Péché Et Grâce ESSONO
Péché Et Grâce ESSONO
Péché Et Grâce ESSONO
Le Péché originel n’est pas un simple mot mais une réalité à cause de la révolte de
l’homme.
Le mont péché originel n’existe pas dans la Bible1. C’est un no que les théologiens ont
donné. Il comporte deux choses.
D’abord par le péché d’Adam et Eve au Jardin d’Eden ce péché a ouvert l’espace
du péché ce qui fait que cela nous concerne désormais.
Cette assertion peut se justifier du fait que Dieu reproche à l’Homme d’avoir écouté
non pas le serpent mais la femme. Quant à la femme, celle-ci ne reçoit aucun reproche. 2 Tout
1
Il est apparu au IVe siècle par Saint Augustin.
2
Parce que la femme ne pouvait opposer aucune résistance au serpent. En ce sens qu’il s’agit là d’une rencontre
inédite et il y a là une inégalité entre les deux.
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compte fait, le mal reste un Mystère. Le péché ou mal survient dans une Création Bonne. Bien
qu’il soit grave, le mal ni absolu ni premier, c’est le Bien qui l’est.
Ici l’on ne parlera plus de satan car ce n’est pas sur lui qu’il y’aura des conséquences,
mais plutôt sur l’Homme.
Première chose, Adam et Eve ont douté de Dieu. Et pour cela, le doute est aussi entrainé
entre Adam et Eve. Conséquence il y a rupture de l’Homme avec Dieu. C’est la plus grave
conséquence.
Par ailleurs, entre l’homme et sa femme, il y a désormais des tensions. Mais c’est
l’homme qui porte le plus grand poids.
On peut donc se poser la question de savoir : qu’est ce qui s’est passé avant la chute
d’Adam et Eve ?
Selon le récit, il existait une certaine harmonie, intimité, une familiarité avec Dieu. En
dehors de cala, rien d’autre n’est précisé avant la chute de l’Homme. L’auteur du chapitre 3
ne nous relate pas ce qui s’est passé avant la chute, ce qui l’intéresse c’est le péché et ses
conséquences.
La chute d’Adam intervient au cours d’une création bonne. Ce qui laisse entendre que
le Mal ou le Péché c’est le dernier mot ; c’est un évènement qui survient dans le temps, le mal
n’est pas un commencement absolu. Et dans Gn 3 intervient le proto-évangile : l’annonce. Par
conséquent le péché ouvre au Salut. Le serpent sera vaincu – l’homme triomphera sur le
serpent – le mal sera vaincu (Gn 3, 14-19).
3
Il n’y a donc pas d’âge pour mourir.
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Chapitre II
LE LIVRE DE JOB
Le livre de Job traite de manière magistrale le problème du mal. Situé au Ive siècle
avant Jésus Christ, c’est un livre récent. L’auteur s’appuie beaucoup plus sur le livre de la
Genèse. Dans ce livre, on justifie le mal par le péché des ancêtres. A cette époque l’on
considère que les maladies, les épreuves sont les conséquences du péché. Que le succès et la
réussite sont des signes de la sainteté. Alors l’auteur pose le problème de la souffrance et de la
mort. Il introduit un personnage que l’on ne connaissait pas : Satan. Celui-ci n’est pas ici
présenté comme l’adversaire de Dieu, mais plutôt comme son complice. Ses adversaires sont
les hommes.
Ce Satan dont parle ce livre de Job n’est pas le diable, mais plutôt l’avocat du diable.
Job souffre et tout le monde l’accuse d’être pécheur alors que lui-même pense le
contraire. Lui il accuse Yahvé de son mal ; il n’a cependant pas tort en ce sens que Yahvé a
donné l’autorisation à Satan de le lui faire. Job est témoin de la souffrance de l’Homme sous
toutes ses formes. Mais il nous est dit par l’auteur que : la souffrance c’est le secret de la
création ; c’est le secret de la sagesse. » Par conséquent, nous ne pouvons avoir l’idée de
la souffrance dans le monde qu’en revenant à la création et à la sagesse de Dieu. C’est lié
au Mystère de Dieu.
Chapitre III :
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Ces données tournent autour de trois points : l’origine du péché, sa propagation dans le
monde et le péché en nous.
Selon les pères grecs représentés par Iréné c’est par sa faute volontaire que l’Homme
est tombé dans le péché et par voie de conséquence dans la mort. Dieu n’est pas l’auteur de
la mor. L’ensemble des pères jusqu’au Ive admettent une détérioration de la nature héritée
d’Adam. Mais voilà qu’un laïc : Pélage, n’admet pas que le péché d’Adam ait pu nuire à ceux
qui n’ont pas péché, car selon lui, il n’y a pas de péché inscrit dans la nature. Selon lui,
chaque homme nait dans l’état d’Adam avant sa faute ; la mort n’est pas le châtiment du
péché, elle est naturelle, car Adam n’était pas immortel dans son corps de plus, c’est rendre
Dieu injuste que de penser qu’il impute aux fils d’Adam le péché personnel de leur père. Pour
Pélage, Adam a nui par l’exemple de sa désobéissance à ceux qui l’imitent en péchant eux-
mêmes personnellement, lesquels encourent alors la sentence de la mort éternelle. A côté de
cette réflexion, Iréné et Tertullien enseignent que la faute d’Adam a eu des conséquences pour
tout le monde à savoir la perte de ressemblance avec Dieu et la soumission aux assauts du
Diable. C’est pourquoi nous sommes en puissance de péché et de mort.
C’est au IVe siècle qu’apparait le mot péché originel et on pense qu’il est transmis par
hérédité. C’est Augustin qui va élaborer la théologie du péché originel en réaction contre
Pélage. La théologie du magistère va s’engouffrer dans cette polémique entre Augustin et
Pélage. Mais c’est la doctrine de Saint Augustin qu’il va privilégier.
Le premier concile qui parle du péché originel c’est celui de Carthage en 418. Il
affirme que :
La mortalité de l’homme n’est pas une nécessité de nature lais une conséquence
du péché d’Adam.
Les enfants sont atteints du péché originel et le Baptême pour la rémission des
péchés s’impose.
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Les affirmations de ces trois Conciles nous sont proposées à titre normatif. Pour
comprendre ces enseignements on doit tenir compte du contexte de ces Conciles et des
moyens conceptuels qu’ils utilisent, car si on relie le péché originel à la nature, on s’engage
dans des impasses. C’est pourquoi nous retenons essentiellement l’enseignement de ces
conciles, qui fait partie de la foi de l’Eglise et qui est résumé de façon assez intéressante dans
le C.E.C. en trois ou quatre propositions N° 415-420.
Etabli dans un état de Sainteté, l’Homme séduit par le malin dès le début de l’histoire, a abusé
de sa liberté en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu.
Par son péché, Adam en tant que premier Homme a perdu la Sainteté et la Justice originelle
qu’il avait reçues de Dieu ; non seulement pour lui, mais pour tous les humains.
A leur descendance, Adam et Eve ont transmis la nature humaine blessée par leur premier
péché et donc privée de la Sainteté et de la Justice originelle. Cette privation est appelée Péché
Originel.
On conséquence du péché originel, la nature humaine est affaiblie dans ses forces, soumise à la
souffrance, à l’ignorance et à la domination de la mort et inclinée au péché. C’est cette
inclination qu’on appelle la concupiscence.
La victoire sur le péché remportée par le Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que
le péché nous avait ôtés : « là où le péché a abondé, la Grâce a surabondé »4
Nous nous référons ici au traité fait par Vatican II, même s’il n’a pas traité de manière
spécifique du péché originel. Mais dans Lumen Gentium N° 2 et dans Gaudium et Spes N°
13-22 ? Vatican II enseigne en plein accord avec la Révélation et le Magistère antérieur, le
fait du péché originel, de son universalité ainsi que les tristes conséquences de ce péché.
Mais le Concile ne présente pas le péché originel comme l’unique source du mal dans
l’humanité. Il y a déséquilibre fondamental qui prend racine dans le cœur de l’Homme.
C’est en effet en l’homme que de nombreux éléments se combattent ; c’est en lui-même
qu’il souffre d’illusions et c’est de là que naissent au sein de la société tant et de ci
grandes discordes.
Ce qui est intéressant dans cette affirmation de Vatican II, c’est que l’ensemble est
encadré par l’affirmation Christologique : le Mystère du péché originel a des liens très
étroits avec le Mystère du Verbe Incarné. Le péché originel est donc en fait un carrefour
qui conditionne toute la vie chrétienne. C’est une réalité de la foi, car en dehors de la foi il
est difficile d’en parler. Le péché originel est une réalité relative c’est-à-dire qu’il doit
être mis en relation à ce à quoi on ne peut pas ne pas le relier à savoir le Mystère du
christ. En réalité donc, le mystère de l’homme ne peut s’éclairer véritablement que
dans le mystère du Verbe incarné.
Adam en effet était la figure de celui qui devait venir : le Christ ; Nouvel Adam
dans la révélation même du Père et de son amour manifeste pleinement l’Homme à
lui-même5. On ne peut pas parler du péché originel sans le Salut que nous apporte Jésus-
Christ. En fait, Dieu veut faire de nous ses fils en son Fils et nous faire partager la vie
même de la Trinité. Dans ce dessein de Dieu se manifeste la vraie unité du Genre humain.
Celle-ci n’est pas à chercher dans le fait que les hommes descendent d’un ancêtre
commun (Adam) mais elle est l’effet de l’acte créateur posé par Dieu en son Fils. Ce qui
signifie que l’unité du genre humain se fonde moins sur le Monogénisme Adamique
(humain), mais se fonde plus sur le monogénisme Divin 6. Cette unité du genre humain
tel qu’elle est posée du point de vue de Dieu, c’est celle-là aussi qui nous est présentée du
point de vue de l’homme à travers le fait du péché originel. Le péché originel rend compte
5
Gaudium et Spes n° 22
6
Donc l’humanité se fonde plus sur le fait que nous ayons Dieu pour Père et non que nous ayons Adam pour
ancêtre
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Sauf la Vierge Marie en ce sens qu’elle a participé à la rédemption.
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DEUXIEME PARTIE
LA GRACE
Le mot grâce est profane, en effet c’est Saint Paul qui le récupère du grec ; il lui
donnera pour signification une faveur gratuite. Dans l’Ancien Testament il signifiait la
gratuité. Il sera donc introduit dans le Nouveau Testament par Saint Paul dans des sens assez
variés, mais le sens fondamental du mot grâce chez Saint Paul c’est la bienveillance et
l’amour de Dieu qui se manifestent dans le don de son Fils. Et cette grâce se manifeste de
façon éclatante dans la mort et la résurrection de ce Fils dans me Mystère pascale. Parce que
Dieu nous aime éternellement et gratuitement qu’il nous donne son Fils. Donc en fait, la
grâce c’est Dieu lui-même se donnant aux Hommes en son Fils Jésus Christ dans la force de
l’Esprit. Mais l’usage du mot grâce est rare dans les évangiles ; il est totalement absent chez
Matthieu et Marc, on le rencontre huit fois chez Saint Luc et chez Saint Jean trois fois.
1. L’Alliance
2. La Sagesse
Selon le livre de la Sagesse, la sagesse n’est rien d’autre que Dieu lui-même se
communicant à l’homme. Il donne aux créatures quelque chose de sa bonté, mais à
l’Homme il communique sa nature même c’est-à-dire sa sagesse.
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3. La prière
C’est ce que montre la prière des Psaumes, car, le Dieu des Psaumes est le
Dieu de l’alliance, de la tendresse, de la bonté et de la fidélité de Dieu. C’est pourquoi
on implore le pardon de ce Dieu Bon et le croyant sait que ce pardon est gratuit. Il
attend de Dieu la protection contre le mal, mais aussi son assistance pour éviter le
péché et le courage pour persévérer dans le Bien. Dans plusieurs Psaumes, le fidèle
cherche la présence et l’amour de Dieu.
Le mot grâce apparait rarement chez les synoptiques ; mais la réalité de la grâce est
présente à travers les termes du Royaume et de la Filiation divine.
La doctrine de Paul est centrée sur le principe des deux Adam : l’ancêtre et le nouveau
(Jésus). C’est deux sont aussi le principe de toute l’humanité : l’humanité ancienne et
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Cette annonce que nous sommes fils dans le Fils, se fait par l’Esprit, cet Esprit qui
nous incorpore au Christ et nous identifie à Lui.
La pensée de Jean est dominée par le mystère de l’incarnation : le Verbe s’est fait
chair. Ce qui va se réaliser à la fin des temps se manifeste déjà dans la Vie, la Mort et la
Résurrection du Christ ; au point que en communiant à la vie du Christ le Chrétien créé une
communion à la vie de ses frères au point que l’Amour fraternel c’est déjà le signe de la
présence de Dieu au milieu de nous et précisément l’Esprit Saint traduit cette présence de
Dieu et cette fraternité par les charismes8.
Dans sa deuxième épitre on rencontre une formule très claire qui se présente comme le
don Dieu aux hommes ; qui se révèle comme possibilité et promesse pour eux de participer à
la nature divine : « car sa divine puissance nous a fait connaitre celui qui nous a appelé par
sa propre gloire et vertu ; par elle, les plus grandes promesses vous sont données afin que
8
On peut en distinguer deux sortes de charismes : les charismes ordinaires et les charismes hiérarchiques
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vous deveniez ainsi participants de la nature divine, vous étant arrachée à la corruption qui
est dans le monde9.»
Pour Iréné le baptême est une seconde naissance qui se fait par le don de l’Esprit.
Dans ses catéchèses baptismales, Cyril de Jérusalem essaie de préciser ce qu’est la grâce
baptismale : rémission des péchés, régénération de l’âme, vêtement de lumière.
En tout, pour les pères grecs, la grâce se révèle comme régénération de l’homme par
le baptême.
En identifiant cette divinisation à l’adoption filiale, St Iréné affirme que le Verbe s’est fait
Homme pour que l’homme devienne de Dieu.10
9
Cf. 2P 1, 3-4
10
Cf. Contre les hérésies Chapitre 3, 19
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Saint Basile Legrand dit que l’Esprit conduit les créatures à leur perfection et à leur
achèvement. La créature est sanctifier et elle reçoit la
Cyrille d’Alexandrie souligne le rôle du Saint Esprit dans l’union des âmes à Dieu.
Le gnosticisme : cette hérésie s’est développée au cours des trois premiers siècles de
l’Eglise ; elle prétend offrir à ses adeptes une connaissance supérieure à celle du Judaïsme et à
celle du Christianisme naissant. Elle prétendait un dualisme radical entre le monde des corps
et l monde des esprits.
Concernant la doctrine de la grâce, les gnostiques estiment que la grâce n’a pas pour
but de transformer et de sanctifier l’Homme tout entier ; car l’Homme ne peut pas être atteint
dans sa partie psychique11 donc, pour eux, l’inconduite morale ne nuit pas à la grâce.
Iréné de Lyon va insister pour dire que la grâce n’est pas une propriété « inamissible »
11
C’est-à-dire l’Esprit reste intact, intouchable
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Augustin a été déclaré docteur de la grâce ; pour bien comprendre sa théologie on doit
partir de son expérience personnelle au moment de sa conversion. A la lumière de St Paul,
Augustin a compris que sa conversion n’était pas le résultat de ses efforts, mais l’œuvre
créatrice de Dieu. Son histoire personnelle et l’hérésie de Pélage, vont l’aider à élaborer sa
théologie de la grâce. Cette théorie part de deux grandes affirmations : l’Homme est pécheur
et la nécessité et la gratuité de la grâce pour cet Homme pécheur. Évidemment l’Homme
pécheur c’est cet Homme-là qui à la suite du péché d’Adam et Eve a perdu la liberté d’aimer
de la bien et de l’accomplir. C’est donc Dieu lui-même qui rétablit l’Homme dans cette
liberté et dans ce pouvoir en lui accordant la grâce de la justification12.
La grâce de la justification et la foi sont inaugurées par le Baptême. Le Baptême est ici
évoqué parce qu’il nous permet de faire la jonction entre la démarche de Dieu et celle de
l’Homme. Lors du Baptême c’est l’homme qui fait la démarche vers Dieu et ainsi justifié par
le pardon des péchés.
La grâce du Baptême qui est une grâce de la justification a plusieurs dimensions : c’est
une grâce nous guérit (gracia Sanas), c’est une grâce qui nous libère (gracia libère) et c’est
12
Qui est l’action de Dieu qui convertit radicalement le pécheur en faisant de sa volonté une volonté bonne,
capable de faire des actions bonnes.
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une grâce qui nous élève à la condition des fils de Dieu (gracia levans). L’effet de la grâce
c’est la Charité.
Augustin distingue également la grâce actuelle qui est le secours de Dieu après la
justification pour qu’il puisse accomplir des œuvres salutaires et persévérer dans le bien. Le
fait pour Augustin de penser à la grâce actuelle signifie que l’Homme justifié a encore en lui
une certaine impuissance à persévérer dans le Bien. Cette impuissance est doublée par ce que
l’on appelle la concupiscence. Il est vrai que cette grâce actuelle est à la fois adjuvente (nous
aide à répondre à la volonté de Dieu) et elle peut être efficace. On ne peut pas mériter la grâce
par les œuvres.
Par ailleurs, Augustin perçoit la grâce sous son aspect dynamique en tant que action de
Dieu venant au secours de l’Homme pécheur et lui restituant la liberté d’aimer le bien et de
l’accomplir. Cette approche St Augustin a su mettre en relief la causalité divine dans l’œuvre
du Salut. Mais, il n’a pas suffisamment développé la part de la liberté humaine.
Après la mort d’Augustin, les débats ont continué parce qu’il s’agit de la
compréhension du salut de l’Homme dans le Mystère de sa relation avec Dieu. Dans ces
débats trois positions émergent dont les deux plus importantes sont la contre-réforme et le
Concile de Trente.
2. La réforme
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La doctrine de la réforme de Luther est conditionnée par trois facteurs : son expérience
personnelle, l’influence de saint Augustin interprétant St Paul et le contexte ecclésial de
l’époque.
La doctrine de la justification par la foi sans les œuvres est centrale chez Luther. A
l’origine de cette doctrine, il y a la découverte de l’Epitre aux Romains et son interprétation
que donnait St Augustin. Radicalement corrompu par le péché originel, l’Homme est voué à
la damnation d’où l’angoisse permanente. C’est l’Epitre de Saint Paul au Romains qui va
libérer Luther de son angoisse et surtout cette petite formule : « le juste vivra par la foi »13
cela veut dire que l’Homme est justifié par Dieu au moyen de sa foi indépendamment de ses
œuvres, mais seulement à cause des mérites du Christ mort en Croix. 14 Seule la foi peut
justifier l’Homme, d’où la sola fide.
Le contexte ecclésial de l’époque fait que Luther rejette l’autorité de l’Eglise. La seule
autorité pour lui est celle de la Parole de Dieu : sola scriptura.
Le terme justification est un terme Paulinien qui signifie l’initiative de Dieu de faire grâce
à l’Homme d’être sauvé. Luther en tant que disciple d’Augustin, partage le pécimisme sur
l’Homme qui vient d’Augustin. Il dira donc que la perversion de l’Homme est totale, de sorte
que tout ce qu’il fait ne peut être que péché. Ainsi donc se justifie l’absolu gratuité de la grâce
qui, seule justifie l’Homme : sola gratia.
Donc, Dieu déclare qu’il nous fait grâce en nous imputant les mérites du Christ.
Seulement, cette déclaration de grâce n’opère réellement rien en nous 15 nous sommes déclaré
juste par la faveur de Dieu, mais en réalité nous ne le sommes pas. D’où la célèbre formule
simul peccator et justus. L’analyse de ces propos de Luther revient donc à dire que la grâce
demeure extérieure à l’Homme et ne change rien en celui-ci.
13
Rm 1, 17
14
Cela signifie en outre que l’Homme ne peut rien sans ses œuvres
15
C’est-à-dire que cela ne nous transforme pas ; ne nous renouvèle pas intérieurement
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3. Le Concile de Trente
Il a publié un décret sur la justification en 1547, celui-ci décrit le plan de salut du Dieu et
sa réalisation pour les hommes. Il rappelle ensuite les conséquences du péché originel et la
nécessité de la Rédemption dans le Christ par le Baptême. Le décret souligne que « la
justification n’est pas une simple rémission des péchés mais est renouvellement intérieur
par lequel l’Homme reçoit les dons de la foi, de l’espérance et de la charité. L’Homme est
justifié non par une implication extrinsèque des mérites du Christ, mais par une justice qui
lui est propre. Le décret réaffirme la foi au sacrement de Pénitence et profite pour s’opposer
point par point sur les déclarations faites à propos de l’existence du purgatoire. Malgré ses
faiblesses, le justifié demeure l’ami de Dieu ; par ailleurs il revient à l’Homme de coopérer à
l’œuvre de son Salut.
Vers la fin du XXe siècle, le besoin s’est fait sentir pour une tentative d’unité grâce aux
travaux des théologiens catholiques et protestants. Du côté protestant, il y a eu le grand
dogmatitien Karl BARTH et du côté catholique Hans KUNG et Hotto BOUILLARD. Leurs
dialogues aboutiront avec l’impulsion du Concile Vatican II (concile d’ouverture) à la
signature conjointe de la déclaration commune sur la doctrine de la justification entre
les Eglises de la Fédération Luthérienne et l’Eglise Catholique ; cette déclaration a été
signée le 31 Octobre 1999 à Augsbourg16 .
16
Ce lieu a été choisi parce que c’est là où Luther a fait sa première déclaration
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En 2006, les Eglises Méthodistes se sont jointes à cette déclaration : nous confessons
ensemble :
Il s’est beaucoup appuyé sur la philosophie d’Aristote, ce qui implique qu’il va s’appuyer
sur la Raison à partir de deux affirmations :
Selon lui, la fin dernière de l’Homme c’est la béatitude éternelle qui consiste dans la
vision de l’essence de Dieu. La vision de Dieu constitue donc la vocation de l’Homme qu’il
reçoit ; cette béatitude surnaturelle est parfaite et elle dépasse les forces naturelles de
l’Homme, il s’agit d’un don de Dieu.
La nature de l’Homme est déchue par le péché, mais le péché originel n’a rien changé
ç la vocation surnaturelle de l’Homme. Mais le péché originel a privé l’Homme des moyens
qui lui permettent de tendre aisément vers la fin surnaturelle. L’Homme déchu est un Être
blessé qui a perdu sa grâce ; pour réaliser sa vie, l’Homme a besoin de la grâce du Christ, qui
d’abord doit le guérir : gratia sanans, ensuite l’élever : gratia elevant. C’est pourquoi la
première thèse. La grâce qui guérit c’est la grâce de la justification qui est nécessaire à
l’Homme déchu pour faire le bien.
Par contre la grâce qui élève, pour participer à la vie divine, la distance qui sépare la
créature de son Créateur doit être franchie, elle ne peut l’être que par l’action de Dieu qui
nous élève.
Synthèse : sur le plan de l’analyse conceptuelle, on aura toujours des difficultés. Mais
à la lumière de la foi, on peut s’en tenir à deux affirmations : si la grâce de Dieu n’aboutis
pas, c’est la faute de l’Homme et si elle réussit, la raison dernière de cette efficacité ne peut
pas provenir du consentement de l’Homme mais de l’Amour de Dieu. En s’en tenant à ces
deux propositions qui affirment la même chose, l’on n’est pas très avancé, nous aboutissons
toujours à l’impasse. C’est pourquoi on va revenir au langage plus symbolique de la Bible.
Sur le plan du phénomène17, j’ai l’impression d’agir toujours seul, que je travaille tout
seul et seul. Mais bien qu’agissant seul, ma foi me laisse comprendre que Dieu est avec moi.
Il faut le comprendre en ce sens que lorsqu’il y a une œuvre à réaliser, chacun (Dieu et
l’Homme) fiat tout de façon totale et non partielle : Dieu fait tout en tant que Dieu, et
l’Homme fait tout en qu’Homme. Il n’y a donc pas de partage à faire à ce niveau.
Dans l’agir de l’Homme, Dieu intervient pour fonder précisément notre liberté. « le
Dieu tout, fait tout en tout » mais non pas pour supprimer ces libertés que lui-même a
accordées une fois pour toute à l’Homme. Il faut plutôt dire que par sa grâce, il intervient pour
confirmer et fortifier cette liberté. Et cette liberté est l’obéissance de l’homme à la volonté de
Dieu.
La grâce n’est pas une chose mais l’action divine dans la vie de l’homme. c’est
pourquoi St Ignace de Loyola dira : prie comme si tout dépendait de Dieu et agis comme si
tout dépendait de toi. Par la prière, l’homme se situe correctement par rapport à celui qu’il
traite comme donateur (Dieu). Par l’action, l’homme se situe correctement par rapport qu’il
traite comme fondateur (Dieu). On n’est donc pas au niveau des rouages ou des causes, mais
17
Ce que je vois
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on, est au niveau des existants. En réalité, si Dieu agit seul, l’Homme est manipulé, c’est-à-
dire que sa liberté a été manipulée. Mais si l’homme se fait seul, c’est Dieu qui est
supprimé.
Le mot « grâce » est donc utilisé pour parler de la relation de l’Homme à Dieu.
Mais en se plaçant au niveau de la réalité on peut dire que la grâce est un acte propre à
l’homme, propre à Dieu. Il s’agit d’un rapport d’un être corporel à un Être qui n’est pas
corporel. La difficulté réelle est théologie c’est que la réorganisation se fait avec un sujet qui
reste mystérieux (Dieu). Mais je suis convaincu que ce « je » (ce sujet mystérieux), est en
relation avec moi et je lui fais entièrement confiance.18
« La grâce est à l’image d’une poignée de main » 19 dans une poignée de main, chacun
tient et chacun est tenu. Ce qui plait à Dieu c’est ce qui salutaire à l’homme et l’inverse est
aussi vrai.
Dans les Saintes Ecritures, il y a beaucoup de passages où l’on manifeste Dieu agissant
seul ; mais ils sont plus nombreux, les passages dans lesquels Dieu est en collaboration avec
l’Homme.
« Les Personnes divines, demeurant dans leur déité, grâce à la médiation personnelle
du Christ, ces personnes entrent d’elles-mêmes dans le sracrum conventium (relation sacrée)
avec l’Homme. »20
18
On est ici en réalité en face de deux « Je » dont l’un est visible (Dieu) et l’auteur reste vide et insaisissable
(Dieu).
19
Losrqu’on se sert la main, chacun de ceux qui agissent est même temps passif et actif. L’homme agit
totalement dans la grâce et Dieu également agit totalement.
20
Cf., Ep 1, 6
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