Memoire Pascal Mbelo Kayembe

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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE DE BUNIA
« UNIBU »

B.P. 292 BUNIA

DOMAINE DES SCIENCES JURIDIQUES, POLITIQUES,


ADMINISTRATIVES & MANAGEMENT ET RELATIONS
INTERNATIONALES

DEPARTEMENT DE SCIENCE JURIDIQUE

MECANISMES DE PROTECTION DE L'ENFANT EN


VILLE DE BUNIA FACE A LA CRISE HUMANITAIRE
EN ITURI DE 2021 A 2023

Par :
Pascal MBELO KAYEMBE

Travail de fin d’étude présenté et soutenu en vue


d’obtention de Grade de Licencié en Science Juridique.

Directeur : Roméo-Paul TASILE MAWA


Professeur Associé

Encadreur : Sandrine MAVE LOKY


Assistante
i

ANNEE ACADEMIQUE 2023-2024


« Première session »

DEDICACE

À mon père Matthieu KAZADI KAYEMBE ;


À ma mère Francine AROMBO ;
À mes frères Thierry et Enock KAZADI KAYEMBE ;
À ma petite sœur Sylvie BANZA ;
À mon amie Déborah MUNGURIEK WAYKANI
ii

REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à toutes les personnes qui ont contribué à la
réalisation de ce mémoire.
Tout d'abord, je remercie chaleureusement mon Directeur, le Professeur Roméo-Paul
TASILE MAWA, pour ses précieux conseils, son soutien inestimable et sa disponibilité tout
au long de ce travail. Votre expertise et votre encouragement m'ont permis de surmonter de
nombreux défis et d'affiner mes réflexions.
Je souhaite également adresser mes remerciements à mon encadreur, l'Assistante
Sandrine MAVE LOKY dont l'accompagnement et les critiques constructives ont été
essentiels pour orienter ma recherche et améliorer la qualité de mon travail.
Mes plus sincères remerciements vont également à mes parents, qui m'ont toujours
soutenu dans mes études et mes choix. Leur amour et leur confiance en moi ont été une source
de motivation constante.
Je n'oublie pas non plus toutes les personnes et les acteurs de terrain qui ont partagé
leur temps et leurs expériences, enrichissant ainsi ma réflexion. Leur engagement envers la
protection de l'enfance a été une source d'inspiration.
Enfin, je remercie tous mes collègues et amis pour leur soutien moral et leurs
encouragements tout au long de cette aventure académique. Chacun de vous a joué un rôle
dans la réussite de ce travail, et je vous en suis profondément reconnaissant.

MBELO KAYEMBE Pascal


iii

SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ASE : Aide Sociale à l'Enfance
CADBE : Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant
CADHP : Cour africaine des droits de l'homme et des peuples
CADES : Centre d'Action Départemental pour Enfants en Situation de Risque Éducatif
CAEDBE : Comité Africain d'Experts des Droits et du Bien-être de l'enfant
CAF : Caisse d'Allocations Familiales
CDE : Comité des droits de l'enfant (ONU)
CEDH : Cour européenne des droits de l'homme
CNE : Conseil National de l'enfant
EAJE : Etablissement d'Accueil des Jeunes Enfants
EED : Enfant En Difficulté
EGE : Établissement de garde d'enfants
TPE : Tribunal pour enfant
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance
1

0. INTRODUCTION
0.1. Contexte de l'étude
Le monde est confronté depuis la fin de la guerre froide notamment, à des défis
multiples à caractères politique, économique, social, culturel et sécuritaire. Ces défis pèsent
lourdement, voire dangereusement, sur l’avenir si les droits élémentaires des individus et des
peuples ne sont pas préservés et appliqués.1
Protéger l'enfant consiste à tout mettre en œuvre pour préserver son bien-être, sa
sécurité, sa santé physique et mentale, son développement et son épanouissement. Cela
implique de lui assurer un environnement stable et sécurisé, de garantir ses droits
fondamentaux tels que l'éducation, la nourriture et l'accès aux soins de santé, et de le protéger
contre toute forme de violence, de discrimination, d'exploitation et de négligence.
L’enfant et son droit à la protection ont fait l’objet de multiples conférences et sommets
mondiaux. On assiste ainsi à un processus et une conscience universelle fondés sur une
démarche rationnelle, construite à partir de la réalité. C'est dans cette optique que marque un
travail en rapport avec l'enfant reste d'actualité.
0.2. Revue de la littérature
Nous ne sommes pas le tout premier chercheur à pouvoir mener des études sur la
problématique de la protection d'enfants. De nombreux autres chercheurs l'ont déjà fait avant
nous, dont :
CAMILLE L.2, dans son mémoire intitulé « droits des enfants : réflexion sur la
responsabilité pénale et le traitement des enfants soldats auteurs de crimes », étudie le cas
des enfants dans un contexte de la guerre.
Il invoque une question de curiosité, celle de savoir si les violations graves commises
par ces derniers ne font pas l'objet de discussion du droit international ; un dilemme apparaît
en revanche dans les esprits politiques, sociaux et surtout judiciaires quant au traitement à
adopter : faut-il considérer ces enfants comme de véritables criminels qui doivent être jugés et
condamnés en tant que tels, ou faut-il les considérer comme les victimes de conflits qui les
dépassent ?
Face à cette situation, il conclut que dans une perspective humanitaire, le discours
dominant des agences de protection de l'enfance s'est essentiellement attaché à présenter les
enfants-soldats comme les victimes impuissantes de crimes et de guerres d'adultes et que ce
phénomène renvoie en fait à des réalités extrêmement diverses d'une région du monde à une
autre, d'un conflit à un autre, voire même d'un enfant à un autre.

1
UNESCO, Recueil des textes normatifs et conventions internationales et régionales, Droit à l'éducation et
protection de l'enfant, Février 2006, P.14
2
CAMILLE L., Droit des enfants : Réflexion sur la responsabilité et le traitement des enfants-soldats auteurs de
crimes, Droit international, Mémoire, Université du Québec À Montréal,2016, Montréal,145P
2

SANDRA A.3, dans « la protection de l’enfance, un dilemme entre ruptures et continuité


des parcours », mène une étude sur la protection de l'enfant en France et démontre que la
protection de l’enfance constitue l’un des champs d’action à la fois les plus importants de la
société mais également l’un des plus en débats, à l’intérieur des politiques sociales et plus
largement au cœur de l’opinion publique.
De ce fait, il se pose cette question : comment assurer une stabilité dans la scolarité, les
loisirs et l’environnement d’un enfant s’il change de manière fréquente de lieu d’hébergement
?
Elle conclut que la protection de l’enfance mobilise de nombreux acteurs. Ce
millefeuille partenarial comporte des limites et occasionne une grande complexité : diversité
des échelons d’intervention, des institutions, des juridictions, des associations, des professions
variées, des compétences mélangées, etc.
BUNGU M. et MAZIKU E.,4 Tout enfant a droit à la vie. Ce droit est inhérent à la nature
humaine. Nul ne peut porter atteinte. L'enfant a le droit de vivre et de se développer dans sa
famille.
Des efforts doivent être fournis pour favoriser le retour de l'enfant en famille en cas de
séparation (pour cause de divorce, conflits armés, conflits avec la loi ou privé de liberté).
Partout où l'enfant vit en famille ou dans un centre d'hébergement, il doit bénéficier d'une
bonne éducation qui est considérée comme le moteur du développement de toute nation.
Départ les études menées par les précédents chercheurs qui présentent la situation des
enfants dans les différentes régions, la présente étude vise à analyser les mécanismes établis
pour la protection de l'enfance face à la crise humanitaire en Ituri et spécifiquement en Ville
de Bunia.
0.3. Problématique
L'homme, dans son vécu quotidien, veux la tranquillité pour lui permettre de mener
toutes ses actions sans aucune défaillance. Cependant, c'est depuis un certain temps que
l'homme se voit contraint à plusieurs défis provenant de la crise humanitaire ou toute autre
circonstance provoquant ainsi le déplacement de la population, les viols et abus, la
déscolarisation des enfants, etc. tant sur le plan national qu'international ou Régional. Les
enfants, étant l'avenir de demain, constituent les premières victimes de ce fléau.
L'article 19 de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l'Enfant impose
aux Etats de protéger les enfants contre toutes les formes de violence. Pourtant, les enfants se
trouvent confrontés à des niveaux élevés de violence dans toutes les sphères sociales : milieu
familial et/ou pairs et institutions avec lesquels ils sont en contact.
3
SANDRA A., La protection de l’enfance, un dilemme entre ruptures et continuité des parcours, Sciences de
l'homme et de la société, Mémoire, Université Grenoble Alpes, 2022, 98P.
4
BUNGU M. et MAZIKU E., Droit et protection de l'enfant, Kinshasa, Janvier 2005, P.18
3

Cette situation à des répercussions sur tous les droits des enfants ; par exemple, en les
empêchant de dire ce qu'ils pensent et de jouir de leur droit de participation. En particulier, les
études sur les avis des enfants indiquent que les groupes vulnérables notamment les enfants
demandeurs d'asile, les enfants vivant dans des zones défavorisées et les enfants autrement
vulnérables courent un risque accru de violence et de harcèlement.5
L'intensification de la violence, les déplacements massifs et la proximité entre les
groupes armés et les communautés entraînent une augmentation alarmante des cas de
meurtres, de mutilations et d'enlèvements d'enfants en RDC. Si la tendance se poursuit, le
pays est en passe d'atteindre de nouveaux records depuis la mise en place du mécanisme de
surveillance et de communication de l'information des Nations unies en 2005, et de dépasser
les chiffres enregistrés en 2022.
Les viols et autres actes de violence sexuelle contre les enfants ainsi que les
enlèvements d'enfants sont également en hausse. En 2021 et 2022, la RDC a enregistré le plus
grand nombre de cas vérifiés de violences sexuelles contre des enfants commises par des
forces armées et des groupes armés.6
La condition de l'enfant dans le monde en raison de sa vulnérabilité, de sa dépendance
par rapport au milieu, de son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle,
nécessitant de soins spéciaux et une protection particulière n'a cessé d'interpeller depuis un
certain temps la communauté internationale et nationale.
Connaître les représentations sur l’enfant en Afrique permet de comprendre les
dispositions spécifiques de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant au regard
de celles de la Convention relative aux droits de l’enfant.
Ces représentations ont évolué suivant les mutations sociales connues par les sociétés
africaines, dont l’une des plus importantes demeure la colonisation de ces sociétés. La
colonisation a, en effet, provoqué une rupture dans les représentations proprement africaines
en faveur des représentations européennes de l’organisation politique. Il en résulte que la
situation de l’enfant en Afrique postcoloniale est bien différente de la situation précoloniale.
En effet, dans la société africaine précoloniale, l’enfant a toujours constitué une richesse
pour la famille. Il était considéré comme une valeur très précieuse, car il représentait la
perpétuation de la force vitale du clan ou de la famille à travers les générations.
Pour cela, l’enfant jouissait d’une protection et des soins spéciaux. Il était rare dans les
milieux traditionnels africains de rencontrer des enfants abandonnés à eux-mêmes ou

5
Rapport, Obstacles aux droits des enfants aujourd'hui : qu'en pensent les enfants ?, par comité d'experts de la
stratégie du conseil de I'Europe sur les droits de l'enfant, Strasbourg, 2015, P. 10
6
UNICEF, pour chaque enfant, disponible sur https://www.unicef.org/drcongo/communique-presse/rdc-
niveaux-record-troisieme-annee -consecutive-enfants-tues-blesses, consulté le samedi 13 juillet 2024.
4

désavoués par leurs géniteurs ou par leurs familles d’appartenance. L’enfant trouvait, dès sa
naissance, un cadre familial dans lequel il pouvait vivre et s’épanouir harmonieusement. 7
Dans le souci de trouver une solution durable à cet épineux problème, l'Assemblée
générale des Nations Unies a adopté, le 20 novembre 1989, la Convention relative aux droits
de l'enfant.
Elle a ensuite fait une Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection, du
développement de l'enfant au Sommet lui consacré tenu à New York du 28 au 30 septembre
1990.
Elle a enfin, renouvelé sa ferme détermination à poursuivre ces efforts lors de sa session
spéciale consacrée aux enfants du 05 au 10 mai 2002 à New York. Les Etats africains, pour
leur part, ont adopté en juillet 1990, la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant
pour assurer une protection et porter un regard particulier sur la situation critique de
nombreux enfants à travers tout le continent.8
Mue par la Constitution du 18 février 2006 en son article 123, point 16, la République
Démocratique du Congo dont la population accorde une place centrale à l'enfant en tant que
renouvellement de l'être et de la vie, s'est résolument engagée dans la voie de faire de la
protection de l'enfant son cheval de bataille, en adhérant à la Convention 138 sur l'âge
minimum d'admission à l'emploi et à la Convention 182 sur l’interdiction des pires formes de
travail.
Cependant, en dépit des efforts déployés, de nombreux enfants continuent d'être maltraités,
discriminés, accusés de sorcellerie, infectés ou affectés par le VIH/SIDA ou sont l'objet de
trafic, Is sont privés de leur droit à la succession, aux soins de santé et à l'éducation.
Puis encore, de nombreux enfants vivent dans la rue, victimes d'exclusion sociale,
d'exploitation économique et sexuelle tandis que d'autres sont associés aux forces et groupes
armés.
C'est dans ce contexte que s'est fait sentir le besoin pressant d'élaborer dans notre pays
(RDC) la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant. Ainsi, cette loi
poursuit notamment les objectifs ci-après:
 Garantir à l'enfant le droit de bénéficier des différentes mesures à caractère
administratif, social, judiciaire, éducatif, sanitaire et autres visant à le protéger de
toutes formes d'abandon, de négligence, d'exploitation et d'atteinte physique, morale,
psychique et sexuelle ;

7
KIENGE-KIENGE I. et MALANDA M., les défis de la mise en œuvre des droits de l'enfant en Afrique centrale :
cas de la République Démocratique du Congo, dans les annales de la Faculté de Droit de l'UNIKIN, P.383
8
Préambule de CDE et CADBE
5

 Diffuser et promouvoir la culture des droits et devoirs de l'enfant et en faire connaitre


à celui-ci les particularités intrinsèques en vue de garantir l'épanouissement intégral de
sa personnalité et de le préparer à ses responsabilités citoyennes ;
 Faire participer l'enfant à tout ce qui le concerne par des moyens appropriés
susceptibles de l'aidera acquérir les vertus du travail, de l'initiative et de l'effort
personnel ;
 Cultiver en lui les valeurs de solidarité, de tolérance, de paix et de respect mutuel afin
de l'amener à prendre conscience de t'indissociabilité de ses droits et devoirs par
rapport à ceux du reste de la communauté ;
 Renforcer la responsabilité des parents, de la famille et de l'ensemble de la
communauté à l'égard de l'enfant.9
La violence dans l'est du pays se caractérise par le ciblage délibéré des civils, des
camps de déplacés, des hôpitaux et des écoles. Les enfants sont tués, mutilés, enlevés et
recrutés par des groupes armés. On constate également une augmentation alarmante des
violences sexuelles et sexistes, en particulier à l'encontre des enfants et des adolescentes.
Les enfants continuent de souffrir gravement à cause de la violence et du chaos
déclenchés par le conflit qui sévit depuis longtemps dans la province de l'Ituri. Les conditions
de vie de milliers d'enfants en Ituri se sont détériorées depuis l’intensification de la violence
au début de l’année.
Pour OSCAR D.10, le rôle de l’État à l’endroit des enfants mineurs subira
également une transformation. Ainsi, sous l’influence de groupes de pression, l’État sera
amené progressivement à favoriser la mise en place de ressources plus adéquates afin
d’assurer la protection de ses membres, notamment celle des plus faibles d’entre eux, les
enfants.
Selon CAMILLE S.11, Les droits de l’enfant, en tant que composante des droits
humains, répondent à cette même logique, une logique occidentale qui voit l’enfant comme un
individu en développement, vulnérable, immature auquel des droits doivent être reconnus
mais sans que cet enfant n’ait d’obligations particulières.
Voyant les aspects ci-haut invoqués, nous nous retrouvons devant un dilemme qui nous
pousse à nous poser quelques questions de curiosité :
 Quels sont les mécanismes de protection de l’Enfant ?
 Quelles sont les difficultés et les limites de mécanisme de protection de l’Enfant ?

9
Exposé de motif de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant.
10
OSCAR D.,«les grands systèmes : modèle de protection, modèle de justice et les perspectives d'avenir», in
service social, vol.47, n°4, 1999, P.17
11
CAMILLE S., «la conception de l'enfance en droit international humanitaire. Illustration par les enfants
travailleurs », in Revue québécoise de droit international, vol.24, n°1, P.137
6

0.4. Hypothèses
Les hypothèses sont les réponses anticipées à une question. Pour le cas sous
examen, nous les relevons à ce terme :
 Les mécanismes de protection de l’Enfant seraient l’instauration de la famille
d’accueil ou le soutien psychosocial;
 Les causes qui rendraient les mécanismes de proctetion de l’Enfant en difficulté tout
en les limitant sont entre autres : la persistance de l’activisme de groupe armé, le
traumatisme, le manque des ressources et la fragmentation de service.

0.5.Objectifs
La finalité d'un travail est d'atteindre les objectifs visés. Le présent travail a
comme objectifs :
 Analyser les mécanismes de protection de l'enfant face à la crise humanitaire.
 Identifier les difficultés et les limites de mécanisme de protection de l’Enfant.
0.6. Choix et Intérêts du sujet
0.6.1. Choix du sujet
Deux raisons nous ont motivés de traiter ce sujet, à savoir :
 La vulnérabilité des enfants : la situation de crise humanitaire engendrée par les
conflits armés en Ituri et à Bunia en particulier, a exposé les enfants à des risques de
violence, d'abus, de négligence, d'exploitation et de séparation familiale.
 L'impact sur les générations futures : en protégeant et en soutenant les enfants
touchés par la crise humanitaire, on contribue à limiter l'esprit insurrectionnel pouvant
ressortir chez les enfants de l'Ituri dans le temps à venir.
b. Intérêts du sujet
L'intérêt du sujet est un concept fondamental qui souligne la pertinence et
l'importance d'une thématique dans un contexte donné. Dans le cadre de notre recherche, voici
donc les intérêts du sujet :
 Contribution à la recherche et aux politiques publiques : en analysant les
mécanismes de protection de l'enfance, ce mémoire peut fournir des données
précieuses pour la recherche académique et pour l'élaboration de politiques publiques
visant à renforcer les mécanismes de protection des enfants en situation de crise
humanitaire.
 Sensibilisation et plaidoyer : en mettant en lumière les défis et les enjeux liés à la
protection de l'enfance en contexte de crise humanitaire, ce mémoire peut contribuer à
sensibiliser le public et les décideurs à accorder une attention particulière aux besoins
7

spécifiques des enfants dans la situation d'instabilité comme en Ituri et à encourager


des actions concrètes pour les protéger.
0.7. Cadre méthodologique
0.7.1. Méthode
La méthode de recherche fait référence à l'approche systématique et organisée
utilisée pour collecter des données, analyser des informations et parvenir à des conclusions
dans le cadre d'une étude. Elle comprend les étapes, les techniques et les outils utilisés pour
mener une recherche et répondre aux questions posées.12
La méthodologie peut varier en fonction du domaine de recherche, de l'objet
d'étude et des objectifs de la recherche. De ce fait, nous prenons en compte la méthode
juridique.
La méthode juridique est une approche d'interprétation et d'application du droit
qui repose sur l'analyse des textes juridiques, des décisions de justice et des principes
généraux du droit. Elle vise à déterminer la signification des normes juridiques, à résoudre des
cas concrets et à garantir une interprétation cohérente et juste du droit.
Cette méthode implique souvent l'utilisation de techniques telles que la
comparaison, l'interprétation systématique et la recherche des intentions du législateur.
0.7.2. Technique
La technique est un moyen permettant au chercheur d'obtenir les données. Pour ce
faire, nous prenons en compte la technique de documentation, l'observation ainsi que
l'interview.
 La documentation : est celle qui est basée sur la consultation des œuvres des savants
et d'autres chercheurs afin d'y tirer certains éléments et d'en faire usage lors de la
rédaction d'un travail scientifique.
 L'observation : est une technique qui permet au chercheur de descendre sur terrain
pour s'imprégner de manière régulière sur la situation de sa recherche.
 L'interview consiste à l'interrogation d'une catégorie des personnes envie d'obtenir
certains éléments.
0.8. Délimitation du travail
Sur le plan spatial, cette étude se mine dans la ville de Bunia, alors que sur le plan
temporel, elle se concentre de 2021 à 2023

0.9. Subdivision du travail

12
Paul N'DA, Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines, L'Harmattan, Paris, 2015, P.36
8

Le présent travail portera sur les mécanismes de protection de l'enfance en ville de


Bunia face à la crise humanitaire en Ituri. Il comprend deux chapitres, dont le premier parlera
du contexte de la crise humanitaire en Ituri et le second sur l'analyse de l'efficacité et des
limites du mécanisme de protection de l'enfance.
Chacun de ces derniers a, à son tour deux sections et deux paragraphes par section
y compris les sous points.

CHAPITRE I : CONTEXTE DE LA CRISE HUMANITAIRE EN ITURI


9

La crise humanitaire en Ituri est le résultat de conflits armés prolongés et de


rivalités ethniques. Depuis la fin des années 1990, la région de l'Ituri a été le théâtre de
violences qui ont entraîné le déplacement de millions de personnes, laissant beaucoup d'entre
elles dans des camps de réfugiés surpeuplés, où l'accès à des besoins fondamentaux tels que la
nourriture, l'eau potable et les soins médicaux est extrêmement limité.
L'insécurité persistante et l'exploitation des ressources naturelles par divers
groupes armés aggravent encore la situation. Ce chapitre est subdivisé à deux sections. La
première parle sur la situation humanitaire en Ituri et ses conséquences, et la seconde parle de
cadre institutionnel et juridique de protection d'enfants.
Section 1 : Situation humanitaire en Ituri et ses conséquences
La situation humanitaire en Ituri est précaire en raison du conflit armé qui perdure
depuis plusieurs années. Les civils sont les principales victimes de cette violence, qui a
provoqué des déplacements massifs de populations et des destructions de villages entiers. Les
conséquences sont dramatiques notamment l'insécurité alimentaire, la malnutrition, l'accès
limité aux soins de santé, l'exploitation et recrutement d'enfants soldats.
§1 Situation humanitaire
Par situation humanitaire, il faut entendre l'état des conditions de vie d'une
population affectée par des crises, telles que des conflits armés, des catastrophes naturelles,
des épidémies ou des crises économiques.
Les crises humanitaires, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, comme des
inondations et des tremblements de terre, ou de situations complexes causées par l’homme,
telles que des conflits armés et des accidents industriels, illustrent le spectre complet qui
existe entre la souffrance et la résilience humaines.
Dans toute crise humanitaire, ce sont les membres les plus vulnérables de la
société qui accusent les plus lourdes pertes. Là où la pauvreté, une piètre infrastructure, des
tensions ethniques et politiques, une instabilité économique, la destruction écologique et la
corruption sont très présentes, les situations d’urgence humanitaire peuvent paralyser la
capacité d’action et de reconstruction du pays.13
La situation humanitaire peut être encore définit comme une crise humanitaire
multidimensionnelle dans un pays, une région ou société où l’autorité s’est considérablement
effondrée, entraînant des conflits internes ou externes et qui requiert une intervention
internationale multisectorielle transcendant la capacité ou le mandat d’une seule agence et/ou
du programme national de l’ONU en cours.14

13
UNICEF, comprendre les situations d'urgence humanitaire lorsqu'une catastrophe naturelle se produit, 2010,
P.3

14
Manuel d'action humanitaire, œuvre pour un monde plus juste, Trocaire, 2015, P.7
10

A. Les conflits armés


Toute dispute impliquant le recours à la force armée entre deux ou plusieurs
parties. Le droit humanitaire international différencie les conflits armés internationaux (une
guerre impliquant deux ou plusieurs Etats, qu’une déclaration de guerre ait été émise ou non,
que les parties reconnaissent l’état de guerre ou non), des conflits armés non internationaux
(un conflit au cours duquel les forces gouvernementales combattent des insurgés armés ou
duquel des groupes armés se battent entre eux ).
Selon SYLVAIN V.15, Les Conventions de Genève de 1949, en vertu de leur
article commun 2, s'appliquent "en cas de guerre déclarée ou de tout autre conflit armé
surgissant entre deux ou plusieurs des Hautes Parties contractantes, même si l'état de guerre
n'est pas reconnu par l'une d'elles". Les situations évoquées ici opposent des États.
Les "Hautes Parties contractantes" mentionnées dans ce texte sont en effet des
entités souveraines. Selon les cas, ces situations peuvent prendre la forme soit d'une
confrontation directe entre États soit d'une intervention dans un conflit interne préexistant.
Dans cette seconde hypothèse, il y a "internationalisation" du conflit. Tel est le cas si une
Puissance étrangère envoie des troupes sur le terrain à l'appui d'un mouvement d'opposition au
gouvernement local. L'intervention peut aussi avoir lieu par procuration, lorsque cette
Puissance se contente de soutenir et guider la rébellion depuis l'extérieur.
Dans ce cas, il est alors indispensable de déterminer en quoi consiste le niveau de
contrôle permettant de qualifier le conflit armé d'international. Toute forme d’influence
n'entraîne en effet pas forcément l'internationalisation du conflit. Sur ce point, le Tribunal
pénal international pour l'ex-Yougoslavie précise que "le contrôle exercé par un Etat sur des
forces armées, des milices ou des unités paramilitaires subordonnées peut revêtir un caractère
global (mais doit aller au-delà de la simple aide financière, fourniture d'équipements militaires
ou formation). Cette condition ne va toutefois pas jusqu'à inclure l'émission d'ordres
spécifiques par l'État ou sa direction de chaque opération".
Ce critère du "contrôle global" ("overall control") est réalisé lorsque l'État étranger "joue un
rôle dans l'organisation, la coordination ou la planification des actions militaires du groupe
militaire, en plus de le financer, l'entraîner, l'équiper ou lui apporter son soutien opérationnel"
(nous soulignons)".
Il doit donc y avoir une implication plus forte qu'un simple soutien logistique,
mais cette implication ne suppose pas que toutes les actions du groupe concerné soient
dirigées par l'Etat intervenant de l'extérieur.

15
SYLVAIN V., typologie des conflits armés en droit international humanitaire : concepts juridiques et réalités
disponible sur https://international-review.icrc.org/sites/default/files/irrc-873-vite-fre.pdf consulté le lundi 07
octobre 2024 à 09 heures quart.
11

Les situations mentionnées à l'article 2 commun aux Conventions de Genève de


1949 sont envisagées sous le double aspect du formalisme et de l'effectivité. II s'agit d'une
part des guerres déclarées, qui supposent une reconnaissance officielle de l'état de guerre par
les parties impliquées.
II s'agit d'autre part des autres formes de conflits armés interétatiques, dont
l'existence ne dépend pas de la qualification que celles-ci peuvent en donner. Tandis que le
concept de guerre apparaît déjà dans les traités les plus anciens de droit international
humanitaire, les Conventions de 1949 introduisent pour la première fois la notion de conflit
armé dans ce régime juridique.
En 2004, le Secrétaire général des Nations Unies indiquait que le « triste tableau »
observé en 1998 s’était « considérablement amélioré », que seuls six pays africains étaient en
proie à des conflits et « traversés de crises politiques graves », et que la plupart des pays
africains vivaient alors une « situation politique relativement stable »
La République démocratique du Congo ne faisait cependant pas partie des pays
dont la situation s’était « considérablement améliorée ». Le pays était toujours plongé dans
une profonde instabilité malgré l’accord de paix qui avait officiellement mis fin à la guerre
cette même année.
Aujourd’hui, la République démocratique du Congo demeure en proie à une
profonde insécurité et subit encore les conséquences de ce qui a été qualifié de « guerres
continentales » et de conflits les plus meurtriers au monde depuis la Seconde Guerre.
Les conflits et les guerres constituent une caractéristique importante de l’histoire
congolaise passée et présente. La République démocratique du Congo a continué à faire face à
des conflits et à une instabilité malgré les efforts déployés aux niveaux national, régional et
international en vue de négocier pour mettre un terme aux guerres et consolider la paix.
Des accords de paix ont été signés, notamment l’accord de cessez-le-feu signé par
six pays en juillet 1999 à Lusaka, l’accord de paix de juillet 2002 entre la République
démocratique du Congo et le Rwanda pour le retrait des troupes rwandaises et le désarmement
des milices hutues rwandaises dans l’Est de la République Démocratique du Congo, et
l’accord de janvier 2008 entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et
les groupes rebelles. Des cessez-le-feu ont été signés pour permettre le rétablissement de la
paix et préparer à une transition de post-conflit en douceur. Ceci a permis la tenue d’élections
en 2006 et 2011. Mais l’insécurité continue à sévir dans le pays, en particulier dans la région
orientale.
L’incapacité des différents cessez-le-feu et accords de paix à mettre fin aux
guerres et à consolider la paix est révélatrice de problèmes non résolus profondément ancrés
12

qui perpétuent les antagonismes entre les groupes, le manque de confiance de la population et
des communautés à l’égard de l’État, et les relations conflictuelles entre la République
Démocratique du Congo et les différents pays voisins.
La plupart de ces problèmes ont des antécédents qui découlent de l’époque coloniale.
L’administration coloniale a notamment établi un système, soutenu par l’État, d’exploitation
des ressources minérales pour l’enrichissement personnel des dirigeants. Cette pratique s’est
poursuivie du règne du roi Léopold II et de l’administration coloniale belge aux régimes
d’après-indépendance.
Ainsi, à l’heure actuelle, les guerres qui font rage au sein de la République
démocratique du Congo restent associées à l’exploitation insuffisamment réglementée du
secteur des ressources naturelles, devenu le terrain de concurrence entre les acteurs
gouvernementaux et non gouvernementaux locaux et étrangers qui cherchent à tirer profit du
vide juridique et de l’insécurité.16
AMIR S. at all.,17Pendant des décennies, les tensions liées au foncier, à l’identité
et à la politique locale ont été une caractéristique constante dans de nombreuses régions de
l’Ituri, mais elles ont gagné en importance dans le contexte des grandes guerres régionales à
partir de la fin des années 1990.
L’interaction des politiques régionales et des conflits locaux a également
déclenché un nombre de coalitions éphémères lorsque le Rassemblement congolais pour la
démocratie-Kisangani/Mouvement de libération (RCD-K/ML), d’obédience Nande, s’est
séparé du RCD et a commencé à opérer en Ituri.
Si la violence en Ituri avait été moins importante pendant la première guerre du
Congo (1996-1997), au cours de laquelle Laurent-Désiré Kabila a remplacé Mobutu, la
deuxième guerre du Congo (1998-2004) a pleinement absorbé l’équilibre précaire de l’Ituri.
Entre 2000 et 2002, le gros de la violence s’est concentré autour de Bunia et à Djugu. Le
Conseil de sécurité des Nations-Unies a alors décidé de déployer une force dirigée par la
France, connue sous le nom d’Artemis, pour stabiliser l’Ituri, car la nouvelle Mission de
l’Organisation des Nations-Unies au Congo (MONUC) avait pris beaucoup de retard dans son
déploiement.
Depuis décembre 2017, la province de l’Ituri, et plus spécifiquement le territoire de Djugu, est
affectée par des violences de grande ampleur ainsi que des violations et atteintes aux droits de
l’homme commises dans un contexte de tensions interethniques entre les communautés Lendu

16
Nations-Unies, Conflits en République démocratique du Congo: Causes, impact et implications pour la région
ses Grands Lacs, 2015, P.P 1-2
17
AMIR S., at all., Violence et instabilité en Ituri : conflit, mysticisme et camouflage ethnique dans la crise de
Djugu, SÉRIE INSECURE LIVELIHOODS, 2021, P.P 13-15
13

et Hema notamment, et qui ont occasionné plusieurs centaines de victimes ainsi que des
déplacements massifs de population.18
B. Les Violations des droits humains
Les violations des droits humains se réfèrent à des actes qui portent atteinte aux
droits et libertés fondamentaux des individus, tels que le droit à la vie, à la liberté
d'expression, à un procès équitable, et à la protection contre la torture et les traitements
inhumains.
Ces violations peuvent être perpétrées par des États, des groupes armés ou d'autres
acteurs, souvent dans le cadre de conflits, de répressions politiques ou de discriminations
systémiques. Elles entraînent des souffrances considérables pour les victimes et peuvent avoir
des conséquences durables sur les sociétés.
WOLFGANG B., ay all19, le désir de protéger la dignité humaine de tous les êtres
humains est au cœur du concept des Droits Humains. En effet, ce désir place la personne
humaine au centre de toutes les préoccupations. Il est basé sur un système de valeur
universelle commune qui consacre le caractère sacré de la vie et fournit un cadre pour le
renforcement du système des Droits Humains protégés par des normes et standards
internationalement acceptés. Au cours du 20e siècle, les Droits Humains ont évolué dans un
cadre moral, politique et juridique et un schéma conçus pour délivrer notre monde de la peur
et du besoin.
« Tous les Droits Humains pour tous » fut le slogan de la conférence mondiale de
Vienne de 1993 sur les Droits Humains. Les Droits Humains responsabilisent tant les
personnes que les communautés à chercher à transformer la société en vue de la jouissance
totale de tous les Droits Humains. Les conflits doivent être résolus de façon pacifique sur la
base de l’Etat de droit dans le cadre des Droits Humains.
Cependant, les Droits Humains peuvent se contredire ; ils sont limités par les
droits et les libertés des autres ou par les exigences de moralité, d’ordre public et de bienêtre
général dans une société démocratique. Les Droits Humains des autres doivent être respectés,
pas seulement tolérés. Ils ne doivent pas être utilisés pour violer d’autres Droits Humains;
ainsi tous les conflits doivent être réglés dans le cadre des Droits Humains, même en cas
d’urgence publique et extrême des restrictions peuvent être imposées.20
Par conséquent, tout le monde, femmes, hommes, jeunes et enfants, ont besoin de connaître et
de comprendre leurs Droits Humains en rapport avec leurs préoccupations et leurs

18
HCDH-MONUSCO, Rapport public sur les conflits en territoire de Djugu, province de l’Ituri Décembre 2017 à
septembre 2019, Janvier 2020, P.4
19
WOLFGANG B., at all, comprendre les droits humains, manuel d'éducation aux droits humains, éd. Jamana,
Mali, 2004, P.P 16-20
20
DUDH, Art. 29 et 30
14

aspirations ; ceci peut se réaliser au moyen de l’éducation et de l’apprentissage aux Droits


Humains, qui peuvent être formels, informels ou non formels.
La compréhension des principes et des procédures des Droits Humains permet aux
individus de prendre part aux décisions qui déterminent leurs vies, leurs efforts en matière de
règlement des conflits et de maintien de la paix guidés par les Droits Humains, et constitue
une stratégie viable en vue d’un développement humain, social et économique axé sur la
personne humaine.
L’éducation et l’apprentissage aux Droits Humains requièrent la participation de
tous dans le processus : les acteurs, les parties prenantes, la société civile ainsi que les
gouvernements et les sociétés transnationales. Par l’apprentissage aux Droits Humains, on
peut mettre au point une vraie « culture des Droits Humains », basée sur le respect, la
protection, la mise en œuvre, l’application et la pratique des Droits Humains.
Les violations des Droits Humains révèlent des menaces faites à la sécurité humaine et par
conséquent sont utilisées comme indicateurs dans les mécanismes d’alerte précoce pour la
prévention des conflits. Cependant, les Droits Humains ont un rôle tant dans la gestion des
conflits, la transformation des conflits que dans la consolidation de la paix post-conflit.
L’éducation aux Droits Humains, à travers le transfert de connaissance, le renforcement des
aptitudes et le façonnement des attitudes représente la base d’une véritable culture de
prévention.
JEANGENE V.21, À première vue, il s’agit d’une chose et son contraire : la guerre
est tellement le lieu par excellence de la violation des droits humains que leur relation semble
se résumer à cet antagonisme primaire, l’un serait la négation de l’autre. La guerre viole les
droits et les droits ont la paix, donc l’absence de guerre, comme condition de possibilité.
Puis l’on se souvient que, contrairement aux apparences, la guerre n’est pas cet état de non-
droit où tout est permis, mais un espace normé, codifié. Il est question des droits humains
pendant la guerre pour dénoncer leur violation, certes, mais la violation des règles n’est pas la
preuve de leur inexistence mais aussi avant la guerre, puisque certains conflits sont justifiés
par la protection des droits des populations locales, ou en vertu d’un « droit de l’humanité»
qui serait un intérêt à agir.
Bref, la violation des droits humains demeure un enjeu majeur à l'échelle mondiale, affectant
des millions de personnes. Ces violations, qu'elles soient le fait d'États ou d'acteurs non
étatiques, entraînent des souffrances incommensurables et compromettent la dignité humaine.
Elles sapent également les fondements de la démocratie et de l'État de droit, créant un climat
de peur et d'impunité.
§2 Impacts de la crise humanitaire sur les enfants

21
JEANGENE V., « Droits humains et conflits armés », in philosophique, vol.42, n°2, automne 2015, P.P 231-232
15

La crise humanitaire a des conséquences dévastatrices sur les enfants, en affectant


leur santé physique et mentale, leur accès à l'éducation et leur protection.
Ils sont particulièrement vulnérables aux maladies, à la malnutrition et aux traumatismes
psychologiques dus à la violence et à la perte.
Les conflits et les catastrophes naturelles perturbent leur scolarité, compromettant
ainsi leur avenir, tandis que l'exposition à des abus et à l'exploitation augmente en raison de
l'instabilité. De plus, le déplacement forcé les prive de repères familiaux et communautaires,
nuisant à leur sentiment de sécurité et à leur développement.
A. La déscolarisation
La déscolarisation est un phénomène qui se produit lorsque des enfants ou des
jeunes abandonnent l'école avant d'avoir terminé leur scolarité ou lorsqu'ils ne sont pas
inscrits dans un établissement scolaire. Elle peut être due à plusieurs facteurs tels que le
manque de moyens financiers des parents, des conflits armés, des catastrophes naturelles, des
discriminations ou des traditions culturelles qui ne favorisent pas l'éducation des filles.
La déscolarisation peut avoir des conséquences importantes sur l'avenir de ces
enfants et peut les amener à être marginalisés sur le marché du travail et dans la société en
général. Si certains établissements éducatifs ont des enfants, cela n'est pas le cas pour tous les
enfants. A Bunia par exemple, le boulevard, le marché et d'autres avenues constituent sans
doute le milieu transformatif.
La déscolarisation, d'après les spécialistes en éducation signifie une situation au
cours de laquelle l'élève est en situation de rupture avec le système scolaire pour diverses
raisons (familiales, personnelles, économiques etc).
Dans cette situation, I'élève qui abandonne l'école sera récupéré par le système
non formel pour une éducation extra-scolaire qui n'est autre qu'une éducation reçue en dehors
du système formel ou scolaire.22
L’éducation revêt un aspect important ; son élaboration et sa réalisation ne sont
possibles que dans une société soucieuse de son épanouissement. Aussi faudra-t-il reconnaitre
qu’elle ne saurait se faire de façon désorganisée. Pour que son entreprise, axée sur
l’acquisition de connaissances et sur le développement physique et mental de l’individu,
puisse réaliser dans de bonnes conditions, il convient de mettre en œuvre un ensemble
structuré de démarches et de méthodes codifiées et susceptibles de satisfaire aux besoins de
connaissance de tout un chacun.
Le processus de décrochage scolaire est multidimensionnel, multifactoriel et donc
complexe. Les jeunes en situation de décrochage ont tous des parcours différents bien que
22
FRIDA A., INSERTION SOCIALE ET PROFESSIONNELLE DES JEUNES À RISQUE AU BÉNIN: MODÉLISATION D'UN
CENTRE-PILOTE DE JEUNESSE POUR UNE ÉDUCATION DE DEUXIÈME CHANCE, Mémoire, Loisir, culture et
tourisme, Université du Québec à Trois-Rivières, août 1998, P.58
16

certaines typologies puissent être avancées. Plutôt que de normaliser le phénomène, les
typologies et les facteurs à risque identifiés doivent permettre de le prévenir.
MARIE S.,23 L’étude des facteurs de risque du décrochage scolaire montre qu’il
s’agit plutôt de relations de corrélation que de causalité. De plus, on peut observer un
phénomène d’intériorisation qui participe à l’ancrage des situations de décrochage scolaire :
un jeune décrocheur, convaincu de l’irrévocabilité de sa situation, prend le risque de s’enliser
dans un cercle vicieux négatif.
Il est ainsi complexe mais pas impossible de remédier au décrochage. Si la
prévention est plus efficace que la réparation, travailler sur les représentations sociales du
décrochage scolaire est aussi important.
La lutte contre le décrochage se décline en deux phases : la prévention et la
réparation. Plus la période de décrochage scolaire est longue, plus il sera difficile pour l’élève
de se réinsérer dans le système scolaire.
Ainsi, la prévention des situations à risque est extrêmement importante. De
manière curative, la réinsertion dans un parcours professionnalisant peut se faire soit par
l’école, soit par la formation professionnelle. Il est également possible que le jeune ayant
décroché puisse se réinsérer socio-professionnellement directement en trouvant un emploi
mais il s’expose ainsi à des risques de pénibilité et/ou de précarité.
B. Les violences et abus
Les crises humanitaires, qu'elles résultent de conflits armés, de catastrophes
naturelles ou de situations de déplacement massif, ont des répercussions dévastatrices sur les
populations vulnérables, en particulier les enfants. Dans ces contextes chaotiques, les
violences et abus prennent des formes alarmantes, allant de la maltraitance physique et
psychologique à l'exploitation sexuelle et au recrutement d'enfants soldats. Ces expériences
traumatisantes laissent des cicatrices profondes, affectant non seulement leur développement
physique et mental, mais également leur avenir.
1. La violence
La violence a sans doute toujours fait partie de la vie humaine. On peut en voir les
diverses conséquences dans toutes les régions du monde. La violence, qu'elle soit auto-
infligée, collective ou dirigée contre autrui, fait plus d’un million de morts par an et bien plus
encore de blessés. Globalement, la violence figure parmi les principales causes de décès dans
le monde pour les personnes âgées de 15 a` 44 ans.
Il est difficile d’estimer precisement le coût de laviolence, mais il représente
chaque année dans le monde des milliards de dollars américains en dépenses de santé et, pour

23
MARIE S., Rapport, décrochage scolaire, un phénomène complexe et multifactoriel, novembre 2017, P.P 10-
12
17

les économies nationales, des milliards de dollars en absentéisme, en recours aux services de
police et en investissements perdus.24
La violence peut être éruptive, de façon exceptionnelle ou de façon plus répétitive,
à l’occasion d’une circonstance déclenchante, généralement une frustration, où, sans raison
apparente, l’enfant connaît un malaise croissant qu’il ne parvient pas à traduire en mots et en
pensées. Il finit par être débordé par ses émotions (ou son excitation), ne sait pas comment
réagir.
L’acte violent privilégie la sensorialité, la perception et la motricité au détriment
de la pensée et du langage, en une sorte de corps à corps, un collapsus fusionnel qui,
paradoxalement, rétablit la distance, et dans lequel l’autre est nié dans son altérité comme
dans sa similarité
La violence peut également être plus maîtrisée, voire préméditée, devenant un
mode relationnel destiné à prendre l’ascendant sur l’autre, victime ou groupe, façon de
retrouver ou de garder une emprise sur ce qui risque d’échapper, de trouver une réassurance
par la force et la peur générée chez l’autre.
Il peut y avoir un certain plaisir sadique à l’exercice de la violence et à des conduites de
domination, car elles offrent un statut compensatoire, elles restaurent un narcissisme
menacé.25
La violence est alors assimilée à la guerre et peu, voire pas du tout, définie. Son
champ tend aujourd'hui à être à la fois plus spécifié (violences terroristes, guerrières,
domestiques, urbaines, terroristes) et à inclure des actes fort différents, de l'insulte à la torture.
Ce regroupement surprend ceux qui ne sont pas spécialistes du champ, d'autant que le mot «
violence » entraîne avec lui le plus souvent une condamnation implicite, car il définit des
actes comme contraires au droit de chacun à la liberté et à la sécurité. Il a cependant un sens
précis : « agir sur quelqu'un ou le faire agir contre sa volonté en employant la force ou
l'intimidation ».
Certains acteurs ont une capacité à exercer des violences et à définir ce qui est
punissable, alors que d'autres doivent non seulement subir ces violences, mais aussi leur
occultation. Pierre Bourdieu développe l'idée que la domination des uns n'est possible « hors
les cas, rares en démocratie, de recours à la force physique » que parce que les dominés
reconnaissent comme légitime l'ordre social dominant tout en méconnaissant son caractère
arbitraire, ce qu'il appelle la violence symbolique.26
24
OMS, Rapport mondial sur la violence et la santé, 2002, P.3
25
Jean-Louis Le Run, Les mécanismes psychologiques de la violence disponible sur https://shs.cairn.info/revue-
enfances-et-psy-2012-1-page-23?lang=fr consulté le lundi 26 Août 2024 à 10 heures 40 minutes
26
Arlette Gautier, Les violences de genre : théories, définitions et politiques disponible sur
https://shs.cairn.info/revue-autrepart-2018-1-page-3?lang=fr consulté le lundi 26 Août 2024 à 11 heures 15
minutes
18

2. L'Abus
L'abus, au regard des enfants, englobe diverses formes de violence, d'exploitation
et de négligence, telles que la violence physique et psychologique, l'exploitation sexuelle, le
travail des enfants dans des conditions dangereuses et la négligence des besoins
fondamentaux. Ces abus portent atteinte aux droits fondamentaux des enfants, y compris leur
droit à l'éducation, à la santé et à un environnement sûr.
La Convention relative aux droits de l'enfant (CDE) vise à protéger ces droits,
soulignant l'importance de la sensibilisation et de l'éducation pour prévenir les abus et garantir
un développement sain et sécurisé pour tous les enfants.
L’environnement social propice au développement des situations d’abus sexuel
n’a certes pas fait l’objet de multiples recherches. Toutefois, il semble que le degré de
tolérance à l’abus sexuel dans l’entourage immédiat, l’acceptation généralisée de la
suprématie masculine traditionnelle, la présence de stress sociaux perturbateurs contribuent à
l’éclosion de situations d’abus sexuel intrafamilial.
L’abus sexuel sur enfants ne requiert aucun élément d’échange, et peut avoir lieu
dans le seul but de satisfaction sexuelle de la personne qui commet l’acte. De tels abus
peuvent être commis sans usage explicite de la force, mais avec d’autres éléments, tels que
l’autorité, le pouvoir ou la manipulation comme facteurs déterminants.
En outre, l’abus sexuel sur enfants peut se produire avec ou sans contact. Cela
représente donc une catégorie large qui définit essentiellement le préjudice causé aux enfants
en les forçant ou en les contraignant à se livrer à des activités sexuelles, qu’ils soient
conscients ou non de ce qui est en train de se passer.27
Si le concept « abus » ne se limite pas seulement au sexe, il y a lieu de penser aux
autres pratiques telles que citées ci-dessus. Ceci exhibe la situation que certains enfants vivent
dans la ville de Bunia. L'exode rural forcé lié aux conflits armés a transformé le mode de vie
des enfants. Jadis, eux qui vivaient en famille, les enfants sont actuellement à débandade.
Les uns se livrent à la consommation de la drogue (le pattex, le carburant ou toute autre forme
de la drogue), tandis que les autres se font des portefaix au marché central.
En dépit de ce qui est cité, la résolution 1612 des Nations Unies illustre les six violations
graves faites aux enfants, notamment :
 Le Meurtre et mutilation : Le meurtre et les mutilations font référence à toute action
qui entraîne la mort ou de graves blessures chez un ou plusieurs enfants.
 Le Recrutement et utilisation : Le recrutement et l’utilisation de toute personne âgée
de moins de 18 ans par une force armée ou un groupe armé, en quelque capacité que

27
Guide de Terminologie pour la Protection des Enfants contre l’Exploitation et l’Abus Sexuels, Groupe de
Travail Interinstitutionnel sur l’exploitation sexuelle des enfants 2016, P.22
19

ce soit, sont strictement interdits en vertu du droit international. Les enfants associés à
une force armée ou un groupe armé sont généralement dénommés « enfants soldats ».
 L'Enlèvement : L’enlèvement est l’enlèvement, la saisie, la capture, l’arrestation, la
prise ou la disparition forcée illégaux d’un enfant de façon temporaire ou définitive,
pour toute forme d’exploitation.
 Le Viol et autres formes de violence sexuelle : Toute attaque physique ou menace
d’attaques visant des bâtiments pris pour cible à dessein ou non, des écoles ou des
hôpitaux et des personnels protégés.
 Le Déni d’accès humanitaire : Le fait d’empêcher le libre passage de l’aide
humanitaire ou son acheminement en temps voulu aux personnes qui en ont besoin
(dont les enfants).28
L'engagement du Conseil de sécurité sur ce dossier est conforme à la nature même
du problème posé car la protection des enfants dans les conflits armés relève
fondamentalement de la paix et de la sécurité internationale. Comme le Conseil de sécurité l'a
noté lui-même dans sa résolution 13 14 adoptée le 11 août 2000, les violations du droit
international humanitaire et des droits de l'homme y compris des droits de l’enfant dans les
situations de conflit armée peuvent constituer une menace à la paix et à la sécurité
internationale“.
L'engagement du Conseil de sécurité est par ailleurs cohérent avec les solutions à
mettre en œuvre pour régler ces problèmes. II tombe en effet sous l'évidence que le règlement
du phénomène dramatique des enfants soldats et plus généralement des violences à l'égard des
enfants scandaleusement pris pour cibles dans des conflits meurtriers et d'une cruauté
exceptionnelle, repose pour beaucoup sur des pressions et des mesures que seul le Conseil de
sécurité peut prendre, notamment à l'égard des acteurs non étatiques.
C’est d'ailleurs pourquoi très tôt, dès la résolution 1314, le Conseil s'est déclaré prêt à prendre
de telles mesures. Il a réitéré cette disposition avec une régularité remarquable. 29

Section 2 : Cadre institutionnel et juridique de la protection d'enfants


Le cadre institutionnel et juridique joue un rôle fondamental dans l'organisation et
le fonctionnement des sociétés modernes. Ils englobent l'ensemble des règles, normes et
structures qui régissent les interactions entre individus, organisations et États.

28
Résolution 1612 du Conseil de sécurité (2005) : Six violations graves contre les enfants.
29
ONU, Rapport, l'engagement du conseil de sécurité pour la protection des enfants dans les conflits armés :
bilan et perspectives, P.6
20

Ces cadres garantissent la stabilité, la sécurité et la prévisibilité nécessaires au


développement économique et social, tout en protégeant les droits et libertés des citoyens. En
intégrant des principes de justice, d'équité et de transparence, ils permettent également de
gérer les conflits et de favoriser la coopération entre les différents acteurs.
§1 Les cadres institutionnels
Le concept « cadres institutionnels » désigne l'ensemble des structures, règles et
procédures qui régissent le fonctionnement des systèmes judiciaires au sein d'un pays ou d'une
région. Cela inclut les lois, les institutions judiciaires (comme les tribunaux et les
magistratures), ainsi que les normes et pratiques qui encadrent l'administration de la justice.
Ces cadres sont essentiels pour garantir l'équité, la transparence et l'accessibilité
du système judiciaire, tout en protégeant les droits des individus et en assurant le respect de
l'État de droit. Ils jouent un rôle fondamental dans la résolution des conflits, la protection des
libertés civiles et la promotion de la confiance dans les institutions publiques. 30
1. Au niveau international et Régional
La question de la protection des enfants reste une préoccupation permanente et
quotidienne de tout le monde. Pour ce faire, plusieurs organismes tant internationaux que
régionaux se penchent sur la situation que vivent les enfants. Nous illustrons à ce titre :
 L'UNICEF ( Fonds des Nations Unies pour l'enfance )31
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance, généralement désigné par l'acronyme
UNICEF (également typographié Unicef), est une agence de l'Organisation des
Nations unies (ONU) consacrée à l'amélioration et à la promotion de la condition des
enfants. Lors de sa création le 11 décembre 19462, son nom est originellement United
Nations International Children's Emergency Fund (Fonds d'urgence international
des Nations unies pour l'enfance), dont elle conserve l'acronyme lors de l'adoption de
son nom actuel en 1953, lorsqu'elle devient un organe permanent du système des
Nations unies.
Chaque jour, des enfants sont enrôlés de force comme soldats, travailleurs,
serviteurs ou esclaves. Ces enfants, en plus de subir des violences physiques ou sexuelles et
d'être exploités, sont les moins éduqués, en plus mauvaise santé et les plus pauvres.
L'UNICEF appuie par ailleurs la mise en place des actions allant de la défense des enfants à la
démobilisation des enfants soldats.

30
Cadre institutionnel, disponible https://bidc-ebid.org/glossary/glossary/cadre-institutionnel/#:~:text=Le
%20terme%20%C2%AB%20cadre%20institutionnel%20%C2%BB%20fait,pour%20la%20fourniture%20de
%20services consulté le vendredi 11 octobre 2024 à 13 heures piles
31
UNICEF, disponible sur https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fonds_des_Nations_unies_pour_l%27enfance
consulté le mardi, 03/09/ 2024 à 22 heures piles
21

L'UNICEF estime que fin 2015, le nombre d'enfants réfugiés s'élève à environ 31
millions, auxquels s'ajoutent 17 millions de déplacés internes.
L'UNICEF travaille sur des programmes globaux, en fonction des principes suivants :
 La prévention et le traitement en matière de santé, en particulier la vaccination, la
nutrition, la qualité de l'eau en direction des enfants, mais aussi ceux qui en ont la
charge et toutes leurs communautés ;
 Les naissances doivent être déclarées. Les enfants doivent être protégés des sévices,
recevoir de l'amour, vivre dans un environnement psychosocial protecteur et recevoir
une première éducation ;
 Les femmes et les filles doivent avoir une bonne nutrition, une protection pour la
santé, une éducation (notamment en ce qui concerne les risques pour elles et leurs
enfants), un soutien familial, et leurs droits doivent être respectés. La bonne santé et la
survie des mères a des conséquences directes sur la survie et la bonne santé de leurs
enfants.
 Le CAEDBE (Comité africain d'experts des droits et du bien-être de l'enfant)32
Le Comité africain d’experts sur les droits et le bienêtre de l’enfant a été mis en place
conformément à l’article 32 de la Charte africaine sur les droits et le bienêtre de
l’enfant. L’article 42 de la CADBE lui assigne pour mission la promotion et la
protection des droits de l’enfant conformément à ladite Charte.
Le mandat du CAEDBE consiste essentiellement à :
a. Promouvoir et à protéger les droits prévus dans la CADBE, particulièrement rassembler
les documents et les informations, faire procéder à des évaluations interdisciplinaires
concernant les problèmes africains dans le domaine des droits et de la protection de
l’enfant, organiser des réunions, encourager les institutions nationales et locales
compétentes en matière des droits et de protection de l’enfant, et au besoin, faire
connaître ses vues et présenter des recommandations aux gouvernements ;
b. Elaborer et formuler des principes et règles visant à protéger les droits et le bienêtre de
l’enfant en Afrique ;
c. Suivre l’application des droits consacrés par la CADBE ; et
d. Interpréter les dispositions de la CADBE à la demande des Etats parties, des institutions
de l’UA ou de toute autre institution reconnue par l’UA ou par un Etat membre.

1. Le Comité des droits de l'enfant

32
KABENGELE N., Droit africain des droits de l'homme, notes de cours, inédit, UNIBU, 2022-2023.
22

Le Comité sur les droits de l'enfant est le corps d'experts indépendants qui
contrôle l'application de la Convention internationale des droits de l'enfant des Nations unies
par les gouvernements qu'ont ratifié la Convention.
Le Comité a été créé par la Convention et a vu le jour le 27 février 1991. Lors de
l’élaboration de la convention dans les années 80, la Pologne avait proposé d’établir un
mécanisme de surveillance qui imposerait aux États de transmettre régulièrement des rapports
au Conseil Économique et Social des Nations Unies. Cette proposition ne fut pas retenue mais
lança l’idée d’un Comité des droits de l’enfant qui serait l’organe exclusivement consacré à
cet objectif.
Ainsi, le projet de la Convention fut complété par 3 articles prévoyant la création de ce
Comité, ainsi que sa composition, son fonctionnement et son rôle.
Lorsque la Convention est adoptée, le 20 novembre 1989, démarre alors le
processus d’élection des membres du Comité. Les représentants des États parties à la
Convention sont convoqués pour élire les membres du Comité des droits de l’enfant.
Le Comité rempli son rôle de garant de la convention notamment en assistant les
États dans la mise en œuvre de la convention, en collaborant avec les autres agences des
Nations Unies et les organisations non-gouvernementales et en diffusant le plus largement
possible des informations sur les droits de l’enfant.33
2. Au niveau National
a) Les organes de protection sociale de l’enfant sont notamment :
1. Le Conseil national de l’enfant : Le Conseil national de l’enfant est un organe
conseil du Gouvernement qui relève du ministère ayant la famille et l’enfant dans ses
attributions.
Il assure la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de promotion
et protection des droits de l’enfant.
2. Le Corps des conseillers d’orientation scolaire et professionnelle : Le Corps des
Conseillers d’orientation scolaire et professionnelle est une structure technique
relevant du ministère ayant dans ses attributions l’enseignement primaire, secondaire
et professionnel. Il joue le rôle de conseil et d’orientation de l’enfant dans le choix des
options et métiers à suivre au regard de ses aptitudes intellectuelles.
3. Le Corps des assistants sociaux : Le Corps des assistants sociaux est une structure
technique du ministère ayant les affaires sociales dans ses attributions. Il est chargé
des enquêtes sociales sur les enfants, de la guidance psychosociale et de la
réunification familiale de ces derniers.
33
Comité des droits de l'enfant disponible sur
https://www.humanium.org/fr/genese-comite-droits-enfant/#:~:text=Le%20Comit%C3%A9%20est%20un
%20organe,des%20droits%20de%20l'enfant. consulté le mercredi, 04/09 2024 à 07 heures 30'
23

4. La Brigade spéciale de protection de l’enfant : La Brigade spéciale de protection de


l’enfant relève du ministère ayant la police dans ses attributions. Elle a la mission de
surveillance des enfants et de prévention générale.
5. Le Corps des inspecteurs du travail : Le Corps des inspecteurs du travail relève du
ministère ayant le travail dans ses attributions. Il veille notamment au respect des
normes en matière de travail des enfants.
6. Le Corps des inspecteurs de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel
: Le Corps des inspecteurs de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel est
une structure technique du ministère ayant l’enseignement primaire, secondaire et
professionnel dans ses attributions. Il s’occupe notamment du contrôle de la qualité de
l’enseignement.
7. Le Comité national de lutte contre les pires formes de travail des enfants : Le
Comité national de lutte contre les pires formes de travail des enfants a pour missions
d'élaborer la stratégie nationale en vue de l’éradication des pires formes de travail des
enfants et d'assurer le suivi de la mise en œuvre de la stratégie et d’évaluer le niveau
d’application des mesures préconisées.
8. Les organismes et institutions agréés de la société civile du secteur de l’enfant :
Les organismes et institutions agréés de la société civile du secteur de l’enfant
assistent l’Etat dans sa mission de protection des enfants et de promotion de leurs
droits. Ils sont créés et organisés conformément à la loi sur les associations sans but
lucratif.
9. Le Parlement et les Comités des enfants : Le Parlement et les comités des enfants
permettent à ces derniers d’exercer leur liberté d’association. Ils ont pour mission de
rendre effective la participation des enfants aux initiatives de la communauté
nationale, dans les questions qui les concernent.
b) La protection judiciaire
Il est créé, dans chaque territoire et dans chaque ville, une juridiction spécialisée dénommée
tribunal pour enfants conformément à l’article 149, alinéa 5 de la Constitution.
Le tribunal pour enfants est seul compétent pour connaître des matières dans lesquelles se
trouve impliqué l’enfant en conflit avec la loi. Il connaît également des matières se rapportant
à l’identité, la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté telles que prévues par la loi. 34

§2 Le cadre juridique
Le « cadre juridique » désigne l'ensemble des règles, lois, réglementations et
normes qui régissent une activité, un secteur ou une situation particulière au sein d'un pays ou
34
Loi n°09/001 du 10 Janvier 2009, idem
24

d'une région. Il comprend les lois écrites, les règlements administratifs, les décisions
judiciaires et les conventions internationales, formant ainsi un système cohérent qui détermine
les droits et obligations des individus et des entités. Ce cadre est essentiel pour garantir la
sécurité juridique, la protection des droits, la régulation des comportements et la résolution
des conflits dans la société.
1. Le cadre juridique international et Régional
Le « cadre juridique international et régional » désigne l'ensemble des normes,
traités, conventions et règlements qui régissent les relations entre États et organisations au
niveau global et régional.
Cela inclut le droit international, tel que les conventions sur les droits de l'homme
et les accords commerciaux, ainsi que les règles spécifiques adoptées par des organisations
régionales comme l'Union européenne ou l'Union africaine. Ce cadre vise à établir des
obligations juridiques, à promouvoir la coopération entre les nations, et à garantir le respect
des droits fondamentaux, tout en fournissant des mécanismes de mise en œuvre et de
règlement des différends. Nous avons ainsi :
1. La Convention Internationale relative aux Droits de l'Enfant
Au sens de la présente Convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de
moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui
est applicable.35
La Convention internationale relative aux droits de l'enfant, adoptée par
l'Assemblée générale des Nations Unies en 1989, est un traité qui reconnaît et protège les
droits fondamentaux des enfants, définis comme toute personne âgée de moins de 18 ans.
Elle établit des principes clés tels que la non-discrimination, l'intérêt supérieur de
l'enfant, le droit à la vie, à la survie et au développement, ainsi que le droit à la participation.
Les États signataires s'engagent à garantir ces droits et à prendre des mesures appropriées
pour protéger les enfants contre la violence, l'exploitation et la négligence. La Convention
souligne également l'importance de la famille et de l'éducation dans le développement des
enfants.
Article 33 : Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées, y compris des mesures
législatives, administratives, sociales et éducatives, pour protéger les enfants contre l'usage
illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, tels que les définissent les conventions
internationales pertinentes, et pour empêcher que des enfants ne soient utilisés pour la
production et le trafic illicites de ces substances.

35
Convention Internationale relative aux Droits de l'Enfant (1989).
25

Article 34 : Les Etats parties s'engagent à protéger l'enfant contre toutes les formes
d'exploitation sexuelle et de violence sexuelle. A cette fin, les Etats prennent en particulier
toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher :
1) Que des enfants ne soient incités ou contraints à se livrer à une activité sexuelle
illégale ;
2) Que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques
sexuelles illégales ;
3) Que des enfants ne soient exploités aux fins de la production de spectacles ou de
matériel de caractère pornographique.
Article 35 : Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées sur les plans national,
bilatéral et multilatéral pour empêcher l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants à quelque
fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit.
Article 36 : Les Etats parties protègent l'enfant contre toutes autres formes d'exploitation
préjudiciables à tout aspect de son bien- être.
Article 37 : Les Etats parties veillent à ce que :
 Nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants. Ni la peine capitale ni l'emprisonnement à vie sans possibilité de
libération ne doivent être prononcés pour les infractions commises par des personnes
âgées de moins de dix-huit ans ;
 Nul enfant ne soit privé de liberté de façon illégale ou arbitraire. L'arrestation, la
détention ou l'emprisonnement d'un enfant doit être en conformité avec la loi, n'être
qu'une mesure de dernier ressort, et être d'une durée aussi brève que possible ;
 Tout enfant privé de liberté soit traité avec humanité et avec le respect dû à la dignité
de la personne humaine, et d'une manière tenant compte des besoins des personnes de
son âge.
En particulier, tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes, à moins que l'on
estime préférable de ne pas le faire dans l'intérêt supérieur de l'enfant, et il a le droit de rester
en contact avec sa famille par la correspondance et par les visites, sauf circonstances
exceptionnelles ;
 Les enfants privés de liberté aient le droit d'avoir rapidement accès à l'assistance
juridique ou à toute autre assistance appropriée, ainsi que le droit de contester la
légalité de leur privation de liberté devant un tribunal ou une autre autorité
compétente, indépendante et impartiale, et à ce qu'une décision rapide soit prise en la
matière.36
2. La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant

36
CDE, articles 33 à 37
26

Pour la charte africaine relative droits des enfants, on entend par "Enfant" tout être
humain âgé de moins de 18 ans37
La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, adoptée en 1990 par
l'Union africaine, vise à promouvoir et protéger les droits des enfants sur le continent. Elle
établit des principes fondamentaux tels que la non-discrimination, le droit à la vie, à
l'éducation, à la santé et à la protection contre toutes les formes de violence et d'exploitation.
La Charte souligne également l'importance de la famille, de la communauté et des
États dans la garantie du bien-être des enfants, tout en reconnaissant leur droit à la
participation dans les décisions qui les concernent. En intégrant des spécificités culturelles et
contextuelles africaines, elle appelle à une coopération régionale pour améliorer les conditions
de vie des enfants.
Article 16 :
1) Les Etats parties à la présence Charte prennent des mesures législatives,
administratives, sociales et éducatives spécifiques pour protéger l'enfant contre toute
forme de tortures, traitements inhumains et dégradants, et en particulier toute forme
d'atteinte ou d'abus physique ou mental, de négligence ou de mauvais traitements, y
compris les sévices sexuels, lorsqu'il est confié à la garde d'un parent, d'un tuteur légal,
de l'autorité scolaire ou de toute autre personne ayant la garde de l'enfant.
2) Les mesures de protection prévues en vertu du présent article comprennent des
procédures effectives pour la création d'organismes de surveillance spéciaux chargés
de fournir à l'enfant et à ceux qui en ont la charge le soutien nécessaire ainsi que
d'autres formes de mesures préventives, et pour la détection et le signalement des cas
de négligences ou de mauvais traitements infligés à un enfant, l'engagement d'une
procédure judiciaire et d'une enquête à ce sujet, le traitement du cas et son suivi.
Article 18 :
1) La famille est la cellule de base naturelle de la société. Elle doit être protégée et
soutenue par l’Etat pour son installation et son développement.
2) Les Etats à la présente Charte prennent des mesures appropriées pour assurer l’égalité
de droits et de responsabilités des époux à l’égard des enfants durant le mariage et
pendant sa dissolution. En cas de dissolution, des dispositions sont prises pour assurer
la protection des enfants ;
3) Aucun enfant ne peut être privé de son entretien en raison du statut marital de ses
parents.
Article 22 :

37
Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant.
27

1) Les Etats parties à la présente Charte s’engagent à respecter, et à faire respecter les
règles du Droit international humanitaires applicables en cas de conflits armés qui
affectent particulièrement les enfants.
2) Les Etats parties à la présente Charte prennent toutes les mesures nécessaires pour
veiller à ce qu’aucun enfant ne prenne directement part aux hostilités et en particulier,
à ce qu’aucun enfant ne soit enrôlé sous les drapeaux.
3) Les Etats parties à la présente Charte doivent, conformément aux obligations qui leur
incombent en vertu du Droit International Humanitaire, protéger la population civile
en cas de conflit armé et prendre toutes les mesures possibles pour assurer la
protection et le soin des enfants qui sont affectés par un conflit armé. Ces dispositions
s’appliquent aussi aux enfants dans des situations de conflits armés internes, de
tensions ou de troubles civils.
Article 23 :
1) Les Etats parties à la présente Charte prennent toutes les mesures appropriées pour
veiller à ce qu’un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié, ou qui est considéré
comme réfugié en vertu du droit international ou national applicable en la matière
reçoive, qu’il soit accompagné ou non par ses parents, un tuteur légal ou un proche
parent, la protection et l’assistance humanitaire à laquelle il peut prétendre dans
l’exercice des droits qui lui sont reconnus par la présence Charte et par tout autre
instrument international relatif aux droits de l’homme et au droit humanitaire auquel
les Etats sont parties.
2) Les Etats parties aident les organisations internationales chargées de protéger et
d’assister les réfugiés dans leurs efforts pour protéger et assister les enfants visés au
paragraphe I du présent article et pour retrouver les parents ou les proches d’enfants
réfugiés non accompagnés en vue d’obtenir les renseignements nécessaires pour les
remettre à leur famille.
3) Si aucun parent, tuteur légal ou proche parent ne peut être trouvé, l’enfant se verra
accordé la même protection que tout autre enfant privé, temporairement ou en
permanence, de son milieu familial pour quelque raison que ce soit.
4) Les dispositions du présent article s’appliquent mutatis mutandis aux enfants déplacés
à l’intérieur d’un pays que ce soit par suite d’une catastrophe naturelle, d’un conflit
interne, de troubles civils, d’un écroulement de l’édifice économique et social, ou de
toute autre cause.38
2. Le Cadre juridique national

38
CADBE, Art.16 à 23
28

Le cadre juridique national désigne l'ensemble des lois, règlements, normes et


principes qui régissent un pays donné. Il englobe la constitution, les codes civils et pénaux, les
lois adoptées par le parlement, ainsi que les décisions judiciaires qui interprètent ces textes.
Ce cadre établit les droits et obligations des citoyens, des institutions et des entreprises, tout
en définissant les procédures légales à suivre en cas de litige. Il est essentiel pour assurer la
cohésion sociale, la protection des droits individuels et le bon fonctionnement des institutions
publiques.
 La constitution
Article 41
 L’enfant mineur est toute personne, sans distinction de sexe, qui n’a pas encore atteint
18 ans révolus ou enfant mineur a le droit de connaître les noms de son père et de sa
mère.
 Il a également le droit de jouir de la protection de sa famille, de la société et des
pouvoirs publics.
 L’abandon et la maltraitance des enfants, notamment la pédophilie, les abus sexuels
ainsi que l’accusation de sorcellerie sont prohibés et punis par la loi.
Les parents ont le devoir de prendre soin de leurs enfants et d’assurer leur
protection contre tout acte de violence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du foyer. Les pouvoirs
publics ont l’obligation d’assurer une protection aux enfants en situation difficile et de
déférer, devant la justice, les auteurs et les complices des actes de violence à l’égard des
enfants.
 La Loi n°09/001 du 10 Janvier 2009 portant protection de l'enfant
La loi portant protection de l'enfant à son tour, définit l'enfant comme étant toute
personne âgée de moins de dix-huit ans.39
La loi congolaise du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant vise à garantir
les droits fondamentaux des enfants en République Démocratique du Congo, en conformité
avec les conventions internationales. Elle établit des principes de protection, de non-
discrimination, et de participation des enfants dans les décisions les concernant.
La loi aborde divers aspects tels que la protection contre la violence,
l'exploitation, et les abus, tout en promouvant l'éducation, la santé et le bien-être des enfants.
Elle impose également des obligations aux parents, à l'État et à la société pour assurer un
environnement favorable au développement harmonieux des enfants.
Article 4 :
Tous les enfants sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection.
Article 5 :

39
La Loi n°09/001 du 10 Janvier 2009 portant protection de l'enfant
29

Tout acte discriminatoire à l’égard des enfants est interdit.


Article 6 :
L’intérêt supérieur de l'enfant doit être une préoccupation primordiale dans toutes les
décisions et mesures prises à son égard.
Par intérêt supérieur de l’enfant, il faut entendre le souci de sauvegarder et de privilégier à
tout prix ses droits.
Sont pris en considération, avec les besoins moraux, affectifs et physiques de l'enfant, son
âge, son état de santé, son milieu familial et les différents aspects relatifs à sa situation.
Article 40 :
L’enfant placé dans une institution de garde ou de rééducation a droit à la protection sanitaire,
physique, morale, psychique et psychologique.
Il a droit à l'assistance sociale et éducative adaptée à son âge, son sexe, ses capacités et sa
personnalité.
Articles 41 :
L’enfant déplacé, réfugié ou qui cherche à obtenir le statut de réfugié qu’il soit accompagné
ou non par ses parents, un proche parent ou toute personne, a droit à la protection, à
l’encadrement et à l’assistance humanitaire.
L’Etat veille à l’exercice de ses droits.
Article 42 :
L’enfant vivant avec handicap physique ou mental a droit à la protection, aux soins médicaux
spécifiques, à une éducation, à une formation, à la rééducation et aux activités récréatives
ainsi qu’à la préparation à l’emploi, de sorte qu’il mène une vie pleine et décente, dans les
conditions qui garantissent sa dignité, favorisent son autonomie et facilitent sa participation
aux activités de la collectivité.
L’Etat appuie les parents dans la mise en œuvre de ce droit.
Article 57 :
L’enfant a droit à la protection contre toute forme d’exploitation et de violences.
Les parents ont le devoir de veiller à ce que la discipline familiale soit administrée de telle
sorte que l’enfant soit traité avec humanité.
L’Etat veille à ce que la discipline soit, dans les établissements scolaires, les institutions de
garde privées agréées et publiques, administrée de telle manière que l’enfant soit traité avec
humanité.
Article 58 :
L’enfant est protégé contre toutes les formes d’exploitation économique.
L’exploitation économique s’entend de toute forme d’utilisation abusive de l’enfant à des fins
économiques. L’abus concerne notamment le poids du travail par rapport à l’âge de l’enfant,
30

le temps et la durée de travail, l’insuffisance ou l’absence de la rémunération, l’entrave du


travail par rapport à l’accès à l’éducation, au développement physique, mental, moral,
spirituel et social de l’enfant.
Article 59 :
Il est interdit d'utiliser l'enfant dans les différentes formes de criminalité y compris
l’espionnage, le fait de lui inculquer le fanatisme et la haine, de l'initier et l’inciter à
commettre des actes de violence et de terreur.
Article 60 :
Le harcèlement sexuel, sous toutes ses formes, exercé sur l’enfant, est interdit.
 Le Code Congolais de la famille
Article 221 :
Le mineur est, pour ce qui concerne le gouvernement de sa personne, placé sous l'autorité des
personnes qui exercent sur lui l'autorité parentale ou tutélaire.
Il est, pour ce qui concerne ses intérêts pécuniaires et l'administration de ses biens, protégé
par les mêmes personnes.

CONCLUSION PARTIELLE
La crise humanitaire en Ituri, particulièrement à Bunia, a exacerbé les
vulnérabilités des enfants, rendant impératif le renforcement des mécanismes de protection de
31

l'enfance. Entre 2021 et 2023, les conflits armés et les déplacements massifs de populations
ont créé un environnement où les droits des enfants sont souvent bafoués.
Les efforts déployés par les autorités locales et les organisations non
gouvernementales ont permis de mettre en place des structures d’accueil et des programmes
de sensibilisation, mais ces initiatives demeurent insuffisantes face à l’ampleur de la crise.
Les mécanismes de protection existants, tels que les comités locaux de protection
de l’enfance et les centres d’écoute, ont joué un rôle crucial dans l’identification et la prise en
charge des cas d’abus et d’exploitation.
La collaboration entre les différents acteurs, y compris les agences internationales,
les ONG locales et les autorités gouvernementales, est fondamentale pour créer un cadre
harmonisé et efficace. Des initiatives conjointes ont permis d’élargir l’accès aux services
essentiels tels que l’éducation, la santé et l’assistance psychosociale.
Toutefois, il est crucial d’adopter une approche centrée sur les droits de l’enfant
pour garantir que chaque enfant bénéficie d’une protection adéquate et d’un soutien adapté à
ses besoins spécifiques.
De même, les textes légaux, tant au niveau national qu'international, jouent un rôle
fondamental dans la protection des droits des enfants en Ituri.
La ratification de la Convention relative aux droits de l'enfant par la République
Démocratique du Congo, ainsi que l'adoption de lois nationales sur la protection de l'enfance,
fournissent un cadre juridique essentiel pour garantir le respect et la promotion des droits des
enfants.
Ces instruments juridiques obligent l'État à mettre en œœuvre des mesures concrètes pour
prévenir les abus et protéger les victimes.

CHAPITRE II : MECANISMES DE PROTECTION DE L'ENFANT FACE A LA


CRISE HUMNITAIRE
32

Ce chapitre comprend deux sections, la première traite l'efficacité des actions de


protection de l'enfance et la seconde parle sur les difficultés et limites des mécanismes de
protection de l'enfant.
Section 1 : Mécanisme de protection de l’Enfant
Les mécanismes de protection de l'enfance désignent l'ensemble des dispositifs,
lois, politiques et pratiques mis en place pour garantir la sécurité, le bien-être et les droits des
enfants. Cela inclut des interventions légales, des services de soutien aux familles, des
structures d'accueil pour les enfants en danger, ainsi que des programmes de sensibilisation et
de prévention.
Dans toutes les sociétés, la protection de l'enfance est un sujet délicat puisqu'elle
met en parallèle, d'un côté, la liberté de choix des parents dans la détermination de leurs
pratiques éducatives et, de l'autre, la responsabilité de l'État face à la sécurité et au
développement de tous ses citoyens, incluant les enfants.
C'est également un sujet complexe, en raison de la constante transformation des
politiques qui sont adoptées en matière de protection de l'enfance et de la diversité des acteurs
individuels et collectifs (autorités judiciaires, services de l'État, services communautaires,
ONG, associations, etc.) qui sont engagés dans la mise en œuvre de ces politiques.40
L'efficacité des actions de protection de l'enfance repose sur leur capacité à
garantir la sécurité et le bien-être des enfants en situation de vulnérabilité ou de maltraitance.
Cela implique une évaluation rigoureuse des besoins des enfants et des familles, ainsi qu'une
intervention adaptée qui favorise le soutien psychologique, l'éducation et la réinsertion
sociale.
Des actions coordonnées entre les services sociaux, éducatifs et judiciaires sont
essentielles pour créer un environnement protecteur et stable. L'efficacité se mesure
également par la prévention de la récidive des situations de danger, la promotion du
développement sain des enfants et l'amélioration des dynamiques familiales, tout en
respectant les droits et la dignité des enfants concernés.
§1 Actions de protection de l'enfance
Les actions de protection de l'enfance sont essentielles pour prévenir et répondre
aux situations de vulnérabilité des enfants. Elles visent à identifier rapidement les cas de
maltraitance ou de négligence, à offrir un soutien approprié aux familles en difficulté, et à
garantir l'accès aux services de santé, d'éducation et de soutien psychologique.

40
JOSÉPHINE W. et DANIEL T., Configurations institutionnelles de la protection de l’enfance: regards croisés
de l’Afrique, del’Europe et de l’Amérique du Nord, disponible sur
https://www.researchgate.net/publication/272757206_Configurations_institutionnelles_de_la_protection_de_
l'enfance_Regards_croises_de_l'Afrique_de_l'Europe_et_de_l'Amerique_du_Nord, consulté le jeudi 19
septembre 2024 à 10 heures 20'
33

Ces actions reposent sur une approche collaborative impliquant divers acteurs, tels que les
travailleurs sociaux, les éducateurs, les autorités judiciaires et les ONG, afin de créer un
réseau de protection efficace. En favorisant la sensibilisation et la formation, elles renforcent
la capacité de la société à protéger les droits des enfants et à promouvoir leur développement
harmonieux.
a. L'instauration de la famille d'accueil
La famille d'accueil est un foyer temporaire qui accueille des enfants ou des
adolescents en situation de vulnérabilité, souvent en raison de problèmes familiaux ou
sociaux. Ces familles jouent un rôle essentiel en offrant un environnement stable et sécurisé,
permettant aux jeunes de se développer tout en travaillant sur les problématiques qui les ont
amenés à quitter leur milieu d'origine.
L’approche de prise en charge des enfants dans les familles d’accueil transitoire
constitue une implication des communautés dans la prise en charge des enfants. Elle permet
d’élargir les champs de mobilisation des communautés pour la protection et la promotion des
droits des enfants. Ainsi, au lieu de référer ces enfants aux centres d’accueil, aux orphelinats
ou aux centres de transit de longue durée, les enfants sont placés dans des familles d’accueil
durant quelques jours, quelques semaines ou quelques mois en vue de la recherche de leurs
familles d’origine et leur réintégration familiale.
Contrairement à l’approche classique (prise en charge des enfants dans des
orphelinats, centres d’accueil et centres de transit), la communauté devient le milieu
protecteur pour toutes les activités de réhabilitation des enfants victimes et/ou à risques
d’abus, de violences, d’exploitation ou de négligence. L’enfant bénéficie ainsi d’une
meilleure proximité avec les conditions de vie et les normes sociales et culturelles de son
milieu de provenance ou famille d’origine. Les familles d’accueil temporaires constituent des
acteurs de la sensibilisation au sein des communautés qui les entourent.
La prise en charge des enfants dans les familles d’accueil temporaire doit obéir à trois des
principes directeurs contenus dans la Convention relative aux Droits de l’Enfant.
Il s’agit de :
 L'Intérêt supérieur de l’enfant : il s’agit, en toute circonstances de s’assurer du bien-
être de l’enfant sur le plan physique, psychologique, culturel et social. Le placement
d’un enfant dans une famille d’accueil doit tenir compte des besoins spécifiques de
l’enfant et son nouveau cadre de vie doit lui être protecteur ;
 La non-discrimination : aucun enfant ne doit être victime d’une discrimination basée
sur l’âge, le sexe, la religion, la race, la langue, l’origine ethnique et sociale. Par
ailleurs, aucune discrimination ne doit se faire entre les enfants accueillis et les autres
enfants d’un ménage et
34

 La participation de l’enfant : le point de vue de l’enfant doit être recherché


activement et pris en considération. Il doit être considéré comme acteur à part entière.41
La prise en charge de l'enfant en dehors de la famille, son milieu naturel de
croissance, doit être toujours considérée comme une alternative momentanée aux défaillances
de la famille (restreinte ou élargie). Elle a pour objectif de restaurer la sécurité, le bien-être et
le développement complet et harmonieux de l'enfant, en attendant qu'une solution permanente
et durable (réinsertion sociale) puisse intervenir.
La structure d'accueil doit respecter les normes de qualité dans le processus de
prise en charge éventuelle. Lorsque la solution la meilleure est le placement dans une maison
de transit ou une famille d'accueil, la prise en charge de l'enfant doit se faire le proche de son
environnement habituel. Malgré cela, toutes les actions à entreprendre doivent viser à terme,
la réunification familiale et/ou la réinsertion sociale comme le but ultime.
Tout en évitant de placer l'enfant au-dessus du standard des conditions
supportables par un ménage moyen de son environnement habituel, le Centre d'hébergement
doit assurer à l'enfant les conditions minimales de prise en charge. Quelle que soit la nature de
l'institution ou du lieu de placement de l'enfant en situation difficile, le placement social
demeure une mesure provisoire dont la finalité est la protection, la récupération, la
rééducation, la préparation et l'orientation de l'enfant vers sa famille pour la réunification et la
réinsertion sociale.42
La séparation, prônée autrefois comme la meilleure solution, est aujourd’hui
décidée avec réticence ou mauvaise conscience. Le placement n’est envisagé que comme
ultime recours, comme une solution subsidiaire.
Dans certains cas, les moyens de prévention ne sont pas couronnés de succès et
l’intérêt supérieur de l’enfant requiert qu’une décision de séparation soit prise. Une telle
décision suppose que des garanties soient appliquées. En particulier, il est primordial que tous
les moyens possibles de prévention soient tentés avant de prendre la décision.
La séparation de l’enfant de ses parents est une mesure de dernier recours. Cette
décision doit être prise dans la mesure du possible avec la participation de l’enfant et de ses
parents. De plus, cette mesure doit être définie à travers des pas concrets et selon un agenda
déterminé pour le travail avec l’enfant et sa famille, afin de valoriser dans les plus brefs délais
la réintégration de l’enfant dans la famille ou si cela n’est pas possible pour développer un
plan de vie alternatif et permanent pour l’enfant.43
41
UNICEF, Lignes directrices nationales sur la prise en charge des enfants dans les familles d’accueil transitoire,
Manuel à l’usage des acteurs de protection de l’enfance en RCA, Janvier 2016, P.P 7-8
42
Timothée KITAMBALA, La protection spéciale de l'enfant exposé à la mendicité: etat des lieux et perspectives,
Mémoire, Droit, UNIKIN, 2019
43
CATHERINE S., l'accueil familial et ses paradoxes disponible sur https://books.openedition.org/pup/49320?
lang=fr consulté le mardi, 24 septembre 2024 à 09heures 45'
35

b) Le soutien psychosocial
Le soutien psychosocial désigne un ensemble d'interventions et de services
destinés à aider les individus à faire face à des situations stressantes ou traumatisantes, en
renforçant leur bien-être mental et émotionnel.
Cela inclut l'écoute, le conseil, l'accompagnement dans la gestion des émotions et le
renforcement des capacités d'adaptation. Ce type de soutien peut être offert dans divers
contextes, comme après des catastrophes, des conflits ou des crises personnelles, et vise à
favoriser la résilience et la qualité de vie des personnes affectées.
 La prise en charge transitoire de l'enfant et la réunification
Alors que la démobilisation est le point à partir duquel l’enfant rompt avec la vie
militaire, la réhabilitation et la réinsertion représentent le processus d’accompagnement à la
vie civile. L’objectif des programmes de réhabilitation et de réinsertion est de permettre à
l’ex-enfant soldat de se reconstruire une nouvelle identité sociale en dehors de la violence.
Pour faciliter sa transition vers la vie civile, les programmes fournissent d’abord
une aide psychosociale à l’enfant afin de préparer son retour au sein de sa famille et de sa
communauté.
Un grand nombre d’années passées au sein de l’armée affectent indubitablement
le développement normal de l’enfant soldat, son identité. Cet état de fait est essentiellement
dû à la rupture avec un environnement culturel normal, avec les valeurs morales et sociales
véhiculées par la famille et la communauté.
Le soutien psychologique est d’une importance capitale dans la phase de
réhabilitation des enfants qui ont été « socialisés pour une existence d’hostilité polarisée ».
Ces enfants cassés, blessés par le conflit armé trouvent dans les centres de transit un
encadrement qui tente de panser leurs plaies invisibles et d’accompagner ceux qui souffrent.
Outre le soutien psychologique, les centres offrent aux enfants soldats des cours
de base et une formation professionnelle minimale. Comme l’a souligné Jean-Claude
Legrand, haut conseiller chargé de la protection des enfants dans les conflits armés auprès de
l’Unicef, « le meilleur moyen d’aider un enfant est de lui donner une éducation et la
possibilité de gagner sa vie ».
Ainsi des cours du primaire ou du secondaire sont-ils donnés aux ex-enfants
soldats. Divers sujets les concernant sont abordés, notamment leurs droits, les dangers du
VIH/sida, l’hygiène et les risques de recrutement.
En plus de suivre ces formations de base, les jeunes apprennent un métier ou des
moyens de gagner leur vie. Ces formations destinées à professionnaliser les ex-enfants soldats
sont fondamentales, car elles leur donnent les moyens de trouver un emploi et donc de
36

survivre, leur permettant de se construire une personnalité autre que celle du soldat ou de
l’esclave.
La réinsertion est le point d’achèvement du processus de retour à la vie civile des
anciens enfants soldats. Elle « les aide à redevenir des civils sous toutes leurs formes ». C’est
en effet durant cette phase qu’ils rejoignent leur famille et leur communauté d’origine.
Les relations familiales et communautaires sont les facteurs fondamentaux de sa
réussite, la famille jouant le rôle principal dans le retour à la vie civile des jeunes combattants.
Or, le conflit armé a pu entraîner des changements dans le contexte familial et la vie
communautaire à cause de l’augmentation de la pauvreté, du décès des membres de la famille
et des amis, du déplacement des membres de la communauté et, peut-être, du repeuplement
qui l’ont accompagné.44
 La Prise en charge des cas de VBG
L’emploi des expressions « violence à l’égard des femmes » et de « violence
basée sur le genre », est par moment objet de débat, notamment dans le mouvement féministe.
Certains estiment en effet, qu’il convient mieux d’utiliser l’expression de VBG pour mieux
souligner les origines patriarcales et les soubassements socio-culturels de la violence exercée
à l’encontre des femmes, alors que pour d’autres, le terme de genre pose problème dans la
mesure où il laisse planer une certaine ambiguïté et escamote le fait que les femmes sont les
principales cibles de la violence.
Définir la notion de violence n’est pas aisée, car elle est complexe et peut être
abordée de différents points de vue. Des approches disciplinaires diverses peuvent lui être
appliquées. Certains modèles d’explication de la violence renvoient au biologique, d’autres au
psychique ou encore aux inégalités socio-économiques.
De même, les causes de la violence à l’égard des femmes ont été étudiées sous
diverses perspectives, notamment le féminisme, la criminologie, le développement, les droits
de l’homme, la santé publique et la sociologie.
La Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des
femmes (1993), définit la violence à l’égard des femmes comme : « tous actes de violence
dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des
souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la
contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie
privé ».
La même déclaration signale que la violence à l’égard des femmes traduit « des
rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes, lesquels ont abouti à la
44
ABOUBACAR S., L’enfant soldat confronté au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR)
disponible sur https://www.erudit.org/fr/revues/ei/2013-v44-n4-ei01360/1024652ar/ consulté le mardi 24
septembre 2024 à 10heures 45'
37

domination et à la discrimination exercées par les premiers et freiné la promotion des


secondes ».45
La prise en charge des cas de violence basée sur le genre nécessite une approche
holistique qui inclut l'écoute et le soutien psychologique des victimes, l'accès à des soins
médicaux appropriés, ainsi que des mesures de protection pour garantir leur sécurité.
Il est essentiel d'établir un environnement de confiance, en formant les
professionnels de la santé et les travailleurs sociaux à reconnaître les signes de violence et à
répondre de manière sensible et appropriée.
La coordination avec les services juridiques et les organisations communautaires
est également cruciale pour fournir une aide complète, permettant aux victimes de bénéficier
d'un accompagnement dans leur parcours de guérison et d'un accès à la justice.
3. La prise en charge en santé mentale
La prise en charge en santé mentale est un domaine de la santé qui vise à fournir
des soins aux personnes souffrant de troubles mentaux. Cette prise en charge peut inclure des
thérapies individuelles ou de groupe, des médicaments, des programmes de réadaptation et de
soutien.
Le but de cette prise en charge est de fournir aux patients une assistance pour
surmonter leurs problèmes de santé mentale et réduire les symptômes qui affectent leur vie
quotidienne.
L’exposition à des circonstances sociales, économiques, géopolitiques et
environnementales défavorables y compris la pauvreté, la violence, les inégalités et la
privation de bonnes conditions environnementales augmente aussi le risque de développer des
problèmes de santé mentale.
Les risques peuvent se manifester à tous les stades de la vie, mais ceux qui
surviennent pendant les périodes critiques du développement, notamment au cours de la petite
enfance, sont particulièrement préjudiciables. Par exemple, on sait que les pratiques
éducatives sévères et les châtiments corporels compromettent la santé de l’enfant et que le
harcèlement est un facteur de risque majeur dans le contexte des problèmes de santé mentale.
À l’inverse, des facteurs de protection se manifestent tout au long de notre vie et viennent
renforcer notre résilience. Parmi ces facteurs figurent notamment des compétences et attributs
individuels d’ordre social et émotionnel, mais aussi des interactions sociales positives, une
éducation de qualité, un travail décent, un quartier sûr et une cohésion communautaire.

45
Les violences basées sur le genre, Manuel de formation à l’attention des écoutantes du réseau Anaruz,
Décembre 2006, P.20
38

Les facteurs de risque et de protection qui influent sur la santé mentale se manifestent dans la
société à des échelles différentes. Les menaces locales augmentent le risque pour les
individus, les familles et les communautés.
Les menaces mondiales augmentent le risque pour les populations dans leur
ensemble ; il peut s’agir de récessions économiques, de flambées épidémiques, de situations
d’urgence humanitaire, de déplacements forcés ou encore de la crise climatique qui
s’accentue.
Dans le cadre des efforts déployés au niveau national pour renforcer la santé
mentale, il est crucial de ne pas seulement protéger et promouvoir le bien-être mental de tous ;
il faut aussi répondre aux besoins des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale.
Cela suppose de dispenser des soins de santé mentale à l’échelle de la communauté, car ces
soins sont plus accessibles et acceptables que les soins dispensés en institution, contribuent à
prévenir les violations des droits humains et se traduisent par de meilleurs résultats de
guérison pour les personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Les soins de santé
mentale dispensés à l’échelle de la communauté devraient l’être dans le cadre d’un réseau de
services étroitement liés, comprenant :
 Des services de santé mentale intégrés aux services de santé généraux, habituellement
proposés dans des hôpitaux généraux et en collaboration avec des prestataires de soins
de santé primaires non spécialisés ;
 Des services de santé mentale proposés à l’échelle de la communauté, qui peuvent
faire intervenir des équipes et centres de santé mentale communautaires, des services
de réadaptation psychosociale, des services d’entraide et des services de soutien à
l’autonomie ; et
 Des services de santé mentale proposés dans le cadre de services sociaux et dans des
contextes non sanitaires, comme les services de protection de l’enfance, les services de
santé scolaires et les services carcéraux.
Au vu des lacunes majeures constatées dans la prise en charge des problèmes de santé mentale
courants, tels que la dépression et l’anxiété, les pays doivent trouver des moyens innovants de
diversifier et d’intensifier la prise en charge de ces problèmes, par exemple par des services
de soutien psychologique non spécialisés ou d’entraide numérique.46

§2 Efficacités des actions de protection


L'efficacité des actions de protection de l'enfance repose sur une approche
multidimensionnelle, intégrant des interventions préventives et curatives qui visent à garantir

46
OMS, Santé mentale : renforcer notre action disponible sur https://www.who.int/fr/news-room/fact-
sheets/detail/mental-health-strengthening-our-response consulté le samedi, 05 octobre 2024 à 10 heures 30
minutes
39

le bien-être et la sécurité des enfants en situation de vulnérabilité. Cela inclut la sensibilisation


des familles, la formation des professionnels, et la mise en place de dispositifs de suivi
adaptés.
a) La Réduction des risques
La réduction des risques dans le cadre des actions de protection de l'enfance se
concentre sur l'identification et la minimisation des facteurs pouvant nuire au bien-être des
enfants, tels que la violence, la négligence ou l'abus.
Cette approche proactive vise non seulement à protéger les enfants déjà en danger, mais aussi
à prévenir l'apparition de situations à risque en intervenant en amont, par exemple en offrant
un soutien aux familles en difficulté ou en améliorant l'accès à des ressources éducatives et
sociales.
L’action anticipative représente une approche importante, puisqu’elle permet aux
organisations humanitaires et de développement d’entreprendre de nouvelles activités de
préparation et de réaliser des économies de temps et d’argent considérables en agissant avant
qu’une urgence ne survienne. De plus en plus d’éléments font d’ailleurs état de l’efficacité de
ce type d’approche.
À l’heure actuelle, plus de 60 pays travaillent à mettre en œuvre des approches
d’action anticipative, et de plus en plus d’organisations souhaitent passer de petits projets
pilotes à des approches d’action anticipative à grande échelle.
Pour ce faire, elles doivent consacrer plus de fonds au soutien préalable aux crises afn que
davantage de personnes puissent recevoir une assistance avant les chocs prévisibles, élargir la
couverture géographique et les types de chocs qui peuvent être anticipés, et renforcer la
capacité du système à répondre de manière collective et coordonnée32. Il faudrait également
envisager d’élargir la portée du soutien fourni au-delà de la sécurité alimentaire et de la
nutrition.
La protection en général et la protection de l’enfance en particulier sont rarement prises en
compte dans les actions anticipatives, mais l’élargissement de ces initiatives constitue une
occasion de les intégrer directement.47
b) L'amélioration du bien-être psychosocial
L'amélioration du bien-être psychosocial des enfants est essentielle pour favoriser
leur développement global et leur résilience face aux défis de la vie. Cela implique la
promotion de relations saines et sécurisantes, tant au sein de la famille qu'à l'école, ainsi que
l'accès à des services de soutien psychologique adaptés.

47
IFCR, ACTION ANTICIPATIVE ET PROTECTION DE L’ENFANCE, Agir rapidement pour mieux protéger les enfants
en contexte d’urgence, P.10
40

Des activités telles que le jeu, l'expression artistique et le développement de


compétences sociales jouent un rôle clé dans l'épanouissement émotionnel des enfants.
Les enfants en âge d’être scolarisés passent plus de temps dans des espaces d’apprentissages
que dans quelque autre espace social. C’est pour cela qu’établir un système de soin/prise en
charge au sein de ces espaces peut aider à garantir que les enfants reçoivent l’attention et le
soutien adéquats.
Le soutien psycho-social dans les situations d’urgence est proposé surtout par le
biais d’espaces adaptés aux enfants et en éducation, avec l’apprentissage social et émotionnel
par le biais des espaces d’apprentissages temporaires et des écoles adaptées aux enfants. Dans
les espaces d’apprentissage, les enfants sont en contact quotidiennement avec tout un éventail
de professionnels, ce qui donne une opportunité au personnel qualifié de les évaluer, leur
offrir un suivi psychologique, intervenir quand nécessaire, consulter d’autres professionnels
qualifiés, les envoyer consulter et faire le suivi avec les enfants si besoin.
Section 2 : Difficultés et limites des mécanismes de protection de l'enfant
Les mécanismes de protection de l'enfant, bien qu'essentiels pour garantir la
sécurité et le bien-être des jeunes en situation de vulnérabilité, rencontrent de nombreuses
difficultés et limites qui entravent leur efficacité. Parmi ces défis, on trouve le manque de
ressources humaines et financières, une coordination insuffisante entre les différents acteurs
impliqués.
§1 Difficultés
Les difficultés rencontrées par les mécanismes de protection de l'enfant sont
accentuées par des facteurs tels que la persistance de l'activisme de groupes armés, qui expose
de nombreux enfants à des violences extrêmes et à des situations de vulnérabilité accrues.
Dans ces contextes de conflit, les enfants sont souvent recrutés de force ou témoins de
violences traumatisantes, ce qui entraîne des traumatismes psychologiques durables.
a) La Persistance de l'activisme de groupe armé
L'activisme de groupes armés persiste pour plusieurs raisons. Tout d'abord, des
facteurs socio-économiques comme la pauvreté, le manque d'éducation et l'inégalité sociale
créent un terreau fertile pour le recrutement. De plus, des conflits politiques et ethniques non
résolus alimentent les tensions et justifient l'usage de la violence.
Les groupes armés exploitent souvent des idéologies, qu'elles soient religieuses, nationalistes
ou révolutionnaires, pour mobiliser des partisans. La faiblesse des institutions étatiques et
l'absence de gouvernance efficace dans certaines régions permettent à ces groupes de se
renforcer et de s'étendre.
Depuis son indépendance en juin 1960, la République Démocratique du Congo est
épisodiquement confrontée à des crises sécuritaires majeures. Au cours de ces six décennies
41

écoulées, l’environnement aussi bien national qu’international a enregistré de nombreux


bouleversements. Ces bouleversements touchent tant bien les intérêts que les moyens mis en
œuvre par les divers acteurs pour les atteindre. Dès lors, les pistes qui s’étaient avérées
efficaces dans la résolution des conflits d’hier ne pourraient pas dans le contexte actuel.
Il y a presque deux décennies, la République Démocratique du Congo traverse une
situation des conflits armés qui n’a cessé de se métamorphoser, au point que les Congolais
parlent d’une interminable guerre. Les causes lointaines de ces conflits remontent à la
migration massive des acteurs hutus du conflit rwandais de 1994 connu sous le vocable du «
génocide rwandais » en passant par les rébellions multiformes.
Le conflit congolais est passé par des ententes et accords qui n’ont pas débouché
sur une situation sécuritaire paisible et durable. Ces conflits qui sont de nature composite sont
à la fois très localisés, mais liés à plusieurs enjeux d’ordre territorial, social, identitaire et
économique au niveau régional, national et international. Il serait imprudent de déclarer qu’il
y a seulement un conflit à l’Est de la RDC étant donné que les différentes parties qui
composent ce territoire de l’Est ne présentent pas la même configuration quant à leur
sécurité.48
MARIUS R.49 Depuis la prise du pouvoir par l’actuel président de la RDC en fin
2019 à ce jour, la situation sécuritaire à l’Est du pays reste toujours préoccupante, menaçant
non seulement la paix des populations mais aussi le développement de cette partie du pays.
En 2020, 122 groupes armés ont été recensés sur les quatre provinces de l’Est de
la RDC notamment Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika. Bien que leur nombre semble
diminué depuis 2017, le nombre d’incidents dus aux attaques de ces groupes armés ont
augmenté au cours de l’année 2020.
Il faut noter que l’arrivée de Felix Tshisekedi au pouvoir vers le début de l’année
2019 avait suscité d’espoir qui a poussé certains groupes armés et leurs combattants de
s’inscrire dans le processus de désarmement et démobilisation. Cependant, au vu de l’échec
de ce processus, un grand nombre d’ex-combattants sont en train de regagner le maquis. Ce
qui ne rassure pas quant à l’avènement de la paix durable à l’Est de la RDC.
Les conséquences de l’activisme de ces groupes armés au Nord-Kivu et en Ituri
sont énormes. En effet, rien que pour la période située entre l’entrée en vigueur de l’état de

48
DOMINIQUE K., Pistes de solution à la crise sécuritaire de l’est de la République démocratique du Congo
disponible sur https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/29430 consulté le samedi 05 octobre 2024
à 13 heures 30 minutes.
49
MARIUS R., L’activisme des groupes armés à l'Est de la RDC amoindrit l'espoir de paix, 22 septembre 2021
disponible sur https://www.peaceinsight.org/fr/articles/lactivisme-des-groupes-arm%C3%A9s-%C3%A0-lest-
de-la-rdc-amoindrit-lespoir-de-paix/?location=dr-congo&theme= consulté le samedi 05 octobre 2024 à 13
heures piles.
42

siège le 06 Mai 2021 et le 10 septembre 2021, l’organisation Human Rights Watch rapporte
qu’au moins 739 civils ont été tués.
A ces tueries les plus récentes dans ces deux provinces sous l’état de siège, il faut
noter que la province de l’Ituri compte à elle seule plus de 1,5 millions des personnes
déplacées internes sur au moins 5,2 millions que compte actuellement le pays.
b) Le traumatisme
Le traumatisme en contexte de crise humanitaire est particulièrement aigu, car les
individus sont souvent exposés à des événements violents, à la perte de proches, à la
séparation familiale, ou à des conditions de vie précaires. Ces expériences peuvent engendrer
des troubles psychologiques durables, tels que le trouble de stress post-traumatique, l'anxiété
et la dépression.
Les crises humanitaires, qu'elles soient causées par des conflits armés, des
catastrophes naturelles ou des déplacements massifs de population, amplifient le sentiment
d'insécurité et de désespoir. Les ressources limitées pour le soutien psychologique aggravent
souvent la situation, rendant difficile la guérison.
Chaque jour, plus de 14 000 personnes dans le monde perdent la vie à la suite
d’un traumatisme. Parmi les causes de traumatismes figurent les actes de violence dirigés
contre autrui ou contre soi-même, les accidents de la route, les brûlures, les noyades, les
chutes et les intoxications.
Les décès dus à un traumatisme ont d’énormes répercussions sur les familles et les
communautés touchées, dont la vie est bien souvent changée par le tragique évènement. Bien
que les traumatismes et les actes de violence soient prévisibles et en grande partie évitables,
ce sont depuis longtemps des thèmes absents du programme mondial d’action en santé.
Les faits en provenance de nombreux pays montrent que des efforts concertés
faisant intervenir le secteur de la santé, mais aussi d’autres secteurs, peuvent donner des
résultats spectaculaires au niveau de la prévention.
La communauté internationale doit collaborer avec les États et la société civile
partout dans le monde pour mettre en œuvre les mesures qui ont fait leurs preuves et réduire la
fréquence des décès évitables qui se produisent chaque jour à la suite de traumatismes ou de
violence.
Outre l’énorme stress psychologique que font peser les traumatismes et la
violence sur les victimes, il faut aussi compter les pertes économiques considérables pour les
victimes elles-mêmes, leur famille et le pays tout entier50
§2 Limites

50
OMS, Traumatisme et violence, 2014.
43

Les limites des mécanismes de protection de l'enfant se manifestent à travers


plusieurs facteurs qui compromettent leur efficacité. Tout d'abord, le manque de ressources
financières et humaines entraîne des carences dans les services offerts, rendant difficile
l'accompagnement des enfants et des familles en détresse.
De plus, l'insuffisante coordination entre les différents acteurs (services sociaux,
éducateurs, autorités judiciaires) peut conduire à des réponses fragmentées et inadaptées aux
besoins spécifiques des enfants. Les préjugés culturels et les stéréotypes influencent
également la perception des situations, parfois au détriment de l'intérêt supérieur de l'enfant.
a) Le manque des ressources
Le manque de ressources à un impact significatif sur les mécanismes de protection
de l'enfance, car il limite l'accès des enfants aux services essentiels tels que l'éducation, la
santé et le soutien psychologique. Dans les contextes de pauvreté ou de crise, les familles
peuvent être incapables de fournir un environnement sûr et stable, exposant ainsi les enfants à
des risques d'abus, de négligence et d'exploitation.
De plus, les systèmes de protection de l'enfance, souvent déjà fragiles, peuvent
être submergés par la demande croissante, rendant difficile la mise en œuvre efficace des
politiques et des programmes nécessaires pour garantir le bien-être et la sécurité des enfants
vulnérables.
b) La fragmentation de service
La fragmentation de service dans le domaine de la protection de l'enfance se
manifeste par une multitude d'intervenants et de dispositifs souvent disjoints, rendant difficile
la coordination des efforts pour assurer le bien-être des enfants.
Cette dispersion peut entraîner des lacunes dans l'évaluation des besoins, des réponses
inappropriées ou tardives, et une expérience défaillante pour les familles en difficulté.
Les mécanismes de protection de l'enfance, lorsqu'ils sont trop segmentés, peuvent
ainsi nuire à l'efficacité des interventions, car les enfants et les familles se retrouvent souvent
ballottés entre différents services sans un suivi adéquat.

CONCLUSION
Au terme de notre travail qui porté sur les mécanismes de protection de l'enfance en
ville de Bunia face à la crise humanitaire en Ituri, il ressort que la protection de l'enfant est un
enjeu fondamental qui vise à garantir son bien-être, sa sécurité et son développement, surtout
en période de crise humanitaire, comme en Ituri. Les défis politiques, économiques et sociaux
44

qui ont émergé après la guerre froide mettent en péril les droits fondamentaux des enfants, les
exposant à la violence, à l'exploitation et à la déscolarisation.
L'article 19 de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l'Enfant impose
aux Etats de protéger les enfants contre toutes les formes de violence. Pourtant, les enfants se
trouvent confrontés à des niveaux élevés de violence dans toutes les sphères sociales : milieu
familial et/ou pairs et institutions avec lesquels ils sont en contact.
Cette situation à des répercussions sur tous les droits des enfants ; par exemple, en les
empêchant de dire ce qu'ils pensent et de jouir de leur droit de participation. En particulier, les
études sur les avis des enfants indiquent que les groupes vulnérables notamment les enfants
demandeurs d'asile, les enfants vivant dans des zones défavorisées et les enfants autrement
vulnérables courent un risque accru de violence et de harcèlement.51
L'intensification de la violence, les déplacements massifs et la proximité entre les
groupes armés et les communautés entraînent une augmentation alarmante des cas de
meurtres, de mutilations et d'enlèvements d'enfants en RDC. Si la tendance se poursuit, le
pays est en passe d'atteindre de nouveaux records depuis la mise en place du mécanisme de
surveillance et de communication de l'information des Nations unies en 2005, et de dépasser
les chiffres enregistrés en 2022.
L'étude s'appuie sur des travaux de chercheur., qui soulignent les dilemmes éthiques et
juridiques entourant la responsabilité des enfants dans des contextes de guerre, tout en
analysant les complexités de la protection de l'enfance. Le travail se concentre sur deux
questions centrales : Quels sont les mécanismes de protection de l’Enfant ? et Quelles sont les
difficultés et les limites de mécanisme de protection de l’Enfant ?
Les hypothèses relèvent que les mécanismes de protection de l’Enfant seraient l’instauration
de la famille d’accueil ou le soutien psychosocial, et les causes qui rendraient les mécanismes
de proctetion de l’Enfant en difficulté tout en les limitant sont entre autres : la persistance de
l’activisme de groupe armé, le traumatisme, le manque des ressources et la fragmentation de
service.

Les défis seraient nombreux suite à la persistance du conflit armé, il serait impérieux
que l'Etat mette tous les moyens en œuvre pour la sauvegarde de bien-être de l'enfant
Ce sujet est motivé par la reconnaissance de la vulnérabilité des enfants en temps de crise et
par l'impact à long terme de leur protection sur les générations futures. La recherche vise non
seulement à Analyser les mécanismes de protection de l'enfant face à la crise humanitaire
mais aussi identifier les difficultés et les limites de mécanisme de protection de l’Enfant.

51
Rapport, Obstacles aux droits des enfants aujourd'hui : qu'en pensent les enfants ?, par comité d'experts de
la stratégie du conseil de I'Europe sur les droits de l'enfant, Strasbourg, 2015, P. 10
45

Il sied de noter que la crise humanitaire en Ituri est le résultat de conflits armés
prolongés et de rivalités ethniques. Depuis la fin des années 1990, la région de l'Ituri a été le
théâtre de violences qui ont entraîné le déplacement de millions de personnes, laissant
beaucoup d'entre elles dans des camps de réfugiés surpeuplés, où l'accès à des besoins
fondamentaux tels que la nourriture, l'eau potable et les soins médicaux est extrêmement limité.
Les crises humanitaires, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, comme des
inondations et des tremblements de terre, ou de situations complexes causées par l’homme,
telles que des conflits armés et des accidents industriels, illustrent le spectre complet qui existe
entre la souffrance et la résilience humaines.
La crise humanitaire a des conséquences dévastatrices sur les enfants, en affectant
leur santé physique et mentale, leur accès à l'éducation et leur protection. Ils sont
particulièrement vulnérables aux maladies, à la malnutrition et aux traumatismes
psychologiques dus à la violence et à la perte.
Les conflits et les catastrophes naturelles perturbent leur scolarité, compromettant
ainsi leur avenir, tandis que l'exposition à des abus et à l'exploitation augmente en raison de
l'instabilité. De plus, le déplacement forcé les prive de repères familiaux et communautaires,
nuisant à leur sentiment de sécurité et à leur développement.
Cependant, dans le souci de protéger les enfants, deux éléments cruciaux sont à
invoqués notamment le cadre institutionnel dont les uns sont internationaux ou régionaux et les
autres, nationaux ; le cadre juridique qui résume l'ensemble des textes légaux visant à la
protection des enfants.
Les mécanismes de protection de l'enfance désignent l'ensemble des dispositifs,
lois, politiques et pratiques mis en place pour garantir la sécurité, le bien-être et les droits des
enfants. Cela inclut des interventions légales, des services de soutien aux familles, des
structures d'accueil pour les enfants en danger, ainsi que des programmes de sensibilisation et
de prévention.
Dans toutes les sociétés, la protection de l'enfance est un sujet délicat puisqu'elle
met en parallèle, d'un côté, la liberté de choix des parents dans la détermination de leurs
pratiques éducatives et, de l'autre, la responsabilité de l'État face à la sécurité et au
développement de tous ses citoyens, incluant les enfants.
C'est également un sujet complexe, en raison de la constante transformation des
politiques qui sont adoptées en matière de protection de l'enfance et de la diversité des acteurs
individuels et collectifs (autorités judiciaires, services de l'État, services communautaires,
ONG, associations, etc.) qui sont engagés dans la mise en œuvre de ces politiques.
L'efficacité des actions de protection de l'enfance repose sur une approche multidimensionnelle,
intégrant des interventions préventives et curatives qui visent à garantir le bien-être et la
46

sécurité des enfants en situation de vulnérabilité. Cela inclut la sensibilisation des familles, la
formation des professionnels, et la mise en place de dispositifs de suivi adaptés.
Les mécanismes de protection de l'enfant, bien qu'essentiels pour garantir la
sécurité et le bien-être des jeunes en situation de vulnérabilité, rencontrent de nombreuses
difficultés et limites qui entravent leur efficacité. Parmi ces défis, on trouve le manque de
ressources humaines et financières, une coordination insuffisante entre les différents acteurs
impliqués.
La protection de l'enfant en période de crise humanitaire est un défi majeur qui
nécessite des interventions ciblées et efficaces. Les enfants, souvent les plus touchés par les
conflits et les catastrophes, sont exposés à de graves violations de leurs droits et à des
conditions de vie précaires.
Pour améliorer la situation des enfants vulnérables en Ituri, il est crucial de mettre en place des
mécanismes adaptés et de renforcer les initiatives existantes. Ainsi, nous suggérons ce qui suit :
 Il est essentiel de renforcer les lois et les conventions internationales relatives à la
protection de l'enfance, en veillant à leur mise en œuvre effective dans les contextes de
crise humanitaire.
 Développer des réseaux de soutien communautaires pour les enfants et les familles
touchées par des crises, facilitant l'accès à des ressources éducatives, sanitaires et
psychosociales.
 Mettre en place des programmes de formation pour les professionnels travaillant dans le
domaine de la protection de l'enfance, afin de les sensibiliser aux spécificités des crises
humanitaires.
 Établir des mécanismes systématiques de suivi et d'évaluation des programmes de
protection de l'enfance pour ajuster les interventions en fonction des besoins réels des
enfants.
 Lancer des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés sur les droits
des enfants et les mécanismes de protection disponibles, afin d'encourager une culture
de vigilance et de soutien.
En tenant compte des défis spécifiques auxquels sont confrontés les enfants vulnérables, nous
souhaiterions que l'Etat Congolais :
 Favorise une collaboration étroite entre les gouvernements, les ONG et les organisations
internationales pour coordonner les efforts de protection de l'enfance et éviter les
duplications.
 Établisse des priorités claires pour les groupes d'enfants les plus vulnérables, tels que les
enfants déplacés, orphelins ou victimes de violence, afin d'assurer une protection ciblée
et efficace.
47

 Garantisse l'accès à l'éducation pour tous les enfants affectés par des crises, en créant
des écoles temporaires et en soutenant les programmes d'éducation non formelle.
 Mette en place des programmes de soutien psychosocial pour aider les enfants à
surmonter les traumatismes liés aux crises, en incluant des intervenants formés dans les
communautés.
 Assure un financement régulier et adéquat pour les programmes de protection de
l'enfance, en mobilisant des ressources nationales et internationales pour répondre aux
besoins en période de crise.
Sans pour autant toucher tous les points saillants, nous invitons d'autres chercheurs à poursuivre
et à développer une étude que celle-ci.
48

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

A. TEXTES LEGAUX INTERNANAUX


- Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant.
- Convention Internationale relative aux Droits de l'Enfant (1989).
B. TEXTES LEGAUX NATIONAUX
- La Loi n°09/001 du 10 Janvier 2009 portant protection de l'enfant
- La constitution de la République Démocratique du Congo
- Loi N°87-010 du 1er Aout 1987 tels que modifiée et complétée par la loi N° 16/008 du
16 Juillet 2016 portant code de la famille.
C. OUVRAGES
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Amerique_du_Nord
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l'enfant en Afrique centrale : cas de la République Démocratique du Congo, dans les
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Illustration par les enfants travailleurs», in Revue québécoise de droit international,
vol.24, n°1
10) Les violences basées sur le genre, Manuel de formation à l’attention des écoutantes du
réseau Anaruz, Décembre 2006.
11) Timothée KITAMBALA, La protection spéciale de l'enfant exposé à la mendicité: etat
des lieux et perspectives, Mémoire, Droit, UNIKIN, 2019
12) Frida A., insertion sociale et professionnelle des jeunes à risque au bénin:
modélisation d'un centre-pilote de jeunesse pour une éducation de deuxième chance,
Mémoire, Loisir, culture et tourisme, Université du Québec à Trois-Rivières, août
1998.
13) Nations-Unies, Conflits en République démocratique du Congo: Causes, impact et
implications pour la région ses Grands Lacs, 2015.
14) OMS, Rapport mondial sur la violence et la santé, 2002
15) OMS, Santé mentale : renforcer notre action disponible sur
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-strengthening-our-
16) OMS, Traumatisme et violence, 2014.
17) ONU, Rapport, l'engagement du conseil de sécurité pour la protection des enfants dans
les conflits armés : bilan et perspectives.
18) OSCAR D.,«les grands systèmes : modèle de protection, modèle de justice et les
perspectives d'avenir», in service social, vol.47, n°4, 1999.
19) HCDH-MONUSCO, Rapport public sur les conflits en territoire de Djugu, province de
l’Ituri Décembre 2017 à septembre 2019, Janvier 2020.
20) IFCR, ACTION ANTICIPATIVE ET PROTECTION DE L’ENFANCE, Agir
rapidement pour mieux protéger les enfants en contexte d’urgence.
50

21) Jean-Louis Le Run, Les mécanismes psychologiques de la violence disponible sur


https://shs.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2012-1-page-23?lang=fr

22) Comité des droits de l'enfant disponible sur https://www.humanium.org/fr/genese-


comite-droits-enfant/#:~:text=Le%20Comit%C3%A9%20est%20un%20organe,des
%20droits%20de%20l'enfant.

23) DOMINIQUE K., Pistes de solution à la crise sécuritaire de l’est de la République


démocratique du Congo disponible sur
https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/29430
24) Guide de Terminologie pour la Protection des Enfants contre l’Exploitation et l’Abus
Sexuels, Groupe de Travail Interinstitutionnel sur l’exploitation sexuelle des enfants
2016

25) MARIUS R., L’activisme des groupes armés à l'Est de la RDC amoindrit l'espoir de
paix, 22 septembre 2021 disponible sur
https://www.peaceinsight.org/fr/articles/lactivisme-des-groupes-arm%C3%A9s-
%C3%A0-lest-de-la-rdc-amoindrit-lespoir-de-paix/?location=dr-congo&theme
26) SYLVAIN V., typologie des conflits armés en droit international humanitaire :
concepts juridiques et réalités disponible sur
https://international-review.icrc.org/sites/default/files/irrc-873-vite-fre.pdf
27) UNESCO, Recueil des textes normatifs et conventions internationales et régionales,
Droit à l'éducation et protection de l'enfant, Février 2006.
28) UNICEF, comprendre les situations d'urgence humanitaire lorsqu'une catastrophe
naturelle se produit, 2010,
29) UNICEF, Lignes directrices nationales sur la prise en charge des enfants dans les
familles d’accueil transitoire, Manuel à l’usage des acteurs de protection de l’enfance
en RCA, Janvier 2016.
F. WEBOGRAPHIE
1) Arlette Gautier, Les violences de genre : théories, définitions et politiques disponible
sur https://shs.cairn.info/revue-autrepart-2018-1-page-3?lang=fr
2) ABOUBACAR S., L’enfant soldat confronté au processus de désarmement,
démobilisation et réinsertion (DDR) disponible sur
https://www.erudit.org/fr/revues/ei/2013-v44-n4-ei01360/1024652ar/
3) Cadre institutionnel, disponible https://bidc-ebid.org/glossary/glossary/cadre-
institutionnel/#:~:text=Le%20terme%20%C2%AB%20cadre%20institutionnel
%20%C2%BB%20fait,pour%20la%20fourniture%20de%20services
4) CATHERINE S., l'accueil familial et ses paradoxes disponible sur
https://books.openedition.org/pup/49320?lang=fr .

5) UNICEF, disponible sur


https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fonds_des_Nations_unies_pour_l%27
51

6) UNICEF, pour chaque enfant, disponible sur


https://www.unicef.org/drcongo/communique-presse/rdc-niveaux-record-troisieme-
annee–consecutive-enfants-tues-blesses ,
52

TABLE DES MATIERES


DEDICACE............................................................................................................................................i
REMERCIEMENT..............................................................................................................................ii
SIGLES ET ABRÉVIATIONS...........................................................................................................iii
0. INTRODUCTION........................................................................................................................1
0.1. Contexte de l'étude...................................................................................................................1
0.2. Revue de la littérature..............................................................................................................1
0.3. Problématique...........................................................................................................................2
0.4. Hypothèses................................................................................................................................6
0.5. Objectifs....................................................................................................................................6
0.6. Choix et Intérêts du sujet.........................................................................................................6
0.6.1. Choix du sujet.......................................................................................................................6
b. Intérêts du sujet...............................................................................................................................6
0.7. Cadre méthodologique.............................................................................................................7
0.7.1. Méthode.................................................................................................................................7
0.7.2. Technique..............................................................................................................................7
0.8. Délimitation du travail.............................................................................................................8
0.9. Subdivision du travail..............................................................................................................8
CHAPITRE I : CONTEXTE DE LA CRISE HUMANITAIRE EN ITURI....................................9
Section 1 : Situation humanitaire en Ituri et ses conséquences.........................................................9
§1 Situation humanitaire.....................................................................................................................9
A. Les conflits armés..........................................................................................................................10
B. Les Violations des droits humains................................................................................................13
§2 Impacts de la crise humanitaire sur les enfants..........................................................................15
A. La déscolarisation..........................................................................................................................15
B. Les violences et abus......................................................................................................................16
1. La violence......................................................................................................................................16
2. L'Abus.............................................................................................................................................18
Section 2 : Cadre institutionnel et juridique de la protection d'enfants.........................................20
§1 Les cadres institutionnels..............................................................................................................20
1. Au niveau international et Régional..............................................................................................20
1. Le Comité des droits de l'enfant................................................................................................22
2. Au niveau National.........................................................................................................................22
a) Les organes de protection sociale de l’enfant sont notamment :.................................................22
b) La protection judiciaire.................................................................................................................23
§2 Le cadre juridique.........................................................................................................................24
1. Le cadre juridique international et Régional...............................................................................24
53

1. La Convention Internationale relative aux Droits de l'Enfant................................................24


2. La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant.......................................................26
2. Le Cadre juridique national..........................................................................................................28
 La constitution............................................................................................................................28
 Le Code Congolais de la famille................................................................................................30
CONCLUSION PARTIELLE...........................................................................................................31
CHAPITRE II : LES MECANISMES DE PROTECTION DE L'ENFANT.................................32
Section 1 : Efficacités des actions de protection de l'enfance..........................................................32
§1 Actions de protection de l'enfance................................................................................................32
a. L'instauration de la famille d'accueil............................................................................................33
b) Le soutien psychosocial.................................................................................................................35
 La prise en charge transitoire de l'enfant et la réunification..................................................35
 La Prise en charge des cas de VBG...........................................................................................36
3. La prise en charge en santé mentale.............................................................................................37
§2 Efficacités des actions de protection.............................................................................................39
a) La Réduction des risques...............................................................................................................39
b) L'amélioration du bien-être psychosocial....................................................................................39
Section 2 : Difficultés et limites des mécanismes de protection de l'enfant....................................40
§1 Difficultés.......................................................................................................................................40
a) La Persistance de l'activisme de groupe armé.............................................................................40
b) Le traumatisme..............................................................................................................................42
§2 Limites............................................................................................................................................43
a) Le manque des ressources.............................................................................................................43
b) La fragmentation de service..........................................................................................................43
CONCLUSION...................................................................................................................................44
A. TEXTES LEGAUX INTERNANAUX......................................................................................48
B. TEXTES LEGAUX NATIONAUX...........................................................................................48
C. OUVRAGES...............................................................................................................................48
D. COURS INEDITS......................................................................................................................48
E. MEMOIRES, TFC, REVUES, ARTICLES, RAPPORT ET AUTRES.................................48
F. WEBOGRAPHIE.......................................................................................................................50

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