Les Modes de Raisonnement
Les Modes de Raisonnement
Les Modes de Raisonnement
Département de Français
Année universitaire : 2023-2024
Document pédagogique
(Cours et exercices)
Un raisonnement est une suite de propositions vraies ou fausses, liées les unes aux autres et
aboutissent à une conclusion. Il existe plusieurs modes de raisonnement.
1. Le raisonnement déductif
Le raisonnement déductif va du général au particulier. Il tire les conséquences d’une loi, d’un
principe, d’une règle générale et les appliques à un cas particulier.
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Exemple :
Les hommes ont toujours cru remédier à l’ignorance des choses en inventant des mots auxquels
ils ne purent attacher un vrai sens (...) c’est ainsi que les spectateurs, en créant des mots et
multipliant les êtres, n’ont fait que se plonger dans des embarras plus grands que ceux qu’ils
voulaient éviter, et mettre des obstacles aux progrès des connaissances.
D’Holbach, Système de la nature, 1770.
2. Le raisonnement inductif
Le raisonnement inductif va du particulier au général. Il envisage un cas précis pour en tirer
les implications à un niveau général.
Exemple :
L’homme est sociable, parce qu’il aime le bien-être et se plait dans un état de sécurité.
D’Holbach, De la politique naturelle, 1772.
4. Le raisonnement analogique
Le raisonnement analogique établit un rapport inhabituel entre deux domaines et en montre
les ressemblances. De ce rapprochement nait une conception nouvelle. Ce type de
raisonnement s’appuie sur des images, des comparaisons.
Exemple :
L’homme d’État regrette les hommes destinés à la guerre comme un propriétaire regrette la
terre employée à former le fossé qui est nécessaire pour conserver le champ.
Quesnay, article « Grains », Encyclopédie, 1769.
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Exemple :
Jamais les triomphes les plus éclatants ne peuvent dédommager une nation de la perte d’une
multitude de ses membres que la guerre sacrifie ; ses victoires même lui font des plaies
profondes que la paix seule peut guérir.
Damilaville, article « Paix », Encyclopédie, 1770.
Exercices d’application
Exercice 1
Lequel des deux textes suivants emploie un raisonnement déductif ? Justifiez votre réponse.
Texte 1
Pédaler sans fatigue pourrait être la devise de l’inventeur d’A-XION. Ce vélo révolutionnaire
qui permet de réduire ses dépenses physiques démontre à lui seul que ce vieux penchant
humain pour l’allégement de l’effort n’est pas près de disparaitre.
Texte 2
De tous temps l’homme a cherché à fournir le moindre effort. Il a toujours voulu économiser
son énergie pour la consacrer aux jeux et aux plaisirs. Le vélo A-XION équipé d’un moteur
électrique d’appoint en est une brillante illustration.
Exercice 2
Observez le texte argumentatif suivant. L’auteur suit-il un raisonnement inductif ou un
raisonnement déductif ? De quelle manière faudrait-il introduire le texte pour adopter le type
de raisonnement inverse ?
Texte
Vous me dites que les magistrats qui régissent la douane de la littérature se plaignent qu’il y a
trop de livres. C’est comme si le prévôt des marchands se plaigne qu’il y eût à Paris trop de
denrées : en achète qui veut. Une immense bibliothèque ressemble à la ville de Paris, dans
laquelle il y a près de huit cent mille hommes : vous ne vivez pas avec tout ce chaos ; vous y
choisissez quelque société, et vous en changez. On traite les livres de même : on prend
quelques amis dans la foule. Il y aura sept ou huit mille controversistes, quinze ou seize mille
romans, que vous ne lirez point, une foule de feuilles périodiques, que vous jetterez au feu
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après les avoir lues. L’homme de goût ne lit que le bon, mais l’homme d’État permet le bon et
le mauvais.
Voltaire, « Lettres à un Premier commis », 1733.
Exercice 3
Dans le texte suivant, l’auteur recherche les causes qui engendrent les injustices. Mettez en
évidence le raisonnement causal sur lequel repose l’argumentation en reproduisant le schéma.
Texte
Les hommes peuvent faire des injustices, parce qu’ils ont intérêt de les commettre et qu’ils
préfèrent leur propre satisfaction à celle des autres. C’est toujours par retour sur eux-mêmes
qu’ils agissent : nul n’est mauvais gratuitement. Il faut qu’il y ait une raison qui détermine, et
cette raison est toujours une raison d’intérêt.
Charles de Montesquieu, Lettre persanes, 1721.
Les hommes.................................
Cause1:.............................................
cause 2:...........................................
Donc..................................................
Exercice 4
Les deux textes suivants s’appuient sur un raisonnement analogique. Repérez-le. Relevez les
détails qui permettent d’identifier le mode de raisonnement analogique.
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Texte 1
On n'a rien sans peine et nous ne faisons qu'acheter du travail avec du travail. Depuis que
l'expérience nous l'enseigne, nous devrions commencer à le savoir. Le radium a des propriétés
très merveilleuses, c'est entendu : mais il faut dépenser beaucoup de travail pour isoler le
radium. L'air liquide fournit de fortes pressions ; oui, mais il faut, pour obtenir l'air liquide,
faire agir de fortes pressions.
La locomotive nous entraîne le long des rails, pendant que nous lisons tranquillement notre
journal. Oui. Mais il a fallu extraire le charbon et le minerai de fer ; il a fallu forger, limer,
polir, graisser ; il a fallu terrasser, couper, disposer des traverses, boulonner des rails,
construire des ponts ; actuellement encore, indolent voyageur, il faut des centaines d'hommes,
mécaniciens, aiguilleurs, chefs de gare, employés, serre-freins, gardes-barrières, pour que cet
agréable voyage soit possible pour vous.
Alain, Propos sur le bonheur, 1922, Éd. Gallimard.
Texte 2
CESAR – Monsieur Brun, tous les apéritifs sont faits avec des plantes : gentiane, sauge, anis,
peau d’orange, absinthe et cétéra. Or, les plantes, ce sont des remèdes. Dans ma chambre, j’ai
un gros livre : la Santé par les Plantes, ça guérit TOUT. Alors, finalement, qu’est-ce que c’est
qu’un apéritif ? C’est une espèce de tisane froide. Vous pourriez me dire qu’il y a de
l’alcool…
CESAR – Et qu’est-ce que c’est, l’alcool ? Essence de vigne : plante ! Et quand quelqu’un se
trouve mal, qu’est-ce qu’on dit ? « Vite, faites-lui boire quelque chose ! Vite ! Un peu de
rhum ! Un peu de chartreuse ! » Donc, remède. Naturellement, il ne faut pas boire trop. Pour
tous les remèdes, c’est la même chose. Sur toutes les boites : il y a écrit : « Ne pas dépasser la
dose prescrite »