Themes-Repris-Et-Finalisés-27-Octobre-2026-3 2
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31 « Plaire », c'est divertir le lecteur par le récit palpitant et romanesque des aventures
32 et mésaventures de Manon Lescaut et Des Grieux. Comme l'explique Flaubert : « Ce
33 qu'il y a de fort dans Manon Lescaut, c'est le souffle sentimental, la naïveté
34 de la passion qui rend les deux héros si vrais si sympathiques, si
35 honorables, quoiqu'ils soient fripons. »
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45 LES THEMES PRINCIPAUX
46 Il y a des thèmes fondamentaux dans Manon Lescaut : la passion amoureuse,
47 l'amour de la richesse, le mensonge et le rejet.
48 La passion amoureuse
49 L'amour est le moteur du roman. Le récit de Des Grieux, malgré sa fin tragique,
50 montre qu'il ne regrette rien de cette passion.
51 La passion amoureuse qui unit Des Grieux à Manon est le moteur du récit. C'est
52 l'amour qui déclenche et fait s'enchaîner les péripéties.
53 L'auteur en propose tout d'abord une vision négative. Aveuglé par ses
54 sentiments, soumis à la passion, Des Grieux enchaîne les mauvais choix, comme
55 privé de son libre-arbitre. La passion amoureuse est donc, de ce point, destructrice.
56 En effet, Des Grieux, à la fin du roman, a tout perdu : sa bien-aimée, son honneur et
57 sa famille. Seul Tiberge est encore là pour lui, symbole d'une amitié indéfectible. Il
58 symbolise le pardon absolu. Soumis à une destinée chaotique, Des Grieux est le
59 personnage qui incarne le caractère tragique de la passion amoureuse.
83 Le mensonge
84 Manon ment régulièrement pour séduire des hommes. À travers ce thème du
85 mensonge, l'auteur dénonce l'importance accordée aux apparences.
86 -Le mensonge est très présent tout au long du roman. Des Grieux est régulièrement trompé
87 et dupé par Manon. Cette dernière, mentant sur ses sentiments, séduit les hommes pour en
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88 retirer du profit. Elle se donne, auprès d'eux, le rôle de l'amante naïve mais elle se joue
89 finalement d'eux. Des Grieux est également, dans une moindre mesure, un menteur. Il se fait
90 passer pour le frère de Manon pour mieux duper M. de G …, il trompe Tiberge en lui
91 empruntant de l'argent, il intègre un groupe de tricheurs pour mieux gagner aux jeux.
92 -Manon et Des Grieux mentent aussi au Gouverneur en faisant croire qu'ils sont mariés. Le
93 roman tout entier est donc placé sous le signe de la duperie et du « jeu de rôles ».
94 -La vérité et la sincérité se dégradent tout au long du roman. Alors qu'au début
95 de leur rencontre Manon et Des Grieux sont honnêtes l'un envers l'autre, c'est le
96 mensonge qui précipite leur perte. Cependant, la fin du roman remet l'authenticité au
97 cœur du bonheur.À travers ce thème du mensonge, Prévost dénonce l'importance
98 accordée aux apparences et le jeu social
99 Le rejet : Les personnages sont rejetés par leurs amis, leur famille mais aussi la
100 société.
101 Le rejet est également un thème important du roman. Les personnages sont tour à tour
102 rejetés par ceux qu'ils aiment : amis, famille mais aussi par la société. Les hommes ne voient
103 finalement, en Manon, qu'une séductrice vénale et perfide. Elle finira déportée en Louisiane.
104 Des Grieux, se met à l'écart dès qu'il rencontre Manon. Il n'écoute pas les conseils et
105 avertissements de Tiberge et il finit par rejeter les siens en décidant de suivre Manon
106 jusqu'au bout du monde. Exclusion sociale, exclusion familiale sont donc le lot du couple.
107 Le couple semble également exclu par les lieux qu'ils fréquentent. Les lieux clos, comme les
108 prisons ou la maison familiale pour Des Grieux, tiennent les amants éloignés l'un de l'autre.
109 Les villes n'offrent qu'un refuge temporaire à Manon et Des Grieux qui sont régulièrement
110 voués à la fuite et à l'exil. Aucun espace ne leur apporte calme, apaisement et réconfort.
111 Seule la Nouvelle Orléans, ville neuve sur un continent neuf, leur donne l'espoir de la
112 stabilité et du renouveau puisque c'est le seul endroit où Manon n'est pas rejetée et où ils
113 peuvent vivre pleinement leur amour.
114 Mais ce n'est que temporaire. Manon y devient la cible de la passion du neveu du
115 Gouverneur ce qui la pousse à fuir de nouveau. Elle trouve alors la mort dans un désert
116 éloigné de toute civilisation. Son exclusion est donc à son apogée. La mort de Manon peut
117 être vue comme le seul moyen qui puisse mettre fin au rejet qu'elle a subi tout au long du
118 roman.
119 La passion : La passion amoureuse est le principal moteur du
120 roman et domine l’ensemble du récit. Sentiment ambivalent,
121 l’amour est assimilé au bonheur mais est aussi souvent synonyme
122 de destruction et de tristesse. La passion que Des Grieux entretient
123 pour Manon peut également être synonyme d’illusion puisqu’elle
124 l’aveugle sur la véritable nature de la jeune femme et lui fait ignorer
125 les dangers dans lesquels son amour inconditionnel le mène. La
126 relation amoureuse de Des Grieux et Manon est marquée par des
127 sentiments sincères et profonds qui se révèlent souvent
128 destructeurs et conduisent les amants vers un destin funeste.
129 La fatalité : La notion de fatalité est centrale dans le roman et joue
130 un rôle important dans le déroulement des événements du récit. Les
131 personnages sont souvent confrontés à leur destin et semblent
132 comme pris dans des situations qui leur échappent, malgré leurs
133 efforts pour s’y soustraire, les conduisant de manière inévitable vers
134 une fin tragique. Dès le premier regard, Des Grieux semble captivé
135 par Manon et son innocence originelle fait place à une passion
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136 intense et presque incontrôlable qui le mène à prendre tous les
137 risques. La fatalité s’illustre également à travers le fait que les
138 amants, malgré les coups du sort, se retrouvent inexorablement,
139 comme attirés par une force surpuissante. La mise en scène de la
140 fatalité comme une force omnipotente planant sur le récit illustre la
141 fragilité de l’existence et de la liberté des individus. Elle donne à voir
142 au lecteur des personnages dont les actions et le destin sont
143 déterminés par des forces qui les dépassent et semblent contrôler le
144 cours des événements, donnant ainsi une tonalité tragique à
145 l’ensemble du récit.
146 Le libertinage : Le libertinage est un thème clé du roman, en lien avec son
147 contexte de publication.
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149 L’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut met en scène le libertinage des
150 mœurs incarné principalement par la figure de Manon. Cette dernière en quête de plaisirs
151 et d’argent s’affranchit de la morale et des bonnes mœurs pour assouvir ses désirs. C’est
152 d’ailleurs cette quête qui finit par conduire les amants à leur perte.
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154 Le genre littéraire du roman libertin nait au XVIIIe siècle dans un contexte de relâchement
155 des mœurs après le règne de Louis XIV. Notre récit qui se situe, lui, à la veille de la régence
156 mais nous montre néanmoins déjà les principes qui caractérisent la société de cette époque.
157 La cour, libérée de l’étiquette, retrouve l’ambiance de la fête et du faste et s’ouvre aux
158 nouvelles idées. Le libertinage de mœurs gagne alors les milieux aisés de la société. Les
159 divers riches prétendants de Manon incarnent cette société parisienne de débauche
160 libertine.
161 L’argent :L’argent joue un rôle important dans l’histoire de Manon Lescaut et de Des
162 Grieux. La question des finances vient à se poser régulièrement au sein du couple et
163 est à l’origine de nombreuses discordes et péripéties. Manon est dépensière et
164 vénale et n’hésite pas à dilapider la fortune du couple pour assouvir ses désirs. En
165 retour, Des Grieux, incapable de résister à sa maitresse, cède au moindre caprice de
166 cette dernière afin de ne pas la perdre. Manon, en qualité de courtisane, est prête à
167 tout pour obtenir de l’argent. Elle offre notamment ses charmes à des hommes
168 fortunés bien que beaucoup plus âgés qu’elle, en échange de bénéfices financiers. Le
169 besoin d’argent du couple et le goût du luxe de Manon les poussent au vol et à
170 l’escroquerie. Ce sont d’ailleurs ces actions répréhensibles qui contribuent à
171 précipiter le destin tragique des deux amants.
172 La marginalité :La marginalité est un autre aspect clé du roman de
173 l’Abbé Prévost. Les personnages de Des Grieux et Manon vivent en
174 marge des normes de la société de leur temps. Manon est une
175 femme libre, audacieuse et indépendante, souvent associée à des
176 activités considérées comme immorales telle que la prostitution. Des
177 Grieux, fils de bonne famille ayant suivi des études se trouve, lui,
178 happé par le train de vie débauché de sa maitresse. Transgressant à
179 de nombreuses reprises les mœurs et la morale, les deux amants
180 échappent alors aux conventions et aux attentes établies au sein de
181 la société. Cette marginalité permet néanmoins de rendre les deux
182 héros touchant par leur humanité et suscite ainsi l’empathie du
183 lecteur.
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184 La liberté : Le thème de la liberté est également central dans le
185 roman. S’étant affranchis des normes imposées par la société de
186 leur temps, Manon et Des Grieux décident de vivre selon leurs
187 propres désirs, indépendamment du respect des attentes sociales,
188 religieuses et familiales perçues comme autant de remparts à leur
189 liberté. Les deux amants cherchent constamment à se libérer de ces
190 contraintes afin de vivre librement leur amour. La quête constante
191 de liberté de la part de Manon et Des Grieux fait notamment écho
192 aux aspirations portées par le mouvement des Lumières en Europe
193 au XVIIIème siècle.
194 L'amitié : L’amitié est un autre thème important du roman. Incarnée par la figure
195 de Tiberge, ce dernier présente un versant de l’amitié s’opposant à celui du héros
196 Des Grieux. Tiberge est fidèle, loyal et vertueux. Il apporte un soutien indéfectible à
197 son ami et va jusqu’à traverser le Pacifique pour le rejoindre à la fin du roman. Son
198 amitié peut être qualifiée d’héroïque tant elle brave les nombreuses déceptions
199 auxquelles Des Grieux l’expose. À l’inverse, Des Grieux ignore à plusieurs reprises les
200 conseils de Tiberge et l’abandonne même au profit de son aventure avec Manon. Il
201 lui reste cependant fidèle et le retour de Tiberge annonce pour Des Grieux un retour
202 à la vie morale et vertueuse après la mort de Manon.
203 La fidélité
204 Le personnage de Tiberge peut être considéré comme un symbole de
205 l’amitié et, plus encore, de la fidélité au sens large. Il tente à de
206 nombreuses reprises de dissuader son ami Des Grieux de suivre Manon et
207 de tomber dans la débauche. Malgré les multiples déceptions auxquelles il
208 est confronté, il n’abandonne cependant jamais le héros et se démarque
209 des autres personnages du roman par sa constance et sa loyauté. Ainsi, la
210 figure de fidélité incarnée par Tiberge rentre nettement en opposition avec
211 la figure de Manon qui, à l’inverse, incarne plutôt la légèreté et l’infidélité.
212 L'autorité parentale
213 Incarnation de la figure paternelle dans le roman, le père de Des Grieux
214 use de son autorité à plusieurs reprises pour tenter de faire rentrer son fils
215 dans le droit chemin. S’il incarne l’autorité parentale, il peut également
216 symboliser l’ensemble de la société et de ses attentes vis-à-vis de Des
217 Grieux. La rupture entre le père et le fils pourrait alors illustrer la
218 marginalisation du héros.
219 L’Amour
220 Manon, malgré son penchant pour les plaisirs et le libertinage, peut-être
221 assimilée à l’Amour dans le roman de l’Abbé Prévost. Elle est en effet
222 présentée comme une allégorie de l’Amour lors de sa visite à Des Grieux
223 au parloir de Saint Sulpice : « Ses charmes surpassaient tout ce qu'on
224 peut décrire. C'était un air si fin, si doux, si engageant, l'air de
225 l'Amour même. » Cette association entre Manon et l’Amour est ensuite
226 filée dans le reste du récit puisque Des Grieux ne considère qu'elle et
227 n’imagine aucune autre relation en dehors de celle avec Manon. Manon
228 incarne un absolu indépassable pour le jeune homme et est alors érigée
229 par ce dernier en incarnation même de l’Amour.
230 La prison
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231 Au court du récit et au grès des péripéties traversées, Manon et Des
232 Grieux se retrouvent à plusieurs reprises arrêtés et enfermés dans
233 différentes prisons. Si cet enfermement est bien la conséquence des actes
234 répréhensibles que les amants ont commis, il peut également être
235 appréhendé dans une lecture plus symbolique. La prison symboliserait
236 alors l’enfermement des personnages dans leurs propres passions, en
237 opposition avec l’idéal de liberté qui les anime. Malgré leurs évasions
238 successives, ils restent condamnés à vivre l’emprisonnement, qu'il soit
239 physique ou mental. Ce n’est d’ailleurs qu'à la mort de Manon que Des
240 Grieux se libère définitivement de sa passion et peut alors vivre en tout
241 liberté.
242 Le navire
243 Les personnages du roman de l’Abbé Prévost empruntent plusieurs fois un
244 navire au cours du récit. L’image du navire peut être perçue, dans une
245 lecture symbolique, comme une allégorie de la vertu. En effet, alors que le
246 navire des amants file droit vers l’Amérique, le navire que Tiberge
247 emprunte pour rejoindre Des Grieux est, lui, détourné par des corsaires.
248 Ainsi, on peut supposer que cet élément pourrait symboliser les détours
249 mêmes de la vertu qui, malgré les obstacles rencontrés, arrive toujours
250 rejoindre le bon chemin.
251 La femme fatale
252 Manon, dans le roman de l’Abbé Prévost, incarne le personnage type de la
253 femme fatale. Attirante et séduisante, elle s’avère dangereuse par sa
254 capacité à provoquer la perdition des hommes qui tombent sous son
255 charme. Manon, dès la première rencontre avec Des Grieux, est désignée
256 comme une femme « charmante ». En effet la beauté de Manon agit
257 presque comme un sortilège envoutant chez Des Grieux mais aussi chez
258 ses prétendants. Elle utilise le pouvoir de sa beauté et de la sexualité dans
259 le but de piéger les hommes qui la convoitent. Incapable de résister à ses
260 désirs même les plus capricieux, Des Grieux se laisse lui-même emporter
261 dans les affres d’une vie de débauche.
262 La religion
263 La religion est une image extrêmement présente tout au long du récit. En
264 effet, le héros Des Grieux a reçu une éducation religieuse et se destine
265 même au séminaire. Tiberge, tout comme le père de Des Grieux, sont
266 deux personnages qui incarnent également une image de la religion
267 chrétienne et de sa morale. Bafouée tout au long du roman par les deux
268 amants qui n’hésitent pas à tricher, voler et même tuer sans faire preuve
269 d’aucun repentir, la religion fait de nouveau son apparition dans la vie du
270 couple à la fin du récit. En effet, à leur arrivée à la Nouvelle-Orléans, les
271 amants décident de se marier. Ainsi, le retour à la religion incarne un désir
272 de retour à l’ordre et à une vie paisible brusquement brisé par la mort de
273 Manon.
274 Le bonheur
275 L’image que les personnages du roman se font du bonheur est assez
276 contrastée tout au long du récit. Dans un premier temps, le bonheur
277 s’incarne principalement dans le respect de la morale et de la vertu
278 chrétienne portée par les personnages de Tiberge et du père de Des
279 Grieux .
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281 Mais la vie tourmentée des amants fait assimiler l’image du
282 bonheur à une vie de débauche, de libertinage et de luxe. Finalement,
283 à la fin du roman, l’image du bonheur pour les amants s’incarne,
284 paradoxalement, par leur départ à la Nouvelle-Orléans, promesse d’une
285 vie nouvelle.
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287 Ainsi la phrase prononcée par Des Grieux illustre parfaitement la nouvelle
288 idée du bonheur que le couple se fait à la fin du récit avant que la mort de
289 Manon n’y mette brutalement fin :
290 « C’est à la Nouvelle-Orléans qu’il faut venir, disais-je souvent à
291 Manon, quand on veut goûter les vraies douceurs de l’amour :
292 c’est ici qu’on s’aime sans intérêt, sans jalousie, sans
293 inconstance.
294 Nos compatriotes y viennent chercher de l’or ; ils ne s’imaginent
295 pas que nous y avons trouvé des trésors bien plus estimables. »
296 Elle nous montre la communion des deux héros à la recherche de paix et
297 d’un bonheur nouveau porté par des valeurs humaines et un retour à la
298 religion.
299 La fatalité
300 La fatalité joue un rôle important dans L’Histoire du Chevalier de Grieux et de Manon
301 Lescaut. Force d’une grande puissance, elle est l’actrice principale du roman et mène les
302 personnages vers leur destin tout au long du récit, même lorsque qu'ils cherchent à s’en
303 extraire. Ainsi Des Grieux semble indéfectiblement attiré tel un aimant à Manon malgré les
304 tentatives de son entourage pour le conduire sur le chemin de la raison. Des son côté,
305 Manon, malgré sa décision de se tourner vers une vie plus paisible et morale à la fin du
306 roman, est précipitée vers son destin tragique.
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