le
riz, le blé, le sucre et le lait, les interventions des autorités politiques à travers notamment la
fixation des prix plafonds, la suppression de la taxe à l’importation ainsi que les subventions
atténuent la répercussion des prix internationaux sur le marché intérieur.

Les variables économiques telles que les prix peuvent s’ajuster de manière asymétrique. Ainsi,
en perspective, il pourrait être utile d'examiner les effets respectifs des baisses et des hausses
des cours mondiaux, à travers des modèles autorégressifs à seuil.

Au regard du degré de transmission des impulsions des prix internationaux sur le marché
domestique, l’étude recommande :
33

● la réduction de la dépendance extérieure en produits de première nécessité, à travers


notamment une transformation structurelle des systèmes de production agricole et
agro-industrielle pour les rendre moins vulnérables aux chocs climatiques ;

● l’accroissement de l’offre locale de produits pétroliers raffinés pour réduire l’exposition


des pays de l’Union à la volatilité des cours internationaux du brut ;

● l’amélioration des infrastructures de transport et la lutte contre l’insécurité, en vue de


faciliter le mouvement des marchandises des pays excédentaires vers les marchés
déficitaires.

===========
34

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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3. Sangyup C., Davide F., Prakash L., Saurabh M., M. Poplawski-Ribeiro (2017), “Oil
Prices and Inflation Dynamics: Evidence from Advanced and Developing Economies”,
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4. Davide F. , Prakash L., John S., Susan W. (2015), “Global Food Prices and Domestic
Inflation: Some Cross-Country Evidence “, IMF working paper ;
5. D. Tandeyo (2015) “Impact des chocs des taux d’intérets de la BCEAO sur l’évolution
de l’inflation dans la zone UEMOA : implications pour la poursuite d’un objectif de
stabilité des prix” ;
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des prix internationaux des produits alimentaires en Afrique de l’Ouest : Leçons de la
crise de 2007-2008 pour l’expansion de la production“ ;
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transmitted to domestic economies ? The experience in seven large Asian countries” ;
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35

16. F. Traoré et I. Diop (2021), “Mesurer l’intégrité ds marchés agricoles”, AGRODEP ;


17. A. Ghoshray (2011), “Underlying Trends and International Price Transmission of
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18. H. Lee and C. Park (2013), “International Transmission of Food Prices and Volatilities:
A Panel Analysis”, Asian Development Bank ;
19. F. Greb (2012), “Price transmission from international to domestic markets”, Discussion
Papers n° 125, Courant Research Centre.
36

ANNEXES
37

A1 - Evolution récente de l’inflation

A2 - Structure de la pondération de l’IHPC

A3 - Structure des prix des produits pétroliers dans l’Union

A4 - Evolution des cours mondiaux du pétrole et du prix de l’essence à la pompe

A5 - Résultats des tests Statistiques


38

A1- Evolution récente de l’inflation


Sur la période récente, après la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19, l’inflation
s’est inscrite dans une tendance haussière depuis avril 2021 où elle était de 3,1% pour
atteindre 8,8% en août 2022 et 7,0% en décembre 2022. L’accélération de l’inflation est
imprimée par le renchérissement des produits alimentaires en lien avec la baisse de la
production de la campagne agricole, renforcée par la hausse des cours internationaux du
pétrole. En effet, l’examen des contributions montre que la hausse des prix est tirée
essentiellement par la composante alimentaire et dans une moindre mesure par les
composantes “Transport” et “Logement”. L’effet de la hausse des prix des composantes
“Transport” et “Logement” s’est accentué à partir de novembre 2021.
Graphique a1-1 : Evolution de l’inflation et des contributions par composantes

Source : BCEAO

Au titre de la fonction alimentaire, l’accélération de l’inflation est essentiellement en lien avec la


hausse des prix des céréales non transformés. Elle est également imprimée par l’évolution des
prix de la farine de blé et des pâtes alimentaires ainsi que de la viande et des huiles.
Graphique a1-2 : Evolution de la fonction alimentaire et de ses sous composantes11

Source : BCEAO

11
La fonction des produits alimentaires et boissons non alcoolisées comprend 35 postes. Ces derniers ont été regroupés
suivant sept (7) rubriques pour des besoins de l’étude.
39

En ce qui concerne la fonction transport, l’examen des postes qui la constituent montre que la
progression des prix de cette composante est imputable essentiellement au renchérissement
du carburant et à la hausse des tarifs de transports routiers et aériens, en lien avec
l’accroissement des cours mondiaux du pétrole.
Graphique a1-3 : Evolution de la fonction “Transport” et de ses sous composantes

Source : BCEAO
40

A2 - Structure de la pondération de l’IHPC


L’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) couvre douze fonctions de
consommation. La fonction des produits alimentaires et boissons non alcoolisés est celle qui
est prédominante, avec un poids de 42,5%. Ainsi, Elle occupe près de la moitié de la
pondération de l’indice. Ensuite viennent les fonctions “Logement” (11,1%), “ Transport” (8,9%),
“Habillement” (7,0%) et “Restauration” (6,4%). Ces cinq fonctions totalisent plus de 75% de la
pondération totale de l’IHPC.
Graphique a2-1 : Pondération de l’IHPC (en %)

Source : BCEAO

L’analyse par pays montre que les produits alimentaires et boissons non alcoolisés occupent
plus de la moitié du poids de l’IHPC en Guinée Bissau (60,3%), au Mali (58,5%) et au Burkina
(50,2%). En revanche, le poids de l’alimentation est relativement plus faible en Côte d’Ivoire
(29,3%), au Togo (32,9%) et au Bénin (37,5%). Une situation intermédiaire est observée au
Sénégal (49,6%) et au Niger (47,8%) avec des poids proches de celui de l’Union.
Graphique a2-2 : Poids de la composante “Alimentation et boissons non alcoolisées" (en %)

Source : BCEAO
41

L’examen des 35 postes de la fonction alimentaire et boissons non alcoolisées montre que les
céréales non transformées constituent le principal poste (28,1%) de cette composante. Il est
suivi de six autres produits à savoir, les épices, la viande de bœuf, les poissons frais, les huiles
et le sucre, dont les pondérations se situent de 5%. Ainsi, les chocs sur les céréales non
transformés auront une influence d’une ampleur plus importante que les autres postes de la
fonction alimentaire.
Graphique a2-3 : Poids des principaux produits de la fonction "Alimentation" de l’IHPC

Source : BCEAO

L’analyse suivant la nature des biens contenus dans le panier de l’IHPC montre que les
produits locaux sont prédominants avec un poids de 70% contre 30% pour les produits
importés au niveau global de l’Union. Par pays, à l’exception du Niger, le poids des produits
locaux dans les indices nationaux est supérieur à celui des produits importés. Il est très élevé
en Côte d’Ivoire (83,3%) et au Bénin (72,6%). Le Sénégal (69,9%), le Burkina (68,3%) ont des
poids de produits locaux relativement proches de la moyenne régionale. En revanche, au
Niger, le poids des produits locaux est de 43,8%, inférieur à celui des produits importés qui est
de 56,2%.
Graphique a2-4 : Poids dans l’IHPC suivant la nature des biens suivis

Source : BCEAO
42

Au titre de la fonction “Transport”, les frais de transport routier de passager et les prix de
carburants sont les deux principaux postes avec des poids respectifs de 37,9% et 30,0%. Les
chocs sur les cours mondiaux du pétrole devraient affecter directement ces deux postes et
auraient des conséquences sur l’évolution de l’IHPC.
Graphique a2-5 : Structure de pondération de la composante “Transport” (en %)

Source : BCEAO

Le tableau ci-après montre la structure par pays utilisée comme pondération dans l’IHPC
régional.
Tableau a2-1 : Pondération de l’IHPC dans l’Union

Côte Guinée-
Fonctions Bénin Burkina Mali Niger Sénégal Togo UEMOA
d'Ivoire Bissau
Produits alimentaires 37,5 50,2 29,3 60,3 58,5 47,8 49,6 32,9 42,5

Boissons alcoolisées 0,6 2,9 1,4 1,6 0,8 1,0 0,5 0,9 1,2

Habillement 5,1 6,3 7,6 8,5 5,6 8,0 7,3 8,4 7,0

Logement 10,9 9,2 13,7 4,4 9,5 7,0 12,0 12,0 11,1

Ameublement 2,2 4,8 4,1 3,7 3,6 8,8 5,0 2,8 4,5

Santé 4,6 2,3 6,1 2,6 3,1 3,8 3,5 3,7 4,2

Transport 11,0 8,5 10,1 6,7 8,8 9,2 5,6 9,4 8,9

Communication 4,4 2,6 6,9 2,7 4,9 3,6 3,3 5,9 4,9

Loisirs et culture 1,6 1,4 3,5 2,1 1,5 2,0 3,5 2,4 2,5

Enseignement 5,6 1,7 3,1 2,7 0,7 1,2 1,9 2,0 2,3

Restaurants et
11,6 6,2 8,2 1,3 0,6 4,4 3,8 15,0 6,4
Hôtels
Autres biens 4,9 4,1 6,1 3,4 2,6 3,2 3,8 4,7 4,4

TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Sources : INS, BCEAO
43

A3 - Structure12 des prix des produits pétroliers dans l’Union

Tableau a3-1 : Structure du prix de l’essence super (FCFA)

Fiscalité et Marges
Coût CAF Prix TTC
Parafiscalité distribution
Bénin 252 297 51 600
Burkina 493 162 60 715
Côte d'Ivoire 473 136 86 695
Mali 694 82 35 811
Sénégal 321 370 84 775

Sources : Service officiel et calcul auteurs

Tableau a3-2 : Structure du prix du gasoil (FCFA)

Fiscalité et Marges
Coût CAF Prix TTC
Parafiscalité distribution
Bénin 241 308 51 600
Burkina 564 19 62 645
Côte d'Ivoire 418 124 74 615
Mali 718 71 20 809
Sénégal 332 239 84 655
Sources : Service officiel et calcul auteurs

Tableau a3-3 : Structure du prix du pétrole lampant (FCFA)

Fiscalité et Marges
Coût CAF Prix TTC
Parafiscalité distribution
Bénin 263 351 51 665
Burkina 473 122 50 645
Côte d'Ivoire 450 99 66 615
Sénégal 245 81 84 410
Sources : Service officiel et calcul auteurs

12
- Bénin : Note N° 096/MIC/DCIC du 2 mars 2022 de la DCIC / Ministère de l’Industrie et du Commerce
- Burkina : Arrêté conjoint n° 2022-010 /MDICAPME/MEFP du 11 mai 2022
- Côte d’Ivoire : Note Société Ivoirienne de Raffinage du 1er mai 2022
- Mali : Circulaire de l'Office Nationale des Produits Pétroliers du 29 juin 2022
- Sénégal : Arrêté du Ministre du Pétrole et des Energies du 11 décembre 2021
44

A4 - Evolution des cours mondiaux du pétrole et du prix de l’essence à la pompe

Graphique a4-1 : Evolution au Bénin Graphique a4-2 : Evolution au Burkina

Graphique a4-3 : Evolution en Côte d’Ivoire Graphique a4-4 : Evolution en Guinée Bissau

Graphique a4-5 : Evolution au Mali Graphique a4-6 : Evolution au Niger

Graphique a4-7 : Evolution au Sénégal Graphique a4-8 : Evolution au Togo

Source : BCEAO
45

A5 - Résultats des tests Statistiques

Tableau a5-1 : Résultat des tests de stationnarité sur les prix de l'essence à la pompe et des
cours mondiaux du pétrole

Stationnarité en niveau Stationnarité en différence

Test Statistic P Value test Statistic P Value

Bénin -2.627 0.0875 -14.187 0.0000

Burkina -2.664 0.0805 -14.229 0.0000

Côte d’Ivoire -3.035 0.1226 -14.807 0.0000

Guinée Bissau -2.578 0.0977 -16.119 0.0000

Mali -2.101 0.2441 -11.975 0.0000

Niger --2.874 0.0485 -13.061 0.0000

Sénégal -2.506 0.1140 -15.724 0.0000

Togo -2.789 0.0599 -13.748 0.0000

UEMOA -2.297 0.1731 -17.709 0.0000

Cours mondiaux du pétrole -1.181 0.6815 -12.300 0.0000

Tableau a5-2 : Test de stationnarité inflation transport et taux de croissance des cours du
pétrole brut

Test Statistic P Value

Bénin -4.519 0.0002

Burkina -3.512 0.0077

Côte d’Ivoire -3.999 0.0014

Guinée Bissau -4.875 0.0000

Mali -4.465 0.0002

Niger -3.728 0.0037

Sénégal -2.774 0.0620

Togo -3.293 0.0152

UEMOA -2.612 0.0905

Cours mondiaux du pétrole -3.279 0.0158


46

Tableau a5-3 : Test de stationnarité de l’inflation globale

Test Statistic P Value

Bénin -4.863 0.0000

Burkina -2.668 0.0798

Côte d’Ivoire -3.970 0.0016

Guinée Bissau -3.649 0.0049

Mali -3.153 0.0228

Niger -3.251 0.0172

Sénégal -3.064 0.0293

Togo -3.781 0.0031

UEMOA -3.619 0.0054

Tableau a5-4 : Test de cointégration pétrole brut et essence à la pompe

Critical value
Test Statistic
1% 5% 10%

Bénin -4.974 -3.936 -3.358 -3.060

Burkina -4.221 -3.936 -3.358 -3.060

Côte d’Ivoire -3.807 -3.936 -3.358 -3.060

Guinée Bissau -4.758 -3.936 -3.358 -3.060

Mali -3.870 -3.936 -3.358 -3.060

Niger - - - -

Sénégal -3.923 -3.936 -3.358 -3.060

Togo -4.198 -3.936 -3.358 -3.060

UEMOA -4.472 -3.936 -3.358 -3.060


47

Tableau a5-5 : Test de cointégration prix du riz importé et cours mondiaux du riz
Critical value
Test Statistic
1% 5% 10%

Bénin -3.746 -3.956 -3.369 -3.067

Burkina -4.561 -3.952 -3.367 -3.066

Côte d’Ivoire -3.557 -3.981 -3.383 -3.077

Guinée Bissau -3.594 -3.952 -3.367 -3.066

Mali -5.032 -3.952 -3.367 -3.066

Niger -5.261 -3.937 -3.359 -3.060

Sénégal -4.358 -3.938 -3.360 -3.061

Togo -5.960 -3.939 -3.360 -3.061

UEMOA -4.671 -3.937 -3.359 -3.060

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