MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE Université Virtuelle du Sénégal
SUPPORT DE COURS UVS 2014 LICENCE 1 SOC
LICENCE 1
SOCIOLOGIE et
ANTHROPOLOGIE GENERALE
SOCIOLOG
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Introductio
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NDIAYE
e pte u r : Pr Lamine
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Enseignan
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Octobre 2014
SUPPORT DE COURS UVS 2014 LICENCE 1 SOC
Chapitre 1 : Généralités
1 Introduction
Initier à l’anthropologie est la modeste tâche que s’est assigné ce cours destiné aux étudiants de Licence 1.
Il s’agit précisément d’une initiation plutôt que d’une volonté de faire savoir et connaître tout à des néophytes
qui vont prendre contact et faire l’expérience, peut-être pour la première fois, d’une discipline qui relève des
sciences humaines et sociales.
L’idée première c’est de ne pas prendre l’anthropologie pour ce qu’elle n’est pas. Elle n’est pas un art, elle n’est pas
non plus une façon, à soi, de comprendre les phénomènes socio-culturels, voire les comportements des êtres
humains dans leur quotidienneté.
Elle se veut, avant tout, une science au sens de sciences de l’homme et de la société. Le but de toute activité
scientifique étant d’accumuler de la connaissance, du savoir qui s’emploie à s’ériger en « vérité », il se pose alors
la question de savoir s’il est possible de disposer d’un « savoir total » sur un « objet » de recherche. Cela n’est
pas la vocation de l’anthropologie.
Ainsi, une attitude s’impose qui consiste à recueillir des informations réalistes, c’est-à-dire objectivement
sélectionnées sur la base d’observation et de participation et d’entretiens. Dans cette perspective, le recours à
des procédures qui permettent au chercheur de construire son ou ses expérience(s) de « terrain en faits sociaux
est une condition sine qua non. Il incombera donc au chercheur en anthropologie de comprendre comment ces
phénomènes sont appréhendés et vécus par ceux qui les ont faits exister et au travers desquels ils s’exercent en
les agitant du dehors et du dedans ; comment un groupe donné vit tel fait d’échange, par exemple. Cette attitude
exige un esprit critique, d’analyse du vécu du groupe en question ; esprit analytique qui n’a de sens que dans la
prise en compte des représentations, des symboles, des images et des imageries, des affects qui font la spécificité
et même la particularité du groupe en question.
2 Objet de l’anthropologie et évolution
La conception qu’on a eu de l’anthropologie, l’objet de sa recherche ont varié selon les écoles de pensée, parfois
selon les spécialistes.
Il y a quelques années encore l’ethnologie était considérée comme l’étude des sociétés qu’on disait sans écriture
ou sans machinisme, pour ne pas dire « primitives ».
On caractérisait alors la spécificité de cette discipline par son champ de recherche. Mais rapidement de le terme
de « primitif » a été récusé, en raison de son contenu péjoratif et parce qu’il était associé dans la pensée des
auteurs du XIXe siècle à l’idée de sociétés proches de l’état de nature, « sauvages» ou « barbares ».
On concevait alors que ces peuples sans écriture, sans histoire étaient à l’origine de la chaîne de l’évolution
humaine et donc en opposition radicale avec nos sociétés, dites « civilisées » (Lombard, 2004).
3 La mort du « primitif »
Sur le plan sémantique, c’est le terme de primitif qui pose véritablement problème l’expression de « société
primitive » née des théories évolutionnistes du XIXe siècle a eu dès le départ une signification péjorative et
donc difficilement acceptée « elle sous-entendu que les groupes ethniques auxquels elle s’intéressait sont plus
proches de l’état de nature. Ainsi on les considère comme des peuples inférieurs aux populations des sociétés
dites « civilisées ». C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’utilisation du terme « primitif » reste gênante
; ce vocable étant dès le départ, associé à « barbare », « sauvage ».
Le mot lui-même est en voie de disparition à la suite des études de plus en plus nombreuses menées précisément
chez ces peuples, dont on a progressivement découvert la complexité et parfois même la richesse culturelle.
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L’un des plus grands ethnologues français, Claude Lévi-Strauss, a écrit dans ce qui
est devenu classique de la réflexion pour les étudiants (Race et histoire, p.32 et 46)
qu’il n’existait pas de « peuples enfants »et que les aborigènes australiens, apparemment
si « primitifs », connaissaient une organisation familiale si complexe que la nôtre,
pourrait-on ajouter, apparaît en regard comme bien élémentaire. Et il multipliait
les exemples de ce types, tant chez les Esquimaux que dans les sociétés d’Extrême-
Orient, si réputés dans la connaissance du domaine « des rapports entre le physique
et la morale » (Lombard, 2004).
Mais, si le « primitif » disparait du vocabulaire des sciences de l’homme, les peuples
eux-mêmes, qu’on qualifie ainsi, sont en voie de disparition et il est alors permis de
se demander si l’objet d’étude de l’ethnologie est encore valide.
Sauf dans de rares endroits, les sociétés « primitives » ont été fortement marquées par les techniques, les
influences, parfois même les valeurs de l’Occident, si bien que les organisations, les modes de pensée, les
croyances originales et spécifiques qu’étudiait le chercheur ont été totalement transformés et ont donné
naissance à de nouvelles cultures.
Les colonisations d’abord, la monétarisation de l’économie, l’apparition de la propriété privé, l’émergence de
nouveaux États indépendants ont fait éclater toutes ces sociétés autarciques d’autrefois, accédant brutalement à
l’Histoire universelle (Lombard, 2004).
4 De nouvelles conceptions et une nouvelle approche
C’est la raison pour laquelle l’ethnologie a déserté progressivement le champ du « primitif » pour s’orienter
d’une façon plus générale vers tout ce qui est société et culture étrangère, c’est-à-dire étrangère » à celle dans
laquelle l’esprit a été formé » ( P. Mercier, « anthropologie sociale », in Poirier, Ethnologie générale, p. 891),
pour s’intéresser aux communautés de petites dimensions, où les relations sont restées interpersonnelles, les
spécialisations économiques et professionnelles moins marquées. Sociétés rurales des campagnes traditionnelles,
communautés plus ou moins isolés, plus ou moins homogènes, où les relations directe et de parenté domine
prédominent et où les techniques sont simples.
Mais aussi collectivités urbaines, où les études ethnologiques se sont multipliées depuis quelque temps,
communautés ethnique ou religieuses, groupes de voisinage et de quartier, si bien que l’ethnologue n’a plus
vraiment de domaine de recherche strictement délimité. Ce changement du champ d’investigation finit donc
par faire de l’ethnologie autant une démarche qu’une discipline, c’est-à-dire une science concernée surtout
par les groupes ou les sociétés de petites dimensions, mais utilisant des méthodes et des techniques fondées
sur l’oralité, l’observation, l’entretien, voire la biographie, que sur les statistiques ou les enquêtes lourdes, avec
questionnaires de larges envergures (Lombard, 2004).
La démarche en anthropologie (dans les ressources du cours)
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