Correction Definitive Fiche 9 Droit Des Obligations 2023-2024

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Institut Universitaire d’Abidjan Année académique 2023-2024

LICENCE EN DROIT 1ERE ANNEE


TD DE DROIT CIVIL DES OBLIGATIONS

Chargé de cours : Dr SAMY

PROPOSITION DE CORRECTION DE LA FICHE N° 9

I- Contrôle de connaissances
Répondre par vrai ou faux
1- Un architecte est le préposé de son client
Faux, Il faut un lien de préposition entre les commettants et les préposés. Ce
lien existe quand le commettant a le droit de donner des ordres et des
instructions au préposé sur la manière de remplir la fonction qu’il lui a
confiée. A l’inverse, toutes les fois que le préposé jouit d’une certaine
indépendance à l’égard du commettant, il n’y a pas de lien de préposition ou
de subordination. C’est le cas pour les architectes.

2- Un avocat est le préposé de son client


Faux, Il faut un lien de préposition entre les commettants et les préposés. Ce
lien existe quand le commettant a le droit de donner des ordres et des
instructions au préposé sur la manière de remplir la tâche qu’il lui a confiée.
A l’inverse, toutes les fois que le préposé jouit d’une certaine indépendance
à l’égard du commettant, il n’y a pas de lien de préposition ou de
subordination. C’est le cas pour les avocats.

3- Un bagagiste qui vole dans les valises des clients de la compagnie


aérienne engage la responsabilité de la compagnie aérienne
Vrai, le juge ivoirien retient tout lien quelconque entre la faute et le service
pour retenir la responsabilité du commettant. Il y aurait abus de fonction
pour le juge ivoirien et la responsabilité de la compagnie aérienne sera
retenue.
NB : la jurisprudence française retient la responsabilité du commettant
toutes les fois que le préposé a utilisé l’occasion que lui accordait le service
pour causer un dommage à autrui. Ainsi pour le juge français, il n’y a pas
d’abus de fonction en l’espèce car le dommage n’a pas été commis en dehors
des fonctions.

4- Un gestionnaire de comptes qui effectue des opérations sur les comptes


des clients à leur insu, engage la responsabilité de l’établissement
bancaire
Vrai, le juge ivoirien retient tout lien quelconque entre la faute et le service
pour retenir la responsabilité du commettant. Il y aurait abus de fonction
pour le juge ivoirien et la responsabilité de l’établissement bancaire sera
retenue.
NB : la jurisprudence française retient la responsabilité du commettant
toutes les fois que le préposé a utilisé l’occasion que lui accordait le service
pour causer un dommage à autrui. Ainsi pour le juge français, il n’y a pas
d’abus de fonction en l’espèce car le dommage n’a pas été commis en dehors
des fonctions.

5- La responsabilité du commettant pour le fait de son préposé exonère le


préposé de sa responsabilité personnelle
Faux Le préposé demeure personnellement responsable s’il avait eu
l’intention de commettre une infraction, s’il a dépassé les ordres du
commettant, s’il a commis un abus de fonction.
Cass. Ass. plén., 14 déc. 2001, Cousin, nº 00-82066, Bull. civ. Ass. plén. N°17
; JCP G, 2002.II.10026, n. Billiau ; D., 2002.1230, n. J. Julien ; RTD civ.,
2002.109, obs. P. Jourdain ; GAJ civ., nº 228

6- Le commettant qui a indemnisé la victime pour le dommage causé par


son préposé, dispose toujours d’un recours en remboursement contre
son préposé.
Faux, Le commettant dispose d’une action récursoire contre le préposé dans
les cas suivants : abus de fonction, dépassement des ordres du commettant
ou désobéissance aux ordres du commettant.

7- Le commettant pour s’exonérer ne peut pas invoquer son absence de


faute
Vrai, Les maîtres et commettants ne peuvent s’exonérer en démontrant qu’ils
n’ont pas commis de faute car la faute du préposé est considérée comme leur
faute.
8- Le commettant pour s’exonérer peut invoquer l’absence de faute de son
préposé ou prouver que le dommage imputé à son préposé trouve sa
source dans une cause étrangère.
Oui le commettant peut s’exonérer en la personne de son préposé c’est-à-
dire comme si c’était lui qui était le préposé en invoquant l’absence de faute
de son préposé ou prouver que le dommage imputé à son préposé trouve sa
source dans une cause étrangère. Il va donc détruire tout lien entre son
préposé et le dommage survenu.
9- Lorsque la responsabilité d’un enseignant d’un établissement public est
retenue en cas de dommages causés par ou à un élève, seul l’Etat de
Côte d’Ivoire à l’exclusion de l’instituteur est poursuivi et condamné à
payer des dommages et intérêts
Oui, la victime ne pourra poursuivre que l’État, la responsabilité pécuniaire
de l’État est substituée à celle de son agent, même en cas de faute
pénalement qualifiée.
10- L’Etat qui a été condamné et qui a payé pour l’instituteur peut
toujours se retourner contre l’instituteur pour se faire rembourser
L’État peut exercer un recours contre l’instituteur qui a commis une faute
caractérisée (la faute « détachable du service ») ; en pratique, il ne le fait
jamais.

11- Un agent de sécurité chargé par son entreprise, de veiller à la


sécurité des locaux d’une société, engage la responsabilité de son
entreprise, pour avoir mis le feu aux entrepôts de la société qu’il est
chargé de surveiller.
Vrai pour la jurisprudence ivoirienne : ici il y a abus de fonction et le
juge ivoirien retient la responsabilité du commettant toutes les fois qu’il y a
un lien entre le dommage et les fonctions comme en l’espèce.
Faux pour la jurisprudence française : Le juge français avait jugé que le
commettant n’était pas responsable des dommages de son préposé dans cette
affaire car il avait commis un abus de fonction : « Les dispositions de
l’article 1384, alinéa 5 ne s’appliquent pas au commettant en cas de
dommages causés par le préposé qui, agissant sans autorisation, à des fins
étrangères à ses attributions, s’est placé hors des fonctions auxquelles il était
employé.» : Cass. Ass. plén., 17 juin 1983, Communes de Chignin et autres.
Toutefois, aujourd’hui il y a une évolution de la jurisprudence française sur
la notion de « en dehors des fonctions » car elle décide que lorsque le
préposé utilise l’occasion des fonctions comme en l’espèce il n’a pas agi en
dehors de ses fonctions et donc il n’y a plus d’abus de fonction et le
commettant serait alors tenu de réparer le dommage.

I- Résolution du Cas pratique

Qualification juridique : Les faits sont relatifs à la responsabilité du fait


d’autrui.

Problèmes juridiques :

- La responsabilité d’un artisan coiffeur peut-elle être retenue pour un


dommage causé à une cliente par son apprenti suite à une faute d’inattention
de la part de cette dernière ?
- La responsabilité de l’Etat peut-elle être engagée pour des dommages
commis par un élève dans un établissement privé, pendant qu’il était sous la
surveillance d’un enseignant du public, vacataire dans ledit établissement ?
- Un pilote d’avion chargé de pulvériser une plantation et qui commet des
dommages lors de son travail, engage-t-il la responsabilité de son
commettant dès lors qu’il a obéit aux ordres du commettant ?

I- La réparation du préjudice causé par l’apprenti coiffeur :

A- Les conditions de la responsabilité :

Règle de droit : Article 1384 al 5 et 6


Il faut trois (3) conditions :
- Il doit exister entre l’artisan et l’apprenti une relation de maître à apprenti,
c'est-à dire que l’apprenti doit recevoir une formation professionnelle de l’artisan.
Des faits il ressort que Georgette apprend le métier de coiffeuse auprès d’Angèle
coiffeuse professionnelle.
- L’apprenti doit avoir commis une faute dommageable :
En l’espèce Georgette a causé des brûlures au cuir chevelu d’une cliente suite à
une inattention.
- La faute commise par l’apprenti doit l’avoir été pendant le temps où il est
sous la surveillance de l’artisan : en l’espèce c’est le cas.
B- Les effets
Une fois les trois (3) conditions réunies, l’artisan est présumé avoir commis une
faute de surveillance et sa responsabilité est engagée.
Cependant ce dernier peut être exonéré de toute responsabilité en démontrant qu’il
n’a pas commis de faute de surveillance ou que le dommage est dû à un cas de
force majeure. En l’espèce, cette preuve sera difficile à rapporter car Georgette est
encore une apprentie malgré son expérience. Son fait n’est donc pas imprévisible
pour Angèle. Donc Angèle devrait continuer de lui accorder une certaine attention,
car des brulures du cuir chevelu au babilys ne sont pas imprévisibles en l’espèce
surtout de la part d’une apprenante fut-elle plus expérimentée. Le fait provient de
son apprenti, qu’elle est tenue de surveiller pendant les heures d’apprentissage,
donc il ne lui ai pas extérieur. En définitive, il n’ya pas de cas de force majeure.
Mme Angèle verra donc sa responsabilité engagée pour les brulures causées par
son apprenti à la cliente.
II- La responsabilité des instituteurs (des enseignants) pour le fait de
leurs élèves
Nous verrons d’abord les chances de l’action contre l’Etat(A) puis les autres
actions en indemnisation(B)

A/ Les chances de l’action contre l’Etat de Côte d’Ivoire

Problème : La responsabilité de l’Etat peut-elle être engagée pour des dommages


commis par un élève dans un établissement privé, pendant qu’il était sous la
surveillance d’un enseignant du public, vacataire dans ledit établissement ?

L’article 1384 al5 dispose que « les instituteurs et les artisans sont responsables du
dommage causé par leurs élèves et apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur
surveillance ».
Cette responsabilité des instituteurs s’applique également aux enseignants du
secondaire de l’enseignement public. Toutefois, désormais, les enseignants ne sont
plus présumés en faute car il faut rapporter la preuve de leur faute de surveillance.
De plus, en cas de faute de surveillance de l’enseignant et de dommage causé ou
subi par un élève de l’enseignement public (primaire et secondaire), c’est l’Etat qui
est garant des membres de l’enseignement public et c’est l’Etat qu’il faut
poursuivre pour la réparation du préjudice.
En l’espèce, la faute de surveillance de l’enseignant, si elle est prouvée, ainsi que
le dommage causé, l’ont été dans un établissement privé. La victime ou l’auteur du
dommage n’est pas un élève de l’enseignement public. Aussi, la responsabilité de
l’Etat de côte d’Ivoire ne pourra être engagée. Le parent d’élève ne pourra pas agir
contre l’Etat. A-t-il néanmoins d’autres possibilités de se faire indemniser ?
B/Les autres actions en indemnisation

1) Actions contre le mineur et/ou ses père et mère:


- Selon les dispositions de l’article 36 de la loi sur la minorité,
le mineur répond à l’égard des tiers, de ses délits et quasi-délits ainsi que de son
enrichissement sans cause. Aussi en matière civile, le mineur répond-il de ses actes
dommageables à l’égard des tiers. Il est donc civilement responsable. Cette
responsabilité est conjuguée avec celle des parents. En l’espèce, le parent d’élève
peut engager la responsabilité personnelle du mineur lui-même à condition qu’il
prouve une faute, un dommage et le lien de causalité entre la faute et le dommage :
article 1382 du code civil (en l’espèce les conditions semblent réunies).
- Il peut engager celle des père et mère : article 1384, alinéa 3 (passer en revue
les conditions).
2) Actions contre d’autres personnes
Il peut engager la responsabilité personnelle de l’enseignant pour défaut de
surveillance: article 1382 et 1383 du code civil
Il peut engager celle de l’établissement privé chargé d’une obligation de
surveillance des élèves pendant les heures de cours : article 1382 et 1383 du code
civil.

III- La responsabilité de la société


Article 1384, alinéa 4 du code civil
A- Les conditions de la mise en œuvre

- Il faut un lien de préposition entre les commettants et les préposés. Ce lien


existe dès lors que le commettant a le droit de donner des ordres et des
instructions au préposé sur la manière de remplir la fonction à laquelle il
l’emploie. En l’espèce Mr Alain, pilote a été engagé par une société
spécialisée dans la désinsectisation de plantations. Donc il ya un lien de
préposition.
- Le préposé doit avoir commis une faute dommageable : en l’espèce une
partie des produits a été déversée dans le potager de Mr AIME-AFFAIRE à
cause des vents contraires : il ya faute d’inattention du préposé qui a causé
des dommages matériels au voisin.
- La faute doit avoir été commise dans l’exercice de ses fonctions : en l’espèce
ici c’est lors de la pulvérisation de la plantation du couple Koffi que le
potager de Mr AIME-AFFAIRE a été touché par les produits.

B- Les effets

- L’existence d’une présomption irréfragable de la société :


Quand ces 3 conditions sont remplies, les commettants sont
automatiquement déclarés responsables des faits dommageables commis
par leurs préposés.
Cette responsabilité est très lourde car les maîtres et commettants ne
peuvent s’exonérer en démontrant qu’ils n’ont pas commis de faute. Sauf
à démontrer l’absence de faute du préposé ou que le dommage est dû à
une cause étrangère. En l’espèce, il serait difficile pour le commettant de
s’exonérer. Donc la SID risque d’être condamné à payer des dommages
intérêts au voisin.

- De l’existence d’une action récursoire de la SID contre le pilote

Si la victime agit contre le commettant et que ce dernier paye les


dommages intérêts, celui-ci pourra exercer un recours contre son préposé
en cas d’abus de fonction, de dépassement des ordres du commettant, ou
de désobéissance aux ordres du commettant. En l’espèce, le pilote Alain
est resté dans les limites des ordres reçus du commettant donc l’action
récursoire de la SID ne peut prospérer contre Alain.

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