1.1.2 - Le Commerce Négrier - Documentsgii
1.1.2 - Le Commerce Négrier - Documentsgii
1.1.2 - Le Commerce Négrier - Documentsgii
(1) voyages dans les colonies : accompagnait les cargaisons des navires
(2) armement : mise hors d’eau et exploitation commerciale d’un navire
(3) fondé pour les deux tiers ou les trois quart : était propriétaire des 2/3 ou des ¾ de chaque navire
Document N°3 :
Il écrit : « Je me rendis dans la journée à Paimbœuf (1) à bord du navire Le Prudent. […] Le navire
avançait en charge et fut tellement encombré par les marchandises et les vivres qu’il ne restait
dans la grand’chambre que l’espace nécessaire pour le jeu de la barre. […] Le navire chargé,
l’équipage étant rassemblé, nous attendîmes les vents favorables pour notre départ qui arriva le 13
septembre 1763. […] L’équipage était composé de 34 hommes tout compris. Le capitaine James
était un homme d’environ 34 ans […]. Le second, nommé Virdet, avait près de 48 ans. […] Le
lieutenant nommé Dutreau était un homme de 30 ans. Il y avait en outre trois enseignes dont le
premier, La Sonde, âgé de 27 ans, était celui qui avait le plus de connaissances théoriques du
bâtiment. Les deux autres, dont l’un se nommait Guérineau, étaient de vraies machines. Nous étions
aussi trois pilotins (2) : Cornet de Nantes âgé de 17 ans, Dupé de Couëron âgé de 19 ans, et moi
qui en avais quinze. Nous voyions la mer pour la première fois. Deux chirurgiens faisaient aussi
partie de l’arrière. […] Le reste de l’équipage était composé de beaucoup de novices et de peu de
matelots.»
(1) Port avancé de Nantes pour les navires de fort tonnage (2) élève officier non diplômé
Document n° 4 :
Le 13 septembre 1763, le navire quitte Paimbœuf. Au début du mois de décembre, il fait escale
aux îles du Cap-Vert. Il arrive à Bissau en janvier 1764.
« À notre arrivée à Bissau nous vîmes plusieurs bâtiments portugais et anglais qui étaient en
traite, ainsi que le Phœnix de Nantes, capitaine Mary, qui était depuis un mois quoiqu’il fut
parti de la rivière cinquante jours après nous. […] Ce pays est habité par des peuplades
appelées Papels et gouvernées par un roi qui me parut avoir plus de puissance sur les
Européens pour leur faire payer les coutumes et les tributs que sur ses propres
sujets.[…] Nous arrivâmes donc à Bissau dans le mois de janvier 1764. Le capitaine paya les
coutumes et ouvrit la traite. Il s’attendait aux brillants succès qu’il s’imaginait être le fruit de ses
talents et de ses combinaisons […]. Après les palabres d’usage pour le paiement des
coutumes, ce qui entraîna quelques jours, on s’occupa de sortir les marchandises des caisses
et futailles. Ce travail ne fut satisfaisant pour personne car on trouva beaucoup d’avaries,
principalement sur les armes qui étaient dans l’état le plus déplorable. Il n’y avait point
d’armurier à bord et cependant il fallait réparer les fusils, pistolets et sabres. Ils étaient
tellement incrustés de rouille qu’il devenait indispensable de l’enlever pour faire passer ces
armes en traite.[…] Environ cinq mois après notre arrivée à Bissau, nous tombâmes dans la
saison de l’hivernage […]. Plus nous prolongions notre séjour dans ces misérables contrées et
plus nos provisions de France se trouvaient épuisées. […] Le capitaine, dans cette position
critique, se décida à surpayer les Noirs et traita en totalité environ 140 esclaves. »
En avril 1765, le navire quitte Bissau à destination de Fort-Royal, où il arrive au mois de juin.
La suite du récit… en Martinique. La traite ne s’est pas déroulée comme prévu sur les côtes de
Bissau. Joseph Mosneron-Dupin et les autres membres de l’équipage sont affaiblis quand le
navire négrier quitte l’Afrique pour la Martinique. Si Joseph évoque à de nombreuses reprises
ses relations avec les Africains, il ne dit mot des esclaves et ne remet jamais en question un
commerce qui se pratique alors dans la plus grande indifférence.
Nous ne sommes pas depuis plus de quelques jours dans … la façon de … Celle d’écraser Document n° 9
l’île, que nous savons déjà tout ce qu’il faut connaître … broyer la la révolte …
canne …
(et 7) :
Extrait Les
Passagers du
vent ,
F Bourgeon
L’art de goûter le rhum … Celui de punir ceux qui Nous apprenons ce qu’il S’il recommence il A la troisième
le goûtent … advient à l’esclave qui sera mutilé tentative c’est la
tente de s’évader une mort
première fois…
Document n° 10
« Nous avons assisté à une de ces criées de chair humaine. Quel spectacle ! C’était en 1841, à la
Martinique, dans une grande salle remplie de meubles et d’objet de toute espèce. Au milieu de ce
fouillis, assise dans un coin, sur des caisses de vin, était une fille de dix-sept ans ou dix-huit ans, la
tête appuyée sur la main et le regard fixe. Elle ne paraissait pas précisément humiliée ni désespérée,
mais mécontente et sombre. Un agent de police, placé à côté d’elle, la surveillait. Il y avait d’ailleurs
beaucoup de monde et beaucoup de bruit. Les acheteurs qui l’apercevaient venaient l’interroger.
« Êtes-vous bonne fille ? Savez-vous blanchir ? Travaillez-vous au jardin [le travail des champs] ?
Avez-vous eu des enfants ? Pourquoi vous vend-on ? N’êtes-vous pas marronneuse [disposée à
essayer de s’évader] ? Etc. ». Mille questions de mille personnes diverses. Quelques-uns, je me
rappelle, prirent ses joues pour voir si elle avait la chair ferme. Elle, froide, impassible, répondait mal,
de mauvaise volonté, et on lui disait alors : « Ouvre donc la bouche qu’on t’entende, imbécile ». Et elle
répliquait à peine quelques mots. Je suis persuadé, moi, qu’elle comprenait sa position, quoique née
dans la servitude. Après avoir vendu une baignoire, un lit, un canapé et une lampe, le commissaire-
priseur dit : « À la négresse. » On s’approcha d’elle. Il la fit tenir debout et la mit à prix : « 100 francs
la négresse une telle, âgée de seize ans ! Elle travaille au jardin. 100 francs, 100 francs ! - Le visage
toujours froid, l’air impassible, elle restait appuyée contre un meuble. - 120,150, 155 ! ». Enfin, elle fut
adjugée à 450 francs ; et le commissaire-priseur lui dit, montrant le dernier surenchérisseur : « Allez,
voici maintenant votre maître. »
D’après Victor Shloelcher