Syllogistique L1
Syllogistique L1
Syllogistique L1
1 Termes
Un prédicable est "ce qui par nature, peut être dit de plusieurs" (ce qui distingue
un prédicable d’un universel qui, lui, est "ce qui par nature, peut être en plusieurs" 1 ).
La tradition, depuis Porphyre 2 , distingue cinq prédicables : le genre, l’espèce, la
différence (espèce et différence ne sont pas chez Aristote et prennent la place de la
définition chez lui), le propre et l’accident.
1
1 Termes 2
On distingue dix genres suprêmes qui sont les dix catégories d’Aristote : dans
l’orde de P. H., substance, quantité, relation, qualité, action, passion, le lieu,
le temps, la position, l’habitude, l’avoir. Ils ne sont subordonnés à aucun genre
supérieur (l’être, n’est pas un genre, vieille thèse d’Aristote : l’être ne se dit
des dix genres suprêmes que de manière équivoque).
Par ailleurs, sous les genres suprêmes se trouvent des genres subalternes, qui
sont également espèces relativement à un genre supérieur : animal est le genre
d’homme et espèce de corps animé.
2. L’espèce est ce qui est prédiqué de plusieurs différant numériquement en tant
que ce qu’il est (in eo quod quid est) (mais cela ne vaut que pour les espèces
dernières). Ou encore : l’espèce est ce de quoi un genre est prédiqué en tant
que ce qu’il est (in eo quod quid est).
On distingue les espèces dernières ou spécialissimes des espèces sublaternes :
sous les premières ne tombent que des individus particuliers, comme l’espèce
homme sous laquelle ne tombent que des individus comme Socrate, Platon,
Ciceron. Les espèces subalternes sont genres relativement à des espèces infé-
rieures.
Ainsi entre les genres suprêmes et les espèces dernières, les genres ou les espèces
(subalternes) sont à la fois genres et espèces.
3. La différence est ce que l’espèce ajoute au genre sous lequel elle tombe, comme
homme ajoute mortel au genre animal rationnel. Un différence divise un genre
et constitue une espèce.
A la différence du genre ou de l’espèce qui répondent à la question "in quid "
(qu’est-ce que l’homme ? Réponse : un animal), la différence répond à la ques-
tion "in quale" (comment est l’homme ? Réponse : rationnel). Prédiquer un
genre ou une espèce se dit "prédication in quid ", une différence (mais aussi un
propre et un accident) : "prédication in quale".
On représente habituellement cette hiérarchie des genres et de espèces (depuis
un genre suprême jusqu’à une espèce dernière et même jusqu’aux individus qui
tombent sous cette espèce), ainsi que les différences qui permettent de passer
des premiers aux secondes sous la forme d’un arbre, dit arbre de Porphyre :
20, p. 70. in eo quod quid est devenu une expression figée.
1 Termes 3
Substance
genre suprême
corporelle incorporelle
Corps
animé inanimé
Corps animé
sensible insensible
Animal
rationnel irrationnel
Animal
rationnel
mortel immortel
Homme
espèce dernière
Socrate Platon
Les différences constitutives des espèces sont à gauche (un esprit perspicace
notera l’absurdité des deux dernières lignes !)
4. Le propre se prend en quatre sens :
- ce qui est dans une seule espèce mais pas dans toute, comme médecin est
dans homme, mais pas dans tout homme (ce que l’on pourrait exprimer par :
seuls les hommes peuvent être médecins).
- ce qui est dans tout mais pas seulement (in omni sed non soli), comme bipède
est dans tout homme mais pas seulement dans l’homme (cf. les coqs).
- ce qui est in omni et soli mais pas toujours, comme de grisonner à mesure
2 Jugements et carré des oppositions 4
On distingue tout d’abord quatre types de jugement : les universels, les particu-
liers, les indéfinis (homo currit, spécifique au latin) et les singuliers (Sortes currit,
Socrate court). Ces deux derniers types n’entrent pas directement dans la syllogis-
tique ; la question est de savoir s’il faut les traiter comme des universels ou des
particuliers.
La division importante est donc entre les jugements universels et les particu-
liers 5 : on peut affirmer que le prédicat P vaut de tout S, ou seulement, de quelque
S. Dans le premier cas, le jugement est universel, dans le second, il est particulier ;
on appelle l’universel et le particulier, la quantité d’un jugement, quantité qui est
donc déterminée par le fait que le sujet est pris soit universellement, ce que marque
un signe d’universalité comme "tout", soit particulièrement, ce que marque un signe
de particularité comme "quelque" : tout homme est raisonnable / quelque homme est
juste. On verra un peu plus loin comment établir la quantité du terme en position
de prédicat.
Tout jugement a donc une quantité (universel / particulier) et une qualité (affir-
matif / négatif). Si l’on croise ces deux caractéristiques, les jugements peuvent donc
avoir quatre formes différentes, traditionnellement notées par les quatre voyelles A,
E, I et O.
– O, particulier négatif : "quelque vicieux n’est pas riche" (quelque S n’est pas
P ) 6.
AffIrmo nEgO
A E
Tout S est P ←− contrariété −→ Nul S n’est P
universel affirmatif universel négatif
- %
subalternation contradiction subalternation
↓ . & ↓
I O
Quelque S est P ←− subcontrariété −→ Quelque S n’est pas P
particulier affirmatif particulier négatif
Ainsi, par ex. : "tout homme est sage" implique "quelque homme est sage",
contredit "quelque homme n’est pas sage", et est contraire de "aucun homme n’est
sage".
Voici, par ex. comment, classiquement, on raisonnait en exploitant le carré des opposi-
tions : Si le jugement tout homme est raisonnable est vrai, alors son contradictoire, quelque
homme n’est pas raisonnable est faux d’où, puisque la fausseté remonte, aucun homme n’est
raisonnable est faux et donc son contradictoire, quelque homme est raisonnable est vrai.
D’où : si le jugement tout homme est raisonnable est vrai, alors son subalterne, quelque
homme est raisonnable est vrai.
– Tout S est P (A) → Quelque P est S (I) : conversion partielle : si "tout S est
P " est vrai, alors "quelque P est S" est vrai ; la réciproque ne vaut évidemment
pas.
– Tout S est P (A) ↔ Tout non-P est non-S : conversion par contraposition :
"Tout S est P " est vrai si et seulement si "Tout non-P est non-S" est vrai.
– Nul S n’est P (E) ↔ Nul P n’est S (E) : conversion simple : “nul S n’est P ”
est vrai si et seulement si “nul P n’est S” est vrai.
On appelle parfois ces règles de conversion, des règles d’inférence immédiate : elles
permettent de passer d’un jugement à un autre directement, sans jugement inter-
médiaire. Toutefois, l’essentiel de la logique classique concerne les règles d’inférence
médiate, à savoir les syllogismes.
M
S L99 ? 99K P
Les deux éventuelles liaisons S — M et M —P sont exprimées par deux jugements qui
constituent les prémisses d’un syllogisme alors que le jugement exprimant la liaison
S—P en est la conclusion. On peut alors caractériser formellement un syllogisme
comme suit 9 :
Un syllogisme est constitué de deux prémisses, - la majeure et la mineure - et
d’une conclusion.
Dans la majeure, figure le terme qui est prédicat dans la conclusion (dit terme
majeur ou grand terme) et un terme, - le moyen terme - qui figure également dans
la mineure, mais pas dans la conclusion.
Dans la mineure, figure le terme qui est sujet dans la conclusion (dit terme mineur
ou petit terme) et le moyen terme 10 .
Si l’on représente par S le petit terme, P le grand terme et M le moyen terme,
un syllogisme a la forme :
M/P
M/S
S—P
Alors que la conclusion est toujours de la forme S—P , dans les prémisses, P , S
8. Cette présentation (que certains historiens attribuent à Pascal, mais cela est très discuté)
s’inspire de celle qui est faite dans une première version de la Logique de Port Royal
9. Définition traditionnelle d’un syllogisme : "Un syllogisme est une énonciation (oratio, discours)
dans laquelle certaines choses étant posées, une autre s’ensuit (accidere) nécessairement en vertu
de celles qui sont posées" (Pierre d’Espagne, op. cit. p. 43). Il s’agit d’une traduction plus ou
moins fidèle de la définition d’Aristote en 24b 18 des Premiers Analytiques : "Le syllogisme est un
discours dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte
nécessairement par le seul fait de ces données."
10. On verra dans l’annexe A qu’une autre définition des termes, majeur et mineur, fut parfois
adoptée.
3 Syllogismes : figures et modes concluants. 10
et M peuvent être soit en position de sujet, soit en position de prédicat, ce qui donne
les quatre figures des syllogismes 11 :
M —P P —M M —P P —M
S—M S—M M —S M —S
S—P S—P S—P S—P
Pour établir quels sont les modes concluants, la tradition, au Moyen Age, invo-
quait un certain nombre de règles, pas toujours les mêmes et sans toujours en faire
véritablement usage ; on doit aux auteurs de la Logique de Port Royal, d’en avoir
donné une liste exhaustive et d’en avoir fait un usage rigoureux. C’est cette liste que
l’on donne ici :
1. Le moyen ne peut être pris deux fois particulièrement, il doit être pris au moins
une fois universellement.
2. Les termes de la conclusion ne peuvent être pris plus universellement dans la
conclusion que dans les prémisses.
3. On ne peut rien conclure de deux prémisses négatives.
4. De deux prémisses affirmatives, on ne peut tirer une conclusion négative.
5. Si l’une des prémisses est négative, la conclusion est négative ; si l’une des
prémisses est particulière, la conclusion est particulière.
11. Pour d’obscures raisons qui ont fait couler des litres d’encre de la part des commentateurs,
Aristote n’envisage pas la 4ème figure alors qu’il n’y aucune raison formelle de l’exclure ; toutefois,
par respect pour le vieux maître, on ne considérera la 4ème figure qu’en annexe à cet exposé.
3 Syllogismes : figures et modes concluants. 11
Par ex. dans un jugement en E, les deux termes sont pris universellement, par
contre dans un jugement en A, le sujet est pris universellement mais le prédicat est
pris particulièrement.
Cette manière de déterminer la quantité d’un terme en position de prédicat, per-
met d’appliquer les règles 1. et 2. à ces termes (pour les termes en position de sujet,
il n’y a pas de problème) : par ex. dans la 2ème figure, le moyen est en position de
prédicat dans les deux prémisses ; si donc les deux prémisses étaient affirmatives, le
moyen serait pris deux fois particulièrement, ce qui est interdit par la règle 1.. Il faut
donc que l’une des prémisses soit négative dans tous les modes concluants de la 2ème
figure (la conclusion est alors négative, par la règle 5).
1ère figure.
M —P
S—M
S—P
Si l’on tient compte des points A. et B., et de la règle 5. (qui permet de déterminer,
étant donné la forme des prémisses, de quelle forme doit être la conclusion), on a
donc les quatre modes concluants suivants 12 :
universelles A E A E
affirmatives A A I I
A E I O
2ème figure.
P —M
S—M
S—P
12. Les noms des syllogismes, pittoresques et amusants, ont une fonction mnémotechnique que
l’on expliquera plus bas, p. 15.
3 Syllogismes : figures et modes concluants. 13
A. Une des prémisses doit être négatives (la conclusion sera donc toujours négative).
B. La majeure doit être universelle.
E A E A
A E I O
E E O O
3ème figure.
M —P
M —S
S—P
A E I
A A A
I O I
A O E
I A I
I O O
13. C’est pourquoi Kant ne voyait dans cette division des quatre figures qu’une "fausse subtilité".
3 Syllogismes : figures et modes concluants. 15
– dictum de omni : ce qui est affirmé d’un terme pris universellement, l’est de
tout ce dont est affirmé ce terme (principe de Barbara).
– dictum de nullo : ce qui est nié d’un terme pris universellement, l’est de tout
ce dont est affirmé ce terme (principe de Celarent).
Illustration : Soit un Barbara (ou un Darii ) comme : les navigateurs sont coura-
geux, or les Bretons (ou : certains Bretons) sont navigateurs ; donc les Bretons (ou :
certains Bretons) sont courageux : “courageux” est affirmé universellement de “navi-
gateurs” qui lui-même est affirmé universellement (ou particulièrement) de “Bretons”
donc “courageux” peut être affirmé universellement (Barbara), ou particulièrement
(Darii ), de “Bretons”.
– Les voyelles et leur ordre indiquent les types de jugement qui entrent dans le
syllogisme (ex. Felapton → majeure E, mineure A et conclusion O).
– La lettre "s" indique qu’il faut convertir (simplement) le jugement indiqué par
la voyelle (E ou I, donc) précédant "s" immédiatement.
– La lettre "c" à l’intérieur d’un nom indique qu’il faut procéder par l’absurde
3 Syllogismes : figures et modes concluants. 16
Le petit terme (sujet de la conclusion) dans Camestres devient grand terme (pré-
dicat dans la conclusion) dans Celarent et inversement. Puisque Celarent est valide,
on doit admettre que Camestres, qui n’en est qu’une forme déguisée, est également
valide. On pourra s’amuser à faire de même avec les autres syllogismes de la deuxième
et de la troisième figure.
ϕ ϕ ∼θ
ψ est valide ssi une inférence de la forme : ∼θ ou de la forme : ψ
θ ∼ψ ∼ϕ
est valide.
Appliqué à Baroco cela donne (en se souvenant que "tout S est P " (A) est la
négation (la contradictoire) de "quelque S n’est pas P " (O)) :
Baroco → Barbara
Le grand terme dans Baroco devient le moyen dans Barbara et le moyen dans
Baroco devient le grand terme dans Barbara.
On peut dire qu’il s’agit d’une réduction à l’absurde de Baroco au sens où si
quelqu’un admet les deux prémisses "tout P est M " et "quelque S n’est pas M "
mais refuse la conclusion "quelque S n’est pas P ", et donc admet sa contradictoire,
à savoir : "tout S est P ", on lui montre qu’alors il se contredit ; car de la première
prémisse "tout P est M " et de cette contradictoire de la conclusion, il suit, par
Barbara, la contradictoire de la deuxième prémisse qu’il avait pourtant admise :
donc il se contredit s’il refuse la conclusion de Baroco 14
Remarque terminale.
Si l’on observe la position des termes, grand, moyen et petit, dans les trois figures
officiellement admises par Aristote, on constate que dans chacune d’elles, un même
terme est en position de sujet dans l’un des jugements et de prédicat dans un autre :
le moyen dans la 1ère figure, le grand terme dans la 2ème et le petit terme dans
la 3ème (dans la 4ème les choses sont horribles : tous les termes apparaissent une
fois en position de sujet et une fois en position de prédicat !). De plus, la réduction
des syllogismes des 2ème et 3ème figures à ceux de la 1ère, font un usage essentiel
des règles de conversion, qui supposent qu’un même terme puisse être aussi bien en
position de sujet qu’en position de prédicat.
Or Aristote admettait (cf. Catégories, 2, 1b 3-5, ainsi que 5, 2a 11-13), ce qui
semble tout à fait raisonnable, qu’un terme singulier (nom propre ou description
définie) peut bien occuper la position de sujet dans un jugement mais jamais celle de
prédicat. C’est pourquoi, il ne pouvait être question pour lui de faire intervenir dans
14. On remarquera que si l’on joint la négation de la conclusion avec la prémisse en O, on
peut bien en inférer la contradictoire de l’autre prémisse, mais (moyennant une permutation des
nouvelles prémisses) cette inférence se fait en Bocardo ! En effet :
Baroco Bocardo
les syllogismes des termes singuliers et donc des jugements singuliers. Le traditionnel
exemple de syllogisme que l’on trouve dans la littérature - tous les hommes sont
mortels, or Socrate est un homme, ergo, Socrate est mortel -, est donc un mauvais
exemple 15 .
15. Mais Aristote lui-même se rend coupable de la même infraction : à la fin Premiers Analytiques
il ne se privait pas de prendre des exemples de ce genre ; voir en particulier le cas fameux du
syllogisme dit "de Pittacos" en 70a 15 sq. : Les ambitieux sont libéraux, Pittacos est ambitieux,
ergo : Pittacos est libéral
A Modes indirects de la 1ère figure et modes de la 4ème figure 19
A E A A
A A I E
I E I O
FrIsEsOmorum
I
E
O
quelque M est P
nul S n’est M
quelque S n’est pas P
Barbara Baralipton
Celarent Celantes
Darii Dabitis
2. Pour les deux autres, Fapesmo et Fresisomorum les choses sont plus compli-
quées puisque l’on ne peut les obtenir simplement par conversion de la conclu-
sion de Ferio, une proposition en O étant inconvertible. Pour obtenir l’inter-
version des termes sujet et prédicat dans la conclusion, il faut tout d’abord
convertir, partiellement ou simplement, les prémisses puis les transposer, ce
que l’on peut représenter ainsi (en allant des indirects à Ferio, de gauche à
droite) :
A Modes indirects de la 1ère figure et modes de la 4ème figure 22
Fapesmo Ferio
conversion partielle
Tout M est P −→ Quelque P est M & Aucun M n’est S
conversion simple
Aucun S n’est M −→ Aucun M n’est S % Quelque P est M
Quelque P n’est pas S Quelque P n’est pas S
Frisesomorum Ferio
conversion simple
Quelque M est P ←→ Quelque P est M & Aucun M n’est S
conversion simple
Aucun S n’est M ←→ Aucun M n’est S % Quelque P est M
Quelque P n’est pas S Quelque P n’est pas S
Les règles spécifiques à cette figure (que l’on pourra s’amuser à prouver à partir
des règles générales) sont les suivantes :
17. Galien vivait au 1er siècle ap. J.C. ; il est surtout connu pour son immense œuvre médicale,
mais c’était un esprit encyclopédique.
A Modes indirects de la 1ère figure et modes de la 4ème figure 23
A A I E
A E A A
I E I O
FrEsIsOn
E
I
O
nul P n’est M
quelque M est S
quelque S n’est pas P
BArAlIpton BrAmAntIp
A tout M est P A tout P est M
A tout S est M A tout M est S
I quelque P est S I quelque S est P
CElAntEs CAmEnEs
E nul M n’est P A tout P est M
A tout S est M E nul M n’est S
E nul P n’est S E nul S n’est P
DAbItIs DImArIs
A tout M est P I quelque P est M
I quelque S est M A tout M est S
I quelque P est S I quelque S est P
FApEsmO FEsApO
A tout M est P E nul P n’est M
E nul S n’est M A tout M est S
O quelque P n’est pas S O quelque S n’est pas P
FrIsEsOmorum FrEsIsOn
I quelque M est P E nul P n’est M
E nul S n’est M I quelque M est S
O quelque P n’est pas S O quelque S n’est pas P
Pour faire apparaître mieux encore l’étroite parenté entre les modes indirects et
les modes de la 4ème figure, on remplace dans les modes indirects, P et S par A et B
respectivement, et, dans les modes de la 4ème figure, P et S par B et A respective-
ment. Il apparaît alors avec une parfaite clarté que la seule différence entre les modes
A Modes indirects de la 1ère figure et modes de la 4ème figure 25
indirects et les modes de la 4ème figure ne tient bien qu’à l’ordre des prémisses, ce
qui est logiquement insignifiant.
Modes indirects de la 1ère figure Modes de la 4ème figure
BArAlIpton BrAmAntIp
A tout M est A A tout B est M
A tout B est M A tout M est A
I quelque A est B I quelque A est B
CElAntEs CAmEnEs
E nul M n’est A A tout B est M
A tout B est M E nul M n’est A
E nul A n’est B E nul A n’est B
DAbItIs DImArIs
A tout M est A I quelque B est M
I quelque B est M A tout M est A
I quelque A est B I quelque A est B
FApEsmO FEsApO
A tout M est A E nul B n’est M
E nul B n’est M A tout M est A
O quelque A n’est pas B O quelque A n’est pas B
FrIsEsOmorum FrEsIsOn
I quelque M est A E nul B n’est M
E nul B n’est M I quelque M est A
O quelque A n’est pas B O quelque A n’est pas B
S’il n’est guère intéressant de prendre en compte les 12 qui n’appartiennent pas
à l’une des quatre figure (en admettant les cinq de la 4ème), c’est que les nou-
velles conclusions obtenues par conversion sont soit plus faibles que les conclusions
originales (cas de la conversion partielle de Barbara → Barbari ), soit strictement
équivalentes (cas de la conversion simple). Les nouvelles conclusions obtenues par su-
balternation sont, elles toujours plus faibles que les conclusions originales et comme
le disent les auteurs de la Logique de Port Royal (III, iii, 6ème Corollaire) ". . .il a
plu aux hommes de ne considérer les espèces de syllogismes que selon sa plus noble
conclusion qui est la générale : de sorte qu’on ne compte point pour une espèce par-
ticulière de syllogisme celui où on ne conclut le particulier que parce qu’on en peut
aussi conclure le général."
A Modes indirects de la 1ère figure et modes de la 4ème figure 27