Travail - Cours Dintroduction
Travail - Cours Dintroduction
Travail - Cours Dintroduction
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définition et enjeux
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En somme, l'histoire du travail est une porte d'entrée privilégiée pour explorer l'histoire
économique, sociale, politique, et culturelle de la France du XIXe siècle. Elle permet de
comprendre les transformations majeures de cette époque et les multiples dimensions
des évolutions qui ont façonné la société française moderne.
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A noter : travail en latin se dit labor, qui a donné en français labeur et laborieux. Le sens
premier de laborieux est ainsi « consacré au travail » ou « qui vit de son travail » ; on le
retrouve dans l’expression « classes laborieuses » ou « masses laborieuses », qui sont
synonymes de travailleurs et travailleuses.
Tout au long du XIXe s., le travail comme réalité sociale est donc associé à l’idée d’une
activité professionnelle ou d’un métier pénible supposant un important e\ort physique.
Toutes les activités professionnelles ne sont donc pas considérées comme du travail.
Cette distinction a des origines anciennes : elle reprend celle que l’on faisait depuis le
Moyen Âge entre d’un côté les « arts serviles » ou « mécaniques » et les « arts libéraux » --
« arts » étant ici à comprendre comme toute activité impliquant des compétences et des
méthodes -- :
- Les premiers rassemblent toutes les activités qui supposent un savoir-faire
technique et ont en commun la transformation de matière tangible ou
l'assemblage et la mise en forme de matériaux par une activité manuelle et
physique (par ex. charpenterie, maçonnerie, charrerie, menuiserie, poterie,
orfèvrerie, etc.). Celles-ci supposent des compétences qui sont apprises le plus
souvent par tradition familiale et “sur le tas” ;
- Les seconds rassemblent toutes les activités qui visent une connaissance
intellectuelle et désintéressée, considérée comme supérieure (soit le sens ancien
de libéral, détaché de toute contrainte). Celles-ci impliquent des compétences
intellectuelles -- lecture, écriture et expression (rhétorique), savoirs scientifiques
(arithmétique et géométrie, astronomie, musique), philosophie – qui nécessitent
un apprentissage à l’école et dans les universités.
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Page 4 : Une valeur ambivalente
Ces di\érentes acceptions du travail se traduisent dans les valeurs ambivalentes qui lui
sont associées. D’un côté, le travail comme peine est vu comme une nécessité, un
besoin, voire comme une malédiction. Dans la Bible, le travail est assimilé à la punition
divine qui condamne Adam après le péché originel, et donc l'humanité, à la peine du
travail : « A la sueur de ton visage tu mangeras du pain » (Genèse, III, 17).
Bien sûr, cette peine a\lige di\éremment les catégories d’une société : elle frappe avant
tout les plus nécessiteux, les besogneux. D’autres y échappent. Ainsi le Moyen Âge
chrétien a théorisé ces distinctions sociales en séparant les membres de la société en
trois ordres, ceux qui travaillent (laboratores), ceux qui prient (oratores) et ceux qui
combattent (bellatores). Les privilèges dont bénéficient les deux derniers groupes, et
qui sont le fondement de la noblesse, sont en grande partie des exemptions de la peine
de travailler – ou autrement dit, la justification de l’exploitation du travail des laboratores
par les autres catégories sociales, comme l’illustre cette célèbre caricature de l’époque
révolutionnaire représentant le tiers-état portant sur son dos le clergé et la noblesse – et
le fait de travailler est à l’inverse une preuve de l’appartenance au commun : exercer une
activité rémunératrice revient, pour les nobles, à déroger, soit perdre les privilèges de
son rang.
Bien sûr, la société s’est complexifiée depuis la fin du Moyen Âge. D’une part, les
privilèges ont été critiqués et abolis en 1789. A la société d’ordres succède ainsi une
société de classes, fondée sur des hiérarchies non plus héritées de la naissance et du
statut collectif mais sur le capital économique et les compétences personnelles.
Cependant, les vieilles distinctions ne disparaissent pas tout d’un coup, et les
catégories privilégiées de l’Ancien Régime restent souvent des groupes dominants dans
la société révolutionnaire, même si elles ne disposent plus de privilèges légaux, d’autant
plus que ses membres héritent d’importants patrimoines matériels (à noter, les
révolutionnaires tentent dans un premier d’imposer le rachat des droits seigneuriaux,
avant d’y renoncer face à la pression populaire).
D’autre part, la montée en puissance de la bourgeoisie – un groupe qui sous l’Ancien
Régime appartient à la roture ou tiers-état, mais qui se caractérise par un niveau de
fortune et une participation au pouvoir dérivés de certaines professions – accompagne
celle d’une nouvelle vision du travail, plus positive. L’esprit bourgeois célèbre le travail
comme une vertu permettant de s’élever dans la société, et qui la distingue à la fois de
la noblesse et des classes populaires nécessiteuses. Bien sûr, le travail en question n’a
pas grand-chose à avoir avec les activités manuelles et physiques que pratiquent ces
dernières… La bourgeoisie met en avant l’éducation et les talents intellectuels qui font
la valeur sociale de l’individu. Cette nouvelle vision produit elle-aussi des hiérarchies
sociales, même si elle autorise des voies d’ascension individuelle. Même, elle tend
également à justifier et naturaliser les inégalités sociales : les pauvres restent pauvres et
sont condamnés à travailler, c’est qu’ils n’ont pas les vertus attendues de la société et
n’ont pas consacré tout l’e\ort nécessaire pour tâcher de s’élever et sortir de leurs
conditions. C’est le sens de la fameuse réponse prêtée à un homme d’État au début des
années 1840 pour rejeter l’abaissement du cens (le niveau d’imposition qui
conditionnait le droit de vote, le réservant aux plus fortunés) : « Enrichissez-vous ! ». Au
fait, savez-vous de qui il s’agit ?
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Louis-Philippe Ier
François Guizot
Adolphe Thiers
Casimir Perier
Réponse :
Il s’agit de François Guizot, ministre des A\aires étrangères entre 1840 et 1848, et
farouche opposant du su\rage universel. Le sens complet serait « Enrichissez-vous par le
travail et par l’épargne et vous deviendrez électeurs ». Les historiens s’accordent à penser
que cette citation, retenue par l'opinion publique et les détracteurs politiques de Guizot,
n’a jamais été prononcée telle quelle, mais la formule correspond bien à l’état d’esprit de
ce bourgeois libéral (au sens politique, favorable aux libertés – surtout pour la
bourgeoisie).
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Page 6 : Les inégalités de revenus
Le constat d’un rapport entre le travail et la stratification sociale est toujours d’actualité.
Pour le XIXe s., il faut prendre en compte certaines données qui permettent de prendre
la mesure des inégalités internes à la société française de l’époque. Commençons par
les inégalités de revenus, à partir du tableau suivant au sujet de la Distribution des
revenus du XVIIIe siècle à 1985
Source : Morrisson Christian, Snyder Wayne W. Les inégalités de revenus en France du début
du XVIIIe siècle à 1985. In: Revue économique, volume 51, n°1, 2000. pp. 119-154.
Quelques termes pour bien comprendre ce tableau :
- 10e décile = 10% de la population la plus riche
- 5e quintile = 20% de la population la plus riche
- 1er + 2e quintile = 40% de la population la plus pauvre
D’après ce tableau, comment les inégalités de revenus ont-elles évolué entre la fin du
XVIIIe s. et la fin du XIXe s. ?
- Elles ont globalement augmenté
- Elles ont globalement diminué
- Elles n’ont pas ou peu évolué
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Page 7 : Le travail comme marqueur social
La nature de marqueur social qui caractérise le travail se traduit de nombreuses
manières. Par les revenus, mais aussi dans les manières d’être, les modes de vie, les
comportements, le lieu de vie et le logement, les apparences physiques et
vestimentaires. Cela est parfaitement illustré par ce dessin satirique paru en 1869 dans
un grand journal de l’époque, Le Monde illustré, et intitulé “Le retour au travail”. Le
dessinateur (Crafty) représente une scène qui se passe sur un de ces grands boulevards
que les travaux d’Haussmann ont ouverts dans la capitale. On y voit des ouvriers qui
sortent de leur travail et empruntent les boulevards pour se rendre dans les quartiers où
ils résident. Deux groupes sociaux bien distincts entrent en contact. Les ouvriers sont
aisément reconnaissables à leurs vêtements – ils portent des outils, des bérets et des
blouses ; la blouse en particulier su\it à identifier l’ouvrier : c’est un vêtement ample
destiné à ne pas gêner les mouvements, faite de lourd coton pour protéger le corps et
teinte de couleur sombre car appelée à se tâcher – et à leur comportement grossier : on
les voit se déplacer par groupes bruyants, bousculant les autres passants, marchant sur
la robe d’une dame ou emportant la laisse d’un chien que promène sa maîtresse. Ces
autres passants sont des bourgeois, élégamment vêtus et se déplaçant pour le plaisir de
la promenade. L’image est évidemment une satire des classes populaires travailleuses,
taxées de mauvaises manières, et de « faire tache » dans les quartiers bourgeois et ses
nouveaux boulevards. Elle traduit également l’existence d’une ségrégation spatiale qui
marque la ville. Aux bourgeois les centres rénovés par l’haussmannisation, aux classes
laborieuses les périphéries où doivent être rejetées les activités productives et les
habitations des classes qui font tourner ces dernières.
“Le retour au travail”, dessin de Crafty, paru dans Le Monde illustré, 1869
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Page 8 : Travail au sens statistique versus travail au sens
sociologique
Nous retrouvons deux approches assez distinctes du travail dans la manière dont les
sciences de la société abordent cette réalité :
• D’un côté une approche statistique, fréquemment retenue par les études
économiques, examine le travail dans sa dimension quantifiable d’emplois,
d’activités professionnelles orientées vers la production de biens ou de service,
indépendamment de leurs valeurs ou incidences sociales ;
• De l’autre l’approche sociologique considère le travail dans toutes ses dimensions
sociales : ce que le travail fait à celui ou celle qui l’exerce et à sa place dans la
société, y compris, et surtout, les activités répétitives, pénibles et non gratifiantes
réalisées dans la contrainte qui est le lot des classes populaires.
Pour avoir une idée plus nette du travail et des travailleurs du XIXe s., force est de
s’appuyer sur une approche statistique. Or, cette époque est justement le siècle où la
statistique publique se constitue comme discipline et comme activité. Rappelons ce
qu’est cette dernière : la collecte régulière de données d'observation relatives à une
société ou à des groupes d'individus, à leur traitement et à leur analyse, et à
l’établissement de prédictions sur les évolutions futures. La statistique est pensée au
XIXe s. comme l’outil indispensable du gouvernement par les États : le terme dérive d’État
à travers l’italien statista (« homme d’État, statiste »), en passant par l'allemand
Staatskunde (connaissance ou science de l'État). Son essor traduit à la fois l’a\irmation
des pouvoirs étatiques et l’émergence d’un nouveau régime social caractérisé par
d’importantes évolutions, voire par le principe d’une évolution permanente.
L’une des traductions de cette statistique est l’institution du recensement général et
régulier de la population. Cette pratique existe sous l’Ancien Régime mais c’est l’époque
révolutionnaire qui la rend systématique et en perfectionne les outils. Le recensement
général de 1801 ouvre ainsi la voie à une série régulière d’opérations censitaires. Savez-
vous à quel intervalle de temps les recensements sont e\ectués depuis le début du XIXe
s. ? (chi\re)
Réponse : Tous les 5 ans ! Les recensements généraux sont ainsi conduits en 1801, 1806,
1811, 1821, 1826, 1831, 1836, 1841, 1846, 1851, 1856, 1861, 1866, 1872 (retard d'un an
dû à la guerre franco-prussienne), 1876, 1881, 1886, 1891, 1896, 1901, 1906 et 1911.
Néanmoins, on estime que les données ne sont véritablement fiables qu’à partir du
milieu du XIXe s. Le bulletin individuel est introduit en 1876 (auparavant, on se fonde sur
les déclarations des agents communaux).
Or, les recensements se préoccupent à partir d’un certain moment de connaître les
professions exercées par les individus, et de les quantifier. C'est lors du recensement de
1851 qu'est introduite pour la première fois une question sur la profession. Définir les
professions pose cependant des défis redoutables qui donnent lieu à des tâtonnements
dans la seconde moitié du XIXe s. La profession est d’abord l’activité que déclarent les
individus recensés. Il faut ensuite, pour traiter ces informations, établir des catégories qui
permettent de coaguler une multitude d’activités dans des agrégats : professions,
branches ou secteurs d’activité… suivant des critères de regroupement qui ont forcément
un caractère arbitraire, et qui évoluent dans le temps ! Néanmoins, ces statistiques
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constituent des données essentielles dont se servent les historiens de la société pour
comprendre le travail, à côté d’autres sources que nous aborderons plus tard.
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de 69,2% en 1856 à 63,1% en 1911, ce qui signifie que la part des actives passe de 30,8%
à 36,9%. Il y a donc une féminisation de l’activité au cours de notre période.
Le tableau suivant détaille la répartition et l’évolution de la population active par grandes
branches et par sexe.
Il montre que les femmes sont très présentes dans la population active agricole (près de
la moitié). Ce chi\re est en fait à prendre avec des pincettes : la participation des femmes
dans les activités agricoles n’est pas toujours prises en compte dans les recensements,
car la part entre les activités domestiques et celles de l’exploitation agricole donne lieu à
des évaluations très diverses. Les travailleuses sont également nombreuses dans
l’industrie, autour de 30%. Elles représentent aussi une part non négligeable des services
domestiques (entre 10 et 15%) et occupent une part croissante dans le commerce (de 4
à 11%). En revanche, elles comptent peu dans les professions libérales et les services
publics, avec une augmentation de 1 à 5% (principalement due à la part des femmes dans
l’administration publique), ainsi que dans les transports. Beaucoup de professions ou
secteurs professionnels restent fermés aux femmes, en particulier ceux qui supposent
une formation universitaire, à une époque où l’accès des filles à l’enseignement
secondaire puis supérieur connaît une progression très lente et très limité.
La féminisation de l’emploi constitue l’une des réponses à l’augmentation du besoin
d’activité en France, liée à la croissance de la production et de l’économie. L’autre
réponse est le recours à la main-d’œuvre étrangère à travers l’immigration. Le nombre
d’étrangers sur le territoire français double entre 1851 et 1911 : il passe d’environ 379.000
à 1 million en 1881 et 1,1 millions en 1911. La part des étrangers dans la population totale
passe de 1% à 2,8%. En 1911, les étrangers constituent 5% de la population active. Il s’agit
en e\et pour leur grande majorité d’individus – le plus souvent des hommes – en âge de
travailler, et venus en France dans la perspective d’y trouver un emploi.
La fourchette de l’âge des actifs et actives en revanche n’augmente pas au cours de notre
période. Voyons ce graphique : Répartition proportionnelle de la population active par
groupes d'âge (En %)
La proportion de jeunes travailleurs (moins de 20%) passe de 15 à 13,9%, soit une très
légère diminution qui correspond aux progrès timides de la scolarisation secondaire qui
retarde l’entrée des individus dans le travail ;
La proportion des travailleurs âgés de plus de 60 ans connaît une diminution un peu plus
nette, de 15,8 à 12,3%, qui dessine en creux une augmentation du nombre d’actifs et
actives qui se sont retiré.e.s de la vie active, et qui sont donc à la retraite – à ne pas
confondre avec l’augmentation du nombre de pensions versées à des travailleurs ayant
quitté la vie active, qui sont loin de toucher l’ensemble des anciens actifs de notre
période, même le système de retraite connaît une progression à la fin de notre période.
On voit donc se dessiner des évolutions – retard de l’entrée dans le monde du travail et
anticipation du retrait de la vie active – qui se prolongeront au XXe s. mais ne sont qu’à
leur exorde à notre période.
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nomenclature d'activité économique considérée). On distingue généralement trois
grands secteurs. A quels secteurs s’associent ces activités ?
• Secteur primaire • services marchands et non-
• Secteur secondaire marchands
• Secteur tertiaire • transformation plus ou moins
élaborée des matières premières
(industries manufacturières,
construction)
• exploitation des ressources
naturelles (agriculture, pêche,
forêts, mines, gisements)
Réponse :
- Le secteur primaire qui regroupe l’ensemble des activités dont la finalité consiste
en une exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines,
gisements ;
- Le secteur secondaire qui rassemble l’ensemble des activités consistant en une
transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries
manufacturières, construction) ;
- Le secteur tertiaire qui se définit par complémentarité avec les activités agricoles
et industrielles (secteurs primaire et secondaire):
o marchand (commerce, transports, activités financières, services rendus
aux entreprises, services rendus aux particuliers
o non-marchand (administration publique, enseignement, santé humaine,
action sociale)
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L’évolution apparaît clairement. Au cours de la seconde moitié du XIXe s., on assiste
à une baisse de la part du secteur primaire dans la population active, qui occupe plus
de la moitié des actifs en 1851, et 43% en 1911. Parallèlement se produit une
augmentation de la part des actifs du secteur secondaire (de 25 à 30%) et du secteur
tertiaire (de 22 à 27%). S’amorce ainsi le passage d’une société majoritairement
agricole vers une société dominée par les services et les activités de transformation
qui s’épanouira au siècle suivant. Parallèlement, la part de la population rurale
(habitant les campagnes) passe de 68,9% à 55,9%, et la part de la population urbaine
augmente en proportion. Il importe toutefois de se rappeler que jusqu’à la Première
Guerre mondiale la France reste un pays dans lequel l’agriculture et la ruralité restent
des traits marquants.
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Source : Marchand Olivier. Salariat et non-salariat dans une perspective historique.
In: Economie et statistique, n°319-320, Décembre 1998. pp. 3-11.
La part des salariés dans la population active passe selon les estimations de 48,3% en 1851
à 59,2% en 1911. Mais il s’agit d’une moyenne : dans le même temps, ce taux passe pour les
actifs non-agricoles de 59,5% à 80,2%. En dehors de l’agriculture, qui connaît à notre période
une évolution inverse (la diminution du nombre et de la part des salariés), le salariat est donc
le mode dominant de l’organisation du travail à la fin du XIXe s. Son essor a donc à voir avec
l’organisation socioéconomique des secteurs secondaires et tertiaires, notamment avec
l’affirmation de l’organisation capitaliste de ces secteurs. Rappelons que le capitalisme, dans
sa définition la plus simple, désigne un régime économique et social dans lequel les capitaux,
source de revenu, les moyens de production et d'échange n'appartiennent pas à ceux qui les
mettent en œuvre (les travailleurs). L’essor du salariat a donc partie liée avec celui du
capitalisme.
Page conclusive
La présentation de ces grandes évolutions du travail et de la population active nous amène
pour conclure ce premier à cours à rappeler les thématiques que nous aborderons par la
suite :
• Quels sont les facteurs qui permettent d’expliquer ces évolutions ?
• Quels impacts ces évolutions ont-elles eu sur les conditions de travail et de vie
des classes laborieuses populaires, et sur les di\érentes catégories qui la
composent (femmes, étrangers) ?
• Quelles réponses ont-elles provoqué de la part de ces dernières (les luttes
populaires et politiques pour l’amélioration de ces conditions, les
mouvements sociaux) et de la part de l’État (les politiques sociales) ?
• Quel lien peut-on faire entre les questions du travail et des conditions de vie des
classes populaires avec l’histoire politique du pays ?
Les 5 prochains cours prendront comme entrées les grandes catégories de travailleurs en
fonction de leurs branches d’activité :
- Le travail ouvrier
- Le travail agricole
- Le travail domestique
- Le travail des employés (dans les services)
- Le monde de la boutique
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