Accords Sykes Picot 1916

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Accords Sykes-Picot

9 et 16 mai 2016

En pleine guerre mondiale, le Britannique sir Mark Sykes et le Français François Georges-Picot
négocient un accord qui prévoit le démantèlement de l'empire ottoman après la guerre et le
partage du monde arabe entre les deux Alliés.

Les Français se réservent le Liban, la Syrie et la région de Mossoul, au nord de la Mésopotamie ;

les Britanniques le reste de la Mésopotamie (Irak) et la Transjordanie.

La Palestine doit devenir zone internationale et le port d'Alexandrette (Syrie) acquérir le statut de
port franc.

L'accord est signé à Londres le 16 mai 1916 par sir Edward Grey, ministre britannique des
Affaires étrangères, et Paul Cambon, ambassadeur de France.

Il sera modifié à la marge par Lloyd George et Clemenceau, le 1er décembre 1918, de façon toute
aussi secrète, Londres s'octroyant toute la Mésopotamie, y compris Mossoul, ainsi que la
Palestine ; Paris la Syrie toute entière et une part de la Turkish Petroleum.

Par cet accord secret, mais qui sera dévoilé dès 1917, les Alliés violent outrageusement la
promesse faite aux Arabes de leur offrir une indépendance complète en contrepartie de leur aide
contre les Turcs, promesse dont le «colonel» Thomas Edward Lawrence, dit «Lawrence
d'Arabie» s'était porté garant auprès de l'influent chérif de La Mecque, Hussein, et de son fils
Fayçal.

La conférence de San Remo, du 19 au 26 avril 1920, confirme l'accord Sykes-Picot et les


protectorats de Londres et Paris sur le Moyen-Orient. Une bonne partie des soubresauts actuels
du monde arabe résultent de l'application de cet accord.

Source : Document dactylographié original publié par le ministère français des affaires
étrangères. Par suite d'une erreur, le document ne propose pas la page 5 de l'accord, que
nous avons dû compléter. Le document, trouvé dans les archives du gouvernement russe, a
été publié initialement par le gouvernement bolchevik, pour dénoncer la politique
impérialiste des Français et des Britanniques. 1

1 http://mjp.univ-perp.fr/constit/sy1916.htm

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9 Mai 1916 : Lettre de Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres,

à Son Excellence Sir Edward Grey, secrétaire d'État britannique aux affaires étrangères

9 Mai 1916.

Monsieur le secrétaire d'État,

Désireux d'entrer dans les vues du Gouvernement du Roi et de chercher à détacher les Arabes des
Turcs en facilitant la création d'un État ou d'une confédération d'États arabes, le Gouvernement de
la République [française] avait accepté l'invitation qui lui avait été adressée par le cabinet
britannique en vue de fixer les limites de cet État et des régions syriennes où les intérêts français
sont prédominants.

A la suite des conférences qui ont eu lieu à ce sujet à Londres et des pourparlers qui se sont
poursuivis à Pétrograd un accord s'est établi. J'ai été chargé de faire connaître à Votre Excellence
que le Gouvernement français accepte les limites telles qu'elles ont été fixées sur les cartes signées
par Sir Mark Sykes et M. Georges Picot, ainsi que les conditions diverses formulées au cours de ces
discussions.

Il demeure donc entendu que :

1. La France et la Grande-Bretagne sont disposées à reconnaître et à soutenir un État arabe


indépendant ou une confédération d'États arabes dans les zones (A) et (B) indiquées sur la carte ci-
jointe, sous la suzeraineté d'un chef arabe. Dans la zone (A), la France, et, dans la zone (B), la
Grande-Bretagne, auront un droit de priorité sur les entreprises et les emprunts locaux. Dans la
zone (A), la France et dans la zone (B) la Grande-Bretagne, seront seules à fournir des conseillers
ou des fonctionnaires étrangers à la demande de l'État arabe ou de la Confédération d'États
arabes.

2. Dans la zone bleue la France, et dans la zone rouge la Grande-Bretagne, seront autorisées à
établir telle administration directe ou indirecte ou tel contrôle qu'elles désirent, et qu'elles jugeront
convenable d'établir, après entente avec l'État ou la Confédération d'États arabes.

3. Dans la zone brune sera établie une administration internationale dont la forme devra être
décidée après consultation avec la Russie, et ensuite d'accord avec les autres alliés et les
représentants du chérif de la Mecque.

4. Il sera accordé à la Grande-Bretagne, (1) les ports de Caifa et d'Acre ; (2) la garantie d'une
quantité définie d'eau du Tigre et de l'Euphrate dans la zone (a) pour la zone (b). Le Gouvernement
de Sa Majesté de son côté s'engage à n'entreprendre à aucun moment des négociations en vue de la
cession de Chypre à une tierce Puissance sans le consentement préalable du Gouvernement
français.

5. Alexandrette sera un port franc en ce qui concerne l'Empire britannique et il ne sera pas établi
de droits de ports, ni d'avantages particuliers refusés à la Marine et aux marchandises anglaises ; il
y aura libre transit pour les marchandises anglaises par Alexandrette et par chemin de fer à travers
la zone bleue que ces marchandises soient destinées à la zone rouge, la zone (B), la zone (A) ou en
proviennent ; et aucune différence ne sera établie (directement ou indirectement) au dépens des
marchandises anglaises sur quelque chemin de fer que ce soit, comme au dépens de marchandises
ou de navires anglais dans tout port desservant les zones mentionnées.

Caifa sera un port franc en ce qui concerne le commerce de la France, de ses colonies et de ses
protectorats et il n'y aura ni différence de traitement ni avantage dans les dans les droits de port

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qui puisse être refusé à la Marine ou aux marchandises françaises. Il y aura libre transit pour les
marchandises françaises par Caifa et par le chemin de fer anglais à travers la zone brune que ces
marchandises soient en provenance ou à destination de la zone bleue, de la zone (a) ou de la zone
(b) et il n'y aura aucune différence de traitement directe ou indirecte au dépens des marchandises
françaises sur quelque chemin de fer que ce soit, comme au dépens des marchandises ou des
navires français dans quelque port que ce soit desservant les zones mentionnées.

6. Dans la zone (A) le chemin de fer de Bagdad ne sera pas prolongé vers le sud au-delà de
Mossoul, et dans la zone (B) vers le nord au-delà de Samarra, jusqu'à ce qu'un chemin de fer
reliant Bagdad à Alep dans la vallée de l'Euphrate ait été terminé et cela seulement avec concours
des deux gouvernements.

7. La Grande-Bretagne aura le droit de construire, d'administrer et d'être seule propriétaire d'un


chemin de fer reliant Caifa avec la zone (B). Elle aura en outre un droit perpétuel de transporter
ses troupes, en tout temps le long de cette ligne. Il doit être entendu par les deux gouvernements
que ce chemin de fer doit faciliter la jonction de Bagdad et de Caifa et il est de plus entendu que si
les difficultés techniques et les dépenses encourues pour l'entretien de cette ligne de jonction dans
la zone brune en rendent l'exécution impraticable, le Gouvernement français sera disposé à
envisager que la dite ligne puisse traverser le polygone Barries-Keis Maril-Silbrad-Tel Hotsda-
Mesuire avant d'atteindre la zone (B). [voir note]

8. Pour une période de 20 ans les tarifs douaniers turcs resteront en vigueur dans toute l'étendue
des zones bleue et rouge aussi bien que dans les zones (a) et (b) et aucune augmentation dans le
taux des droits ou changement des droits "ad valorem" en droits spécifiques ne pourra être faite si
ce n'est avec le consentement des deux Puissances.

Il n'y aura pas de douanes intérieures entre aucune des zones ci-dessus mentionnées. Les droits de
douanes prélevables sur les marchandises destinées à l'intérieur seront exigés aux ports d'entrée et
transmis à l'administration de la zone destinataire.

9. Il sera entendu que le Gouvernement français n'entreprendra, à aucun moment, aucune


négociation pour la cession de ses droits, et ne cédera les droits qu'il possèdera dans la zone bleue
à aucune tierce Puissance, si ce n'est l'État ou la Confédération d'États arabes, sans l'agrément
préalable du Gouvernement de Sa Majesté, qui, de son côté, donnera une assurance semblable au
Gouvernement français en ce qui concerne la zone rouge.

10. Les gouvernements anglais et français, en tant que protecteurs de l'État arabe, se mettront
d'accord pour ne pas acquérir, et ne consentiront pas à ce qu'une tierce Puissance acquière de
possessions territoriales dans la Péninsule arabique, ou construise une base navale dans les îles sur
la côte est de la mer Rouge. Ceci n'empêchera pas telle rectification de la frontière d'Aden qui
pourra être jugée nécessaire, par suite de la récente agression des Turcs.

11. Les négociations avec les Arabes pour les frontières de l'État ou de la Confédération d'États
arabes continueront, par les mêmes voies que précédemment, au nom des deux puissances.

12. Il est convenu que des mesures de contrôle des importations d'armes dans les territoires arabes
seront prises par les deux gouvernements.

Note : Le texte anglais mentionne à l'alinéa 7 : Banias, Keis Marib, Salkhad Tell Otsda, Mesmie !

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