4-La Moelle, Organe Réflexe
4-La Moelle, Organe Réflexe
4-La Moelle, Organe Réflexe
Département de Médecine
Enseignement de la 2ème année médecine- PHYSIOLOGIE
Dr Driche SA
I. Introduction :
Une grenouille décapitée, c'est-à-dire sans encéphale, effectue des mouvements coordonnés
pourvu qu’on les provoque de façon appropriée (stimulus adéquat) et cela en l’absence des
parties sus-jacentes du système nerveux.
Mais ces réponses motrices ne présentent pas les mêmes caractères que celles produites sur un
animal à névraxe intact. Leur caractéristique est de se répéter toujours identiques à elles-
mêmes pour un même stimulus, comme si celui-ci se « réfléchissait » à la périphérie sous
forme d’incitations motrices, c’est pour cela qu’on appelle réflexes.
On qualifie donc de réflexe toute activité motrice, produite sans le secours de la volonté et
sans le contrôle de la conscience. Les influx qui provoquent cette activité réflexe doivent
parcourir obligatoirement un circuit composé d’au moins deux (02) neurones, l’un afférent
l’autre efférent, articulés entre eux par une synapse dans un centre nerveux. Un réflexe
médullaire exige l’intégrité de ces deux voies ainsi que leur articulation.
L’activité réflexe de la moelle peut être étudiée sur des préparations dans lesquelles la moelle
a été isolée à un certain niveau du reste du névraxe. Si ce niveau est cervical, il est alors
indispensable d’entretenir une respiration artificielle et la préparation est dite « spinale aigue »
et ne peut être conservée au-delà de quelques heures car la transsection médullaire cervicale a
interrompu les voies motrices respiratoires. Mais si la transsection est basse, lombaire par
exemple, l’animal peut alors survivre et constituer une préparation « spinale chronique ».
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L’ensemble de ces 03 régions a été subdivisé par Rexed (1954) en 10 couches numérotées de
I à X. La corne dorsale comprend les couches I à VI. La couche VII correspond à la région
intermédiaire. Les couches VIII et IX correspondent à la région ventrale. La couche X
correspond à la substance grise entourant le canal épendymaire.
• la couche I ou noyau péricornual ou couche zonale de Waldeyer ou zone marginale :
elle transporte les informations thermiques et nociceptives.
• La couche II ou substance gélatineuse de Rolando (du fait de sa couleur pâle et de sa
consistance) : elle reçoit les afférences cutanées et nociceptives. Elle contient de
petites fibres riches en enképhaline.
• Les couches III et IV : forment le nucleus proprius (ou noyau sensoriel proprement
dit). Elles reçoivent principalement des fibres afférences cutanées myélinisées et à
moindre degré les fibres nociceptives.
• La couche V reçoit aussi bien des afférences cutanées que nociceptives.
• La couche VI est localisée à la base de la corne dorsale mais elle n’existe qu’au niveau
des renflements cervical et lombaire. La partie médiale de la couche VI reçoit les
influx provenant des organes de Golgi, des fuseaux neuromusculaires et des
terminaisons libres nociceptives. La partie latérale de la couche VI reçoit les influx du
cortex cérébral impliqués dans les fonctions motrices.
• La couche VII correspond au noyau de Clarke et aux noyaux intermédio-latéral et
intermédio-médial. Elle n’est présente que dans la moelle thoracique et lombaire (de
C8 à L2).
Le noyau dorsal de Clarke (colonne de Clarke) reçoit les influx provenant des
récepteurs musculaires (fuseaux neuromusculaires et récepteur de Golgi). Les
projections axonales forment le faisceau spino-cérébelleux postérieur qui informe le
cervelet de la position et de l’activité dynamique des muscles.
Le noyau intermédio-latéral (de T1 à L2) contient les neurones pré-ganglionnaires
sympathiques.
Le noyau intermédio-médial (s’étend sur toute la hauteur de la moelle) en avant de la
colonne de Clarke reçoit des afférences de fibres périphériques innervant les viscères
thoraciques et abdominaux.
• La couche VIII reçoit les influx descendant provenant du tronc cérébral, essentiels à la
modulation du tonus musculaire.
• La couche IX est celle des motoneurones des muscles squelettiques (motoneurones
alpha et gamma). Les motoneurones alpha (α) sont des neurones multipolaires de
grande taille qui constituent la voie finale commune. Les motoneurones gamma
innervent les fuseaux neuromusculaires, sont plus petits et sont en proportions de 10 à
15 % par rapport aux motoneurones alpha.
Les motoneurones alpha innervant la musculature distale des membres sont à
localisation latérale dans la corne antérieure de la moelle avec les extenseurs plus
ventraux que les fléchisseurs. Les motoneurones des parties proximales sont situés
dans la partie ventro-médiane.
• La couche X représente la substance grise centrale.
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Selon qu’il existe une seule ou plusieurs synapses, le réflexe est dit mono ou poly-synaptique.
Lorsqu’un réflexe intéresse plusieurs équipes musculaires et lorsqu’il se généralise, il existe
dans ce cas non pas un seul arc réflexe mais un nombre plus ou moins grand d’arcs réflexes
différemment perméables à l’excitant.
En effet, si l’on immerge l’extrémité postérieure d’une grenouille spinale suspendue
verticalement, dans une solution d’acide acétique de plus en plus concentrée, on voit d’abord
se contracter :
• Les muscles des orteils
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Sur le plan électrophysiologique, il a été démontré chez le chat spinal, que la stimulation
d’une racine dorsale (par un stimulus unique efficace) provoquait dans la racine ventrale
ipsilatérale du même segment médullaire, une décharge réflexe ayant une forme complexe.
Cette décharge comprend une première pointe de latence courte et de brève durée qui est
suivie par plusieurs élévations de forme irrégulière dont l’ensemble dure environ (01)
milliseconde.
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La première pointe correspond au potentiel d’action des fibres motrices dont les
motoneurones ont été activés directement par les collatérales issues des fibres afférentes. Le
temps de latence très court de cette réponse n’est compatible en électrophysiologie qu’avec la
présence d’une seule synapse entre neurone afférent et neurone efférent.
La décharge qui suit la pointe monosynaptique est due à l’activation des motoneurones par
l’intermédiaire d’un ou plusieurs inter neurones.
La stimulation d’une racine dorsale provoque également des décharges dans les racines
ventrales des segments médullaires voisins (sus et sous-jacents)
Des décharges peuvent être aussi enregistrées sur les racines ventrales controlatérales.
IV. Classification :
La dénomination des principaux réflexes médullaires n’est pas homogène. Certains réflexes
ont été nommés d’après la nature du stimulus qui les provoque par exemple « réflexe
d’étirement »
D’autre suivant le type de réaction provoquée « réflexe de flexion » ou bien alors d’après le
rôle fonctionnel du réflexe « réflexe de grattage »
En outre, certains réflexes sont nommés d’après la distance qui sépare la voie afférente de la
voie efférente « réflexe spinaux longs »
Par conséquent, il n’existe pas de classification stricte des réflexes. Ceux qui ont étudiés avec
plus de détails sont le réflexe d’étirement appelé aussi réflexe myotatique et le réflexe
nociceptif de flexion car provoqué généralement par un stimulus douloureux.
V. Le réflexe myotatique :
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Ce réflexe a été mis en évidence par Liddel et Sherrington chez le chat décérébré.
Le myogramme (tracé) réflexe d’un muscle extenseur (quadriceps) soumis à un allongement
constant de quelques millimètres pendant plusieurs secondes, après une phase de latence très
courte, présente certaines particularités :
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• Le temps de latence très court du réflexe n’est compatible qu’avec la présence d’une
seule synapse, le réflexe d’étirement est donc monosynaptique.
• La tension croît rapidement et atteint une valeur maximale dès la fin de la phase
dynamique de l’allongement.
• Cette tension persiste tant que dure l’étirement.
• Elle cesse brusquement dès que le muscle est relâché.
Après section du nerf musculaire, le même étirement engendre une tension beaucoup plus
faible qui est due seulement à la déformation élastique du muscle.
La différence entre tensions enregistrées avant et après section du nerf musculaire (Ia)
représente la tension due à la contraction réflexe.
Sur le myogramme, on distingue deux (02) composantes dans les réactions produites par
allongement prolongé :
Les réactions phasiques, intenses, de courtes durées, provoquées par
l’allongement dynamique.
Les réactions toniques plus faibles que les précédentes mais persistant
beaucoup plus longtemps dues à l’allongement constant.
Les réflexes myotatiques trouvent leur point de départ dans les fuseaux neuromusculaires
(FNM) qui se trouvent dans la partie charnue du muscle. Ce sont des récepteurs sensibles à
l’étirement (stimulation adéquate).
La voie de conduction afférente est représentée par les fibres du groupe Ia. Les motoneurones
activés par les fibres Ia d’un muscle sont principalement les motoneurones α qui innervent ce
même muscle.
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Les réflexes myotatiques phasiques sont présents dans tous les muscles squelettiques
extenseurs et fléchisseurs. La volée d’influx engendrée dans les FNM d’un muscle à la suite
de son brusque allongement, provoque une décharge presque synchrone des motoneurones de
ce même muscle (c'est-à-dire que les FNM sont tous activés en même temps).
Les réflexes myotatique toniques dus à l’allongement constant, sont surtout développés dans
les muscles extenseurs qui s’opposent à l’action de la pesanteur. Les muscles fléchisseurs
présentent eux aussi des réflexes myotatiques toniques mais ils sont de faible amplitude.
Au cours des ces réflexes toniques, les unités motrices déchargent d’une manière asynchrone
et de ce fait, soutiennent une contraction permanente qui est toutefois d’amplitude plus faible
que celle engendrée par l’allongement brusque du muscle.
En clinique on explore le réflexe tricipital (qui se consomme au niveau C6C7), le reflexe
rotulien (L2L3) et le reflexe achilien (S1)
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une extrémité est attachée au tendon et l’autre extrémité aux fibres musculaires
extrafusoriales. Les fibres intrafusoriales sont formées de 2-3 fibres à sac nucléaire et 4-8
fibres à chaîne nucléaire
Les récepteurs musculaires (FNM) sont à l’origine du réflexe myotatique ; la stimulation
naturelle, c'est-à-dire l’étirement provoque dans ces récepteurs des phénomènes locaux
appelés potentiels récepteurs, en effet l’étirement d’un muscle fait naître dans ces récepteurs
une dépolarisation dont les variations de la force d’étirement (phénomène analogique) au-delà
d’un certain seuil, le potentiel récepteur engendre des circuits locaux assez denses pour
provoquer une dépolarisation propagée sous forme de potentiels d’action dont l’amplitude est
constante mais de fréquence variable en fonction de l’intensité de l’étirement (phénomène
digital).
Les FNM reçoivent une innervation efférente par les motoneurones gamma provenant de la
corne antérieure. Les motoneurones gamma agissent comme une boucle de rétroaction
permettant au système nerveux de connaître, de façon continue, l’état des muscles même si la
tension et la longueur changent en court de mouvement (les motoneurones gamma régulent
l’activité des FNM).
• Voie afférente :
Les terminaisons primaires des FNM sont à l’origine des réflexes myotatiques phasiques. Le
groupe I (un) des nerfs musculaires est subdivisé en deux (02) sous-groupes Ia et Ib ayant des
vitesses de conduction légèrement différentes (Ia : 70 à 120 m/sec, Ib : 60 à 100 m/sec). Le
sous-groupe Ia est formé presque entièrement par les fibres provenant des FNM.
Un allongement musculaire brusque bref entraîne une décharge monosynaptique des
motoneurones des muscles étirés et active seulement les terminaisons primaires des FNM. Cet
étirement brusque reste sans effet sur les organes de Golgi (innervé par les fibres de type Ib)
ainsi que sur les terminaisons secondaires des FNM innervés par les fibres de type II (35 à70
m/sec).
Au cours de l’étirement musculaire soutenu (réflexe myotatique tonique) les influx, transmis
par les les fibres de type II issues des terminaisons secondaires des FNM et par les fibres de
type Ib issues des organes tendineux de Golgi, exercent leur action après l’activation des
motoneurones par la volée afférente Ia.
Il a été démontré qu’un réflexe myotatique tonique est la résultante d’actions exercées par les
différentes sortes de récepteurs musculaires.
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• La voie efférente :
Elle est constituée par les motoneurones α (vitesse de conduction = 70 à120 m/sec) dont le
corps cellulaire se trouve dans la substance grise de la corne antérieure et dont les axones vont
aller innerver le muscle au niveau de la plaque motrice.
• L’inhibition réciproque :
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Lorsqu’un groupe de neurones ayant une fonction donné est activé par voie nerveuse, les
neurones de fonction opposée sont inhibés : c’est l’inhibition réciproque. En effet, les influx
transmis par les fibres de type Ia d’un muscle activent les motoneurones α de ce muscle et
inhibent les motoneurones α du muscles antagoniste. Cette action inhibitrice n’est pas exercée
par les collatérales de fibres Ia mais par l’intermédiaire d’un inter neurone inhibiteur
(médiateur GABA) interposé entre les collatérales des fibres Ia et les motoneurones α des
muscles antagonistes. La stimulation de la Ia va engendrer l’activation des motoneurones α
des muscles agonistes suite à un PPSE ainsi que l’activation de l’inter neurone par suite là
aussi d’un PPSE.
Cette activation permettre à l’inter neurone de libérer son neuromédiateur inhibiteur. Il en
résultera un PPSI au niveau des motoneurones α des muscles antagonistes et leur
hyperpolarisation et donc leur relâchement.
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