Construction en Terre Crue - Guide Bâtiment Durable

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Thème: Matériaux

Construction en terre crue


Solution Murs & parois Elements de parois Murs et parois Planchers et plafonds Sol

Patrimoine Préfabrication Neuf Rénovation

© S. Bronchart

La construction en terre crue est l’une des plus anciennes méthodes de construction
et est présente dans le monde entier. Plus de 2 milliards de personnes vivent
aujourd’hui encore dans des habitats en terre crue. Prédominante avant l’essor de
l’industrie, la terre crue a ensuite été remplacée par d’autres matériaux de
construction (béton, ciment, pierre, métal) devenus largement majoritaires.
Aujourd’hui, la construction en terre crue bénéficie d’un regain d’intérêt du fait de
considérations environnementales, sanitaires et esthétiques.

Table des matières


Qu’est-ce que la construction terre crue ?
:
Quels sont les différents types de Terres et les techniques de construction ?

Quels sont les avantages de la construction en terre crue ?

Quels points d’attention lors d’une construction terre crue ?

Quelles sont les performances techniques de la construction en terre crue ?

Quel entretien prévoir pour la construction terre crue ?

Normes et réglementations

Quelles sont les limites de la terre crue ?

S’inspirer

Aller plus loin

Cette publication se concentre principalement sur les constructions en terre crue en Belgique
et dans les pays limitrophes en Europe. L’objectif est ici d’apporter une vision générale sur la
construction en terre crue : les différentes techniques, les possibilités de construction, ses
avantages et limites par rapport aux matériaux de construction conventionnels.

Qu’est-ce que la construction terre crue ?


La construction en terre crue consiste à extraire la terre, à une certaine profondeur du sol et à
mettre en forme cette dernière afin d’obtenir un matériau de construction. Les constructions
en terre crue existent dans le monde entier et selon les caractéristiques du sol, différentes
techniques de mise en œuvre sont utilisées. Notamment, les propriétés de la terre, telles que
sa composition chimique, sa microstructure et sa granulométrie diffèrent considérablement
d’un environnement à l’autre, lui conférant ainsi des propriétés spécifiques.
Traditionnellement, la terre crue est extraite localement. Aujourd’hui, les terres sont
généralement reconditionnées. Ainsi la zone d’extraction peut-être sur site ou non selon les
volumes et la qualité des terres nécessaires. En effet, davantage de garanties sont exigées
aujourd’hui quant à la qualité des terres. De plus, selon les souhaits architecturaux, les
techniques de construction diffèrent et ne correspondent pas toujours à la composition de la
terre disponible localement.

La terre crue est un mélange de terre minérale, d’eau et d’air en proportion variable. La terre
minérale, utilisée dans la construction, est localisée en profondeur du sol sous la couche de
:
terre végétale de surface. Il s’agit de la terre d’horizon B visible sur le schéma ci-dessous.

Différentes couches de terre

Source : Prototype sprl & AMACO & A. Misse & « Bâtir en terre » Belin 2009 L.Fontaine R.Anger © Bruxelles
environnement

Les grains qui composent la terre sont de taille plus ou moins variée, et confèrent des
propriétés différentes et donc des applications variées : structures massives, terre pour
remplissage, enduits pour finitions.

En Belgique, les composants du sol sont fins, la taille des grains est relativement faible. Ces
sols sont communément appelés : sables, silts et argiles. Les argiles sont les grains les plus
fins, de forme plate, en feuillets. Les argiles jouent ainsi le rôle de liant dans la terre tout
comme le ciment est le liant du béton. Les autres grains : silts, sables, graviers et cailloux
structurent la matière et apportent d’autant plus de rigidité qu‘ils sont gros. Enfin, l’eau en
proportion diverses, via les liaisons hydrogène et via son interaction avec l’air (forces
capillaires) vient renforcer la cohésion.
:
Type de composants du sol Taille des grains

Cailloux De 2 cm à 20 cm

Graviers* De 2 mm à 2 cm

Sables* De 63 µm à 2 mm

Silts (limons)* De 2 µm à 63 mm

Argiles* < 2 µm

La terre crue est donc un mélange triphasique complexe, il est nécessaire de comprendre et de
contrôler les interactions entre les 3 phases : solide (grains, liants), liquide (eau), gaz (air) afin
d’obtenir les propriétés recherchées.

La nature de la terre détermine l’état hydrique adéquat pour sa mise en forme. En effet, selon
l’action requise pour la mise en forme (versement, compactage, tassage), différents états
hydriques sont requis. L’état hydrique correspond au pourcentage d’eau contenu dans la
matière. La matrice terre ci-dessous résume les états hydriques et les différentes actions
possibles. Chaque technique de construction en terre crue utilise un ou plusieurs états
hydriques associés à une action caractéristique.

Matrice Terre – 5 états hydriques – 3 actions


:
© Bruxelles environnement

Quels sont les différents types de Terres et les


techniques de construction ?
A chaque type de terre est associé une technique de construction. Au total, une dizaine de
techniques principales existent. Elles se distinguent notamment en deux catégories : les
techniques traditionnelles et les techniques modernisées.

Techniques traditionnelles

Pisé [#pise]
Torchis [#torchis]
Bauge [#bauge]
Adobe [#adobe]

Le pisé est l’une des techniques les plus répandues dans le monde, néanmoins, en Belgique, le
torchis est majoritaire, suivi de la bauge et de l’adobe. La prédominance de ces techniques
s’explique par les caractéristiques locales du sol : de type argileux, limoneux et sableux (sols
fins). En effet chaque technique dépend des caractéristiques du sol et de l’environnement. La
technique du pisé nécessite un sol de type « caillouteux » non caractéristique des sols en
:
Belgique.

Carte des techniques de construction en terre crue présentes en Belgique

Source : Pereira-Goncalves, 2017 Sources : In Mango-Itulamya, L. A. (2019). Valorisation des gisements


argileux pour la fabrication des blocs de terre comprimée. Thèse de Doctorat. Université de Liège, Liège ©
Bruxelles Environnement

Pisé
:
Le pisé, est l’ancêtre du béton et est
Haus Rauch Schlins, Autriche, 2005 – 2008
aujourd’hui reconnu comme un béton
naturel très dur. Il est constitué de cailloux,
de graviers, de sables, de silts et d’argiles en
proportion variable. L’argile assure la
cohésion et les grains sa rigidité.

Le pisé est une technique de construction


réalisée couche par couche à l’aide d’un
coffrage. La terre est mise en forme à l’état
humide compacté (présenté sur la Matrice
terre [#matrice-terre]). Après extraction, la terre © Roger Boltshauser / Martin Rauch
est directement versée dans le coffrage par
fines couches d’une épaisseur de 10 ou 15
cm. L’ensemble est ensuite compacté afin
d’assurer la cohésion de la matière et ses
propriétés mécaniques.

Idéalement, l’extraction de la terre s’effectue


au printemps ou à l’automne : l’humidité de
la terre est ainsi optimale pour la mise en
œuvre du pisé. Après mise en œuvre, le
temps de séchage est en revanche
relativement long (parfois jusqu’à 200 jours).

Exemple des possibilités esthétiques du Exemple des possibilités esthétiques du


pisé : Mur en pisé d’une maison à pisé : Hall d’accueil du centre “Source O
Beauraing en Belgique Rama” à Chaudfontaine

© S. Bronchart © Druwid [http://www.druwid.com/index.html]


:
De nos jours, le pisé reste très utilisé, avec quelques évolutions par rapport aux méthodes
traditionnelles : types de coffrages, méthodes de compactage (avec marteau pneumatique), la
préfabrication, l’intégration de nouvelles techniques. Le pisé a une texture attractive car il offre
de nombreuses possibilités sur le plan esthétique, des recherches sont donc effectuées afin
d’élargir la gamme du matériau. Ainsi par la reformulation de terres locales avec des graviers,
le pisé est rendu disponible en Belgique.

Torchis
Le torchis est présent depuis le Moyen-âge
Torchis avec enduit à la chaux, Havelange
dans toute la Belgique. Il s’agit d’une terre
très fine, avec peu de cailloux, de gravier et
de sable. Cette terre colle bien mais fissure
lors du séchage. Elle doit donc être associée
à de la paille ou du sable afin d’éviter ces
phénomènes de fissuration. Le torchis
s’utilise en tant que remplissage sur une
structure porteuse en bois.

Pour en apprendre plus sur les structures


© S. Bronchart
porteuses en bois, consultez la Solution |
Eléments de structure en
bois [https://guidebatimentdurable.brussels/elemen
ts-structure-bois].

Le torchis se travaille à l’état plastique tassé


selon la matrice terre présentée
précédemment [#matrice-terre]. Le torchis peut
aujourd’hui se trouver en tant que produit
prêt à l’emploi.

Exemple de torchis rénové, Grand Halleux


:
© S. Bronchart © S. Bronchart

Bauge
:
La bauge a été découverte pour la première
Grange en bauge, Braine-le-Comte, fin
fois en 1970 dans quelques régions de
XVIIIème siècle
Belgique, et remonte au XVIIIème siècle. La
bauge est utilisée pour la construction de
murs massifs. La structure porteuse est la
terre crue. La technique de la bauge consiste
à empiler des paquets de terre à l’état
plastique sous forme de boule (état plastique
tassé [#matrice-terre]) :

1. mélange de terre crue, de fibres


végétales (afin d’éviter la fissuration) et
d’eau jusqu’à obtention d’un état © Anaïs Pereira
plastique ;
2. formation de boules de terre à la main
(action « tasser ») ;
3. empilement des boules de terre afin de
former un mur monolithique très épais
(40 à 50 cm en général mais pouvant
aller jusqu’à environ 200cm d’épaisseur).
Les faces sont battues pour éviter les
fissures au séchage, puis taillées afin
d’obtenir une surface plane ;
4. procédé couche par couche avec temps
de séchage requis entre chaque couche
pour éviter l’affaissement de la
structure.

La bauge a pour inconvénient l’apparition de fissures lors du séchage en cas de proportion


terre/fibre non optimale.

De nos jours, la bauge se met en œuvre de manière traditionnelle essentiellement, néanmoins


quelques techniques se développent à partir de blocs de terre préfabriqués en atelier et une
technique dite « terre projetée » (technique semblable au béton projeté).

Adobe
:
L’adobe est une brique de terre non cuite.
Adobes fabriquées lors d’un évènement à
Elle contient peu de cailloux et de graviers, et
Tour et Taxi en 2002, Bruxelles
une proportion de sable suffisante pour
éviter la fissuration lors de la mise en œuvre
(ou comme pour la bauge, des ajouts de
fibres végétales). La technique de l’adobe
consiste à fabriquer des briques prismatiques
mises en œuvre à l’état plastique
tassé [#matrice-terre] :

moulage de la terre à l’état plastique


(moule en bois ou en métal) ;
tassage à la main afin de chasser l’air ; © S. Bronchart
séchage des briques à l’air libre, au soleil
(la vitesse de séchage dépend des
conditions environnementales :
température, humidité de l’air etc.) ;
stockage des briques puis maçonnage
avec un mortier de terre collant.

Il s’agit de la technique de construction en terre la plus rapide et la plus économique : sa


vitesse d’exécution peut être comparée à celle des matériaux industriels et très peu d’outillage
est nécessaire pour fabriquer les briques : seul le moule est indispensable.

Remise, Wasseiges, Acosse. Adobes

© Gérard Bavay © Gérard Bavay

L’adobe peut être utilisée pour la construction de murs porteurs en complément avec d’autres
:
techniques telles que le pisé.

De nos jours, la technique de l’adobe s’est adaptée à la production a plus grande échelle. On
trouve notamment sur le marché aujourd’hui des matériaux prêts à l’emploi : les Briques de
Terre Comprimée (BTC) [#btc], le Bloc de Terre Moulé (BTM) et le Bloc de Terre Extrudé (BTE)
[#blocs-terre-moules-BTM-extrudes-BTE]. Ces techniques sont développées ci-dessous.

Techniques modernisées

Mortiers et enduits [#mortiers-et-enduits]


BTC [#btc]
Blocs de terre Moulés BTM et Extrudés BTE [#blocs-terre-moules-BTM-extrudes-BTE]
Terre coulée – béton d’argile coulé [#terre-coule-bton-dargile-coul]
Terre allégée [#terre-allge]
Terre-copeaux bois [#terre-copeaux-bois]
Terre-paille [#terre-paille]
Bottes de paille [#bottes-de-paille]
Panneaux de terre crue [#panneaux-de-terre-crue]

Bien que les techniques traditionnelles restent la base de la construction en terre crue, les
techniques modernisées résultent de techniques traditionnelles légèrement modifiées afin
de s’adapter aux besoins actuels (mise en œuvre moins chère, plus simple, esthétiques
recherchées, conditions climatiques, etc.). L’apparition d’éléments préfabriqués en terre crue
permet d’optimiser les temps de séchage par exemple, mais également d’apporter une
diversité des techniques de construction qui ne pourrait pas directement être applicable à
partir du sol local. En Belgique, notamment, les caractéristiques locales du sol ne permettaient
pas d’appliquer la technique du pisé traditionnellement. Ces constructions sont désormais
possibles grâce à l’apparition du marché des mélanges prêt à l’emploi et parfois de
préfabriqué.

La construction en terre crue tendait à être présente en zone rurale, néanmoins, elle est
maintenant parfaitement utilisable dans des projets urbains via de nombreuses applications et
plus couramment l’enduit.

Mortiers et enduits
Les enduits en terre sont l’application la plus simple du matériau. La mise en œuvre est
semblable aux enduits de plâtre ou de ciment, car ils nécessitent les mêmes outils. Le corps
:
d’enduit est souvent en terre sableuse avec addition de fibres végétales afin d’éviter les
fissures.

Les mortiers sont composés d’argile, de limon, de sable, et éventuellement d’un liant (par ex.
chaux)et d’additifs (ex. fibres).

Les mortiers et les enduits nécessitent une mise en œuvre à l’état visqueux [#matrice-terre].

Photographies de mise en place d’enduit terre et détails de sols, enduits murs et châssis,
Belgique

Enduit sur colombage Détail d’un châssis Intérieur

© S. Bronchart © S. Bronchart © S. Bronchart

Détail sol Projetteur d'enduit terre Détail d’un châssis

© S. Bronchart © S. Bronchart © S. Bronchart

BTC
La BTC (Brique de Terre Comprimée) se développe vers les années 1950. Il s’agit d’une
évolution de la technique traditionnelle de l’adobe. La terre utilisée est plutôt « fine » mais
peut toutefois contenir de petits graviers (<10 mm). Cette terre est portée à un état humide qui
permet de que ces briques soient manipulables immédiatement après compression réalisés
avec des presses manuelles ou mécanisées (état humide compacté, présenté sur la Matrice
terre [#matrice-terre]).
:
Exemple de briques de terre comprimée Module d’habitation en auto-construction,
prêtes à l’emploi Cavaillon, France

© CRAterre [http://www.craterre.org/] / Julien Nourdin © CRAterre [http://www.craterre.org/] / Thierry Joffroy &


Association Le Village

L’addition de ciment ou de chaux est courante dans la fabrication de BTC pour augmenter les
caractéristiques mécaniques et surtout améliorer la résistance à l’eau.

Blocs de terre Moulés BTM et Extrudés BTE


Les BTM (Blocs de Terre Moulés) et BTE (Blocs de Terre Extrudés) sont une évolution de
l’adobe. L’adobe traditionnelle comme décrite précédemment [#adobe]est une BTM. Celle-ci est
souvent produite en collaboration avec des briquetier de terre cuite.

Terre coulée – béton d’argile coulé


:
La technique de la terre coulée est similaire
Mur en terre coulée – ossature bois et
à la technique du béton maigre coulé. La
canisse de roseau, Beauraing
terre est mise en œuvre à l’état de boue
liquide dont la granularité est de préférence
sableuse ou graveleuse. Les outils utilisés
sont les mêmes que ceux utilisés
couramment pour le béton.

Cette technique présente beaucoup


d’avantages : facilité de mise en œuvre et de
préparation du matériau, applications
diverses, néanmoins des phénomènes de
retraits sont importants au séchage. Pour © S. Bronchart
pallier ce problème, la stabilisation de la
terre peut être employée, les fissures
peuvent être bouchées si elles ne posent pas
de problèmes structurels.

La terre coulée permet de fabriquer des


chappes, des briques, des pavés et des murs,
armés ou non.

Terre allégée
Absente en Belgique, la terre allégée est issue des techniques du pisé et du torchis. La mise en
œuvre peut être relativement longue, notamment à cause du temps de séchage, et doit donc
s’effectuer lors d’une période sèche. La terre allégée offre divers cas d’application : des murs
extérieurs (épaisseur comprise entre 20 cm et 30 cm), et intérieurs (épaisseur 12cm), jusqu’aux
planchers.

Terre-copeaux bois
De nos jours, le torchis peut se retrouver sous différents cas d’usage. On retrouve notamment
des mélanges préfabriqués de terre humide et de copeaux de bois. Ce mélange est utilisé en
complément d’un coffrage généralement en bois. Cette technique à partir de mélange torchis
préfabriqué a pour principal intérêt de réduire les temps de séchage.

Exemple de construction à partir de mélange préfabriqué terre/copeaux de bois.


:
Architecte : Isabelle Prignot - Entreprise Novastar © Architecte : Isabelle Prignot - Entreprise Novastar ©
S. Bronchart S. Bronchart

Terre-paille
La technique dite de « terre paille » est une évolution du torchis.

Exemple de construction en Exemple de construction en Plafonds terre paille,


terre paille, Belgique terre paille, Belgique Voussettes, Belgique

© S. Bronchart © S. Bronchart © S. Bronchart

Bottes de paille
Parmi les techniques du torchis moderne, on retrouve également des constructions de type
« botte de paille », peu répandue en Belgique. Il s’agit ici d’une technique sèche, avec
possibilité de trouver de la paille en bottes sous forme préfabriqué. La paille offre une bonne
capacité d’isolation tandis que la terre offre l’inertie et la régulation hygrométrique.

Exemple de construction à partir de bottes de paille préfabriquées, Isère, France


:
© S. Bronchart © S. Bronchart

Panneaux de terre crue


Alternative aux panneaux de plâtre, les panneaux de terre crue sont composés d’un mélange
de terre et de fibres naturelles. Ils peuvent être utilisés en tant que :

cloisons et contre-cloisons ;
supports pour enduits à l’argile ;
faux-plafonds.

Quels sont les avantages de la construction en terre


crue ?
La construction en terre crue offre divers avantages par rapport aux matériaux de construction
conventionnels :

Technique de construction à faible impact environnemental [#technique-construction-faible-


impact-environnemental]
Réversibilité et circularité [#rversibilit-et-circularit]
Simplicité [#simplicit]
Qualité de l’air - Aspect sanitaire [#qualit-de-lair-aspect-sanitaire]
Confort intérieur [#confort-intrieur]
Esthétique [#esthtique]

Technique de construction à faible impact environnemental


Les matériaux dans le bâtiment suivent le cycle de vie suivant :

1. Extraction des ressources


2. Transport jusqu’au lieu de production (Industries)
:
3. Production/Transformation
4. Transport jusqu’au site de construction
5. Mise en œuvre
6. Utilisation
7. Fin de vie (réemploi, recyclage, traitement des déchets)

Pour en apprendre plus sur la notion de cycle de vie, consultez le dossier | Le cycle de vie de
la matière : analyse, sources d'information et outils d'aide au
choix [https://guidebatimentdurable.brussels/cycle-vie-matiere-analyse-sources-dinformation-outils-daide-
choix].

Les études d’ACV (Analyses de Cycle de Vie) montrent que l’étape de


production/transformation a le plus fort impact environnemental pour un matériau
conventionnel.

Traditionnellement, la terre crue est extraite localement et ne subit donc pas ou peu de
transport jusqu’au lieu de production. Cependant plusieurs éléments sont à prendre en
compte pour une extraction limitant l’impact environnemental de la terre crue :

extraire des terres lors d’excavations liées à des chantiers (de préférence Plus
voisins) en cours ;

L’excavation de sols uniquement pour les besoins en terre crue est à proscrire. Cela
dégrade les sols, notamment l’horizon A (présenté dans la partie Qu’est-ce que la
construction terre crue ? [#quest-ce-que-construction-terre-crue]). Or l’horizon A est très
important pour la vie et les services écosystémiques du sol (tels que la production
alimentaire, la gestion des inondations ou la régulation du climat). Même si l’horizon
A est retiré et stocké correctement, il subit une dégradation due au déplacement et
au stockage. Le passage de machines cause de facto une compaction des alentours.

respecter les différents horizons lors de l’extraction ; Plus


:
S’il n’est pas possible d’éviter une extraction dans le seul but d’obtenir de la terre, il
est impératif de préserver et de stocker correctement l’horizon A sans le mélanger
aux autres couches, tel qu’expliqué dans le code de bonnes pratiques « le sol vivant
et les chantiers de construction »
[https://alfresco.environnement.brussels/share/s/ujj2OU4sRwGQN2tDjeJgFw]. Les prescriptions de
ce code de bonnes pratiques ainsi que celui portant sur « l’utilisation de terres de
déblai et de granulats dans ou sur le sol »
[https://alfresco.environnement.brussels/share/s/V56a7k5RSciz0LY6_CSdzg] doivent être
respectées lors des actions sur le sol.

s’assurer que les concentrations en polluants chimiques des terres importées sont
inférieures aux normes d’assainissement du sol de la RBC ;
réduire l’empreinte carbone.

La terre crue ne nécessite pas de cuisson (séchage naturel) et peu ou pas de transformation
chimique pour sa mise en œuvre. Les processus de production et de transformation sont donc
également réduits. La mise en œuvre est réalisée à partir d’outillage simple. En fin de vie, la
terre peut être réutilisée pour une nouvelle construction ou être renvoyée dans son
environnement d’origine, il n’y a pas de production de déchets. Dans le cas d’une remise de la
terre dans son environnement d’origine, certaines conditions sont à respecter et la terre devra
dans tous les cas être testée pour vérifier qu’elle respecte bien les normes en termes de
pollutions et les bonnes pratiques en terme de qualité. Toutes les prescriptions à respecter se
trouvent dans les codes de bonnes pratiques relatifs à l’utilisation de terres de déblai et de
granulats terres excavées, [https://alfresco.environnement.brussels/share/s/V56a7k5RSciz0LY6_CSdzg] et au
sol vivant et chantiers de
construction [https://alfresco.environnement.brussels/share/s/ujj2OU4sRwGQN2tDjeJgFw]. Si ces conditions
sont respectées, la terre crue est un matériau recyclable à l’infini. Elle est donc très
performante en matière de circularité.

L’industrie de la construction conventionnelle, en revanche, a un fort impact environnemental.


Le béton est responsable d’environ 8% des GES en 2018. Ces émissions proviennent de la
décarbonation de la matière première (roche calcaire) et de l’énergie d’origine fossile utilisée
pour chauffer et cuire les matières premières à haute température. En fin de vie, les déchets
issus du béton peuvent être recyclés, néanmoins cela implique des procédés spécifiques, donc
des consommations de ressources : énergie, eau etc.

La terre crue est une matière abondante contrairement au béton qui crée des problématiques
:
de raréfaction des sables. La terre crue lorsqu’elle est extraite localement, réduit massivement
les logistiques de transports de matériaux. Néanmoins, si une construction nécessite des terres
absentes des sols locaux (par exemple une construction type pisé [#pise]en Belgique), le
transport des matières est à prendre en compte en termes d’énergie et de coût.

Il faut également tenir compte de l’ajout de liants tels que la chaux ou le ciment, même en
faible quantité, telle que 10% en masse peut faire augmenter de 50% l’impact
environnemental total.

La terre crue n’a pas un impact environnemental nul mais, par rapport aux procédés
conventionnels il est plus facile de réduire ses impacts, notamment en privilégiant les
extractions de terre locale en lien avec les chantiers en cours, l’utilisation exclusive de
matériaux naturels, la limitation des liants, l’optimisation de la durée de vie et le réemploi de la
matière en fin de vie du bâtiment.

Apprenez-en davantage sur la Solution | TOTEM - Un outil belge pour améliorer la


performance environnementale des matériaux [https://guidebatimentdurable.brussels/totem-outil-
belge-ameliorer-performance-environnementale-batiments].

Réversibilité et circularité
L’un des grands atouts de la terre crue est sa réversibilité. En effet, la terre crue a la capacité de
se plastifier par ajout d’eau. Sa plasticité ainsi retrouvée, il devient possible de la modeler et de
la transformer à nouveau.

La capacité de la terre crue à se plastifier à l’infini offre des possibilités de réemploi illimitées
sans demande d'énergie supplémentaire. D’un point de vue écologique, la terre crue est donc
un matériau très intéressant pour sa circularité. Les structures en matériaux conventionnels de
type béton et briques sont difficiles à recycler, car il est difficile de séparer les matériaux entre
eux (le béton armé et sa structure en acier, ou le ciment présent dans les briques) sans
utilisation de procédés couteux en énergie ou de procédés chimiques.

La terre crue a une capacité de réversibilité très intéressante à condition de ne pas la combiner
à des liants de type chaux ou ciment comme décrit précédemment. En effet, ces liants sont
intéressants d’un point de vue structure, mais même utilisés en faible proportion (10%), ils
augmentent considérablement l’impact environnemental total de la construction et font
:
perdre tout le bénéfice de la circularité de la terre crue. En effet, une terre crue à laquelle a été
ajouté un liant tel que le ciment ou la chaux n’est plus réversible et est difficilement recyclable,
la séparation des matériaux (liant/terre) étant complexe. Tel que décrit dans la partie
Technique de construction à faible impact environnemental [#technique-construction-faible-impact-
environnemental], elle sera ainsi compliquée à remettre dans l’environnement.

Pour en apprendre plus sur ces enjeux, consultez le dossier | Construire réversible et
circulaire [https://guidebatimentdurable.brussels/construire-reversible-circulaire].

Simplicité
La mise en œuvre en terre crue est aisée. Les techniques sont relativement simples à
apprendre. Construire en terre crue permet la réutilisation des matériaux grâce à la
standardisation des outils. De plus, les réparations sont simples à mettre en œuvre,
notamment car la terre crue n’est pas transformée, et donc revient à son état d’origine
aisément. Un entretien ou de petites réparations de la terre crue ne nécessitent qu’un nombre
réduit d’outils simples. Ce n’est pas le cas par exemple de matériaux tels que le béton (issu de
sables, granulats, ciments et ayant subi divers procédés de transformation chimique).

Pose du coffrage Mélange paille et argile

© S. Bronchart © S. Bronchart

Qualité de l’air - Aspect sanitaire


Sans ajout de liants, la terre crue est totalement naturelle, donc exempte de constituants
chimiques toxiques. Elle apporte ainsi une excellente qualité d’air et résout les problèmes
sanitaires de pollution intérieure, type émissions de COV. Une construction en terre crue ne
nécessite ni revêtements, ni peinture chimique, car les pigments naturels colorent directement
la terre. La terre crue est également réputée pour sa capacité d’absorption des odeurs.
:
En apprendre plus dans le dossier | Eviter les polluants
intérieurs [https://guidebatimentdurable.brussels/eviter-polluants-interieurs].

Confort intérieur
La terre crue est reconnue pour le confort intérieur qu’elle apporte grâce à ses performances
en terme de régulation hygrométrique, de masse volumique et d’inertie thermique. Ces
caractéristiques sont développées au sein de la partie Quelles sont les performances
techniques de la construction terre crue [#quelles-performances-techniques-construction-terre-crue] ?

Esthétique
La construction en terre crue intéresse de nombreux architectes car elle offre de nombreuses
possibilités d’un point de vue structure et architecture des bâtiments. Le pisé séduit
notamment souvent pour sa texture particulière (voir Exemple des possibilités esthétiques du
pisé [#exemple-possibilites-esthetiques-pise]). L’utilisation d’enduits à base d’argile offre de
nombreuses possibilités esthétiques.

Quels points d’attention lors d’une construction terre


crue ?
Contrôle de l’érosion [#contrle-de-lrosion]
Capacité de la terre à absorber l’humidité [#capacit-de-la-terre-absorber-lhumidit]
Stabilisation de la terre crue [#stabilisation]
Compacité de la matière [#compacit-de-la-matire]
Hauteur du bâti [#hauteur-du-bti]

Contrôle de l’érosion
Traditionnellement et de nos jours, en Belgique, la terre crue n’est jamais utilisée en façade.
Dans la cas d’utilisation de la terre crue en extérieur, la phrase « Bonnes bottes et bon
chapeau » est couramment entendue. En effet, l’eau est le principal nuisible à une
construction en terre crue. Il est nécessaire de mettre en place des techniques afin d’évacuer
l’eau au maximum pour éviter les mécanismes d’érosion qui s’ensuivent.

« Bon chapeau » fait référence à l’utilisation d’une toiture avec de grands débords, afin
d’évacuer l’eau de pluie et protéger la façade. « Bonnes bottes » fait référence à l’utilisation de
fondations et de soubassements en pierre ou en béton afin d’éviter les remontées capillaires.
:
Bonne bottes et bon chapeau / Prévention de l'érosion

Source : AMACO © Bruxelles Environnement

Diverses techniques existent afin de prévenir l’érosion. Martin Raunch a notamment développé
une technique préventive, encore très rarement utilisée en Belgique, dite d’« érosion
contrôlée/calculée » ou de pisé exposé. Un système de construction « en obstacle » réduit le
flux des écoulements d’eau. Tous les 13 centimètres environ, sont disposées des couches
horizontales en pierre ou en terre cuite qui surplombent et ralentissent l'écoulement de l'eau
le long de la paroi. Les murs extérieurs sont construits 2 ou 3 centimètres plus épais. Une fois
les premiers centimètres érodés, les graviers et cailloux du pisé apparaissent en surface. Cela
assure que la terre plus fine entre les graviers commence à gonfler et que la pluie ne puisse
plus pénétrer dans le mur :
:
Erosion calculée : Haus Rauch, Autriche - Façade d’une maison en construction terre
2008 paille

© Boltshauser architekten © S. Bronchart

Composition des murs Haus Rauch, Autriche – 2008

© Bruxelles Environnement

Capacité de la terre à absorber l’humidité


Un mur en terre crue est capable de supporter l'absorption d'eau jusqu'à un certain point. S'il
peut évacuer l'eau absorbée en séchant, il est capable de résister pendant des siècles aux
intempéries. La cohésion de la structure est assurée par le triphasique [#triphasique]et les ponts
:
capillaires [#capillaire] : un mur en terre crue n’est jamais complètement sec grâce à l’humidité
de l’air.

Stabilisation de la terre crue


Une pratique courante pour rendre la terre crue plus solide et résistante à l'eau consiste à la
stabiliser avec 5 à 10 % de ciment ou encore avec de la chaux. Néanmoins cette technique
impacte considérablement les avantages de la terre crue seule :

la production de ciment ou de chaux est très énergivore ;


la terre crue stabilisée n’est plus biodégradable et difficilement recyclable ;
les bénéfices quant à la qualité de l’air intérieur sont moindres ;
la capacité de régulation de l’humidité diminue.

Compacité de la matière
A l’échelle microscopique, l’empilement apollonien des grains est l’empilement optimum,
c’est-à-dire les grains sont agencés de manière qu’il n’y ait peu ou pas de vides ou d’interstices.
Ainsi, plus la matière est compacte, plus la résistance en compression est élevée. Ainsi pour le
pisé [#pise], plus les couches sont fines et nombreuses, plus le matériau est compact et
résistant.

La rigidité est assurée par des grains de grande taille. Enfin la technique de construction
définit la compacité de la matière.

Hauteur du bâti
la terre crue ne s’applique normalement qu’en compression. Les structures en arches et
voûtes sont réalisables grâce à une technique de pisé préfabriqué. Un bel exemple de ce type
de structure est L’Orangerie à Lyon en France, conçue par Clément Vergely architectes. A
travers ce projet, ils démontrent également que la terre crue se marie bien avec d'autres
matériaux naturels comme la pierre pour les bases et le bois pour les forces horizontales.

L’Orangerie à Lyon, France


:
Clément Vergély architectes 2021 © F. Fouillet

Modèle réduit des blocs préfabriqués et placement sur le socle

© M. Malcarce © M. Malcarce

La mise en œuvre de la terre crue fait appel à des méthodes relativement simples, néanmoins
la complexité de la construction en terre crue vient du manque de connaissances et de normes
relatives à la composition du mélange. En effet, les différentes compositions possibles jouent
notamment sur les propriétés mécaniques. Pour pallier ce manque de connaissance sur le
mélange, il est souvent nécessaire de tester le matériau en amont de son application directe.

Les constructions en terre crue peuvent généralement supporter jusqu’à deux étages. Ce
nombre est à titre indicatif, car la capacité structurelle est fortement liée au climat local et à la
technique de construction. Dans les zones sèches et arides, certains édifices peuvent atteindre
des hauteurs de 30 mètres avec 11 étages, c’est par exemple le cas de la ville de Shibam au
:
Yemen. Pour des climats bien plus humides et froids tels que la Belgique, France, Allemagne, il
est plus probable d’être limité en hauteur. Toutefois, il est possible de trouver des immeubles
en terre crue de 6/7 étages en Allemagne, par exemple.

Shibam, Jemen Weilburg, Allemagne - 1830

© Wikimedia © Wikimedia

Quelles sont les performances techniques de la


construction en terre crue ?
Performance mécanique [#performance-mcanique]
Performance thermique et hygroscopique [#performance-thermique-et-hygroscopique]
Masse volumique de la terre crue [#masse-volumique]
Performance acoustique [#performance-acoustique]
Résistance au feu et sécurité incendie [#rsistance-au-feu-et-scurit-incendie]
Résistance aux catastrophes naturelles [#rsistance-aux-catastrophes-naturelles]
Conclusion [#conclusion]

Performance mécanique
Le graphe ci-dessous illustre le positionnement de la terre crue sur la résistance à la
compression par rapport à d’autres matériaux d’un point de vue de la résistance à la
compression :

Résistance à la compression
:
Source : AMACO © Bruxelles Environnement

La terre crue comprimée, que ce soient des adobes, le pisé ou des blocs de terre comprimés
(BTC), atteint des valeurs de résistance en compression de 7 MPa maximum, pour des éléments
non-stabilisés [#stabilisation].

La résistance mécanique de la terre crue est plus faible que celle du béton. Il s’agit désormais
de comprendre à quel point cela est limitant dans la réalisation de structure : bâtiments à
nombre d’étage limité, architecture spécifique, etc.

Il n’est pas possible de prédire la résistance à la compression d’une terre sans la mesurer
expérimentalement car le lien entre la microstructure de la terre et ses propriétés mécaniques
macroscopiques est très complexe.

Il est nécessaire de trouver le bon compromis entre performances mécaniques et les


performances thermiques. En effet, plus la matière est dense, plus le matériau est résistant, au
détriment des performances thermiques : les porosités et interstices remplis d’air jouent le rôle
d’isolant dans un matériau, car l’air a une très faible conductivité.

Performance thermique et hygroscopique


La terre crue a des performances similaires au béton en termes de conductivité thermique,
comme le montre le graphique ci-dessous :

Conductivité thermique de la terre crue


:
© Bruxelles Environnement

La terre crue est reconnue pour réguler l’humidité de l’air intérieur. En effet, grâce à l’argile
qu’elle contient, la terre crue peut absorber jusqu’à 3% de son poids en vapeur d’eau (variation
de 4% à 7%). Ainsi, la terre absorbe l’excès de vapeur d’eau contenue dans l’air intérieur, et la
restitue si celui-ci s’assèche.

Ces capacités d’absorption/désorption de la vapeur d’eau confèrent également les propriétés


d’inertie thermique à la terre crue. En hiver, la vapeur d’eau absorbée se condense dans le mur
en libérant de la chaleur. En été, l’évaporation de l’eau stockée dans le mur le rafraîchit en
absorbant la chaleur.

La terre crue offre donc une grande inertie thermique en régulant la chaleur grâce à ses
propriétés hygroscopiques.

Performances thermiques d’un mur en pisé


:
Source « Du grain de sable au mur en terre crue, caractéristiques physico-chimiques de la matière terre crue
» Basile Cloquet © Bruxelles Environnement

Les propriétés thermiques et hygroscopiques de la terre crue permettent donc la conservation


et stabilisation de la température intérieure même en cas de variations extrêmes.

Masse volumique de la terre crue


Les masses volumiques des techniques de construction terre crue se répartissent sur les
mêmes plages de valeurs que des matériaux conventionnels.

Comparaison des masses volumiques des différents types de terre crue et de matériaux
conventionnels

© Bruxelles Environnement

Performance acoustique
:
La terre crue présente de bonnes propriétés
Mur intérieur en pisé
acoustiques.

Plus un matériau est lourd, mieux il isole des


bruits aériens. En acoustique, c’est ce qui est
appelé la loi de masse. Or, tel que mis en
avant précédemment [#masse-volumique], la
masse volumique du pisé, de la bauge et de
l’adobe sont proches de celle de la terre cuite
et du béton. Leurs performances en termes
d’isolation acoustique sont donc
comparables. © S. Bronchart

Apprenez en plus l’acoustique et la loi de


masse dans le Dossier | Assurer le confort
acoustique des
bâtiments [https://guidebatimentdurable.brussels/
assurer-confort-acoustique-batiments].

Des finitions non lissées en terre crue sont


des matériaux à porosité ouverte ce qui leur
confère une bonne capacité d’absorption
acoustique et donc d’intéressantes
propriétés de correction acoustique.

Il a été mesuré que les panneaux de terre crue et les BTC ont de très bonnes performances
dans les basses fréquences et n’ont pas de fréquence propre marquée.

La construction terre crue se prête également à la conception d’une cloison séparative entre
logements selon un système masse – ressort – masse.

Découvrez le principe masse – ressort – masse au sein de la Solution | Double mur massif et
acoustique [https://guidebatimentdurable.brussels/acoustique-dun-double-mur-massif].

Résistance au feu et sécurité incendie


Les matériaux en terre sont ininflammables (selon la DIN 4102). Un mur de 25 cm d’épaisseur à
une résistance au feu de 4 heures d’après des tests CISRO. Des murs en bottes de paille
recouverts d’un enduit en terre peuvent atteindre une résistance au feu de 2 heures (EN1365 -
:
1). En cas d’achat de matériaux à base de terre crue, la résistance au feu peut-être fournie par
le producteur.

Résistance aux catastrophes naturelles


La construction en terre crue n’est pas adaptée à l’eau en grande quantité. En effet, en
présence de flux incontrôlés, les cycles absorption-désorption de la terre sont perturbés.
L’accumulation d’eau peut entraîner la modification de l’état physico-chimique de la matière
(par exemple un retour à l’état plastique ou visqueux) et peut conduire à des effondrements de
la structure.

Il est donc peu pertinent de construire en terre crue sur des zones inondables.

Conclusion
La terre crue offre de bonnes performances mécaniques, thermiques, acoustiques avec une
bonne résistance au feu, son inconvénient est sa sensibilité à l’eau.

Quel entretien prévoir pour la construction terre


crue ?
La terre crue offre une grande facilité de
FORT V, Edegem. Premier bâtiment public
réparation en termes d’outillage et de
(contemporain) en terre crue du Benelux.
matériau (matériau identique à la
Brique d'argile comme structure portante
construction).
et gardée comme finition intérieure
Selon le climat et la technique de
construction terre cure utilisée il faut prévoir
un contrôle, voir un entretien du matériau.
Cela peut aller jusqu’à une fréquence
annuelle. Une construction soumise à
l’érosion peut se voir ajouter une couche
additionnelle de terre crue lors d’entretiens.
Les dommages mécaniques ou l'usure des
murs peuvent être réparés avec le même
matériau grâce à la plasticité de la terre (par © Thomas Noceto
ajout d’eau), et ne nécessite pas d’énergie
supplémentaire.

Normes et réglementations
:
Peu de normes existent actuellement pour la construction en terre crue. Notamment, en
Belgique, les normes sont absentes ou en cours d’élaboration. Le tableau ci-dessous reprend
les principales normes existantes par pays et par type application :

Briques crues Mortier de Enduit de terre crue / Enduit


terre crue d’argile

Allemagne DIN 18945 + DIN 18940 DIN 18946 + DIN 18947


DIN18940

France XP P13-901 Absente Absente

(2001 – révision profonde article


v2020)

Belgique Absente Absente En cours d’élaboration par


Buildwise

+ NIT 284

Concernant les imperfections de type défauts et endommagements sur briques, l’acceptation


est de l’ordre de 5-10% maximum en concertation entre les parties.

Par ailleurs, plusieurs Atex’en sont disponibles et/ou rédaction (Atex 2588 et Cycle-terre).

En Wallonie, les informations techniques pour l'enduit intérieur figurent dans le cahier des
charges types CCTB “Cahier des Charges Type-Bâtiments : 54.17.1a Enduits à base d'argile”.
Pour la Flandre, les documents sont élaborés par Buildwise.

Quelles sont les limites de la terre crue ?


Le développement de la construction terre crue est limité par les facteurs suivants :

compétitivité sur le marché, notamment par rapport au coût de la matière ;


coût d’exécution élevés pour centaines technique comme le pisé ou le torchis ;
peu de normes et de certificats ;
durée de construction pouvant être longue selon les techniques employées (dû au temps
de séchage) ;
:
capacité structurelle limitée par rapport au béton ;
résistance à l’eau limitée.

S’inspirer
Projets

Consultez Retours d’expériences d’un artisan-entrepreneur, la réalité sur


chantier [https://environnement.brussels/pro/outils-et-donnees/supports-de-formations-et-
seminaires/supports-des-seminaires-batiment-durable-2021#26022021-terre-crue-et-constructions-
contemporaines-bruxelles] issu du Séminaire Bâtiment Durable | Terre crue et constructions
contemporaines à Bruxelles (2021).

Techniques de terre crue sur le marché Belge


De nombreuses techniques de terre crue sont commercialisées et accessibles sur le marché
Belge.

La Région de Bruxelles Capitale compte une entreprise qui fabrique des BTC, enduits et du pisé
à une échelle industrielle à partir de terres de déblai de chantiers.

BC Materials [https://bcmaterials.org] © Tim Van de BC Materials [https://bcmaterials.org] © Jasper Van der


Velde linden, Héarchitectuur, Het Leemniscaat
:
© Druwid [https://www.druwid.com] © Druwid [https://www.druwid.com]

Aller plus loin


Autres publications de Bruxelles Environnement
Séminaires Bâtiment Durable (2021). Terre crue et constructions contemporaines à
Bruxelles [https://environnement.brussels/pro/outils-et-donnees/supports-de-formations-et-
seminaires/supports-des-seminaires-batiment-durable-2021#26022021-terre-crue-et-constructions-
contemporaines-bruxelles]. Bruxelles, Belgique.
Formations Bâtiment Durable (2022). Economie circulaire : terre
crue [https://environnement.brussels/pro/outils-et-donnees/supports-de-formations-et-
seminaires/supports-des-formations-batiment-durable-2022#economie-circulaire-terre-crue]. Bruxelles,
Belgique.

Bibliographie
DETHIER Jean (2019). Habiter la terre. L'art de bâtir en terre crue. Flammarion. ISBN :
9782081442818 (FR)
MARCOM Alain (2011). Construire en terre-paille. Terre Vivante. ISBN :
2360980491 [tel:2360980491] (FR)
HOUBEN Hugo, GUILLAUD Hubert. CRATerre (2006). Traité de construction en
terre [https://www.editionsparentheses.com/IMG/pdf/p161_traite_de_construction_en_terre.pdf]. 3e
édition. Marseille, France : Éditions Parenthèses [https://www.editionsparentheses.com/traite-de-
construction-en-terre]. ISBN 2-86364-161-1 (FR)
ANGER Romain, FONTAINE Laetitia (2009). Bâtir en terre, du grain de sable à l’architecture.
France. Belin. ISBN : 2701152046 [tel:2701152046] (FR)
VOLHARD Franz (2016), Construire en terre allégée, Actes sud, CRAterre, ENSAG (FR)
PAULUS Jehanne (2015). Construction en Terre Crue: Dispositions qualitatives,
constructives et
architecturales [https://matheo.uliege.be/bitstream/2268.2/2355/1/TFE%20Jehanne%20Paulus.pdf].
:
Thèse Master en Ingénieur Civil Architecte. Université de Liège – Faculté des Sciences
Appliquées (FR)
ARPE Normandie (2019). Fiche matériau Terre - Guide des Éco-
matériaux [https://arpenormandie.org/wp-content/uploads/2020/01/20200123_WEBFiche-Type-
Terre_Globale.pdf]. Normandie, France (FR)

Sites web
Approche éco-habitat [https://www.approche-ecohabitat.org/]

Dernière révision le 09/04/2024


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