1.1.2 - Le Commerce Négrier - Documentsgii

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Histoire 1 1.1.2 - Qu’est-ce que le commerce négrier ?

Bourgeoisie marchande, négoces


internationaux et traite négrière D’après "Moi, Joseph Mosneron armateur négrier nantais (1748-1833)"
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Document N°1 : Les débuts de Jean, père de Joseph Mosneron


Il (mon père) vint à Nantes, il y fut de suite employé pour les voyages dans les colonies.(1) Son
activité infatigable, sa probité, ses connaissances pratiques le firent bientôt distinguer parmi les
autres jeunes gens.[…] Il franchit en peu de temps les postes subalternes et parvint à l’âge de 22
ans au grade de capitaine ; il fut constamment employé par différents armateurs et il n’eut pas un
moment de vide jusqu’à l’époque de son mariage le 23 mai 1735... Il quitta donc la mer à 35 ans et
se donna tout entier à la partie des armements (2). Plusieurs capitalistes eurent confiance en lui, ils
lui firent des avances et s’intéressèrent dans ses entreprises […]. Son grand commerce consistait
dans les armements de navires et le temps qu’il ne passait pas au cabinet, il l’employait aux
chantiers de construction à faire des marchés pour les fournitures de ses bâtiments. Il voyait et
appréciait tout par lui-même …Il avait le plus grand intérêt à le faire, car il était ordinairement fondé
pour les deux tiers (3) ou les trois quarts dans la propriété des navires qu’il expédiait. Avec des
principes d’économie, avec l’amour du travail et doué des connaissances requises au genre
d’affaires qu’il avait embrassé, il parvint à élever sa fortune au-delà de 800 000 livres. C’est ce qui
fut trouvé par l’inventaire après son décès qui arriva en mars 1773.

(1) voyages dans les colonies : accompagnait les cargaisons des navires
(2) armement : mise hors d’eau et exploitation commerciale d’un navire
(3) fondé pour les deux tiers ou les trois quart : était propriétaire des 2/3 ou des ¾ de chaque navire

1701 - Naissance de Jean Mosneron fils d’un capitaine de navire


1735 - Mariage avec Marguerite Pitault fille de négociant.
1748 - Naissance de Joseph
1763-65 - Premier voyage de Joseph sur un navire négrier.
1766-67 - Second voyage en tant que second du capitaine sur un
navire négrier
1768-69 - Troisième voyage comme lieutenant vers Saint
Domingue pour le commerce du sucre
1773 - Mort de Jean Mosneron. Son fils Joseph reprend les affaires
commerciales
1778 Mariage de Joseph avec Marie Langevin fille d’un indienneur
Document N°2 : Portrait de (fabricant de toiles)
Joseph Mosneron et 1833 Mort de Joseph Mosneron
chronologie de la famille

Document N°3 :

Il écrit : « Je me rendis dans la journée à Paimbœuf (1) à bord du navire Le Prudent. […] Le navire
avançait en charge et fut tellement encombré par les marchandises et les vivres qu’il ne restait
dans la grand’chambre que l’espace nécessaire pour le jeu de la barre. […] Le navire chargé,
l’équipage étant rassemblé, nous attendîmes les vents favorables pour notre départ qui arriva le 13
septembre 1763. […] L’équipage était composé de 34 hommes tout compris. Le capitaine James
était un homme d’environ 34 ans […]. Le second, nommé Virdet, avait près de 48 ans. […] Le
lieutenant nommé Dutreau était un homme de 30 ans. Il y avait en outre trois enseignes dont le
premier, La Sonde, âgé de 27 ans, était celui qui avait le plus de connaissances théoriques du
bâtiment. Les deux autres, dont l’un se nommait Guérineau, étaient de vraies machines. Nous étions
aussi trois pilotins (2) : Cornet de Nantes âgé de 17 ans, Dupé de Couëron âgé de 19 ans, et moi
qui en avais quinze. Nous voyions la mer pour la première fois. Deux chirurgiens faisaient aussi
partie de l’arrière. […] Le reste de l’équipage était composé de beaucoup de novices et de peu de
matelots.»

(1) Port avancé de Nantes pour les navires de fort tonnage (2) élève officier non diplômé
Document n° 4 :
Le 13 septembre 1763, le navire quitte Paimbœuf. Au début du mois de décembre, il fait escale
aux îles du Cap-Vert. Il arrive à Bissau en janvier 1764.

« À notre arrivée à Bissau nous vîmes plusieurs bâtiments portugais et anglais qui étaient en
traite, ainsi que le Phœnix de Nantes, capitaine Mary, qui était depuis un mois quoiqu’il fut
parti de la rivière cinquante jours après nous. […] Ce pays est habité par des peuplades
appelées Papels et gouvernées par un roi qui me parut avoir plus de puissance sur les
Européens pour leur faire payer les coutumes et les tributs que sur ses propres
sujets.[…] Nous arrivâmes donc à Bissau dans le mois de janvier 1764. Le capitaine paya les
coutumes et ouvrit la traite. Il s’attendait aux brillants succès qu’il s’imaginait être le fruit de ses
talents et de ses combinaisons […]. Après les palabres d’usage pour le paiement des
coutumes, ce qui entraîna quelques jours, on s’occupa de sortir les marchandises des caisses
et futailles. Ce travail ne fut satisfaisant pour personne car on trouva beaucoup d’avaries,
principalement sur les armes qui étaient dans l’état le plus déplorable. Il n’y avait point
d’armurier à bord et cependant il fallait réparer les fusils, pistolets et sabres. Ils étaient
tellement incrustés de rouille qu’il devenait indispensable de l’enlever pour faire passer ces
armes en traite.[…] Environ cinq mois après notre arrivée à Bissau, nous tombâmes dans la
saison de l’hivernage […]. Plus nous prolongions notre séjour dans ces misérables contrées et
plus nos provisions de France se trouvaient épuisées. […] Le capitaine, dans cette position
critique, se décida à surpayer les Noirs et traita en totalité environ 140 esclaves. »

En avril 1765, le navire quitte Bissau à destination de Fort-Royal, où il arrive au mois de juin.
La suite du récit… en Martinique. La traite ne s’est pas déroulée comme prévu sur les côtes de
Bissau. Joseph Mosneron-Dupin et les autres membres de l’équipage sont affaiblis quand le
navire négrier quitte l’Afrique pour la Martinique. Si Joseph évoque à de nombreuses reprises
ses relations avec les Africains, il ne dit mot des esclaves et ne remet jamais en question un
commerce qui se pratique alors dans la plus grande indifférence.

Document n° 5: Les esclaves étaient Document n° 7


entassés nus en « cuillère » (c'est-à-dire
qu'on les entasse les uns contre les autres
pour gagner de la place) dans les parcs à
esclaves, dans l'entrepont. On redoute les
maladies (scorbut et la dysenterie). Le
chirurgien à bord ne pouvait pas soulager
la souffrance des captifs car les
connaissances médicales de l'époque
étaient insuffisantes. Les esclaves morts
étaient jetés par-dessus bord. Les captifs
ne pouvaient pas se tenir debout ils
devaient rester couchés ou assis
enchainés nus dans un espace de 1 mètre
cube. Les esclaves ont rarement essayé de
se révolter car ils ne savaient pas naviguer.
Avant d'accoster sur le sol américain, le
navire est mis en quarantaine (pendant
quarante jours, personne n'a le droit de
monter ni de descendre du bateau avant
qu'on ait vérifié qu'il n'y ait aucune
épidémie). Pendant la quarantaine, les
négriers soignent leurs "marchandises" ; ils
les lavent, les coiffent, les habillent
correctement. Le chirurgien cache les
défauts des esclaves : cela s’appelle le
blanchissement. Document n° 6
Document n° 8 :
Les captifs montaient par groupes, sur le pont supérieur, vers 8h du matin. L'équipage
commençait par la vérification des fers et la toilette des esclaves en les aspergeant avec de l'eau
de mer. Deux fois par semaine, on passait leur corps à l'huile de palme. Une fois par quinzaine,
les ongles étaient coupés et la tête rasée.
Vers 9h, venait le repas, à base de légumes secs, de riz, de maïs, ignames, bananes et manioc
que l'on avait achetés sur les côtes africaines. Le tout était bouilli, complété par du piment, de
l'huile de palme, parfois un peu d'eau-de-vie. Il y avait un plat pour 10, une cuiller en bois pour
chacun.
L'après-midi, on incitait les esclaves à s'occuper. On organisait des danses, un exercice difficile
pour les hommes enchaînés.
Vers 17H00, les esclaves redescendaient dans l'entrepont où les hommes étaient enchainés,
pour y passer la nuit.

Nous ne sommes pas depuis plus de quelques jours dans … la façon de … Celle d’écraser Document n° 9
l’île, que nous savons déjà tout ce qu’il faut connaître … broyer la la révolte …
canne …
(et 7) :
Extrait Les
Passagers du
vent ,
F Bourgeon

L’art de goûter le rhum … Celui de punir ceux qui Nous apprenons ce qu’il S’il recommence il A la troisième
le goûtent … advient à l’esclave qui sera mutilé tentative c’est la
tente de s’évader une mort
première fois…

Document n° 10
« Nous avons assisté à une de ces criées de chair humaine. Quel spectacle ! C’était en 1841, à la
Martinique, dans une grande salle remplie de meubles et d’objet de toute espèce. Au milieu de ce
fouillis, assise dans un coin, sur des caisses de vin, était une fille de dix-sept ans ou dix-huit ans, la
tête appuyée sur la main et le regard fixe. Elle ne paraissait pas précisément humiliée ni désespérée,
mais mécontente et sombre. Un agent de police, placé à côté d’elle, la surveillait. Il y avait d’ailleurs
beaucoup de monde et beaucoup de bruit. Les acheteurs qui l’apercevaient venaient l’interroger.
« Êtes-vous bonne fille ? Savez-vous blanchir ? Travaillez-vous au jardin [le travail des champs] ?
Avez-vous eu des enfants ? Pourquoi vous vend-on ? N’êtes-vous pas marronneuse [disposée à
essayer de s’évader] ? Etc. ». Mille questions de mille personnes diverses. Quelques-uns, je me
rappelle, prirent ses joues pour voir si elle avait la chair ferme. Elle, froide, impassible, répondait mal,
de mauvaise volonté, et on lui disait alors : « Ouvre donc la bouche qu’on t’entende, imbécile ». Et elle
répliquait à peine quelques mots. Je suis persuadé, moi, qu’elle comprenait sa position, quoique née
dans la servitude. Après avoir vendu une baignoire, un lit, un canapé et une lampe, le commissaire-
priseur dit : « À la négresse. » On s’approcha d’elle. Il la fit tenir debout et la mit à prix : « 100 francs
la négresse une telle, âgée de seize ans ! Elle travaille au jardin. 100 francs, 100 francs ! - Le visage
toujours froid, l’air impassible, elle restait appuyée contre un meuble. - 120,150, 155 ! ». Enfin, elle fut
adjugée à 450 francs ; et le commissaire-priseur lui dit, montrant le dernier surenchérisseur : « Allez,
voici maintenant votre maître. »
D’après Victor Shloelcher

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