Séquence 4

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Introduction à la science politique 1

Séquence 4 : L’État : Éléments constitutifs et évolutifs

Introduction à la science politique 1


Ibrahima Silla
Séquence 4 : L’État : Éléments constitutifs et évolutifs

Section 1 : Les traits caractéristiques de l’État moderne


- L’État est défini comme une personne morale de droit public exerçant une puissance souveraine sur une
population dans le cadre d’un territoire délimité par des frontières.
- Trois critères peuvent donc être retenus : la souveraineté, le territoire et la population.
- L’État désigne une société politiquement organisée et le pouvoir qui s’exerce en son sein.
- L’État comme le lieu où le phénomène de la politique se manifeste dans sa dimension la plus achevée.
- L’État comme le cadre de déploiement institutionnel du politique.
- L’État est un type d’organisation politique des sociétés ou une forme de gouvernement apparue en Europe
à l’époque moderne au lendemain du Traité de Westphalie en 1648.
- L’existence de l’État implique l’édiction de règles de droits politiques et l’organisation de la société civile.
- L’État a connu un processus évolutif et s’est diffusé hors de son territoire d’origine.
- Il est le résultat de processus spécifiques propres à chaque aire culturelle.
- Avant l’État, il y avait l’existence de formes d’organisation politique comme l’empire, la cité ou les
monarchies patrimoniales.
- La conception marxiste de l’État comme instrument de domination.
- La conception wébérienne de l’État comme « instrument de régulation revendiquant avec succès, dans
l’application des règlements, le monopole de la contrainte légitime ». (Max Weber).

A– L’institutionnalisation du pouvoir
- L’État comme volonté d’institutionnaliser le pouvoir.
- L’institutionnalisation du pouvoir renvoie à une conception de l’obéissance des citoyens à une institution
et non à un homme.
- L’institutionnalisation renvoie à l’idée selon laquelle le pouvoir ne peut être exercé à titre de prérogative
personnelle et donc contre l’arbitraire.
- Distinction entre la fonction de chef et l’individu.
- L’institutionnalisation a pour objet de définir les prérogatives et obligations de tous ceux qui exercent du
pouvoir au nom de l’État.
- L’institutionnalisation par la Constitution, charte fondamentale qui renferme l’ensemble des règles qui
régissent l’organisation, la répartition, les compétences et le fonctionnement des pouvoirs publics
étatiques.

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B– La sécularisation de l’État
- Sur quelles bases organiser la vie politique ? Des bases religieuses ou pas ?
- La sécularisation comme principe de séparation du religieux et du politique dans la conduite de l’État.
- Principe de séparation entre le spirituel et le temporel.
- Principe d’organisation du pouvoir.
- Comme la condition d’émergence d’un espace politique autonome indépendant des commandements
divins et de l’autorité religieuse.
- Autonomisation du pouvoir politique après un long conflit avec les détenteurs du pouvoir spirituel
prétendant au pouvoir.
- Affaiblissement de la religion dans la conduite des affaires politiques.
- Primauté de la loi des hommes sur celle de Dieu.
- Le principe de la sécularisation ne s’est pas imposé partout.
- La relation souvent compliquée et conflictuelle entre les deux instances.
- La loi sur la laïcité comme principe républicain fondamental pour mieux gérer les interférences entre le
politique et le religieux.
- La laïcité constitue une garantie et non une entrave à la liberté de culte.
- Laïque ne veut pas dire sans religion ou anti-religion.
- L’espace public n’est pas totalement exempt de toute référence à la religion.
- Les usages de la religion à des fins politiques.
- Les contradictions liées à la laïcité et à la sécularisation dans les États.
- La difficulté de la séparation étanche entre la religion et la politique.

C– La centralisation de l’État et du pouvoir


- L’État se présente comme un pouvoir centralisé qui exerce son autorité sur un territoire.
- La supériorité de ce pouvoir sur tout autre pouvoir.
- L’unification du processus d’édiction des normes juridiques qui régissent l’ordre social.
- L’emprise de l’État sur l’économie.
- L’existence d’une force publique en charge de l’application des normes juridiques placée sous une autorité
unique.
- Centralisation de la coercition : Une monopolisation de la contrainte légitime.
- L’État procède à la centralisation d’une pluralité d’ordre émanant de ses démembrements et structures.
- Renforcement de cette centralisation par la construction d’un appareil administratif.
- Cette centralisation exige une dépatrimonialisation de l’État : séparation des ressources publiques de celles
des gouvernants.
- Peu d’États remplissent parfaitement ces modalités, ce type-idéal de l’organisation centralisé de l’État fort.

D– La spécialisation des agents


- Une nécessité fondamentale dans la gestion de l’État.
- La spécialisation renvoie à une différenciation des rôles politiques.
- L’émergence de représentants et d’agents de l’État.
- L’existence de professionnels de la politique nommés ou de représentants élus qui exercent un mandat à
temps complet et rémunérés.
- Le recrutement des agents de l’État sur des critères de compétence en principe, par le concours.
- L’exigence d’une acquisition de savoirs spécifiques, plus ou moins techniques, en raison de l’importance
du potentiel humain au sein de la fonction publique, sans lequel le cadre est réduit à vide et dépourvu de
toute existence réelle.

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Section 2 : L’État en Afrique : historicité ou importation ?

A– La thèse de l’importation de l’État en Afrique


- L’État n’est pas le produit d’une invention locale en Afrique.
- L’importation du modèle étatique en Afrique par le biais de la colonisation.
- « L’État importé n’a qu’une forme fictive, inadaptée et exposée à d’autres formes d’organisation plus
réelles ».
- L’importation de l’État aurait déstructuré les sociétés concernées.
- L’importation de l’État dans la déformation de ces modalités d’organisation et de fonctionnement.
- L’uniformisation illusoire de l’État occidental.
- La crise de l’important du modèle étatique : greffe et rejet de l’État.
- Les carences de l’État au regard de l’État wébérien.
- L’État concurrencé par des réseaux, culturels, religieux, etc.
- L’État comme une « coquille vide ».
- Néopatrimonialisme et déficit d’institutionnalisation de l’État.
- Faiblesse de la rationalisation de l’administration.
- L’insatisfaction du critère de sécularisation.
- La souveraineté malmenée.
- Toutefois, certaines étatisations réussies.

B– La thèse de l’historicité de l’État en Afrique


- L’idée d’une prédominance dans les temps anciens d’un modèle d’organisation sociale qui, sans ignorer le
principe de l’État, en limitait la centralisation.
- L’appropriation de l’État par les populations concernées.
- La trajectoire historique singulière de l’Afrique marquée par l’hybridation entre les répertoires autochtones
et les répertoires allogènes.
- L’Afrique est, certes, orpheline d’une grande tradition étatique qui ne doit pas cependant pousser à en
conclure que l’État est « un pur produit d’importation » plaquées sur des réalités sociales et culturelles qui
lui seraient étrangères.
- L’État instauré par le colonisateur a fait l’objet d’un double mouvement d’appropriation par les peuples et
les acteurs sociaux autochtones au mieux de leurs intérêts ; Il a été interprété par ceux-ci en fonction de
leurs représentations culturelles propres.
- L’État africain serait doté selon Bayart d’une histoire propre.
- Bien des traits de la vie politique et de l’État attestent son enracinement et non son inadaptation.
- L’État non-occidental ne peut pas être considéré comme la « copie ratée » de son modèle européen.
- Il est loin d’être en déclin, en dépit des apparences.
- On assiste à un renforcement croissant et évolutif considérable des États en Afrique.

C– Les vraies raisons de l’instabilité institutionnelle et politique en


Afrique
- Les luttes d’influence et de clan.
- Les modes anti-démocratiques de conquête du pouvoir.
- Les coups d’États.
- Les modes et modalités d’exercice du pouvoir.
- Les modes de succession au pouvoir : crises de successions et successions de crises.
- L’acuité de la concurrence et de la compétition qui divise le personnel.

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- La rivalité entre les leaders et entrepreneurs politiques.


- L’intensité des luttes d’influence perceptibles partout : dans l’administration, au cœur du pouvoir, dans les
collectivités locales, les syndicats, les chefferies coutumières, les confréries, les mouvements religieux
indépendantistes, les sectes, les lobbies, etc.
- L’élimination physique des rivaux.
- La main basse sur les richesses par une oligarchie au pouvoir.
- Les passions radicales autour des élections.
- Une instabilité à relativiser toutefois, en raison des transitions politiques pacifiques et la stabilité
constitutionnelle et politique enregistrées dans certains pays.

D– Les enjeux contemporains de la déconcentration et de la


décentralisation
- La décentralisation comme un enjeu contemporain en matière d’organisation administrative.
- Faire la distinction entre autorité déconcentrée et autorité décentralisée.
- L’autorité déconcentrée est sous la dépendance d’un supérieur hiérarchique aux instructions duquel elle
doit obéissance et qui détient de plein droit le pouvoir d’annuler ses décisions.
- L’autorité décentralisée n’a pas de supérieur hiérarchique. Elle dispose d’un pouvoir de décision autonome
qu’elle exerce sous la simple surveillance d’un représentant de l’État, l’autorité de tutelle.
- L’avantage de la déconcentration de rapprocher les administrés de l’administration ; pour moins de lenteur
et plus d’efficacité.
- CF. L’acte 3 de la décentralisation en cours au Sénégal pour la communalisation intégrale et plus
d’autonomie pour les collectivités territoriales.

Section 3 : Les conquêtes et dimensions de la citoyenneté


- La citoyenneté comme l’une des bases essentielles du politique.
- Elle peut être définie comme l’ensemble des droits découlant de l’appartenance à une communauté
politique ; un lien juridique ayant à sa base une solidarité effective d’existence.
- A ne pas confondre avec la nationalité qui renvoie à l’appartenance des personnes à un peuple de citoyens
dont l’existence est reconnue par le droit international.
- Le statut de citoyen définit en particulier les droits démocratiques que chacun peut revendiquer de manière
réflexive pour changer sa situation juridique.
- Il y a dans la citoyenneté un droit et un devoir de se préoccuper de la structure de l’État et de son
fonctionnement.
- L’État est le garant de la citoyenneté.

A– L’État-nation
- La citoyenneté se déploie dans le cadre de l’État-nation.
- La nation se présente comme le trait constitutif de l’identité politique des citoyens d’une communauté
démocratique.
- Avec l’État-nation, volonté de créer du commun avec de l’hétérogène ; une communauté nationale à partir
des différences communautaristes ; faire société.
- La nation est à la fois la condition et l’expression de la démocratie.
- Le nationalisme comme l’effet pervers de l’affirmation identitaire rejetant la diversité.
- Le nationalisme est une théorie de la légitimité politique qui exige que les limites ethniques coïncident
avec les limites politiques.
- La conception française de la nation comprise comme un « libre choix ».
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- La conception allemande de la nation comprise comme une « communauté de langue et de race ».

B– La citoyenneté civile
- La citoyenneté civile renvoie aux droits dits civils : liberté de parole, d’expression, de pensée, de religion,
l’égalité devant la loi, l’ensemble des droits de l’homme.
- Elle indispensable à la prise de l’individu comme citoyen.
- La subjectivation de la liberté moderne s’ancre dans la citoyenneté civile.
- La citoyenneté renvoie sous cet angle à l’appartenance civique qui l’emporte sur toutes les autres
appartenances : ethniques, claniques, régionales, religieuses, etc.
- La citoyenneté civile encourage l’oubli de soi-même.
- La solidarité comme une dimension fondamentale qui complète la citoyenneté entendue comme un devoir
à accomplir qu’un droit à revendiquer.

C– La citoyenneté politique
La citoyenneté politique renvoie :
- Au droit de suffrage étendu aux couches populaires.
- Au passage progressif au suffrage universel.
- Au droit de participer à l’exercice du pouvoir politique.
- Dans les sociétés démocratiques, le rôle du citoyen est clairement défini par une gamme très large de
moyens d’action et d’expression offerts à chacun pour l’exercer sans peine et sans trop de risques.
- Le droit de voter.
- Le droit d’exprimer librement son opinion ; de se rassembler ; de pétitionner ; de se syndiquer ; de faire
grève ; de manifester, etc.
- L’expérimentation croissante d’un nombre important de dispositifs participatifs.

D– La citoyenneté sociale
- La citoyenneté sociale s’étend avec l’État-providence au domaine économique et social.
- La citoyenneté sociale requiert la garantie par l’État des conditions minimales d’existence : instruction,
santé, emploi, bien-être économique, sécurité.
- Une citoyenneté sociale qui a permis de s’émanciper de la « culture de sujétion » pour s’ancrer dans la
culture démocratique.
- Conquête de nouvelles dimensions de la citoyenneté sociale à la faveur d’impitoyables luttes sociales et
politiques progressistes.
- Cette conquête ne s’est pas faite sans affrontements, violences et souffrances.
- La citoyenneté sociale est aussi une citoyenneté au service de la communauté.

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Section 4 : L’État face aux dynamiques intégratives et fragmentaires

A– Les conceptions classiques de la souveraineté


- La combinaison de ces trois éléments que sont la population, le territoire et le gouvernement, permet en
principe à un État de revendiquer sa souveraineté.
- La souveraineté désigne le pouvoir suprême reconnu à l’État.
- La souveraineté est ce qui permet à l’État d’imposer des décisions qui ont des effets directs.
- La souveraineté se situe à deux niveaux :
- La souveraineté interne qui lui permet de disposer de l’autorité exclusive ; de jouir du principe de non-
ingérence ou non-immixtion dans ses affaires intérieures ;
- La souveraineté externe qui l’autorise à ne reconnaître aucune autorité au-dessus de lui ; à reconnaître tout
autre État comme son égal.
- D’une conception de la souveraineté entendue comme plénitude de puissance, on est passé à une
conception juridico-politique de la souveraineté.
- L’État délimité ses frontières pour marquer les limites souveraines de sa juridiction ; d’unifier le territoire
et de surveiller efficacement ses ressortissants ; utiliser cet espace comme un instrument d’action politique,
militaire et économique ; d’assurer ses fonctions régaliennes.
- La souveraineté renvoie à la « loi du monopole » qui correspond à 2 monopoles : monopole fiscal et
monopole de la contrainte légitime.

B– La souveraineté face à l’intégration régionale et la mondialisation


- Confrontation aujourd’hui des États à la « fragmégration » (concentration de fragmentation et
d’intégration).
- Une dynamique d’intégration qui conduit les États à entretenir des relations de coopération politique,
économique ou juridique.
- Constitution de pôles et communautés d’intégration régionale et d’harmonisation des politiques étrangères,
commerciales ou autre.
- L’intégration passe par la rationalisation et la maximisation concertées des avantages dans l’espace
concerné.
- La construction de l’intégration passe notamment par l’instauration d’institutions communautaires.
- Une dynamique de fragmentation qui est tout le contraire de la dynamique intégrative.
- Dislocation et séparation.
- Volonté de sécession et d’autonomie politique génératrice de troubles, divisions et conflits dans les États.
- Partitions étatiques.
- La mondialisation comme une interaction mutuelle générale qui n’ébranle pas forcément la souveraineté
des États.
- La transformation de l’économie mondiale qui tend vers la constitution d’un marché unique mondial de
biens et services, des échanges, des transports, du capital et du travail.
- L’universalisation progressive du libéralisme économique.
- L’incapacité des États à contrôler les flux transnationaux économiques qui pénètrent sur leurs territoires.
- La dilution de la souveraineté étatique dans des ensembles plus vastes (UA, UE, etc.).
- La difficulté des États à maîtriser et contrôler leurs frontières et leurs monopoles.
- L’accentuation des flux de communication établissant des connexions entre sociétés et individus ; d’un
flux culturel mondial difficilement contrôlable.
- L’accentuation des mouvements de population.
- L’accentuation des transferts de technologie.
- La densification des flux transnationaux.
- La montée en puissance de nouveaux acteurs (firmes multinationales, ONG, mafias, groupes terroristes,
etc.).

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C– De la souveraineté étatique à la souveraineté des droits de l’homme


- Reconsidération de la souveraineté étatique au nom de la souveraineté des droits de l’homme.
- Primauté de la souveraineté des droits de l’homme.
- Des restrictions de la souveraineté de l’État au nom de la sécurité humaine et de la responsabilité de
protéger.
- Remise en cause des principes de non-ingérence dans les affaires intérieures de l’État avec le droit et le
devoir d’ingérence humanitaire.
- Le droit international au-dessus du bon vouloir des États.
- Des critiques contre cette nouvelle forme d’impérialisme qui utilisent l’ingérence humanitaire comme
alibi.

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