SECTION 2 : L’IMPÔT EN CÔTE D’IVOIRE

1) LA DEFINITION, LES CARACTERISTIQUES DE L’IMPOT

Pour rappel la fiscalité peut être définie comme un
« ensemble de lois, règlements, procédures et
pratiques administratives relatifs à l’impôt ».
Aussi, au-delà des techniques mêmes qui masquent
parfois sa réalité fondamentale, la fiscalité doit être
comprise d’abord comme un fait politique et social,
comme « une chose de l’homme ».
L’impôt en tant que fait social apparaît comme un fait politique car
l’histoire de l’Etat est indissociable de celle de l’impôt. En effet
l’entrée des ETATS dans la modernité politique est marquée par le
transfert du pouvoir fiscal aux représentants du peuple.

L’impôt est une contribution au budget de l’Etat mise à la charge

des individus et des entreprises par des Lois de finances (L.F) au
nom du contrat de la vie en société à entretenir par les dirigeants
choisis par ces individus.
Pour ce faire, en côte d’Ivoire, la constitution dispose que « le
parlement vote la loi et consent l’impôt ».
En somme, « l’impôt est source de vie pour l’Etat… »et apparaît par
conséquent comme un moyen d’exercice du pouvoir politique.
 On pourra en définitive l’impôt comme « un prélèvement pécuniaire
requis des particuliers (personnes morale et physique), par voie
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie en vue d’assurer le
financement des dépenses publiques ».
A la lumière de cette définition, l’impôt se caractérise par les points
suivants :

Une prestation pécuniaire

L’impôt se paie en « argent »

Requise des particuliers (personnes physiques et morales de droit privé,

et exceptionnellement des personnes morales de droit public).
La conséquence qui en découle c’est que l’Etat ne paie, en principe, pas
d’impôt. Les démembrements de l’Etat non plus ne paient l’impôt, sauf
dans les cas où l’Etat et/ou ses démembrements se comportent comme des
concurrents du secteur privé.
En fonction de leurs capacités contributives
La notion de faculté contributive signifie que « tous les citoyens ne supportent
pas forcément le même niveau d’imposition ; il varie en raison de la richesse,
du revenu ou de la fortune de chacun ».

Selon la doctrine fiscale, « l’impôt représente la part de chaque citoyen, par

application du principe de la solidarité sociale nationale, il doit supporter les
charges qui pèsent sur l’Etat ».

Par voie d’autorité

L’impôt a le caractère de prélèvement obligatoire, c’est-à-dire qu’il est effectué
par voie d’autorité sur la base de la « loi » et « des prérogatives de puissance
publique de l’Administration chargée d’appliquer et de faire exécuter la loi »
Ainsi :
⎯L’impôt est un attribut essentiel de la souveraineté de l’Etat
−L’impôt est un fait institutionnel : il repose sur une base juridique.
⎯L’impôt est obligatoire « c’est la loi qui consent l’impôt »

A titre définitif
L’impôt n’est pas un prêt.
A la différence de l’emprunt, l’impôt légalement dû et régulièrement acquitté n’est en
principe ni restituable, ni remboursable sauf dans les cas de surtaxe.

Sans contrepartie directe

L’impôt n’est pas un prix d’une transaction.
« Juridiquement, l’impôt ne constitue pas le prix d’un service rendu. Aussi, le
contribuable ne peut-il pour contester sa dette, arguer de la mauvaise utilisation des
deniers publics. Il ne peut davantage exiger que l’impôt qu’il paie soit affecté à tel ou tel
service public ou au financement de telle ou telle opération. De même, il ne peut refuser
de payer l’impôt au motif que celui-ci financerait des dépenses contraires à ses
principes ».
L’impôt sert aux pouvoirs publics d’outils d’interventionnisme économique,
social et culturel
L’impôt sert à payer les dépenses publiques.
L’impôt est la principale ressource du budget de l’Etat et est un moyen
d’exercice du pouvoir politique.

2) LES PRINCIPAUX RÔLES DE L’IMPÔT

Le rôle classique de l’impôt, le rôle financier et budgétaire
Dans son rôle classique, l’impôt sert à :
Renflouer les caisses de l’Etat ;
Procurer des recettes à l’Etat,
l’éclairage public, l’adduction d’eau potable, etc.

Dans cette optique, on dit que l’impôt est neutre (l’impôt doit modifier le
moins possible le milieu dans lequel il s’applique).
Le rôle économique ou moderne de l’impôt : « l’impôt, un outil
d’interventionnisme économique, social et culturel. »
Aujourd’hui, l’Etat utilise l’impôt pour orienter sa politique économique sociale et
culturelle.
Cette instrumentalisation de l’impôt se manifeste par exemple par les mesures
d’incitation fiscale à l’investissement, par la progressivité de l’impôt sur les
revenus, par les exonérations, les exemptions et autres réductions et remises
accordées, etc.
C’est l’interventionnisme fiscal.
L’interventionnisme déroge donc au principe de la neutralité fiscale selon lequel
l’impôt doit modifier le moins possible le milieu dans lequel il s’applique).

Le rôle social de l’impôt

L’impôt assure une sorte de redistribution des richesses du pays entre les citoyens.
Exemple : l’allocation chômage
3) LES CLASSIFICATIONS DES IMPÔTS EN CÔTE D’IVOIRE
Les impôts peuvent être classés en fonction :
- de leur qualification par la loi ;
- de l’organisme qui les perçoit ;
- de la nature de l’impôt.

Les impôts selon leur qualification par loi

Les impôts directs

Ils frappent annuellement un contribuable déterminé (personne physiques ou
entreprise) au titre des revenus ou bénéficies qu’il réalise, ou de certains
éléments de son patrimoine
Exemple : impôt sur le salaire, l’impôt foncier, ….
Les impôts indirects
Ils frappent la dépense, la consommation, la circulation des richesses des
richesses.
Exemple les taxes sur le chiffre d’affaire frappent le montant des opérations
commerciales. Elles sont incluses dans les prix. La plus importantes est la TVA.
De même la taxe sur les conventions d’assurance,….

Les impôts selon l’organisme qui les perçoit

Les impôts perçus par l’Etat, tels l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les
bénéfices, la TVA, une partie des doits d’enregistrements,…
Les impôts perçus par les collectivités locales (département, région, …) tels les
impôts locaux (taxe professionnelle, taxe foncière, taxe d’habitation et taxes
assimilées), une fraction des droits d’enregistrement.
Les impôts selon leur nature
Les impôts sur le revenu ou les bénéfices : impôt sur le revenu, impôt sur les
sociétés ;
Les impôts sur la dépense : TVA, contributions indirectes, taxes diverses, droit
de douane ;
Les impôts sur le capital : droits d’enregistrement sur l’acquisition des moyens
de production de l’entreprise.

4) LES ADMINISTRATIONS EN CHARGE DE L’IMPÔT EN CÔTE D’IVOIRE

Elle est aussi appelée le « FISC ». Elle comprend les directions suivantes :

La Direction Générale des Impôts (DGI)

pour l’assiette, le contrôle, le recouvrement, le contentieux des impôts directs,
des taxes indirectes intérieures, des droits d’enregistrement et de timbre à
l’exception du recouvrement des impôts perçus par voie de rôle (technique
administrative de mise en place d’un impôt à payer par un contribuable).
La Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor
(DGTCP)
pour le recouvrement des droits perçus par voie de rôle.

La Direction Générale des Douanes (DGD) pour l’assiette, le

recouvrement, le contrôle et contentieux des droits et taxes inscrits
au tarif des douanes, ce sont les impôts dit « impôts pas de porte »

5) LA TECHNIQUE FISCALE APPLICABLE A UN IMPÔT OU TAXE

La technique fiscale comporte quatre opérations :
* L’assiette d’un impôt ;
*La liquidation d’un impôt ;
*Le recouvrement d’un impôt ;
*Le contrôle d’un impôt .
L’assiette
L’assiette est l’ensemble des règles appliquées ou des opérations effectuées
pour :
Etablir l’existence de la matière imposable (éléments qui doivent être soumis à
l’impôt) ;
Evaluer cette matière imposable ;
Déduire les exonérations et les abattements ;
En vue de déterminer la base imposable.
Mais au sens strict, l’assiette peut être définie comme la base imposable.

La liquidation
La liquidation est l’opération de calcul de l’impôt : elle consiste à appliquer à la
base d’imposition le taux prévu en vue d’obtenir le montant de l’impôt.
 Le recouvrement
C’est l’ensemble des opérations et pratiques, des règles et procédures qui
permettent de faire passer l’impôt du patrimoine du contribuable dans les
caisses de l’Etat. Le recouvrement des impôts et taxes est assuré par le
comptable public.
En d’autres termes, le recouvrement, c’est la perception de l’impôt par le
comptable public ou le paiement de l’impôt par le contribuable.
La déclaration de l’impôt précède son recouvrement. La déclaration consiste à
renseigner des imprimés du fisc en vue d’établir la situation nette de créance de
l’Etat.

Le Contrôle Fiscal et les Sanctions

Le système fiscal ivoirien est un système dit déclaration selon lequel le
contribuable se charge lui-même de déterminer l’impôt à payer à l’ Etat. En
retour l’Etat a le droit de procéder à des contrôle dans le respect du principe du
droit à la défense.
Dès lors, il implique pour le fisc le pouvoir d’exercer le contrôle afin de :

* Vérifier l’exactitude des déclarations effectuées par le contribuable et de l’impôt dû ;

* Appréhender les défauts et insuffisances de déclaration ;
* Réclamer les compléments d’impôt dû ou les impôts éludés ;

Le contrôle fiscal se présente sous différentes formes ((sur pièces, de la comptabilité, de la

situation d’ensemble du contribuable.

6) LES DIFFERENTS REGIMES D’IMPOSITION EN CÔTE D’IVOIRE

C’est le regroupement d’entreprise ayant la même force économique en
vue du respect du principe de l’égalité dans l’imposition. Le critère de
regroupement est le chiffre d’affaires toutes taxes comprises (TTC). Il existe 4
régimes d’imposition en Côte d’Ivoire.
Pour rappel, quatre régime d’imposition existait avant la
réforme fiscale de 2021, à savoir :
* La taxe forfaitaire des petits commerçants et artisans,
*Le régime de l’impôt synthétique,
*Le régime du réel simplifié d’imposition,
*Le régime du réel normal d’imposition

Les nouveautés de la réforme

La réforme a introduit deux nouveaux régimes en lieu et place
du régime de la taxe forfaitaire des petits commerçants et
artisans et du régime de l’impôt synthétique ; Il s’agit :
6.1. Le régime de l’Entreprenant:
regroupe les entreprises dont les CA annuel TTC n’excède pas 50
millions FCFA.
* Taxe Communale de l’Entreprenant (TCE)
si le CA annuel TTC n’excède pas 5 millions. Taux de 2% sur le CA
pour les entreprises commerciales et le taux de 2.5% du CA pour les
activités industrielles, artisanales et de service;

*Taxe d’Etat de l’Entreprenant (TEE)

si le CA annuel TTC est compris entre 5 et 50 millions. Taux de 4% sur
le CA pour les entreprises commerciales et le taux de 5% du CA
pour les activités industrielles, artisanales et de service;
 6.2. Le régime des microentreprises :
Regroupe les entreprises dont le CA annuel TTC se situe entre 50
Millions et 200 Millions FCFA. Taux de 7% sur le CA annuel TTC.
Toutefois, les entreprises de ce régime peuvent opter pour le régime du
bénéfice réel simplifié si elles réalisent un CA d’au moins 100 millions.

6.3. Le régime du Réel Simplifié d’Imposition (RSI)

L’ancien régime RSI est ménagé par le relèvement des seuils minimum
(200 millions) et maximum (500 millions) de CA requis.

6.4. Le régime du Réel Normal d’Imposition (RNI)

Sont concernées les entreprises dont le CA annuel TTC excède 500
millions, l’ancien régime RNI est également réamenagé.
CONTRÔLE DE CONNAISSANCE : TRAVAIL DE RECHERCHE

1. Qui autorise le gouvernement de lever les impôts sur la population ?

2. Définition de la Fiscalité et l’impôt
3. Que représente l’impôt pour l’Etat ?
4. Faites une étude comparée succincte entre l’impôt et la fiscalité
5. Rappeler les traits caractéristiques de l’impôt ?
6. Expliquer les termes : « légalité » et « l’égalité » en matière de fiscalité
7. Quels sont les principes fondamentaux de la Fiscalité ?
8. Quelle est la typologie des impôts en Côte d’Ivoire ?
9. Quels sont les principaux rôles de l’impôt ?
10. Quelles sont les sources du droit Fiscale ?
11. Quelles sont les opérations de la technique Fiscale ?
12. Citer les différents régimes d’imposition en Côte d’Ivoire ?
13. Commenter brièvement : « l’entreprise est une poule aux œufs d’or à protéger »
14. Commenter brièvement : « trop d’impôts tue l’impôt »