Un Monde en Mutation (De 1919 À Nos Jours)
Un Monde en Mutation (De 1919 À Nos Jours)
Un Monde en Mutation (De 1919 À Nos Jours)
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Construire l’Histoire 4
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Auteurs
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Le monde 4PVTMBEJSFDUJPOEF *7BOEFS#PSHIU
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4
Les conflits à composante religieuse aujourd’hui /1
Les opérations de paix de l’ONU /1
Un exemple de multinationale à l’heure de la mondialisation : Toyota dans le monde en 2003
Les échanges planétaires
/1
/2
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Les inégalités au niveau planétaire (IDH en 2006)
La dynamique de la population mondiale
Taux de mortalité des moins de 5 ans, 2005 (pour 1000 naissances vivantes)
/1
5/2
CONSTRUIREVOFSFQS¹TFOUBUJPO MBQMVTmE¼MFQPTTJCMF
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Comparaison des émissions de CO2 dans le monde /6
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L’Afrique et l’Asie
La région des Grands Lacs : zones de conflit et ressources minières et énergétiques (1996-2003) /7 yMBDPMMFDUJPOj$0/4536*3&-)*450*3&xPGGSFy
Le Proche et le Moyen-Orient durant l’entre-deux-guerres /1
Les enjeux du Moyen-Orient /1
Israël et la Palestine de 1947 à 2000 /1 … µM¹M¼WF : … µMFOTFJHOBOU, un guide :
Israël et les territoires palestiniens en 2006 /1
La Chine et le Japon entre 1910 et 1950 /1 un manuel riche de très nombreux matériaux pour : - pour construire des E¹NBSDIFTEFORVºUFFUEBQQSFOUJTTBHF
La guerre de Corée (1950-1953) /1 - relier QBTT¹FUQS¹TFOU ; en classe, BOBMZTFSBWFDMFT¹M¼WFTMFTOPNCSFVYEPDVNFOUT
La guerre du Viêtnam /5
- prendre conscience de TFTQSPQSFTSFQS¹TFOUBUJPOT de la vie que contient le manuel et DPOTUSVJSFVOFWJTJPOTZOUI¹UJRVFEV
Les Amériques des hommes du passé ; QBTT¹ ; Maquette et mise en page : Page-In Lincent
- découvrir MFTSBDJOFTEFM0DDJEFOUFUEFOPTS¹HJPOT EBOTMF - proposant des TJUVBUJPOTEBQQSFOUJTTBHFFUE¹WBMVBUJPO
Photo de la couverture : Page-In Lincent
La crise de Cuba /5 NPOEF ; des quatre grandes DPNQ¹UFODFTEFMIJTUPSJFO : s’interroger,
L’Amérique latine aujourd’hui /2 - s’initier aux démarches d’BOBMZTFDSJUJRVFqui sont le propre de critiquer, synthétiser et communiquer ; Photo Fort de Breendonk : Wim Robberechts & Co nv
l’historien ; - accompagné d’un CD-ROM comprenant un choix de Crédits photographiques : voir page 336
L’Europe
- approfondir et étoffer ses découvertes BVSFHBSEEFM¹UBU EPDVNFOUTTPOPSFTFUDBSUPHSBQIJRVFT ainsi que le EPTTJFS Cartographies : K. Adams, BDK, Tongres
L’Europe en 1914 EFTDPOOBJTTBODFTIJTUPSJRVFT et s’approprier des SFQ¼SFT EBQQSFOUJTTBHF.
L’Europe aux lendemains des traités de paix /8 DISPOPMPHJRVFTFUH¹PHSBQIJRVFT ;
L’Europe des années 1920 - développer les DPNQ¹UFODFT énoncées dans les référentiels en
L’Europe en 1938-1939 vigueur dans l’enseignement secondaire.
L’Europe en 1948
Transformations territoriales et déplacements de populations en Europe entre 1944 et 1950 /8 un dossier d’apprentissage pour l’aider à développer savoirs, savoir-
Les étrangers dans l’Europe des 25 en 2003 /3 faire et compétences, et faire le point sur ses acquis.
L’Union européenne en 2007 : l’Europe des 27 55/10
L’Europe en 2008 et la construction européenne Même si la loi autorise, moyennant le paiement de redevances (via la société Reprobel - www.reprobel.be, créée à cet effet),
la photocopie de courts extraits dans certains contextes bien déterminés, JMSFTUFUPUBMFNFOUJOUFSEJUEFSFQSPEVJSF, sous
Les autres États et régions d’Europe Chacun des quatre tomes est réalisé par une équipe d’enseignants, QSBUJDJFOTEFMFOTFJHOFNFOU quelque forme que ce soit, en tout ou en partie, MFQS¹TFOUPVWSBHF. (Loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur et aux droits
TFDPOEBJSF et/ou EJEBDUJDJFOTEFMIJTUPJSF, et conseillés par des IJTUPSJFOTEFN¹UJFS, spécialistes s du f
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voisins, modifiée par la loi du 3 avril 1995, parue au Moniteur du 27/07/1994 et mise à jour au 30/08/2000)
L’Italie en 1920 /1 de la période étudiée dans le manuel. L’ensemble de la collection a été conçu et supervisé par
Le démembrement de la Tchécoslovaquie [1938-1939] /9
Cette reproduction sauvage cause un préjudice certain aux auteurs et aux éditeurs.
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Camps de concentration et centres d’extermination (1939-1945) /2
+FBO-PVJT +ADOULLE FU +FBO (EORGES, enseignants d’Histoire dans le secondaire, formateurs
L’Allemagne et Berlin [pendant la guerre froide] /2 d’enseignants et professeurs de didactique de l’Histoire à l’université. © 2008 Éditions Didier Hatier - édition corrigée 2009
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La guerre civile et les pertes territoriales de la Russie, 1918-1921 /1 Éditeur responsable : D2H SA - Place Baudouin Ier, 2 - B-5004 Namur (Bouge) - www.groupeerasme.be
La fin des « États-satellites » de l’URSS, 1988-1989 /11 Tome 1 - 3e année : Les racines de l’Occident (jusqu’au Xe siècle) Imprimé en Belgique
Le pétrole et le gaz russes en 2006 58/6 Tome 2 - 4e année : L’affirmation de l’Occident (XIe-XVIIIe siècle)
le ISBN : 978-2-87441-158-8
Les Balkans depuis 1992 et le plan de paix pour la Bosnie de décembre 1995 /1
Tome 3 - 5e année : L’Europe dans le monde : expansion er révolutions (de la fin du XVIIIe siècle à 1918) DL : 2009/3030/67
Tome 4 - 6e année : Un monde en mutation (de 1919 à nos jours)
nouveau
Coralie Snyers
Institut Saint-André, Bruxelles
Dictionnaire
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Je relève les représentations que
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la B.D. véhicule du « monde bipolaire »
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les causes de leur disparition.
Héritages
Repères
Documents
Je découvre
quelques manifestations
de la guerre froide.
LE POINT SUR...
26 La « Grande Guerre » : un bouleversement humain
Conséquences de
27 Après l’armistice, construire la paix ?
1914-1918
28 Après 14-18 : l’Europe face au monde
29 L’économie américaine dans les années 1920 79 La crise de 1929. Mécanismes d’une crise économique
Les crises
30 La crise devient mondiale : les années 1930. 80 Les réponses à la crise. L’Europe et les États-Unis dans
économiques
les années 1930
31 De la Russie impériale à l’URSS (1905-1924) 81 Les révolutions russes
32 L’URSS de Staline (1924-1953)
Les régimes 33 L’Italie devient fasciste.
DOCUMENTS (+ Débat)
72 Les mutations démographiques au XXe siècle 109 Le XXe siècle ou la victoire de la médecine ?
73 Le siècle de l’automobile
À travers le siècle
À partir du XVIIIe siècle, l’Europe a connu une transition démographique qui a provoqué une expansion de
la population. Cette croissance se poursuit-elle aujourd’hui ?
Quels sont les principaux problèmes qui distinguent, dans le monde, les populations du Nord et du Sud ?
72
76 1 La dynamique de la population mondiale (D’après Th. DE MONTBRIAL et Ph. MOREAU DEFARGES [dir], Ramses 2007,
Paris, Dunod, 2006, p. 195)
109
5
6 Excellences, Messieurs les membres et responsables d’Europe,
Nous avons l’honorable plaisir et la grande confiance de vous écrire cette
lettre, pour vous parler de l’objectif de notre voyage et de la souffrance de
nous, les enfants et jeunes d’Afrique. (…) Nous avons la guerre, la maladie,
le manque de nourriture, etc. (…) Nous avons des écoles mais un grand
manque d’éducation et d’enseignement. Sauf dans les écoles privées où
l’on peut avoir une bonne éducation et un bon enseignement, mais il faut
une forte somme d’argent. Or, nos parents sont pauvres, et il leur faut nous
nourrir. (…)
Donc, si vous voyez que nous nous sacrifions et exposons notre vie, c’est
parce qu’on souffre trop en Afrique et qu’on a besoin de vous. Pour lutter
contre la pauvreté et pour mettre fin à la guerre en Afrique.
Yaguine KOITA et Fodé TOUNKARA, lettre retrouvée le 2 août 1999 à Zaventem (D’après
Le Soir, 4 août 1999, p. 13)
un rêve impossible ?
Les médias nous renvoient souvent l’image d’un monde violent. Les conflits sont-ils moins nombreux depuis
la fin de la guerre froide ? Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur la sécurité collective ?
Comment celle-ci est-elle assurée ? Avec quels résultats ?
1 Le nombre des conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Telle est la conclusion principale du rapport Guerre et paix
au XXIe siècle1. (…) Depuis 1988, une centaine de conflits ont pris fin souvent sans grande publicité. Presque partout, les
violations graves des droits de l’homme seraient en recul. Au cours des dix dernières années, le nombre de réfugiés aurait
chuté de 30 %. Les tentatives de coup d’État se raréfient avec 25 en 1963 contre 10 en 2004, qui ont toutes échoué. Moins
nombreuses, les confrontations armées entre États sont aussi moins meurtrières. (…) Les conflits opposent désormais
rarement de lourdes armées sur un champ de bataille. (…) La période qui s’est ouverte en 1945 n’a donné lieu à aucune
guerre entre grandes puissances. (…) Au nombre des explications de cette [diminution des conflits] : la fin des guerres
coloniales puis celle de la guerre froide. L’évolution de l’Organisation des Nations unies a aussi joué un rôle important : sa
paralysie a pris fin [depuis 1990] et sa contribution à la prévention ou à la résolution de conflits a augmenté. (…) En dépit de
tragiques échecs, « il y a eu plus de conflits civils résolus par la négociation ces quinze dernières années que pendant les
deux siècles précédents », souligne, dans un entretien au Monde, Gareth Evans2, président de l’International Crisis Group2.
À ses yeux, les deux principaux dangers qui menacent aujourd’hui la planète sont « la prolifération des armes de destruction
massive* » et « le terrorisme, y compris d’ailleurs l’utilisation de l’arme nucléaire par des terroristes ».
1
Étude réalisée par le Human Security Center de l’Université de Colombie britannique (Canada)
2
Ministre dans plusieurs Gouvernements socialistes en Australie, il dirige l’International Crisis Group, une ONG installée à Bruxelles et dont le projet
est d’analyser les conflits et de proposer des solutions.
Philippe BOLOPION, Des guerres moins nombreuses et moins meurtrières, dans Le Monde, 19 octobre 2005, p. 1-2
2 Toute réforme globale de l’ONU est pour le moment exclue. Les trois grandes puissances du Conseil de Sécurité –
États-Unis, Chine et Russie – s’accommodent du statu quo ; pour elles, la diplomatie doit demeurer une affaire entre États
qui comptent. Plusieurs colosses – Inde, Brésil, Japon – réclament un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité,
45 mais le système est verrouillé, toute proposition de réforme de l’organisation mondiale se trouvant bloquée si l’un des cinq
membres permanents actuels met son veto (…). Pourtant l’ONU reste l’infirmier indispensable, celui auquel on fait appel
47 pour les cas désespérés, pour ces situations dont personne – et surtout pas les grandes puissances – ne veut vraiment
s’occuper. (…) L’ONU, si contestée, accomplit le travail ingrat dont les États ne tiennent pas à se charger : assumer les
64 « zones grises » où l’État a fait faillite, où les populations se retrouvent abandonnées à la violence des seigneurs de la guerre
et à la misère (…). Les interventions de l’ONU présentent trois avantages : elles sont peu coûteuses (le coût mensuel d’un
Casque bleu* est de 1000 dollars) ; elles associent des soldats ou des experts de très nombreuses nationalités, marquant le
caractère universel des actions onusiennes ; enfin, elles sont multidimensionnelles, prenant en compte toutes les facettes
87-88
militaires, économiques, culturelles, institutionnelles, etc. du processus de paix.
Philippe MOREAU DEFARGES, ONU, soixante ans, dans Th. DE MONTBRIAL et Ph. MOREAU DEFARGES (dir), Ramses 2007, Paris, Dunod, 2006, p. 271-272
Thérèse DELPECH, Vers une nouvelle course aux armements non conventionnels ?, dans Th. DE MONTBRIAL et Ph. MOREAU DEFARGES (dir), Ramses 2004, Paris, Dunod, 2003, p. 43
4 L’adoption de la résolution 1373 (28 septembre 2001) résulte du constat des insuffisances
de la lutte contre le terrorisme, brutalement révélée par les attentats du 11 septembre1. Le
Conseil de Sécurité des Nations unies exerce ici son pouvoir d’injonction et exige que les États
prennent toutes les mesures nécessaires, notamment pour priver les groupes terroristes de
leurs ressources financières (…). Il leur impose d’adapter leur législation nationale afin d’assurer Depuis les attentats du 11 septembre 2001,
une meilleure répression du terrorisme (…). Le Conseil demande également aux États (…) de 59,2 millions de dollars possédés par Al-Qaïda
renforcer leur coopération sur la circulation des informations relatives aux groupes terroristes ou par des sociétés proches ont été gelés ou
comme sur la poursuite et la répression de leurs actes. La résolution crée enfin le Comité confisqués dans 129 États (70 % en Europe,
contre le terrorisme2. (…) Cependant, la mise en œuvre de la résolution soulève plusieurs Eurasie ou Amérique du Nord, 21 % au
Moyen-Orient, 8 % en Asie du Sud-Est).
questions. Elle comporte d’abord une lacune importante, puisque la notion de terrorisme n’y
est pas définie. Aucun accord n’a pu être trouvé en raison des difficultés soulevées par la
question de la qualification des attentats palestiniens. (…) Enfin, de nombreuses organisations
internationales ont souligné les risques d’atteintes aux droits de l’homme (…).
1
Attentats du 11 septembre 2001, qui ont détruit les deux tours du World Trade Center à New York aux États-Unis
et causé la mort de près de 3000 personnes (→ 64/5)
2
Comité composé de tous les membres du Conseil de Sécurité et chargé de suivre l’application de la résolution
1373 avec l’assistance d’un groupe d’experts
Clothilde LABATIE, La résolution 1373 du Conseil de Sécurité et la lutte contre le terrorisme, dans Questions
internationales, n° 8, juillet-août 2004, p. 54
La chute du mur de Berlin en 1989, la disparition des démocraties populaires*, puis de l’URSS et la fin du
conflit Est-Ouest ont amené certains observateurs à parler de l’avènement d’un monde unipolaire, par
contraste avec le monde bipolaire qui aurait été celui de la guerre froide. Ce diagnostic se vérifie-t-il ?
25
47
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108
10
5 Partout autour de nous, les États s’organisent pour tirer le meilleur parti de (…) L’Europe est aujourd’hui la première puissance commerciale du monde.
la mondialisation* et pour renforcer leurs positions stratégiques. L’Inde se En quelques années, douze États membres dont la France ont créé une
rapproche de la Chine ; le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres pays émergents monnaie stable et protectrice : l’euro. Et pourtant notre taux de croissance
réalisent désormais entre eux le tiers de leur commerce extérieur et défendent reste inférieur à celui des États-Unis ou des pays asiatiques, tandis que notre
collectivement leurs positions dans le cadre du G201 ; les pays d’Amérique taux de chômage se maintient à un niveau élevé. (…) En quelques décennies,
du Sud développent leurs liens économiques : nous ne pouvons pas rester à l’agriculture a rendu l’Europe indépendante en matière d’approvisionnement
l’écart de ce grand mouvement de réorganisation de la planète. Nous devons agricole (…). Les atouts européens dans les domaines de la physique, des
être en mesure de défendre nos intérêts politiques, économiques et sociaux mathématiques ou de la chimie ne sont pas suffisamment exploités.
en meilleure position, rassemblés et solidaires.
1
Forum créé en 1999, il rassemble les 20 ministres des Finances et directeurs des banques
(…) Soit nous nous donnons les moyens de construire cette nouvelle Europe
centrales des nations les plus industrialisées ainsi que des pays à l’économie émergente
politique, qui s’exprimera et agira dans le monde de demain, soit nous nous
résignons à faire de notre continent une vaste zone de libre-échange gouvernée Dominique de VILLEPIN, Une nouvelle Europe politique, dans Le Soir, 29 juin 2005, p. 17
par les règles de la concurrence.
6 Il y a 20 ans, le monde était divisé sur le plan économique et idéologique et Unis, a débordé de ses frontières nationales dans tous les domaines : dans
sa sécurité était assurée par les potentiels stratégiques immenses des deux l’économie, la politique et dans la sphère humanitaire, et est imposé à
superpuissances. (…) Le monde unipolaire proposé après la guerre froide ne d’autres États. (…) La domination du facteur force alimente inévitablement
s’est pas non plus réalisé. (…) Qu’est-ce qu’un monde unipolaire ? (…) C’est l’aspiration de certains pays à détenir des armes de destruction massive*.
le monde d’un unique maître, d’un unique souverain. En fin de compte, cela Qui plus est, on a vu apparaître des menaces foncièrement nouvelles qui
est fatal à tous ceux qui se trouvent au sein de ce système aussi bien qu’au étaient connues auparavant, mais qui acquièrent aujourd’hui un caractère
souverain lui-même, qui se détruira de l’intérieur. Bien entendu, cela n’a rien global, par exemple, le terrorisme.
à voir avec la démocratie, car la démocratie, c’est, comme on le sait, le (…) Le PIB commun de l’Inde et de la Chine (…) dépasse déjà celui des
pouvoir de la majorité qui prend en considération les intérêts et les opinions États-Unis. Le PIB des États du groupe BRIC – Brésil, Russie, Inde et Chine –
de la minorité. À propos, on donne constamment des leçons de démocratie évalué selon le même principe dépasse le PIB de l’Union européenne tout
à la Russie. Mais ceux qui le font ne veulent pas, on ne sait pourquoi, eux- entière. Selon les experts, ce fossé va s’élargir dans un avenir prévisible. Il
mêmes apprendre. ne fait pas de doute que le potentiel économique des nouveaux centres de
(…) Quel en est le résultat ? Les actions unilatérales, souvent illégitimes, n’ont la croissance mondiale sera inévitablement converti en influence politique,
réglé aucun problème. Bien plus, elles ont entraîné de nouvelles tragédies et la multipolarité se renforcera.
humaines et de nouveaux foyers de tension. Jugez par vous-mêmes : les
Vladimir POUTINE, discours prononcé lors de la 43e conférence sur la politique de sécurité,
guerres, les conflits locaux et régionaux n’ont pas diminué. (…) Presque
Munich, 10 février 2007 (D’après www.alterinfo.net, page consultée en mai 2007)
tout le système du droit d’un seul État, avant tout, bien entendu, des États-
11
Honnie par certains, adulée par d’autres, l’Union européenne ne cesse de s’étendre. À quels défis doit-elle
faire face ? Quels sont les principaux débats qui l’animent ?
1 L’Europe doit présenter des frontières claires et naturelles : celles du continent. Elle ne peut s’étendre à l’Asie, se perdre
dans un processus d’élargissement indéfini : elle y deviendrait un carrefour de civilisations ouvert à tous les vents. Mais
surtout, cet ensemble ne peut se reconnaître que dans le legs d’un passé commun. Il ne peut se retrouver que dans le stock
des croyances, religions, idéologies, représentations, symboles et mythes qui forment le socle mental des civilisations.
Or, la géographie installe la Turquie en Asie pour 95 % de son territoire. Et l’Histoire la trouve plus étrangère encore à
l’Europe. Deux courants historiques ont, tour à tour, baigné notre continent. Le premier fut, après la romanité, l’union dans la
foi, dans la christianitas, une union saccagée par les guerres de religion. Le second fut l’idéal du Progrès venu des Lumières,
saccagé, lui, au XXe siècle, par la guerre des idéologies. À ces deux courants, la Turquie est étrangère. (…)
Cet univers-là, vous le savez, n’est pas celui de la Turquie. L’héritage ottoman est immense, sa civilisation prestigieuse, mais
ce n’est pas la nôtre. Nous n’avons pas la même parenté. (…) Il ne faut, aujourd’hui, s’engager ni dans un « oui » irrévocable,
ni, bien sûr, rabrouer la Turquie. Il faut lui offrir une solution d’association. Pour l’heure, sa masse est inabsorbable :
73 millions d’hommes à très faible revenu moyen ! Le laïcisme* imposé, jadis, par Mustafa Kemal Atatürk prospère, mais
rencontre un Islam aujourd’hui renaissant. (…) De surcroît, la Turquie, en grande nation, rêve à l’Ouest, mais bouge à l’Est
vers l’immense univers turcophone de la Caspienne et du Caucase. Elle reste encombrée de contentieux lourds (Chypre,
l’Arménie, le Kurdistan).
Bref, il est sage – et pour l’Europe, et pour la Turquie – de « voir venir ». Dans 10 ou 15 ans, il sera temps d’aviser. Mais, de
grâce, refusons une décision hâtive qui verrouillerait notre avenir !
Claude IMBERT, Le logiciel ottoman, dans Le Point, 16 décembre 2004, p. 3
2 L’Union européenne est un ensemble de nations qui se sont liées entre elles par des traités et des institutions parfaitement
séculiers, laïques* (…). C’est d’ailleurs le seul moyen de faire vivre ensemble des communautés nationales à dominante
catholique, protestante ou orthodoxe et de garantir les droits d’importantes communautés juive et musulmane.
Aucun organe de l’Union n’a donc compétence pour tirer de ce qu’elle est et des traités qui la fondent un argument négatif
à l’endroit d’une nation candidate à l’adhésion en raison de sa religion dominante. (...) Chacun sait que, dans une dizaine
d’années, dans l’ex-Yougoslavie, la Slovénie ayant montré le chemin, l’Albanie et la Bosnie musulmane demanderont leur
adhésion, et qu’il faudra répondre « oui » pour conforter la paix, la stabilité et le développement dans toute la zone. (…)
Dire « non » [à la Turquie] serait une maladresse (...) à l’encontre des 10 millions de musulmans qui vivent en Europe et plus
encore de toute la communauté musulmane du monde. (…) Rejeter la Turquie, ce serait rejeter le plus important, et presque
39 le seul des pays musulmans qui se soit doté d’institutions [laïques*]. (…) La Turquie n’est pas européenne, dit M. Giscard
d’Estaing. C’est l’argument géographique. C’est aussi l’un des plus blessants pour la Turquie. Byzance-Constantinople-
55 Istanbul a joué sur deux millénaires un tel rôle dans notre Histoire que l’« européité » de la plus grande ville de Turquie
s’impose dès l’énoncé de son nom. (...) Le fait que la Turquie soit à cheval sur deux continents présente un avantage
indiscutable de clarification : son appartenance à l’un ou à l’autre faisant doute, elle ne peut être déclarée que par un choix
délibéré tenant à d’autres raisons.
Michel ROCARD, Turquie, dire oui est vital, dans Le Monde, 27 novembre 2002, p. 1, 18
95
12
13
Depuis 1945 et toujours à l’aube de ce nouveau millénaire, le développement des pays du Sud est une des
priorités de l’ONU. La décennie 1970-1980 fut même proclamée « décennie du développement ».
Quel bilan dresser de la situation des pays du Sud aujourd’hui ?
1 On estime à environ 2,9 milliards le nombre de personnes sur Terre vivant avec moins de 2 $ par jour. Plus inquiétant encore,
1,2 milliard d’entre elles survivraient avec moins de 1 $ par jour. L’Afrique est, en valeur relative, le continent le plus concerné
puisqu’un Africain sur deux n’atteint pas ce seuil. Mais d’autres zones géographiques sont également très touchées. Ainsi,
en Asie de l’Est, 880 millions d’hommes et de femmes reçoivent moins de 1 $ par jour. En Asie du Sud, ce sont près
de 500 millions de personnes qui vivent en situation de dénuement absolu. En Europe centrale et orientale, les chiffres
se sont considérablement détériorés depuis 1990 puisque le pourcentage de la population ayant moins de 1 $ par jour pour
subsister était de 8 % à l’époque contre 20 % en 1999. Le fossé entre les pays industrialisés et les pays en développement
ne cesse de se creuser. Un pays comme la Suisse a aujourd’hui un PIB par habitant 400 fois supérieur à celui de l’Éthiopie
et 115 fois supérieur à celui de l’Inde.
Klaus Werner JONAS, Améliorer les perspectives des pays en développement, rapport de la Commission des Questions économiques et du
Développement sur la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe, 10 décembre 2003 (D’après http://www.ladocumentationfrancaise.fr, page consultée le 14 novembre 2007)
2
Taux de mortalité*
des moins de 5 ans,
2005 (pour 1000
naissances vivantes)
(D’après Objectifs du
Millénaire des Nations
unies. Investir dans le
développement. Plan
pratique pour réaliser les
Objectifs du Millénaire
pour le Développement,
New York, Millennium
Project, 2005, p. 13)
54
63
94
14
Des « échanges » injustes et en baisse, dans Le Courrier, Genève, 9 décembre 2000 (D’après http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch, page consultée le 16 novembre
2007)
4 Objectif 1 : Réduction de l’extrême pauvreté et de la faim 5 La dette est le principal obstacle à la satisfaction des besoins
Cible 1 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion humains fondamentaux, comme l’accès à l’eau potable, à
de la population dont le revenu est inférieur à 1 $ par une alimentation décente, à des soins de santé de base,
jour à une éducation primaire, à un logement correct, à des
Cible 2 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion infrastructures satisfaisantes. En 2002, plus de 320 millions
de la population qui souffre de la faim d’Africains étaient contraints de vivre avec moins de 1 $ par
Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous jour et 210 millions d’Africains souffrent de la faim. Environ
Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des 300 millions d’Africains n’ont pas un accès régulier à l’eau
femmes potable et sont privés d’infrastructures sanitaires. Chaque
Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans année, 5,5 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent en
Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle Afrique, soit plus de 15 000 par jour (…). La dette opère donc
Objectif 6 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies une ponction insupportable sur les budgets des pays du Sud,
Objectif 7 : Assurer un environnement durable les empêchant de garantir des conditions de vie décentes
Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement pour leurs citoyens. En moyenne, 38 % des budgets des
pays d’Afrique subsaharienne vont au remboursement de la
Objectifs du Millénaire pour le Développement (D’après Projet Objectifs du Millénaire des dette.
Nations unies. Investir dans le développement. Plan pratique pour réaliser les Objectifs du
Millénaire pour le Développement, New York, Millennium Project, 2005, p. XII-XIII)
Éric TOUSSAINT, La dette de l’Afrique aujourd’hui, texte présenté à Addis
Abéba le 21 mars 2005 pour le Comité pour l’Annulation de la Dette du
Tiers-Monde (D’après D. MILLET, La dette de l’Afrique aujourd’hui sur
http://www.cadtm.org, page consultée le 14 novembre 2007)
6 Années 1961 1971 1980 1986 1992 1995 1997 2004
Dette 21,5 70 560 1086 1419 1940 2317 2600
15
Le terme « mondialisation » est apparu au début des années 1980. Comment la mondialisation se
manifeste-t-elle ? À qui profite-t-elle ? Quelles alternatives ceux qui la critiquent proposent-ils ?
AFRIQUE
2 [La] mondialisation de l’économie, c’est d’abord le café du matin, importé par bateau de Colombie ou d’Ouganda, lyophilisé
et mis en boîte en RFA, transporté en train (...), puis redistribué ensuite par la chaîne de supermarchés avant de venir dans
votre tasse. Ce sont les oranges venues d’Israël ou d’Espagne, que je mangerai ce soir, l’essence de ma voiture, venue
d’Arabie Saoudite ou de mer du Nord, par pipeline ou pétrolier. Ce sont mes chaussures fabriquées en Italie ; l’ordinateur
personnel sur lequel je frappe cet article, dont les composants viennent de l’autre bout de la planète. Avant d’être sur ma
table, dans mon assiette et sur mon corps, la plupart des produits que j’utilise et consomme ont parcouru des milliers de
kilomètres, sont passés par des mains d’ouvriers asiatiques ou de dockers africains. Ces hommes, je ne les connaîtrai jamais
et eux m’ignorent. Pourtant, une maigre fraction de ce que j’ai payé servira à nourrir leur famille, peut-être à acheter une paire
67-68 de lunettes qui se fabrique à quelques pas de chez moi. Tous ces produits ont fait l’objet de transactions commerciales entre
quelques firmes suédoises, indonésiennes ou françaises. L’économie mondiale, c’est ce maillage indissoluble de matières
premières, de produits, de capitaux, et surtout d’hommes et de femmes qui investissent, produisent, vendent, achètent,
transportent et enfin consomment. Au-delà des produits et des capitaux, l’économie mondiale, c’est aussi par voie de
conséquence des images qui voyagent (la série américaine à la télévision), des modes de consommation qui se répandent
107 (Coca-Cola ou cuisine chinoise), des hommes et des idées qui circulent.
Achille WEINBERG, La mondialisation de l’économie, tendances et mutations, dans Sciences humaines, n° 14, février 1992, p. 13
16
4 Il y a la globalisation économique, qui résulte des révolutions technologiques 5 Régulée par des lois démocratiques et des institutions civiques, la liberté
et informatiques (…). Ici, les principaux acteurs sont les multinationales*, économique peut contribuer à la prospérité et à la sécurité des peuples.
les investisseurs, les banques et les services privés, en plus des États (…). Mais la sécurité ne peut exister durablement dans un monde dérégulé
C’est la forme présente du capitalisme (…). Elle pose un dilemme capital où, selon les chiffres officiels des Nations unies, la fortune cumulée
pour les États : efficacité d’abord, ou équité d’abord ? La spécialisation de moins de trois cents personnes physiques est égale au revenu de
et l’intégration de firmes permettent d’accroître la richesse (…), mais la deux milliards d’humains. Un monde qui tolère les paradis fiscaux (...)
logique du capitalisme pur ne travaille guère pour la justice sociale (…). et le blanchiment de l’argent « hors les lois » dont se nourrissent le
La globalisation économique est un formidable facteur d’inégalité entre terrorisme ou d’autres formes de criminalité n’est pas un monde sûr. (...)
États et au sein de l’État, et le souci de compétitivité au plan mondial limite La mondialisation sauvage que nous connaissons doit être remplacée
l’aptitude de l’État à la réduire. par une mondialisation « à visage humain » et un projet de civilisation à
Puis vient la globalisation culturelle, produite par la révolution technologique l’échelle planétaire.
et par la globalisation économique qui facilite le flux des produits culturels.
La question clé est celle de l’uniformisation (ou de l’américanisation). (…) Pour la création d’un collège international éthique, politique et scientifique, appel du
Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), 1er février 2002
Il y a enfin la globalisation politique (…). Elle prend deux formes : celle de la
prépondérance américaine et celle d’institutions politiques (les organisations
internationales et régionales), (…) et d’institutions privées comme les
organisations qui ne sont ni gouvernementales ni purement nationales. Les Le Forum social mondial réunit depuis 2001 (Brésil)
principaux problèmes ici sont (...) le besoin de démocratisation de beaucoup des ONG, syndicats et associations altermondialistes
de ces organismes et la faiblesse (…) de leur autorité (…). qui contestent la gestion libérale des grandes
organisations économiques (OMC, OCDE, G8) et
Stanley HOFFMANN, Le XXIe siècle a commencé, dans Vingtième siècle, octobre-décembre dénoncent la politique des États-Unis.
2002, p. 36
17
climatique ?
Le réchauffement climatique apparaît de plus en plus comme un des grands défis du XXIe siècle.
Quelles mesures sont prises pour enrayer cette menace ? Qui sont les acteurs de cette lutte et quelles sont
les solutions disponibles ? Quels freins en limitent l’efficacité ?
1
Les objectifs de
Kyoto (D’après
Trop chaud, hors-
série du Courrier Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en 2005. Les 165 pays qui
international, l’ont ratifié se sont engagés à collaborer pour atteindre une diminution
octobre-novembre globale de 5,2 % des gaz à effet de serre, dans l’industrie, d’ici à 2012.
2006, p. 100)
Ils s’engagent aussi à ne pas dépasser un seuil défini pour chacun
d’entre eux par rapport au niveau de référence de 1990. Un pays
qui produit plus de CO2 que le quota prévu peut acheter un permis
d’émission à un pays qui en produit moins ou qui a réduit davantage
ses émissions. Ainsi, la pollution collective ne devrait pas dépasser
les limites fixées. Les États-Unis n’ont pas ratifié le protocole. Pays
« émergents », la Chine, l’Inde et le Brésil ne sont pas tenus de limiter
leurs émissions de CO2.
2 Émissions de gaz. L’Union européenne (UE) prend « de manière indépendante, l’engagement ferme
de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2020 par rapport à 1990 ».
Énergies renouvelables. Elles (…) devront représenter 20 % de la consommation énergétique de
l’UE en 2020. La répartition entre les 27 de cet effort contraignant se fera en étroite collaboration
avec les États membres et tiendra compte « des différents points de départ nationaux » (niveau
existant des énergies renouvelables, palette énergétique et potentiel de chaque pays).
Biocarburants. Ils devront obligatoirement représenter au moins 10 % de la consommation totale
67-68
d’essence et de gazole dans les transports.
Efficacité énergétique. Économiser 20 % de la consommation totale d’énergie d’ici 2020 (par
71 rapport à la consommation prévue à politique inchangée) grâce à une utilisation plus efficace de
Ces décisions ont
été prises lors du l’énergie, notamment dans les bâtiments, l’industrie et les transports. Développer les technologies
73 de piégeage et de stockage de CO2 (pour les futures centrales au charbon).
Conseil européen des
8 et 9 mars 2007. Énergie nucléaire. Il appartient à chacun des États membres de décider s’il y aura ou non recours.
18
4 Les années 1950 marquent le début de l’ère du nucléaire civil. Plusieurs pays se lancent dans 5 C’est dans les années 1970 que la croissance
le développement de cette source d’énergie qui permet également de mener des programmes démographique rapide de la population
militaires grâce à la production de plutonium dans les réacteurs. La montée en puissance de mondiale et les premiers ratés du modèle
la production d’énergie nucléaire se déroule sur fond de guerre froide. (…) Le nombre de pays industriel issu des « Trente Glorieuses »1
qui accèdent à l’énergie nucléaire va progressivement s’accroître. (…) En 1965, Allemagne de ouvrent le champ aux interrogations sur ce
l’Ouest, Belgique, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie et Suède (…), que le Club de Rome (réunissant scientifiques,
actuellement 32 [pays]. Ce chiffre ne devrait pas augmenter significativement car le nucléaire civil hauts fonctionnaires, industriels de tous les
n’est pas accessible à tous les États : les développements sont tels que seuls les pays riches pays) appelle en 1972, dans un rapport resté
peuvent le mettre en œuvre. (…) La période 1975-1990 a été la plus fastueuse de l’industrie nucléaire. célèbre, « les limites de la croissance ». (…)
Les deux chocs pétroliers1 de 1973 et de 1979 ont convaincu la plupart des pays « nucléaires » En 1982, (…) l’ONU commande un rapport
d’intensifier leur programme. (…) L’accident de Tchernobyl2 (…) a modifié la donne. Les populations à une commission présidée par la ministre
de plusieurs pays sont alors devenues réticentes à l’utilisation de cette énergie. Plusieurs pays ont norvégienne Gro Harlem Brundtland. Paru
signé des moratoires (Belgique et Suède) alors que d’autres y ont renoncé (Italie et Allemagne plus en 1987 sous le titre Our Common Future,
récemment). La forte remontée des cours du pétrole et les impératifs de réductions des gaz à effet le rapport Brundtland pose les bases de
de serre pourraient toutefois relancer la filière nucléaire. ce que les Anglais appellent le sustainable
development. Sa définition reste d’actualité
1
→ 100 20 ans plus tard : « Le développement
2
En Ukraine (URSS), le 26 avril 1986 (→ 92)
soutenable est un développement qui répond
Ludovic MONS, Les enjeux de l’énergie. Pétrole, nucléaire et après ?, Coll. « Petite encyclopédie Larousse », Paris, aux besoins du présent sans compromettre la
Larousse, 2005, p. 35-37 capacité des générations futures à répondre
aux leurs. »
6 1
Nom donné aux années de croissance économique
(1945-1975)
Part des
énergies Sylvie BRUNEL, Développement durable : les prophètes
renouvelables de l’Apocalypse, dans L’Histoire, n° 324, octobre 2007,
(éolienne, p. 14
marémotrice,
solaire,
biomasse…)
dans la
consommation
totale d’énergie
(% en 2005 en
Europe)
19
Après plus d’un siècle de revendications féministes, l’égalité entre hommes et femmes est-elle devenue
réalité ? La situation des femmes est-elle comparable au Nord et au Sud de la planète ?
1 Le 8 mars est l’occasion, pour la presse du monde entier, mais ne possèdent que 2 % des terres.
de parler de la condition féminine. Le quotidien britannique Deux tiers des heures de travail sont effectuées par les
The Independent n’échappe pas à la règle et fait le point femmes, qui ne touchent qu’un dixième des revenus
sur toutes les injustices, les inégalités et les violences dont mondiaux.
les femmes sont l’objet. Voici, dans le désordre, toutes les Seuls 13 pays sur 192 ont au moins 25 % de femmes dans les
raisons de s’insurger compilées par le quotidien. instances gouvernementales.
Deux tiers des analphabètes dans le monde sont des Au Liberia, trois femmes sur quatre ont été violées.
femmes. Parmi les enfants indiens qui ne fréquentent pas l’école, 90 %
Chaque année, 2 millions de filles âgées de 5 à 15 ans sont des filles.
rejoignent le commerce du sexe. Trente millions de femmes asiatiques, victimes de trafiquants,
Les violences domestiques tuent plus de femmes de sont obligées de se prostituer.
16 à 44 ans dans les pays développés que le cancer ou les La violence conjugale fait plus de victimes au Pakistan que le
accidents de la route. paludisme, la guerre et le cancer réunis.
70 % des personnes les plus pauvres au monde sont des
femmes. Anne COLLET, Femmes d’ailleurs. Tour d’horizon de la condition féminine
(D’après www.courrierinternational.com, page consultée le 9 mars 2007)
Les femmes produisent la moitié de la nourriture mondiale
3 À rebours des discours idéologiques prônant l’abstention des Le travail des femmes, loin d’engendrer la crise économique en
femmes de toute activité économique extradomestique, l’analyse « confisquant » des emplois, permet donc de stimuler l’activité
économique a montré l’effet positif et stimulant du travail des à deux niveaux au moins : au niveau des facteurs d’offre, mais
femmes sur l’activité économique et l’organisation de la société. aussi au niveau de la composition de la demande. On est donc en
75 En effet, la participation des femmes à l’activité économique est un présence d’une sorte de cercle vertueux de la croissance où l’activité
facteur puissant d’amélioration de la performance des économies féminine engendre une demande sociale qui stimule la croissance
76 développées, d’une part, parce qu’elle permet la diversification et l’emploi.
des talents et, d’autre part, parce qu’elle oriente la demande des
ménages vers les services – de proximité, culturels, de loisirs, etc. – Martial POIRSON, Masculin/féminin, les évolutions récentes, dans Écoflash, n° 141,
octobre 1999 (D’après Textes et documents pour la classe, n° 848, janvier 2003, p. 49)
à fort contenu en emploi.
20
5 Les transformations importantes qui ont considérablement amélioré la condition féminine se sont accompagnées
d’effets pervers, porteurs de nouvelles contraintes. (…) Si les femmes ont pu s’imposer dans le salariat, elles restent
moins bien rémunérées et plus menacées par le chômage et la précarité que leurs collègues masculins. Si elles ont
su conquérir une certaine autonomie dans les familles, notamment grâce à leurs revenus propres, c’est au prix d’une
« double journée » tant les servitudes domestiques restent inégalement partagées. (…) Enfin, si elles ont commencé
à occuper le champ politique, c’est encore à doses homéopathiques qu’elles accèdent à de véritables fonctions de
responsabilité. Dès lors, on conçoit combien est fallacieuse la thèse d’une féminisation de la société (…). [Celle-ci] (…)
n’est qu’un paravent derrière lequel se renouvelle et même se renforce la domination masculine, puisque l’identité
féminine tend à se définir désormais par deux traits classiques de la masculinité : la détention d’un diplôme et
l’exercice d’un travail salarié. (…) Les fondements de l’hégémonie masculine ne sont donc pas ébranlés, que ce soit
dans l’éducation et l’enseignement, dans le travail, dans l’univers domestique ou dans la sphère publique. (…) Le
principal obstacle demeure la perpétuation de la répartition inégalitaire des rôles dans l’univers clos de la maison : les
femmes continuent en effet à assurer plus de 90 % du travail « privé ». Couverture d’un magazine
6
féministe québécois, 2005
Alain BIHR et Roland PFEFFERKORN, Pour la « parité domestique », dans Manières de voir. Le Monde diplomatique, n° 44, mars-avril 1999, p. 30-32
7 D’un côté, une école décide d’interdire le port du voile (…). De l’autre, une de participer au projet de classe provient souvent des garçons. (…)
mosquée de Molenbeek annonce l’ouverture à la rentrée prochaine d’une On vous dira que l’on mène ces filles en bateau en leur permettant de porter
école islamique*. (…) Autorisé dans l’école où je donne cours, le port du le voile à l’école alors qu’elles ne pourront pas le faire demain, au travail. Mais
voile, dans sa réalité quotidienne, va à l’encontre des clichés. Nombreuses, que répondre à cette élève de 6e T.Q. qui porte le voile et me dit un jour :
majoritaires mêmes, sont les filles [musulmanes] qui ne portent pas le voile. « Moi, demain, je ne vais pas pouvoir travailler à la STIB avec mon voile, mais
On compte au maximum 3 à 4 filles qui le portent par classe. (…) On dit on ne dit rien à tous ces chauffeurs de bus qui portent la barbe musulmane
souvent que les filles qui le portent incitent les autres à le porter : faux. (…) et raccourcissent leurs pantalons. Ils sont intouchables car ce n’est pas un
On dit souvent que les voiles se rallongent : largement faux. Le voile fait partie morceau de tissu en plus, mais en moins qu’ils ont ! Ils portent aussi des
intégrante du mode vestimentaire de la fille qui le porte. (…) On dit souvent signes de leur croyance… Alors que va-t-on faire ? Inscrire dans le règlement
qu’elles refusent de suivre certains cours (…). Faux (…). Les exemples de la longueur de la barbe autorisée et interdire les pantalons qui ne touchent
filles voilées qui participent plus activement au cours que les autres (…) sont pas le bas des chaussures ? »
nombreux. Il n’existe pas de différence entre les propos et les opinions tenus
par les filles voilées et les filles non voilées. Mais le refus de suivre le cours ou David D’HONDT, La question du voile qui occulte l’autre, dans La Revue nouvelle, n° 9,
septembre 2007, p. 20-25
8 [La] vision des Occidentaux sur le monde musulman, dont la réalité est multiple, Savez-vous que le mariage forcé est un péché, condamné dans les hadiths,
est bourrée de préjugés. Ainsi, l’excision n’est pas une pratique religieuse, recueil des actes et des paroles du Prophète et de ses compagnons ? »
mais une tradition surtout perpétuée par les femmes. « À cause du hidjab1, Si le poids de la tradition reste lourd dans les sociétés musulmanes, celle-ci
les idées reçues des Occidentaux sur la vie sexuelle des musulmanes restent n’est ni plus ni moins hypocrite que la tradition chrétienne. L’obsession de la
considérables, sourit [la comédienne] Jamala Drissi, d’origine algérienne (…). virginité [pour la femme] fait partie de ces tartuferies. [En effet, le] Coran (…)
Par exemple, la pilule et le stérilet ne manquent pas d’être utilisés par les impose la virginité tant pour la future épouse que pour le futur époux. (…)
femmes voilées. Pas partout, pas dans tous les pays. Mais cela évolue. » « Oui, j’ai des amies qui portent le hidjab1 [et] qui sont très heureuses dans
Et les mariages forcés ? « Comme ailleurs rien n’est tout noir ni tout blanc, leur couple (…) » assure Jamila Drissi.
réagit la comédienne et musicienne Hassiba Hakabi, d’origine algérienne elle
1
aussi. Il y a des pères musulmans cons et violents qui marient leur fille de Voile porté par certaines femmes musulmanes
force et vont jusqu’à la tuer ou la faire tuer lorsqu’elle résiste. Et des pères
Thierry DENOËL, L’amour derrière le voile, dans Le Vif/L’Express, 18 janvier 2008, p. 28-29
doux et poètes qui respectent le choix de leur fille, la protègent de l’excision.
21
Les religions sont-elles des facteurs de guerre ou de paix ? La composante religieuse est-elle présente dans
les conflits qui attisent le monde ?
1 1 - Nous nous engageons à proclamer notre ferme conviction que la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit
religieux et, en condamnant tout recours à la violence et à la guerre, au nom de Dieu ou de la religion, nous nous engageons
à faire tout ce qui est possible pour éradiquer les causes du terrorisme. (…)
3 - Nous nous engageons à promouvoir la culture du dialogue, afin que se développent la compréhension et la confiance
réciproques entre les individus et entre les peuples, car telles sont les conditions d’une paix authentique. (…)
6 - Nous nous engageons à nous pardonner mutuellement les erreurs et les préjudices du passé et du présent (…).
Décalogue d’Assise pour la Paix, Assise (Italie), 24 janvier 2002 (D’après http://www.vatican.va, page consultée le 9 janvier 2008)
2
Les conflits à composante religieuse
aujourd’hui (D’après M. GOZLAN,
La mort au nom de Dieu,
dans Marianne, n° 481, juillet 2006,
p. 42)
61-62
64
97
99
113
22
4 De nombreux Israéliens savent qu’il faut au 5 L’Irlande du Nord est-elle en mesure de s’acheminer vers la normalité politique et une paix sociale
plus vite résoudre le problème palestinien, en durable ? Si l’on en juge d’après l’accord historique, signé à l’arraché le 10 avril 1998 et marquant
laissant se constituer un État palestinien sur un dénouement heureux à 30 années d’un conflit qui a fait près de 4000 victimes, la réponse est
les « territoires occupés » depuis 40 ans. Le positive. (…)
nombre toujours croissant des « colonies » La lutte pour l’indépendance de l’Irlande, qui avait débouché sur la création [en 1937] de l’État
religieuses et de celles où l’on a logé les libre d’Irlande du Sud, allait (…) céder la place à un affrontement en Ulster1 entre catholiques
nouveaux immigrés russes ou balkaniques est nationalistes, opposés à la partition et favorables à la réunification de l’Irlande, et protestants
devenu peu à peu un obstacle fondamental unionistes, (…) partisans du maintien de leur province dans le Royaume-Uni. (…) Au cours des
(…). Le fanatisme d’une partie de ces premières décennies qui suivirent le partage de l’île2, l’IRA (Armée républicaine irlandaise), qui
« colons » tient au fait qu’ils se sont persuadés, était devenue le symbole de libération nationale et de défense des catholiques (…), avait mené
comme nombre d’évangéliques américains, différentes campagnes (…) contre la partition (…). Au cours des années 1980, les actes terroristes
que leur présence sur tous les lieux bibliques se multiplient en Irlande du Nord (…). Cette violence (…) ne fait que déchaîner une contre-violence
de la « Terre qui leur a été promise » va hâter de la part des paramilitaires protestants (…).
la venue du Messie. On peut faire l’hypothèse La pérennité de la paix en Irlande du Nord n’est pas garantie et l’édifice politique mis en place par
qu’une très grave épreuve de force aura lieu l’accord révèle une grande fragilité entretenue par la méfiance, le contentieux historique difficile à
tôt ou tard entre ces religieux et la majorité de gommer, la faiblesse persistante des contacts entre les deux communautés (…).
la population israélienne (…). 1
Irlande du Nord, restée attachée au Royaume-Uni lors de l’indépendance de l’Irlande du Sud
2
Yves LACOSTE, Au Moyen-Orient, des conflits qui En 1921, l’Irlande est divisée en deux régions autonomes : le Nord et le Sud de l’île.
s’aggravent en n’évoluant guère, dans Hérodote, n° 124,
premier trimestre 2007 (D’après http:// www.herodote. Marie-Claire CONSIDERE-CHARON, Irlande du Nord : un accord historique, une mise en œuvre problématique, dans
org, page consultée le 23 août 2007) Synthèse, n° 83, 24 mars 2003 (D’après http://www.robert-schuman.eu, page consultée le 9 janvier 2008)
6 Le mot « Djihad » ne signifie pas « guerre sainte ». Il désigne la lutte et 7 (…) [Les] nations composant la Yougoslavie se sont retrouvées seules de
l’effort. (…) C’est la lutte pour accomplir le bien et éradiquer l’injustice, gré ou de force, avec leurs valeurs, leur identité, leurs ambitions propres.
l’oppression et le mal dans son ensemble de la société. Cette lutte doit C’est à ce stade qu’intervient le facteur religieux. Il apparaît comme une
être aussi bien spirituelle que sociale, économique et politique. Le Djihad composante importante, et parfois essentielle (…), de l’identité des
consiste à œuvrer de son mieux pour accomplir le bien. (…) Le Djihad peuples en présence. Il est au cœur de leur Histoire, inspire leur idée
consiste à protéger la foi de l’individu et ses droits. Le Djihad n’est pas nationale. Il imprègne même culturellement les nationalismes slovène,
toujours une guerre bien qu’il puisse parfois prendre cette forme. L’Islam croate et serbe, sans pour autant les définir. L’immanence du religieux
est la religion de la paix mais cela ne signifie pas qu’il accepte l’oppression. est la plus frappante en Bosnie et en Herzégovine. (…) Durant les longs
L’Islam enseigne que l’on doive faire tout notre possible afin d’éliminer siècles de l’occupation turque, les populations de ces contrées ont été
les tensions et les conflits. L’Islam promeut les moyens pacifiques pour distinguées, conformément à l’ordre ottoman, uniquement par la foi
mener au changement et à la réforme. (…) La guerre est permise en qu’elles confessaient. Les musulmans, qui étaient des Serbes mais aussi
Islam, mais uniquement lorsque les autres moyens pacifiques comme le des Croates islamisés, avaient un statut social privilégié, alors que les
dialogue, les négociations et les traités échouent. La guerre est le dernier autres (orthodoxes, catholiques ou juifs) étaient tenus dans une situation
recours et doit être évitée le plus possible. (…) Il est nécessaire d’attirer subalterne. À la rivalité déjà existante entre orthodoxes et catholiques
l’attention sur le fait que le terrorisme contre des civils innocents, que ce s’ajoutait ainsi une autre confrontation, tout aussi profonde mais d’une
soit par une agression classique ou par des moyens suicidaires, n’est en nature différente, opposant cette fois musulmans et chrétiens. (…)
aucun cas permis par l’Islam. (…) Le terrorisme est en contradiction avec L’opposition des Serbes aux musulmans avait donc un caractère religieux,
les enseignements de l’Islam. (…) mais aussi social et même, si l’on peut dire, national.
Muzammil SIDDÎQÎ, Le Djihad : sa vraie signification et son but, 9 décembre 2002 (D’après Kosta CHRISTITCH, Le cas yougoslave, dans Défense nationale et sécurité collective, n° 6,
http://www.islamophile.org, page consultée le 9 janvier 2008) juin 1995 (D’après http://www.defnat.com, page consultée le 18 septembre 2007)
23
La question de l’avenir de la Belgique est de plus en plus souvent posée, surtout au Nord du pays. Quels
sont les principaux problèmes qui empoisonnent la vie du couple belge ?
1 Il ressort du dernier rapport de l’ONEM que les transferts en dépenses de chômage entre le Nord et le Sud ont augmenté
de 87,5 % depuis 2000. Des simulations indiquent qu’une baisse durable de ces transferts est impossible sans une longue
période de forte croissance économique et une plus forte croissance du taux d’activité en Wallonie (et à Bruxelles) qu’en
Flandre. (…) Les transferts sont dus à un marché du travail désorganisé en Wallonie et à Bruxelles, conséquence d’un
manque de dynamisme économique récurrent. Il est grand temps d’en appeler à un sursaut wallon qui ne sera possible
qu’avec la mise en place de puissants instruments de politique économique propres, en matière d’emploi, de chômage,
de salaires, d’impôt des sociétés, etc. Le même raisonnement vaut pour une autonomie maximale de compétences et de
financement des régions en matière de politique de santé. (…) Rendre cela possible, voilà l’enjeu de la prochaine réforme
de l’État.
Luc VAN DEN BRANDE, Aborder les raisons des transferts, dans l’intérêt de la Wallonie, dans Le Soir. Le débat, 10 avril 2007 (D’après http://www.lesoir.be,
page consultée le 2 février 2008)
Transferts interpersonnels (sécurité sociale) et interrégionaux en 2003 (en milliards d’euros) (D’après H. CAPRON, Fédéralisme, transferts interrégionaux et
croissance régionale, dans Reflets et perspectives de la vie économique, 2007/1, XLVI, p. 61)
103-104
24
6 Ce sondage donne
Néerlandophones Francophones Bruxellois une information sur
Que la Belgique continue à exister. 93 % 98 % 97 % l’état de l’opinion
Le rétablissement de l’État belge unitaire 15 % 36 % 35 % trois mois avant
Le statu quo de l’État fédéral actuel 26 % 20 % 20 % les élections du
10 juin 2007. Il a
Plus de compétences pour les régions et communautés 39 % 22 % 16 % été réalisé sur base
Une Wallonie indépendante et une Flandre indépendante 5% 1% 1% d’un échantillon de
Le rattachement de la Flandre aux Pays-Bas et de la Wallonie à la France 1% 1% 2% 2002 personnes ; la
marge d’erreur est
Résultats d’un sondage réalisé par le journal Le Soir en partenariat avec le journal De Standaard dans le cadre d’une enquête commune sur de 2,2 %
l’avenir du pays et les relations communautaires, dans Le Soir, 24 mars 2007, p. 2
25
Dans de nombreux pays européens, les partis d’extrême droite progressent. Dans quelle proportion ?
Qui attirent-ils et quelles sont les raisons de leur succès ?
26
5 Pour former un groupe politique, le règlement intérieur En novembre 2007, les Roumains ont quitté le groupe, entraînant sa disparition. Un autre
du Parlement impose au minimum 20 députés (sur groupe comprend des formations de la droite radicale, l’Union pour l’Europe des Nations.
un total de 784 eurodéputés) provenant d’au moins Il est composé de 44 membres, parmi lesquels 1 représentant du Parti du Peuple danois,
5 États membres de l’Union. Autant dire que le 1 Grec du Rassemblement populaire orthodoxe, 4 Italiens de la Ligue du Nord et du
nouveau groupe1 franchit tout juste la barre requise. Mouvement social Flamme tricolore, et 9 Polonais de la Ligue des Familles polonaises.
Les 7 députés du FN (dont Jean-Marie et Marine
Le Pen2) seront épaulés par les 5 élus du parti de
la Grande Roumanie, les trois membres du Vlaams
Belang belge3, de deux Italiens dont Alessandra
Mussolini, la petite-fille du Duce*, de l’Autrichien du 6 La catégorie la mieux représentée chez les sympathisants du FN est celle des
FPÖ, d’un Britannique, Ashley More, et d’un Bulgare. ouvriers (qui représente 25 % de l’électorat FN contre 14 % des Français).
(...) Cela étant, Gollnisch4 ne désespère pas de voir Viennent ensuite les employés (22 % contre 18 %) et les retraités, même
sa petite famille s’agrandir : les élections bulgares si la proportion de ces derniers est un peu moindre que dans la population
et roumaines pour le Parlement européen, prévues totale (23 % contre 25 %). C’est ce que montre une étude de l’IFOP1 sur les
au printemps, pourraient se traduire par une forte sympathisants frontistes, réalisée à partir de 28 enquêtes menées en 2006,
poussée de l’extrême droite. De même, la Ligue des soit un échantillon cumulé de 27 338 personnes dont 1312 se déclarent
Familles polonaises (LPR) (…) pourrait être tentée de « proches » du parti d’extrême droite. De quoi faire réfléchir la gauche et
rejoindre un groupe qui revendique clairement ses notamment le Parti Communiste, qui, depuis 1995, ne cesse de voir filer
valeurs chrétiennes et familiales. cet électorat qui lui était en grande proportion acquis. Par ailleurs, la légère
surreprésentation des agriculteurs par rapport à la moyenne nationale (1,5 %
1
Il s’agit de l’ITS, c’est-à-dire « Identité, Tradition, contre 1 %) confirme la percée du FN notée à la présidentielle de 2002 dans
Souveraineté ». cette population. Les professions libérales, les cadres supérieurs comme les
2
Fondateur et président du Front National français, et sa fille
3 professions intermédiaires résistent mieux aux sirènes frontistes (2,5 % et
Frank Vanhecke, Koenraad Dillen et Philip Claeys
4
Bruno Gollnisch, député du Front National français et 8 % contre 7 % et 14 %).
président de l’ITS
1
Institut français d’Opinion publique
Jean QUATREMER, L’Europe brune serre les rangs au
Parlement (UE), dans Libération, 11 janvier 2007 (D’après http:// Pascal JAN, Quel est l’électorat du FN ?, 5 novembre 2007 (D’après http://www.droitpublic.net,
www.liberation.fr, page consultée le 15 juin 2007) page consultée le 10 novembre 2007)
27
Malgré les totalitarismes et les génocides, le progrès de la démocratie est l’un des traits majeurs du XXe siècle.
Où et à quel rythme ce régime progresse-t-il ? Quelles sont les conditions pour qu’une société soit
démocratique ?
1 Freedom in the world évalue chaque année le niveau de Dans les années 1970, trois pays d’Europe occidentale se
démocratie de tous les pays du monde et classe ceux-ci en sont soulevés contre la dictature : la Grèce, le Portugal et
trois catégories : libres (ou démocratiques), partiellement l’Espagne. Les années 1980 ont vu la chute de nombre de
libres et non libres (ou dictatoriaux). Un État libre permet dictatures en Amérique latine. Dans les années 1990, avec
une compétition politique ouverte (élections vraiment libres, l’effondrement du communisme européen, les pays baltes
multipartisme), avec des médias indépendants, dans un et les pays d’Europe centrale ont retrouvé la démocratie.
climat de respect des libertés civiles. Un État partiellement Pour adhérer à l’Union européenne, de nombreux pays ont
libre est un État dans lequel le respect des droits politiques hâté la transformation vers la démocratie. L’Afrique du Sud a
et des libertés civiles est limité (…). Dans une dictature, les vu en 1990 le triomphe des partis anti-apartheid* après une
droits politiques de base sont absents et les libertés civiles longue lutte.
sont systématiquement bafouées. Néanmoins, depuis 2000, la démocratie a stagné : peu
Selon Ie classement de cette ONG au 31 décembre 2006, d’États sont devenus libres et au contraire, il y a des reculs
90 pays sur 193 peuvent être considérés comme libres. en Égypte, Éthiopie, Iran, Kenya, Malaisie, Philippines,
Ceux-ci sont principalement situés en Europe, en Amérique Russie et Zimbabwe, pour ne citer que quelques exemples.
du Nord et du Sud ainsi qu’en Océanie. L’ensemble de leur Les pires dictatures sont au nombre de huit. Deux – Cuba
population correspond à la moitié des habitants du globe et la Corée du Nord – sont marxistes. Deux – Turkménistan
(46 %, grâce à l’Inde !). Par contre, 45 pays ne sont pas et Ouzbékistan – sont dirigées par des dictateurs issus de
libres (avec 23 % de la population, dont presque la moitié en la période communiste. Libye et Soudan sont des États
Chine). Presque tous sont situés en Afrique et en Asie. Enfin, islamistes* et présentent de plus les traits des dictatures
58 pays ne peuvent être considérés ni tout à fait comme des militaires. Une autre dictature militaire sévit en Birmanie.
démocraties, ni tout à fait comme des dictatures. Enfin, la Somalie est un État quasi inexistant.
Même si la situation est encore catastrophique dans certaines
régions du monde, la démocratie avance lentement. En effet, D’après www.freedomhouse.org, page consultée le 17 avril 2006 (trad.
V. PYCKE)
en 1975, 40 pays du globe seulement étaient démocratiques,
et 68 pays ne l’étaient pas, avec 43 % de la population.
21
2 La démocratie est fragile parce qu’elle exige beaucoup des habitants d’un pays qui l’ont adoptée. Elle repose sur une idée de
l’homme que maint auteur juge dangereusement optimiste : le civisme, l’esprit de tolérance, le respect du droit ne sont pas
50 des vertus innées. Il faut les apprendre. La démocratie est-elle pensable sans éducation ?
La démocratisation de la scène politique est liée à celle de la société. (…) L’avènement des classes moyennes en est la
caractéristique. À la société de classes nettement tranchées (…) s’est substituée peu à peu une société plus égalitaire (…),
qui se caractérise par l’accès de plus en plus large des couches populaires à l’éducation, à l’information et à la consommation.
(…)
96 La démocratisation est allée de pair avec la sécularisation* des sociétés. (…) [Mais] l’ample mouvement de démocratisation
qui se poursuit (…) provoque le retour en force des intégrismes, se heurte à des révoltes contre le modèle occidental.
105
Michel WINOCK, Victoires de la démocratie, dans L’Histoire, n° 226, novembre 1998, p. 69-74
28
Interview de Philippe HENSMANS par Pascal DE GENDT, Les dictatures en voie de disparition ?, dans
Télémoustique, 10 janvier 2007, p. 26-28 7 Rainer HACHFELD, dessin politique, Allemagne, 25 janvier 2006
29
ERIOTSIH
L’entre-deux-guerres dans la B.D.
L’Europe de l’entre-deux-guerres est très présente dans le décor ou l’intrigue de nombreuses B.D.
contemporaines. Quelles images dessinateurs et scénaristes en retiennent-ils ? Une représentation fidèle
de l’entre-deux-guerres ?
Frank GIROUD et Jean-Paul DETHOREY,
Louis-la-Guigne, Coll. « Vécu », V, Grenoble,
2
Glénat, 1987, p. 43
Frank GIROUD et Jean-Paul DETHOREY,
1
Louis-la-Guigne, Coll. « Vécu », V, Grenoble, Glénat, 1987, p. 7
Le récit
se déroule en
Italie en 1924.
33-35
Cette aventure est
située en Italie, en
37
septembre 1939.
30
6 Frank GIROUD et Jean-Paul DETHOREY, Louis-la-Guigne, Coll. « Vécu », III, Grenoble, Glénat, 1985, p. 19-20
31
Cette bande
dessinée se déroule
en Belgique en
1932.
8
Jean VAN HAMME
et Francis VALLÈS,
Les Maîtres de l’Orge,
IV, Coll. « Grafica »,
Grenoble, Glénat, 2005,
p. 34
32
12
Jacques FERRANDEZ, Le centenaire,
Coll. « Carnets d’Orient », IV, Tournai,
Casterman, 1994, p. 29
Le récit de Ferrandez
se déroule en 1930 en
Algérie.
11
Frank GIROUD et Jean-Paul DETHOREY,
Louis-la-Guigne, Coll. « Vécu », I,
Grenoble, Glénat, 1982, p. 34
33
ERIOTSIH
De nombreux auteurs de bandes dessinées prennent pour décor la guerre froide. Qu’en retiennent-ils ?
Quelle image proposent-ils des tensions Est-Ouest qui marquent la seconde moitié du XXe siècle ?
1 Jean-Michel CHARLIER et Victor HUBINON, Alerte atomique, Coll. « Les aventures de Buck Danny », Marcinelle, Dupuis, 1967, p. 31
46-47
89-91 L’histoire se
déroule en
Amérique du Sud.
34
Le récit débute
aux États-Unis
en juin 1945.
35
ERIOTSIH
À côté de nombreux travaux d’historiens qui attestent des modalités de l’extermination des Juifs,
des cinéastes, des romanciers… ont tenté, à leur manière, de perpétuer la mémoire de la Shoah*.
Quels aspects en retiennent-ils ? Quelles images en donnent-ils ? Pareille tragédie peut-elle trouver un mode
d’expression adéquat dans la fiction ?
36
4
Quand j’ai appris son projet, dont j’ignorais absolument la genèse, je me suis perd le sens des proportions. Des « justes » ont existé, mais je ne les appelle
dit : Spielberg va se trouver confronté à un dilemme, il ne peut pas raconter pas des justes, seulement des gens qui ont fait leur devoir. Certains l’ont
l’histoire de Schindler sans dire aussi ce qu’a été l’Holocauste* ; et comment fait tout le temps, certains l’ont fait quelques fois, certains l’ont fait à moitié.
peut-il dire ce qu’a été l’Holocauste* en racontant l’histoire d’un Allemand Ce n’est pas simple cette histoire. Ce que je reproche fondamentalement à
qui a sauvé 1300 Juifs, puisque la majorité écrasante des Juifs n’a pas été Spielberg, c’est de montrer l’Holocauste* à travers un Allemand. Même s’il a
sauvée ? Même s’il montre les « actions »1 au sens allemand du terme, au sauvé des Juifs, ça change complètement l’approche de l’Histoire. C’est le
moment de la déportation au ghetto* de Cracovie2, même s’il montre le chef monde à l’envers... (…)
du camp tirant sur les déportés, comment peut-il être juste par rapport à la Shoah6 est un film aride et pur. Dans Shoah6, il n’y a aucune histoire
normalité de la procédure de mort, de la machinerie de l’extermination ? personnelle. Les survivants juifs de Shoah6 sont des survivants d’une
Non, ça ne se passait pas comme cela pour tout le monde. À Treblinka3, ou à espèce particulière, (…) les témoins directs de la mort de leur peuple. (…)
Auschwitz4, la question du sauvetage ne se posait même pas. (…) C’est tout Aucun ne raconte son histoire personnelle (…). C’est tout le contraire de
le problème de l’image, et tout le problème de la représentation. Rien de ce Spielberg, pour qui l’extermination est un décor : le noir soleil aveuglant de
qui s’est passé ne ressemblait à ça, même si tout paraît authentique. (…) l’Holocauste* n’est pas affronté.
L’Holocauste* est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui (…) la limite
1
à ne pas franchir parce qu’un certain absolu d’horreur est intransmissible : Actions dites « spéciales », c’est-à-dire, dans le jargon nazi, les exécutions de Juifs. Pour
tenter de conserver le secret, les nazis utilisaient en effet toute une série d’appellations
prétendre le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave.
codées, comme celle d’« action spéciale ».
La fiction est une transgression, je pense profondément qu’il y a un interdit 2
Créé en 1941 par l’occupant nazi, le ghetto* de Cracovie, au sud de la Pologne, est détruit
de la représentation. En voyant La Liste de Schindler, j’ai retrouvé ce que en 1943. Les Juifs qui y habitent sont exécutés ou déportés.
j’avais éprouvé en voyant le feuilleton Holocauste5. (…) Alors la question est 3
Camp nazi construit en 1941, au nord-est de Varsovie, et qui deviendra un des centres
ainsi posée : pour témoigner, est-ce qu’on invente une forme nouvelle ou d’extermination (→ 86).
4
→ 20
est-ce qu’on reconstruit ? Je pense avoir fait une forme nouvelle. Spielberg 5
Holocaust. The story of the family Weiss est une série télévisée américaine réalisée en 1978
a choisi de reconstruire. Or, reconstruire, c’est, d’une certaine façon, fabriquer par Marvin Chomsky. Diffusée aux États-Unis puis en Europe, elle raconte l’extermination
des archives. (…) J’ai le sentiment qu’il a fait un Shoah6 illustré, il a mis des des Juifs à travers l’histoire fictive de deux familles allemandes, une juive et une nazie. Elle
images là où il n’y en a pas dans Shoah6, et les images tuent l’imagination, a largement contribué à la prise de conscience, dans l’opinion publique, de la réalité de la
permettent à travers Schindler, « héros » pour le moins discutable, une Shoah*.
6
Titre du film de Claude Lanzmann diffusé en 1985 : voir la notice biographique en fin de
consolante identification. manuel.
On peut se poser une autre question, celle de cette « mode », car il s’agit 7
→ 42/8
bien d’une véritable mode lancée par les Américains et les Israéliens : la
mode des justes7. On a basculé de l’autre côté. Il y a désormais de plus en Claude LANZMANN, À propos de « La Liste de Schindler », dernier film de Steven
Spielberg. Holocauste, la représentation impossible, dans Le Monde, 3 mars 1994
plus de gens qui ont sauvé des Juifs... S’il y a eu tellement de justes pour
(D’après www.lemonde.fr, page consultée le 3 janvier 2007)
sauver les Juifs, comment se fait-il que tant de Juifs ont péri ? Là encore on
37
ERIOTSIH
Che Guevara compte parmi les figures emblématiques du XXe siècle. L’art, la caricature, la publicité, la mode…
se sont emparés de son portrait. Quelles images retient-on de lui ?
Raúl ARELLANO, Che meurt sur la croix, Nicaragua, années 1980 (Los Angeles, Centre
2
pour l‘étude du dessin politique)
56-57
38
6
Affiche, Royaume-Uni, 1974
(Amsterdam, Institut d’Histoire sociale)
8
Libérer l’Église, illustration de la
couverture du magazine satirique
allemand Pardon, décembre 1969
39
29-30 3 Je me souvins d’une interview que j’avais accordée à un jeune et brillant reporter du World de New York. Apprenant que je devais visiter
Détroit, il m’avait parlé du système de la chaîne de montage qu’il y avait là-bas : la triste histoire de la grosse industrie attirant des fermes
35
des jeunes gens robustes qui, après 4 ou 5 ans de travail à la chaîne, devenaient des loques humaines. Ce fut cette conversation qui
me donna l’idée des Temps modernes. (…) La séquence de l’usine s’achevait sur la vision de Charlot pris d’une dépression nerveuse.
L’intrigue se développa à partir de l’enchaînement naturel des événements. Une fois guéri, il est arrêté et rencontre une gamine qui,
elle aussi, a été arrêtée pour avoir volé du pain. Ils se rencontrent dans une voiture de police pleine de délinquants. L’histoire devient
désormais celle de deux anonymes essayant de se débrouiller dans les temps modernes. Ils sont pris dans la crise, les grèves, les
90 émeutes et le chômage.
40
5 7 Je suis ici aujourd’hui pour exiger que l’Attorney général1, Tom Clark,
institue une procédure d’expulsion de Charles Chaplin. Celui-ci a refusé
de devenir citoyen américain. Sa vie à Hollywood porte préjudice aux
fondations morales de l’Amérique. Dès lors, nous pouvons bien le tenir à
l’écart des écrans américains et cacher ses films répugnants aux yeux de
notre jeunesse. Il faudrait l’expulser et s’en débarrasser immédiatement.
1
Ministre de la Justice aux États-Unis
John E. RANKIN, discours devant le Congrès américain le 12 juin 1947 (D’après D. ROBINSON,
Chaplin, sa vie, son art, Paris, Ramsay, 2002, p. 348)
41
1 Pablo PICASSO, Tête en pleurs (VI). Postscriptum de Guernica, En janvier 1937, le Gouvernement républicain espagnol commande
13 juin 1937 (Madrid, Centro de Arte Reina Sofia) à Picasso une œuvre destinée à décorer le pavillon espagnol de
l’Exposition universelle de Paris. Les républicains désirent, par cette
œuvre, s’adresser aux démocraties pour qu’elles l’aident dans leur
lutte contre le général Franco et ses alliés, l’Allemagne nazie et l’Italie
fasciste. Depuis 1936, l’Espagne est en effet en pleine guerre civile.
42
43
4 Je suis arrivé [le 31 décembre 1942] avec un convoi de l’eau chaude avec du chou ou du rutabaga. Le matin, nous ne
81 prisonniers. J’avais à peine mis le pied à terre (…) que recevions que du café… (…) Quand j’ai été arrêté, je pesais
j’ai reconnu un ancien copain d’école primaire (…). Mais il 76 kg. Le 1er février, je n’en pesais plus que 51. Pour ce qui
n’était pas prisonnier… : il travaillait comme interprète pour est de l’hygiène, on avait quelques minutes le matin pour se
le compte des Allemands (…). Il a appelé un SS* et j’ai été « laver », sans savon et avec un maigre bout de tissu. (…)
roué de coups. (…)
Nous sommes alors entrés dans le tunnel du fort. Nous avons Les Juifs étaient particulièrement maltraités. Ils étaient
été mis face au mur (…). On nous a dépouillés de tout ce que rassemblés dans la chambrée n° 1 et travaillaient sur un
nous possédions. Nous sommes passés à la tonte et nous chantier à part. Je me rappelle de l’un d’entre eux. On devait
avons (…) reçu nos « uniformes ». J’ai reçu le numéro 352. être en mars-avril 1943 ? Wyss1 et De Bodt2 l’ont jeté dans
(…) l’eau, enterré dans la berge jusqu’aux épaules et l’ont laissé là
Durant les premiers jours, Wyss1 et De Bodt2, deux SS* belges, toute la journée. Quand ses compagnons l’on retiré le soir, il
sont venus pour nous donner toutes les instructions. Nous était mort. Ils ont dû le mettre sur une brouette, et la colonie
apprendre toutes les formules en allemand et les « usages ». juive a dû suivre la brouette. (…) Arrivés sur la cour, De Bodt2
Par exemple, si nous rencontrions un SS*, nous devions nous a renversé la brouette…
mettre au garde-à-vous et lui demander, en allemand bien sûr,
1
SS* flamand, Fernand Wyss sera condamné au procès de Malines en
si nous pouvions passer. Certains n’ont jamais pu retenir ces
1946 et exécuté le 12 avril 1947.
formules… Ils étaient battus… 2
SS* flamand, Richard De Bodt sera condamné à mort par contumace au
Les conditions de travail étaient pénibles. Nous ne pouvions procès de Malines en 1946. Arrêté en Allemagne en 1951, sa peine sera
pas nous parler. Pour un rien, chaque fois, c’était les coups. commuée en une détention à perpétuité. Il mourra en prison en 1975.
(…) Sur le plan de l’alimentation, la nourriture était tout à fait
Jules TRIFFET, Résistance et liberté (D’après J.-L. JADOULLE [dir.], Futur
insuffisante compte tenu des travaux qui étaient demandés. antérieur ? L’« Auffang-lager » de Breendonk et l’univers concentrationnaire
Au début (…), nous recevions, le soir, 180 g de pain noir par nazi (1933-1945), La Louvière, Institut Sainte-Marie, 1993, p. 52-61)
jour et, à midi, une louche de soupe. Il faudrait mieux dire de
5 J’ai vu tuer pour un morceau de pain sous prétexte qu’un « copain » de chambrée était quand même presque
mort, que « cela ne valait pas la peine ». J‘ai vu d’autres se dévouer pour sauver la vie de compagnons. Le meilleur
exemple est celui de cette sentinelle allemande qui gardait ma cellule, un simple soldat de la Wehrmacht*, donc
pas nécessairement un nazi fanatique (…) et que je suis arrivé à convaincre de me laisser envoyer une lettre à ma
mère. Pendant deux mois, j’ai eu ainsi une liaison avec ma mère (…). Du 10 janvier au 9 mars 1944, j’ai ainsi nargué,
du fond de mon cachot, toute la machine hitlérienne (…). Tout cela grâce à un homme qui (…) a risqué sa peau
pour un autre homme. (…) [Plus tard], le détenu de la cellule 17 (…) a dénoncé la sentinelle. Après tout, « ce n’était
jamais qu’un Allemand », un « ennemi »… Et cette dénonciation pouvait lui valoir une soupe supplémentaire… Le
soldat allemand sera envoyé sur le front de l’Est dans un bataillon disciplinaire où il mourra.
René RAINDORF, Foi en l’homme et vigilance (D’après J.-L. JADOULLE [dir.], Futur antérieur ? L’« Auffang-lager » de Breendonk et l’univers
concentrationnaire nazi (1933-1945), La Louvière, Institut Sainte-Marie, 1993, p. 121-122)
45
46
5 2/9/1942 - J’ai assisté pour la première fois à une action spéciale à l’extérieur1, à 3 h du matin. En comparaison, L’Enfer de Dante m’apparaît presque
comme une comédie. Ce n’est pas pour rien qu’Auschwitz est appelé le camp de l’extermination !
23/9/1942 - (…). Le soir, à 20 h, dîner au foyer des officiers SS* en compagnie du général de corps d’armée Pohl ; un véritable festin. On nous a servi du
brochet frit à volonté, du vrai café, une excellente bière et des sandwiches (…).
3/10/1942 - J’ai procédé aujourd’hui à la conservation de matériel vivant provenant de foie et de rate d’hommes ainsi que de pancréas. J’y ai ajouté des
poux conservés dans de l’alcool (…) prélevés sur des malades du typhus. À Auschwitz, des rues entières sont anéanties par le typhus (…).
1
Dans les quatre petites chambres à gaz qui entrent en fonction, fin juin 1942, dans le camp d’Auschwitz II ou Auschwitz-Birkenau.
Johann-Paul KREMER, Journal de bord, août-novembre 1942 (D’après Auschwitz vu par les SS, Hösz, Kremer, Broad, Oswiecim, Musée d’État, 1974, p. 226-227)
6 Je me rendis à Treblinka1 pour voir comment s’effectuaient les opérations en construisant des chambres à gaz pouvant contenir 2000 personnes à la
d’extermination. (…) Cependant, ses méthodes ne me parurent pas très fois, alors qu’à Treblinka1 leurs dix chambres à gaz n’en contenaient chacune
efficaces. Aussi, quand j’installai le bâtiment d’extermination d’Auschwitz, que 200 (…). [De plus], à Treblinka1 : les victimes savaient presque toujours
mon choix se porta sur le zyklon B (…). Selon les conditions atmosphériques, qu’elles allaient être exterminées ; à Auschwitz nous nous efforçâmes de
il fallait compter de trois à quinze minutes pour que le gaz fît son effet. leur faire croire qu’elles allaient subir un épouillage.
Nous savions que les gens étaient morts lorsqu’ils cessaient de crier.
1
Ensuite nous attendions environ une demi-heure avant d’ouvrir les portes Camp d’extermination nazi, au nord-est de Varsovie, Pologne (→ 86/2)
et d’enlever les corps. Une fois les corps sortis, nos commandos spéciaux
Rudolf HOESS, déposition au procès de Nuremberg, 15 avril 1946 (D’après W.L.SHIRER,
leur retiraient bagues et alliances, ainsi que l’or des dents. Le IIIe Reich, des origines à la chute, II, Paris, Stock, 1966, p. 447-448)
Nous apportâmes également une autre amélioration par rapport à Treblinka1
47
48
Déclaration universelle des droits de l’homme, Paris, 10 décembre 1948 (D’après Philippe
ARDANT, Les textes sur les droits de l’homme, Coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF, 1990,
p. 66-71)
2
CLOU, dessin, 1998
49
1 Camille DETRAUX, photographie, Bois du Cazier, 8 août 1956 Lieu d’une importante catastrophe minière, le charbonnage du
Bois du Cazier à Marcinelle est situé au sud de Charleroi. En exploitation
depuis 1868, la concession du puits Saint-Charles est reprise en 1899
par les Charbonnages d’Amercœur de Jumet, qui créent alors la S.A.
des Charbonnages du Bois du Cazier. En 1955, le record de production
d’après-guerre est atteint avec un total de 170 557 tonnes. 725 ouvriers
y travaillent. Après la catastrophe, l’exploitation reprend en avril 1957
et se poursuit jusqu’en décembre 1967.
106
50
4 Au Bois du Cazier, sur des dizaines de mètres de galeries, les cintres métalliques pour le soutènement et les bois de soutien sont tordus ou brisés,
des blocs énormes sont prêts à tomber et chutent d’ailleurs de temps en temps malgré les haussements d’épaules des cadres à qui nous faisions la
remarque. Dans les tailles, nous trouvons régulièrement des rondins de soutien qui basculent à la moindre secousse, d’autres, cassés, sont laissés tels,
alors qu’ils sont la seule assurance contre les éboulements. Tous ces faits éclairent la cadence des accidents d’alors, des catastrophes [qu’]avant 1956,
on ne mentionnait qu’au rayon des faits divers, entre deux chiens noyés.
En passant dans la taille, je vérifiais les étançons en rondins, non pour « casser les pieds » du porion, mais pour la sécurité de tous, et celle des étrangers
qui craignaient trop souvent de protester pour ne pas perdre leur place ou ne pas être dénoncés au patron. (…)
La raison de l’insécurité résultait manifestement de cette cadence infernale à laquelle nous étions soumis, s’ajoutant aux conditions naturellement
dangereuses de ce genre d’exploitation. (…)
Dans l’indifférence générale, nous creusions sans relâche nos propres fosses communes. De 1940 à 1951, il y eut 1895 ouvriers tués, soit 158 par an
(…). Donc, tous les trois jours de travail, deux mineurs étaient tués en Belgique et chaque fois qu’on extrayait 200 000 tonnes de charbon, un camarade
perdait la vie.
Jean VAN LIERDE, Un insoumis, Coll. « La Noria », Bruxelles, Labor, 1998, p. 102-104
51
52
8 Le Congo 58 broie du noir. (…) Trop nombreux sont les Noirs qui se
sentent incompris. Mais quoi d’étonnant à cela, pensent certains
Africains, revenant de l’exposition, puisque les Belges sont tout surpris
de nous entendre parler français ; ils nous demandent si nous savons
lire, écrire, si nous connaissons notre âge et « si on nous a donné un
costume européen pour visiter la Belgique » (sic). On a jeté des sous et
des bananes aux indigènes médusés du village congolais reconstitué
au Heysel…
Le Congo 58 bouge, dans La Libre Belgique, 17 août 1958, p. 1 7 Vue du pavillon du Congo belge : les cases rondes de chefs
coutumiers des villages, Bruxelles, 1958
53
44
110
54
4
Ossip ZADKINE, Monument à la ville morte,
1948-1951, érigé à Rotterdam en 1953
5 Les pierres vivent plus longtemps que les hommes. Mais ce sont les hommes, les hommes
seulement qui donnent l’immortalité à tout ce qui touche leur exploit. L’exploit des héros
a immortalisé les pierres de la colline Mamaïev. Des années, des décennies vont passer.
D’autres générations viendront nous remplacer. Mais les petits-fils, les arrière-petits-fils
des héros viendront en pèlerinage au pied du majestueux monument de la Victoire. On
viendra ici avec des fleurs, en amenant les enfants. En songeant au passé et en rêvant du
futur, les gens se souviendront de ceux qui sont tombés en défendant la flamme éternelle
de la vie.
Discours de Léonid BREJNEV lors de l’inauguration du mémorial de la colline Mamaïev, 15 octobre 1967
(D’après N.T. MOROZOVA et N.D. MONAKHOVA, Volgograd. Guide, s.l., Progrès, 1979, p. 100)
6
Edward KIENHOLZ, Monument
commémoratif ambulant, 1968
(Cologne, Ludwig Museum)
55
6 Construire une tour est un acte de fierté (…). La tour (…) est le château du XXIe siècle. On en fait (…)
à Dubaï, dans le Golfe, en Chine, car on y participe à une lutte d’images entre les pays et les villes du
monde. Sinon, il n’y a jamais aucune raison rationnelle de faire une tour. J’ai fait ma thèse en urbanisme
en démontrant dans le cas de Bruxelles que la solution idéale pour la densité de population, pour la
mixité des fonctions, pour les transports et les espaces verts serait de ne jamais dépasser un rez-de-
chaussée plus quatre étages. (…) Les tours que l’on construit en Asie pour l’instant (…) ne génèrent pas
la mixité des fonctions souhaitables. (…) Une tour est chère et respecte difficilement l’environnement.
(…) On sait qu’une tour consomme plus d’énergie (ne fût-ce que pour les ascenseurs), qu’elle se construit
difficilement en matériaux recyclables (…). De plus, les tours sont socialement fragiles en cas d’épidémies
ou d’attentats.
Interview de Philippe SAMYN, dans La Libre Belgique, 29 décembre 2006, p. 17
57
1 Pays Mobilisés Tués et disparus Pertes par rapport Pertes par rapport
aux mobilisés aux hommes de
15/49 ans
Pays alliés
Australie 400 000 59 000 15 % 4,2 %
Belgique 400 000 38 000 10 % 2%
Canada 600 000 57 000 10 % 2,5 %
États-Unis 2 700 000 100 000 3% 0,3 %
France 8 300 000 1 380 000 17 % 13 %
Inde 900 000 64 000 7% 0,1 %
Italie 5 300 000 580 000 11 % 7,4 %
Roumanie 1 000 000 250 000 25 % 13 %
Royaume-Uni 6 000 000 750 000 12,5 % 6,5 %
Russie 14 500 000 1 750 000 12 % 4,4 %
Serbie 850 000 300 000 35 % 25 %
Puissances centrales
Allemagne 12 700 000 2 030 000 16 % 12,5 %
Autriche-Hongrie 8 000 000 1 100 000 12,5 % 9%
Bulgarie 400 000 90 000 22,5 % 8,2 %
Empire ottoman 3 000 000 600 000 20 % 11 %
24
27-28
40-41
58
4
Photographie
d’un ancien combattant de
la Première Guerre mondiale,
sans date
5 L’égalité dans la souffrance et dans l’endurance a créé des droits égaux à Un respect réciproque des intérêts des Flamands et des Wallons doit
l’expansion des aspirations publiques. Le Gouvernement proposera aux imprégner l’administration, donner à chacun la certitude d’être compris en
Chambres d’abaisser, dans un accord patriotique, les anciennes barrières1 sa langue et lui assurer son plein développement intellectuel, notamment
et de réaliser la consultation nationale2 sur la base du suffrage égal pour dans l’enseignement supérieur. Que le fonctionnaire, le magistrat, l’officier
tous les hommes dès l’âge de la maturité requise pour l’exercice des droits doivent connaître la langue de leurs administrés, est une règle d’équité
civils. (…) élémentaire. L’intérêt même du pays comporte que chacune de nos deux
La nécessité d’une union féconde exige la collaboration sincère de tous les populations puisse, dans sa langue, développer pleinement sa personnalité,
enfants d’une même patrie, sans distinction d’origine et de langue ; dans son originalité, ses dons intellectuels et ses facultés d’art.
ce domaine des langues, l’égalité la plus stricte et la justice la plus absolue
1
Suffrage universel masculin tempéré par le vote plural
présideront à l’élaboration des projets que le Gouvernement soumettra à la 2
Élections législatives
représentation nationale3. Ainsi se réalisera un accord destiné à perpétuer 3
Parlement
l’unité et l’indivisibilité de la Patrie, telle qu’elle s’est affirmée pendant la
guerre par le sacrifice de tant de sang. ALBERT Ier, discours prononcé devant les Chambres réunies, Bruxelles, 22 novembre 1918
(D’après le Moniteur belge, n° 327)
59
7
Albert GUILLAUME, caricature, dans
Le Rire Rouge, Paris, n° 54,
27 novembre 1915
24
8 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. (…)
La crise militaire est peut-être finie. La crise économique est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle,
plus subtile, et qui, par sa nature même, prend les apparences les plus trompeuses (…), cette crise laisse
difficilement saisir son véritable point. (…)
26 Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes écrivains et de jeunes artistes
qui sont morts. Il y a l’illusion perdue d’une culture européenne et la démonstration de l’impuissance de la
28 connaissance à sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et
comme déshonorée par la cruauté de ses applications ; il y a l’idéalisme, difficilement vainqueur, profondément
34 meurtri (…) ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant (…).
Paul VALÉRY, La crise de l’esprit, Première lettre (avril 1919), dans Variété, Paris, 1924, p. 11, 15, 16
60
10
12
Affiche anonyme
de l’immédiate après-guerre
61
2
1 La journée d’aujourd’hui n’apparaît pas dans toute
sa grandeur à la plupart de ceux qui la vivent. Nous Will DYSON,
caricature, dans
sommes trop près du monument1 : il faudra, pour Daily Herald,
le bien juger, le recul du temps. Mais le traité1 n’en 1919
est pas moins l’événement le plus considérable des
âges, depuis la fin du monde antique. Qu’est-ce
que la prise de Constantinople par les Turcs à côté
du démantèlement par les modernes croisés de la
Bastille allemande, dernier rempart de la barbarie
parmi les peuples civilisés ? La journée du 28 juin
19192 apparaît assurément d’une importance plus
haute encore au regard de l’Histoire universelle. (…)
Les patries et les races ont combattu et vaincu
une nation (…) qui prétendait imposer à toutes les
autres une insupportable domination militaire et
commerciale. (…) Le traité de Versailles du XXe siècle
supprime (…) la proclamation de l’Empire allemand
dans le même Salon des Glaces3 alors que s’exprimait
Guillaume Ier, (…) aujourd’hui balayé, comme son
exécrable petit-fils4. (…)
Le Versailles d’aujourd’hui, ce n’est plus le droit du
poing qui l’emporte, mais le point de Droit. Date
fulgurante ! Événement d’immense portée ! Oui, le Au premier plan, Georges Clémenceau, le « Tigre » ;
traité contient en germes toutes les justices, toutes derrière lui, le président américain Wilson et l’Italien Orlando ;
les garanties, tous les progrès. Mais, en raison au fond, le Britannique Lloyd George.
même de sa prodigieuse complexité et du caractère
perfidement tenace de l’ennemi, il a besoin du
3 11 novembre 1918 : C’est fini ! 52 mois de guerre et de massacres. Le
concert maintenu des grands Alliés et associés pour
24 cauchemar est terminé. On les a eus ! Journée inoubliable. Les cloches
porter tous ses fruits féconds.
sonnent à toute volée. Les drapeaux français et alliés apparaissent à toutes
1
Traité de Versailles les fenêtres. On s’embrasse en pleurant de joie. La guerre est finie (…). Les
2
Date de la signature du traité de Versailles chefs de la Reichswher1 vont maquiller leur défaite, l’attribuant à la révolution
3
Le choix du lieu (la Galerie des Glaces du château de Versailles) de l’arrière et le peuple allemand croira fermement que ses armées n’ont
où est signé le traité a une valeur symbolique. C’est en effet au pas été vaincues militairement. L’Allemagne relèvera la tête et, dans 20 ans,
26 même endroit qu’en 1871, les États allemands proclamaient
l’Empire, puis l’armistice, après l’humiliante défaite de la lors de la période des classes creuses, entre 1935 et 1940, elle pensera à sa
France dans la guerre qui les opposait depuis 1870 ; la France guerre de revanche. Le coup de l’armistice a porté ses fruits. Nous sommes
28
perd alors l’Alsace-Lorraine et se voit imposer le paiement de tombés dans le piège. L’Allemagne va gagner la paix !
lourdes réparations vis-à-vis de l’Allemagne.
34 4
Guillaume II, empereur d’Allemagne (1888-1918) 1
Armée allemande
Georges BERTHOULAT, Le jour de gloire, éditorial, dans Extrait du journal de guerre manuscrit du docteur Marcel POISSOT (D’après L’Histoire,
La liberté, Paris, 28 juin 1919, p. 1 n° 107, janvier 1988, p. 76)
62
63
64
John Maynar KEYNES, Les Conséquences économiques de la paix, Londres, MacMillan, 1919 (D’après D. TODD, Paris, Gallimard, 2002, p. 151, 154, 223)
Pacte de la Société des Nations, 28 avril 1919, p. 2, 4, 12 (D’après http://www.biblio.uottawa.ca, page consultée le 12 juillet 2006)
65
1 Jusqu’ici, c’était un fait élémentaire de géographie économique que l’Europe dominait le monde de toute la supériorité de sa
haute et antique civilisation. Son influence et son prestige rayonnaient depuis des siècles jusqu’aux extrémités de la Terre.
(…) Quand on songe aux conséquences de la Grande Guerre, qui vient de se terminer, sur cette prodigieuse fortune, on peut
se demander si l’étoile de l’Europe ne pâlit pas et si le conflit dont elle a tant souffert n’a pas commencé pour elle une crise
vitale qui présage la décadence. En décimant ses multitudes d’hommes, vastes réserves de vie où puisait le monde entier ;
en gaspillant ses richesses matérielles, précieux patrimoine gagné par le travail des générations ; en détournant pendant
plusieurs années les esprits et les bras du labeur productif vers la destruction barbare ; en éveillant par cet abandon les
initiatives latentes ou endormies de ses rivaux, la guerre n’aura-t-elle pas porté un coup fatal à l’hégémonie de l’Europe sur le
monde ?
Déjà la fin du XIXe siècle nous avait révélé la vitalité et la puissance de certaines nations extra-européennes, les unes comme
les États-Unis nourries du sang même de l’Europe, les autres comme le Japon, formées par ses modèles et ses conseils. En
précipitant l’essor de ces nouveaux venus, en provoquant l’appauvrissement des vertus productrices de l’Europe, en créant
ainsi un profond déséquilibre entre eux et nous, la guerre n’a-t-elle pas ouvert pour notre Vieux Continent une crise d’hégémonie
et d’expansion ?
Dépeuplée et appauvrie, l’Europe sera-t-elle apte à maintenir sur le monde le faisceau de liens économiques qui compose sa
fortune privilégiée ? Sera-t-elle toujours la grande banque qui fournissait des capitaux aux régions neuves ? Comme puissances
capitalistes, le Japon et surtout les États-Unis sont devenus ses rivaux. Sera-t-elle toujours la grande entreprise d’armement
qui transportait de mer en mer les hommes et les produits de toute la Terre ? D’autres marines se construisent et s’équipent
qui lui disputent ce rôle fructueux de roulier des mers. Sera-t-elle toujours la grande usine qui vendait aux peuples jeunes
ses collections d’articles manufacturés ? Aux États-Unis et au Japon naissent et grandissent des industries qui visent les
mêmes débouchés. (…) Et voici que les races, parmi lesquelles l’Europe avait longtemps recruté des esclaves et des ouvriers,
commencent à réclamer le traitement politique qui sera le premier fondement de leur indépendance économique : c’est toute
l’Europe qui chancelle.
Albert DEMANGEON, Le déclin de l’Europe, Paris, PUF, 1920, p. 13-15
2 La guerre avait sérieusement ébranlé le prestige de l’Angleterre. C’est devenu aujourd’hui un lieu commun de constater
qu’une des conséquences principales de nos luttes fratricides a été de ruiner entièrement dans tout l’Extrême-Orient le
26-27 respect et l’admiration craintive qu’avaient su jusque-là inspirer les Européens. Dans des contrées comme l’Inde (...), cet
écroulement devait être particulièrement net. Les classes intellectuelles, tout en acceptant de soutenir l’Angleterre dans sa
39 lutte, refusèrent de se laisser entraîner dans l’exaltation guerrière qui sévissait alors dans toute l’Europe. Bien au contraire,
elles virent dans cette exaltation malsaine, plus encore que dans le massacre lui-même, le témoignage de l’écroulement d’une
52 civilisation purement scientifique et matérielle, qui s’était vantée d’apporter le bonheur aux hommes, et ne les rendait même
pas capables de dominer leurs passions. Le mouvement nationaliste fut par là même renforcé, l’élite indienne jugeant qu’elle
n’avait désormais plus rien à apprendre de l’Europe, mais qu’au contraire c’était à elle à apporter au monde occidental le sens
des valeurs spirituelles qu’il a perdues.
93 André PHILIP, L’Inde moderne : le problème social et politique, Paris, Alcan, 1930 (Adapté d’après J. DALLOZ, Textes sur la décolonisation, Coll. « Que sais-
je ? », Paris, PUF, 1989, p. 11)
66
5 Immédiatement après la Première Guerre mondiale, je travaillais comme patriotisme et non le communisme qui m’avait poussé à croire en Lénine2
salarié à Paris (…). [Je] distribuais souvent des tracts pour dénoncer les et à la Troisième Internationale*. Peu à peu, progressant pas à pas, au
méfaits du colonialisme. Je soutenais alors la révolution d’Octobre1, cours de la lutte, combinant l’étude théorique du marxisme-léninisme au
simplement par une sorte de sympathie spontanée. Je ne comprenais pas travail pratique, j’étais arrivé à comprendre que seuls le socialisme et le
encore toute sa portée historique. J’aimais et respectais Lénine2 simplement communisme peuvent libérer les opprimés et les travailleurs du monde
parce qu’il était un grand patriote qui avait libéré ses compatriotes. Jusque-là entier.
je n’avais encore lu aucune de ses œuvres. (…) Un camarade me donna à
1
Révolution russe d’octobre 1917 au cours de laquelle les bolcheviks* ont renversé le tsar
lire les thèses de Lénine sur le problème des nationalités* et des peuples
et pris le pouvoir
coloniaux. (…) Seul dans ma chambre, je m’écriais comme si j’étais devant 2
Voir la notice biographique en fin de manuel
une grande foule : « Chers compatriotes opprimés et misérables ! Voici ce
qu’il nous faut, voici le chemin de notre liberté ! » (…) Au début, c’était le HO CHI MINH, dans L’écho du Viêtnam, 1960 (D’après J. LACOUTURE, Cinq hommes et la
France, Paris, Seuil, 1961, p. 21-23)
6 1914 1938
Royaume-Uni 18,3 17,3
France 8,6 3,9
Allemagne 5,6 0,7
États-Unis 3,5 11,5
Capital* investi à l’étranger par quelques puissances industrielles en 1914 et 1938 (en millions de dollars
aux taux de change* courants) (D’après A. MADDISON, L’économie mondiale. Statistiques historiques, Paris,
OCDE, 2003, p. 106)
67
1 Notre premier progrès dans l’assemblage consista à apporter le travail à l’ouvrier, au lieu d’amener l’ouvrier au travail. (...) Si
vous économisez 10 pas par jour à chacun des 12 000 employés, vous économisez 75 km de mouvement gaspillé et d’énergie
inutile. (...) L’homme qui place un boulon ne met pas l’écrou. L’homme qui place l’écrou ne le visse pas. (...) Aucun ouvrier n’a
plus à se déplacer ni à lever quoi que ce soit. (...)
L’expérience m’a beaucoup appris en matière de salaires. Je crois tout d’abord que notre propre réussite dépend en partie
des salaires que nous payons. Si nous répandons beaucoup d’argent, cet argent se dépense. Il enrichit les négociants, les
détaillants, les fabricants et les travailleurs de tout ordre, et cette prospérité se traduit par un accroissement de demandes
pour nos automobiles. (…)
Je n’ai jamais considéré le coût de fabrication comme quelque chose de fixe. En conséquence, je commence par réduire les
prix pour vendre davantage, puis on se met à l’œuvre et on tâche de s’arranger du nouveau prix. (…) Cette contrainte me fait
trouver plus d’idées nouvelles en matière de fabrication que n’importe quelle autre méthode. (…) Le vrai prix est le prix le plus
bas auquel un article puisse être vendu régulièrement.
Henry FORD, Ma vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1928 (1re éd. 1922), p. 90-94, 142-143, 167-168
2 Prix de Nombre Temps de 3 Grâce à l’électricité, la vie matérielle quotidienne fut transformée. Les
la Ford T, d’automobiles montage d’un appareils ménagers apportèrent confort et facilité dans les foyers
produite produites aux châssis Ford sous forme de réfrigérateurs – qui répondirent au terme générique de
de 1908 à États-Unis (moteur déjà frigidaire, du nom de la filiale de General Motors qui les fabriquait –
13 1927 monté) d’aspirateurs, de machines à laver et de mille autres gadgets qui
1913-1914 550 $ 569 000 De 12 h 08 à étonnaient les visiteurs européens. (...) L’électricité eut bien d’autres
ERIOTSIH 1 h 33 grâce applications. Dans l’industrie, par exemple, les moteurs se substituèrent
au travail à la peu à peu aux machines à vapeur. L’isolement des foyers fut tempéré
chaîne par les progrès rapides de la radio (...). Un autre produit de l’électricité
17
7 1920-1921 360 $ 1 500 000 Une voiture fut le cinéma. (...)
toutes les 30 Le dynamisme de la vie économique entraîna de profondes
secondes modifications dans son organisation. On enregistra une nouvelle
1925-1927 290 $ 3 700 000 Une voiture poussée de concentration industrielle et financière. De la première,
toutes les 10 General Motors fournit la meilleure illustration. (...) En 1920, un
30 secondes manager de talent réorganisa la firme de fond en comble, définissant
1929 4 700 000 les tâches de chacun des composants, de la production de luxe
67 restreinte [chez] Cadillac à celle de grande série confiée à Chevrolet. Il
centralisa la direction dans un état-major étoffé qui eut la haute main sur
L’industrie automobile américaine (1913-1929) : quelques indices
73 (D’après Y. TROTIGNON, Le XXe siècle américain, Paris, Dunod-Bordas
l’ensemble des divisions. Des prévisions de production furent établies,
1988, p. 27 et 72 ; D. ARTAUD, La fin de l’innocence. Les États-Unis régulièrement réajustées selon la conjoncture, tandis que les prix de
de Wilson à Reagan, Paris, A. Colin, 1985, p. 47, C. FOHLEN, Les États- vente étaient calculés en fonction des diverses variables. (…) En bref, il
Unis au XXe siècle, Paris, Aubier, 1988, p. 95 et Henry FORD, Ma vie et a créé le management* moderne et fait de General Motors le numéro 1
mon œuvre, Paris, Payot, 1928 [1re éd. 1922], p. 166) de sa branche (…), devançant Ford, chez qui des méthodes archaïques
79 coexistaient avec ses méthodes de production progressistes.
Claude FOHLEN, Les États-Unis au XXe siècle, Paris, Aubier, 1988, p. 96-99
68
6
Évolution de la production industrielle
des États-Unis, de la France,
de l’Allemagne et
de la Grande-Bretagne de 1922 à 1938
(D’après G. DERMEJIAN, A.-M. FILIPPI-CODACCIONI
et C. MAZET [e.a.], Histoire 1re,
Coll. « C. Quétel », Paris, Bordas, 1988,
p. 186)
7 En réalité, au sein d’une abondance énorme, l’Amérique du Nord jouit d’un standard of living complètement distinct du nôtre.
(...) Disons seulement que le luxe de l’Europe est fréquemment devenu le besoin de l’Amérique (...). Aux États-Unis, la vie
quotidienne de la majorité est conçue, installée sur un pied que seuls connaissent ailleurs les privilégiés. Excepté les bas
quartiers des grandes villes (...) ainsi que les zones peuplées de nègres et de Mexicains, il n’est pas excessif de dire que le
plus grand nombre de maisons sont munies du « confort moderne ». La salle de bain, le chauffage central sont devenus des
clauses de style, dont les habitants n’admettraient plus l’absence. (...) Le téléphone est commodité courante (...). La radio est
en train de prendre rapidement une place analogue. (...)
Mais c’est dans l’automobile qu’il faut chercher le signe le plus visible de la richesse américaine. (...) Dans une famille d’ouvriers,
il n’est pas rare que le père ait sa machine, chacun des fils déjà grands la sienne. (...)
Comme la pratique des paiements différés est générale, il n’est presque personne, sauf en période de crise, qui ne puisse
faire la dépense.
André SIEGFRIED, Les États-Unis d’aujourd’hui, Paris, A. Colin, 1927, p. 156-158
8 L’automobile, la vente à crédit, la nouvelle technique de production de masse, le haut niveau des salaires, les besoins en logements,
des exportations florissantes, voilà, semble-t-il, les six éléments de base sur lesquels était bâtie la prospérité américaine. Certains ont
malencontreusement parlé d’ère nouvelle : ils ont écrit de gros livres sur la liquidation de la pauvreté, la fin des cycles économiques, le
modèle américain (…). Notre autosatisfaction et notre attitude missionnaire étaient devenues presque insupportables quand… vlan !,
le bel édifice s’écroula comme un château de cartes. Nous avions fait beaucoup de bruit mais nous n’avions pas résolu le problème
de la distribution. Les hauts salaires et la vente à crédit ont comblé pour un temps la brèche (gap) entre pouvoir d’achat et capacité de
production, mais la brèche s’est élargie avec le temps ; rien de fondamental n’a été fait pour y remédier, et la nouvelle ère disparut par un
certain matin d’octobre 1929, avec comme couronne mortuaire la bande téléimprimée de la Bourse*.
Stuart CHASE, A New Deal, New York, MacMillan, 1932, p. 107 (Trad. V. PYCKE, d’après D. ARTAUD et A. KASPI, Histoire des États-Unis, Coll. « U », Paris, A.Colin, 1969,
p. 248)
69
1
ÉTATS-UNIS MONDE
Des États-Unis au monde : l’extension de la crise boursière* née du krach* du 24 octobre 1929
70
John STEINBECK, Les raisins de la colère, New York, The Viking Press, 1939 (D’après M. DUHAMEL, Coll. « Le
Livre de Poche », Paris, Gallimard, 1947, p. 395, 487)
6 Les Ritals1, on est mal piffés. C’est parce qu’il y en a tellement par ici (...). « Dans votre
pays de paumés, on crève de faim, alors vous êtes bien contents de venir bouffer le pain
des Français ! » Pardi, c’est normal, non ? S’ils se laissaient mourir sur leur tas de cailloux,
on les traiterait de feignants (...). Comme étrangers mal piffés, y a que nous, les Ritals1.
C’est nous qu’on éponge tout. La crise, c’est de notre faute. Le chômage, c’est nous (...).
Pour les Français, pas de problème, ils me traitent de Macaroni (...). Même les profs à
l’école, ils peuvent pas s’empêcher de nous faire sentir qu’on est des culs-bénits, de la
graine de fascistes*. Eux, laïques*, républicains.
1
Les Italiens, dans le langage populaire
71
1 Toutes les classes de la société russe sont en effervescence : l’indivision des terres1 dans les communes rurales (…) fait du
paysan une proie toute prête pour les agitateurs qui le poussent à (…) prendre de vive force les domaines de la noblesse ;
le prolétariat, dont la création remonte à quelques années à peine, s’est du premier coup montré révolutionnaire et ses
revendications s’expriment sous la forme la plus violente ; la jeunesse des écoles est une pépinière d’anarchistes* (…).
Puis, brochant sur le tout un pouvoir tour à tour débonnaire et arbitraire, des ministres de plus en plus médiocres et divisés
entre eux, un souverain monté trop jeune sur le trône, bienveillant mais ignorant des choses et des hommes, hésitant et
obstiné à la fois, jaloux de son autorité et incapable de l’exercer (…).
1
Malgré la réforme agraire de 1861 et l’abolition du servage, l’essentiel des terres reste aux mains des seigneurs, et celles que les paysans affranchis
ont reçues sont insuffisantes pour assurer leur subsistance. De plus, ils n‘en jouissent pas en pleine propriété, celles-ci revenant à la communauté
rurale, le mir.
Rapport de Louis-Maurice BOMPART, Saint-Pétersbourg, 27 août 1904 (D’après R. GIRAULT, La révolution russe de 1905 d’après quelques témoignages
français, dans Revue historique, CCXXX, 1963, p. 99-100)
72
6 Art. 2 - Ce qu’il y a de particulier dans l’actualité russe, c’est la transition de la première étape de la
révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie par suite du degré insuffisant de conscience et
d’organisation du prolétariat, à la deuxième étape qui doit remettre le pouvoir entre les mains du La Pravda (Vérité) est le quotidien
du Parti Bolchevique*.
prolétariat et des couches pauvres de la paysannerie. (…)
Créé le 5 mai 1912 sur l’initiative
Art. 3 - Aucun soutien au Gouvernement provisoire. (…)
des ouvriers de Saint-Pétersbourg,
Art. 4 - (…) Expliquer aux masses que les Soviets* de députés ouvriers sont la seule forme possible ce journal est pris en main par
d’un Gouvernement révolutionnaire (…). Lénine. Transféré à Moscou en
Art. 5 - Il ne faut pas une république parlementaire (…) mais une république des Soviets* de députés 1917, il devient l’organe officiel du
ouvriers, salariés agricoles et paysans (…). Éligibilité et révocabilité à tout moment de tous les Comité central du Parti Communiste
fonctionnaires ; leurs traitements ne doivent pas être supérieurs au salaire moyen d’un bon ouvrier. russe ; Staline en est un des
Art. 6 - Nationalisation* de toutes les terres dans le pays : les terres sont mises à la disposition des premiers rédacteurs en chef.
Soviets* locaux de députés des salariés agricoles et des paysans. Formation des Soviets* de députés
des paysans pauvres.
LÉNINE, Thèses d’avril, dans Pravda, 7 avril 1917 (D’après M. FERRO, La révolution de 1917, Paris, Albin Michel, 1997,
p. 130-133)
73
Nicolaï Nikolaïevitch SUKHANOV, Notes sur la révolution, Berlin, 1922 (D’après J. CARMICHAEL, Paris, Stock, 1965, p. 57)
9 1. La propriété des propriétaires fonciers sur la terre est abolie immédiatement sans aucune indemnité.
2. Les domaines des propriétaires fonciers ainsi que les terres des apanages1, des monastères et de l’Église, avec
tout leur cheptel mort ou vif, toutes leurs constructions et dépendances, sont mis à la disposition des comités
agraires de canton et des Soviets* des députés paysans de district jusqu’à ce que la question soit réglée par
l’Assemblée constituante. (...)
5. Les terres des simples paysans et des simples cosaques2 ne sont pas confisquées (…).
1
Domaines princiers ou principautés
2
Paysans soldats
Premier décret sur la terre, 26 octobre 1917 (D’après LÉNINE, Œuvres complètes, XXVI, Moscou, Éditions de langue étrangère, 1958,
p. 266-267)
74
11 Les bolcheviks* ne se seraient pas maintenus au pouvoir (…) sans une pas une question politique ou d’organisation de quelque importance qui
véritable discipline de fer dans notre parti (…). La dictature du prolétariat, soit tranchée par une institution de l’État sans que le Comité central du parti
c’est la guerre la plus héroïque et la plus implacable de la nouvelle classe ait donné ses directives.
contre un ennemi plus puissant, contre la bourgeoisie (…). Dans son travail, le parti s’appuie directement sur les syndicats qui (…),
(…) La dictature est exercée par le prolétariat organisé dans les Soviets* formellement, sont sans parti. En fait, toutes les institutions dirigeantes de
et dirigé par le Parti Communiste bolchevik* qui, selon les données de l’immense majorité des syndicats (…) sont composées de communistes et
son dernier congrès (avril 1920), groupe 611 000 membres. (…) Un comité appliquent toutes les directives du parti. On obtient en somme un appareil
central de 19 membres, élu au congrès, dirige le parti qui réunit des prolétarien qui, formellement, n’est pas communiste, qui est souple et
congrès annuels (au dernier congrès, la représentation était de 1 délégué relativement vaste, très puissant, un appareil au moyen duquel le parti est
par 1000 membres). Le travail courant est confié, à Moscou, à des collèges étroitement lié à la classe et à la masse, et au moyen duquel la dictature de
encore plus restreints appelés Orgburo (Bureau d’organisation) et Politburo la classe se réalise sous la direction du parti. (…)
(Bureau politique), qui sont élus en assemblée plénière du Comité central,
LÉNINE, La Maladie infantile du communisme, avril 1920 (D’après LÉNINE, Œuvres, XXXI,
à raison de 5 membres pris dans son sein pour chaque bureau. Il en résulte
Paris, Éditions sociales, 1961, p. 17, 42-43)
donc la plus authentique « oligarchie ». Et dans notre République, il n’est
13
12 Nous nous sommes trompés ; mieux vaut marcher provisoirement avec Victor DENI, affiche,
les béquilles du capitalisme que de ne pas marcher du tout, car ce qu’il 1920 (Paris, BNF)
faut craindre plus que le capitalisme, c’est la misère (…). Nous répétons
souvent que le capitalisme est un mal, que le socialisme est un bien. Oui
le capitalisme est un mal par rapport au socialisme, mais c’est un bien par
rapport aux conditions médiévales qui en Russie persistent toujours.
LÉNINE, extrait d’un article paru dans Krasnoïa Novotni, avril 1921 (D’après D. FURIA et
P.-Ch. SERRE, Techniques et Société. Liaisons et évolutions, Coll. « U », Paris, A. Colin, 1970,
p. 400)
75
1 2 L’ÉTAT LE PARTI
Commission
Cour Conseil des centrale de
Comité
suprême de ministres vérification
central
justice
pouvoir pouvoir
judiciaire exécutif
Électeurs Membres
suffrage universel pur et simple du parti
31
58
Le Soviet* de l’Union et le Soviet* des nationalités* représentent
respectivement les républiques et l’ensemble de la population, à raison
d’1 député pour 300 000 habitants. En 1923, le parti compte 386 000
membres ; en 1934, 1 874 488 membres ; en 1952, 6 013 259 membres.
81 Le Comité central comprend respectivement, 57, 139 et 235 personnes à
Sur l’affiche, on peut lire de haut en bas : ces mêmes dates. Staline le réunit de moins en moins souvent. Près de
86 « Tout le pouvoir aux Soviets* » 70 % des élus au Comité central de 1934 seront liquidés physiquement
« Plus haut l’étendard de Lénine qui nous donne la victoire ! » avant 1939. Le véritable centre de décision est le Politburo. Le Secrétariat
« Vive l’invincible parti de Lénine » est un organe administratif chargé notamment de la sélection des cadres
92
« Vive le grand guide de la révolution prolétarienne mondiale, et de l’exécution des décisions du parti. La Commission centrale de
le camarade Staline ! » vérification sert de recours pour les membres du parti exclus au cours
des purges. Elle est aux ordres du secrétaire général et collabore avec la
GPU qui a succédé à la Tchéka*.
76
4 La tâche essentielle du plan quinquennal1 consistait à transformer l’URSS de pays agraire et débile, qui
dépendait des caprices des pays capitalistes, en un pays industriel et puissant, parfaitement libre et
indépendant des caprices du capitalisme mondial. (...)
La tâche essentielle du plan quinquennal1 consistait, tout en transformant l’URSS en pays industriel, à
éliminer jusqu’au bout les éléments capitalistes, à élargir le front des formes socialistes de l’économie
et à créer une base économique pour la suppression des classes en URSS, pour la construction d’une
société socialiste. (...)
La tâche essentielle du plan quinquennal1 consistait à faire passer la petite économie rurale morcelée
dans la voie de la grande économie collectivisée*, d’assurer par là même la base économique du
socialisme à la campagne et de liquider ainsi la possibilité de restauration du capitalisme en URSS.
1
Programmation par l’État de la production fixant les objectifs à atteindre au terme de 5 ans. Le premier est lancé en 1928.
L’industrie lourde reçoit la priorité absolue.
Joseph STALINE, Rapport présenté à l’assemblée pléniaire commune du Comité central et de la Commission centrale de
vérification du Parti Communiste de l’URSS, Moscou, 7 janvier 1933 (D’après J. STALINE, Doctrine de l’URSS, Paris, Flammarion,
1938, p. 183-195)
77
7 Camarades, vous écrivez dans votre journal que tous les paysans pauvres et moyennement Cette lettre fait partie des archives
aisés adhèrent volontairement au kolkhoze*, mais ce n’est pas vrai. Ainsi dans notre village de la GPU, tombées aux mains
de Podbuzhye, tous n’entrent pas au kolkhoze* de bon gré. Quand circula le registre des des Allemands en 1941, puis des
adhésions, 25 % seulement signèrent, tandis que 75 % s’abstenaient. Ils ont collecté Américains en 1945. Les journaux
les semences par la terreur, en multipliant procès-verbaux et arrestations. Si quelqu’un dont il est question dans le texte
exprimait son opposition, on le menaçait d’emprisonnement et de travail forcé (…). Je recueillent les dénonciations et
vous prie de ne pas révéler mon nom, car les gens du parti seraient furieux. plaintes des Soviétiques. Le pouvoir
stalinien essaie ainsi de canaliser les
Lettre du paysan POLZIKOV, sans lieu et sans date (D’après M. FAINSOD, Smolensk à l’heure de Staline, Paris, manifestations de mécontentement.
Fayard, 1967)
78
Jean ELLEINSTEIN, Histoire de l’URSS, II, Paris, Éditions sociales, 1973, p. 247-261
Estimation des victimes du communisme en URSS, 1921-1953 (D’après N. WERTH, Déportations, Goulag,
famine… L’URSS ou le règne de la terreur, dans L’Histoire, n° 247, octobre 2000, p. 54-59)
Les camps du Goulag* n’accueillent pas que des prisonniers politiques. La majorité
des détenus sont des citoyens « ordinaires », victimes du durcissement de la politique
pénale de l’État. De nombreux paysans sont également victimes de la politique
économique menée par les dirigeants de l’URSS : réquisitions de récoltes et de bétail
durant la guerre civile, « collectes d’État » ou prélèvement par l’État d’une partie
importante de la production agricole représentant près de 50 % en Ukraine pendant
la collectivisation* forcée menée à partir de 1930, refus du Gouvernement de toucher
aux réserves de céréales stockées en prévision d’une guerre en 1946. Cette politique
provoque des famines désastreuses.
79
1
L’Italie en À la fin du XIXe siècle, en Italie, un mouvement politique se
1920 (D’après développe : l’irrédentisme (de irredenta, « non délivré »). Ses
J.-M. LAMBIN [dir], partisans réclament l’annexion de territoires, principalement
Histoire 1re, autrichiens, et ce pour des motifs historiques et linguistiques.
Paris, Hachette En 1915, ces « terres irrédentes » sont promises aux Italiens,
Éducation, 1994,
lors du traité de Londres, en échange de leur entrée en guerre
p. 145)
au côté des Alliés.
Le montant du salaire
réel correspond au
montant du salaire,
ajusté en fonction
du pouvoir d’achat
qu’il procure. Les
prix de gros sont les
prix pratiqués par les
grossistes.
11
3
Nombre de chômeurs en Italie (en
13
3 milliers) entre 1919 et 1933
ERIOTSIH
(D’après Ph. FORO, L’Italie fasciste,
Paris, A. Colin, 2006, p. 130 et
J.-M. LAMBIN [dir], Histoire 1re, Paris,
Hachette Éducation, 1994, p. 149)
34-36
36
80
PS 39
Composition de la Chambre 100 105 Libéraux
Libéraux (Catholiques)
4
I
PP
I2
entre 1919 et 1924, en nombre 96 107
68 35 Parti National 19
es Fasciste es 15
de sièges (D’après S. ROMANO, PSI Autres c ist s 16 n ist aux
s e 355 u r
Histoire de l’Italie du Risorgimento (Socialistes) 156 PSI Fa nist m bé
m Li Autres
u
à nos jours, Paris, Seuil, 1977, 156 (Socialistes)
o mm Autres Co
122 C 98
p. 304-307 ; Ph. FORO, L’Italie 82
fasciste, Paris, A. Colin, 2006,
p. 236-237; J. GODECHOT et Novembre 1919 (Total : 508 sièges) Mai 1921 (Total : 535 sièges) Avril 1924 (Total : 550 sièges)
M. VAUSSARD, Histoire de l’Italie
moderne, Paris, Hachette, 1972,
p. 203, 231)
6 Par une sombre soirée d’automne1 (...) les bandes de Chemises noires*, balai était dans l’air, jugea prudent de se mettre du côté du manche et se rallia
farouches, bien armées, blanchies de la poussière d’une longue route, à la révolution. Ses adhérents les plus ardents furent les jeunes combattants
entrèrent sans résistance comme une horde de conquérants dans la Ville de la guerre et les adolescents des classes moyennes, impatients de crier
Éternelle muette et frappée de stupeur. Le lendemain apparut le Duce* et au grand jour leurs passions patriotiques et ultranationalistes.
des acclamations retentirent. Dans son état-major figuraient des généraux
1
Les 27 et 28 octobre 1922, les Chemises noires* convergent vers la capitale : c’est la
et des officiers supérieurs qui avaient revêtu la chemise noire*. Le roi eut
« marche sur Rome ».
vite fait de lui confier la tâche de former un Gouvernement (…). 2
Durant l’Antiquité romaine, ensemble des familles les plus prestigieuses de Rome,
Dans la noblesse comme dans l’industrie, (…) victimes, l’une et l’autre, détentrices des pouvoirs politique et religieux. Ici, classe qui possède le pouvoir politique
de l’état anarchique qui sévissait en province, l’enthousiasme qu’excita le et concentre une partie importante de la richesse.
triomphe de Mussolini fut sincère et spontané. Le patriciat2 en chemises
Eugène BEYENS, Quatre ans à Rome, Paris, Plon, 1934, p. 133-135
blanches serra avec effusion la main du fascisme en chemise noire* (...). La
bourgeoisie citadine, libérale par tradition, mais sentant bien qu’un coup de
81
82
83
ERIOTSIH
84
4 Ma jeunesse a été celle de toute une génération qui avait grandi dans une causé l’écartèlement du pays. L’économie nationale était mise en péril par
bourgeoisie à tendance de droite et qui fournit par la suite au mouvement les dettes de guerre (...). On entendait les adultes s’insurger contre les
nazi et à l’armée un grand nombre de ses dirigeants. Il y avait dans la querelles confuses qui avaient lieu au sein du Parlement, et on comprenait
bourgeoisie, au moment où Hitler prit le pouvoir, une génération mi- que ce désordre était dû aux partis qui divisaient les Allemands. (...) Parmi
enfantine, mi-adolescente qui rêvait de se sacrifier à un idéal. (...) Mon les misères dont se plaignaient les adultes, il y avait le chômage.
entrée aux Jeunesses hitlériennes1 date du 1er mars 1933. L’antisémitisme* Les promoteurs du national-socialisme2 promirent de supprimer le chômage
faisait partie tout naturellement des opinions que nos parents nous avaient et la misère de 6 millions d’habitants et je les crus. Je crus qu’ils réaliseraient
transmises. (...) Je dois à cette situation d’avoir pu par la suite servir de l’union politique du peuple allemand et qu’ils surmonteraient les difficultés
toutes mes forces une politique inhumaine sans me poser de questions sur résultant du traité de Versailles.
ma propre honnêteté morale.
Hitler réussit à nous communiquer son fanatisme. Le fanatique croit que la
1
Hitlerjugend : → 35/2, note 1
2
Nazisme
fin justifie les moyens. Il ne voit que le but à atteindre, et devient aveugle et
sourd à tout le reste. (...) Melita MASCHMANN, Ma jeunesse au service du nazisme, Paris, Plon, 1964, p. 25-26
Ma mère nous ressassait que l’Allemagne avait perdu la guerre bien que
ses soldats eussent été les plus valeureux. Une paix infamante avait
5 Affiche pour les élections législatives du 20 mai 1928 6 Affiche nazie pour les élections de mars 1933
En bas de l’affiche,
on peut lire :
« Nettoyez le
Reich* ! Votez
pour les Deutsche
Demokraten ! »,
c’est-à-dire le DDP
(→ 34/1).
Wahl urne
signifie « urne
électorale ».
85
Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, Hitler et les responsables installent le IIIe Reich*. Quel est le visage de
ce nouveau régime ?
1 1933 - Hitler nommé chancelier* (30 janvier) Hitler est nommé chancelier* par le président Hindenburg, car les
- Incendie du Reichstag* (27-28 février) milieux conservateurs voient en lui un moyen d’enrayer la menace
- Hitler organise de nouvelles élections (5 mars) et obtient 44 % communiste et de redresser l’économie du pays.
des suffrages. Le Reichstag* lui accorde les pleins pouvoirs pour Le Reichstag* est réduit en cendres par un incendie volontaire. Les
4 ans. communistes sont accusés du forfait et le KPD (Parti Communiste
- Ouverture du premier camp de concentration à Dachau (→ 35/5) allemand) mis hors la loi. On saura plus tard qu’il s’agissait d’un
- Création de la Gestapo* coup monté par les nazis.
- Interdiction des syndicats
- Le NSDAP devient parti unique.
- L’Allemagne quitte la SDN.
- Début de la politique de grands travaux
- Début du boycott des magasins juifs et de l’exclusion des Juifs
de la fonction publique
1934 - Nuit des Longs Couteaux (29-30 juin) Lors de la Nuit des Longs Couteaux, qui fera de 150 à 200 morts,
- À la mort de Hindenburg, Hitler se proclame Reichsführer*. Hitler élimine les cadres des SA*, soupçonnés d’organiser un coup
- Les Juifs sont exclus des forces armées. d’État.
1935 - Lois antisémites* de Nuremberg (→ 35/4)
1936 - La pratique de la médecine est interdite aux médecins juifs. La Rhénanie (rive est du Rhin) a été démilitarisée par le traité de
- Jeux Olympiques de Berlin Versailles. En mars 1936, Hitler y envoie 30 000 soldats allemands.
- Remilitarisation de la Rhénanie
- Axe Rome-Berlin ou alliance entre l’Allemagne et l’Italie Le « Plan de quatre ans » vise à préparer l’économie de l’Allemagne
- « Plan de quatre ans » à la guerre.
1937 - Ouverture du camp de concentration de Buchenwald
1938 - Loi sur l’internement des Tsiganes Lors de la Nuit de Cristal, les Juifs d’Allemagne sont victimes de
13 - Nuit de Cristal (9-10 novembre) violents pogroms* soi-disant spontanés, mais en réalité organisés
- Passeport des Juifs marqué de la lettre « J » par les nazis. La nuit se solde par de nombreux morts et quantité
15 - Élèves juifs exclus des écoles allemandes de destructions matérielles (synagogues incendiées, magasins
- Anschluss* ou annexion de l’Autriche (→ 129) détruits…). Une amende d’un milliard de marks est imposée aux
ERIOTSIH
- Conférence de Munich (→ 38/5) Juifs par les autorités pour les désordres et dégâts dont ils ont
- Annexion du territoire des Sudètes (→ 38/9) pourtant été victimes.
33-34 1939 - Interdiction aux Juifs de diriger une entreprise De 1939 à 1941, 70 273 malades ou handicapés mentaux sont
- Pacte germano-soviétique (→ 38/12) euthanasiés, à l’insu de leurs familles. Ce programme s’ébruite
36 - « Pacte d’Acier », alliance offensive entre l’Allemagne et l’Italie pourtant et, en 1941, Hitler est contraint de faire marche arrière
- Invasion de la Pologne (1er septembre) face à la vague d’opposition qu’il suscite, entre autres au sein de
- Annexion de la Bohème-Moravie (→ 38/9) l’Église catholique.
- Port obligatoire d’un brassard marqué de l’étoile de David ou
étoile jaune pour les Juifs de Pologne
82 - Début de la « politique d’euthanasie » visant à l’élimination
physique des personnes handicapées
- Autorisation de castrer des prisonniers homosexuels
86
2 Montage de photographies extraites du film de Léni RIEFENSTAHL, Triomphe de la volonté, 1934, dans l’IIlustrieter Film Kurrier,
numéro spécial, automne 1935
87
5 Art. 11 - Les délinquants suivants, considérés comme agitateurs, seront pendus : quiconque (…) fait
de la politique, tient des discours ou des réunions de provocation, forme des cliques, se rassemble
avec les autres détenus ; quiconque [agit] dans le but de fournir à la propagande adverse des récits
d’atrocités, recueille des renseignements, vrais ou faux, sur le camp de concentration, en discute
avec les autres, les fait parvenir hors du camp (…).
Art. 12 - Les délinquants suivants, considérés comme mutins, seront abattus sur-le-champ ou
pendus par la suite : quiconque se sera livré à des voies de fait sur la personne d’un garde ou d’un
SS*, aura refusé d’obéir ou de travailler en corvée (…), aura protesté, crié, provoqué ou tenu des
discours tout en marchant ou sur les lieux de travail.
Règlement du camp de concentration de Dachau, 1er novembre 1933 (D’après W. SHIRER, Le IIIe Reich : des origines à la
chute, Paris, Stock, 1965, p. 297)
6
Situation économique et sociale de l’Allemagne entre 1928 et 1939
(D’après J.-M. LAMBIN [dir], Histoire 1re, Paris, Hachette Éducation, 2003, p. 276)
88
9 Un aliéné coûte quotidiennement 4 marks, un invalide 5,5 marks, un criminel 3 marks. 11 Affiche allemande, 1936
Dans beaucoup de cas, un fonctionnaire ne touche que 4 marks, un employé 3,65 marks,
un apprenti 2 marks. Faites un graphique avec ces chiffres.
D’après des estimations prudentes, il y a en Allemagne environ 300 000 aliénés et
épileptiques dans les asiles. Calculez combien coûtent annuellement ces 300 000 aliénés
et épileptiques. Combien de prêts aux jeunes ménages à 1000 marks pourrait-on faire si
cet argent pouvait être économisé ?
Extrait d’un manuel scolaire nazi, sans date (D’après A. GROSSER, Dix leçons sur le nazisme, Paris, Fayard,
1976, p. 94)
10 La grande masse d’un peuple est peu accessible aux idées abstraites. On l’empoignera
plus facilement dans le domaine des sentiments et c’est là que se trouvent les ressorts
secrets de ses réactions, soit positives, soit négatives. (...)
La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que très restreinte, son entendement
petit ; par contre, son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande efficace
doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules
stéréotypées. (...) La masse n’ouvrira sa mémoire qu’après la répétition mille fois
renouvelée des notions les plus simples. (...) Si vous mentez, que vos mensonges soient
énormes. (...)
Du plus grand des mensonges, l’on croit toujours une certaine partie. (...) Véhémence,
passion et fanatisme, voilà cette forte attraction magnétique qui ne peut s’exercer sur
la masse que par l’emprise de grandes idées, cette force de conviction que donnent,
seules, la foi absolue en ses principes et la résolution fanatique de les faire triompher. (...)
Seule une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul
peut provoquer la passion celui-là qui la porte en lui-même.
A. HITLER, Mein Kampf, Munich, Eher-Verlag, 1925 (D’après A. BULLOCK, Hitler, I, Verviers, Éd. Gérard, 1962,
p. 32, 58-60) Sur l’affiche, on peut lire : « Toute l’Allemagne écoute
le Führer* avec le récepteur radio populaire. »
89
3 Que veut l’exposition de l’art dégénéré ? Elle veut faire apparaître la dégénérescence de la culture de ces dernières années
qui ont précédé le grand changement. (…) Elle prétend que cet art est une atteinte préméditée à l’évolution de la création
artistique. Elle montre que l’anarchie politique et l’anarchie culturelle ont une racine commune. L’art dégénéré est celui
du bolchevisme* et l’exposition veut le prouver. (…) L’exposition veut montrer combien l’activité artistique menée par
les porte-parole juifs et bolcheviques* était dangereuse. (…) L’exposition veut aider les Allemands qui n’ont pas suivi les
Juifs et les bolcheviks*, à mener une vie saine et honnête. L’exposition s’oppose à ce que dorénavant ces bandes dirigent
encore l’art et soient à la tête de ce qui se fait.
Introduction du catalogue de l’exposition itinérante sur l’« art dégénéré », Munich, 1937 (D’après A. GUYOT et P. RESTELLINI, L’art nazi, un art de
32-33 propagande, Bruxelles, Complexe, 1996, p. 62)
35
4 Comparé aux autres arts, (…) le cinéma, par sa faculté d’agir directement sur le sens poétique et l’affectivité – donc sur
tout ce qui n’est pas intellectuel – a, dans le domaine de la psychologie des masses et de la propagande, un effet pénétrant
82 et durable.
Déclaration de Fritz HIPPLER, 1934 (D’après F. COURTADE et P. CADARS, Histoire du cinéma nazi, Paris, Losfeld, 1972, p. 24)
90
6 Au début de l’année 1939, Hitler essaya de justifier devant les ouvriers du cette architecture (…) devait magnifier son œuvre, sublimer la conscience
bâtiment le gigantisme de son style architectural par ces mots : « Pourquoi qu’il avait de sa propre valeur. L’érection de ces monuments devait servir à
toujours bâtir le plus grand possible ? Je le fais pour redonner à chaque annoncer ses prétentions au règne universel, bien avant qu’il n’ait osé en
Allemand en particulier une confiance en soi. Pour dire à chaque individu confier la pensée à ses plus proches collaborateurs.
dans cent domaines différents : nous ne sommes pas inférieurs, nous
sommes au contraire absolument égaux aux autres peuples. » (…) Quand Albert SPEER, Au cœur du IIIe Reich, 1969 (D’après M. BROTTIER [trad.], Coll. « Les grandes
études contemporaines », Paris, Fayard, 1971, p. 100)
(…) Hitler revendiquait le droit de dépasser les normes habituelles de
l’architecture, il n’allait pas jusqu’au fond de sa pensée ; il n’avouait pas que
9
Lev ROUDNEV, Université
Lomonossov, Moscou, 1945-1953
91
92
93
11 Nous devons avoir notre propre programme qui nous Le frontisme (Frontbeweging) est un mouvement flamand créé
unisse et ne nous permette pas de retomber vers les en 1917 par des intellectuels flamingants, sous les armes. Ils
anciens partis belges. (…) Nous voulons au besoin un dénoncent la présence d’une majorité de francophones dans
Gouvernement fort détenant les pleins pouvoirs, bien les rangs des officiers et le non-respect de la loi de 1914 sur
que nous ne rendrions pas ce point de vue public (…). l’usage du néerlandais à l’armée. Ils revendiquent aussi, pour
Si nous devenons les maîtres, nous ne laisserons aucun l’après-guerre, la flamandisation de la vie publique en Flandre
pouvoir aux fransquillons. Les partis doivent disparaître : et plus d’autonomie pour la Flandre au sein de la Belgique. Ce
d’abord le Parti Catholique mais aussi le socialisme, qui mouvement sera interdit par les autorités militaires. En 1919,
s’effondrera en faveur d’un syndicalisme national. il se transforme en un parti. Conduit par Staf De Clercq, il
milite, à partir de 1922, pour l’autonomie administrative de la
Staf De CLERCQ, déclaration à la direction du Parti Frontiste, Flandre (« Alles voor Vlaanderen »). Après son échec électoral
25 février 1934 (D’après L. WILS, Histoire des nations belges, Ottignies, de 1932, la plupart de ses adhérents rallieront le VNV, créé
Quorum, 1996, p. 231)
par Staf De Clercq en 1933.
94
14 Nous voici face à face, Rexistes de la Belgique nouvelle et vous, Italiens populaire et fort qui balayera (…) les partis, (…) qui dotera la Belgique de
de Mussolini, en pleine résurrection nationale, ayant retrouvé vos vertus, corporations dégagées de la peste politicienne (…). Nous mettrons fin à la
ayant recréé la communauté de votre peuple (…). Vous étiez livrés, avant tyrannie de l’hypercapitalisme (…). Unissons-nous pour arrêter la barbarie.
que le Duce* ne vous rassemblât, à l’anarchie marxiste et à la lâcheté (…)
du libéralisme bourgeois. (…) Vous avez fait les premiers de l’Europe la
Léon DEGRELLE, discours radiodiffusé le 7 janvier 1937 en Italie et publié dans Le Pays
révolution populaire (…). Nous, rexistes, (…) notre action est exactement
réel, Bruxelles, 8 septembre1937, p. 3 (D’après G.F. di MURO, Léon Degrelle et l’aventure
adaptée à l’âme de notre pays (…). Nous recréerons pour lui un État rexiste, Bruxelles, Luc Pire, 2005, p. 136)
95
1 La politique extérieure de l’État raciste doit assurer les moyens d’existence sur cette planète de la race que groupe l’État, en
établissant un rapport sain, viable et conforme aux lois naturelles entre le nombre et l’accroissement de la population d’une
part, l’étendue et la valeur du territoire d’autre part (…).
Si le mouvement national-socialiste veut réellement obtenir devant l’Histoire la consécration d’une grande mission en faveur
de notre peuple, il doit trouver le courage de rassembler notre peuple et sa puissance, pour le lancer sur la voie qui le sortira
de son étroit habitat actuel et le mènera vers de nouveaux territoires, le libérant ainsi à jamais du danger de disparaître de
cette terre ou de devenir l’esclave des autres. (…) Il doit avoir conscience de ce que, gardiens de la plus haute humanité
sur cette terre, nous avons aussi les plus hautes obligations ; et il pourra d’autant mieux y satisfaire qu’il aura davantage le
Hitler rédige souci de faire prendre conscience de sa race au peuple allemand (…). Les limites des États sont le fait des hommes et sont
ce livre en changées par eux. Le fait qu’un peuple a réussi à acquérir un territoire excessif ne confère nullement l’obligation supérieure
1923-1924, alors de l’admettre pour toujours. (…)
qu’il est en prison [Pour] nous autres nationaux-socialistes, (…) le droit au sol et à la terre peut devenir un devoir, lorsqu’un grand peuple paraît
suite à son voué à la ruine, à défaut d’extension. Et tout particulièrement quand il ne s’agit pas d’un quelconque petit peuple nègre,
coup d’État, mais de l’Allemagne, mère de toute vie, mère de toute la civilisation actuelle. L’Allemagne sera une puissance mondiale ou
manqué en 1923. bien elle ne sera pas. (…)
Adolf HITLER, Mein Kampf, Munich, Eher-Verlag, 1925 (D’après Paris, Les Nouvelles Éditions latines, 1934, p. 640-647)
13
ERIOTSIH 3 Affiche national-socialiste, 1938
2 (…) Nous sommes convaincus que contre le
danger de l’agression hitlérienne1, la France ne peut
trouver sa sécurité dans la course aux armements.
18 (…) Nous restons convaincus que la vraie sécurité,
la seule qui mérite ce nom, c’est celle qui empêche À partir de 1937, Hitler projette
la guerre, celle qui organise la paix contre la guerre. l’annexion de l’Autriche ou Anschluss*.
La vraie sécurité est créée par le désarmement Le 12 février 1938, le chancelier*
27
progressif, par le contrôle mutuel, par l’assistance autrichien reçoit de Hitler l’ordre de
mutuelle, par l’arbitrage, par l’ensemble des nommer Seyss-Inquart, chef du
conventions internationales. Parti National-Socialiste autrichien,
au poste de ministre de l’Intérieur.
1
Le 7 mars 1936, 30 000 soldats allemands ont pénétré dans Le chancelier* s’y opposant, Hitler
la zone démilitarisée de Rhénanie. proclame le rattachement de
82
l’Autriche au Reich*, le 13 mars, et
Léon BLUM, discours devant l’Assemblée nationale, Paris,
15 mars 1936 (D’après R. BENICHI et J. MATHIEX [dir], Histoire annexe l’Autriche militairement. Le
85
d’une guerre à l’autre. 1914-1939, Coll. « Classiques Hachette », 10 avril, il organise un référendum :
Paris, Hachette, 1982, p. 338) les Autrichiens ratifient l’annexion de
leur pays à une majorité de 99,7 %.
96
6 N’est-il pas effroyable, fantastique, inouï, que nous soyons en train de creuser des abris (…) à cause d’une querelle surgie dans un pays
lointain, entre des gens dont nous ne connaissons rien ! (...).
Je n’hésiterais pas à entreprendre un troisième voyage en Allemagne si je pensais qu’il puisse être de quelque utilité (…). Quelle que
soit notre sympathie pour une petite nation aux prises avec un grand et puissant voisin, nous ne pouvons, en toute circonstance, nous
engager à entraîner l’Empire britannique tout entier dans une guerre, uniquement à cause d’elle. Si nous devions nous battre, il faudrait
que ce fût pour des causes plus importantes. (…)
Je suis pour ma part un homme pacifique, jusqu’au plus profond de mon âme. Un conflit armé entre nations m’apparaît comme
un cauchemar, mais, si j’avais la conviction qu’une nation quelconque a décidé de dominer le monde par la menace de la force,
j’estimerais que c’est un devoir de lui résister. Sous une telle domination, pour un peuple qui croit à la liberté, la vie ne vaudrait plus la
peine d’être vécue ; mais la guerre est une chose terrible et avant de nous lancer dans un conflit il nous faut avoir l’absolue certitude
que ce sont vraiment des problèmes essentiels qui sont en jeu (...).
Arthur Neville CHAMBERLAIN, discours radiodiffusé, 27 septembre 1938 (D’après W. L. SHIRER, Le troisième Reich. Des origines à la chute, I, Paris, Le Livre de
Poche, 1965, p. 533)
97
8 L’accord conclu le 29 septembre à Munich n’a pas été obtenus, de s’accorder quelque répit, de détendre les
accueilli en Allemagne avec moins de soulagement qu’en ressorts économiques et financiers (...). Mais nombreux
France et en Angleterre. sont également ceux qui proclament qu’il faut continuer
Le discours prononcé, le 26 septembre, par le chancelier*1 à aller de l’avant et à monnayer dans toute la mesure du
et les nouvelles concernant les mesures militaires prises possible la supériorité militaire dont le Reich* croit disposer
par la France et par l’Angleterre avaient mis le comble actuellement. (...)
à l’anxiété. Le chancelier*1 avait coupé les ponts. On À cet égard, la conférence de Munich doit être pour
n’imaginait pas qu’il pût reculer. On était obligé de constater nous un avertissement. Pour que l’accord (...) de Munich
que, contrairement à l’attente générale, les puissances puisse devenir le point de départ d’une réorganisation du
occidentales paraissaient résolues à affronter la guerre. continent sur des bases équitables, il est indispensable
Durant les journées des 27 et 28 septembre, on sentait que les démocraties occidentales tirent des événements
d’heure en heure approcher le cataclysme. Cet état d’esprit dramatiques de la semaine dernière la leçon qu’ils
se lisait sur le visage des Berlinois conviés, dans la soirée du comportent. Il est nécessaire que, tout en continuant à
28 septembre à entendre un discours du Dr Goebbels2 qui, affirmer leur volonté de paix et en ne négligeant aucun
suivant l’opinion généralement répandue, devait apporter la moyen d’entente avec les États autoritaires, elles éliminent
nouvelle de la mobilisation générale. (…) les causes de faiblesse intérieure, qu’elles comblent au
C’est certainement sans enthousiasme que le peuple plus vite les lacunes de leurs armements et qu’elles offrent
allemand aurait suivi son Führer* dans une guerre générale. à l’étranger le spectacle du travail, de la cohésion et de la
Si tel est le sentiment général qu’ont suscité dans le pays force.
les événements de ces derniers jours, il ne semble pas que,
1
Hitler
dans les cercles dirigeants du Reich*, on soit d’accord sur 2
Ministre de la Propagande et de l’Information du IIIe Reich*
la leçon à en tirer. À cet égard, on discerne, semble-t-il, deux
courants différents. André FRANCOIS-PONCET, lettre à Georges BONNET, ministre des Affaires
Les milieux les plus raisonnables (…) conseillent de étrangères, Berlin, le 4 octobre 1938 (D’après Le Livre jaune français.
se contenter, provisoirement du moins, des résultats Documents diplomatiques 1938-1939, Paris, Imprimerie nationale, 1939,
p. 17-19)
s
ète
Sud
9
Le démembrement de la Tchécoslovaquie
(D’après M. DUMOULIN et D. MALOENS, De 1918 à
nos jours, Coll. « Racines du futur », IV, Namur,
Didier Hatier, 2000, p. 74)
98
11
13
Paul BARBIER, carte postale, 1939
Roger CHANCEL, La crucifixion, dessin,
dans Match, 28 septembre 1939
99
100 Lettre ouverte d’Arthur James BALFOUR à Lord ROTHSCHILD, Londres, 2 novembre 1917 (D’après B. KHADER, L’Europe et la Palestine, des croisades à nos
jours, Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 1999, p. 111)
100
4 Le 3 mars 19241, la Turquie nouvelle a définitivement choisi sa voie, optant d’Occident à part entière, Kemal et ses collaborateurs sont déterminés à les
sans réserves pour l’Europe et ses valeurs occidentales. Mustafa Kemal, à réaliser. Ils les ont annoncées et pour les imposer, ils sont prêts, s’il le faut,
vrai dire, n’innovait pas réellement. Cela faisait près d’un siècle que la Turquie à employer la force.
(…) se préparait à cette révolution. (…) Avec la brutalité d’un Pierre le Grand2, De fait, les Turcs seront soumis à rude épreuve. En l’espace de quelques
le Ghazi3 a su, le moment venu, brusquer les choses et procéder à une années, il leur faudra s’arranger d’une accumulation étourdissante
véritable opération chirurgicale. d’innovations. Ils devront renoncer au port de vêtements orientaux (…) ;
L’abolition du califat*, la suppression des ministères des affaires religieuses renoncer à la polygamie (…) ; renoncer à leurs modes de vie, à leur manière
et des fondations pieuses, l’unification de l’enseignement sous l’égide de penser, à leur manière de sentir les choses.
d’un ministère pleinement laïque* ne représente qu’un avant-goût de ce
1
Jour du vote des lois abandonnant le califat* et laïcisant l’État turc
qui se trame à Ankara4. Le Gouvernement de la jeune république turque 2
Tsar de Russie, il modernisa son pays à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle par des
a déjà dans ses cartons toute une série d’autres projets : suppression des mesures parfois très autoritaires.
tribunaux religieux ; fermeture des couvents et mausolées ; interdiction du 3
« Le victorieux » : titre donné à Mustafa Kemal après sa victoire contre les Grecs en 1922
port du fez5, symbole de l’appartenance à l’Islam ; émancipation complète 4
À partir de 1923, le choix d’Ankara comme nouvelle capitale de la Turquie en remplacement
de la femme ; remplacement des lois en vigueur par des codes importés d’Istanbul symbolise la rupture avec le pouvoir du sultan.
5
Couvre-chef masculin traditionnel sous le régime ottoman
d’Europe ; adoption du calendrier et du système horaire internationaux ; rejet
des caractères arabes au profit de l’alphabet latin ; adoption du système Paul DUMONT, 1919-1924, Mustafa Kemal invente la Turquie moderne, Bruxelles, Complexe,
métrique… Toutes ces réformes qui doivent faire de la Turquie un pays 1983, p.155-156
5 En 1927, les Kurdes sont estimés à 12 % ou 13 % de la population totale de il y en a eu 16 en Turquie de 1923 à 1938. À trois reprises, en 1925, en 1930 et
la Turquie. Ils auraient voulu, par exemple, qu’on donne un statut équivalent en 1936-1938, le pouvoir a été obligé de mobiliser plus de 50 000 soldats, ce
à la langue kurde et à la langue turque, qu’il y ait un bilinguisme officiel, un qui est considérable pour l’époque. Il y a probablement eu plusieurs milliers
enseignement, une presse kurdes. Et aussi une autonomie administrative : de morts à chaque fois. Et des lois de déportation, ou dites de réinstallation,
les Kurdes occuperaient les postes clés dans les régions kurdes. Ce n’est transférant les Kurdes dans les régions turques. Tout ceci a bien entendu
évidemment pas le cas. Ils ont donc l’impression d’être persécutés, et pour effet d’ancrer chez les Kurdes un véritable sentiment nationaliste. (…)
d’autant plus que Mustafa Kemal s’affirme très vite comme un champion de
1
Identité turque
la « turquicité »1. De même, il se fait le champion de la laïcité* alors que les
Kurdes sont profondément imprégnés d’esprit religieux. (…) Désormais, les Hamit BOZARSLAN, Un peuple, quatre États, une nation ? Le problème kurde, dans
nationalistes et certains ulémas (dirigeants religieux) réclament un Kurdistan L’Histoire, n° 235, septembre 1999, p. 66-67
indépendant. (…) Cela va donner naissance à des révoltes d’importance :
101
1
Otto DIX,
La journaliste
Sylvia von Harden,
1926 (Paris, Musée
national d’Art
moderne)
2
Piet MONDRIAN,
Composition, 1927
(Collection privée)
35-36
3 Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de
41 toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la
raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
77 Encycl. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées
jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres
mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. (…) Tout est bon
pour obtenir de certaines associations la soudaineté désirable. (…) Il est (…) permis d’intituler poème ce qu’on obtient par
l’assemblage aussi gratuit que possible (…) de titres et de fragments de titres découpés dans les journaux.
110
André BRETON, Manifeste du surréalisme, Paris, Éditions du Sagittaire, 1924 (D’après J.-L. FERRIER [dir.], L’aventure de l’art au XXe siècle, Paris,
Chêne-Hachette, 1988, p. 237)
102
5
Marcel BREUER, fauteuil
dit « Wassily », 1925
Ce siège en armature
tubulaire et en cuir illustre le
rapprochement entre art et
industrie dont le but est de
créer un objet à la fois beau et
fonctionnel. Ce rapprochement
est à l’origine du design*.
6
Georg MUCHE et Adolf
MEYER, salle de séjour de
la maison Am Horn, Weimar
(Allemagne), 1923
103
1 On se passionnait, en 1932, pour la construction du Normandie, que la France se préparait à mettre en service sur la ligne
de New York. Quand un avion passait dans le ciel, gros comme une mouche, tout le monde levait la tête. (…) Les records
automobiles (…) faisaient courir les imaginations. (…) Les 14 automobiles de la « Croisière jaune » Citroën, en 1931, partaient
sur les traces de Marco Polo, vers la Chine, 12 000 km d’une incroyable aventure qui tint en haleine le monde entier (…). Si
la rapidité et l’efficacité des communications ne cessaient de progresser, l’immense majorité des hommes, des femmes et
des enfants du début des années 1930 restaient fidèles à la sédentarité de leurs ancêtres. Beaucoup mouraient sans avoir
vu la mer. (…)
En 1932 apparurent dans les magazines belges les premières publicités offrant des vacances en Espagne. En 1934, le short
était roi sur le sable (…). Le bain de mer, en beaucoup d’endroits, était une opération compliquée. Elle exigeait que l’on
présentât d’abord son ticket au préposé en poste au bord de l’eau, coincé dans sa ceinture de sauvetage et armé d’une
trompette dans laquelle il soufflait dès qu’un baigneur s’éloignait à plus de 20 m. (…)
Il existait encore un nombre incroyable de petits commerces : près de 300 000 en Belgique, dont pas loin de la moitié
étaient exploités par des commerçants exerçant cette activité à titre accessoire en marge d’une profession principale.
Mais les méthodes commerciales commençaient à changer. Il y avait déjà de grands magasins (…) : en dehors du fait de
concentrer en un seul point un grand nombre de rayons diversifiés, ces établissements ne se démarquaient guère des
pratiques commerciales traditionnelles. Jean Van Ghijsel (…) révolutionna la distribution, en 1928, en ouvrant (…) son
premier magasin à « prix unique » ; la même année était née la société Sarma. Van Ghijsel inaugurait ainsi une nouvelle
formule, vite récompensée par le succès auprès des familles à revenus modestes, de magasins à rayons multiples destinés
à vendre en masse au plus bas prix possible.
Pierre STÉPHANY, Les années 20-30. La Belgique entre les deux guerres, II, Bruxelles, Paul Legrain, 1983, p. 35-41
104
5 Au début des années 1930, les architectes étaient convaincus que seules les déjà se permettre d’acquérir une machine à laver, en réalité une grande
constructions en hauteur pouvaient résoudre les problèmes de surpopulation cuve dans laquelle un bras métallique remuait le linge. Mais la majorité des
dans les villes. Mais les choses se passèrent autrement. Ce furent les riches femmes devaient encore se contenter de la planche à lessiver et de leurs
qui préférèrent aller vivre dans un appartement, pas les ouvriers. (…) Les seuls bras. (…) Si les classes aisées disposaient déjà d’un réfrigérateur, le
immeubles résidentiels étaient pourvus de tout le confort moderne : reste de la population devait encore se contenter d’une cave fraîche pour
ascenseurs, chauffage central, vide-ordures et cuisine Cubex. (…) conserver les aliments.
Dans les maisons de rangée, on trouvait dans le salon des meubles rustiques,
Marie-Anne WILSSENS, Heurs et malheurs. La vie quotidienne des Belges au XXe siècle,
de préférence lourds et massifs, et la cuisine était équipée d’un évier alimenté
Tielt, Lannoo, 1999, p. 59-61
par un robinet ou une pompe, d’un buffet et d’une table. Certains pouvaient
9 Quoi qu’en disent les ronchonneurs, nous déclarons que la conquête des vacances annuelles pour les ouvriers en
général représentera aussi une des réformes qui contribuera à nous faire accomplir un grand pas sur la voie de
la révolution sociale. (…) Les patrons (…), comme pour toutes nos autres revendications, (…) vociféreront que la
production en souffrira, que l’industrie périclitera (…). Notre prolétariat est assidu et, comme tout autre, il a bien le
En 1936, en Belgique, le
droit de bénéficier d’un congé annuel (…). Parlement vote une loi
Édouard DE VLAEMYNCK, plaidoyer, dans Le mouvement syndical belge, 1921 (D’après J.-P. DESCAN, Les vacances annuelles en Belgique : instituant des congés
la genèse et l’évolution jusqu’à nos jours, Bruxelles, Office national des Vacances annuelles, 1994, p. 15, sur www.onva-rjv.fgov.be, page payés. Ils s’élèvent à une
consultée le 30 janvier 2008) semaine pour les ouvriers.
105
2 L’armée belge, arrivée à la limite de ses moyens, avait dû cesser le combat le 28 mai 1940. (…). Le 14 juillet 1940, Hitler
prescrivait d’accorder aux Flamands « toute l’aide possible » mais de n’accorder aucune faveur aux Wallons. (…) Dès lors,
les libérations de soldats prisonniers dépendirent surtout de considérations linguistiques. Celles-ci résultaient beaucoup
plus (…) de l’idéologie raciste imprégnant les sphères dirigeantes du Reich* que d’une volonté sournoise de diviser un
ménage belge jusque-là tendrement uni. Ne sachant trop, en mai-juin 1940, ce qu’ils feraient de notre pays, les chefs
44
nazis entendaient malgré tout se réserver l’avenir en ménageant leurs cousins germains. Comme ces derniers étaient de
toutes façons plus nombreux, ils ne couraient guère de risques en serrant la vis aux francophones supposés plus hostiles
par nature. (…) L’examen linguistique n’était pas (…) bien compliqué. Une courte réponse en néerlandais, même boiteuse,
pouvait satisfaire l’examinateur. (…) Leur esprit inventif (…) permit à bon nombre de Wallons porteurs d’un patronyme
fleurant bon la Campine (…) de franchir ce mauvais pas. En mars 1941, 130 833 prisonniers flamands avaient profité des
85 circonstances pour prendre la clé des champs. (…) À peu près 2500 Flamands, une minorité, n’étaient pas partis, par esprit
de corps ou parce qu’ils se sentaient Belges. En septembre 1942, il restait encore 70 907 prisonniers, dont 4094 officiers.
Ces données se modifièrent au fil de temps, des rapatriements sanitaires, des évasions réussies (…). 67 500 Wallons durent
attendre la défaite du Reich* pour respirer à nouveau l’air de la liberté.
115
Alain COLIGNON, Une libération différée : « Nos prisonniers », un enjeu politique, dans Jours de paix 1945, Coll. « Jours de guerre », Bruxelles,
Dexia, 2001, p. 233-239
106
107
7 Le 19 novembre 1942, M. Jean Theugels, bourgmestre du Grand En expiation de ces crimes dont la dernière victime a été le
Charleroi, a été lâchement assassiné dans l’ombre par des éléments bourgmestre Theugels, l’autorité allemande a décrété que
encore inconnus alors qu’il quittait l’hôtel de ville. Cet assassinat est 10 personnes appartenant au milieu criminel seraient fusillées, si
l’un des chaînons d’une suite de lâches attentats perpétrés contre les coupables ne sont pas découverts pour le 25 novembre 1942
des membres de mouvements politiques wallons et flamands, et à 24 h.
qui se sont multipliés ces derniers temps. L’autorité occupante ne
Avis de l’Oberfeldkommandant de Mons, autorité régionale militaire installée
peut pas tolérer que des éléments criminels troublent l’ordre et la
par l’occupant, Mons, 21 novembre 1942 (D’après H. GALLE et Y. THANASSEKOS,
tranquillité dans le pays ni que la population soit mise en danger. La résistance en Belgique, Bruxelles, Collet, 1979, p. 45)
8 Chers Justes* de Belgique (…) risque quotidien d’être découverts, arrêtés et fusillés par
Aujourd’hui, est publié le rapport du CEGES1 sur les l’occupant nazi. Toutes ces personnes pour lesquelles
responsabilités d’autorités belges dans l’Holocauste*. la vie d’autrui était plus importante que le risque majeur
Ce rapport indique que les autorités se sont montrées qu’elles-mêmes encouraient. Ils ont sauvé la vie de
trop dociles. Pis, dans un certain nombre de cas, elles tellement d’hommes, de femmes et d’enfants juifs.
ont même collaboré à la déportation et à la persécution Pour ce courage exceptionnel, 1442 Belges ont vu leur
des Juifs en Belgique lors de l’occupation nazie. Il s’agit nom gravé comme Justes* au mémorial de Yad Vashem3.
là d’une page sombre de l’Histoire de notre pays. (…) Sans compter les nombreux autres Belges courageux
Je veux renouveler les excuses que j’ai présentées dont on ne connaît pas encore ou ne connaîtra peut-être
Sur une population à Malines2 en 2002, à l’occasion du soixantième jamais le nom. (…)
juive d’environ anniversaire de la déportation des Juifs de Belgique,
56 000 personnes en 1
Centre d’Études et de Documentation « Guerre et Sociétés
excuses que j’ai répétées en 2005 à Yad Vashem3,
Belgique, environ contemporaines ». Il a été chargé, par le Sénat, d’une recherche
à Jérusalem, devant l’ensemble de la communauté sur l’attitude des autorités belges, dont les secrétaires généraux,
31 000 ont été
internationale. (…) dans la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
sauvées (56 %) et
25 000 déportées. Il serait néanmoins injuste vis-à-vis d’un grand nombre Son rapport a pour titre La Belgique docile.
2
de nos concitoyens de seulement mettre l’accent sur les À la caserne Dossin, qui servit, durant la Seconde Guerre
Parmi celles-ci, mondiale, de lieu de rassemblement pour la déportation des Juifs
1200 ont survécu. erreurs et les faux pas. Vis-à-vis de ces Belges qui ont de Belgique. De 1942 à 1944, environ 25 000 Juifs partirent ainsi
bel et bien pris la défense de leurs semblables juifs. Ces de Malines.
Belges qui ont caché des Juifs, qui les ont protégés. Ces 3
Mémorial israélien érigé en 1953, en hommage aux victimes de la
citoyens et membres de la résistance qui, seuls ou avec Shoah* et aux Justes* de tous pays.
l’aide de leur famille, par le biais d’écoles, de couvents ou
Guy VERHOFSTADT, discours lors de la cérémonie en hommage
au sein de l’administration, la police, la gendarmerie ou aux « Justes » de Belgique, Bruxelles, 8 mai 2007 (D’après http://
la justice, ont apporté un soutien matériel et moral aux presscenter.org/archive, page consultée le 9 octobre 2007)
Juifs. Au péril de leur vie, en permanence. Confrontés au
108
109
1
Affiche du film
de Constantin
COSTA GAVRAS,
février 2002 À l’origine du film Amen de Costa-Gavras : la pièce de
Rolf HOCHHUTH, Le Vicaire (1963). Celle-ci raconte l’histoire
d’un jeune jésuite, Riccardo Fontana, qui apprend par un officier
SS*, Gerstein, les conditions d’extermination des Juifs en
Pologne. Le jésuite informe alors Pie XII et le supplie d’intervenir
publiquement, mais ce dernier ne réagit pas. Désespéré, Fontana
se mêle à un convoi de Juifs romains, arrêtés sous les fenêtres du
pape, et en partance pour Auschwitz. La représentation du Vicaire
en 1963 a provoqué une polémique qui n’a pas cessé depuis.
2 La polémique créée par Le Vicaire n’a pas cessé jusqu’à aujourd’hui (…). L’enjeu majeur tient à l’attitude de Pie XII devant
l’extermination des Juifs. Son silence pose plusieurs questions (…). Selon de très nombreux témoignages, Pie XII, pendant
15 toute la guerre, a été torturé par son impuissance devant tant d’abominations et de misères dont il se voulait solidaire
(…). Par ailleurs, le pape, par nature, par formation, par goût, était un diplomate. Prudent, pesant le pour et le contre, à la
ERIOTSIH
recherche du moindre mal, il ne s’est pas départi de cette attitude. (…) Jusqu’au bout, il s’est interrogé sur son devoir (…).
Malgré tout, c’est le silence qu’a choisi Pie XII. Même s’il a pu considérer que ses messages de Noël1 rappelaient la nécessité
du respect des droits de la personne humaine et dénonçaient le danger des nationalismes totalitaires*, la prudence chez
20 lui l’a emporté. (…)
Une clé de la stratégie suivie par Pie XII est sa hantise du danger communiste, le bolchevisme* étant à ses yeux l’ennemi le
plus redoutable du christianisme. (…) A-t-il vu dans le nazisme un rempart contre le communisme ? On ne saurait l’affirmer
mais ses craintes sont allées croissant au fur et à mesure du recul des armées allemandes. (…) À partir de 1944, il s’inquiète
pour l’avenir de la Pologne comme pour celui de toute l’Europe centrale, où l’arrivée de l’Armée rouge va installer des
83 régimes communistes et inaugurer une politique de persécution religieuse.
86 1
→ 43/4
Renée BÉDARIDA, Pie XII, dans J.-P. AZEMA et F. BEDARIDA (dir.), 1938-1948. Les années de tourmente : de Munich à Prague. Dictionnaire critique,
Paris, Flammarion, 1995, p. 1021-1024
110
4 Dans son message de Noël 1942, Pie XII dénonça toutes les cruautés de 5 En refusant de dénoncer publiquement la razzia romaine1, Pie XII ne
la guerre (…) et il évoqua « les centaines de milliers de personnes qui, sans s’écartait pas de la position qu’il avait adoptée lors de la déportation
aucune faute propre, parfois uniquement en raison de leur nationalité ou en masse de Juifs des différents pays d’Europe (…) ou lors des
de leur race, sont destinées à la mort ou au dépérissement ». Dans son assassinats de masse commis en Russie, en Ukraine et en Pologne.
allocution (…) du 2 juin (…) 1943, le pape revint encore sur ceux qui se Si une telle protestation avait été prononcée, il est tout à fait
tournaient vers lui parce que, à cause de leur nationalité ou de leur race, possible qu’un nombre plus important de catholiques se fussent
ils étaient « destinés, même sans faute de leur part, à des contraintes employés à venir au secours des Juifs dans les divers pays occupés,
exterminatrices ». (…) Si claires que fussent ces allusions pour qui et qu’un plus grand nombre de Juifs eussent ainsi pu échapper
voulait bien les entendre, ce n’était pas les condamnations explicites à leurs persécuteurs nazis. (…) De telles hésitations et une telle
que certains le priaient de fulminer. Mais dans le même discours, Pie XII ambivalence ne sauraient être séparées de la profonde suspicion
avait expliqué que chaque mot de ses déclarations publiques « devait dans laquelle l’Église continuait de tenir les Juifs (…). Pour la plupart
être considéré et pesé avec un sérieux profond dans l’intérêt même de des catholiques, les Juifs étaient toujours assimilés, d’un point de
ceux qui souffrent ». vue théologique, au peuple déicide (…). (…) Les Églises, catholique
Pie XII [adopta ensuite une attitude de] réserve (…). Le pape avait ou protestante, étaient incapables – à quelques honorables
envisagé l’éventualité de déclarations publiques, et ce n’est pas à la exceptions près – de se débarrasser de l’ancien enseignement du
légère qu’il trancha en faveur d’une action silencieuse. (…) Les motifs mépris à l’égard des Juifs, même si elles n’ont pas elles-mêmes
qui dictèrent le choix de Pie XII sont bien clairs (…) : les protestations ne conçu ou approuvé la Shoah*, ni collaboré à sa mise en œuvre.
servent de rien et elles peuvent rendre un très mauvais service à ceux
1
Arrestation massive par les SS* d’un millier de Juifs de Rome, la nuit du 15 au
que l’on penserait aider. (…)
16 octobre 1943. Elle est interrompue suite à l’intervention du secrétaire d’État
de Pie XII auprès de l’ambassadeur allemand.
Pierre BLET, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale, Paris, Librairie académique Perrin,
1997, p. 150-153
Robert S. WISTRICH, Hitler, l’Europe et la Shoah, Paris, Albin Michel, 2005,
p. 194-195
6 Face à la montée du nazisme et de l’antisémitisme, [Pie XI] fut d’une extrême une des raisons déterminantes de l’attitude du pape. Il s’en explique (…) le
fermeté1. Rien ne permet (…) de l’opposer à son successeur, étroitement 2 juin 1943 : « Toute parole (…) toute allusion publique devraient (…) être
associé à ces prises de position. Mais la guerre (…) [confronta] Pie XII à des sérieusement pesées et mesurées, dans l’intérêt même de ceux qui souffrent,
choix tragiques (…) : fallait-il parler ? Et si oui, de quelle façon ? (…) pour ne pas rendre leur situation encore plus grave et plus insupportable. » La
[En Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Slovaquie, dans la France de Vichy], crainte de représailles [sur les populations catholiques], la crainte de perdre
Rome fait pression par l’intermédiaire de ses représentants (…) pour limiter la possibilité d’interventions discrètes, sont au cœur de l’attitude du pape (…)
l’application des mesures antisémites*. (…) Mais (…) [Pie XII jugea vain de [qui] croit à l’action diplomatique.
protester publiquement et] ce fut pour lui un choix dramatique (…). Il l’écrivait
1
à l’évêque de Würzbourg : « Là où le pape voudrait crier haut et fort, c’est En 1937, dans son encyclique* Mit brennender Sorge, il avait condamné explicitement le
nazisme.
malheureusement l’expectative et le silence qui lui sont imposés ; là où il
voudrait agir et aider, c’est la patience et l’attente qui s’imposent. » Dans Jean-Marie MAYEUR, L’Église catholique, dans J.-M. MAYEUR, Ch. PIETRI, A. VAUCHEZ et
[une lettre] (…), il affirme qu’un des motifs pour lesquels il s’impose « des M. VENARD (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, XII, Paris, Desclée-Fayard,
limites » (…) est la volonté « d’éviter des maux plus grands ». Là est bien 1990, p. 329-334
111
1 % de la
Pays Militaires Civils population
de 1939
Allemagne 4 500 000 2 000 000 8
Belgique 11 000 100 000 1,5
Chine 2 500 000 ? 0,5
États-Unis 300 000 0,2
France 250 000 350 000 1,5
Italie 400 000 100 000 1
Japon 2 000 000 350 000 3
Pologne 300 000 5 000 000 14
Royaume-Uni et Empire 300 000 80 000 1
URSS 10 000 000 10 000 000 10
Yougoslavie 300 000 1 400 000 10
42 2 Harry OAKES,
camp de Bergen Belsen, entre le 21 et le 24 avril 1945
45
3 Grâce à l’avance de l’Armée rouge, nous sommes libérées le 27 avril 1945. Un mois plus tard, nous rentrons en Belgique ! (…)
Je me sens seule, ni saine, ni sauve. Ceux qui sont restés en Belgique ne peuvent ni comprendre ni même imaginer d’où je
reviens ! Certains me reprochent d’avoir abandonné les leurs ! La déprime ne me quitte plus. Je déménage d’une mansarde
à l’autre. Je vois mourir mon cher ami Adolphe Goldgewicht, ancien combattant d’Espagne et ancien résistant, faute de
87-88 soins appropriés (les médecins ne connaissent pas encore les maladies concentrationnaires). Mon unique consolation sont
mes amies, anciennes déportées, aussi paumées que moi. Une aide matérielle me parvient de « Solidarité juive ». Après une
102 opération et six mois de convalescence, je recommence à travailler. (…)
Témoignage de Sarah GOLDBERG, dans Partisans armés juifs. 38 témoignages, Bruxelles, Les enfants des partisans juifs de Belgique, 1991, p. 216
112
5 Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de choses. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux
et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de
commentaires enthousiastes, que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un
ballon de football. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va
falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.
En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer la découverte qui se met au service de la plus formidable rage de
destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. (…) Voici qu’une angoisse nouvelle nous est posée, qui a toutes les chances d’être
définitive. (…)
Albert CAMUS, Éditorial, dans Combat, 8 août 1945
6 Environ 400 000 « dossiers de la répression » sont conservés par les services de la justice militaire. (…) La majeure partie de ces dossiers
(228 000) fut classée sans suite. Pour 59 500 dossiers, l’enquête mena à une ordonnance de non-lieu. Pour 57 000 autres, le Ministère public
décida de poursuivre. 53 000 d’entre eux débouchèrent sur une condamnation et les 4000 restants sur un acquittement. Ces dossiers se
rapportent à des individus soupçonnés de collaboration, ou du moins sur lesquels pesait une présomption. En les classant par type de délit, on
arrive aux résultats suivants : 58 784 dossiers concernent le travail volontaire en Allemagne ; 52 398 la collaboration économique (…) ; 76 470 la
collaboration militaire (…) ; 32 845 la dénonciation (…). 1335 dossiers ont trait à l’espionnage et 6018 à des délits divers. (…)
Jean-Yves MINE, La consultation des archives de la répression : procédures, possibilités et limites, dans D. LUYTEN et Ch. KESTELOOT (dir), Répression et archives judiciaires :
problèmes et perspectives, Coll. « Bulletin du CEGES », Bruxelles, CEGES, 2003, p. XXIV
113
Stanislas HORVAT, Le déroulement de procès d’inciviques* devant les juridictions militaires en 1944-1949, dans D. LUYTEN et Ch. KESTELOOT (dir),
Répression et archives judiciaires : problèmes et perspectives, Coll. « Bulletin du CEGES », Bruxelles, CEGES, 2003, p. III, XIV, XVI
8
Transformations
territoriales et
déplacements de
populations en Europe
entre 1944 et 1950
(D’après J.-P. AZÉMA
et F. BÉDARIDA [dir],
1938-1948. Les années
de tourmente : de
Munich à Prague.
Dictionnaire critique,
Paris, Flammarion, 1995,
p. 683-691 et I.C.B.
DEAR [dir], The Oxford
companion to the second
world war, Oxford-
New York, The Oxford
University Press, 1995,
p. 934-935)
Les mouvements de population en Europe entre 1945 et 1950 concernent 50 à 60 millions de personnes :
- des réfugiés, civils ayant fui les zones de combat ;
- des déportés, prisonniers de guerre et travailleurs forcés ;
- des populations expulsées, essentiellement des Allemands chassés des anciens territoires orientaux du Reich* ;
- des populations qui se déplacent en fonction des nouvelles frontières des États (déplacements forcés ou spontanés).
114
Nicolas WERTH, Un État contre son peuple (D’après S. COURTOIS, N. WERTH, J.-L. PANNE, A. PACZKOWSKI, K. BARTOSEK et
J.-L. MARGOLIN [dir], Le livre noir du communisme. Crimes, terreur et répression, Paris, Laffont, 1997, p. 255-257)
115
1 Les opérations de paix de l’ONU (D’après Questions internationales, n° 11, janvier-février 2005, p. 37)
63
87-88
Les opérations de paix de l’ONU sont multiples : elles peuvent assurer la surveillance d’un cessez-le-feu
102
entre des belligérants (maintien de la paix ou Peacekeeping), participer à la mise en place d’un processus de
paix (rétablissement de la paix ou Peacemaking), contribuer au renforcement de bases d’accord existantes
entre belligérants (imposition de la paix ou Peace Enforcement) ou participer à la reconstruction d’un État
(Peacebuilding).
116
3 La lutte contre le sida* illustre l’absolue nécessité de penser et de conduire Contrôle international des Drogues (PNUCID), l’Organisation internationale
conjointement l’action internationale de façon globale et de façon régionale du Travail (OIT).
(…). Les Caraïbes sont, après l’Afrique subsaharienne, la région du monde la Le plan stratégique utilise des instruments juridiques internationaux comme
plus affectée par le sida*. (…) En juin 2001, la BIRD a adopté un programme la convention des droits de l’enfant, la convention sur l’élimination de toute
caraïbe de prévention du sida*, d’un montant de 155 millions de dollars, qui forme de discrimination contre les femmes et le code de conduite de l’OIT
a permis le lancement du plan stratégique (2002-2006) de la CARICOM1. sur le « sida* et le monde du travail ». Il est exemplaire d’une nouvelle
Outre les acteurs régionaux, les partenaires comprennent un grand nombre configuration de l’action publique sur la planète.
d’institutions du système des Nations unies : (…) le bureau régional pour
1
Carribean Community and Common Market
les Amériques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme
des Nations unies pour le Développement (PNUD) (…), le Fonds des Nations Jacques TÉNIER, Universalisme et régionalisme : les chemins du partenariat, dans Questions
unies pour l’Enfance (UNICEF), (…) le Programme des Nations unies pour le internationales, n° 11, janvier-février 2005, p. 74
117
3 Nous sommes à un moment crucial de l’Histoire mondiale où chaque nation doit faire un choix entre deux modes de vie.
Trop souvent, ce choix n’est pas libre. Un mode de vie est basé sur la volonté de la majorité. Il a pour caractéristiques des
institutions pluralistes, un Gouvernement représentatif, des élections sans entraves, des libertés individuelles garanties, le
droit de s’exprimer, de choisir sa religion, d’être à l’abri de l’oppression politique. L’autre mode de vie est fondé sur la volonté
d’une minorité qui s’impose à la majorité par la contrainte, qui établit son pouvoir sur la terreur et l’oppression, en contrôlant
la presse et la radio, en déterminant l’issue des élections, en supprimant les libertés personnelles.
47
Je crois que la politique des États-Unis devrait être de soutenir les peuples libres qui résistent aux tentatives de les soumettre
qui sont faites par des minorités armées ou des pressions extérieures. Je crois que notre aide doit se manifester en tout
premier lieu sous la forme d’une assistance économique et financière (…).
En aidant les nations libres et indépendantes à maintenir leur liberté, les États-Unis mettront en œuvre les principes de la
Charte des Nations unies1. (...)
89-90
Les germes des régimes totalitaires sont nourris par la misère et le besoin. Ils se répandent et grandissent dans la mauvaise
terre de la pauvreté et de la guerre civile. Ils parviennent à maturité lorsqu’un peuple voit mourir l’espoir qu’il avait mis en
une vie meilleure. Nous devons faire en sorte que cet espoir demeure vivant.
115 1
→ 87/2
Harry TRUMAN, discours prononcé devant le Congrès américain, Washington, 12 mars 1947 (D’après P. de SENARCLENS, De Yalta au Rideau de fer : les
grandes puissances et les origines de la guerre froide, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1993, p. 271)
118
Andrei JDANOV, rapport présenté devant la Conférence d’information des partis communistes, réunion constitutive du Le Krokodil est un journal satirique soviétique créé en
Kominform*, Szklarska-Poreba (Pologne), le 22 septembre 1947 (D’après Ch. ZORGBIBE, Textes de politique internationale 1922. Sur le cou de l’animal on peut lire en caractères
depuis 1945, Coll. « Que sais-je », Paris, PUF, 1985, p. 17-28) cyrilliques : « plan Marshall ». Dans le coin inférieur
droit, « Zap. Europa » signifie « Europe occidentale ».
119
1 Armement Désarmement
1945-… 1945 : les États-Unis font exploser deux bombes
nucléaires à Hiroshima et Nagasaki (Japon).
1949, URSS : 1re bombe A*
1952, Royaume-Uni : 1re bombe A*
1952, États-Unis : 1re bombe H*
1953, URSS : 1re bombe H* 1953 : Antarctique, zone dénucléarisée
1955-… 1956, URSS : missiles à longue portée (6000 km) 1957 : création de l’AIEA
1957, Royaume-Uni : 1re bombe H*
1960, France : 1re bombe A* 1963 : États-Unis, URSS et Royaume-Uni s’interdisent les
1964, Chine : 1re bombe A* essais nucléaires dans l’atmosphère et dans les fonds
marins.
1967 : Amérique latine, zone dénucléarisée
1965-… 1967, Chine : 1re bombe H* 1968 : traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP)
1968, France : 1re bombe H* 1972 : convention sur l’interdiction des armes
bactériologiques ; accords fixant un plafond aux armements
stratégiques* (SALT I)
1974 : traité sur la limitation des essais nucléaires
1974, Inde : 1re bombe A* souterrains (non ratifié par les États-Unis)
1975-… 1975- : l’URSS déploie des missiles intermédiaires* 1979 : accords SALT II (non ratifiés par les États-Unis suite à
(SS-20) en Europe de l’Est ; l’OTAN réagit en déployant les l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS)
Pershing
1979, Israël : 1re bombe A*
2-3
1983-1985 : l’OTAN déploie des missiles intermédiaires*
(Pershing) en Europe occidentale et les États-Unis
préparent l’IDS.
1985-… Armes chimiques utilisées dans la guerre Iran-Irak 1985 : Pacifique Sud, zone dénucléarisée
14 1987 : États-Unis et URSS signent le traité prévoyant le
retrait des missiles intermédiaires* (SS-20 et Pershing).
ERIOTSIH
1991 : traité START sur la réduction des armes stratégiques*
1993 : convention sur l’interdiction des armes chimiques
1995-… 1995 : Asie du Sud-Est, zone dénucléarisée
44 1996 : Russie, France et Royaume-Uni signent le traité TICE
1998, Inde : essai bombe A* (interdiction complète des essais nucléaires).
56 1998, Pakistan : 1re bombe A* 1997 : convention prohibant les mines anti-personnelles
(non signé par les États-Unis et Israël)
2001, États-Unis : alerte à l’arme chimique (anthrax) 2001 : première conférence onusienne sur les armes
légères
2005-… 2005, Corée du Nord : 1re bombe A* 2005 : renouvellement du TNP pour une durée indéterminée
89-91 2007 : l’Iran est suspecté de se doter d’armes nucléaires. 2007 : projet d’interdiction des armes à sous-munitions*
120
5 Le monde est-il plus en paix en 2004 qu’en 1979 ? L’évolution générale [Le] risque d’utilisation d’armes de destruction massive* (ADM) (nucléaire,
indique une amélioration de la sécurité internationale, mais de nouveaux chimique ou biologique) reste problématique à trois niveaux. D’abord,
dangers apparaissent, qui pourraient annoncer un renversement de les tentatives de certains nouveaux États désireux d’acquérir l’arme
tendance. (…) nucléaire. Ensuite, la volonté de certains groupes terroristes d’utiliser des
Trois indicateurs nous permettent d’évaluer l’évolution de ces 25 dernières ADM « rudimentaires » (davantage chimiques, plus aisées à fabriquer que
années. Le premier est le nombre de conflits de tous types. (…) Le deuxième les armes nucléaires). Mais aussi la relance de nouveaux programmes
indicateur est le nombre total de têtes nucléaires. (…) Aujourd’hui, on en nucléaires par les États-Unis qui adoptent des doctrines qui rendraient
dénombre environ 20 000, soit le tiers de l’arsenal de 1986. Le troisième possible l’emploi de l’arme nucléaire lors de prochaines guerres. (…)
indicateur est celui des dépenses militaires mondiales. (…) Globalement, L’autre danger est la poursuite de la prolifération des armes
on peut constater qu’en 1979, nous étions dans une phase ascendante conventionnelles*, et des armes légères en particulier.
pour ces trois indicateurs. Au nombre de 640 millions dans le monde, celles-ci occasionnent la mort
Les sommets ont été atteints à peu près au même moment pour le total de 500 000 personnes chaque année. Alimentant les guerres civiles, elles
des têtes nucléaires (1986) et les dépenses militaires (1987), puis quelques y sont l’objet d’un trafic organisé par des groupes mafieux, ce qui permet
années plus tard pour les conflits (1993). notamment d’armer les organisations terroristes.
L’élément explicatif majeur de la décroissance de ces trois indicateurs a
Bernard ADAM, Depuis 25 ans, la sécurité internationale s’est améliorée, mais de nouveaux
été la fin de la guerre froide (…). Si la menace d’un holocauste* nucléaire
dangers apparaissent, dans Nouvelles du Grip, 2004 (D’après www.grip.be, page consultée
entre les deux blocs a bel et bien disparu (…), deux dangers subsistent. (…) le 5 décembre 2007)
121
122
123
124
6 Mon engagement politique date de la guerre et de l’Occupation. Avec mon mari, 7 Être reçu dans la résistance communiste, c’était (…),
Jean-Toussaint Desanti, nous avons rejoint le Front national, le mouvement de résistance après avoir perdu patronyme, logis, rue, école, métier,
communiste. Au bout de quelques mois, j’ai adhéré au PCF. J’étais au courant de la foyer, recouvrer une appartenance. C’était aborder à la
« Grande Terreur »1. Mais nous étions en 1943, au moment de la bataille de Stalingrad : terre ferme d’un pays certes imaginaire mais pour une
tout notre espoir de liberté reposait sur l’URSS. (…) part déjà défini et concret. C’était faire fondre l’indicible
L’alternative pour moi était claire : soit je faisais part de mes doutes et j’étais alors tristesse de la perte de sens que la persécution avait
immédiatement exclue ; je devenais traître défendant des traîtres. Soit je me taisais. C’est infligée à l’existence quotidienne et la faire fondre à
cette solution que j’ai choisie. (…) Il aurait fallu que je me désolidarise des grèves, des la chaleur d’une patrie souterraine, flottant quelque
mineurs qui étaient mes héros. C’était enfin rompre avec tous mes amis : si quelqu’un part entre limbes et catacombes, mais vivante et tout
était exclu du parti, il n’existait plus pour les autres, au point qu’on traversait la rue pour ne animée de la certitude de lendemains enchanteurs. (…)
pas lui dire bonjour. (…) Est-ce un hasard si, à plat ventre dans l’herbe que le
Il faut ajouter qu’en tant que journaliste intellectuelle, j’étais un porte-voix du parti et, jeune printemps 1943 faisait reverdir, les lèvres collées
au-delà des masses, du bon sens : nous avions forcément raison. (…) Pour nous, être à la terre, je murmurais fiévreusement, comme le
communiste, c’était lutter pour l’égalité de tous les travailleurs. barbier de Midas, le secret qui était le mien : je suis
Avec le « rapport secret » de Khrouchtchev en 1956, nous nous sommes aperçus que tout communiste, je suis communiste. L’adhésion au
ce que nous prenions pour des erreurs judiciaires, des règlements de comptes, constituait communisme renouait, contre le monde menaçant qui
un système. J’étais dès lors décidée à partir. Mais la rupture était difficile. La passion m’enserrait, m’enterrait, m’humiliait, les liens qui me
politique ressemble à une passion amoureuse : on préfère ne pas voir, ne pas savoir, plutôt rattachaient à un autre monde sans doute lointain mais,
que d’être déçu. Finalement, c’est l’intervention des chars soviétiques en Hongrie en 1956 lui aussi, vaste, puissant, combatif.
qui m’a définitivement éloignée du parti.
Annie KRIEGEL, Ce que j’ai cru comprendre, Paris, Laffont, 1991,
1
Période de répression stalinienne des années 1937-1938 en URSS (→ 32) p. 196
Dominique DESANTI, Pourquoi j’ai été stalinienne, propos recueillis par Héloïse KOLEBKA, dans L’Histoire,
n° 247, octobre 2000, p. 52
8 Cette étude a permis tout d’abord d’évaluer l’écho respectif de ces trois le mouvement tchécoslovaque fut totalement éclipsé par le mouvement
crises : il fut très inégal. Le plus important fut celui provoqué par l’insurrection de Mai 68 (…). L’écho de la crise polonaise fut beaucoup plus important.
hongroise de 1956. La gauche, majoritaire alors dans le champ intellectuel Beaucoup d’intellectuels français, en phase avec le mouvement « Solidarité »,
français, fut bouleversée par la répression soviétique. Le Parti Communiste se mobilisèrent pour sa défense. Cette attitude quasiment unanime tient à
[Français], qui avait approuvé celle-ci, vit bon nombre d’intellectuels quitter l’évolution idéologique qui s’était opérée dans l’intelligentsia depuis le milieu
ses rangs. Quant aux progressistes, beaucoup prirent parti en faveur du des années 1970. Le système communiste était perçu désormais comme
mouvement – qu’ils interprétaient comme une révolution anti-stalinienne un totalitarisme*, et condamné au nom des droits de l’homme et de la
en faveur d’un « vrai » communisme – et s’indignèrent de l’intervention démocratie.
armée. L’URSS perdit à leurs yeux l’aura acquise pendant la Seconde
Florence GRANDSENNE, Les intellectuels français face aux crises du communisme en
Guerre mondiale. Le Printemps de Prague, 12 ans plus tard, ne suscita au
Europe du Centre-Est (1956-1981), dans Labyrinthe. Actualité de la recherche, n° 7,
contraire chez les intellectuels qu’un intérêt limité [notamment] parce que p. 164-166 (D’après http://revuelabyrinthe.org, page consultée le 19 octobre 2007)
125
58
2
Joseph KUDELKA, photographie, Prague, 21 août 1968
126
4 Par crainte de perdre sa place, l’instituteur enseigne à ses élèves des choses
Gustav Husak est 1er secrétaire du Parti
auxquelles il ne croit pas ; par crainte pour leur avenir, ses élèves les répètent après
Communiste de 1969 à 1987 et président
lui (...). Par crainte de suites éventuelles, les gens participent aux élections, y votent de la République tchécoslovaque de 1975
pour les candidats proposés et font semblant de prendre cette liturgie pour de à 1989.
réelles élections (...). De peur d’être empêchés de poursuivre leur travail, nombre
de savants et d’artistes se réclament d’idées auxquelles en fait ils n’adhèrent pas
(…). Pour leur salut personnel, certaines gens vont jusqu’à en dénoncer d’autres, 5 Quantité de droits civiques sont appliqués dans notre pays,
pour des actes qu’ils ont commis ensemble. (…) De quoi les gens ont-ils peur ? hélas seulement sur le papier. (...) La liberté de confession
Des procès ? De la torture ? (…) De la déportation ? Bien sûr que non. (...) [Ce religieuse est systématiquement entravée par l’arbitraire du
que craint] l’homme d’aujourd’hui, [c’est], par exemple, de perdre la possibilité de pouvoir (...). D’autres droits civiques, y compris l’interdiction
travailler dans sa spécialité (…). Même le plus humble des manœuvres peut être expresse de toute atteinte arbitraire à la vie privée et familiale,
déclassé, affecté à un travail plus pénible, gagner moins ; même lui peut regretter au domicile et à la correspondance, sont sérieusement
d’avoir, dans une réunion ou un café, dit ouvertement ce qu’il pensait. Ce système violés aussi du fait que le ministère de l’Intérieur contrôle
de pression ne pourrait fonctionner avec succès s’il ne reposait pas sur la puissante la vie privée des citoyens : écoutes téléphoniques, micros
et omniprésente police d’État. Cette effrayante araignée a tissé sur toute la société dans les appartements, contrôle du courrier, filature (...).
une toile invisible.
Vaclav HAVEL avec la signature de 257 citoyens tchécoslovaques,
Vaclav HAVEL, lettre ouverte à Gustav Husak, 1975 (D’après V. HAVEL, Essais politiques, trad. J. Rupnik, Charte 77, Prague, 1er janvier 1977 (Adapté d’après Libération,
Paris, Calmann Lévy, 1989, p. 11-14) 7 février 1977, p. 1)
6 Le syndicat indépendant et autogéré « Solidarnosc » s’est formé à partir du justice, de la démocratie, de la vérité, de la légalité, de la dignité humaine, de
mouvement des grèves de 1980. (...) En une année, il a gagné tous les milieux la liberté de pensée, du renouveau de la Pologne et non seulement de pain,
du monde du travail : ouvriers et paysans, intellectuels et artisans. À l’origine de beurre et de saucisson. (...)
de notre syndicat, il y a simplement les besoins des gens simples de notre C’est l’aboutissement logique de l’action indépendante d’ouvriers,
pays, leurs souffrances et déceptions, leurs espoirs et désirs. Notre syndicat d’intellectuels et de jeunes, des efforts de l’Église pour la sauvegarde des
s’est développé à partir d’une révolte de la population polonaise, éprouvée valeurs, c’est l’héritage de toutes les luttes pour la dignité humaine menées
pendant plus de 30 ans par les violations des droits de l’homme et du citoyen. dans notre pays.
(...) Les conditions de vie ne nous importent pas seules, quoique l’on ait mal
Programme de Solidarnosc, Gdansk, 7 octobre 1981 (D’après G. LE QUINTREC, Histoire
vécu et que l’on ait travaillé dur et si souvent sans résultat. L’Histoire nous a
Terminales L/ES, Paris, Nathan, 2004, p. 229)
appris qu’il n’y a pas de pain sans liberté. Il s’agit également, pour nous, de la
127
André FONTAINE, Année des foules et des foulards, 1989 aura vu la passion de la liberté renverser murs et dictatures, dans Le Monde,
3 janvier 1990, p. 1
Photographie, Berlin,
10 novembre 1989
9
Caricature parue dans
New Press, Hanovre
(Allemagne), 22 août 1989
1
Entités fédérées au sein de l’État fédéral allemand, réunifié en 1990
Bilan de la réunification allemande en 2002 (D’après Textes et documents pour la classe, n° 861, octobre 2003, p. 8)
128
Alain GRESH (dir.), L’Atlas, Le Monde diplomatique, Paris, A. Colin, 2006, p. 136-137
La fin des « États-satellites » de l’URSS, 1988-1989
11 (D’après E. KULESZA-MIETKOWSKI, Les derniers jours des démocraties
populaires, dans L’Histoire n° 236, octobre 1999, p. 57)
13 Évolution du PNB des pays de l’Est Chômage en Pologne Le passage d’une économie communiste
(en %) (en % de la population active) à une économie capitaliste creuse le fossé
1989 0,2 0 entre les revenus. Le démantèlement
du COMECON a brutalement privé les
1990 - 7,4 6,3 industries des pays de l’Est de leurs
1991 - 11,1 11,8 débouchés mutuels. De plus, les produits
occidentaux, de meilleure qualité et plus
1992 - 4,1 12,9 attractifs, sont arrivés sur leurs marchés.
1993 - 2,0 14,9 La fermeture d’entreprises a engendré
du chômage, ce qui a encore rétréci
1994 + 3,7 16,4 la demande. Mais les investissements
1995 + 5,0 15,2 étrangers et le redressement de la Russie
ont amorcé une reprise économique.
2004 18,8
Deux indicateurs de l’évolution économique et sociale après 1989 (D’après Paul BAIROCH, Victoires et déboires.
Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, III, Paris, Gallimard, 1997, p. 329-335)
129
2
PANCHO, caricature,
dans Le Monde,
17 mai 1990
130
4 Gorbatchev (… ) a déchaîné des forces qu’il n’a pas pu maîtriser. En 5 [Présenter la perestroïka*] comme un développement du socialisme, et même
ce sens, il a revêtu les habits de l’apprenti sorcier. Et a tué l’Union comme un retour au sens véritable de la doctrine léniniste – en 1986, Gorbatchev
soviétique. (…) En voulant [la] guérir, Gorbatchev a précipité sa fin. (…) proclama que, selon Lénine, le socialisme et la démocratie ne faisaient qu’un
Gorbatchev a ouvert les fenêtres dans les deux sens, vers l’intérieur (…) – ne pouvait participer que de deux cas de figure : soit il s’agissait d’une ruse
et vers l’extérieur. En mettant en œuvre la glasnost* (…) il a voulu manifeste, soit d’une illusion non moins évidente. Quelques années plus tard,
s’ouvrir aux intellectuels et se concilier l’Occident. Il a ainsi suspendu Gorbatchev reconnut avec franchise : « Nous avons tous partagé des illusions … »
le brouillage des radios et fait assaut de complaisance en matière de Il ne le comprit, pourtant, qu’après avoir essayé de mettre en pratique ses idées
négociations sur le désarmement. Il fallait montrer que l’URSS était initiales sur le « léninisme véritable ». La liste des illusions que Gorbatchev et ses
en train de changer. Ouvertes à tous les vents, les fenêtres ont laissé compagnons perdirent en très peu de temps est impressionnante : toutes leurs
pénétrer (…) des courants d’air qui ont emporté ce malade (…) reclus idées sur la viabilité du modèle soviétique de socialisme en tant que système
jusque-là dans l’atmosphère confinée d’une structure complètement capable de fonctionner « naturellement » sans s’appuyer sur la coercition et la
verrouillée. Les deux ressorts du régime totalitaire (…), l’idéologie et manipulation idéologique ; celles encore sur le degré d’attachement de leur propre
la terreur, étant éliminés successivement, le communisme soviétique société à l’« idéal socialiste » et sur la possibilité de répéter, au milieu des années
ne reposait plus que sur l’immobilisme. (…) Gorbatchev voulait (…) 1980, le projet inachevé lancé par les réformateurs du Printemps de Prague1, en
réconcilier le parti avec le peuple, promouvoir un communisme qui d’autres termes rénover, rajeunir et moderniser un régime politique archaïque
aurait admis une part de marché et un État de droit. Il s’est lancé dans après l’avoir lié à la démocratie (…). Pour finir, Gorbatchev, trompé par ses illusions,
cette affaire inconsidérément. (…) Il n’avait pas mesuré l’impopularité sous-estima la farouche résistance aux réformes de la vieille nomenklatura*, ainsi
du communisme dans les pays de l’Est ni la force du nationalisme et que l’appétit de pouvoir des forces nouvelles éveillées par la perestroïka*. Cette
l’aspiration à l’indépendance dans les Républiques soviétiques. Isolé, erreur de calcul s’avéra fatale.
le régime n’avait aucune idée des réalités sociales et baignait dans un
état de béatitude incrédule sur l’avenir. 1
→ 50/2
Pierre HASSNER, Les derniers jours de l’URSS, dans L’Histoire, n° 223, juillet-août Andreï GRATCHEV, Le mystère Gorbatchev. La Terre et le Destin, Paris, Éditions du Rocher, 2001,
1998, p. 96 p. 127
6 C’est l’une des curiosités des réformateurs communistes [dont fait partie son « rôle dirigeant » moyennant l’élimination des excroissances pathologiques
Gorbatchev] : ils se sont toujours donné pour objectifs irréalistes de réformer de sept décennies de pouvoir absolu, elle trahit une certaine naïveté de la part de
certains aspects de leurs systèmes sans toucher à d’autres, d’introduire des Gorbatchev. Dans un système autoritaire, le pouvoir est indivisible : en abandonnant
incitations par le marché tout en maintenant la planification centrale, d’accorder une partie, c’est finir par tout perdre. (…) L’ampleur des contradictions qu’ils
une plus grande liberté d’expression tout en laissant au parti le monopole de suscitèrent finit par emporter Gorbatchev et sa révolution dirigée.
la vérité. Mais la réforme partielle ou la réforme d’un secteur indépendamment
Tony JUDT, Après guerre. Une Histoire de l’Europe depuis 1945, [trad.] Paris, A. Colin, 2007,
des autres était par nature contradictoire. Le « pluralisme dirigé » ou un « marché
p. 704-705
socialiste » était d’avance condamné. Quant à l’idée que le parti pouvait conserver
131
Dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays d’Asie, puis d’Afrique accèdent
à l’indépendance. C’est notamment le cas de l’Inde, de l’Indochine, du Maroc, du Congo (→ 53) et de l’Algérie.
Comment les peuples colonisés obtiennent-ils leur indépendance ? Comment les métropoles réagissent-elles ?
1 Le Comité du Congrès1 pense que de récents événements2 viennent de démontrer clairement que la domination anglaise en
Inde doit cesser aussi vite que possible (...). La puissance de cette domination est avilissante, affaiblit l’Inde et la rend de moins
en moins capable de se défendre d’abord, et de défendre ensuite la cause de la liberté.
Au lieu de reposer sur la liberté, les méthodes des Alliés se fondent sur la domination des pays coloniaux assujettis et sur
le maintien des techniques et des traditions impérialistes (...). L’Inde, cette victime typique de l’impérialisme moderne, est
devenue le nœud de l’affaire, car c’est sur la libération de l’Inde que l’on jugera l’Angleterre et les Nations unies3 et que les
peuples d’Asie et d’Afrique trouveront source d’enthousiasme et d’espoir.
La fin de la domination britannique sur ce pays est donc une question vitale et primordiale ; de son dénouement proche
dépendront l’avenir de la guerre et le triomphe de la liberté et de la démocratie. Une Inde libre sera le meilleur gage de ce
triomphe (...).
Dès la déclaration de l’indépendance de l’Inde, un Gouvernement provisoire sera formé et l’Inde libre deviendra l’alliée des
Nations unies3, partageant avec elles ses entreprises et ses épreuves dans le combat commun pour la liberté.
1
Parti indien fondé en 1885 par des intellectuels libéraux, et dont Gandhi est la figure dominante à partir de 1915.
2
Les armées japonaises occupent la Birmanie et sont aux portes de l’Inde.
3
Alliés
Résolution Quit India du Parti du Congrès, août 1942 (D’après Y. TROTIGNON et P. WAGRET [e.a.], Histoire de 1939 à nos jours, Paris, Scodel, 1983, p. 92)
132
Camp retranché français depuis décembre 1953, Dien-Bien-Phu est assiégé par les
troupes du Viêt-minh, du 13 mars au 7 mai 1954, date de la reddition française. La
défaite est cuisante. Les accords de Genève signés en juillet 1954 mettent fin à la
présence française et divisent le Viêtnam en deux : la République démocratique du
Viêtnam au nord du 17e parallèle et l’État national du Viêtnam au sud. Les accords
de Genève en 1954 prévoyaient que des élections libres devraient se tenir au
Nord et au Sud, en vue de la réunification des deux Viêtnam ; mais elles ne seront
organisées ni par le Nord ni par le Sud.
133
134
Henri-Irénée MARROU, France, ma patrie..., dans Le Monde, 5 avril 1956 (Adapté d’après http://www.ldh-toulon.net, page consultée le 4 janvier 2008)
11 La conclusion du « cessez-le-feu » en Algérie, les dispositions adoptées pour que les populations y
choisissent leur destin, la perspective qui s’ouvre sur l’avènement d’une Algérie indépendante coopérant
étroitement avec nous, satisfont la raison de la France. Car ce qui vient d’être décidé répond à trois
vérités qui sont aussi claires que le jour. La première, c’est que notre intérêt national, les réalités
Une majorité de Français désirant la paix, des françaises, algériennes et mondiales, le sens de l’œuvre et du génie traditionnels de notre pays,
négociations s’ouvrent à Évian en mai 1961, nous commandent de vouloir qu’en notre temps, l’Algérie dispose d’elle-même. La seconde, c’est
mais sont interrompues en raison de la guerre. que les grands besoins et les vastes désirs des Algériens pour ce qui est de leur développement,
Elles reprennent en 1962 et les accords sont les nécessités modernes de leur progrès économique, technique, culturel, la présence au milieu
signés le 18 mars. Ils prévoient la fin des
d’eux d’une communauté de souche française importante par le nombre, et, plus encore par le rôle
opérations militaires, l’évacuation totale de
qu’elle joue aujourd’hui et que la France lui demande de jouer demain dans l’activité locale, l’effectif
l’armée française dans un délai de trois ans
et l’organisation en Algérie d’un référendum*
des musulmans qui viennent de l’autre bord de la Méditerranée travailler ou s’instruire dans notre
d’autodétermination. Ils garantissent aussi les métropole*, imposent à l’Algérie de s’associer à notre pays. Enfin, la troisième vérité c’est que, par-
droits des Européens, le maintien des bases dessus les combats, les attentats, les épreuves, et en dépit de toutes les différences de race, de
et des moyens militaires de la France ainsi que vie et de religion, il y a, entre la France et l’Algérie, non seulement de multiples liens tissés au long
la poursuite de l’assistance économique et de des 132 ans de leur existence commune, non seulement les souvenirs des grandes batailles, où les
la coopération culturelle. Avec le soutien de enfants de l’un et de l’autre pays luttèrent côte à côte dans nos rangs pour la liberté du monde, mais
l’armée, Ben Bella prend le pouvoir en août 1962 encore une sorte d’attrait particulier et élémentaire. Qui sait même si la lutte qui se termine et le
et l’Assemblée nationale constituante proclame sacrifice des morts1 tombés des deux côtés n’auront pas, en définitive, aidé les deux peuples à mieux
la République algérienne. En 1963, Ben Bella comprendre qu’ils sont faits, non pour se combattre, mais pour marcher fraternellement ensemble
est élu président. Mais la situation sociale et sur la route de la civilisation ?
économique suscite le mécontentement, et
les rivalités entre les anciens chefs de la lutte 1
Le bilan global, difficile à établir, est estimé à plus de 200 000 morts, militaires et civils.
pour l’indépendance fragilisent Ben Bella. Cette
situation de crise aboutit, le 18 juin 1965, au Charles de GAULLE, discours télévisé prononcé après la signature des accords d’Évian, Paris, 18 mars 1962 (D’après
coup d’État du colonel Houari Boumédiène qui C. de GAULLE, Discours et messages, III, Paris, Plon, 1970, p. 391-393)
installe un régime fort.
135
« La vaste et pittoresque
agglomération des cités indigènes
où, au sud-ouest de Léopoldville,
vivent les quelque 300 000
autochtones de la capitale
congolaise, était en liesse, le
18 mai, à l’occasion de la visite
qu’allait lui faire le roi. Tout un
peuple fit fête au souverain avec
une exubérance indescriptible.
(…) L’auto du chef de l’État est
précédée par les voitures de
journalistes et des cinéastes.
Des deux côtés de l’avenue, la
foule libère son enthousiasme. »
(La première semaine du voyage
triomphal du roi dans notre
colonie, dans Le Patriote Illustré,
n° 22, 29 mai 1955, p. 67)
1 Photographie de la première visite du roi Baudouin au Congo, Léopoldville, 18 mai 1955, dans Le Patriote illustré,
n° 22, 29 mai 1955, p. 67
2 J’écris ces lignes en écoutant le reportage du retour de S.M. le roi Baudouin. (…) On peut se demander maintenant pourquoi le Congo
est si calme alors que les autres empires coloniaux craquent et s’effondrent. (…) Sous l’impulsion d’un grand roi, (…) les Belges se sont
installés au Congo (…) avec leur puissance de travail et leur foi chrétienne. (…) [Les] Belges fixés au Congo ont pratiqué une méthode de
52 colonisation essentiellement basée sur la paternalisme, c’est-à-dire le lien naturel le plus puissant qui puissent unir entre eux les hommes.
Je n’ignore pas que ce paternalisme est aujourd’hui objet d’horreur pour bon nombre d’Européens et qu’il a eu parfois ses excès (…). Mais
54 celui qui en reçoit le bien-être matériel et les bénéfices spirituels en juge autrement. Il sait que la méthode est bonne car il en éprouve
les résultats. S’il est réaliste – et lorsqu’on a vécu difficilement, on l’est toujours –, il ne le troquera pas contre une ombre. Les Noirs de
notre Congo l’ont dit nettement aux journalistes étrangers qui accompagnaient le roi Baudouin. (…) Si j’insiste sur ce paternalisme (…),
[c’est qu’]il nous fait (…) comprendre l’accueil triomphal que le roi Baudouin a reçu au Congo. Il est rigoureusment vrai de dire que notre
roi a été accueilli par ses sujets africains comme le père de son peuple. Les hommages qui lui ont été prodigués le prouvent : ils émanent
93 de fils reconnaissants.
Marcel DE CORTE, Le roi et notre Congo, dans La Libre Belgique, 14 juin 1955, p. 1
136
BAUDOUIN Ier, discours prononcé lors des cérémonies d’indépendance, Léopoldville, Patrice LUMUMBA, discours prononcé lors des cérémonies d’indépendance, Léopoldville,
30 juin 1960 (D’après J. STENGERS, La Belgique et le Congo. Une décolonisation 30 juin 1960 (D’après J. STENGERS, La Belgique et le Congo. Une décolonisation
révolutionnaire, dans Histoire de la Belgique contemporaine 1914-1970, Bruxelles, révolutionnaire, dans Histoire de la Belgique contemporaine 1914-1970, Bruxelles,
La Renaissance du Livre, 1975, p. 434-435) La Renaissance du Livre, 1975, p. 435)
5 Un demi-million d’enfants indigènes fréquentaient les écoles évitons ainsi de faire des mécontents, des gens auxquels on
belges, au niveau élémentaire seulement. Les meilleurs élèves refuse les situations pour lesquelles ils se prétendent qualifiés »,
étaient ensuite orientés vers un enseignement pratique qui les disaient les Belges. Belges et indigènes coexistaient d’une
rendait aptes à occuper des postes subalternes dans l’industrie façon qui convenait aux premiers et que les seconds semblaient
ou les plantations. (…) Très peu de sujets exceptionnels accepter de bon gré. Plusieurs Européens me firent remarquer
terminaient leurs études en Belgique ou en France. (…) que les relations entre Blancs et Noirs étaient plus satisfaisantes
L’administration coloniale ne tenait d’ailleurs pas à développer au Congo qu’aux États-Unis. Certes, il n’était pas question de
l’enseignement supérieur. Les Belges estimaient que le temps mariages mixtes et la différence de moyens économiques
n’était pas encore venu, étant donné que le gros de la population restait énorme. Mais pas de ségrégation dans les transports en
demeurait complètement analphabète. (…) [Elle] trouvait ce commun ni aux terrasses des cafés.
système préférable aux pratiques des Britanniques et des
Robert MURPHY, Un diplomate parmi les guerriers, Paris, Laffont, 1965,
Français, qui ouvraient leurs universités aux jeunes indigènes
p. 350-351 (D’après J. BOUILLON [dir.], Le temps présent. Le XXe siècle depuis
d’intelligence supérieure, sans se soucier de leur assurer par 1939, Paris, Bordas, 1983, p. 101-103)
la suite une situation compatible avec leur instruction. « Nous
137
8 Au Congo et au Ruanda-Urundi, la formation des élites et des cadres d’homme à homme, de véritables liens d’amitié. (…)
dirigeants responsables est en retard d’une génération, par rapport La reconnaissance de droits politiques à une élite qui possède bien
aux territoires coloniaux britanniques et français limitrophes. (…) Si une maturité politique suffisante, mais pas encore une habilité
nous le voulons, dans une génération, nos territoires africains seront administrative suffisante, peut être au surplus un moyen opportun
en mesure de prendre en mains la responsabilité de leurs propres de ménager des étapes de transition, dans un pays qui risque d’être
destinées. C’est notre devoir et notre intérêt d’y pourvoir. (…) secoué par le brusque passage de la colonisation à la liberté. (…)
À mon avis, la solution se trouve dans la perspective d’une souple L’autorité de l’État, c’est-à-dire le pouvoir législatif et exécutif, ne
confédération entre la Belgique, d’une part, et, d’autre part, une pourra être transmis à l’Afrique que progressivement et dans les
grande fédération congolaise progressivement édifiée. (…) limites de solides lois de cadre, au fur et à mesure que les populations
Les « relations humaines » entre les deux races, dont le roi a dit congolaises recevront des droits politiques et deviendront aptes à
qu’en ce moment elles constituaient le problème essentiel de notre défendre l’intérêt général au niveau du Gouvernement fédéral du
politique coloniale, forment la base psychologique et morale à défaut Congo.
de laquelle l’avenir de notre tâche en Afrique serait sérieusement
Jef VAN BILSEN, Un plan de trente ans pour l’émancipation politique de l’Afrique
compromis. Les indigènes sentent d’une manière aiguë l’absence
belge, dans Dossiers de l’Action sociale catholique, février 1956 (D’après J. VAN
de relations sociales entre Noirs et Blancs et principalement entre BILSEN, Congo 1945-1965. La fin d’une colonie, Bruxelles, CRISP, 1994, p. 373-388)
familles européennes et africaines, l’absence de franches relations
9 (…) il faut que les Belges comprennent dès maintenant que leur Congolais, et à la sincérité avec laquelle la Belgique nous
domination sur le Congo ne sera pas éternelle (…) ; (…) au- aidera à réaliser notre autonomie politique ; nous demandons
delà du plan de trente ans, nous (…) demandons (…) un plan d’être intéressés à l’élaboration du plan de trente ans dont il
global d’émancipation totale, (…) économique, ou sociale (…) est question. Sans cette participation, un tel plan ne pourrait
de progrès dans l’éducation et la culture. (…) qui oserait parler avoir notre assentiment ; (…) notre mouvement national n’est
d’émancipation véritable si la direction de toute la vie écono- pas inspiré par la haine mais par la fraternité et la justice (…)
mique, la propriété des entreprise industrielles, agricoles et nous demandons aux Européens d’abandonner leur attitude de
commerciales devaient indéfiniment rester, d’une manière mépris et de ségrégation raciale. (…)
exclusive, entre les mains d’Européens (…) ; (…) cette amitié de
Manifeste de Conscience africaine, Léopoldville, juillet-août 1956 (D’après
la Belgique, nous ne la mesurons pas au montant des capitaux
J. VANDERLINDEN, La crise congolaise, Bruxelles, Complexe, 1985, p. 56-57)
investis, mais à l’attitude des belges du Congo à l’égard des
138
12 L’indépendance fut promise pour le 30 juin 1960. (…) Les décisions étant prises, au Congo dans des conditions plus favorables que ne l’avaient fait la France
le roi convoqua un conseil de la Couronne1. (…) Il ne restait qu’à s’incliner ou la Grande-Bretagne pour certaines de leurs colonies. Mais il y avait aussi
devant le fait accompli et à souhaiter bonne chance à ceux qui avaient agi. les malins qui espéraient tout garder en faisant mine de tout céder. (…) Le
Leurs mobiles étaient complexes. (…) Pour les expliquer, il faut tenir compte des réveil brutal fut à la mesure des illusions entretenues. Les cérémonies de
éléments suivants, s’ajoutant les uns aux autres : le courant de décolonisation, l’indépendance furent rendues pénibles par un insolent discours de Lumumba,
la guerre d’Algérie qui paraissait un exemple à éviter à tout prix, le fait que la prononcé en présence du roi.
grande majorité des Belges ne voulait donner ni un sou, ni un homme pour
1
défendre la colonie. Réunion des ministres du Gouvernement et des ministres d’État sous la présidence du
roi
Une certaine philosophie politique généreuse animait ceux qui croyaient
marcher avec leur temps et même le devancer en accordant l’indépendance Paul-Henri SPAAK, Combats inachevés, II, Paris, Fayard, 1969, p. 238-239
139
Aujourd’hui, la République démocratique du Congo (RDC) est considérée comme un des « pays les moins
avancés ». Comment la jeune République indépendante fondée en juin 1960 en est-elle arrivée là ? Quelles
perspectives s’ouvrent pour demain ?
1 Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à
la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons
montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre
de rayonnement de l’Afrique tout entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses
enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles. Nous allons mettre
fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales
prévues dans la Déclaration des droits de l’homme. (…) Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes,
mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
(…) Nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de
nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et ne cherchera pas à nous
imposer une politique quelle qu’elle soit. (…)
Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis
dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la
république ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre
pays. L’indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.
Patrice LUMUMBA, discours prononcé lors des cérémonies d’indépendance, Léopoldville, 30 juin 1960 (D’après J. VAN BILSEN, Congo 1945-1965. La fin
d’une colonie, Bruxelles, CRISP, 1994, p. 235-236)
140
7 1959 1966 1970 1977 1990 1992 1996 2000 2004 2005
Cuivre 282,3 316,8 387 481,2 355,7 147,2 40,1 30,8 19,7 5,2
Sous la pression de la communauté internationale et d’une
Cobalt 8,4 11,2 13,9 10,2 10 6,4 4,1 3,7 8,8 1,5
opposition croissante, dont celle de l’Église et d’Étienne
Zinc 67,2 113,4 104,3 72,3 38,2 18,8 3,2 0, 2 5 3 Tshisekedi, dirigeant d’un des principaux partis d’opposition,
Or fin 10,8 4,9 5,6 2,5 0,005 0,002 0,001 0,001 0,001 l’Union pour la Démocratie et le Progrès social, Mobutu accepte,
en avril 1991, la réunion d’une Conférence Nationale Souveraine.
Évolution de quelques productions minières (en milliers de tonnes) du Zaïre puis de la République
démocratique du Congo, 1959-2005 (D’après J. VANDERLINDEN, Du Congo au Zaïre. 1960-1980, Bruxelles, Elle est composée de 2850 délégués des partis et de la société
CRISP, 1981, p. 195 ; G. MUTAMBA LUKASA, Congo-Zaïre, la faillite d’un pays : déséquilibre macro-économique civile. Son rôle est d’élaborer un projet de Constitution. Mais
et ajustements (1988-1999), Coll. « Cahiers africains », Tervuren, CEDAF, 1999, p. 15, 45 et http://www. l’opposition à Mobutu est divisée et après 6 ans de débats, la
planeteafrique.com/rdc, page consultée le 22 janvier 2008) « Transition » se termine en mai 1997 par le renversement de
Mobutu par Laurent-Désiré Kabila.
141
11 Les changements en Europe de l’Est ont (…) provoqué dans de nombreux pays d’Afrique la remise en question des régimes
marxistes et des systèmes de partis uniques. Un pluralisme, plus ou moins limité, est maintenant à l’essai ou envisagé (…).
Le multipartisme n’est d’ailleurs pas une totale nouveauté. Au lendemain des indépendances, la plupart des pays africains en
avaient tenté l’expérience. Une expérience embryonnaire puisque (…) un seul parti, déjà, dominait tous les autres. C’est lui (…)
qui allait bientôt détenir les leviers de commande et éliminer ses rivaux, trop chétifs. Au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Zaïre, ils
étaient des dizaines [après l’indépendance]. Ce sont eux, avec d’autres, qui se réveillent aujourd’hui. (…) [Mais] l’expérience
du multipartisme des années 1960 avait conduit à la confusion et aux querelles sanglantes. En fait de démocratie, on avait
« inventé » la logique des règlements de comptes, généralement impitoyables. Et c’est bien souvent sur ces charniers que se
sont construits peu à peu ces « États forts » que l’on voit faiblir aujourd’hui. (…)
Sur le plan économique, en tout cas, [ces systèmes de parti unique] ont [aussi] prouvé leur défaillance. Non seulement [ils
n’ont] pas résolu les problèmes, mais bien souvent, ils les nourrissent. « Le développement de nombreux pays d’Afrique
subsaharienne s’est trouvé inutilement limité par leur système politique » déclarait (…) M. Barber Conable, président de la
Banque mondiale.
Catherine SIMON, Démocratie : l’adieu au parti unique ?, dans Le Monde, 1er juin 1990, p. 7
142
CHERI-CHERIN,
La mort de l’État zaïrois, 1999
13 Après 3 ans de transition politique, la République démocratique du Congo se prépare 14 Le président [Joseph] Kabila a lui-même annoncé1 cinq
à ses premières élections pluralistes depuis 40 ans. Les élections présidentielles1 et priorités de son mandat : les infrastructures, la création
législatives auront lieu le 30 juillet (…). Malgré des avancées incontestables, au moins d’emplois, l’éducation, la santé, l’eau et l’électricité. Il a aussi
cinq obstacles restent à franchir. Premièrement, le boycott des élections par l’un des insisté sur la transparence dans la gestion des affaires de
principaux partis d’opposition2 (…). Deuxièmement, la persistance de l’insécurité au l’État. Ces chantiers pourraient sans nul doute contribuer à
Sud et au Nord-Kivu, en Ituri et au Katanga à cause notamment des groupes armés qui améliorer le quotidien des Congolais dans un pays où les
terrorisent la population. (...) Troisièmement, les retards de la réforme du secteur de services publics sont en ruine et où plus de 1000 personnes
la sécurité auront un impact négatif sur les capacités des institutions qui sortiront des meurent chaque jour faute de soins de santé. Pour ce faire,
élections à assurer l’ordre public et la défense nationale. Quatrièmement, la présence d’autres défis devront être relevés en même temps voire
des groupes armés étrangers à l’est du pays3 entretient la méfiance entre la RDC et au préalable : poursuivre et achever l’intégration de l’armée
ses voisins (…). (…) Par ailleurs, les élections ne sont qu’une étape. Au lendemain de et la formation de la police, mettre en place un système
celles-ci, de nombreux défis seront à relever, notamment la lutte contre la corruption, judiciaire fonctionnel, mobiliser et gérer efficacement les
le rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, la bonne gestion recettes publiques, lutter contre l’impunité, promouvoir la
des affaires publiques et des ressources naturelles et minières du pays pour une réconciliation nationale, mais aussi assurer la cohérence
amélioration des conditions de vie de tous les citoyens. des interventions des bailleurs de fonds. (…)
1 1
Joseph Kabila sera élu président au deuxième tour des élections en novembre 2006. Dans son discours d’investiture le 6 décembre 2006
2
L’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), parti d’Étienne Tshisekedi
3
Les troupes rwandophones du général Nkunda Pamphile SEBAHARA, Les autres défis du Congo, entretien avec G. PAPY,
dans La Libre Belgique, 5 janvier 2007, p. 24-25
Pamphile SEBAHARA, RD Congo : des élections historiques, dans Les Nouvelles du GRIP, n° 40,
2e trimestre 2006, p. 6-7
143
1 La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. L’Europe
ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une
solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne
soit éliminée : l’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne.
Dans ce but, le Gouvernement français propose de porter immédiatement l’action sur un point limité mais décisif : [il]
propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier, sous une haute autorité commune,
dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe. (…) La mise en commun des productions de
charbon et d’acier (…) changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes dont elles ont été les
plus constantes victimes. La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et
l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. (…)
Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d’intérêts indispensable à l’établissement d’une communauté
économique et introduit le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par
des divisions sanglantes. (…)
Cette proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de
la paix .
Déclaration de Robert SCHUMAN, Paris, 9 mai 1950 (D’après Notes et études documentaires, n° 1339, 13 juin 1950, p. 3)
2 Le président de la République fédérale d’Allemagne, Son Altesse royale le prince royal de Belgique, le président de la
République française, le président de la République italienne, Son Altesse royale la grande-duchesse de Luxembourg, Sa
Majesté la reine des Pays-Bas,
Considérant que la paix mondiale ne peut être sauvegardée que par des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la
menacent ;
4 Convaincus que la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien
de relations pacifiques ;
Conscients que l’Europe ne se construira que par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait, et par
l’établissement de bases communes de développement économique ;
Soucieux de concourir par l’expansion de leurs productions fondamentales au relèvement du niveau de vie et au progrès des
44
4
œuvres de paix ;
Résolus à substituer aux rivalités séculaires une fusion de leurs intérêts essentiels, à fonder par l’instauration d’une communauté
économique les premières assises d’une communauté plus large et plus profonde entre des peuples longtemps opposés par
des divisions sanglantes, et à jeter les bases d’institutions capables d’orienter un destin désormais partagé ;
Ont décidé de créer une Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (…).
95
Préambule du traité instituant la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), Paris, 18 avril 1951 (D’après Traités instituant les
Communautés européennes, Bruxelles-Luxembourg, Office des Publications officielles des Communautés européennes, 1979, p. 15)
144
5 L’action de la Communauté comporte (…) : h) le rapprochement des législations nationales dans la mesure nécessaire
a) l’élimination, entre les États membres, des droits de douane et des au fonctionnement du marché commun ;
restrictions quantitatives à l’entrée et à la sortie des marchandises (…) ; i) la création d’un Fonds social européen, en vue d’améliorer les possibilités
b) l’établissement d’un tarif douanier commun et d’une politique commerciale d’emploi des travailleurs et de contribuer au relèvement de leur niveau de
commune envers les États tiers ; vie ;
c) l’abolition, entre les États membres, des obstacles à la libre circulation des j) l’institution d’une Banque européenne d’Investissement, destinée à
personnes, des services et des capitaux ; faciliter l’expansion économique de la Communauté par la création de
d) l’instauration d’une politique commune dans les domaines de ressources nouvelles (…).
l’agriculture ;
e) l’instauration d’une politique commune dans le domaine des transports Article 3 du traité instituant la Communauté économique européenne (CEE), Rome, 25 mars
1957 (D’après Traités instituant les Communautés européennes, Bruxelles-Luxembourg, Office
(…) ;
des Publications officielles des Communautés européennes, 1987, p. 125-126)
f) l’établissement d’un régime assurant que la concurrence n’est pas faussée
dans le marché commun ; (...)
145
Philippe LEMAÎTRE, Les Douze signent à Maastricht le traité instituant l’Union européenne. Une
étape décisive dans la construction communautaire, dans Le Monde, 8 février 1992, p. 6
Bon Vent, mais sans nous, dans The Daily Telegraph, janvier 2002 (D’après Courier international,
n° 584, 10 janvier 2002, p. 15)
146
10
147
Les 15 plus grandes entreprises mondiales selon leur chiffre d’affaires (D’après
Fortune Global 500, 23 juillet 2007, http://money.cnn.com, page consultée le
21 octobre 2007)
6
3 Entre 1982 et 2000, la dette extérieure nette des États-Unis – le solde entre leurs créances sur le reste du
monde et celles du reste du monde sur eux – a été multipliée par 8, passant de 250 milliards de dollars à plus
de 2000, soit 22,6 % de leur produit intérieur brut (PIB). Ce sont donc des flux financiers publics (près de 1000
milliards en bons du Trésor américain1 sont détenus par les banques centrales d’Europe, du Japon) et des
64
4
flux privés, en provenance de l’étranger, qui ont financé la consommation [et] l’expansion économique (…)
[américaines] des années 1990. Les promoteurs de cette stratégie affirment que les déficits américains tirent
67-68 la croissance mondiale en stimulant les exportations des pays tiers.
1
70 Emprunt à court terme émis par l'État
Philip S. GOLUB, De la dette comme outil de l’hégémonie, dans Atlas du Monde diplomatique, hors série de Manière de voir, Paris,
janvier 2003, p. 100
148
5 Au total, les travailleurs pauvres, les chômeurs de longue durée et les familles sans 7 (…) Éducation ? Les élèves noirs (…) sont beaucoup plus
emploi et sans revenus significatifs (…) constituent une proportion non négligeable de la susceptibles de se retrouver dans une école mal dotée.
population. (…) On estime à 20 % ou 25 % la part de la population qui se trouve dans une Santé ? L’espérance de vie des Noirs est inférieure de
situation de gêne permanente. (…) Concentrées dans des municipalités qui ne peuvent six ans à celle des Blancs (…). Justice ? Les Noirs sont
assurer un [service public de qualité] compte tenu du faible revenu que leur procurent beaucoup plus souvent interpellés sur la voie publique
les impôts locaux, [les populations pauvres] disposent d’écoles et de centres de soins que les Blancs et quatre fois plus susceptibles d'être
médiocres ou inefficaces, habitent dans des logements insalubres, desservis par (…) des condamnés à mort pour un crime identique. (…) Enfin,
transports publics rares, chers et mal entretenus, sans protection policière suivie (…). alors que les mariages entre Blancs et Hispaniques sont
courants, ils demeurent toujours aussi rares entre Blancs
Pierre GERVAIS, L’avènement d’une superpuissance, Coll. « 20/21 », Paris, Larousse, 2001, p. 172-173
et Noirs (0,6 % du total).
Serge HALIMI, Contradictions du « melting pot », dans L’Atlas du monde
6 George STEINMETZ, photographie, Papouasie (Nouvelle Guinée), sans date diplomatique, hors série de Manière de voir, 2003, p. 104-105
9 Si la guerre d’Irak a montré les limites de la puissance américaine, il serait (Microsoft, Google, Intel…). (…) Les États-Unis occupent la première place
trop rapide de conclure au déclin des États-Unis. Certes, les États-Unis en termes de brevets déposés. L’Amérique exerce un effet d’attraction
connaissent à peu près partout dans le monde un taux d’impopularité très fort sur les élites du monde, continue à démontrer des capacités
historique jamais atteint auparavant. À cette image négative viennent d’intégration remarquables, et sa culture populaire (cinéma, musique,
s’ajouter les problèmes économiques posés par les déficits commerciaux et etc.) a toujours une position prépondérante sur le plan international. Les
budgétaires. Pourtant les ressorts de la puissance américaine sont toujours États-Unis, la société américaine, le mode de vie américain font toujours
présents. Les États-Unis gardent, et de loin, le premier PNB mondial (…). rêver des millions d’individus.
Six des dix premières multinationales* sont américaines et les entreprises
Pascal BONIFACE, Les États-Unis sont en déclin, dans Le Vif/L’Express, 19 octobre 2007,
américaines sont dominantes dans le secteur des nouvelles technologies
p. 50
149
1 (…) La finalité de la lutte doit être la destruction de l’impérialisme. (…) Pour viser la destruction de l’impérialisme, il faut en
identifier la tête, qui n’est autre que les États-Unis d’Amérique du Nord. (…) Comme nous pourrions envisager le futur de
manière lumineuse si deux, trois, beaucoup de Viêtnam fleurissaient sur le globe (…), avec leur héroïsme quotidien, leurs
coups répétés à l’impérialisme (…). Toute notre action est un cri de guerre contre l’impérialisme, une clameur pour l’unité
de nos peuples contre le grand ennemi du genre humain, les États-Unis d’Amérique du Nord. En quelque lieu que nous
surprendra la mort, qu’elle soit bienvenue pourvu que notre cri de guerre soit entendu, qu’une autre main se tende pour
empoigner nos armes.
Ernesto GUEVARA DE LA SERNA, Créer deux, trois, beaucoup de Viêtnam, dans supplément de Tricontinental, 16 avril 1967, p. 8-11 (Trad. G. PYCKE
d’après www.ujc-madrid.org, page consultée le 4 novembre 2007)
2 Le Gouvernement révolutionnaire commença à faire ses premiers monopoles nord-américains. (…) Puis fut édictée la réforme agraire
pas. La première mesure qu’il prit fut de réduire de 50 % les loyers (…). Plus de 200 000 familles de paysans mouraient de faim dans
que payaient les familles (…). Ensuite fut promulguée une autre loi nos campagnes faute de terre. (…) Non seulement les terres mais
annulant les concessions que le Gouvernement tyrannique de Batista les mines étaient la propriété des monopoles américains.
avait attribuées à la Compagnie du Téléphone, qui était un monopole
Fidel CASTRO, première déclaration de La Havane, le 2 septembre 1960 (D’après
nord-américain. (…) La troisième mesure fut l’abaissement des
C. GLUCKSMANN [éd.], Discours de la révolution, Coll. « Le Monde en 10-18 », Paris,
tarifs de l’électricité (…). Ce qui amena un second conflit avec les Union générale d’Éditions, 1966, p. 69-72)
3 Les dirigeants [cubains] (…) favorisèrent par des mesures sociales (dont
l’éducation) l’intégration des femmes à la force de travail, ce qui devait se
répercuter sur les niveaux de fécondité. (…). Il faut porter au crédit de la révolution
d’avoir (...) [étendu] à tous (…) des avantages qu’auparavant seuls pouvaient
se procurer ceux qui (…) pouvaient se les payer. (…) Certes (…) des inégalités
persistent, mais tous ont accès (…) à des biens et services essentiels, soit que
12 ceux-ci soient gratuits (éducation, santé), soit qu’ils soient disponibles à des prix
subventionnés (logement, aliments, transport, loisirs). (…) [Les] transformations
que la révolution a réalisées ont ajouté deux ou trois ans à l’espérance de vie des
Cubains.
16
6
Claude MORIN, La révolution cubaine et son impact sur les comportements démographiques,
dans E. VILQUIN (dir.) Chaire Quételet 1989 : révolution et population : aspects démographiques
ERIOTSIH
des grandes révolutions politiques, Louvain-la-Neuve, Academia, 1990, p. 95-117
90
En haut à droite, on lit :
96 « Juge-toi toi-même et ne reviens pas »,
traduit du vieux chilien.
150
6 L’épopée du « petit condottiere du XXe siècle » est belle. Elle ne masque pas, pour autant, les zones 7 Sans précédent dans le monde, le Chili
d’ombre de la personnalité secrète, froide et intransigeante d’un homme qui fut d’abord un marxiste vient de donner une preuve extraordinaire
dogmatique (…). À Cuba même, alors qu’il est nommé (…) responsable de la réforme agraire, directeur de son haut niveau de conscience et de
de la banque centrale et ministre de l’Industrie, il se déclare partisan d’une nationalisation* totale développement politique, permettant à
de l’économie (…). Mais son manque de sens pratique et son incompétence devaient conduire à un mouvement anticapitaliste d’assumer
l’échec cette industrialisation à marche forcée de l’économie cubaine. (…) Autre zone d’ombre de la le pouvoir par le libre exercice des droits
personnalité du Che, sa dureté (…). Le Che aurait ordonné des dizaines d’exécutions dans la Sierra civiques. Il les assume pour orienter le pays
Maestra, procédant lui-même à plusieurs d’entre elles. (…) vers une nouvelle société, plus humaine,
dans laquelle les buts ultimes sont (…) la
Pierre VAYSSIÈRE, Che Guevara, la face cachée d’un guérillero romantique, dans L’Histoire, n° 214, octobre 1997, p. 6-7
socialisation progressive des moyens de
production et le dépassement de la division
des classes (…). Nous en finirons avec les
8 En prenant le contrôle de la production du cuivre sans débourser un escudo, le Gouvernement Allende monopoles qui livrent à quelques douzaines
se donne le moyen de financer sa politique économique ; mais il heurte de front le big business nord- de [firmes] le contrôle de l’économie.
américain. (…) Dès sa prise de fonction, le Gouvernement de l’Unité populaire applique plusieurs mesures Nous en finirons avec les latifundia1 qui
sociales : la médecine gratuite dans les hôpitaux, la retraite à 60 ans, l’extension des allocations familiales condamnent encore des milliers de paysans
(…), etc. Peu après, il instaure un blocage des prix de détail (…). L’agression des États-Unis contre le Chili à la soumission, empêchant ainsi le pays de
n’est pas une invention de la propagande (…). Dès septembre 1970, la CIA et l’International Telegraph tirer de ses terres les aliments dont nous
and Telephone (ITT) conçoivent un projet d’asphyxie financière du Chili. En octobre 1971, la direction avons tant besoin (...). Nous en terminerons
d’ITT transmet à la Maison-Blanche un plan en 18 points, qui conseille notamment ces mesures : avec le processus de dénationalisation*, de
« continuer à restreindre les prêts (…), suspendre les relations commerciales (…), utiliser les stocks de plus en plus important, de nos industries et
cuivre américain au lieu d’acheter le cuivre chilien, (…) » etc. (…) La politique économique d’inspiration de nos sources de travail, qui nous soumet
keynésienne1 suivie par le Gouvernement Allende a d’abord connu une réussite spectaculaire, ensuite à l’exploitation étrangère.
un échec retentissant – du fait de son propre laxisme monétaire, du sabotage de l’oligarchie chilienne et 1
Grandes propriétés agricoles
du blocus financier des États-Unis. Dès lors, l’Unité populaire a été prise dans un engrenage : le chaos
économique a provoqué le basculement des classes moyennes, le renforcement des partis de droite, la Salvador ALLENDE, discours inaugural comme
division des partis de gauche et, finalement, l’intervention des forces armées président du Chili, 5 novembre 1970 (D’après
S. SPOERER, Chili, dans Encyclopædia Universalis, V,
1
→ 80 Paris, Encyclopædia Universalis, 1993, p. 467)
Guy BOURDE, L’échec d’Allende (1970-1973), dans L’Histoire, n° 48, septembre 1982, p. 13-18, 23
10 Cuba Chili
9 Le régime de Pinochet (1973-1990) n’a pas seulement été une dictature qui a violé les droits de l’homme, 1960 2052 4320
qui a assassiné, torturé, poursuivi, qui a semé la terreur et emprisonné des milliers de Chiliens. Il a 1970 1917 5293
été aussi une période de profonde transformation, dont l’objectif ultime était la refondation complète 1973 2245 5093
de la société chilienne. Une véritable révolution de droite qui (…) essaie de créer un ordre nouveau à 2644 5738
1980
partir d’un modèle néolibéral du point de vue économique et une démocratie autoritaire du point de
1990 2948 6402
vue politique (…). Le coup d’État de septembre 1973 a accordé ainsi à la droite chilienne l’occasion
historique d’instaurer un projet de société en accord avec ses intérêts et sa vision du monde. (…) 2000 2414 9841
Elle aspirait ainsi à minimiser l’intervention de l’État, ce qui était une condition préalable pour le libre Évolution du PIB par habitant (en $) de Cuba et du
fonctionnement des forces du marché ainsi que pour la dépolitisation de la société. Chili (1960-2000) (D’après A. MADDISON, L’économie
mondiale, statistiques historiques, Paris, OCDE,
Rodrigo CONTRERAS OSORIO, Le Chili en quête d’un avenir, dans Le Monde, 14 décembre 2006, p. 22 2003, p. 129, 132, 151, 154)
151
2
Les institutions
de la Russie en
2000 (D’après Le
Vif/L’Express, 31 mars
2000, p. 55)
32
2
3 Du fait du désengagement de l’État, des catégories professionnelles, reste cependant extrêmement nombreuse : 25 % des Russes
(…) enseignants, personnels de santé, chercheurs, ouvriers (…) qui sont classés officiellement comme vivant au-dessous du seuil de
disposaient de divers avantages, ont vu (…) leur pouvoir d’achat pauvreté. (…) Fait significatif, début 2005, c’est l’annonce [de la
51
fondre (…). La réduction ou le non-versement des pensions (…) a quasi-suppression] de la gratuité des transports urbains pour les
engendré pour la plupart des retraités, mais aussi pour les militaires retraités, qui a engendré le premier mouvement social massif et
64
et les familles nombreuses, des conditions de vie précaires. Pour largement spontané de l’ère Poutine, contraignant celui-ci à revoir
eux, le choc a été particulièrement rude en 1992-1993, quand la cette mesure qui mettait fin à un des acquis soviétiques les plus
réforme monétaire1 et la libéralisation des prix ont laminé leur appréciés.
épargne, alors que le retard de versement des salaires et retraites
1
En 1992, le change du rouble devient flottant et sa valeur se déprécie.
devenait systématique. (…) Le redémarrage de l’économie à
92 partir de 1998 a permis d’améliorer la situation et le nombre de Jean RADVANYI et Gérard WILD, La Russie entre deux mondes, dans
personnes à très faibles revenus s’est tassé ; cette catégorie La Documentation photographique, n° 8045, 2005, p. 10
152
5 Après le 11 septembre 2001, le (…) « terrorisme islamiste* » devient [à Moscou] une clé de lecture dominante du conflit tchétchène, hypothèse alimentée par
la multiplication des actes terroristes, et notamment des attentats-suicides. Nombre d’entre eux traduisent pourtant plus un désespoir personnel et collectif
face à un conflit sans issue qu’une adhésion idéologique à l’Islam radical. De surcroît, les courants islamistes* influencés par I’Arabie Saoudite – présents
depuis le début des années 1990 dans tout le Nord-Caucase, où ils ont bénéficié du retour de combattants d’Asie centrale et d’Afghanistan – doivent partager
leur influence avec les jamaat, groupes locaux qui se revendiquent aussi de l’Islam radical, mais également avec les courants non religieux de la résistance
armée ainsi qu’avec des représentants de l’Islam traditionnel soufi, dont certains sont prêts à s’allier avec Moscou. C’est d’ailleurs en cherchant à jouer de ces
dissensions au sein même de la société tchétchène que le Kremlin
met en place, en juin 2000, une autorité tchétchène favorable à
sa politique, sous la houlette de l’ancien mufti Akhmad Kadyrov,
administrateur puis président. Il sera assassiné en mai 2004.
Depuis 2004, des éléments convergent pour attester une certaine
stabilisation (…). [Mais], très fragile, la situation, caractérisée
par le pourrissement interne et l’absence totale de perspective
collective, peut rebasculer à tout moment (…). Avec à leur tête
Ramzan Kadyrov, fils de l’ancien président, les milices tchétchènes
de l’administration prorusse font régner la terreur. Aujourd’hui, le
pouvoir russe mise sur l’administration du président Alou Alkhanov,
sur le Parlement croupion issu des élections d’octobre 2005, mais
surtout sur la lassitude de la population et sur un affaiblissement
des combattants, pour asseoir sa reprise en main.
Mais il faut compter avec la stratégie d’extension du conflit à
l’ensemble du Nord-Caucase, menée par des groupes islamistes
qui ont multiplié les coups de main dans les régions voisines.
Ces actions, sans parvenir réellement à déstabiliser la zone, y ont
accru les tensions. Elles ont aussi servi à justifier l’accélération des
mesures prises par M. Poutine pour réduire les pouvoirs régionaux,
au risque de miner le fragile équilibre que les républiques du Nord-
Caucase avaient négocié avec Moscou depuis 1991.
Les effets durables de la guerre sont également ressentis dans
l’ensemble de la Russie : la lutte contre le terrorisme sert d’alibi
pour placer sous contrôle de plus en plus de secteurs de la société
(…).
6 Le pétrole et le gaz russes en 2006 (D’après B. SIENKIEWICZ, Une extrême brutalité, dans
Courrier international, n° 819, 13-19 juillet 2006, p. 29)
153
1 1949 Proclamation de la république populaire de 2 Art. 1 : La république populaire de Chine est un État de
Chine par Mao Tsé-toung démocratie populaire* dirigé par la classe ouvrière et
1951 Occupation du Tibet basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.
Art. 2 : Tout le pouvoir dans la république populaire de
Traité d’amitié avec la Russie
Chine appartient au peuple. (…)
1953 Premier plan quinquennal* Art. 6 : Le secteur de l’État de l’économie est un secteur
1954 Instauration d’une Constitution de type socialiste basé sur la propriété du peuple entier. Il est
soviétique la force dirigeante de l’économie nationale (…). L’État
1955 Collectivisation* des terres assure la priorité au secteur d’État de l’économie. (…)
1958-1959 Grand Bond en avant* Art. 7 : Le secteur coopératif de l’économie (…) est basé
1960 Rupture avec l’URSS sur la propriété collective* des masses laborieuses (…).
L’État protège (…) et aide au développement du secteur
1962 Guerre avec l’Inde
coopératif de l’économie (…).
1964 Premier essai nucléaire Art. 8 : (…) La politique de l’État à l’égard de l’économie
1966 Révolution culturelle* des paysans riches est une politique de limitation et
1971 La république populaire de Chine devient d’élimination graduelle.
membre permanent du Conseil de Sécurité de Art. 10 : (…) L’État adopte, à l’égard de l’industrie et
l’ONU en remplacement de Taïwan. du commerce capitalistes, une politique d’utilisation,
1972 Visite de Nixon à Pékin ; la Chine renoue des de limitation et de transformation. (…) L’État remplace
relations diplomatiques avec le Japon. progressivement la propriété capitaliste par la propriété
1976 Mort de Mao Tsé-toung du peuple entier. (…)
Art. 13 : L’État peut (…) acheter, réquisitionner ou
La Chine de Mao (1949-1976) : repères nationaliser* la terre et d’autres moyens de production
dans les villes et les campagnes.
Art. 15 : L’État, au moyen de plans* économiques, dirige
le développement et la transformation de l’économie
nationale (…).
3 Les victimes de Mao (D’après J.-L. MARGOLIN, Chine : purges dans les bases
Art. 19 : La république populaire de Chine (…) réprime
rouges, dans L’Histoire, n° 324, octobre 2007, p. 52)
toute activité contre-révolutionnaire et de trahison, châtie
tous les traîtres et contre-révolutionnaires. L’État (…) prive
les propriétaires fonciers féodaux et les représentants du
capital bureaucratique de droits politiques (…).
32 Art. 87 : Les citoyens de la république populaire de Chine
jouissent de la liberté de parole, de presse, de réunion,
60 d’association (…).
Art. 96 : La femme (…) jouit de droits égaux à ceux de
l’homme dans tous les domaines de la vie politique,
économique, culturelle, sociale et familiale.
154
5 L’école n’était pas éloignée de notre maison (…). Professeur Yang nous apprenait à chanter
une chanson : « L’Orient est rouge, le soleil se lève, la Chine a fait naître un Mao Zedong1. Il se
dévoue pour son peuple, il est la grande étoile salvatrice. »
Le samedi, devant la grande effigie de Mao, le professeur de gymnastique nous faisait répéter
des pas de danse qui signifiaient « fidélité ». Quant au professeur de dessin, il nous enseignait
comment peindre un grand soleil rouge aux gigantesques rayons dorés en dessous duquel
nous nous appliquions à tracer « Vive Mao ». (…)
Bien sûr, j’en voulais à la Révolution culturelle*, synonyme pour moi [de] réunions, [de] critiques,
[de] coups, [d']insultes, de la faim et du froid, du départ de mes parents, de l’assassinat de
mon grand-père et des larmes de ma grand-mère, de la passion sanguinaire dont nous étions
les victimes. Mais tant de gens avaient l’air de participer avec un tel enthousiasme à ce grand
mouvement ! Partout ce n’étaient qu’affiches de propagande tapissant les ruelles, drapeaux
rouges en nuées, mots d’ordre à la volée, hymnes à la gloire du sage suprême, Mao, qui, lui,
avait miraculeusement trouvé le moyen de se faire aimer. (…)
[Le jour de la mort de Mao], le bruit de pleurs faisait trembler la terre et le ciel. Et dans cette
atmosphère macabre, je me suis mise aussi à mouiller mes paupières. Toute mon éducation
avait été centrée autour de Mao ; je ne connaissais rien de plus que lui. Il était bon, il était le
fondateur de la Chine nouvelle et sans lui notre existence aurait été nulle. Il représentait tout :
le soleil, le père, l’étoile salvatrice. En pleurant sur mon triste sort, je regrettais amèrement
que mes parents aient commis des fautes envers lui et j’étais déçue de n’avoir pas eu le
temps d’accomplir ma rééducation pour devenir un des bons enfants (…) de Mao. (…) À mon
retour à la maison, ma grand-mère ne comprit pas pourquoi j’avais pleuré ; j’étais moi-même
étonnée de m’apercevoir qu’elle n’avait pas les yeux rouges. Alors je lui ai annoncé la funeste
nouvelle, qu’elle connaissait déjà. Quant elle voulut savoir pourquoi j’avais pleuré, je lui ai
répondu que j’avais fait comme tout le monde. Mamie paraissait outrée, mais se contint.
1
Ou Mao Tsé-Toung (→ 59/4) : voir la notice biographique en fin de manuel
NIU-NIU, Pas de larmes pour Mao, Paris, Robert Laffont, 1989, p. 80-81, 84, 163-164
155
12
2
Évolution de la part de la Chine
et de l’Inde dans le commerce
59
9
mondial, 1980-2002
(D’après L’atlas du Monde
diplomatique, Paris, A. Colin, 2006,
p. 165, p. 209)
84
3
101 PLANTU, caricature,
juillet 2006
156
En 1970, 82 % des
Chinois vivaient dans
des zones rurales pour
59,6 % en 2005.
À titre de comparaison,
le revenu moyen annuel
par habitant en Belgique
était de 22 631 dollars
en 2003.
7
Place Tianan men,
Pékin, 30 mai 1989
157
Hu PING, entretien, dans Le Courrier international, 2 juin 2004 (D’après http://www.courrierinternational.com, page consultée le 3 décembre 2007)
9 Un grand nombre de défenseurs des droits humains ont violente. (…) La torture et les autres formes de mauvais
été soumis à de longues périodes de détention arbitraire traitements demeuraient très répandues en 2006. (…) Les
sans inculpation et ont été harcelés par les forces de police. initiatives visant à réformer le système de « rééducation
(…) Les autorités ont multiplié les mesures de répression par le travail », un régime de détention administrative sans
contre les journalistes, les écrivains et les internautes. De inculpation ni procès, n’ont pas progressé. On estimait à
nombreux journaux et revues populaires ont été contraints de plusieurs centaines de milliers le nombre de personnes
cesser leurs activités. L’accès à plusieurs centaines de sites détenues dans des camps de « rééducation par le travail » sur
Web internationaux restait bloqué et des milliers de sites l’ensemble du territoire chinois et risquant d’être maltraitées
chinois ont été fermés. Des dizaines de journalistes ont été ou torturées. En mai 2006, les autorités de la ville de Pékin
appréhendés pour avoir évoqué des sujets sensibles. (…) ont annoncé leur intention d’utiliser ce mode de détention
Le Gouvernement a poursuivi sa politique de répression de en vue de réprimer différentes formes de « comportements
la pratique religieuse (…). Des milliers de fidèles d’« églises délictueux » et d’améliorer l’image de la ville à l’approche des
domestiques » clandestines protestantes et de communautés jeux Olympiques. (…)
catholiques non officielles ont été arrêtés (…). (…) Dans la région autonome du Tibet et ailleurs, la population
L’application de la peine capitale était toujours aussi fréquente tibétaine voyait ses droits à la liberté de religion, d’expression
en Chine, où l’on estimait à 68 le nombre d’infractions et d’association sévèrement restreints. (…)
passibles de ce châtiment, dont des délits économiques
Rapport 2007 d’Amnesty International (D’après http://web.amnesty.org,
ou d’autres infractions ne relevant pas de la criminalité
page consultée le 5 décembre 2007)
Hommes Femmes
11
Affiche chinoise,
années 1980
158
13 Les jeux Olympiques représentent un enjeu déterminant pour Pékin, qui asiatique de développement, la Chine est, juste après le Népal, le pays d’Asie
entend jouer un rôle majeur sur la scène internationale, tant du point de vue où les inégalités se sont le plus accrues ces dix dernières années. (…)
diplomatique que commercial. Les hiérarques postcommunistes savent bien Le pouvoir annonce toute une série de mesures pour juguler les
qu’en 2008 les yeux du monde seront rivés sur la Chine. Mais ils savent que mécontentements, qui représentent des menaces potentielles (…) : baisse
cette perspective est à double tranchant : la Chine sera une superstar, mais des impôts et suppression des frais de scolarité pour les paysans, vaste
les feux de la rampe l’éclaireront de manière impitoyable, mettant en lumière projet de modernisation des campagnes dans l’espoir d’élever le niveau
les défauts de sa cuirasse et les outrances de son maquillage... (…) de vie des agriculteurs et de constituer un marché intérieur pour l’instant
Fragile à l’intérieur : tout au long de son inexorable montée en puissance limité aux quelque 300 millions de Chinois appartenant à la classe moyenne
vers l’Olympe de la réussite économique, la Chine ne s’est guère souciée urbanisée dans les villes côtières ou dans quelques chefs-lieux développés
des effets induits par un tel succès : dégradation de l’environnement, des provinces de l’intérieur. (…)
creusement des inégalités, croissance des injustices. (…) Selon la banque
Bruno PHILIP, Une année cruciale pour la Chine, dans Le Monde, 14 août 2007, p. 8
14 Les chiffres sont éloquents : le PNB de la Chine était de 200 milliards de dollars en 1978. Il a atteint 27 000 milliards de dollars
en 2005. L’excédent commercial dépasse les 102 milliards de dollars et les réserves en devises étrangères sont estimées
à près de 820 milliards de dollars, environ autant que les réserves du Japon. (…) Toujours en 2005, le revenu moyen des
citadins se situait à 1310 dollars, contre 405 dollars à la campagne. Leurs écarts de revenus se calculaient en 1984 sur une
échelle de 1 à 2 ; ils se trouvent maintenant dans un rapport de 1 à 3. Autres chiffres révélateurs : les 10 % des Chinois
les plus pauvres ne détiennent que 1 % de la richesse nationale, alors que les 10 % les plus riches en raflent 50 %. (…)
Le magazine Forbes a annoncé, en mars 2006, que la Chine pouvait dorénavant s’enorgueillir de 150 milliardaires. À l’autre
extrémité du spectre, près de 60 millions de Chinois vivraient sous le seuil de pauvreté. (…). D’après certaines sources, le
nombre des pauvres avoisinerait plutôt les 200 millions, voire plus.
Chen YAN, Communisme chinois, le début de la fin, dans Politique internationale, n° 112, été 2006 (D’après http://www.politiqueinternationale.com,
page consultée le 2 décembre 2007)
15
Plantu,
caricature, 1993
159
12
39
9
Israël et les territoires palestiniens en 2006
1
(D’après Th. DE MONTBRIAL et Ph. MOREAU DEFARGES [dir],
Ramses 2007, Paris, Dunod, 2006, p. 196)
99
2
100 Yoav LEMMER, photographie
prise dans une colonie juive
non autorisée par l’État d’Israël,
Yitzhar (Cisjordanie), 17 mai 2004
160
5 Deux guerres sont menées par les Palestiniens. La première est leur lutte pour se libérer
de l’occupation et pour leur droit à un État indépendant. La seconde est menée par un
Islam fanatique, depuis l’Iran jusqu’à Gaza, et depuis le Liban jusqu’à Ramallah1, qui rêve
de détruire Israël et chasser les Juifs de leur terre. En miroir, deux guerres sont menées par
les Israéliens. La première est leur guerre pour leur droit à vivre dans un État souverain et
libre sur une partie de cette terre. Et la deuxième est celle menée par la droite nationaliste
israélienne pour l’occupation totale de la Terre sainte. (…)
Les mouvements terroristes ne se contentent pas de revendiquer un État palestinien, mais
prônent la destruction de l’État juif. Ils frappent indistinctement les civils, du simple fait qu’ils
résident en Israël comme dans les territoires. (…) Dans le même temps, Israël doit accepter
la revendication palestinienne d’indépendance. En reconnaissant le droit des Palestiniens
à leur État, Israël reste ainsi fidèle aux principes fondateurs du sionisme* : maintenir le
caractère juif de l’État et refuser toute domination sur un autre peuple.
La guerre d’Indépendance s’est achevée en 19492, et à conduit à la création d’un État reconnu
par la communauté internationale. Celle des Six Jours2 ne fut que le produit accidentel d’une
situation qu’Israël n’avait ni voulue ni même prévue.
En conséquence, Shalom Arshav3 affirme que les territoires conquis en 1967 ne possèdent
aucune sorte de légitimité et ne peuvent modifier les frontières de l’État. C’est pourquoi il
demande au Gouvernement israélien de mettre fin à l’occupation, d’évacuer les colonies et
de reconnaître la légitimité de l’État palestinien sur l’ensemble des territoires aujourd’hui
occupés, moyennant éventuellement des ajustements de frontière mineurs et réciproques.
1
Ville située à 15 km au nord de Jérusalem et où se trouve le siège de l’Autorité palestinienne et le tombeau
de Yasser Arafat
2
→ 99
3
Fondé en 1978, Shalom Arshav ou « La paix maintenant » est le plus ancien et le plus important mouvement
La vieille ville de Jérusalem (D’après J-M. LAMBIN [dir.], pacifiste israélien.
4
Histoire Terminales ES-L-S, Paris, Hachette, 2004, p.193)
Amos OZ, Une autre politique est possible (D’après http://www.lapaixmaintenant.org, page consultée le
9 décembre 2007)
161
7 Au nom d’Allah le miséricordieux, celui qui fait miséricorde. islamiques. (…) La Palestine possède des lieux saints islamiques
(…) Notre combat avec les Juifs est une entreprise grande et comme la mosquée al-Aqsa, qui est attachée à l'esplanade sainte de
dangereuse qui requiert tous les efforts sincères (…) jusqu'à La Mecque par un nœud que nul ne peut défaire (…).
l'écrasement des ennemis et la victoire de Dieu. (…) Art. 20 – Le nazisme des Juifs vise également les femmes et les
Art. 1 – Le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) : l'Islam enfants ; ils terrorisent l'ensemble de la population, s'attaquent au
est sa règle de vie. Il en tire ses idées, ses concepts, de même que gagne-pain des gens, pillent leurs biens et menacent leur honneur.
ses points de vue sur l'univers, sur la vie et sur l'homme (…). Par leurs actes monstrueux, ils se comportent avec les gens comme
Art. 8 – Dieu est son but, l'apôtre son modèle, le Coran sa Constitution, les pires criminels de guerre. Le bannissement loin de la patrie
le Djihad son chemin et la mort sur le chemin de Dieu la plus éminente constitue l'une des formes du meurtre. (…)
de ses espérances. (…) Art. 27 – L'Organisation de Libération de la Palestine est la plus intime
Art. 12 – Le nationalisme, du point de vue du Mouvement de des intimes du Mouvement de la Libération islamique. On y trouve
la Résistance islamique, est un article de la profession de foi le père ou le frère, le proche ou l'ami. (…) [Toutefois], l'Organisation
religieuse. (…) Il n'y a rien de plus fort et de plus profond dans le a adopté l'idée d'État laïc*. (…) Il nous est impossible de troquer
patriotisme que le Djihad qui, lorsque l'ennemi foule du pied la terre l'islamité actuelle et future de la Palestine pour l'adoption de l'idée
des musulmans, incombe à tout musulman et musulmane en tant laïque*. (…) Le jour où l'Organisation de Libération de la Palestine
qu’obligation religieuse individuelle ; la femme alors n'a pas besoin adoptera l'Islam pour règle de vie, ce jour-là nous en serons les
de la permission de son mari pour aller le combattre ni l'esclave celle soldats (…).
de son maître. (…) Art. 35 – L'invasion sioniste* présente a été précédée des invasions
Art. 13 – Les initiatives, les prétendues solutions de paix et les croisées de l'Occident (…). De même que les musulmans ont su
conférences internationales préconisées pour régler la question faire face à ces invasions, planifier leurs réactions et les défaire, de
palestinienne vont à l'encontre de la profession de foi du Mouvement même sont-ils en mesure de faire face à l'invasion sioniste* et de la
de la Résistance islamique. Renoncer à quelque partie de la Palestine défaire. Cela n'est pas difficile à Dieu si les intentions sont pures, si la
que ce soit, c'est renoncer à une partie de la religion. (…) détermination est honnête (…).
Art. 15 – (…) Face à l'usurpation de la Palestine par les Juifs, il
Charte du Hamas, 1988 (D’après J.-F. LEGRAIN, Les voix du soulèvement palestinien
faut brandir l'étendard du Djihad et cela nécessite la diffusion
1987-1988, Le Caire, CEDEJ, 1991, p.152-166)
de la conscience islamique parmi les masses locales, arabes, et
8 Les Occidentaux soutiennent ouvertement Mahmoud Abbas qui fut l'un des principaux artisans de la paix d'Oslo. Avec l'espoir que
cet avocat convaincu du dialogue israélo-palestinien, qui a été au cœur de toutes les tentatives de négociations de ces 30 dernières
années, saura engager les siens dans la voie difficile du compromis. (…)
Mais, (…) le plus difficile pour le successeur de Yasser Arafat sera sans doute de conforter sa légitimité à l'intérieur. Il va lui falloir
convaincre une opinion palestinienne lasse d'espérer, plus prompte à s'enthousiasmer pour ceux qui se battent les armes à la main que
pour le discours pragmatique des diplomates. Mahmoud Abbas est convaincu que la deuxième Intifada* – déclenchée, il y a 5 ans, au
lendemain de l'échec des pourparlers de Camp David – et son cortège d'actions violentes ont desservi les intérêts des Palestiniens.
(…) Mais l'appel qu'il a lancé à la mi-décembre, au lendemain de sa nomination à la tête de l'OLP, pour une « démilitarisation » du
combat palestinien a été immédiatement rejeté par Hamas et le Djihad islamique.(…) Il n'est pas prêt pour autant à brader les droits
des Palestiniens. (…)
Dominique LAGARDE, Mahmoud Abbas, un président pour la paix ?, dans L’Express, 3 janvier 2005, p. 7
162
163
64
4
3 L’originalité du système politique iranien est qu’il s’agit d’une « théocratie* constitutionnelle ». (…) Le président est élu au
suffrage universel, ainsi que le Parlement. Mais la Constitution place au-dessus du président le « Guide » (…) incarné d’abord
par Ruhollah Khomeyni, puis par Ali Khamenei [depuis 1989] (…). Le Guide nomme les membres religieux du Conseil des
Gardiens, qui doivent vérifier l’islamité des candidats aux élections et celle des lois votées par le Parlement, ce qui lui donne
100 un pouvoir de censure sur l’activité législative. Il nomme la plus haute autorité judiciaire du pays. Il est le chef des armées (…).
Il ratifie l’élection du président de la République et peut le révoquer. S’il ne gouverne pas au sens strict, cette fonction revenant
113 au président, le Guide peut donc bloquer l’action de ce dernier (…).
Olivier ROY, Iran : impossible transition, dans Th. de MONTBRIAL et Ph. MOREAU DEFARGES (dir.), Ramses 2004, Paris, Dunod-Ifri, 2003, p. 169
164
5 Le programme nucléaire iranien suscite l’inquiétude des puissances iraniennes. (…) La fin de la guerre avec l’Irak1 et la fin de la guerre froide
occidentales. Il n’en a pas toujours été ainsi. Lancé au milieu des années permettent à l’Iran d’envisager une relance de son programme nucléaire. (…)
1970 par le shah, Mohammed Reza Pahlavi, il avait alors bénéficié du soutien Officiellement, depuis son lancement dans les années 1970, le programme
de la France et de l’Allemagne. Pour le shah, le programme nucléaire devait nucléaire iranien est à vocation civile. (…) L’Iran est néanmoins suspecté
servir d’instrument de modernisation de l’économie et de puissance pour un de chercher à se doter de l’arme nucléaire. (…) Face à la menace d’un Iran
pays qui affichait de fortes ambitions régionales – devenir le « gendarme du nucléarisé (…), les puissances occidentales sont divisées sur la stratégie à
Golfe » – au moment où l’Inde et Israël s’étaient dotés, sans le reconnaître, suivre : la carotte (européenne) ou le bâton (américain).
de l’arme nucléaire. L’envolée des prix du brut à la suite du choc pétrolier
de 1973 lui avait fourni les moyens de financer ses ambitions. (…) La 1
→ 100
révolution islamique de 1979 donne un coup d’arrêt aux ambitions nucléaires Iran : histoire d’un projet, dans Questions internationales, n° 13, mai-juin 2005, p. 32
6
Behrouz MEHRI, photographie
d’une peinture murale sur le mur
de l’ancienne ambassade des
États-Unis, Téhéran, 10 mai 2006
7 Depuis son arrivée au pouvoir, il y a 2 ans, le président iranien a défrayé Le directeur de la Banque centrale a démissionné. Le président de la Cour
la chronique dans le monde entier par ses déclarations provocantes. (…) suprême a critiqué sa façon de gouverner, et ses promesses d’éradiquer
Ahmadinejad a nié la réalité de l’Holocauste* et a appelé à rayer Israël de la corruption et de redistribuer les revenus du pétrole n’ont pas tenu face
la carte. À cause de ces provocations, les États-Unis et l’Europe ne savent à certains groupes d’intérêts bien établis. Le président a aussi perdu toute
pas trop sur quel pied danser. En le diabolisant, l’Occident lui a en fait rendu une partie de ses soutiens au Parlement. (…) Selon les observateurs, l’élite
service : son prestige s’est accru en Iran et dans toute la région, au moment politique reste fidèle au système, et non à un président en particulier.
même où il était particulièrement isolé sur la scène politique en raison de son
Michael SLACKMAN, Le phénomène Ahmadinejad, dans The New York Times,
style autoritaire et de l’inefficacité de sa politique économique. (…) Deux de
24 septembre 2007 (D’après Courrier international, n° 882, 27 septembre 2007, sur
ses ministres ont claqué la porte en critiquant son style de gouvernement. www.courrierinternational.com, page consultée le 31 octobre 2007)
165
1
21 avril 1919 La Belgique obtient le mandat* sur le Rwanda et l’Urundi.
er
1 novembre 1959 La révolte des Hutus provoque le massacre de Tutsis qui fuient vers les pays voisins.
er
1 juillet 1962 Indépendance du Rwanda ; les Hutus exercent le pouvoir sans partage.
Décembre 1963 Massacre de 10 000 Tutsis ; fuite de centaines de milliers vers le Zaïre et l’Ouganda
5 juillet 1973 Coup d’État du général hutu Juvénal Habyarimana, ensuite élu président
Octobre 1990 Offensive, au départ de l’Ouganda, du Front Patriotique Rwandais (FPR), composé de Tutsis
4 août 1993 Accords d’Arusha entre le Gouvernement et le FPR pour mettre fin à la guerre civile
6 avril 1994 La mort du président du Rwanda marque le début du génocide* des Tutsis. Les massacres
se poursuivront entre avril et juillet 1994, faisant plus de 800 000 victimes tutsis et hutus modérés.
17 juillet 1994 Le FPR forme un Gouvernement d’union nationale. Le pasteur Bizimungu devient président.
2 Le colonisateur et l’élite locale avaient tous deux intérêt à adopter les pernicieuses notions racistes sur les Tutsis et les
Hutus concoctées par les missionnaires, les explorateurs et les premiers anthropologues. Ces notions reposaient sur l’aspect
5 physique de nombreux Tutsis, en général plus grands et plus minces que la majeure partie des Hutus (…). C’est ainsi qu’une
théorie raciste et sans fondement connue sous le nom d’hypothèse hamitique fut répandue (…). Selon cette hypothèse,
les Tutsis étaient issus d’une race caucasienne supérieure provenant de la vallée du Nil et avaient même probablement des
origines chrétiennes. (…) On les considérait comme plus intelligents, plus fiables, plus travailleurs, ressemblant davantage aux
Blancs que la majorité hutu bantou. Les Belges ont tellement apprécié cet ordre naturel des choses qu’une série de mesures
54
4 administratives, prises entre 1926 et 1932, institutionnalisa le clivage entre les deux races (…), le tout culminant dans la
délivrance à chaque Rwandais d’une carte d’identité indiquant qu’il était Hutu ou Tutsi. (…)
L’essentiel de l’idéologie raciste hamitique a tout simplement été inventé par les pères blancs, des missionnaires catholiques
qui écrivirent ce qui devint la version officielle de l’Histoire du Rwanda, conforme à leurs points de vue essentiellement
racistes. Dans la mesure où ils contrôlaient tout le système scolaire de la colonie à la satisfaction des Belges, les pères blancs
purent, avec l’approbation des Belges, endoctriner des générations entières d’écoliers hutus et tutsis et leur inculquer la
102 théorie hamitique.
Rapport de l’OUA, Rwanda : le génocide qu’on aurait pu stopper, 2000 (D’après http://cec.rwanda2.free.fr, page consultée le 7 décembre 2006)
166
4 La mort du président Juvénal Habyarimana suite à l’écrasement de son avion dans des
circonstances obscures le 6 avril 1994 a servi de prétexte aux extrémistes hutus de
Human Rights Watch est une ONG déclencher un génocide* contre les Tutsis, une minorité qui compte pour près de 15 %
indépendante fondée en 1978 sous le nom de la population rwandaise. Les extrémistes ont aussi massacré les Hutus qui voulaient
de Helsinki Watch. Rebaptisée en 1988, coopérer avec les Tutsis pour former un Gouvernement plus démocratique. Six semaines
elle a pour but la protection des droits plus tard, les massacres continuent. Au moins 200 000 et peut-être 500 000 civils sans
humains des peuples du monde entier. armes et sans résistance ont été massacrés et la communauté internationale a brillé par
son inaction. Les massacres avaient été préparés pendant des mois en avance. La garde
présidentielle et d’autres militaires de l’armée rwandaise ont donné des entraînements
militaires aux milices interahamwe1 et impuzamugambi2 pour leur apprendre comment tuer
avec le plus d’efficacité. (...) Dans leurs attaques contre les civils, les milices étaient souvent
accompagnées d’un petit nombre de militaires ou de policiers du Gouvernement, mais les
milices ont tué plus de personnes que les forces armées. (…) Les autorités rwandaises ont
distribué des armes à feu aux membres de milices et autres supporteurs de Habyarimana
au début de l’année 1992 et encore plus vers la fin de 1993 et au début de 1994. (…) Une
station de radio appartenant au cercle de Habyarimana, la Radio Télévision libre des Mille
Collines, a commencé depuis l’automne [1993] une campagne de propagande haineuse
contre les Tutsis et les membres des partis politiques d’opposition. À la fin de 1993, les
émissions sont devenues plus virulentes et ont commencé à cibler les personnes en les
appelant « ennemis » ou « traîtres qui méritaient la mort ».
1
Les Interahamwe, « ceux qui attaquent ensemble », sont la milice du Mouvement républicain national
pour le Développement et la Démocratie.
2
Les Impuzamugambi, « ceux qui ont le même but », sont la milice de la Coalition pour la Défense de la
République.
Rapport de Human Rights Watch, Génocide au Rwanda, New York, mai 1994, VI (D’après http://www.hrw.org,
page consultée le 7 décembre 2006)
James NACHTWEY,
photographie d’un Hutu, 1994
167
168
169
1 La communauté internationale n’a jamais pu s’entendre sur façon indiscriminée à des civils (les forces armées de l’adversaire
une définition commune du « terrorisme ». L’Organisation des ne sont pas spécifiquement visées) afin d’obtenir un résultat
Nations unies (ONU) en a d’ailleurs recensé 142 ! Il est pourtant politique. (…) Des Palestiniens qui s’attaqueraient à des militaires
possible de le définir de façon purement factuelle et de trouver un israéliens pourraient être qualifiés de résistants, mais lorsqu’ils se
consensus sur des éléments de définition. Le terrorisme serait un font sauter dans un bus rempli de civils, ce sont des terroristes.
acte de violence politique (il n’est pas dicté par des motivations (…)
criminelles), recourant à la violence (il ne s’agit pas simplement
Pascal BONIFACE, 50 idées reçues sur l’état du monde, Paris, A. Colin, 2007,
de propagande, de débats idéologiques) et s’en prenant de
p. 145-146
2 Les États-Unis sont si puissants qu’aucune guerre frontale n’est envisageable contre eux. Aussi le terrorisme est-il l’unique
moyen de déjouer, et cela de façon limitée, leur invulnérabilité. Les attentats du 11 septembre [2001] étaient le stade ultime
du terrorisme classique. Ils se distinguaient non qualitativement mais quantitativement de tous ceux qui les avaient précédés
depuis plus de 30 ans par le nombre des victimes, les lieux sélectionnés pour être frappés, par le fait qu’une vingtaine d’étrangers
avaient pu échapper, malgré plusieurs mois de séjour et de préparation à la vigilance des services de renseignements avant de
frapper l’Amérique dans sa chair même. (…) [Ces attentats] ont démontré (…) l’importance prise par les acteurs non étatiques
dans le monde contemporain. (…) Le 11 septembre marque une date majeure (…) par le fait que ce sont les États-Unis qui ont
été si précisément frappés. (…) C’était la fin du mythe du sanctuaire américain. Malgré l’ampleur des attentats (…), les moyens
utilisés pour détourner les avions étaient rudimentaires. Les équipages et les passagers surpris ont été maîtrisés par quelques
individus. (…) Cinq ou six des auteurs savaient piloter depuis peu, et ils avaient fait leur apprentissage aux États-Unis.
Gérard CHALIAND, L’arme du terrorisme, Paris, Audibert, 2002, p. 15-17
3 [Les] États-Unis occupent depuis plus de 7 ans la musulmans qui s’y produit. (…) Tous ces crimes et ces
2 terre de l’Islam en son lieu le plus sacré, la péninsule péchés commis par les Américains sont une déclaration
arabique, pillant ses richesses, dictant leur conduite à de guerre ouverte à Dieu, à son messager et aux
ses souverains, humiliant son peuple, terrorisant ses musulmans. (…) Sur cette base, et conformément à
voisins et transformant ses bases dans la péninsule en la volonté de Dieu, nous lançons la fatwa1 suivante à
fer de lance pour combattre les peuples musulmans des tous les musulmans : tuer les Américains et leurs alliés,
56
6 environs. (…) Preuve en sont les continuelles agressions civils et militaires, est un devoir individuel pour chaque
américaines contre le peuple irakien à partir de ces musulman qui peut le faire dans tous les pays où cela Ce document
bases dans la péninsule, qui se font à l’encontre de la est possible (…) pour obliger leurs armées à quitter la a été signé
volonté de ses souverains, qui ne peuvent les empêcher. terre sainte de l’Islam (…). par plusieurs
(…) Ils sont [en Irak] pour annihiler ce qui reste de ce dirigeants de
1
Avis juridique rendu par une autorité religieuse
100 peuple et pour humilier ses voisins musulmans. (…) [Si] mouvements
les véritables buts américains derrière ces guerres sont Déclaration du Front islamique mondial, 23 février 1998 (D’après
islamistes*, dont
économiques et religieux, leur but est également de G. CHALIAND et A. BLIN [dir.], Histoire du terrorisme de l’Antiquité à Oussama
113
servir le minuscule État juif et de détourner l’attention Al-Qaïda, Paris, Bayard, 2004, p. 577-578) Ben Laden
de l’occupation de Jérusalem et du meurtre des
170
Les principaux attentats terroristes dans le monde (1968-2005) (D’après Questions internationales, n° 8, juillet-août 2004, p. 10-16, 24-26)
5
Attentats contre le World Trade Center,
New York (États-Unis), 11 septembre 2001
6
PLANTU, caricature,
16-17 septembre 2001
171
1
25 mai 1940 Entrevue à Wynendaele entre le roi et ses ministres : le roi refuse de les suivre en France.
19 novembre 1940 Léopold III rencontre Hitler à Berchtesgaden en vue d’obtenir des garanties au sujet de
l’indépendance de la Belgique, l’amélioration du ravitaillement et la libération des prisonniers.
6 décembre 1941 Annonce par le cardinal Van Roey du mariage de Léopold III et de Marie-Liliane Baels, le
11 septembre
Septembre 1944 Libération de la Belgique ; le Testament politique du roi est remis au Premier ministre Hubert Pierlot
21 septembre 1944 Le roi étant « dans l’impossibilité de régner », le Parlement nomme le prince Charles régent.
19 juillet 1945 Loi soumettant le retour du roi à un vote du Parlement sur la fin de « l’impossibilité de régner »
8 février 1950 Vote de la loi instituant la consultation populaire par laquelle les électeurs sont invités à répondre par
« oui » ou par « non » à la question : « Êtes-vous d'avis que le roi Léopold III reprenne l'exercice de
ses pouvoirs constitutionnels ? »
12 mars 1950 Consultation populaire : sur les votes dits « valables » (10 % de votes blancs ou nuls), les « oui »
représentent 57,68 %, les « non » 42,32 %.
22 juillet 1950 Le retour du roi en Belgique provoque d’importantes grèves et des manifestations violentes en
Wallonie.
1er août 1950 Suite à la médiation de la Confédération nationale des prisonniers politiques et ayants droit de
Belgique, Léopold III, en accord avec les représentants des trois partis nationaux, fait annoncer au
pays la délégation de ses pouvoirs à son fils Baudouin, lorsqu’il aura atteint sa majorité civile.
37 11 août 1950 Le prince Baudouin prête serment.
172
3 Passant outre à l’avis formel du Gouvernement, le 4 Il n’est point de patriote (...) que ne tourmente le souvenir de certains discours prononcés à
roi vient d’ouvrir des négociations et de traiter avec la tribune du monde entier par lesquels les ministres belges se sont permis (...) de proférer
l’ennemi. (…) La faute d’un homme ne peut être précipitamment des imputations de la plus haute gravité contre la conduite de notre armée
imputée à la nation entière (…). L’acte que nous et les actes de son chef (...).
déplorons est sans valeur légale (...). Aucun acte Le prestige de la Couronne et l’honneur du pays s’opposent à ce que les auteurs de ce
du roi ne peut avoir d’effet s’il n’est contresigné par discours exercent quelque autorité que ce soit, en Belgique libérée, aussi longtemps qu’ils
un ministre (…). Le roi, rompant le lien qui l’unissait n’auront pas répudié leur erreur et fait réparation solennelle et entière.
à son peuple, s’est placé sous le pouvoir de La nation ne comprendrait ni n’admettrait que la dynastie acceptât d’associer à son action
l’envahisseur (…). Le roi se trouve dans l’impossibilité des hommes qui lui ont infligé un affront auquel le monde a assisté avec stupeur. (...)
de régner (…). Les pouvoirs constitutionnels
Testament politique ou mémoire confidentiel du roi, Laeken, 25 janvier 1944 (D’après Recueil de documents
du roi sont exercés, au nom du peuple belge, établi par le secrétariat du roi concernant la période 1936-1949, Bruxelles, s.d. [1950], p. 506)
par les ministres réunis en conseil et sous leur
responsabilité (...).
Hubert PIERLOT, discours radiodiffusé, Paris, 28 mai 1940
(D’après H.-F. VAN AAL, Télé-mémoires : de Vleeshouwer, Gutt,
Spaak, Bruxelles, CRISP, 1971, p. 86-87)
173
8
Affiche, 1950
9 C’est un grand malheur quand les hommes politiques dotés de hautes responsabilités politiques prétendent passer au crible
de leur appréciation les actes du roi ou exigent de lui qu’il n’ait jamais d’hésitation, jamais d’information erronée, qu’il ne
connaisse jamais l’incertitude, la fatigue de la défaillance physique. C’est un grand malheur quand on attaque la vie privée
d’un homme. (…) En Belgique, le roi est une institution : ce n’est pas la personne qui compte. Allons-nous briser l’institution
monarchique en arrogeant aux hommes politiques le droit de rejeter un roi parce qu’il a cessé de plaire. Sinon on donne raison
aux quelques républicains de ce pays, aux quelques communistes qui attendent une république populaire, aux chefs de
sociétés secrètes, aux séparatistes qui attendent que la clé de voûte soit écrasée pour déchirer le pays en deux. Ces quatre
sortes de personnes ne représentent que quelques milliers de Belges. Nous n’avons pas envie de tomber dans leurs filets.
Pierre HARMEL, discours à l’INR, Bruxelles, 24 février 1950 (D’après V. DUJARDIN, Pierre Harmel, Bruxelles, Le Cri, 2004, p. 224)
174
12
Le drame,
dans Le Face à Main,
18 mars 1950
175
2 Le grand peuple des Flandres tend le poing vers Bruxelles, où sont nos
propres oppresseurs. (…) Notre devoir est de montrer au peuple flamand que
nous nous rangeons à ses côtés contre l’ennemi commun, l’obscène bilingue
bruxellois ; notre devoir est d’éclairer le peuple wallon sur ses vrais ennemis et
sur ses alliés naturels. Instruisons-le : il n’y a rien dans le programme flamand
1 à quoi nous ne puissions souscrire : enseignement flamand en Flandre,
administration et justice néerlandaises. En Flandre, régiments flamands, en
Affiche
électorale, 1932
Wallonie, régiments wallons sous un commandement unique ; tout cela cadre
parfaitement avec notre idéal wallon : en Wallonie, tout doit être exclusivement
français, les écoles, les tribunaux, les bureaux officiels, l’armée.
Auguste BUISSERET, Notre politique, dans Jeune Revue wallonne, 1919 (D’après C. KESTELOOT,
Au nom de la Wallonie et de Bruxelles français. Les origines du FDF, Bruxelles,Complexe-
CEGES, 2004, p. 59)
176
7
Flandre Wallonie Bruxelles
Production de charbon (en million de tonnes) 1950 8,3 19
1964 10,1 11,1
1974 6 2
Produit intérieur brut 1966 51,6 % 30 % 18,4 %
1975 56,9 % 27,6 % 15,5 %
Investissements étrangers 1959-1969 55,9 % 30,9 %
Investissements dans le cadre des lois d’expansion économique 1959-1972 59,5 % 38,7 % 1,8 %
Évolution de l’emploi 1959-1965 + 92 000 + 32 000
1965-1969 + 54 000 - 40 000
Taux de chômage 1957 4,8 % 2,5 % 3%
1965 2,8 % 2,9 % 1,7 %
1969 3,4 % 5,9 % 2,2 %
1975 6,7 % 8,8 % 6,2 %
Taux de croissance annuel moyen des industries manufacturières 1955-1964 6,5 % 3,8 %
1966-1971 8,2 % 4,9 %
Population 1947 53,5 % 35,3 % 11,2 %
1961 55,1 % 33,8 % 11,1 %
1970 56,1 % 32,8 % 11,1 %
Flandre, Wallonie, Bruxelles : évolution de quelques indicateurs économiques et démographiques dans les années 1960-1970 (D’après H. DORCHY, Histoire des Belges. Des origines à
1991, Bruxelles, De Boeck-Wesmael, 1991, p. 338-339 ; M. MIGNOLET et M.-E. MULQUIN, PIB et PRB de la Wallonie : des diagnostics contrastés, dans Regards économiques, n° 31, juin 2005,
p. 10 ; M. DUMOULIN et V. DUJARDIN, Nouvelle histoire de Belgique, VII, Bruxelles, Complexe (à paraître) ; G. VANDERSMISSEN, Tentatives et échecs de la reconversion industrielle, dans H. HASQUIN (dir.),
La Wallonie, le pays et les hommes, Histoire, économie, société, II, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1980, p. 448 ; H. HASQUIN, La Wallonie, son Histoire, 2e éd., Bruxelles, Luc Pire,
1999, p. 260 ; F. COPPIETERS, Les problèmes communautaires en Belgique, Bruxelles, Institut belge d’Information et de Documentation, 1974, p. 11 ; L’industrie en Belgique. Deux siècles
d’évolution. 1780-1980, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1981, p. 256 ; L. GÉNICOT, Racines d’espérance, Bruxelles, Didier Hatier, 1989, p. 221)
177
Al SERVAIS, dessin, dans Le Gaulois, Manifeste du Mouvement populaire wallon, 16 mars 1961 (D’après V. FEAUX, Cinq semaines
8 7 septembre 1946, p. 4 de lutte sociale. La grève de l’hiver 1960-1961, Coll. « Cahiers du Centre national de
sociologie du travail », Bruxelles, ULB-Institut de Sociologie, 1963, p. 246-247)
10 En réalité, la Belgique arrive au terme d’une étape importante de son évolution sociale et culturelle, et le pacte initial des
Belges, noué en 1830, s’en trouve profondément dépassé… On sait que lorsque la Belgique entre en 1830 dans l’Histoire
des États souverains, elle se voulut unitariste et francophone. Aujourd’hui, une situation tout à fait différente est née : deux
communautés, l’une d’expression flamande et numériquement majoritaire, l’autre francophone, se sont constituées, et il
s’agit d’adapter les institutions à ces réalités nouvelles. (…) Le pays flamand réclame l’homogénéité et le strict unilinguisme
flamand de ses régions. Il veut aussi une égalité effective du français et du flamand dans les rouages centraux de l’État.
La Wallonie minoritaire exige, de son côté, des garanties politiques au Parlement et des mesures concrètes pour le
redressement de sa population active.
Pierre HARMEL, Flamands et Wallons face à face, dans Le Figaro littéraire, 20 octobre 1962, p. 1 et 7 (D’après V. DUJARDIN, Pierre Harmel, Bruxelles,
Le Cri, 2004, p. 388)
11 La question essentielle que je n'ai cessé de me poser (…) est celle de savoir si les Belges veulent encore vivre ensemble. Je
crois que, dans certains secteurs de nos activités nationales, il faut abandonner l'idée de l'unité et essayer de faire l'union. Par
exemple, dans le domaine de la culture et, par conséquent, dans le domaine de l'administration ; c'est la raison pour laquelle
j'ai nommé, indépendamment du ministre de l'Éducation, deux ministres de la Culture : un Flamand et un francophone.
L'unité du pays ne peut, selon moi, être maintenue que pour les affaires financières, budgétaires et économiques puisque
les deux communautés ne peuvent pas vivre l'une sans l'autre dans ces différents domaines (...).
Selon des statistiques établies par des sociologues éprouvés, en 1980, il y aura en Belgique deux Flamands pour un
francophone. Il faudra donc œuvrer pour que ce francophone ne se sente pas opprimé dans son pays, et c'est la raison pour
laquelle je souhaite que, dès à présent, des garanties soient inscrites dans la Constitution pour qu'il en soit ainsi.
Enfin, et toujours dans le but de satisfaire certaines revendications justifiées des Wallons, et plus particulièrement peut-être
du bassin liégeois et du bassin de Charleroi, nous allons procéder à un découpage des régions économiques. La situation
de la grosse industrie sidérurgique me préoccupe beaucoup. Il faudra que nous fassions un sérieux effort pour venir en
aide, mais d'une façon efficace, à cette grosse industrie qui se sent déjà menacée par l'installation d'une concurrence
sérieuse au pays flamand. (...)
Pierre HARMEL, note à Désiré Denuit, rédacteur en chef du journal Le Soir, fin juillet 1965 (D’après A. MEAN, La Belgique de papa, Coll. « Pol-His »,
Bruxelles, CRISP, 1989, p. 82-83)
178
14 La seule issue à la crise de plus en plus aiguë que nous traversons et la politique culturelle, de l’administration, des nominations dans la magistrature
seule voie susceptible de ramener l’ordre et la tranquillité dans le pays est la et le notariat, de la santé publique et du logement, de la politique familiale,
reconnaissance de l’autonomie des communautés flamande et wallonne. de la politique socioéconomique régionale, de l’aménagement du territoire et
La révision de la Constitution, qui est actuellement envisagée, doit être des travaux publics, du maintien de l’ordre public.
incurvée vers des réformes de structure fédéraliste. Ce fédéralisme doit être Par contre, nous admettons la compétence du pouvoir central dans le
un fédéralisme à deux : Bruxelles, capitale fédérale, ne peut pas constituer domaine de la politique étrangère, de la politique économique générale, de
un troisième État fédéré. (…) la législation sociale, des finances publiques, de la défense nationale.
Au plan concret, l’autonomie des deux communautés populaires qui coexistent
Programme de la Volksunie, 16 mars 1968 (D’après Programmes électoraux et accord
en Belgique doit consister dans le transfert aux États fédérés de certaines
gouvernemental 1968, Coll. « Documents-CEPESS », Bruxelles, CEPESS, 1968, p. 103-104)
compétences législatives, exécutives et judiciaires, dans le domaine de la
15
1930 Flamandisation complète de l’Université de Gand
28 juin 1932 Loi sur l’emploi des langues en matière administrative et création de la frontière linguistique
Unilinguisme régional dans l’enseignement (primaire et secondaire) sauf à Bruxelles où le choix de la langue est laissé au père de famille
Recensement décennal avec possibilité de changement de régime linguistique
1935 Nouvelle législation sur l’emploi des langues en matière judiciaire (la première datait de 1873)
1936 Création de régiments unilingues à l’armée
8 novembre 1962 Fixation de la frontière linguistique : Comines et Mouscron (forte minorité flamande) passent de la Flandre occidentale au Hainaut et les
Fourons de la province de Liège à celle du Limbourg.
30 juillet 1963 Loi relative au régime linguistique dans l’enseignement (hors enseignement supérieur)
2 août 1963 Loi sur l’emploi des langues en matière administrative : unilinguisme en Flandre et en Wallonie, bilinguisme à Bruxelles, « facilités »
accordées aux francophones dans 6 communes flamandes de la périphérie bruxelloise
1970-1971 Révision de la Constitution : création des communautés culturelles (flamande, francophone, germanophone) et des régions (flamande,
wallonne, bruxelloise)
1980 Révision de la Constitution : élargissement des compétences des régions et réforme de leurs institutions
1988-1989 Révision de la Constitution : nouveaux transferts de compétences vers les régions et les communautés
1993 Révision de la Constitution : la Belgique devient un État fédéral.
179
1 [Après 1945], le système de production en série de Henry Ford se propagea par-delà les océans aux nouvelles industries
automobiles tandis qu'aux États-Unis le principe fordiste était étendu à de nouvelles formes de production : du logement
au fast food (McDonald est une success story de l'après-guerre). (…) Ce qui relevait jadis du luxe devint la norme du confort
espéré, en tout cas dans les pays riches : le réfrigérateur, la machine à laver et le téléphone. En 1971, on comptait plus de
270 millions de téléphones dans le monde, c'est-à-dire essentiellement en Amérique du Nord et en Europe occidentale,
et leur diffusion allait en s'accélérant. Dix années plus tard, leur nombre avait presque doublé. (…) Bref, il était désormais
possible au citoyen moyen de ces pays de vivre comme seuls les riches vivaient au temps de leurs parents (…).
Il n’y a pas d’explications réellement satisfaisantes de ce « grand bond en avant » de l’économie capitaliste mondiale. (…)
Il y eut (…) une restructuration et une réforme en profondeur du capitalisme et une progression tout à fait extraordinaire
de (…) l’internationalisation de l’économie. De la première tendance émergea une économie « mixte » qui permit aux États
de planifier et de gérer plus facilement la modernisation économique et augmenta aussi considérablement la demande. À
de très rares exceptions près (Hong Kong), les grandes réussites économiques des pays capitalistes après la guerre sont
des histoires d'industrialisation soutenue, supervisée, dirigée, et parfois planifiée et gérée par l'État (…). En même temps,
l'attachement politique des Gouvernements au plein-emploi et, dans une moindre mesure, à la réduction des inégalités
sociales, autrement dit l'attachement à la protection et à la sécurité sociales, assura pour la première fois un marché de
masse pour des produits de luxe désormais considérés comme de première nécessité. (…) La seconde tendance a eu
pour effet de multiplier les capacités productives de l'économie mondiale en rendant possible une division internationale
du travail plus élaborée et sophistiquée. (…) Après 1953, le commerce mondial des produits manufacturés a décuplé en
3 20 ans. (…) Les principales innovations qui commencèrent à transformer le monde presque sitôt après la guerre furent
peut-être chimiques et pharmaceutiques.
6
Éric John HOBSBAWM, L’âge des extrêmes. Histoire du court XXe siècle, Bruxelles, Complexe-Le Monde diplomatique, 2003, p. 349-350 et 355-357
29
2
Belgique Europe occidentale
60
1930 8076 235 975 3
1935 8288 242 148 1960 1973
68
1940 8346 248 417 Allemagne de l’Ouest 55,8 115,3
73 Italie 52,5 118,6
1945 8339 247 666
Belgique 64,3 123,8
1950 8639 256 376 Pays-Bas 54,9 115,1
1955 8868 264 112 France 61,9 116
1960 9119 273 807 Royaume-Uni 75,3 113,3
États-Unis 81 106,7
100 Évolution démographique de la Belgique et des 12 pays Japon 50,9 129,6
d’Europe de l’Ouest, 1930-1960, en millions d'habitants
107 (D’après A. MADDISON, Économie mondiale, statistiques Salaires réels par salarié (indice 100 = 1970) (D’après H. VAN DER WEE,
historiques, II, Paris OCDE, 2003, p. 42-43) Histoire économique mondiale, 1945-1990, Louvain-la-Neuve,
Academia, 1990, p. 192)
180
Évolution des taux de croissance du PIB* entre 1913 et 2006, par régions du monde (en %) (D’après
A. MADDISON, L’économie mondiale : statistiques historiques, Paris, OCDE, 2003, p. 274)
9 Revenons en Occident où, à la fin des années 1960, commença ce que l'on appelle souvent la
crise du fordisme, qui résulta à la fois d'une accentuation de son rejet de longue date par les
ouvriers, et d'une diminution de la productivité du capital des entreprises. En outre, la part des
opérations manufacturières dans un produit fini a eu tendance à se réduire progressivement au
profit des activités de conditionnement, des tests de qualité, et du « marketing ». Ce fut le début
des recherches et expériences pour l'élaboration de nouvelles formes d'organisation, axées sur
une plus grande flexibilité du travail. Ces nouvelles formes d'organisation s'orientèrent à la fois
vers un élargissement et un enrichissement des tâches des ouvriers. Il s'agissait d'un mode de
travail qui, en plus des tâches de production proprement dites, combine à la fois le contrôle de
qualité des pièces produites et le réglage des machines. Avant d'aller plus loin sur les modalités
des réformes, relevons que, dans la plupart des petites et moyennes entreprises, le taylorisme est
encore largement pratiqué. C'est essentiellement dans le secteur automobile qu'ont commencé
les nouvelles formes d'organisation du travail. La plus précoce et la plus notoire est le toyotisme,
qui a commencé dans la firme Toyota. Il s'agit d'une organisation basée sur le « juste à temps »
(la demande conditionne la production) et sur l'automatisation, impliquant une plus grande
Évolution des taux de croissance du commerce et des polyvalence des travailleurs et une organisation de ceux-ci en équipes. Ce système commença à
8 taux de croissance de la production mondiale entre
1950 et 2002 (en %) (D’après G. LE QUINTREC, Histoire être introduit chez Toyota dès 1950 et fut utilisé sur une plus grande échelle dès 1965.
Terminale L.ES, Paris, Nathan, 2004, p. 53)
Paul BAIROCH, Victoires et déboires. Histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, III, Paris,
Gallimard, 1997, p. 400-401
181
11 La crise que nous traversons n'est pas un phénomène mondial : c'est l'Europe qui ne s'est pas remise des événements
de 1973 tandis que les autres zones de développement connaissent à nouveau une relative prospérité. (…) Face au
dynamisme des pays jeunes (Amérique, Canada, Japon, pays nouvellement industrialisés), la vieille Europe rassemblée
dans la Communauté ne paraît pas réussir à surmonter le choc de 1975 et subit une crise d'adaptation. Les raisons (…) du
ralentissement de l'activité européenne sont [au nombre de trois].
D'abord, les années 1950-1960 ont été des années exceptionnelles du fait de deux événements : la reconstruction après
la guerre et la création du Marché commun. La création de la CEE a stimulé la production en favorisant le commerce (…)
entre les pays membres (…).
Une seconde explication aux faibles chances de croissance qui sont généralement accordées à l'Europe tient dans
l'hypothèse d'une chute des rendements de l'outil industriel européen (…). L'Europe, dans son ensemble, n'offrirait plus
des conditions de profit aussi satisfaisantes qu'auparavant, en raison de l'élévation des coûts du capital et surtout de la
main-d'œuvre. (…)
Une troisième raison (…) est qu'il existe ailleurs, dans les pays nouvellement industrialisés, des zones de haut profit, parce
que les salaires y sont bas et que les marchés potentiels sont immenses. Le salaire horaire moyen de l'industrie électronique
est, à Hong Kong, à Singapour et en Corée, en 1975, dix à onze fois plus faible qu'aux États-Unis et en Europe. La part de
la production industrielle mondiale localisée dans le tiers-monde pourrait doubler d'ici à l'an 2000. (…) L’emploi industriel a
progressé entre 1963 et 1976 dans tous les pays sauf en Europe. (…) Ce qu’il faut craindre, c’est que les Gouvernements
(…) ne voient plus de solution (…) pour rétablir l’Europe comme zone de hauts rendements que dans le démantèlement des
systèmes sociaux de protection, de retraites, d’éducation…
Philippe MAHRER, La crise est d’abord celle du Vieux Monde, dans Le Monde, 9 janvier 1979, p. 19, 22
12 La diffusion internationale de la crise (…) s’opère (…) en Europe et au Japon dès le milieu des années 1970 dans le sillage
du premier choc pétrolier, et en particulier à l’occasion de la grave récession de 1975. (…) La profitabilité du capital chute
assez brutalement (…) en 1974-1975, de l’ordre de 30 % par rapport à la moyenne 1970-1973, avant de se redresser
partiellement en 1976-1980 sous l’impulsion principale d’un ralentissement (…) des hausses des coûts salariaux réels. (…)
La hausse du taux de chômage européen s’avère importante et singulièrement résiliente malgré une reprise significative du
processus de création nette d’emplois à la fin des années 1970. Ceci s’explique par des évolutions socio-démographiques
« défavorables » assez largement passées sous silence (…). On assiste en effet en Europe, déjà à la fin des années 1960 et
jusqu’au début des années 1980 (…) à une nette accélération du rythme de croissance de la population d’âge actif (…). On
passe ainsi de + 0,25 % l’an en 1967-1969 à + 0,5 % l’an en 1973 pour atteindre plus de + 1 % l’an au début des années
1980. Le ralentissement de la croissance intervient donc (…) en même temps que (…) l’arrivée (…) sur le marché du travail
des cohortes issues du baby-boom de l’après-guerre.
Réginal SAVAGE, Économie belge, 1953-2000 : ruptures et mutations, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de l’UCL, 2004, p. 34-35
182
Évolution du taux de chômage (en % de la population active) dans quelques États occidentaux entre 1960 et 2005 (D’après P. BAIROCH, Victoires et déboires. Histoire économique et
sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, III, Paris, Gallimard, 1997, p. 182-183 et http://epp.eurostat.ec.europa.eu, page consultée le 18 février 2008)
Photographie prise
14 dans le métro
parisien, janvier 1993
17
1952 Pollution au mercure à Minamata (Japon )
1967 Première grande marée noire due au naufrage du pétrolier Torrey Canyon : 180 km de côtes
bretonnes sont touchées.
1968 Manifestations étudiantes aux États-Unis et en Europe contre la croissance
1972 Rapport du Club de Rome préconisant la « croissance zéro » (→ 7/5)
1976 L’explosion d’une usine chimique à Seveso (Italie) produit un nuage de dioxine très toxique.
1978 Marée noire causée par l’Amoco Cadix
1979 Accident nucléaire à Three Mile Island (États-Unis)
1982 Découverte du trou dans la couche d’ozone en Antarctique
1984 Explosion d’une usine de pesticides à Bhopal (Inde)
1986 Catastrophe nucléaire à Tchernobyl (Ukraine)
1987 Publication par l’ONU du rapport Brundtland sur le développement durable (→ 7/5)
1989 Marée noire causée par l’Exxon Valdez en Alaska
1999 Marée noire causée par l’Erika en Bretagne
16 Variations annuelles du PNB* par habitant 2002 Marée noire causée par le Prestige aux larges des côtes de Galice
et évolution du taux de chômage des pays 2005 Pollution au benzène de la rivière Songhua, d’une ville de 9 millions d’habitants, Harbin, et du
occidentaux (D’après P. BAIROCH, Victoires et fleuve Amour en Chine
déboires. Histoire économique et sociale du monde
du XVIe siècle à nos jours, III, Paris, Gallimard, 1997, Quelques revers et critiques de la croissance
p. 176)
183
1 2 3
184
12
Publicité, Belgique,
1954
185
1
Wolf VOSTELL,
Miss America, 1968
(Cologne, Musée
Ludwig)
7
67
68
75
186
Michel GRAINDORGE, propos recueillis par A. THELEN, dans Louvain, n° 173, avril-mai 2008, p. 30
187
8
Henri CARTIER-BRESSON,
Jouissez sans entraves, Paris, 1968
9
Manifestation, Bruxelles,
24 février 1964
10
Nombre d’étudiants
universitaires en Belgique, selon
le sexe (1955-1974) (D’après
M. HOOGHE et A. JOORIS [dir],
Golden sixties, 1958-1973.
La Belgique dans les années
soixante, Bruxelles, Ludion-
Flammarion-CGER, 1999, p. 25)
188
12 Si les années 1960 ont connu une « révolution silencieuse », c’est bien celle du passage massif à
des formes modernes de contraception. (…) Il est (…) indéniable que le recours à des méthodes
modernes de contrôle des naissances entraîna un changement révolutionnaire dans la vie de toute
une génération. (…) La révolution contraceptive explique pour une bonne part les progrès d’une
vision plus positive de la sexualité. (…) Suite à la généralisation de l’usage de la contraception,
l’avortement apparaît peu à peu à l’ordre du jour des discussions politiques. À première vue, il
s’agit là d’une relation contradictoire (…). [Toutefois] le lien est logique : l’introduction de la pilule
rend la procréation maîtrisable ; de ce fait, un échec au niveau de la régulation des naissances
devient d’autant moins acceptable, ce qui renforce précisément la revendication d’une légalisation
de l’avortement. En outre, il faut tenir compte de l’influence du mouvement féministe, alors en
plein essor. (…) La généralisation des formes modernes de contraception entraîne également des
conséquences idéologiques. On peut même affirmer que la rigidité affirmée de l’Église catholique
dans [ce] domaine (…) est une des principales causes du fossé qui s’est creusé à un rythme
accéléré durant les années 1960 entre une grande partie de la population belge et l’Église de
Rome.
Marc HOOGHE et Ann JOORIS (dir), Golden sixties, 1958-1973. La Belgique dans les années soixante, Bruxelles,
Ludion-Flammarion-CGER, 1999, p. 44-46
189
1 Photographie, Washington,
28 août 1963
2 Il y a un siècle de cela, un grand Américain1 qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre acte
d’émancipation. Mais cent ans ont passé et le Noir n’est pas encore libre. Cent ans ont passé et l’existence du Noir est
toujours tristement entravée par les liens de la ségrégation*, les chaînes de la discrimination (...). Cent ans ont passé et le
Noir vit encore sur l’île de la pauvreté, au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans ont passé et le Noir
languit toujours dans les marges de la société américaine et se trouve en exil dans son propre pays. (...) Je rêve2 qu’un jour,
cette nation se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : « Nous tenons ces vérités pour évidentes que
les hommes sont créés égaux »3. Je rêve qu’un jour, sur les collines rouges de Géorgie4, les fils d’anciens esclaves et les fils
d’anciens propriétaires d’esclaves puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. (…) Je rêve qu’un jour, mes quatre
jeunes enfants vivront dans un pays où ils ne seront pas jugés d’après la couleur de leur peau, mais d’après leur caractère.
56 1
En 1863, pendant la guerre de Sécession (1861-1865), le président Lincoln proclame l’abolition de l’esclavage. Martin Luther King prononce ce
discours sur le Mall à Washington, au pied du mémorial du président Lincoln.
2
74 « I have a dream. »
3
Citation d’un extrait de la déclaration d’Indépendance des États-Unis du 4 juillet 1776
4
État du Sud-Est des États-Unis, dont Martin Luther King est originaire
Martin Luther KING, discours lors de la manifestation à Washington, 28 août 1963 (D’après B. BERNARD, Siècle, Paris, Phaidon, 1999, p. 470-471)
190
5
Elliott ERWITT,
photographie,
Caroline du Nord
(États-Unis), 1950
191
1 [La] Terre va mal, très mal. Pourtant, le diagnostic sur les principaux maux qui l’accablent a été fait il y a 10 ans, à Rio (Brésil),
lors du premier sommet de la Terre. La sonnette d’alarme avait alors été tirée : le climat se réchauffe, l’eau douce se fait
rare, les forêts disparaissent, des dizaines d’espèces vivantes sont en voie d’extinction, la pauvreté totale ravage plus d’un
milliard d’êtres humains… (…) La souillure écologique du monde riche sur la biosphère s’est aussi accentuée. Alors que la
trentaine de pays les plus développés représentent 20 % de la population mondiale, ils produisent et consomment 85 % des
produits chimiques synthétiques, 80 % de l’énergie non renouvelable, 40 % de l’eau douce. Et leurs émissions de gaz à effet
de serre par habitant, comparées à celles des pays du Sud, sont dix fois plus élevées. Au cours de la décennie écoulée, les
rejets de gaz carbonique (CO2), cause principale du réchauffement climatique, ont augmenté de 9 %... Ceux des États-Unis,
premier pollueur de la planète, ont crû, durant la même période, de 18 % ! Plus d’un milliard de personnes continuent à ne
pas disposer d’eau potable, et près de trois milliards (la moitié de l’humanité) consomment une eau de piètre qualité. À cause
de l’ingestion de cette eau polluée, 30 000 personnes meurent quotidiennement. (…) Les forêts continuent d’être dévastées ;
17 millions d’hectares disparaissent chaque année [soit] quatre fois la taille de la Suisse. Et comme les arbres ne sont plus
là pour absorber les excédents de CO2, l’effet de serre et le réchauffement s’aggravent. Par ailleurs, chaque année, quelque
6000 espèces animales sont exterminées. Une extinction massive menace 13 % des oiseaux, 25 % des mammifères, 34 %
des poissons, comme la Terre n’en a jamais connu depuis la disparition des dinosaures. (…) En détruisant le monde naturel,
les hommes ont rendu la Terre de moins en moins vivable.
Ignacio RAMONET, Sauver la planète, dans Le Monde diplomatique, août 2002, p. 1
192
5
Répartition des émissions de CO2
par secteur d’activité
en Région wallonne en 2001
(D’après Tableau de bord de
l’environnement wallon 2004, Namur,
MRW-DGRNE, 2004, p. 12)
6
Comparaison des émissions
de CO2 dans le monde
(D’après J.-M. COUSTEAU
et P. VALLETTE,
Atlas de l’océan mondial,
Coll. « Atlas/Monde »,
Paris, Autrement,
2007, p. 16)
7 Depuis la révolution industrielle et l’invention de la machine à vapeur, la les relevés climatiques. Le réchauffement global moyen mesuré en surface
combustion massive de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) est de 0,6 °C au cours du XXe siècle (…). Le nombre de vagues de chaleur est
a mené à une augmentation de 35 % entre 1750 et 2005 de la concentration en augmentation, de même que la proportion de pluie qui tombe de manière
atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de serre d’origine concentrée, ce qui favorise les inondations. L’intensité des cyclones tropicaux
humaine le plus important. Le CO2 est en effet un déchet inévitable de toute croît également depuis 1970. (…) Une hausse du niveau des mers d’1 m
combustion, et près de la moitié des quantités émises reste dans l’atmosphère diminuera la surface du Bangladesh de 17,5 % et des dizaines de millions
pendant environ un siècle, l’autre moitié étant absorbée par les océans et la de personnes seront forcées de migrer. De nombreuses villes proches de la
végétation. Le développement inégal du Nord et du Sud a pour conséquence mer, comme Londres, New York (…) ou Shangaï, sont menacées à moyen
que près des trois quarts de l’excès de CO2 accumulé dans l’atmosphère terme dans leur existence. Certains États insulaires, comme les Maldives2
jusqu’à ce jour proviennent des pays dits « développés ». (…) Le GIEC (Groupe ou Tuvalu3, sont tout simplement menacés de disparaître. (…) La migration
d’Experts intergouvernemental sur l’Évolution du Climat)1 a estimé en 2001 des populations affectées par des changements climatiques progressifs ou
(…) que la poursuite de ces émissions sans politique sérieuse de réduction soudains risque évidemment d’accroître les risques d’instabilité politique et
augmenterait la température globale de 1,4 °C à 5,8 °C entre 1990 et 2100, de conflit.
selon le scénario d’émissions et le modèle utilisé (…). Le niveau moyen des
1
Fondé par l’Organisation météorologique mondiale et par le Programme des Nations
mers augmenterait de 9 cm à 88 cm pendant la même période, et continuerait
unies pour l’Environnement en 1988 ; prix Nobel de la paix 2007
à augmenter pendant des siècles après que la température se soit stabilisée. 2
Au sud-ouest de l’Inde, ce pays est composé de plus d’un millier d’îles.
Le cycle hydrologique sera intensifié, engendrant davantage de sécheresses 3
Archipel polynésien, au centre du Pacifique
dans certaines régions, et d’inondations dans d’autres. Plusieurs des
changements anticipés pour ce siècle commencent à être perceptibles dans Jean-Pascal VAN YPERSELE, L’injustice fondamentale des changements climatiques, dans
Alternatives Sud, XIII, n° 2, 2006, p. 7-13
193
2 Pyramides des âges en Belgique en 1921, 1971 et 2004 (classes d'âge pour 5 ans et pour 10 000 habitants)
1 (D’après http://stutbel.fgov.be, page consultée le 15 mars 2007)
3 Taux d’activité des hommes en Groupes d’âges Taux d’activité en 1896 Taux d’activité en 1996
4
94 France en 1896 et 1996
(D’après O. MARCHAND et C. THÉLOT, 15-24 ans 95,6 % 33,8 %
Le travail en France, 1800-2000, Paris, 25-39 ans 94,9 % 95,3 %
101 Nathan, 1997, p. 220-221)
40-54 ans 95,8 % 95,2 %
106 55-59 ans 87,2 % 69,7 %
60-64 ans 83,2 % 15,7 %
65 ans et plus 54,1 % 1,8 %
194
5 L’espérance de vie a davantage augmenté ces 50 dernières années que 14 % de la population. La Corée du Sud, Taïwan, Singapour et la Chine
pendant les 5 millénaires qui ont précédé. Jusqu’à la révolution industrielle, devraient franchir ce cap en 25 ans seulement.
les personnes âgées de 65 ans et plus ne représentaient guère que 2 % ou 3 (…) Des projections officielles indiquent que dans 30 ans les pays développés
% de la population. Aujourd’hui, dans le monde développé, cette proportion devront consacrer au financement des retraites une part accrue de leur PIB,
est désormais de 14 %. En 2030, ils seront 25 %, voire près de 30 % dans soit entre 9 % et 16 % supplémentaires. (…)
certains pays. Un ensemble de mesures fondamentales, toutes difficiles à mettre en
(…) À la fin des années 1960, le taux de fécondité* mondial (c’est-à-dire le œuvre, permettraient aux différents pays de relever les défis économiques et
nombre moyen de naissances au cours de la vie d’une femme) s’établissait politiques que représente le vieillissement d’une société. Parmi ces mesures,
à près de 5 enfants par femme. La révolution des mœurs entraîne un recul citons en particulier l’allongement de la durée de la vie active, l’accroissement
inattendu et sans précédent du taux de fécondité* planétaire, ramené à de la main-d’œuvre par l’immigration ; les mesures d’incitation à la fécondité
2,7 par femme – une baisse qui nous rapproche dangereusement du seuil et l’investissement accru dans la formation et la productivité des futurs actifs ;
de renouvellement des générations (2,1). Dans le monde développé, le taux le renforcement des liens et des responsabilités intergénérationnels au sein
de fécondité* moyen n’est plus que de 1,6. En Allemagne, où ce taux est de la famille ; l’incitation (voire l’obligation) faite aux actifs d’économiser pour
tombé à 1,3, il naît moins d’enfants chaque année qu’au Népal, pourtant leur propre retraite, tout en maintenant des prestations sociales pour les plus
quatre fois moins peuplé. (…) Dans la mesure où les pays en développement nécessiteux.
connaissent aussi une diminution de leur fécondité, bon nombre voient en fait
Peter George PETERSON, Alerte au papy boom, dans Foreign Affairs, 1999 (D’après
vieillir leur population plus rapidement que la plupart des pays développés.
http://www.courrierinternational.com, page consultée le 23 janvier 2007)
En France, il aura fallu plus d’un siècle pour que les vieux passent de 7 % à
6 Solde migratoire* des principaux pays d’immigration et d’émigration (D’après Le Monde diplomatique. Manière de voir, janvier 2003, p. 55)
Dans le monde, entre 1965 et 1990, le nombre de personnes ne vivant pas dans leur pays d’origine est passé de
120 millions à 150 millions. Cela représente 2 % de la population mondiale, contre 5 % en 1914. Les pays d’émigration
et d’immigration se sont multipliés durant cette période, passant entre 1970 et 1990 de 39 à 67 pour les pays
d’accueil et de 29 à 55 pour les pays de départ.
195
1 Évolution de la production automobile dans le monde (1905-2005) (D’après M. FREYSSENET sur http://freyssenet.com, page consultée le 18 janvier 2007)
6-7
4
9
29
Publicité pour
la Renault
67
Dauphine,
fin des années
71 1950
196
8 L’électrique, l’hybride, l’hydrogène, les solutions imaginées pour s’émanciper manière dont il est produit (…). Cette contrainte est également de mise dans
des carburants d’origine fossile ne manquent pas. Leurs applications le cas des véhicules électriques. Si l’électricité nécessaire à leur alimentation
concrètes sous le capot de nos automobiles passe par des investissements est produite à partir de combustibles fossiles, les gains environnementaux
colossaux, humains mais également financiers. (…) (…) resteront lettre morte. Si, au contraire, cette production s’appuie sur des
L’hydrogène (…) se heurte encore aux incertitudes liées aux bilans énergies renouvelables – éolienne, turbines à eau, etc. –, le moteur électrique
énergétique et écologique de sa production, à la complexité de son ouvrira de nouveaux horizons à nos mobilités urbaine et périurbaine. (…)
acheminement dans des réseaux de distribution et aux difficultés relatives à Plus près de nous, l’hybridation automobile a connu, ces dernières années,
son stockage dans nos véhicules. (…) Quelle que soit la solution retenue (…), des développements majeurs déjà matérialisés sur certains modèles. (…)
l’automobile fonctionnant à l’hydrogène ne rejettera que de l’eau et profitera Diverses pistes sont envisageables mais l’association essence/électricité est
d’une combustion exempte de rejets d’hydrocarbure ou de monoxyde de (…) la plus souvent retenue.
carbone… (…)
Alain VANDERSANDE, En vert, l’automobile assure ses arrières…, dans le catalogue de
Le bénéfice écologique du recours à l’hydrogène dépend directement de la
l’European Motor Show Brussels, supplément au Vif/L’Express, janvier 2008, p. 12
197
1 Les jeux de la Onzième Olympiade des Temps modernes sont désormais entrés dans l’Histoire. Le visiteur étranger pouvait
débarquer à Berlin avec n’importe quelles idées politiques, avec n’importe quelles idées préconçues : il lui aura été impossible
d’en repartir sans une sincère admiration pour l’œuvre que ce peuple venait d’entreprendre, et qui devait extérioriser sa
volonté de renaissance nationale. (…)
Qu’on ne s’y trompe pas. Le comité olympique allemand, organisateur officiel des jeux, n’a été qu’un simple « homme de
paille » et son rôle fut tout en façade. Derrière lui agissait le seul véritable organisateur de ces jeux : le Gouvernement
allemand. (…) Aux jeux Olympiques de Berlin, le Gouvernement allemand n’a pas servi la cause du sport, c’est celui-ci au
contraire qui l’a servi.
Auguste VAN SCHOORE, Éditorial, dans Les Sports, 19 août 1936, p. 1
2
Carte postale,
Berlin, 1936
35
60
70
198
5
6 Les premiers JO n’ont connu qu’un succès médiatique très limité. Plusieurs
jeux ont été noyés dans les expositions universelles et la presse écrite de Affiche de
Reporters sans frontières, 2007
l’époque en a peu parlé. C’est la radio, le cinéma et surtout la télévision qui
ont permis les retransmissions au niveau planétaire. À Berlin en 1936, pour la
première fois, près de 200 000 téléspectateurs ont eu la possibilité de suivre
les épreuves sur le petit écran. En 1960, à Rome, on estime qu’ils sont plus de
200 millions, à Munich en 1972, 900 millions et plus de 2 milliards à Sydney
en 2000. (…) Le coût des droits télévisés est toujours plus élevé (50 000 $
à Rome contre 1,3 milliard $ à Sydney). Les journalistes n’étaient que 19 à
Rome, ils sont plus de 20 000 à Sydney.
Jean-Pierre AUGUSTIN et Pascal GILLON, L’olympisme, bilan et enjeux géopolitiques, Paris,
A. Colin, 2004, p. 11-12
199
1 1919 Les filles, comme les garçons, bénéficient de la loi sur l’enseignement obligatoire de 6 à 14 ans.
Un nombre limité de femmes obtient le droit de vote aux élections législatives : les mères et les veuves (non remariées) de
militaires et de civils tués par l’ennemi ainsi que les femmes emprisonnées ou condamnées par l’occupant.
1920 Les femmes obtiennent le droit de vote et peuvent se constituer candidates aux élections communales, à l’exception des
prostituées et des femmes adultères ; elles sont également éligibles à la Chambre et au Sénat, même si elles ne participent pas à
l'élection de ces assemblées. Quarante ans après les universités de Bruxelles (1880) et de Liège (1881), l’UCL accepte les étudiantes.
1921 Marie Janson, épouse Spaak, est la première femme sénatrice (cooptée, socialiste).
Regroupement des Ligues ouvrières féminines chrétiennes, ancêtre de Vie féminine
Égalité barémique hommes-femmes dans l’enseignement officiel
1922 Accès à la profession d’avocate
1923 Création des Femmes prévoyantes socialistes
La promotion de la contraception est interdite légalement.
1929 Lucie Dujardin est la première femme députée élue directe (socialiste).
1931-1935 Diverses lois pénalisent le travail de la femme mariée ; elles suscitent des grèves et des manifestations de femmes (→ 30/8).
1948 Les femmes obtiennent le droit de vote aux élections législatives et provinciales.
Accès des femmes à la magistrature
1957 L’article 119 du traité de Rome oblige les États membres à tendre vers l'égalité salariale entre les sexes.
1965 Marguerite de Riemaecker-Legot devient la première femme ministre : elle reçoit le portefeuille de la famille et du logement.
1966 Grève à la Fabrique nationale de Herstal : « À travail égal, salaire égal »
1967 La FGTB publie la Charte des droits de la femme au travail.
1969 Loi interdisant le licenciement d’une travailleuse pour cause de grossesse ou de mariage
1971 Égalité de traitement des femmes et des hommes en matière de chômage
8 1972 La promotion de la contraception est légalement autorisée.
Première « Journée des femmes » à Bruxelles : présence de Simone de Beauvoir et parution du Petit Livre rouge des femmes
1973 Fin de l’interdiction pour une femme mariée d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de son mari
1974 Père et mère se voient reconnaître des compétences égales pour l’éducation et la gestion des biens des enfants.
30
0 1976 Égalité civile entre les époux quant aux droits sur la propriété matrimoniale
1980 La Belgique ratifie la Convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (→ 21).
68-69
1985 Création du secrétariat d’État à l’émancipation sociale : l'égalité des chances fait son entrée en politique.
1990 Dépénalisation partielle de l’avortement
76
1994 Loi des quotas : les listes électorales devront comprendre au moins un tiers de femmes.
2002 Loi relative à la protection contre la violence et le harcèlement sexuel au travail
Création de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes
L’égalité femmes/hommes est inscrite dans la Constitution belge.
Tous les Gouvernements du pays doivent compter des représentants des deux sexes.
105 Loi sur la parité électorale : les listes électorales doivent comprendre une moitié de femmes, les deux premiers candidats étant de
sexe différent.
109 2003 Création du service des créances alimentaires
Réforme du statut du conjoint aidant (femmes d’agriculteurs, d’artisans, de commerçants…)
Évolution de la condition des femmes en Belgique : quelques étapes
200
3 Notre premier argument (…) est d’ordre moral, familial et social. (…) Le travail Notre deuxième argument est un argument d’opportunité. N’est-ce pas le
ménager est le mieux adapté à l’organisme de la femme, à ses aptitudes, à moment ou jamais de restreindre le travail des femmes mariées ? Dans
ses inclinations naturelles et à sa noble mission d’éducatrice des enfants. les grands pays industriels on évalue à plus de trente millions le nombre
(…) Les moyennes de la morbidité et de la mortalité sont beaucoup plus de chômeurs (…). Notre troisième argument est un argument d’autorité.
élevées chez les femmes mariées travaillant à l’usine que chez les autres [Un grand nombre reconnaît] qu’il n’existe pas d’autorité morale supérieure
femmes. (…) Les ouvrières et les employées mariées ont moins d’enfants, à celle du Pape. Or, le langage du Souverain Pontife, dans sa récente
plus de fausses couches et d’enfants morts-nés que les autres femmes. encyclique* Quadragesimo Anno, est d’une précision lumineuse : (…) c’est
(…) Parmi les causes de la criminalité juvénile, il faut citer la désorganisation à la maison avant tout, ou dans les dépendances de la maison, et parmi les
de la famille résultant du travail de la femme mariée. (…) Trop de jeunes occupations domestiques, qu’est le travail des mères de famille. (…) Si les
femmes mariées préfèrent rester à l’usine ou dans les bureaux, non parce moyens privés ne suffisent pas, c’est à l’autorité publique à suppléer aux
qu’un salaire d’appoint est indispensable à l’entretien de leur ménage, mais ressources inégales des particuliers (…).
parce qu’il leur assure une indépendance plus grande et plus de facilité
pour satisfaire des besoins exagérés de toilette, de déplacement et de Georges-Ceslas RUTTEN, discours au Sénat, pour défendre sa proposition « tendant à limiter
le travail de la femme mariée dans les usines, dans les ateliers, sur les chantiers et dans
distractions. (…) Le travail des femmes mariées provoque l’avilissement
les bureaux », Bruxelles, 13 février 1934 (D’après http://www.senate.be, page consultée le
des salaires. (…) Faut-il ajouter que la moralité des femmes mariées est
22 février 2008)
loin d’être favorisée par le travail dans les ateliers et dans les bureaux ? (…)
4 Les catholiques ont gagné la première manche dans la lutte qu'ils ont entreprise
contre le travail de la femme. Un arrêté-loi sur le contingentement des femmes
dans l'industrie vient de paraître. Tout comme Hitler, les catholiques belges
estiment que la place de la femme est à la cuisine, chez les enfants et à l'église.
Ils lui contestent tout droit de participer à la vie sociale et à la vie publique. Ils sont
partisans du suffrage féminin, tout simplement, par opportunisme politique. Ils
espèrent que le vote des femmes permettra au Parti Catholique de reconquérir
la majorité dans le pays. Pour conserver la majorité qu'ils pourraient conquérir
ainsi, ils s'efforceront de maintenir la femme à l'écart de toute vie sociale. Ils
craignent l'émancipation de la femme. C'est pourquoi ils veulent la refouler
vers la cuisine. C'est pourquoi ils veulent renforcer sa dépendance à l'égard
de l'homme et des forces de conservation. Le socialisme ne peut admettre la
servitude, où le Parti Catholique veut placer la femme. Il admet que la femme
soit, avant tout, une mère et une éducatrice. Mais ce noble rôle doit être
librement accepté par les intéressées. La contrainte mène à l'asservissement. 5 Fabrique nationale d’Armes
Nous voulons que les femmes puissent bénéficier des mêmes libertés que de Herstal, 1966
l'homme. L'asservissement d'un sexe est aussi révoltant que l'asservissement
d'une classe. Les FPS sont les Femmes prévoyantes socialistes. À la FN, en 1966, presque
tous les délégués syndicaux sont des hommes. Le plus haut salaire des
Anomyme, Les catholiques contre le travail féminin, dans Le Peuple, 15 décembre 1934, p. 1 femmes est plus bas que le plus bas salaire des manœuvres masculins.
3000 ouvrières font grève durant 12 semaines pour réclamer l'égalité
salariale prévue par le traité de Rome.
201
7
9
Affiche de la Ligue ouvrière
féminine chrétienne, 1946
Une des premières
(KADOC, Leuven)
plaquettes de pilules
contraceptives
35
60
Avec les contraceptifs oraux, les femmes disposent d’une alternative aux
dispositifs mécaniques, tels que préservatif et diaphragme, mis au point
70
au XIXe siècle. En 1956, aux États-Unis, le docteur Gregory Pincus met au
point la première substance capable d'inhiber l'ovulation. En 1960, la Food
and Drug Administration autorise la vente de la « pilule », dont l'utilisation
8
se diffuse ensuite en Europe.
BIZUTH, caricature, En Belgique, en 1962, seul 1,2 % des femmes âgées de 20 à 40 ans
111 dans L’Âne roux, n° 90, 21 utilisent la pilule ; elles sont 10 % en 1969. Son emploi se généralise dans
novembre 1946, p. 8 les années 1970. Pour la première fois, les femmes ne font plus l’amour
« la peur au ventre ». Elles maîtrisent leur fécondité, ce qui entraîne un
bouleversement de la façon dont se vit la sexualité.
202
12 Différences hommes-femmes sur le marché du travail en Belgique (1985-2002) (D’après D. KLEIN, Fortes en thème.
Majoritaires sur les campus, les filles gravissent difficilement les échelons de la hiérarchie, dans Le Vif/L’Express,
5 mars 2004, p. 32)
13 14
2002 Part des femmes Part des hommes
En pourcentage
Nombre total
Total 43 57 de diplômés
Dirigeants et cadres supérieurs d’entreprise 30 70 universitaires en
Professions intellectuelles et scientifiques 54 46 Communauté
française de Belgique
Professions intermédiaires (techniciens, 38 62
(2001-2002)
comptables, infirmiers, etc.) (D’après D. KLEIN,
Employés de type administratif 61 39 Fortes en thème.
Personnel des services et ventes 66 34 Majoritaires sur les
campus, les filles
Agriculteur/éleveurs/pêcheurs 27 73
gravissent difficilement
Artisans 8 92 les échelons de la
Conducteurs et assembleurs 16 84 hiérarchie, dans
Ouvriers/employés non qualifiés 51 49 Le Vif/L’Express, 5 mars
2004, p. 32)
Part des femmes et des hommes dans les différents secteurs économiques en Belgique en 2002
(en %) (D’après D. KLEIN, Fortes en thème. Majoritaires sur les campus, les filles gravissent difficilement
les échelons de la hiérarchie, dans Le Vif/L’Express, 5 mars 2004, p. 32)
203
Indicateurs de l’évolution de la famille en France de 1950 à 2005 (D’après J.-H. DÉCHAUX, Sociologie de la famille, Coll. « Repères », Paris,
La Découverte, 2007, p. 8)
2 En un demi-siècle à peine, la famille a accompli sans tapage une véritable révolution. Déclin du mariage, croissance de l’union
libre, fragilisation des couples, développement des familles recomposées. (…) L’instabilité conjugale s’accroît dans toutes les
catégories d’union. Aujourd’hui, la France recense 42 divorces pour 100 mariages, contre seulement 12 divorces pour 100
mariages en 1970. Parmi les premières unions débutées vers 1990, qu’elles aient ou non pris la forme du mariage, 15 % ont
été rompues dans les 5 ans, près de 30 % dans les 10 ans. En 1998, un rapport (…) attribuait cette instabilité (…) [à l’échec
de] beaucoup d’unions malheureuses, qui auraient perduré au temps du mariage indissoluble, et [à] l’exigence plus grande à
l’égard du conjoint (…). Depuis les années 1960, les femmes ont accédé massivement au marché du travail (…). Ce facteur de
transformation de la vie familiale est aussi un formidable facteur de tension. Car si l’égalité dans l’accès au travail est le modèle
de la société contemporaine, l’égalité doit aussi avancer dans la sphère privée, ce qui n’est pas le cas : dans la vie domestique
et les soins aux enfants, il reste un énorme chemin à faire pour que le partage des tâches soit effectif. Du coup les tensions,
voire les conflits, se répercutent dans la sphère conjugale (…).
8
Anne CHEMIN, Enfants, mariages, divorces : la révolution familiale, dans Le Monde, 27 janvier 2006, p. 20
68-69
8 69 3 Pays ayant légalisé le mariage gay Pays ayant légalisé l’adoption d’enfants par des couples homosexuels
Pays-Bas (2001) Pays-Bas (2001)
72
Belgique (2003) Royaume-Uni (2002)
75 Canada (2005) Suède (2003)
Espagne (2005) Canada et Espagne (2005)
Afrique du Sud (2005) Belgique (2006)
Mariage gay et adoption par des couples homosexuels (D’après http://cours.funoc.be, page consultée le 29 juillet 2007)
204
5 Il peut y avoir dans le yé-yé les ferments d’une non-adhésion à ce monde « croulants » avides de juvénilité se l’approprient ; ainsi ont été arborés
adulte d’où suinte l’ennui bureaucratique, la répétition, le mensonge, la blue-jeans, polos, blousons et vestes de cuir, et actuellement la mode est
mort ; monde profondément démoralisant au regard de toutes les profondes au tee-shirt imprimé (…) ;
aspirations d’un être jeune ; monde où la jeune lucidité ne voit de la vie - l’accession à des biens (…) : électrophone, guitare (…), radio à transistors,
des adultes que l’échec. Les communications de masse (presse, radio, TV, collection de 45 tours, photos ;
cinéma) ont joué un grand rôle dans la cristallisation de cette nouvelle classe - un langage commun ponctué d’épithètes superlatives comme « terrible »,
d’âge, en lui fournissant mythes, héros et modèles. Dans un premier stade, « sensass », langage « copain » où le mot « copain » lui-même est (…) mot
le cinéma fait émerger les nouveaux héros de l’adolescence, qui s’ordonnent de passe (…) ;
autour de l’image exemplaire de James Dean. Dans un deuxième stade, c’est - des cérémonies de communion, depuis la surprise-partie jusqu’au
le rock qui joue le rôle moteur. Mais tous les moyens de communication sont spectacle de music-hall.
engagés dans le processus. (…)
La classe d’âge s’est cristallisée sur : Edgar MORIN, dans Le Monde, 6 juillet 1963 (D’après J.-M. GAILLARD, Histoire
Terminales L-ES, Rosny, Bréal, 2004, p. 336)
- une panoplie commune, qui, du reste, évolue au fur et à mesure que les
8 1984-1985 1994-1995
(1) (2) (1) (2)
Enseignement général 57,7 42,3 56,3 43,7
Enseignement technique 42,1 57,9 37,8 65,2
Enseignement professionnel 34,8 65,20 28,5 71,5
6 Évolution de l’âge moyen lors du premier rapport sexuel, (1) Enfants des classes moyennes ou supérieures
pour les jeunes nés avant 1922, nés entre 1922 et 1936 (2) Enfants d’employés, d’ouvriers ou de chômeurs
… entre 1972 et 1973 (D’après M. JASPARD, Sociologie des
comportements sexuels, Coll. « Repères », Paris, La Découverte, Origine sociale des élèves inscrits dans les principales filières de l’enseignement secondaire, à Rennes
2005, p. 87) (France) en 1984-1985 et 1994-1995 (en % moyen) (D’après P. MERLE, La démocratisation de l’enseignement,
Coll. « Repères », Paris, La Découverte-Syros, 2002, p. 70)
205
2
Tony CRAGG, Sans titre, titre
attribué : Bouteille verte,
1980 (Paris, Musée national
d’Art moderne, Centre Georges
Pompidou)
56
4
Duane HANSON,
Supermarket Lady,
110 1970 (Aix-La-Chapelle,
Ludwig Forum)
206
Cette vidéo-sculpture
présente trois haltérophiles
réalisant des exercices
répétitifs sur des machines
dont on entend le bruit
métallique. Elle traite donc du
bodybuilding et de la quête
d’un corps parfait.
207
Filippo Tommaso MARINETTI, Manifeste du futurisme, 1909 (D’après J.-L. FERRIER [dir.], L’aventure de l’art au XXe siècle, Paris, Chêne-Hachette, 1988, p. 99)
11 La dernière avant-garde du XXe siècle (…) est cet art qui tient compte de la révolution (…) technologique. Puisant son origine
dans des inventions extérieures au monde artistique, l’art fondé sur la technologie (qui regroupe toute une série de pratiques,
de la photographie au cinéma et de la vidéo à la réalité virtuelle) a fait pénétrer la création artistique dans des domaines
naguère dominés par les ingénieurs et les techniciens. (…) L’art né de l’union de la création artistique et de la technologie est
peut-être le plus éphémère de tous ; c’est l’art du temps. On dit de la photographie qu’elle fige et conserve une fraction de
temps, mais une image créée dans un ordinateur ne réside dans aucun lieu ni aucun temps : numérisées au moyen du scanner
puis modifiées par un programme informatique, les images numériques, montées, effacées ou assemblées, semblent abolir
les frontières normales entre le passé, le présent et le futur.
Michael RUSH, Les nouveaux médias dans l’art, Coll. « L’Univers de l’art », Paris, Thames & Hudson, 2000, p. 8
208
209
17
Marc CHAGALL,
La crucifixion
blanche, 1938
(Chicago, Art
Institute)
18 Nous affirmons notre aspiration humaine et naturelle au sublime, à des émotions absolues. (…) Nous fabriquons des
images dont la réalité est évidente et qui viennent au monde sans support, sans béquille ou sans rapport avec des peintures
dépassées, qu’elles aient été sublimes ou belles. Nous nous débarrassons du poids de la mémoire, de l’association, de la
nostalgie, de la légende, du mythe et de tout ce qui a constitué les outils de la peinture de l’Europe occidentale. (…) Nous
fabriquons des images à partir de nous-mêmes et de nos propres sentiments. L’image que nous créons est aussi lumineuse,
réelle et concrète qu’une révélation, une image qui peut être comprise par tous ceux qui ne regardent pas à travers les lunettes
nostalgiques de l’Histoire de l’art.
Barnett NEWMAN, extrait d’un article publié en 1948 (D’après J. BAAL-TESHUVA, Mark Rothko, 1903-1970, Köln, Taschen, 2003, p. 10)
210
20
Mark ROTHKO,
N°. 14/N°.10 (Yellow
Greens), 1953
(Los Angeles, Estate of
Frederick R. Weisman)
22
Bill VIOLA, The Quintet of the Astonished,
installation vidéo, 2000 (Collection de l’artiste)
Depuis les années 1970, Viola réalise des vidéos sur le thème
de la mort et des émotions qui y sont liées. En 1988, il découvre
l’art religieux du Moyen Âge au musée Getty, à Los Angeles
(États-Unis) et s’en inspire pour une série qu’il intitule Passions.
Dans ses vidéos, l’artiste recourt au ralenti.
211
1
Célébration du
couronnement de
Notre-Dame du Rempart,
Namur, 20 juillet 1919
2 [Au début du XXe siècle], un clergé important, de nombreux religieux et surtout religieuses, soutenus par des laïcs riches et
influents, animent les multiples institutions de l’Église : paroisses, établissements scolaires, de l’école primaire à l’Université
catholique de Louvain, œuvres caritatives et sociales les plus diverses. (…)
Pour une population qui passe de 7 405 569 habitants en 1920 à 9 189 741 en 1961, le clergé diocésain a progressé de 8129
à 10 450 prêtres. (…) [Le] nombre de religieux n’a guère augmenté – de 9858 à 10 039 – (…) [mais] les vocations sacerdotales,
par contre, connaissent une période de forte croissance jusqu’en 1945. (…) Les religieuses se retrouvent à 44 669 en 1961,
[au même niveau qu’en 1920], après une légère augmentation jusqu’à la fin des années 1940 (…). Le réseau paroissial (…) est
assez dense : 3374 paroisses (…) en 1920, 3723 (…) en 1961 (…). [À Bruxelles], 27 paroisses nouvelles [sont créées] de 1924
à 1960 (…).
L’enseignement reste le second pilier de l’Église. Il continue son expansion (…). De 1921 à 1961, la proportion d’élèves
fréquentant les écoles catholiques passe de 46 % à 52 %. (…) [Dans l’enseignement secondaire], le réseau catholique (…)
est dominant. (…) [En 1959], il rassemble 62 % des élèves du secondaire. (…) L’Université catholique de Louvain passe de
3040 étudiants en 1919 à 10 210 en 1958, presque autant que les trois autres universités du pays qui, ensemble, en accueillent
11 202. (…)
Les institutions caritatives très diverses poursuivent leur développement. (…) Les organisations sociales s’implantent
37 fortement. Les syndicats chrétiens (…) n’atteignaient que le quart des effectifs des syndicats socialistes en 1925. (…) [Ils les]
dépasseront dans les années 1950. (…)
Si les structures sont fortes, le nombre de pratiquants réguliers est en baisse, sauf pendant les guerres. En 1950, la présence à
la messe dominicale est de 60 % en Flandre contre 40 % en Wallonie et 35 % à Bruxelles. Dans la classe ouvrière, la pratique
tombe à 2 % ou 3 % dans certaines paroisses wallonnes. (…) Mais (…) 98 % de la population est baptisée. (…) [En] 1967, on
112 comptera encore 94 % d’enfants baptisés, 86 % de mariages et 84 % d’enterrements religieux.
André TIHON, La Belgique, dans J.-M. MAYEUR, Ch. PIETRI, A. VAUCHEZ et M. VENARD (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, XII, Paris, Desclée-
Fayard, 1990, p. 538-548
212
5 Les lumières de ce concile* seront pour l'Église, Nous l'espérons, une source de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant
d'enrichissement spirituel. Après avoir puisé en lui de nouvelles énergies, davantage en valeur les richesses de sa doctrine. C'est le cas particulièrement
elle regardera sans crainte vers l'avenir. En effet, lorsqu’auront été apportées pour ces manières de vivre au mépris de Dieu et de ses lois, en mettant
les corrections qui s'imposent (…), l'Église fera en sorte que les hommes, une confiance exagérée dans le progrès technique, en faisant consister la
les familles, les nations tournent réellement leurs esprits vers les choses prospérité uniquement dans le confort de l'existence. Les hommes sont
d'en haut. (…) Ce qui est très important pour le concile* (...), c'est que le de plus en plus convaincus que la dignité et la perfection de la personne
dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon humaine sont des valeurs très importantes qui exigent de rudes efforts.
plus efficace. (…) [Il] est nécessaire avant tout que l'Église ne détourne Mais ce qui est très important, c'est que l'expérience a fini par leur apprendre
jamais son regard de l'héritage sacré de vérité qu'elle a reçu des anciens. que la violence extérieure imposée aux autres, la puissance des armes, la
Mais il faut aussi qu'elle se tourne vers les temps présents, qui entraînent domination politique ne sont pas capables d'apporter une heureuse solution
de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de nouvelles aux graves problèmes qui les angoissent. (…)
voies à l'apostolat catholique. (…)
JEAN XXIII, discours d'ouverture du concile* Vatican II, Rome, 11 octobre 1962 (D’après Ph.
Aujourd'hui, l'épouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde,
CHENAUX [éd.], Les enseignements de Jean XIII, Saint-Maurice, Éditions Saint Augustin, 2000,
plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que p. 130-136)
6
Triomphal jubilé de la Jeunesse Ouvrière
Chrétienne, Bruxelles, août 1935, dans Le Patriote
illustré, 1er septembre 1935, p. 1105
213
H. THOMAS, Foules de Noël et messes de minuit, dans Témoignage chrétien, édition belge, n° 442, 26 décembre 1952, p. A
Paul MINON, Le peuple liégeois. Structures sociales et attitudes religieuses, Liège, Secrétariat interparoissial,
1955, p. 121-125
10 Rentré d’un oflag* en 1945, le P. Yves Congar1 s’est trouvé immédiatement en présence du mouvement réformiste français.
Mus par un désir d’apostolat, prêtres et laïques se montraient soucieux d’un renouvellement des formes courantes de la
pastorale : prédication plus réelle, contact efficace et durable avec la masse ouvrière, liturgie plus vraie (…) et en même temps
plus adaptée, formes de vie paroissiale plus communautaires. C’est dans cette ambiance que le P. Congar a rédigé l’essentiel
d’un livre qui vient de paraître2. ( …) Devant toute innovation quelle qu’elle soit, il y a deux attitudes a priori : le refus pur et
simple et l’enthousiasme irréfléchi. Elles sont l’une et l’autre à rejeter. (…) Il y a donc une réforme en cours dans l’Église et il
appartient au théologien d’en dégager les lois. (…) La partie la plus importante du livre est consacrée à dégager les conditions
d’une réforme, hardie sans doute, mais dans une fidélité profonde. (…) Le courage, la fermeté et la modération du P. Congar,
appuyés sur une théologie aux arêtes bien définies lui ont permis d’atteindre les avant-postes sans perdre le contact avec
l’arrière.
1
→ 112
2
Yves CONGAR, Vraie et fausse réforme dans l’Église, Paris, Éditions du Cerf, 1950
Jérôme HAMER, Vraie et fausse réforme dans l’Église. À propos d’un livre récent, dans La Revue nouvelle, XIII, n° 5, 15 mai 1951, p. 533-540
214
12
Belgique Wallonie Bruxelles
1967 1998 1967 1998 1967 1998
Pratique dominicale 42,9 11,2 33,9 9,3 24,3 6,3
Baptêmes 93,6 64,7 92,8 64,8 81,6 23,4 13 Les diverses initiatives prises pour appliquer l'esprit du
concile* au sein de l'Église en Belgique se heurtèrent
Mariages religieux 86,1 49,2 83,5 54,3 61,5 20,6
rapidement à deux obstacles. Le premier était le caractère
Funérailles religieuses 84,3 76,6 79,3 73,6 72 48,7 relativement limité des possibilités de changement au
Évolution de la pratique religieuse en Belgique (1967-1998) (en %) (Adapté d’après C. DELHEZ et sein de l'Église universelle, notamment sur le plan des
O. SERVAIS, Individualisme religieux, ultra-urbanité et pluralisme…, dans La Revue nouvelle, n° 6-7, structures ecclésiastiques. Le deuxième fut une certaine
juin-juillet 2007, p. 35-39) illusion, ayant permis de croire que le concile* allait
renverser les tendances (…) de désaffection vis-à-vis de
la participation au culte, de diminution de l'appartenance
aux mouvements d'Action catholique, du manque de
recrutement sacerdotal ou religieux. (…) La déception de
ceux qui avaient espéré des résultats plus immédiats et
14 L’enquête de 20071 montre que 15 % des francophones se disent de plus rapides eut plusieurs conséquences.
l’Église catholique et pratiquants réguliers. Autour de ceux-ci, 39 % se Tout d'abord, on assista très rapidement en Belgique, à
disent catholiques et participent de temps en temps aux offices, que ce l'instar de ce qui se produisit dans l'ensemble de l'Église,
soient les baptêmes, mariages ou enterrements ou les grandes fêtes à une tendance à privatiser la foi chrétienne, l'accent étant
comme Noël et Pâques. Plus de 54 % des francophones sont donc en mis sur une spiritualité personnelle, plus que sur une
lien avec l’Église catholique (…). transformation de l'institution ou une action prophétique
À y regarder de près, ce n’est [donc] pas tant la foi qui fait défaut que dans la vie sociale. C'est ce qui explique probablement le
les mots pour le dire. Ainsi, lorsqu’on interroge les francophones sur développement de mouvements [de laïcs] (…). Par ailleurs,
l’au-delà, (…) parmi les catholiques, seuls 44 % choisissent spontanément en correspondance avec le courant dominant dans l'Église
une des expressions classiques de la foi chrétienne : la résurrection des universelle, certaines tendances plus conservatrices se
morts, le paradis ou le jugement de chacun selon ses actes ; 44 %, manifestèrent à l'intérieur du catholicisme belge, mais sans
tout en croyant, ne peuvent pas préciser. Même le mot « Dieu » pose y exercer une influence déterminante. Il s'agit notamment
aujourd’hui problème. (…) de l'Opus Dei1 (…), le tout culminant par la nomination,
Les jeunes sont moins nombreux à se dire catholiques pratiquants. peu désirée au sein de la Conférence épiscopale, de
Cependant, (…) aujourd’hui, tout comme les jeunes couples ont des Mgr Léonard comme évêque de Namur. (…)
enfants plus tard, ils redécouvrent leur foi plus tard. La croissance
des baptêmes d’adultes dans le catholicisme et le protestantisme est 1
Fondé en 1928, l’Opus Dei a pour but de fournir aux chrétiens une
symptomatique de cette situation. La foi religieuse n’est donc plus formation spirituelle et doctrinale.
nécessairement un parcours depuis l’enfance. Elle devient une étape
François HOUTART, Les fruits du concile dans les sociétés occidentales
de vie. (…) et en Belgique, dans Claude SOETENS (dir.), Vatican II et la Belgique,
Quorum, Louvain-la-Neuve, 1996, p. 205-207
1
Enquête organisée conjointement par Vers l’Avenir, Dimanche et l’UCL, en février
2007
215
À la fin des années 1920, une crise économique survient aux États-Unis. Pourquoi ?
Dès 1919, les anciens belligérants remettent en route leur machine économique. Les besoins nés de la reconstruction semblent
immenses et suscitent la demande tant en matières premières qu’en biens d’équipement ou de consommation. La production
s’accroît donc. Ce sont les « années folles ». L’industrie tourne à plein rendement, particulièrement dans le secteur des biens
de consommation où de nouveaux produits se diffusent : automobile, TSF, électroménager… Pour répondre à la demande, les
entreprises s’endettent. Et pour susciter la demande, elles multiplient les publicités, tandis que les banques proposent aux
consommateurs de multiples formes de crédit.
Cette croissance économique provoque une hausse des cours ou de la valeur des titres* à la Bourse* de New York. Les
investisseurs et les spéculateurs sont nombreux à vouloir acheter des titres* : leur prix augmente. Cette hausse des prix favorise
le recours au crédit, les acheteurs réglant parfois seulement 10 % du montant de l’action* ou de l’obligation* et empruntant les
90 % restants à un agent de change ou courtier qui travaille lui-même à crédit, avec les banques.
L’ABC de la bourse
La bourse est un « marché » où l’on échange des titres, notamment. Il existe deux sortes
de titres* : l’action et l’obligation. L’action donne droit, annuellement, à un dividende, qui
dépend de la « santé » de l’entreprise ; il peut être nul. Par contre, l’obligation donne droit à
un dividende fixe, mais souvent inférieur au rendement potentiel d’une action.
La valeur nominale d’une action correspond à son prix d’achat au moment de son émission
par l’entreprise qui constitue ou élargit son capital. À la bourse, le titulaire d’une action peut
la revendre. Le prix de revente pourra être supérieur ou inférieur à sa valeur nominale.
- Quand la « santé » de l’entreprise et le contexte économique font espérer de substantiels
dividendes, l’offre d’actions est inférieure à la demande, c’est-à-dire que les vendeurs
sont moins nombreux que les acheteurs. Les premiers sont désireux de garder leurs
actions, puisqu’elles leur permettent d’espérer d’importants dividendes ; les seconds sont
nombreux à vouloir bénéficier de ces dividendes et, pour cela, à souhaiter racheter des
actions. Quand l’offre est inférieure à la demande, la valeur des actions, c’est-à-dire leur
Évolution des cours boursiers et prix à la revente, monte.
1
des dividendes (D’après G.-M. HENRY, - Quand la « santé » de l’entreprise et le contexte économique ne font pas espérer de
Les crises au XXe siècle, (1873-2003), substantiels dividendes, l’offre d’actions est supérieure à la demande, c’est-à-dire que
Paris, Belin, p. 97)
les vendeurs sont plus nombreux que les acheteurs. Les premiers sont désireux de vendre
leurs actions, puisqu’elles ne leur permettront pas de toucher d’importants dividendes ;
29-30 les seconds sont peu nombreux à vouloir les acquérir. Quand l’offre est supérieure à la
demande, la valeur des actions, c’est-à-dire leur prix à la revente, baisse.
Pour l’investisseur, l’achat et la vente d’actions en bourse sont donc motivés par l’espoir ou
l’anticipation de bénéfices par la perception de dividendes. Par contre, pour le spéculateur,
l’achat et la vente d’actions sont l’occasion de réaliser des bénéfices réalisés en revendant des
80 actions à un prix supérieur à leur prix d’achat. Tant qu’il peut espérer une hausse des cours,
le spéculateur conservera donc ses actions. Mais dès que la baisse semble se profiler, il les
96 revendra au prix le plus élevé possible.
Ces investisseurs ou ces spéculateurs sont soit des particuliers, petits épargnants ou
financiers importants, soit des banques, soit des entreprises elles-mêmes.
216
Paris, 30 octobre - Le New York Herald annonce que le marché de New York s’est
effondré une troisième fois, avec une soudaineté et une violence plus grandes
encore qu’auparavant. 16 419 000 actions* ont été négociées, ce qui a déterminé
une chute des cours et des pertes chiffrées à des billions de dollars.
Des faillites sensationnelles sont déclarées. (…) [Des] quantités énormes d’actions Du krach* à la dépression*
furent mises sur le marché dès l’ouverture de la Bourse*. (…)
La Bourse de New York ne fut pas la seule à supporter l’effondrement ; tous les À partir d’août 1929, les banques qui composent la Federal
marchés furent atteints. (…) [L]’impression est que [les banquiers sont impuissants] Reserv (Fed) augmentent leur taux d’intérêt, qui passe de
à enrayer la catastrophe. Ils [sont] cependant [décidés] à acheter les actions* offertes 5 % à 6 %. La Fed espère de cette manière rendre plus difficile
sur le marché, afin de parer à la démoralisation complète des esprits. le crédit, puisque l’intérêt de l’argent emprunté sera plus élevé.
L’effondrement de Wall Street1 a eu une répercussion grave sur les marchés Cette hausse inquiète certains spéculateurs : le crédit étant
européens (...). Le cours des actions industrielles [européennes] descendit à son tour plus cher, ils craignent que les actions* qu’ils ont acquises,
à la suite de leurs ventes en bloc par leurs possesseurs américains (…) (Havas). parfois à un prix élevé, ne trouvent plus d’acheteurs. Ils décident
donc de les revendre, ce qui provoque un ralentissement de la
1
Nom de la rue où se trouve la Bourse* de New York et, par association, cette bourse elle-même hausse des cours à la Bourse* de New York. Ce ralentissement
est perçu, par d’autres spéculateurs et un certain nombre
La débâcle s’est accentuée à la Bourse de New York, dans La Dernière Heure, 31 octobre 1929, p. 1
d’investisseurs, comme l’annonce d’une baisse prochaine de
la valeur des actions*. Leur réaction ne se fait pas attendre :
ils revendent en masse leurs actions* et provoquent ainsi la
baisse qu’ils voulaient anticiper. Celle-ci en amène d’autres à
revendre à leur tour, renforçant encore la baisse.
Le 24 octobre 1929, le « jeudi noir », 13 millions de titres* sont
mis en vente à Wall Street ; 16 millions et demi le lendemain.
Faute d’acheteurs, les cours s’effondrent. C’est la panique et la
faillite pour de nombreux investisseurs et spéculateurs, tout
3 La diffusion de la crise dans le monde (D’après J.-M. LAMBIN (dir.) Histoire 1re, Paris, Hachette, 1994, comme pour les courtiers qui leur ont prêté de l’argent et ne
p. 171) seront pas remboursés.
Les banques se trouvent dans une situation périlleuse et
plusieurs d’entre elles font faillite. En effet :
- elles se sont elles-mêmes, souvent, livrées à la spéculation
et sont touchées par la chute des cours des titres ;
- de nombreux courtiers à qui elles ont prêté de l’argent ne
peuvent rembourser leurs créances ;
- les particuliers affluent dans les banques pour retirer leurs
économies : ils voient en effet le moment où ces économies
s’envoleront en fumée, les banques ne retrouvant pas les
fonds qu’elles ont investis en bourse* ou prêtés.
217
Dès 1931, la crise de 1929 qui a éclaté aux États-Unis plonge l’Europe dans la dépression*. Pour faire
face aux difficultés économiques et sociales, les États mettent en place des politiques variées.
Quelles sont-elles ? Quels en sont les résultats ?
218
La Belgique face à la crise 2 Indice du Taux de Indice de la Solde du Indice de la Nombre de Nombre de
PNB* chômage production budget de productivité* syndiqués fonction-
À la veille de la crise, l’économie belge exporte jusqu’à industrielle l’État (en millions) naires
35 % de sa production. La contraction des échanges fédéraux
internationaux frappe donc de plein fouet la Belgique. 1929 100 3,2 100 +1,2 100 3,5 580 000
Le déficit de la balance commerciale* s’accroît. Les 1933 69 24 63 -1,3 93,5 2,8
tarifs protectionnistes* pratiqués par les autres pays
1934 76 21,6 71 -3,6
limitent encore les débouchés. Les stocks augmentent
et le chômage devient de plus en plus important, 1935 83 20 82 -2,8
surtout dans les bassins miniers et autour des ports 1936 95 16,8 95 -4,4 113 4
d’Anvers et de Gand. La politique déflationniste* 1937 100 14,2 105 -2,8
pratiquée par les Gouvernements est sans résultat et 1938 95 19 82 -1,2 8,5
suscite des réactions sociales violentes. En 1932, des
1939 103 17,2 100 122 9 1 000 000
grèves éclatent.
En 1935, le Gouvernement d’union nationale Les États-Unis de 1929 à 1939 : évolution de quelques indicateurs (D’après A. KASPI, Les Américains, I,
(catholique, libéral et socialiste), présidé par le Premier Paris, Le Seuil, 1986, p. 317, 319 ; C. FOHLEN, Les États-Unis au XXe siècle, Paris, Aubier, p. 124 ; Y. TROTIGNON,
ministre catholique Van Zeeland, modifie l’orientation Le XXe siècle américain, Paris, Bordas, 1988, p. 123 et J. POTTER, The american economy between the World
Wars, New York, John Wiley and sons, 1974, p. 137)
de la politique économique en s’inspirant, notamment,
du plan du socialiste Henri de Man (→ 37/4). Plusieurs
mesures sont prises : dévaluation* de 28 % du franc
belge, création d’un Office de l’Emploi, prolongation 3
de la scolarité jusque 14 ans, contrôle du crédit par L’ÉTAT INTERVIENT ET CREUSE Hausse des
LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE. investissements
une Commission bancaire, hausse des salaires des
fonctionnaires et relance de la politique des grands Aide aux entreprises (prêts,
travaux (canal Albert, jonction Nord-Midi, électrification subventions) et aux banques Hausse de la Hausse des prix
des voies ferrées…). Il prend également des mesures production et des profits des
Grands travaux (routes, entreprises
sociales, notamment l’adoption en 1936 des congés
barrages, tunnels,...)
payés, et favorise la concertation entre les syndicats et
le patronat. Commandes publiques (pour Hausse de la
Augmentation
l’armée, les chemins de fer, consommation des
de l’emploi
la flotte) ménages
Les réponses des régimes autoritaires
En Italie, au Japon et en Allemagne, l’État résorbe le Création d’emplois de Hausse des
revenus
chômage en pratiquant une politique de grands travaux fonctionnaires
(autoroutes, bâtiments publics…) et en développant
Aide aux chômeurs
l’industrie de l’armement. Ces mesures sont financées Hausse des impôts directs
notamment par l’impôt. Pour se procurer certains Hausse des impôts indirects
produits, matières premières et sources d’énergie, il ACCROISSEMENT DES
RECETTES DE L’ÉTAT Hausse de l’impôt des sociétés
négocie avec l’étranger des accords bilatéraux, proches L’ÉQUILIBRE DU BUDGET
EST RESTAURÉ.
du troc, et évite ainsi les sorties de devises.
Le modèle keynésien
219
Un empire en crise
Au début du XXe siècle, les Russes vivent toujours sous un régime autocratique : ils ne disposent ni de libertés fondamentales
ni d’institutions représentatives. Le tsar Nicolas II jouit d’un pouvoir absolu et de droit divin. Il règne depuis 1894 sur un immense
empire (env. 159 millions d’habitants en 1913) qui compte quelque 200 nationalités* « russifiées » par l’État central russe, slave et
orthodoxe. Le peuple est composé en grande majorité de paysans et est plongé dans la misère. La plupart des terres appartiennent
à de grands propriétaires terriens. Les moujiks* ne possèdent qu’une petite partie du sol. Les techniques restent archaïques et
les rendements médiocres. Seuls les koulaks* jouissent d’une situation un peu meilleure. Dans certaines régions, l’industrie se
développe, mais dépend de capitaux étrangers. Les conditions de vie des ouvriers (4,5 millions en 1913) sont désastreuses. La
bourgeoisie, qui tire profit de cette industrialisation, souhaite des changements politiques, mais se heurte au pouvoir absolu du
tsar. Elle doit aussi faire face aux revendications du prolétariat.
1905 : la rupture
Au début du mois de janvier 1905, l’humiliante défaite russe dans la guerre du Japon suscite un choc dans l’opinion publique,
déjà déstabilisée par de graves difficultés économiques. À Saint-Pétersbourg, une grève éclate. Le matin du 9 janvier 1905, des
cortèges populaires convergent vers le palais impérial ou palais d’Hiver. Ils apportent au tsar une pétition pour des réformes
politiques, économiques et sociales. L’armée tire. C’est le « Dimanche rouge », qui marque une rupture définitive : le prestige du
31-32
tsar s’est effondré.
En octobre 1905, sous la pression de la population qui reste mobilisée, Nicolas II concède quelques libertés et la création d’une
assemblée législative, la Douma*, élue au suffrage universel. Mais, rapidement, il revient sur les réformes qu’il a acceptées.
Ainsi, le contrôle policier rend illusoires les libertés proclamées en 1905. À partir de 1907, l’opposition n’est presque plus représentée
à la Douma*.
220
En 1914, la guerre est accueillie avec enthousiasme par la population. Mais, • En exil en Suisse, Lénine traverse l’Allemagne, avec l’autorisation des
après des succès militaires, la situation se renverse et tourne au désastre autorités allemandes, et rentre en Russie en avril 1917. Il y expose
pour les Russes. Le mécontentement grandit. ses Thèses d’avril (→ 31/6) qui sont adoptées par les bolcheviks*. Mais
• Le 23 février 1917, à Saint-Pétersbourg, rebaptisée Petrograd, une soupçonné par le Gouvernement provisoire et les mencheviks* de s’être
manifestation pacifique réclame du pain et la fin de la guerre ; les usines entendu avec l’Allemagne pour renverser le Gouvernement, il se cache en
se mettent en grève. Le 27 février, des soldats se mutinent et fraternisent Finlande et ne revient clandestinement à Petrograd que le 7 octobre.
avec les manifestants ; le palais d’Hiver est occupé. • Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917, à Petrograd, Lénine lance
• Pour tenter de sauver la dynastie, Nicolas II abdique le 2 mars en faveur l’insurrection qu’il a préparée avec Trotski qui a rejoint les bolcheviks*.
de son frère, le grand-duc Michel. Mais le lendemain, celui-ci refuse la Le Gouvernement provisoire est renversé et un nouveau est constitué.
succession. La Douma* forme un Gouvernement provisoire composé de Il est composé exclusivement de bolcheviks* et présidé par Lénine. Les
membres du Parti Constitutionnel-Démocrate auquel se joint Kerenski. Au premiers décrets, sur la paix et sur la terre (→ 31/9), sont approuvés et
même moment, les ouvriers et les soldats de Petrograd élisent un Soviet* Lénine lance un appel à la révolution prolétarienne internationale. En mars
dominé par les mencheviks*. La Russie se retrouve avec un double 1919, il fonde le Komintern*.
pouvoir aux tendances fondamentalement différentes.
221
222
officiel de la politique d’euthanasie sous la pression des Églises chrétiennes. En 1935, la loi « pour la protection du sang et de l’honneur allemands » interdit
aux Juifs d’avoir des relations sexuelles avec des non-Juifs.
• Dès 1933, les Juifs sont progressivement exclus de la société allemande (→ 35/1). Une ordonnance de 1935 définit qui est juif : soit celui qui a trois grands-
parents juifs et est de religion juive ou celui qui a deux grands-parents juifs, est de religion juive ou est marié à un(e) Juif(ve). L’émigration est encouragée.
Toutefois, un quart seulement des Juifs allemands (170 000 personnes) émigre avant novembre 1938, date à partir de laquelle l’exil leur est interdit.
• À partir de 1938, le passeport des Juifs est marqué de la lettre « J ». En septembre 1941, le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire en Allemagne. Il était
déjà obligatoire en Pologne en 1939 et le sera à partir de 1942 dans les pays occupés comme la Belgique.
• Commencée en 1941, la Solution finale* est organisée lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942. Plus de 5 millions de Juifs et près de
250 000 Tsiganes seront exterminés par la famine, les violences dans les ghettos*, les fusillades massives notamment en URSS (la « Shoah* par balles »), le
gazage dans six centres d’extermination, l’épuisement, la faim et les maladies dans les camps et les ghettos* et durant les « marches de la mort »… (→ 86)
• La théorie raciale de Hitler l’amène enfin à revendiquer, pour les Allemands, un « espace vital » (lebensraum) suffisant. Cette exigence justifie, aux yeux des
nazis, la politique expansionniste que le IIIe Reich* entame dès 1938 (→ 38).
1 Photographie, Hambourg,
1935 3 L’Histoire établit avec une clarté effroyable que, lorsque l’Aryen a
mélangé son sang avec celui de peuples inférieurs, le résultat de
ce métissage a été la ruine du peuple civilisateur. L’Amérique du
Nord, dont la population se compose en grande majorité d’éléments
Sur les deux panneaux, germaniques, qui ne se sont que très peu mêlés avec des peuples
on peut lire : « Je suis ici inférieurs appartenant à des races de couleur, présente une autre
la plus grosse cochonne humanité et une tout autre civilisation que l’Amérique du Centre et du
et je ne couche qu’avec Sud, dans laquelle les immigrés, en majorité d’origine latine, se sont
des Juifs. » « Moi en parfois fortement mélangés avec des autochtones. Ce seul exemple
tant que garçon juif, suffit déjà à reconnaître nettement le résultat du mélange des races.
je ne ramène dans ma Le Germain, resté de race pure et sans mélange, est devenu le maître
chambre que des filles du continent américain ; il le restera tant qu’il ne sacrifiera pas lui aussi,
allemandes. » à une contamination incestueuse.
Adolf HITLER, Mein Kampf, Munich, Eher-Verlag, 1925 (D’après Paris, La Défense
française,1927, p. 271-272)
2 4 [Le Juif] est le parasite type (…) qui, tel un bacille nuisible, s’étend toujours plus loin, sitôt qu’un sol
Photographie, nourricier favorable l’y invite. L’effet produit par sa présence est celui des plantes parasites : là où il se fixe,
Berlin, le peuple qui l’accueille s’éteint au bout d’un plus ou moins long temps. (…) Le jeune Juif aux cheveux noirs
été 1941 épie, pendant des heures, le visage illuminé d’une joie satanique, la jeune-fille inconsciente du danger qu’il
souille de son sang et ravit ainsi au peuple dont elle sort. (…) Ce furent et ce sont encore des Juifs qui ont
amené le sang nègre sur le Rhin, toujours avec la même pensée secrète et le but évident : détruire, par
l’abâtardissement résultant du métissage, cette race blanche qu’ils haïssent, la faire choir du haut niveau
de civilisation et d’organisation politique auquel elle s’est élevée et devenir ses maîtres.
Adolf HITLER, Mein Kampf, Munich, Eher-Verlag, 1925 (D’après Paris, La Défense française,1927, p. 289 et 308-309)
223
Les régimes autoritaires se développent particulièrement en Europe centrale, orientale et méditerranéenne, là où la bourgeoisie
libérale n’a pu s’affirmer sur le plan politique. N’y échappent que l’Europe occidentale et du Nord et la Tchécoslovaquie.
Ces régimes sont le résultat soit de révolutions (Russie), soit de coups de force tolérés ou soutenus par la classe dirigeante
conservatrice (Lituanie, Pologne et Portugal en 1926, Grèce en 1936). En Allemagne, après le putsch manqué de Hitler en 1923, le
Parti Nazi obtient 33,1 % des voix aux élections de 1933 : Hitler est nommé chancelier*. De même, en 1922, au lendemain de la
« marche sur Rome », le roi d’Italie demande à Mussolini de former un Gouvernement.
L’ensemble de ces régimes partage quelques caractéristiques communes : installation d’un État de type autoritaire ou dictatorial
dirigé par un « chef » et, mis à part pour l’URSS, nationalisme, soutien des classes sociales conservatrices, affirmation des valeurs
traditionnelles (famille, patrie, travail…) et anticommunisme. Dans de nombreux cas, ces régimes s’appuient aussi sur l’Église
catholique, comme en Espagne, ou orthodoxe, comme en Yougoslavie.
Parmi ces régimes autoritaires, il faut distinguer trois États totalitaires : l’Italie, l’Allemagne et l’URSS.
• Ils se distinguent des autres régimes autoritaires par la promotion de valeurs qui prétendent définir un « homme nouveau »
et le déploiement de moyens de contrainte tels qu’ils permettent d’obtenir l’adhésion des masses à ce modèle. L’idéal du
totalitarisme* est de conditionner la vie de l’homme dans sa totalité par la propagande et par un contrôle absolu de la vie
privée et familiale, de l’enseignement, de la presse, des croyances, de la morale, des loisirs, des expressions artistiques… Pour
y parvenir, ces régimes utilisent notamment les progrès des moyens d’information et de diffusion (radio, cinéma, systèmes
d’amplification sonore) et multiplient les rassemblements de masse soigneusement mis en scène. Après les succès de
Mussolini et de Hitler, certains États autoritaires non fascistes utiliseront à leur tour ces techniques de communication et de
mise en condition (défilés en uniformes, manifestations…).
• Les régimes totalitaires ont également en commun le développement d’une politique étrangère de type impérialiste qui vise
à la constitution d’un « empire » (Reich*). Pour l’URSS, ce n’est le cas qu’à partir du pacte germano-soviétique de 1939.
Le totalitarisme de droite s’identifie au fascisme et est représenté par deux États : l’Italie de Mussolini et l’Allemagne de Hitler.
Ils se distinguent des autres États autoritaires par le culte rendu au chef (Duce*, Führer*), l’omniprésence du parti unique et son
rôle dans l’encadrement de la société, un nationalisme exacerbé, et la soumission de l’économie aux directives de l’État. Ils se
distinguent de l’URSS par leur anticommunisme. En Allemagne, le nazisme ou national-socialisme présente un trait particulier : le
racisme (→ 82).
En URSS, Lénine et surtout Staline installent un totalitarisme de gauche. Comme les États fascistes, l’État soviétique se caractérise
par le culte du chef, l’omniprésence du parti unique et son rôle dans l’encadrement de la société, la soumission de l’économie aux
directives de l’État, mais il s’en distingue sur deux points. Il met l’accent sur l’internationalisme plutôt que sur le nationalisme, et sur
l’égalité plutôt que sur l’élitisme. Dans les faits, le refus du nationalisme est contredit par la politique de « russification » et l’idéal
d’égalité par le développement d’une catégorie sociale privilégiée liée au parti unique, qui domine l’État et y adhère.
32-35
Pour beaucoup de contemporains, l’Italie et l’Allemagne apparaissent comme des modèles d’ordre et de dynamisme. Dans
les démocraties libérales, en proie à la crise économique et à l’instabilité gouvernementale, des mouvements fascistes se
37 développent. Certains se transforment en partis politiques et tentent d’accéder au pouvoir.
En France, les partis de droite eux-mêmes, tout en restant démocratiques, sont influencés par les idées autoritaires et la
tentation du rejet de l’« étranger » (le bolchevik*, le Juif, le franc-maçon). Au pouvoir, ils se montrent incapables de faire face
aux difficultés politiques et économiques. Cette incapacité favorise le développement de « ligues » ou mouvements fascistes
(Action française, Croix de Feu, Francisme, Parti Populaire français, La Cagoule…). En février 1934, elles organisent des émeutes.
82 Le régime républicain est menacé. En réaction, les partis de gauche (socialistes, radicaux et communistes) se regroupent en un
Front populaire qui remporte les élections de 1936. Le socialiste Léon Blum devient président du Conseil. Les réformes économiques
réalisées par ce Gouvernement sont timides. Par contre, les réformes sociales et culturelles sont plus profondes : congés payés,
semaine de 40 heures, conventions collectives*, prolongation de l’obligation scolaire jusqu’à 14 ans, créations de musées… En
224
1 Pays Dirigeant Dates Parti unique ou dominant au pouvoir Parti ou mouvement fasciste d’opposition
Portugal Antonio de Oliveira Salazar 1928-1968 Union nationale
Espagne Général Primo de Rivera 1923-1930 Union patriotique
Général Franco 1936-1975 Phalange
Grèce Général Metaxas 1936-1941
Turquie Mustapha Kemal 1923-1938 Parti Républicain du Peuple
Pologne Maréchal Pilsudski 1926-1935 Bloc national Jeune Pologne
Colonel Beck 1935-1939 Camp de l’Unité nationale Falanga
Hongrie Amiral Horthy 1920-1944 Croix fléchées
Autriche Engelbert Dollfuss 1932-1934 Heimwher (→ 1936)
Kurt von Schuschnigg 1934-1938 Parti National-Socialiste
Slovaquie Monseigneur Tiso 1939-1945 Parti Populaire Slovaque Parti National-Socialiste
Yougoslavie Alexandre Ier 1929-1934 Parti Yougoslave National Oustacha en Croatie
Milan Stojadinovic 1935-1939 Zbor en Serbie
Bulgarie Boris III 1934-1943
Roumanie Carol II 1930-1940 Front de la Renaissance nationale Garde de Fer
Général Antonescu 1940-1944
Lituanie Augustinas Voldemaras 1926-1929
Antanas Smetona 1929-1940
Lettonie Karlis Ulmanis 1934-1940
Les régimes autoritaires non totalitaires en Europe dans l’entre-deux-guerres (D’après B. DROZ et A. ROWLEY, Histoire générale du XXe siècle, I, Paris, Points Histoire, 1996, p. 286-287)
225
À partir de 1868, sous l’influence des idées libérales européennes, l’empereur Mutsu Hito entreprend de moderniser l’État
japonais. Sur le plan politique, une Constitution est promulguée* en 1889 : elle instaure une monarchie constitutionnelle*.
Parallèlement, la révolution industrielle touche le pays. Toutefois, le Japon doit faire face à un déficit important de produits
alimentaires, conséquence de l’augmentation de la population japonaise et du manque de terres cultivables dans un pays
très montagneux. Il manque aussi de matières premières qu'il doit importer. Pour faire face à ce double déficit, le Japon se
lance dans l’aventure coloniale. En 1895, il prend Formose (Taiwan) à la Chine. En 1904, il agresse la Russie et la vainc l’année
suivante, annexant du même coup de nouveaux territoires, dont le Sud de l’île de Sakhaline. En 1910, il conquiert la Corée. En
Occident, la puissance militaire japonaise impressionne.
Durant la Première Guerre mondiale, le Japon s’engage aux côtés des Alliés, ce qui lui vaut quelques avantages territoriaux
à l’issue du conflit. Il reçoit plusieurs anciennes colonies allemandes dans le Pacifique (îles Carolines, Marshall et Mariannes).
Sur le plan économique, le Japon profite des marchés abandonnés par les puissances européennes en guerre. L’indice
de la production industrielle passe de 100 en 1914 à 485 en 1919. L’industrie lourde décolle. Les exportations progressent
fortement.
Dans les années 1920, la croissance de l’économie japonaise se poursuit, mais plus lentement. L’absence de matières
premières continue à rendre l’archipel très dépendant de l’étranger. La croissance de la population et le déficit de terres
cultivables le maintiennent toujours dans une situation de dépendance alimentaire. La situation s’aggrave dans les années 1930.
L’économie japonaise subit en effet les conséquences de la crise économique de 1929. La baisse de la demande aux États-Unis
et en Europe provoque la chute des exportations de produits japonais, réduit les rentrées en devises et limite les possibilités
d’importation de matières premières dont le Japon a besoin. La baisse des exportations provoque aussi une diminution de
l’activité industrielle et le développement du chômage, lequel est d’autant plus difficile à supporter que la population ne cesse
de croître. De 37 millions en 1880, elle atteint 64 millions en 1930.
Cette situation amène les milieux économiques et financiers et l’armée à réclamer la reprise de la politique de conquête,
condition de survie de la nation japonaise. L’armée se montre également très critique face au régime parlementaire, qu’elle
juge inefficace, et plaide pour un retour au pouvoir absolu de l’empereur. Elle n’hésite pas, par ailleurs, à faire assassiner deux
Premiers ministres, en 1932 et 1939. Peu à peu, un régime autoritaire se met en place à Tokyo.
En septembre 1931, les troupes japonaises envahissent la Mandchourie. Cette annexion ne suscite que des protestations de
principe de la part de la SDN, que le Japon quitte en 1933. En 1937, ce dernier engage la guerre contre la Chine : en quinze jours,
38 les troupes nippones, qui s’illustrent par des massacres de masse, sont à Pékin et s’emparent de l’Est de la Chine.
En septembre 1940, le Japon, qui s’était lié avec l’Allemagne depuis 1936 par une alliance d’assistance militaire dit « pacte anti-
59-60 komintern* », se range du côté de l’Axe. Il profite de la défaite de la France pour occuper une partie de l’Indochine. En 1941,
l’attaque japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor dans les îles Hawaï amène les États-Unis à s’engager dans
la Seconde Guerre mondiale (→ 85). À partir de 1943, la guerre du Pacifique tourne lentement à l’avantage des Alliés. Elle se
poursuivra toutefois après la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, en mai 1945, jusqu’au lancement, par les États-Unis, des
bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, en août de la même année.
Au lendemain de la défaite, le Japon est occupé par les troupes américaines, sous le commandement du général MacArthur.
85
En 1946, 28 criminels de guerre sont jugés lors du procès de Tokyo. Pour favoriser le retour à la stabilité politique, l’empereur
Hiro Hito ne fait pas partie des accusés. En 1951, le Japon retrouve son indépendance ainsi qu’un régime démocratique à
l’occidentale. Il conserve des relations privilégiées avec les États-Unis qui y gardent notamment des bases militaires.
226
En 1911, la dynastie mandchoue, au pouvoir en Chine depuis 1644, s’effondre. À la mort de Sun Yat Sen, en 1925, le général Tchang Kaï-chek reprend
La première république chinoise est proclamée et Sun Yat Sen, dirigeant du la tête de l’alliance entre le Kuomintang et le Parti Communiste. En
parti nationaliste du Kuomintang, en est élu président. Il est à la tête d'un régime 1926, il lance ses troupes à l’assaut du Nord. Mais, dès 1927, il rompt
de type libéral inspiré de l'Occident. Mais, dès 1912, il est évincé du pouvoir l’alliance et dissout le Parti Communiste. Ses membres se replient
par Yuan Shikaï qui, tout en maintenant la Constitution* républicaine, installe dans la clandestinité et trouvent refuge dans les campagnes au sud et
un pouvoir fort. Il se montre toutefois incapable d’assurer son autorité sur les au centre du pays. En 1928, Tchang Kaï-chek a repris le contrôle de la
gouverneurs militaires ou « seigneurs de la guerre » qui contrôlent de vastes presque totalité de la Chine. Il conforte son pouvoir en établissant un
territoires. régime autoritaire.
Par ailleurs, les Occidentaux et le Japon profitent de la faiblesse du pouvoir Cependant, il doit faire face à plusieurs dangers :
central pour obtenir de Pékin de nouvelles concessions*. - dans les campagnes, les communistes étendent leur influence
En 1917, la Chine entre en guerre aux côtés des Alliés. En 1919, le Gouvernement et s’organisent militairement en créant une Armée rouge. Dans
chinois espère obtenir l’abolition des concessions*, mais les puissances les nombreux villages qu’ils contrôlent, ils confisquent les terres
européennes refusent. Cette situation suscite, dès 1919, l’opposition du parti appartenant aux grands propriétaires et les redistribuent aux paysans.
nationaliste Kuomintang, toujours dirigé par l’ancien président Sun Yat Sen. Celui-ci En 1931, Mao proclame la République soviétique chinoise ;
entend restaurer le pouvoir de Pékin face aux « seigneurs de la guerre » et - au Nord et à l’Est, les Japonais, qui ont pris pied en Mandchourie en
réduire les concessions* octroyées aux Européens. Il engage la lutte armée et 1931, contrôlent une large part du territoire.
prend le contrôle du Sud de la Chine, où il installe un Gouvernement concurrent À partir de 1930, Tchang Kaï-chek lance une série d’offensives contre
de celui de Yuan Shikaï, installé à Pékin. En butte aux Gouvernements européens les communistes. Ceux-ci sont obligés de fuir et entament ainsi leur
qui ne reconnaissent que le Gouvernement de Pékin, Sun Yat Sen se rapproche « Longue Marche » qui, de 1934 à 1935, les conduit à travers toute la
de l’URSS, obtient son soutien notamment au plan militaire, et s’allie au Parti Chine.
Communiste Chinois qui a vu le jour en 1921 ; parmi ses fondateurs, un certain Cette guerre civile facilite la progression des Japonais dans l’Est. Aussi,
Mao Tsé-toung. en 1937, Tchang Kaï-chek met fin à la lutte contre les communistes et
les deux parties s’allient contre l’envahisseur nippon. De 1937 à 1945,
Chinois et Japonais s’affrontent. L’union entre les nationalistes et les
communistes tient jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais
les deux camps ne cessent de rivaliser pour étendre leur influence.
En décembre 1941, suite à l’attaque japonaise de Pearl Harbor et à
l’entrée en guerre des États-Unis, la Chine se range dans le camp des
Alliés.
Moins d’un an après la capitulation japonaise d’août 1945, la guerre
civile reprend entre les troupes de Tchang Kaï-chek et celles de Mao.
Elle tourne en faveur des communistes. De plus, ceux-ci bénéficient
d’une popularité croissante dans les campagnes, grâce à leur politique
de redistribution des terres. Le 1er octobre 1949, à Pékin, Mao Tsé-toung
proclame la république populaire de Chine (→ 59). Les nationalistes
se réfugient sur l’île de Taïwan, entraînant dans leur fuite plus de deux
millions de réfugiés : deux États chinois coexistent depuis lors.
1
La Chine et le Japon entre 1910 et 1950
(D’après G. DUBY [dir.], Grand atlas historique,
Paris, Larousse, 1995, p. 207)
227
La guerre-éclair en Europe
Entre septembre 1939 et juin 1941, l’armée allemande ouvre six fronts successifs. Elle y met en pratique, avec succès, sa
technique de la Blitzkrieg (guerre-éclair) qui consiste en la concentration de forces terrestres blindées très mobiles précédées
de bombardements aériens qui anéantissent les défenses adverses.
• La Pologne est envahie en septembre 1939. En réaction, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne et se
mobilisent. Conformément au pacte germano-soviétique ou « pacte de non-agression », l’URSS laisse Hitler envahir la
Pologne et en profite pour s’emparer d’une partie de celle-ci ainsi que des trois pays baltes.
• En avril 1940, l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège afin de garantir son ravitaillement en fer suédois. La Suède
demeure neutre.
• La Belgique, la France et les Pays-Bas sont envahis le 10 mai 1940.
La Belgique et les Pays-Bas capitulent après 18 jours de combat. Durant cette campagne des 18 jours, une partie de la
population civile fuit vers la France : c’est l’« exode » (→ 42/1). La Belgique est administrée par l’armée allemande tandis que
le roi Léopold III se constitue prisonnier avec son armée (→ 65/1).
La France capitule et signe l’armistice le 22 juin. Le maréchal Pétain s’installe à Vichy et, ayant reçu les pleins pouvoirs du
Parlement français, établit un régime autoritaire. Il obtient de Hitler la possibilité d'exercer sa souveraineté* sur la moitié sud
de la France. Il se compromettra pendant la guerre en pratiquant une politique de collaboration avec les nazis, notamment
dans la déportation des Juifs vers les camps. Opposant au régime de Vichy, Charles de Gaulle, réfugié à Londres, lance, en
1940, un vibrant appel à la Résistance : l’appel du 18 juin.
• En août 1940, Hitler projette de débarquer en Angleterre. Mais il veut d’abord s’assurer la maîtrise des airs, pour éviter
l’interception de sa flotte par l’aviation anglaise. Il lance donc la bataille d’Angleterre : les aéroports anglais sont soumis
à d’intenses bombardements. Hitler veut aussi frapper l’opinion publique en bombardant Londres, mais la population reste
stoïque, encouragée par son Premier ministre Winston Churchill. L’invention du radar antiaérien ainsi que les avions de
chasse de la Royal Air Force imposent des pertes très lourdes à la Luftwaffe du IIIe Reich*. Le 7 octobre, Hitler donne
l’ordre de cesser l’attaque. C’est le premier échec allemand. Dès 1940, l’Angleterre incarne la résistance au nazisme, la terre
d’accueil pour les Gouvernements des pays vaincus, le refuge des démocraties.
• Au printemps 1941, Hitler reprend la guerre-éclair en Yougoslavie et en Grèce. Il vole ainsi au secours de Mussolini qui, dans
son désir de conquérir le bassin Méditerranéen, a échoué à envahir la Grèce.
38 • En juin 1941, Hitler déclenche l’opération Barbarossa en URSS. Il rompt ainsi le pacte germano-soviétique. Son projet est
d’étendre sa domination aux Slaves, qu’il considère comme des « sous-hommes », d’agrandir son espace vital, notamment en
42-44 accédant au pétrole du Caucase. La résistance acharnée des Soviétiques, l’hiver russe, ainsi que les distances conduisent
les troupes allemandes à l’échec : la Wehrmacht* est arrêtée devant Moscou et Leningrad. L’agression allemande soude la
population autour de Staline : le combat se transforme en « grande guerre patriotique ».
228
En Europe
• Déclenché le 6 juin 1944, le débarquement de Normandie amorce la reconquête de l’Europe occidentale par les Alliés. Bruxelles est libérée en septembre
1944. Durant l’hiver, les Allemands entreprennent de reconquérir la Belgique en lançant l’offensive von Rundstedt qui déclenche la bataille des Ardennes,
mais en vain. Au même moment, ils lancent leurs V1 et surtout leurs V2, premiers missiles balistiques opérationnels, qui s’abattent sur Anvers et Londres.
• En Italie, suite aux victoires des Alliés, Mussolini est mis en minorité au sein du Gouvernement et arrêté par le roi Victor-Emmanuel III, en juillet 1943. Le
nouveau Gouvernement nommé par le roi signe l’armistice en septembre 1943, mais l’Allemagne s’y oppose en désarmant les troupes italiennes et en faisant
libérer Mussolini. Le roi et son nouveau Gouvernement se réfugient dans les régions sous contrôle des Alliés. Ceux-ci achèvent la reconquête du territoire
italien en avril 1945 et Mussolini est exécuté par les résistants anti-fascistes.
• La lente reconquête de l’URSS, puis de l’Europe de l’Est par l’Armée rouge s’amorce en 1943. En avril 1945, les troupes soviétiques rejoignent les troupes
américaines sur l’Elbe et entrent les premières à Berlin où Hitler se suicide. La capitulation allemande y est signée le 8 mai 1945.
Sur les fronts non européens
• En Afrique du Nord, les victoires des
Anglo-Américains permettent aux Forces
françaises libres du général de Gaulle
d’entrer à Tunis en 1943. Cette victoire
marque la fin de la campagne d’Afrique.
• Dans le Pacifique, les Japonais défendent
chaque parcelle de territoire conquis
avec un acharnement qui va jusqu’au
suicide, dans le chef des kamikazes.
Mais l’avancée des États-Unis semble
inexorable. Ceux-ci ont mobilisé un
formidable potentiel industriel et humain.
Pour imposer la reddition inconditionnelle
refusée par les Japonais, les États-Unis
lancent, en août 1945, les premières
bombes atomiques sur Hiroshima et
Nagasaki. Les Japonais capitulent le
2 septembre.
1 La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
229
32 Les autorités nazies désiraient tenir secret leur projet de Solution finale*. Cependant, dès l’automne 1941, des rapports diplomatiques
et des articles de presse informent les Alliés de l’existence de déportations de Juifs vers l’Est. Le 8 août 1942, un télégramme
43-44 de Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à Genève, adressé au ministère des Affaires étrangères à Londres et
à Roosevelt, signale l’existence d’un plan d’extermination. Il faut néanmoins attendre le 17 décembre 1942 pour que les Alliés
condamnent publiquement la politique d’extermination et menace l’Allemagne de représailles. Mais aucune action concrète n’est
réalisée par les Gouvernements américain et anglais, qui accordent la priorité aux opérations militaires. Le Vatican est également
informé, mais Pie XII se refuse à condamner explicitement l'extermination des Juifs (→ 43). De son côté, en raison de l’installation
102
des camps à proximité de villes et de la dispersion des kommandos*, la population allemande n’ignore pas l’existence des camps.
En territoire occupé, certains journaux clandestins font état de déportations et dénoncent l’existence de camps. Ainsi, en Belgique,
dès l’été 1941, la présence d’un camp à Breendonk (→ 19) est dénoncée par plusieurs organes de presse clandestins comme De
Rode Vaan, La Libre Belgique et La Belgique indépendante.
230
Les premiers camps sont créés en 1918 pour enfermer les « ennemis de le titre du livre du célèbre dissident et Prix Nobel de littérature, Alexandre
l’intérieur », tsaristes et sociaux-démocrates, et assurer leur « rééducation Soljenitsyne, l’Archipel du Goulag* est constitué de 53 « camps de travail
politique ». Dès 1921, sous Lénine, 100 000 personnes sont détenues. À correctif » et de 425 « colonies de travail », implantés dans les régions les
partir de 1930, sous la dictature de Staline, le système concentrationnaire plus reculées, au climat rude, notamment la Sibérie orientale, le Kazakhstan
soviétique se développe. Tous les détenus de droit commun, condamnés et l’Oural. Les prisonniers assurent la construction d’infrastructures (canaux,
à des peines supérieures à trois ans, sont transférés dans des « camps de chemins de fer, barrages...) ainsi que l’extraction de minerais utilisés à des
travail ». Aux missions d’isolement et de rééducation politiques dévolues fins militaires ou destinés à l’exportation. Les effectifs ne cessent de croître
auparavant aux camps, s’en ajoutent deux : la mise en exploitation de jusqu’à la guerre : de 500 000 en 1934, on passe à 2 millions en 1939 et
régions inhospitalières et l’élimination physique par le travail. À titre 2,5 millions en 1950-1952. Mais la productivité est faible en raison de l’état
d’exemple, le creusement du canal de la mer Blanche à la mer Baltique a été physique des détenus. La mortalité y est considérable, tant en raison des
réalisé par la mise au travail forcé de 140 000 hommes dont le tiers a péri. épidémies que des exécutions. Au total, sur les 15 millions de Soviétiques
Le terme de Goulag* n’est employé qu’à partir de 1934. Pour reprendre ayant fait l’expérience du Goulag*, environ 1,5 million ont perdu la vie.
3 Les déportés se trouvaient répartis en différentes catégories, suivant la rarement de même pour les déportés « soupçonnés d’espionnage ». Jusqu’à
fantaisie des bourreaux. notre arrivée, les pires criminels étaient les condamnés pour « activités
Pour la première fois, nous entendîmes parler des « délinquants ». C’était contre-révolutionnaires trotskystes1 ». On leur réservait les plus pénibles
l’aristocratie du camp. Les détenus qui avaient commis des délits (…) mais travaux, en plein air ; on ne les admettait pas aux postes administratifs ; et
non des crimes politiques. (…) parfois, les jours de fête, on les mettait au cachot.
Les simples délinquants étaient fiers de ne pas appartenir au groupe des Notre arrivée leur rendit courage. Une condamnation pour « activités contre-
« ennemis du peuple ». Ils expiaient leurs fautes par un travail acharné. révolutionnaires trotskystes1 », comparée à celle de détenus (…) qui avaient
Certains postes exécutifs, dans le camp, étaient occupés par des détenus : été reconnus coupables de « terrorisme », n’était rien. Nous représentions
c’était aux délinquants qu’on les confiait. La plupart (...) des chefs d’équipe, un sérieux renfort pour l’abattage des arbres, la bonification des sols et la
des chefs de groupe et des préposés de baraque se recrutaient parmi eux. fenaison (…).
Ensuite venait la hiérarchie compliquée de l’article 58 : les politiques. Le
1
Du nom de Léon Trotski (→ 81) : il se rallie aux bolcheviks* après la révolution russe
paragraphe 10 était le moins grave ; il s’appliquait aux « conteurs de blagues »,
d’octobre 1917 et occupe le portefeuille des Affaires étrangères, puis de la Guerre. Mais,
aux « bavards », à ceux que la terminologie officielle qualifiait d’« agitateurs après le décès de Lénine, en 1924, il s’oppose à Staline qui l’expulse hors d’URSS avant
anti-soviétiques ». Les condamnés pour « activités contre-révolutionnaires » de le faire assassiner par la police secrète soviétique.
occupaient plus ou moins la même position. Il s’agissait, pour la plupart, de
sans-parti. On leur confiait un travail moins dur, et parfois ils pouvaient même Evguenia GUINZBOURG, Le vertige, I, Coll. « Points », Paris, Seuil, 1967, p. 317 (Adapté
d’après http://hypo.ge.ch, page consultée le 31 octobre 2007)
occuper certains postes administratifs réservés aux déportés. Il en était
231
Casques bleus*, Conseil de Sécurité, FAO, droit de veto, UNICEF…, autant de termes qui évoquent les
Nations unies. Quelle réalité recouvrent-ils ? Quels sont les objectifs de l’ONU ? Comment est-elle organisée ?
Du projet à sa réalisation
En 1944, des juristes américains, russes, anglais et chinois se réunissent à Dumbarton Oaks, près de Washington, pour élaborer les
rouages de cette organisation. Au terme de cette rencontre, ils soumettent à l’examen des Alliés un projet d’organisation mondiale.
Il est complété en 1945, lors de la rencontre de Yalta (→ 44) et de la conférence de San Francisco. La charte des Nations unies
y est signée le 26 juin 1945, par 51 pays qui représentent alors seulement deux cinquièmes de la population mondiale. En 2007,
l’ONU compte 192 États membres. Les seuls à ne pas adhérer à l’ONU sont le Saint-Siège et Taïwan.
1 Casques
supervise bleus décide
2
232
3 Programmes et Fonds dépendant de l’Assemblée générale et du Conseil FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation pour l’Alimentation
économique et social et l’Agriculture) (Rome)
UNESCO : United Nations Education Science and Culture Organization (Organisation
PNUD : Programme des Nations unies pour le Développement (New York et Genève) pour l’Éducation, la Science et la Culture) (Paris)
HCR : Haut Commissariat aux Réfugiés (Genève) OMS : Organisation mondiale de la Santé (Genève)
UNICEF : United Nations International Children’s Emergency Fund (Fonds des FMI : Fonds monétaire international (Washington) (→ 107)
Nations unies pour l’Enfance) (New York) PNUCID : Programme des Nations unies pour le Contrôle international des
PAM : Programme alimentaire mondial (Rome) Drogues (Vienne)
ONUSIDA : Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Genève)
Groupe de la Banque mondiale (Washington)
PNUE : Programme des Nations unies pour l’Environnement (Nairobi)
HCDH : Haut Commissariat aux Droits humains (Genève) Organisations apparentées dépendant du Conseil de Sécurité
OMC : Organisation mondiale du Commerce (Genève) (→ 107)
Institutions spécialisées autonomes qui travaillent avec l’ONU et qui coopèrent AIEA : Agence internationale de l’Énergie atomique (Vienne)
entre elles dans le cadre du Conseil économique et social
OIT : Organisation internationale du Travail (Genève) Quelques institutions spécialisées de l’ONU et localisation de leur siège (D’après Le système
des Nations unies, sur www.un.org, page consultée le 30 novembre 2007)
233
234
1
Accusés au procès de Nuremberg (1945-1946) Chefs d’accusation Sentence
dont ils sont
reconnus coupables
Hermann GOERING, maréchal du Reich* et commandant en chef de l’aviation 1, 2, 3, 4 Condamné à mort par pendaison ;
se suicide le 15 octobre 1946, la veille
Joachim von RIBBENTROP, ministre des Affaires étrangères 1, 2, 3, 4 Exécuté par pendaison
Ernst KALTENBRUNNER, chef de la police de sécurité 3, 4 Exécuté par pendaison
Alfred ROSENBERG, ministre des Territoires occupés de l’Est, théoricien du 3, 4 Exécuté par pendaison
Les quatre chefs nazisme
d’accusation étaient Hans FRANK, gouverneur général de Pologne 3, 4 Exécuté par pendaison
les suivants : Wilhelm FRICK, ancien ministre de l’Intérieur 2, 3, 4 Exécuté par pendaison
1. Crimes contre
Julius STREICHER, chef du mouvement antisémite 4 Exécuté par pendaison
la paix
2. Préparation de Fritz SAUCKEL, commissaire de la main-d’œuvre dans les pays occupés 3, 4 Exécuté par pendaison
guerres d'agression Alfred JODL, chef de l’état-major d’opérations des forces armées 1, 2, 3, 4 Exécuté par pendaison
3. Crimes de guerre Arthur SEYSS-INQUART, gouverneur d’Autriche et commissaire du Reich* aux 2, 3, 4 Exécuté par pendaison
4. Crimes contre Pays-Bas
l’humanité.
Wilhelm KEITEL, feld-maréchal et chef du haut commandement des forces 1, 2, 3, 4 Exécuté par pendaison
Quatre
armées
organisations,
le NSDAP, Martin BORMAN, adjoint au Führer* après Hess 3, 4 Mort par contumace1
la Gestapo*, Rudolf HESS, adjoint au Führer* avant Borman 1, 2 Prison à perpétuité ; se suicide en 1987
les SS* et le SD Walter FUNK, président de la Reichsbank 2, 3, 4 Prison à perpétuité ; libéré en 1957
(Service de sécurité Erich RAEDER, commandant en chef de la marine 2, 3, 4 Prison à perpétuité ; libéré en 1955
de la SS*), furent Baldur von SCHIRACH, chef des Jeunesses hitlériennes 4 20 ans de prison
condamnées
Albert SPEER, ministre de l’Armement 3, 4 20 ans de prison
à titre collectif.
Ne comparurent Konstantin von NEURATH, ministre des Affaires étrangères, protecteur de 1, 2, 3, 4 15 ans de prison ; libéré en 1954
pas : Robert LEY Bohême-Moravie
(suicidé) et Gustav Karl DONITZ, commandant en chef de la marine et chancelier* du Reich* 2, 3 10 ans de prison ; libéré en 1956
KRUPP (pour raison Hjalmar SCHACHT, ministre de l’Économie, président de la Reichsbank Non coupable Acquitté
de santé). Franz von PAPEN, chancelier* du Reich* et envoyé extraordinaire à Vienne Non coupable Acquitté
Hans FRITZSCHE, directeur de la radio au ministère de la Propagande Non coupable Acquitté
1
Jugement en l'absence de l'intéressé
Accusés et verdicts du procès de Nuremberg (D’après M. NOUSCHI, Le XXe siècle, Paris, A. Colin, 1995, p. 247)
235
236
237
Dans les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux blocs se constituent et le monde entre, pour plus de
40 ans, dans la guerre froide. Les tensions entre les deux blocs se manifestent dans différents domaines, dont l’armement (→ 48),
la propagande et la conquête de l’espace (→ 108). Elles débouchent sur des conflits armés, dont la guerre de Corée et celle du
Viêtnam (→ 48) et sur quelques crises, dont le blocus* de Berlin (→ 89) et la crise de Cuba.
50
57
89
91 3
Affiche de propagande éditée
par le Parti Communiste
Français, 1951
238
La « détente »
Mai 1972, juin 1973, juillet 1974, novembre 1974 : de sommet en sommet, Russes et Américains négocient, malgré la guerre
du Viêtnam (→ 48). La maîtrise des armements progresse (→ 47). La coopération commerciale et scientifique s’organise. 5 La crise de Cuba
La « détente » paraît à son apogée quand, le 17 juillet 1975, les capsules spatiales soviétique et américaine s’arriment
dans l’espace (→ 108). Le rapprochement soviéto-américain est favorisé, entre autres, par la rupture sino-soviétique. En
effet, en 1963, Mao Tse-toung reproche à Khrouchtchev d’avoir « capitulé » à Cuba et rompt les relations diplomatiques avec
l’URSS.
239
1 Nous sommes confrontés à l'un des défis les plus graves de l'Histoire de la Nation. L'invasion soviétique en Afghanistan est une
menace pour la paix mondiale, pour les relations Est-Ouest, et pour la stabilité régionale ainsi que pour le mouvement du pétrole.
L'attaque soviétique contre l'Afghanistan et l'extermination impitoyable de son Gouvernement ont modifié de façon très menaçante
la situation stratégique de cette partie du monde. Elle a amené l'Union soviétique à une distance d'où l'océan Indien et même le
golfe Persique peuvent être frappés. Elle a éliminé un État tampon entre l'Union soviétique et le Pakistan et place l'Iran face à
une nouvelle menace. Ces deux pays sont maintenant beaucoup plus vulnérables à l'intimidation politique soviétique. Si cette
intimidation s'avérait efficace, l'Union soviétique pourrait très bien contrôler une région d'un intérêt stratégique et économique vital
pour la survie de l'Europe occidentale, de l'Extrême-Orient et finalement des États-Unis. Il est clair que le sous-continent asiatique
47-48
tout entier est menacé et spécialement le Pakistan. Je demande donc au Congrès, en priorité, de voter un ensemble d'aides
économiques et militaires destiné à aider le Pakistan à se défendre lui-même.
50-51
Jimmy CARTER, Discours sur l’état de l’Union, 21 janvier 1980 (D’après Le Monde, 23 janvier 1980, p. 4)
74
240
La participation des militaires soviétiques au coup d'État en Afghanistan suscite de vives inquiétudes à En septembre 1979, Amin, chef communiste
2 Washington et à Pékin. C'est la première fois depuis la dernière guerre que l'URSS intervient militairement afghan, renverse le président pro-URSS
en dehors de sa zone d'influence directe en violation des accords de Yalta. Pour Moscou, de toute Taraki, soutenu par Moscou. Ce dernier
évidence, il s'agit d'éviter une évolution qui aurait constitué une menace pour sa sécurité, et cela pour a réalisé des réformes qui ont soulevé
plusieurs raisons. contre lui les musulmans et suscité des
Tout d'abord, le régime mis en place contre la volonté de Moscou par le président Amin était voué à insurrections militaires. Amin, ne parvenant
l'échec. La brutalité de sa répression contre les musulmans aurait fini par dresser contre lui l'ensemble pas à ramener l’ordre, appelle à l’aide
du monde islamique. Amin avait surexcité la colère des musulmans en prenant une série de mesures Moscou, qui, après beaucoup d’hésitation,
envoie des troupes en décembre 1979 et
révolutionnaires en totale contradiction avec les enseignements du Coran. Dès son arrivée au pouvoir, le
met au pouvoir Babrak Karmel. Les États-
nouveau président, M. Karmel, a indiqué que la propriété privée et le droit des familles seraient restaurés,
Unis arment et financent les moudjahidines*
de même qu’une totale liberté pour « la sainte religion de l'Islam ». II n'est pas certain que ces concessions afghans et leurs alliés arabes ou pakistanais,
suffiront à apaiser les chefs religieux, foncièrement anticommunistes et antisoviétiques. Il faudra aussi qui se battent contre l'Armée rouge. Ils ont
une répression, à laquelle devront participer les troupes soviétiques, l'armée afghane étant disloquée et ainsi distribué des lance-missiles portables
même ayant rallié en partie les maquis musulmans. Pour Moscou, cette pacification est essentielle, car il aux talibans*, liés à Al-Qaïda. Cette aide ne
faut éviter que les 50 millions de musulmans soviétiques soient tentés de suivre une rébellion qui ne doit cessera qu'après l'attentat d'Al-Qaïda contre
pas manquer de susciter des sympathies dans les républiques soviétiques voisines. l'ambassade américaine en Somalie, en
[Ensuite], l'Afghanistan est une pièce essentielle du glacis antichinois que cherche depuis longtemps 1988. L’intervention soviétique suscite aussi
à constituer l'Union soviétique. Les autres éléments de cette ligne défensive sont l'Inde (neutralisme le boycott des jeux Olympiques de Moscou,
bienveillant) et le Viêtnam (allié actif, qui a pour mission de verrouiller l'influence chinoise dans tout le en 1980 (→ 74). Cette guerre a coûté la vie
Sud-Est asiatique). à un million d'Afghans et 13 000 soldats
soviétiques. Le retrait des Soviétiques en
Les audaces du Kremlin, dans La Libre Belgique, 29-30 décembre 1979, p. 4 1989 n' a pas apporté la paix ; l'OTAN s'y
emploie toujours en 2008.
241
Depuis le XVIe siècle, la Russie des tsars s’est étendue vers l’ouest en Europe, vers le sud en Asie centrale et vers l’est en Sibérie,
constituant un grand empire qu’elle domine. Le régime communiste maintient cette situation : composée de 15 républiques et de
nombreuses nationalités* différentes, l’URSS demeure sous l’emprise de la Russie.
Un pays en crise
En 1985, Mikhaïl Gorbatchev est nommé premier secrétaire du PCUS. Il hérite d’un pays en crise.
• Depuis le début des années 1950, le taux de croissance de l’économie soviétique diminue sensiblement. La population en
subit les conséquences : pénuries, files devant les magasins… La planification communiste montre son inefficacité.
• Par ailleurs, l’armée, la politique d’expansion de l’URSS dans le monde et la compétition militaire avec les États-Unis
grèvent lourdement le budget de l’État. L’invasion de l’Afghanistan en 1979 est également lourde de conséquences tant sur
le plan financier que sur le plan humain. L’humiliation de la défaite – c’est le « Viêtnam » soviétique – marque les esprits.
• Sur le plan politique, le régime communiste est dénoncé, à l’intérieur, par quelques intellectuels, comme l’écrivain Soljenitsyne
qui dénonce le Goulag* et le physicien Sakharov, lui aussi défenseur des droits de l’homme. Avec d’autres dissidents*, ils
réclament, dès les années 1970, l’instauration d’un régime démocratique.
• Enfin, la société civile, urbanisée et de plus en plus cultivée, est de moins en moins encline à croire les discours officiels,
constamment démentis pas la réalité. Cette société n’adhère plus à l’idéologie communiste et aspire à plus de libertés,
notamment celle de circuler en Occident.
1 M’adressant à vous pour la dernière fois (...) j’estime et le multipartisme sont devenus une réalité. Les droits de
indispensable d’exprimer mon évaluation du chemin parcouru l’homme sont reconnus comme le principe suprême.
depuis 1985. (...) Le destin a voulu qu’au moment où j’accédais - La marche vers une économie multiforme a commencé,
aux plus hautes fonctions de l’État, il était déjà clair que le pays l’égalité de toutes les formes de propriété s’établit. (...) La
allait mal. Tout ici est en abondance : la terre, le pétrole, le gaz, liberté économique du producteur est entrée dans la loi,
le charbon, les métaux précieux, d’autres richesses naturelles, la liberté d’entreprendre, la privatisation et la constitution
sans compter l’intelligence et les talents que Dieu ne nous a de sociétés par actions ont commencé à prendre force.
pas comptés. Et pourtant, nous vivons bien plus mal que dans En dirigeant l’économie vers le marché, il est important de
les pays développés, nous prenons toujours plus de retard par rappeler que ce pas est franchi pour le bien de l’individu. (...)
rapport à eux. Nous vivons dans un nouveau monde :
50-51 La raison en était déjà claire : la société étouffait dans le carcan - La guerre froide est finie, la menace d’une guerre mondiale
du système de commandement administratif, condamné à est écartée, la course aux armements et la militarisation
58 servir l’idéologie et à porter le terrible fardeau de la militarisation insensée qui a dénaturé notre économie (...) sont stoppées.
à outrance. (...) (...)
Aujourd’hui encore, je suis persuadé de la justesse historique - (…) nous avons renoncé à l’ingérence dans les affaires
des réformes démocratiques entamées au printemps 1985. (...) d’autrui (…).
Une œuvre d’une importance historique a été accomplie : - Les peuples, les nations ont obtenu une liberté réelle pour
- Le système totalitaire, qui a privé le pays de la possibilité qu’il choisir la voie de leur autodétermination. (…)
89
aurait eue depuis longtemps de devenir heureux et prospère, L’ancien système s’est écroulé avant que le nouveau ait pu se
a été liquidé. mettre en marche. (…)
91 - Une percée a été effectuée sur la voie des transformations
Mikhaïl GORBATCHEV, allocution radiotélévisée prononcée le 25 décembre
démocratiques. Les élections libres, la liberté de presse, les
1991 (D’après Le Monde, 27 décembre 1991, p. 3)
libertés religieuses, des organes de pouvoir représentatifs
242
243
Après la Seconde Guerre mondiale, quelques pays européens se partagent encore la plus grande partie
de l’Asie et de l’Afrique. Aujourd’hui, la toute grande majorité des anciennes colonies ont accédé à l’indépendance.
Quels facteurs ont permis ce vaste mouvement de décolonisation ?
244
1 La conférence afro-asiatique a discuté des problèmes des peuples 2 La poussée démographique, dans un pays essentiellement agraire, au
dépendants et du colonialisme et des maux résultant de la soumission sol pauvre et au climat ingrat, a pour résultat le sous-emploi chronique,
des peuples à l’assujettissement de l’étranger, à leur domination et à leur la désertion des campagnes au profit des bidonvilles, la misère et le
exploitation par ce dernier. La conférence est d’accord : désespoir d’une foule croissante d’individus et de familles. Tandis
1) Pour déclarer que le colonialisme, dans toutes ses manifestations, est que ce sous-prolétariat s’accroît et s’aigrit chaque jour davantage,
un mal auquel il doit être mis fin rapidement ; une petite bourgeoisie musulmane, instruite à notre contact, cherche
2) Pour déclarer que la question des peuples soumis à l’assujettissement à vainement un débouché non seulement économique, mais encore et
l’étranger, à sa domination et à son exploitation constitue une négation surtout administratif et politique. Or, elle ne le trouve pas. La proportion
des droits fondamentaux de l’homme, est contraire à la charte des Nations de musulmans dans l’administration reste infime ; toutes les réformes
unies et empêche de favoriser la paix et la coopération mondiales ; (…) ont été systématiquement repoussées ou sabotées. Il faut avoir
3) Pour déclarer qu’elle appuie la cause de la liberté et de l’indépendance le courage de reconnaître que la plupart de nos promesses n’ont pas
de ces peuples ; été tenues. (...) D’où un double mécontentement : le malaise social
4) Et pour faire appel aux puissances intéressées pour qu’elles accordent de la masse, le malaise politique de l’élite. En se rejoignant, ces deux
la liberté et l’indépendance à ces peuples. malaises constituent une force explosive énorme.
Communiqué final de la conférence afro-asiatique de Bandoeng, 24 avril 1955 (D’après Jacques SOUSTELLE, Rapport au Gouvernement Edgar Faure, 1er juin 1955 (D’après
A. CONTE, Bandoeng tournant de l’Histoire, Paris, Robert Laffont, 1965, p. 315) R. ARON, Les origines de la guerre d’Algérie, Paris, Fayard, 1962, p. 242-243)
3 Les leaders soviétiques, en établissant leur stratégie de conquête mondiale, dire trois choses :
utilisent le nationalisme comme stratagème pour gagner les peuples colonisés. - que nous poussons vers le self-government plus qu’il n’apparaît en surface ;
(…) - que là où nous mettons un frein, c’est dans la conviction raisonnée qu’une
En découle un programme en deux temps : en premier lieu des agitateurs action précipitée ne conduirait pas en fait à l’indépendance mais à une servitude
communistes stimulent les aspirations nationalistes jusqu’à la rébellion violente plus dure que la dépendance présente ; nous savons distinguer les cas où la
contre l’ordre établi. Ensuite avant même que l’indépendance fraîchement possibilité d’invoquer la menace communiste est susceptible de justifier des
acquise puisse se consolider, les communistes cherchent à noyauter les délais, et le cas où il n’existe pas de raison valable.
nouveaux Gouvernements pour mieux entraîner les peuples dans l’orbite Nous avons de bonnes raisons de souhaiter maintenir l’unité avec nos alliés
soviétique. occidentaux, mais nous n’avons pas oublié que nous fûmes la première
Ce complot est en marche. Dans toutes les nouvelles zones indépendantes ou colonie à arracher l’indépendance. Et nous n’avons donné de chèque en blanc
dans celles qui aspirent à le devenir, les communistes opèrent ainsi, déguisés à aucune puissance coloniale.
en patriotes locaux.
John FOSTER DULLES, discours devant le Congress of Industries Organization, Cleveland,
Peut-être certains d’entre vous trouvent-ils que notre Gouvernement ne pousse
18 novembre 1953 (Adapté d’après E. BRISSON, G. DERMENJIAN, A.M. FILIPPI-CODACCIONI,
pas la politique de liberté aussi vigoureusement qu’il le faudrait. Je peux vous M.-H. KNIGHT-BAYLAC et C. MAZET, Histoire Terminales, Coll. « Quétel », Paris, Bordas, 1989, p. 71)
245
• La fixation des frontières des colonies s’est effectuée sans tenir compte des réalisés ethniques et religieuses locales, ce
qui a mené à la constitution d’États souvent hétérogènes. En privilégiant tel ou tel groupe local, les colonisateurs ont parfois
renforcé les clivages ethniques.
• Le développement de l’enseignement n’a touché qu’une petite minorité : peu de colonisateurs ont eu le souci de préparer les
5-6 peuples colonisés à l’indépendance en formant une « élite » capable de gérer le pays. Quand le Congo accède à l’indépendance
en 1960, il ne compte qu’un seul diplômé universitaire.
• Le système économique colonial qui consiste à exporter vers la métropole les matières premières de la colonie pour les
transformer en produits finis, n’a pas disparu avec les indépendances. Il régit toujours les relations entre les pays industrialisés
54
4 et leurs anciennes colonies. Cette nouvelle forme de domination est appelée « néocolonialisme ». Celui-ci explique en
bonne partie l’importante dette des pays du Sud par rapport aux pays du Nord. En effet, la faiblesse des rentrées de
63 devises et le coût des biens d’équipement achetés à l’étranger contraignent les jeunes États à s’endetter en contractant des
prêts. Ces prêts servent à financer des programmes de développement, des dépenses militaires… et le paiement des intérêts
72 que les pays du Sud sont souvent empêchés de rembourser, étant donné, notamment, la diminution des prix des matières
premières. Cette situation a amené le FMI à imposer, à partir de 1982, des politiques d’ajustement structurel pour réduire
l’endettement de ces États. Elles comportent différentes mesures, dont la réduction des dépenses publiques en matière
d’éducation, de santé, d’infrastructures… ; ce qui limite donc davantage encore les marges d’action des Gouvernements en
matière de développement.
96 Les gouvernants actuels des pays en voie de développement ont donc hérité d’une situation extrêmement difficile à gérer et dont
plusieurs éléments viennent tout droit de la colonisation de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
98
107
246
4 Si la plupart des pays du tiers-monde sont aujourd’hui politiquement encore la dépendance économique des pays du tiers-monde. (…) Par les
indépendants, peu d’entre eux peuvent se dire économiquement souverains. ventes (…) de ces produits (…), l’économie dépend des vicissitudes des
(…) marchés extérieurs et de la spéculation*. De plus, (…) l’effet d’entraînement
Une grande partie de la production des pays sous-développés est entre les d’une telle production [sur l’ensemble de l’économie de ces pays] est
mains de firmes étrangères. (…) Les centres de décision de ces entreprises faible, car, ni au niveau de la formation des ouvriers, ni au niveau du progrès
se trouvent à l’extérieur du pays, et leur politique (…) prend rarement en technique induit, les actions d’impulsion ne sont grandes dans ces secteurs
considération l’intérêt de la nation où elles sont implantées. (…) La domination [formation et recherche] (…). [De plus], l’augmentation de productivité* (…)
que ces entreprises multinationales* exercent dans le tiers-monde est ne peut pas se traduire par une hausse des salaires lorsque (…) l’offre de
d’autant plus grave que les effets induits favorables aux intérêts de ces pays travail (…) demeure illimitée et que cette main-d’œuvre se contente d’un
sont (…) limités (…) [notamment] au niveau de l’emploi et de la redistribution salaire tout juste proche du minimum vital.
des revenus. (…)
Jacques AUSTRUY, Néocolonialisme, dans Encyclopædia Universalis. Corpus, XVI, Paris,
La nature des productions dans lesquelles ces pays sont spécialisés [des
Encyclopædia Universalis, 1996, p. 141-142
matières premières exportées sans transformation locale], en grande partie
sous l’influence des besoins des anciens pays [colonisateurs], accentue
247
Quelles étapes ont rythmé la construction de l’Union européenne ? Quelles sont, aujourd’hui, les institutions
européennes ?
1954 : Échec du projet de Communauté européenne de Défense (CED), rejeté par la France France, grand-duché de
1957 : Traités de Rome (→ 55/4 et 5) Luxembourg, Italie, Pays-
- Communauté économique européenne (CEE) ou « Marché commun » Bas
- Communauté européenne de l’Énergie atomique (CEEA ou Euratom)
1962 : Entrée en vigueur de la Politique agricole commune (PAC)
1963 : Opposition de la France à l’entrée du Royaume-Uni
Années
1960
change entre les monnaies des pays membres Uni, Danemark et Irlande
1970
1975 : Accords de Lomé : la Communauté s’affirme comme un interlocuteur valable face aux (1973)
États-Unis, au Japon, à l’URSS et aux pays en voie de développement.
1979 : Premières élections du Parlement européen au suffrage universel
1987 : Acte unique européen qui prévoit la création d’un « espace sans frontières intérieures » ou Europe des 12 :
Années
1980
2005 : La France et les Pays-Bas rejettent, par référendum*, le projet de traité constitutionnel Estonie, Chypre, Lettonie,
2000
248
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CONSEIL DE L’UNION EUROPÉEN COUR
27 ministres concernés avis 785 députés contrôle DES
345 Voix COMPTES
élection au
universel
suffrage
contrôle COUR DE
JUSTICE
GOUVERNEMENTS DES 27 ÉTATS MEMBRES de l’UE et tribunal de
rs première instance
ou
rec
CITOYENS DES 27 ÉTATS MEMBRES de l’UE
• Le Conseil des ministres ou Conseil de l’Union Il contrôle démocratiquement la Commission est saisie par un tribunal national, qui a l’obligation
a son siège à Bruxelles. II réunit les ministres en approuvant ou refusant la désignation des de lui demander son avis, sur l’interprétation ou la
nationaux selon la matière à traiter. Chaque pays commissaires et peut censurer la Commission validité du droit communautaire par rapport aux
exerce la présidence pour six mois et détient un dans son ensemble. Celle-ci est politiquement droits nationaux. Elle est secondée par le Tribunal de
certain nombre de voix, plus ou moins important responsable devant le Parlement. Première Instance qui peut prendre des décisions
selon le poids de sa population. Ce chiffre est • La Commission est dirigée par un collège de sur des recours introduits par des personnes
cependant pondéré en faveur des pays les moins 27 membres et siège à Bruxelles. Sa composition physiques ou des entreprises, ainsi qu’au sujet du
peuplés. Les décisions sont prises, dans la plupart est fixée après chaque élection du Parlement. Le respect des règles de concurrence.
des cas, à la majorité qualifiée, soit 255 votes sur président est désigné par les Gouvernements • La Banque centrale européenne, qui siège à
345. L’unanimité est requise pour les matières des États membres et nomme les commissaires, Francfort, définit et met en œuvre la politique
jugées essentielles. Dans 70 % des cas environ, en accord avec eux. Les commissaires ont un monétaire de l’Union.
le Conseil des ministres légifère conjointement mandat de cinq ans. La Commission soumet • La Cour des Comptes siège à Luxembourg. Elle
avec le Parlement européen : les propositions de des propositions au Conseil des ministres et au vérifie la légalité et la régularité des recettes et des
la Commission doivent alors être approuvées à la Parlement. Elle applique la politique et le budget de dépenses de l’Union.
fois par le Conseil de l'Union et par le Parlement. l’Union et la représente sur la scène internationale. • Le Comité économique et social, qui siège
Dans les autres cas, le Parlement délivre des avis • Le Conseil européen réunit, quatre fois par an, les à Bruxelles, est un organe consultatif de
et le Conseil de l'Union décide. Ses décisions sont chefs d’État ou de Gouvernement, leurs ministres 344 membres. Il représente les milieux économiques
appelées, selon les cas, « règlement », « décision » des Affaires étrangères, Ie président et un et syndicaux. II doit être consulté avant toute
ou « directive ». Avec le Parlement, le Conseil des vice-président de la Commission. Il donne les décision économique ou sociale.
ministres possède le pouvoir budgétaire. grandes orientations de la politique européenne et • Le Comité des Régions, qui siège à Bruxelles, est
• Le Parlement européen compte 785 députés élus tranche les questions qui n’ont pas pu être réglées un organe consultatif de 344 membres composé
au suffrage universel pour cinq ans. Il tient ses par le Conseil de l'Union. Ses réunions sont aussi de représentants des autorités régionales et locales
réunions à Strasbourg ou à Bruxelles. Ses services appelées « sommets ». de l’Union. II doit être consulté avant toute décision
administratifs sont installés à Luxembourg. Les • La Cour de Justice est composée de 27 juges qui concernant les pouvoirs locaux.
députés siègent non par pays, mais par groupe siègent à Luxembourg. Elle vérifie la conformité
politique. Le Parlement exerce, avec Ie Conseil des actes des institutions communautaires et des
des ministres, le pouvoir législatif et budgétaire. États avec les traités. Elle se prononce quand elle
249
1 Le café dépendait du marché nord-américain, de sa capacité de consommation et de ses prix ; les bananes étaient un
commerce nord-américain, pour les Nord-Américains. La crise de 1929 éclata sans crier gare. (...) Les prix du café et des
bananes s’effondrèrent et le volume des ventes connut le même sort. Les expulsions de paysans redoublèrent avec une
violence fébrile, le chômage s’étendit dans les campagnes et dans les villes, une vague de grèves déferla ; les crédits, les
12
investissements et les dépenses publiques furent réduits brutalement, et les traitements des fonctionnaires diminuèrent de
moitié au Honduras, au Guatemala et au Nicaragua. Les bottes des dictateurs ne tardèrent pas à immobiliser les couvercles
des marmites en ébullition…
16
6 Eduardo GALEANO, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, Coll. « Terre humaine », Paris, Plon, 1981, p. 153
ERIOTSIH
250
Depuis le XIXe siècle, les investisseurs et les industriels américains sont très présents en Amérique
latine. La dépendance économique vis-à-vis des États-Unis s’accentue après 1945. Ainsi, les
investissements américains passent de 2,7 milliards de dollars en 1940 à 10 milliards de dollars
en 1960. De plus, les juntes* militaires au pouvoir jusque dans les années 1980 pratiquent une
politique économique ultra-libérale qui laisse le champ libre aux multinationales*, américaines
notamment, et à la grande bourgeoisie. Enfin, le FMI prête beaucoup aux États latino-américains
qui ne cessent de creuser leur dette.
Le sous-continent connaît en outre une forte croissance démographique : la mortalité est en
baisse alors que la natalité reste forte. Comme les richesses n’augmentent pas au même rythme
que la population, celle-ci s’appauvrit.
La corruption de la classe dirigeante, les dépenses de prestige qu’elle affecte au budget de
l’État, le poids des dépenses militaires… privent aussi la population d’investissements publics
dont elle aurait grandement besoin.
Depuis les années 1990, la situation économique s’est améliorée. Pour favoriser la croissance,
certains États ont uni leurs efforts et signé, respectivement en 1969 et en 1995, le Pacte andin et le
Mercosur. Le Venezuela bénéficie, quant à lui, d’importantes ressources pétrolières.
Mais les écarts de développement entre les pays latino-américains demeurent importants, tout
comme les inégalités sociales et économiques. La concentration des richesses au sein d’une
minorité y demeure la plus forte de toute la planète : 230 millions de personnes – 44 % de la
population totale – y vivent sous le seuil de pauvreté. Le coefficient Gini, qui mesure le degré
d’inégalité, y atteint le chiffre record de 0,57 (pour 0,29 en Europe et 0,34 aux États-Unis).
Aujourd’hui, les pays d’Amérique latine peuvent se répartir en trois ensembles selon leur indice de
développement humain* :
• les pays les plus développés : Argentine, Chili, Uruguay au sud de l’Amérique latine et Costa
Rica, Cuba et Mexique au nord ;
• les pays à faible niveau de développement humain : Équateur, Pérou, Bolivie, Paraguay –
pays d’Amérique du Sud qui se situent sur une « diagonale pauvre » peuplée en majorité
d’Indiens et de métis – ainsi que quelques petits pays d’Amérique centrale et, le plus pauvre
de tous, Haïti. Ces pays connaissent un fort taux de chômage, une population importante
employée dans l’agriculture, peu de syndiqués, un analphabétisme surtout féminin, le travail
des enfants… ;
• les pays à niveau de développement humain moyen : Brésil, Colombie, Venezuela…
251
De 1991 à 1999, une guerre déchire la Yougoslavie. Les combats font environ 200 000 victimes. Ils
provoquent les plus grands déplacements de population en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Quelles sont les causes et les principales conséquences de ce conflit ?
Naissance de la Yougoslavie
Le 28 juin 1914, François-Ferdinand de Habsbourg,
héritier du trône d’Autriche-Hongrie, est assassiné par un
nationaliste serbe à Sarajevo, en Bosnie. Cet assassinat
provoque une série de déclarations de guerre : le premier
conflit mondial a commencé.
Alliés de l’Allemagne, les Empires austro-hongrois et
ottoman sont démantelés par les vainqueurs en 1918-1919.
Le 1er décembre 1918, un congrès national « yougoslave »
(littéralement « Slaves du sud ») proclame l’union des
territoires slovènes et croates avec les royaumes de Serbie
et de Monténégro et fonde le royaume des Serbes, des
Croates et des Slovènes, lequel rassemble la Slovénie,
la Croatie, la Serbie y compris la Macédoine, la Bosnie-
Herzégovine et le Monténégro, soit une mosaïque de
peuples.
252
L’éclatement de la Yougoslavie
En 1989-1990, la fin des démocraties populaires* (→ 50) favorise la contestation contre le Parti Communiste yougoslave, dominé par les Serbes, et la remise
en question de l’État yougoslave. En retour, celle-ci exacerbe le nationalisme des Serbes qui y voient une menace. Progressivement, l’État yougoslave va se
disloquer.
2
Régions Situation depuis l’éclatement de la Yougoslavie
Slovénie Indépendance en décembre 1990 ; proclame, en juin 1991,
la dissolution de la République yougoslave. Intervention de
l’armée fédérale. La guerre dure 10 jours. 3 Quand Josip Broz Tito mourut en 1980, à 87 ans, la Yougoslavie
Membre de l’Union européenne depuis 2004 qu’il avait rassemblée en 1945 avait une existence bien réelle. Ses
Croatie Indépendance en mai 1991 ; proclame, en juin 1991, la républiques constituantes étaient des unités séparées au sein d’un
dissolution de la République yougoslave. Intervention de État fédéral, dont la présidence comprenait des représentants des
l’armée fédérale jusqu’en 1992. Cessez-le-feu sous protection six républiques ainsi que des deux régions autonomes (Voïvodine et
de l’ONU (Forpronu) Kosovo) de Serbie. (…) Tandis que la Slovénie, la Macédoine et le
Serbie 1992 : proclamation de la nouvelle république fédérale de Kosovo avaient tous à peu près le même poids dans la population
Yougoslavie (RFY), comprenant la Serbie et le Monténégro nationale (8 %), en 1990, la minuscule Slovénie représentait 29 %
Kosovo Les revendications d’indépendance des Albanais du Kosovo des exportations totales de la Yougoslavie, contre 4 % pour la
provoquent, en 1998, une réaction des forces serbes contre Macédoine et 1 % seulement pour le Kosovo. D'après les statistiques
l’armée de libération du Kosovo (UCK). L’OTAN intervient yougoslaves officielles, le PIB par tête était deux fois plus élevé en
contre la Serbie, entre mars et juin 1999. Slovénie qu’en Serbie, trois fois plus élevé qu'en Bosnie et huit fois
Sous administration internationale dans l’attente du plus qu'au Kosovo. (…) Ce que ces chiffres suggèrent, c'est que la
règlement de son statut, le Kosovo proclame son Slovénie et, dans une moindre mesure la Croatie, avaient déjà leur
indépendance en 2008. place aux côtés des pays les moins prospères de la Communauté
Bosnie- 1992 : la majorité croato-musulmane proclame son européenne, tandis que le Kosovo, la Macédoine et la Serbie
Herzégovine indépendance. Début des combats entre les communautés rurale ressemblaient davantage à certaines parties de l'Asie ou de
croate et musulmane et les Bosno-Serbes, soutenus par la l’Amérique latine. Si les Slovènes et les Croates ne tenaient plus en
Serbie. Le projet de se partager le territoire sur une base place dans le foyer yougoslave commun, (…) c'est tout simplement
ethnique provoque des massacres réciproques. qu'ils commençaient à se dire qu'ils seraient mieux lotis s'ils
1993 : création du Tribunal pénal international pour l’ex- pouvaient gérer leurs affaires sans avoir à tenir compte des besoins
Yougoslavie (TPIY) (→ 88) et des intérêts des Yougoslaves du Sud aux résultats décevants.
1994 : l’ONU fait appel à l’OTAN et aux États-Unis qui L’autorité personnelle de Tito, qui avait réprimé avec vigueur toute
bombardent des positions serbes en 1995. critique sérieuse, avait empêché toute expression publique de ces
1995 : à Srebrenica, les Bosno-Serbes massacrent des dissensions. (…) Slobodan Milosevic, le président jusque-là obscur
milliers de musulmans. L’ONU qualifiera ces massacres de de la Ligue des communistes dans sa Serbie natale, (…) trouva dans
masse de génocide* (→ 102). le nationalisme un moyen d'assurer son emprise sur la Serbie ; en
1995 : Accords de Dayton
mai [1988], son élection à la présidence de la République serbe ne fit
Monténégro 1992 : proclamation de la nouvelle république fédérale de que le conforter dans son choix. Mais pour préserver et consolider
Yougoslavie (RFY) comprenant la Serbie et le Monténégro. l'influence de la Serbie dans l'ensemble de la Yougoslavie, il lui fallait
Indépendance en 2006 transformer le système fédéral. (…) L’objectif de Milosevic étant de
Macédoine 1992 : Indépendance de la république de Macédoine, mais forger un État plus unitaire sous la houlette des Serbes, ce qui ne
la Grèce et l’ONU la désignent sous le nom d’« ancienne pouvait que susciter la résistance des quatre autres républiques, le
république yougoslave de Macédoine ». système fédéral était bel et bien dans l’impasse.
Tony JUDT, Après guerre. Une Histoire de l’Europe depuis 1945, Paris, A. Colin, 2007,
La Yougoslavie : repères p. 776-783
253
Après leur indépendance, les États du Nord-Ouest de l’Afrique (Algérie, Maroc, Tunisie) se dotent d’une
Constitution. Comment s’organisent-ils ? Quels problèmes rencontrent-ils ?
L’Algérie
En 1962, l’Algérie accède à l’indépendance et adopte un régime républicain démocratique. Le président Ben Bella met néanmoins
en œuvre une politique autoritaire d’orientation socialiste. En 1965, le colonel Boumédiène prend le pouvoir par un coup
d’État militaire et maintient l’orientation socialiste du régime. Le Conseil de la Révolution, autorité suprême, contrôle l’État et
le parti. Plusieurs secteurs de l’économie sont nationalisés*, dont le secteur pétrolier. Comme son prédécesseur, il stimule le
développement industriel de l’Algérie. La santé et l’enseignement s’améliorent sensiblement. Sur le plan extérieur, il accroît le
prestige du pays, notamment en organisant, en 1973, la IVe conférence au sommet des pays non alignés.
Sous la présidence de Chadli Bendjedid (1979-1992), l’Algérie est confrontée à une crise économique résultant de la chute du
dollar et d’une forte baisse des revenus pétroliers. Le chômage et la misère augmentent dans un contexte de forte croissance
démographique. Des mouvements populaires (« Printemps berbère » de 1980, émeutes de Sétif en 1986) sont réprimés par la
force. En 1988, l’armée tire sur les émeutiers.
64 Le Maroc
72 Le Maroc est une monarchie de droit divin tempérée par une Constitution et un Parlement. La Constitution de 1962 reconnaît
le multipartisme et la séparation des pouvoirs, mais le Parlement a un rôle limité et les pouvoirs du roi, chef religieux et chef des
armées, sont très étendus. Après l’indépendance, le royaume est dirigé par le sultan Mohammed V, puis par son fils Hassan II. En
1965, suite à des manifestations, l’état d’exception* est proclamé et les pleins pouvoirs accordés au roi.
Le Maroc doit faire face, dès les années 1960-1970, à une forte croissance démographique et à des difficultés économiques,
106 lesquelles nourrissent le chômage et provoquent un important exode rural et l’émigration vers l’Europe, dont la Belgique qui
manque de main-d’œuvre (→ 106). L’application du plan d’ajustement du FMI (→ 107) accentue le mécontentement social et
provoque, en 1981 et 1984, des révoltes urbaines réprimées par la force. Cette crise favorise le développement de mouvements
islamistes* comme le Parti Islamiste Marocain. Ce dernier est reconnu par le pouvoir, contrairement aux groupes présents dans les
254
La Tunisie
255
256
Israël et la
Palestine de
1947 à 2000
(D’après
A. DIECKHOFF,
Israéliens et
Palestiniens,
la paix au
bout du
fusil, dans
L’Histoire,
n° 243,
mai 2000,
p. 72-73)
1946 : Juifs et Arabes en 1947 : partage de l'ONU 1948 : 1re guerre israëlo-arabe Depuis 1967 : après la guerre des 6 jours
Palestine mandataire*
2 Un règlement, négocié entre les parties, aboutira à la création d’un État attachement à la conception de deux États, dont un État palestinien
palestinien indépendant, démocratique et viable vivant aux côtés d’Israël et indépendant, viable et souverain, vivant en paix et en sécurité aux côtés
des autres pays limitrophes en paix et en sécurité. Il réglera le conflit israélo- d’Israël, comme l’a énoncé le président Bush, et demandant la cessation
palestinien et mettra fin à l’occupation qui a commencé en 1967 (…). immédiate des actes de violence dirigés contre des Palestiniens en quelque
Dès le début de la phase I : lieu que ce soit. (…) Le Gouvernement d’Israël démantèle immédiatement les
Les dirigeants palestiniens diffusent une déclaration sans équivoque colonies érigées depuis mars 2001. (…) Le Gouvernement d’Israël gèle toute
réaffirmant le droit d’Israël à exister en paix et en sécurité et demandant un activité de colonisation (…).
cessez-le-feu immédiat et sans condition pour mettre fin aux activités armées
Feuille de route pour la paix au Proche-Orient, 30 avril 2003 (D’après http://www.un.org,
et à tous les actes de violence dirigés contre des Israéliens (…).
page consultée le 16 août 2005)
Les dirigeants israéliens diffusent une déclaration claire affirmant leur
257
La question du pétrole
Exploité aux États-Unis dès les années 1860, le
pétrole devient une source d’énergie de plus en plus
prisée par les pays industrialisés à partir de la fin
du XIXe et du début du XXe siècle, notamment suite
à la mise au point des premiers moteurs à essence
1
à partir de 1883, puis du moteur Diesel (1893). Dans
Les enjeux du le courant des années 1910-1930, la production
Moyen-Orient pétrolière se développe, notamment aux États-
(D’après Unis, au Mexique, au Venezuela et dans les régions
G. CHALIAND, Atlas qui appartenaient à l’Empire ottoman. La Grande-
du nouvel ordre
mondial, Paris,
Bretagne, la France, les États-Unis… s’y assurent
Laffont, 2003, un accès aux ressources pétrolières et s’efforcent
p. 42 ; P. BONIFACE, de garantir, à leurs compagnies nationales, leur
Atlas des relations part de bénéfices (→ 39/3).
internationales,
Jusqu’en 1945, les États-Unis produisent et
Paris, Hatier, 2003,
p. 133 et Le Monde, consomment près de 60 % du pétrole mondial.
8 juillet 2006, p. 20) Mais dès la fin des années 1940, ils deviennent
importateurs nets. La demande des économies
occidentales, dont l’économie américaine, explose
en effet suite aux « Trente Glorieuses » (→ 67). La
dépendance de l’Occident vis-à-vis du pétrole
s’accentue donc. Les bas prix et l’importance
apparente des réserves entretiennent cependant
l’insouciance.
Mais les bénéfices engrangés par les compagnies
pétrolières d’une part, l’accession à l’indépendance
Révolution
d’un certain nombre d’États producteurs de
Invasion
Guerre du
iranienne de l’Irak pétrole (Algérie, Nigeria, Indonésie…) d’autre part
Invasion du
2
Yom Kippour Koweit conduisent certains de ces États à réagir. En 1951,
110 l’Iran nationalise* les compagnies pétrolières. Il est
100 suivi par l’Algérie en 1971 et l’Irak en 1972. D’autres
90
négocient des participations plus importantes aux
80
bénéfices des grandes compagnies. Enfin, en 1960,
39
9 l’Arabie Saoudite suscite la création, avec l’Iran, l’Irak,
70
le Koweit et le Venezuela, de l’Organisation des Pays
60
56 exportateurs de Pétrole (OPEP). Ces États seront
50
rejoints par l’Algérie, le Gabon, l’Indonésie, la Libye,
40
62 le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Angola. L’OPEP
30
a pour but de coordonner les politiques pétrolières
64 20 des États membres, notamment de réguler l’offre
10 et donc les prix.
1861-69 1870-79 1880-89 1890-99 1900-09 1910-19 1920-29 1930-39 1940-49 1950-59 1960-69 1970-79 1980-89 1990-99 2000-08 0
Au début des années 1970, la demande de pétrole
s’accroît encore. En 1973, en réaction à l’aide que les
2 Évolution du prix du baril* de pétrole (1960-2008)
Occidentaux ont apportée à Israël lors de la guerre
(D’après http://www.bp.com, page consultée le 22 février 2008)
258
En août 1990, l’Irak envahit le Koweit. Saddam Hussein veut élargir son accès changement n’étant intervenu, la guerre est déclenchée. Mandatés par l’ONU,
au golfe Arabo-Persique et faire main basse sur les champs pétroliers de ce les États-Unis et leurs alliés bombardent massivement l’Irak, puis mettent
minuscule État. L’invasion est condamnée par la communauté internationale et en déroute l’armée irakienne. Saddam Hussein reste néanmoins au pouvoir
inquiète les États voisins, qui se sentent également menacés. Les résolutions du car l’Irak constitue une pièce maîtresse dans le dispositif destiné à contenir
Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant le retrait irakien n’étant pas suivies d’effet, l’Iran, dont les Occidentaux se méfient. Son pays est cependant frappé d’un
une nouvelle résolution autorise les pays membres de l’ONU à faire usage de embargo* qui touche notamment ses exportations de pétrole. Il sera assoupli
la force si les Irakiens n’évacuent pas le Koweit pour le 15 janvier 1991. Aucun en 1996, puis supprimé après la guerre de 2003.
259
plus tard, elle figure parmi les principales puissances mondiales. Quelles sont les manifestations de cette
puissance ? Quelles sont ses limites ?
260
• Depuis plus d’un demi-siècle, les tensions entre l’Inde et le Pakistan se cristallisent sur la
région du Cachemire, considérée comme un véritable château d’eau car il permet de contrôler
le fleuve Indus. Peuplé d’une large majorité de musulmans, cet État était gouverné par un
maharadja hindou qui, lors de l’indépendance, choisit le rattachement à l’Inde. La réaction
du Pakistan fut violente et la première guerre du Cachemire se termina par un partage de
la région : deux tiers à l’Inde, un tiers au Pakistan. Selon une résolution de l’ONU de 1949,
l’Inde devait organiser un référendum* d’autodétermination, mais elle ne l’a jamais fait. Le
Cachemire demeure le théâtre de nombreux attentats terroristes et d’accidents frontaliers 2
1948 1963 1983 2005
entre les armées des deux pays.
• Les relations entre l’Inde et la Chine sont également tendues. En 1959, l’Inde accueille le États Unis 21,7 % 14,9 % 11,2 % 8,9 %
Dalaï Lama, qui fuit le Tibet occupé par la Chine. En 1962, suite à des incidents frontaliers, UE - 27,5 % 30,4 % 39,4 %
la Chine envahit le Nord de l’Inde. Elle soutient aussi le Pakistan lors de la guerre indo-
pakistanaise de 1965. Le dialogue reprend dans les années 1990. Le développement des Afrique 7,3 % 5,7 % 4,5 % 2,9 %
relations commerciales entre les deux géants devrait faciliter leur rapprochement. Chine 0,9 % 1,3 % 1,2 % 7,5 %
• L’Inde est une puissance militaire. Elle possède la deuxième armée au monde en termes
Japon 0,4 % 3,5 % 8% 5,9 %
d’effectifs. Son budget de la défense se rapproche de celui de la Chine. N’ayant pas signé
le traité de non-prolifération nucléaire (1968), l’Inde effectue ses premiers essais en 1974 Inde 2,2 % 1,0 % 0,5 % 0,9 %
en réponse à l’acquisition de l’arme atomique par la Chine dix ans plus tôt. En 1998, elle se
Évolution de la répartition des exportations mondiales
déclare officiellement puissance nucléaire, tout comme le Pakistan. (1948-2005) (D’après Statistiques du commerce international 2006
• Au plan international, l’Inde s’affirme et réclame une place de membre permanent au sur http://www.wto.org, page consultée le 19 juillet 2007)
Conseil de Sécurité de l’ONU.
261
1 Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire en tout ou en partie, un
groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) meurtre de membres du groupe ;
b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou
partielle ;
d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies,
le 9 décembre 1948, entrée en vigueur après ratifications le 12 janvier 1951 (D’après http://www.unhchr.ch, page consultée le 24 octobre 2007)
15
3 Photographie, colline de Nyanza (Rwanda), 21-23 avril 1994
ERIOTSIH
262
Négationnisme et révisionnisme
Le terme « négationnisme » a été créé par l’historien Henri Rousso, en 1987, pour désigner les tentatives délibérées de nier une réalité historique :
l’extermination des Juifs d’Europe. Ces négations du génocide juif sont l’expression de positions antisémites*. Elles se sont focalisées sur la question de
l’existence des chambres à gaz. Mais les travaux scientifiques les contredisent absolument.
Dans de nombreux pays, l’expression publique de propos négationnistes est sanctionnée. Par exemple, en Belgique, la loi du 23 mars 1995 réprime la
négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le 26 janvier 2007, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution condamnant la négation du génocide des Juifs.
Le terme « révisionnisme » est souvent utilisé, à tort, comme synonyme de négationnisme. Les négationnistes se qualifient d’ailleurs eux-mêmes de
« révisionnistes », essayant ainsi de légitimer leurs mensonges. Stricto sensu, le révisionnisme désigne l’attitude de celui qui, refusant tout dogme ou toute
affirmation établie, s’efforce d’en rechercher les preuves. Il désigne donc un des principes fondateurs de toute activité scientifique, de mise également en
Histoire. Pour éviter la confusion entre les deux termes, il convient donc de n’utiliser que le terme « négationniste » pour qualifier les positions de ceux qui nient
le génocide des Juifs.
4 Actuellement, le président iranien, en niant le génocide des Juifs, 5 Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide
semble constituer le centre d’un nouveau négationnisme. Celui-ci des Juifs forment un seul et même mensonge historique qui a permis
rassemble un front anti-sioniste*, pro-palestinien et anti-américain (…). une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux
Cette opinion se répand de manière inquiétante dans la société arabo- bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme* international, et dont les
musulmane occidentale. Elle vise à délégitimer l’existence de l’État principales victimes sont le peuple allemand, mais non pas ses dirigeants,
d’Israël. La Shoah* serait la cause principale de la création d’un État et le peuple palestinien tout entier.
pour les Juifs. En niant la Shoah*, on nie Israël. Ensuite, le président
iranien insiste sur le caractère récent de l’État d’Israël. « Tout comme Déclaration de Robert FAURISSON au micro d’Europe 1, 1980 (D’après J. STENGERS, Quelques
libres propos sur « Faurisson, Roques et Cie », dans Bulletin du Centre de Recherches et
l’URSS a disparu, le régime sioniste* va bientôt disparaître », a-t-il d’Études historiques sur la Seconde Guerre mondiale, n° 12, mai 1989, p. 12)
déclaré. Enfin, puisque l’État d’Israël n’est que la conséquence de la
Shoah*, c’est aux Européens et Américains de régler le problème de
cet État et de sa disparition, au titre de séquelle de la Seconde Guerre
mondiale. (…) Israël n’aurait aucune légitimité historique. Sa création 6 Mais, lorsqu’enfin, cinquante ans après, sont retrouvées les caractéristiques
résulterait d’une manœuvre occidentale destinée à faire porter sur les de la ventilation des chambres à gaz homicides, à savoir : la nature (métal
Palestiniens les conséquences d’une guerre qui n’aurait pas concerné la ou bois) et le modèle des souffleries, leur disposition, la puissance des
région. D’ailleurs, cette création se fonderait sur un mensonge puisqu’il moteurs électriques utilisés, leur vitesse de rotation, la section des
n’y aurait pas eu d’Holocauste*, les victimes juives ayant été inventées conduits, les cubages horaires d’air envoyé et extrait, le plus habile des
de toutes pièces pour envahir une terre exclusivement musulmane. discours négateurs est vain face à ces données incontournables provenant
du fournisseur ayant installé ces matériels, et le dossier technique des
Henry ROUSSO, Les habits neufs du négationniste, dans L’Histoire, n° 318, mars 2007, chambres à gaz homicides d’Auschwitz-Birkenau doit être refermé et clos.
p. 26-27
Jean-Claude PRESSAC, Pour en finir avec les négateurs, dans L’Histoire, n° 156,
juin 1992, p. 50
263
Pour répondre aux revendications des différentes communautés linguistiques qui composent la Belgique, la Constitution de
1831 a été révisée à plusieurs reprises (→ 66/15). Depuis 1993, la Belgique est un État fédéral composé de communautés et de
régions. Ces deux niveaux de pouvoir s’ajoutent à ceux qui existent depuis 1831 : État national – devenu fédéral –, provinces et
communes.
Les compétences
• L’État fédéral est compétent dans les matières suivantes : justice, défense nationale, affaires étrangères, sécurité sociale,
104-105 monnaie. Il dispose aussi de pouvoirs en matière économique, sociale et fiscale, de transport, et est responsable des institutions
scientifiques fédérales.
• Chaque région exerce, sur tout son territoire, les pouvoirs législatif et exécutif dans des matières liées à la politique économique
et de l’emploi, à l'aménagement du territoire et l'urbanisme, à la politique de l’énergie, à l’environnement – y compris la politique
264
Asymétries et particularités
• Dès sa création, les compétences de la Région flamande sont exercées par les institutions de la Communauté flamande. Il n’y a donc qu’un seul Parlement
et un seul Gouvernement flamands, compétents pour les matières attribuées aux régions et aux communautés.
• Les Parlements des régions flamande et wallonne et ceux des communautés votent des décrets. Le Parlement de la région de Bruxelles-Capitale vote des
ordonnances.
• La région de Bruxelles-Capitale est soumise à la tutelle de l’État fédéral dans quatre matières liées à son rôle international et à sa fonction de capitale :
l’urbanisme, l’aménagement du territoire, les travaux publics et les transports. Elle possède également des commissions communautaires qui exercent, sur
le territoire de la Région bruxelloise, les compétences des communautés. En outre, elle s’est vu attribuer certaines compétences de l’ancienne province de
Brabant, qui a été scindée, en 1994, en une province du Brabant wallon et une province du Brabant flamand, lesquelles ne disposent pas de pouvoir sur le
territoire de la région de Bruxelles-Capitale.
• Depuis 1994, certaines compétences de la Communauté française ont été transférées à la Région wallonne et, pour la région bilingue de Bruxelles-Capitale,
à la Commission communautaire française (COCOF). Ces matières concernent surtout la santé et l’aide aux personnes.
En cas de conflit :
la Cour constitutionnelle 1 FÉDÉRAL
Composition des assemblées
Le personnage représenté à
droite est Jean-Luc Dehaene,
Premier ministre CVP de 1992 à
1999. Le 7 mars 1992, il forme un
Gouvernement, 103 jours après les
élections du 24 novembre 1991.
Le Gouvernement qu’il dirige réalise
la réforme de 1993 qui transforme
la Belgique en un État fédéral.
265
Un parti est une association de personnes regroupées en vue d’exercer le pouvoir. Pour obtenir le soutien populaire, il se présente
aux élections au cours desquelles il défend un programme où il définit ses objectifs et les actions qu’il propose de réaliser.
En Belgique, depuis la Première Guerre mondiale, plus aucun parti n’a obtenu, seul, la majorité de suffrages au Parlement. Le(s)
parti(s) qui a(ont) obtenu le plus de voix a(ont) dû s’associer dans une coalition pour former une majorité. Les ministres en sont
issus et gouvernent. Les partis qui n’en font pas partie forment l’opposition.
266
267
Évolution, filiation et regroupement des partis belges représentés, en 2007, au Parlement fédéral (1945-2007)
2 La politique ultralibérale que l’on nous a longtemps présentée lien social plutôt qu’une société du chacun pour soi. Une politique
comme la seule voie possible notamment au sein des institutions qui allie création d’activités et sécurité d’existence. Une politique
européennes est à bout de souffle ! qui allie souplesse et bien-être pour tous. (…)
Aujourd’hui, les gens se rendent compte que sans régulation, Une telle politique implique le renforcement de l’efficacité et
comme le demandent les socialistes, nous allons tout droit vers non le détricotage des services publics et des services d’intérêt
une société déchirée entre ceux qui gagnent beaucoup et ceux général. Une telle politique implique de ne pas laisser le seul
qui gagnent trop peu pour vivre. marché définir le prix des biens et services essentiels au bien-
Ce type d’injustice conduit inéluctablement aux tensions, à la être de chacun. Une telle politique implique de réguler le prix
violence et à l’insécurité. Ce type de société ne respecte pas les des loyers, le prix de l’énergie, etc. Une telle politique implique
êtres humains ! (…) de renforcer notre système de sécurité sociale, de l’adapter aux
Davantage de précarité, de chômage, de souffrance sociale, réalités d’aujourd’hui, y compris pour les travailleurs indépendants,
d’insécurité dans tous les domaines. Moins de protection et non de l’affaiblir. (…)
sociale, moins de solidarité comme seule voie possible, c’est de
l’idéologie pure. (…) Élio DI RUPO, Discours du 1er mai 2006 (D’après http://www.ps.be, page
consultée le 2 juillet 2007)
Oui, une autre politique est possible. Une politique qui crée du
3 Depuis plus de 25 ans, l’action d’Écolo s’appuie sur la conviction développement d’activités nouvelles dans les secteurs verts,
qu’il faut d’urgence établir un équilibre radicalement plus juste de lutter pour plus de justice sociale tant au niveau mondial –
et plus durable entre nos aspirations sociales, économiques et priorité absolue étant donné l’ampleur des inégalités – qu’au
environnementales. (…) niveau belge, de favoriser le dialogue entre générations et entre
Nos propositions sont ancrées dans la conviction que l’écologie cultures, et surtout d’accroître la qualité de vie de chacune et
et la lutte pour la justice sont intimement liées. Sauvegarder chacun d’entre nous.
l’écosystème terrestre, c’est sauver la possibilité d’un monde Dans nos sociétés « développées », la richesse est de plus en plus
juste pour tous ses habitants présents et à venir. (…) mal répartie. Les riches sont de plus en plus riches (et puissants),
La réussir implique de rendre la primauté à la démocratie dans les pauvres toujours plus pauvres, les « exclus » toujours aussi
la définition des choix politiques et de ne pas soumettre ceux-ci démunis. (…) Pour Écolo, la promotion de la justice et de la
aux exigences du marché. sécurité sociale et l’écologie sont indissociables. (…)
Écolo veut mettre en œuvre des politiques qui permettent
simultanément d’alléger l’empreinte écologique de la Belgique, Une terre plus verte, un monde plus juste, 14 avril 2007 : priorités de
campagne du parti ÉCOLO pour les élections du 10 juin 2007 (D’après http://
de lutter contre le dérèglement climatique, de promouvoir le
web4.ecolo.be, page consultée le 3 juillet 2007)
268
5 1. Tout miser sur l’éducation, la formation et l’emploi. (…) et non de compétition. Ensuite, en améliorant l’éthique et l’efficacité de la
2. Construire la société du respect. Le respect de l’autre, de son existence et gouvernance publique avec plus de règles, plus de transparence, plus de
de sa différence, la maîtrise et la pacification des conflits, la lutte contre toutes contre-pouvoirs, un meilleur management public, plus d’efficacité, une
les formes de violences physiques ou morales. Le respect de la femme, des optimisation des dépenses publiques et, enfin, un renforcement des services
aînés, des règles et des valeurs collectives. La lutte contre l’isolement. de base de l’État : police, pompiers et justice.
3. Renforcer la qualité de l’existence des personnes et des familles. (…) Face au besoin d’humanité que nous crie notre société, il y a chez nous
4. Mettre en marche la révolution environnementale. Créer plus de mobilité, une volonté claire de faire bouger les choses, un désir profond d’offrir enfin
générer moins de pollution, promouvoir une énergie plus propre, un véritable un réel projet humaniste alternatif et surtout de se mettre entièrement et
modèle de consommation alternatif et un « plan de lutte radicale contre le sincèrement au service de tous ses citoyens.
réchauffement climatique » à adopter par tous les niveaux de pouvoir. Parler, être et faire autrement parce que la société a besoin d’humanité !
5. Améliorer la gouvernance publique. Tout d’abord en stabilisant et renforçant
la Belgique et non en la démantelant ; en renforçant le fédéralisme d’union Lettre ouverte aux Wallons et aux Bruxellois : Autrement, 15 avril 2007, tract du CDH
269
À la veille de la Première Guerre mondiale, la Belgique demeure une démocratie bien imparfaite. Sur le plan
politique, le suffrage plural* est de rigueur et les femmes en sont exclues. La démocratie sociale suppose
une concertation entre travailleurs et employeurs et la sécurité d’existence pour tous les citoyens. Cette
double exigence n’est pas rencontrée. Comment ces deux volets – politique et social – de la démocratie
évoluent-ils après 1918 ?
270
La concertation sociale
Le système de concertation sociale permet aux partenaires sociaux, c’est-à-dire aux représentants des travailleurs et des employeurs, d’améliorer leurs relations par
le dialogue social. Il leur donne le pouvoir de négocier la réglementation du travail (contrat d’embauche, salaires, conditions et durée du travail, formation…). Cette
concertation s’effectue à différents niveaux.
Malgré l’existence d’organes de concertation, de graves conflits sociaux puis dans les entreprises, en vue de déterminer les modalités d’application de
persistent durant les années 1950. Un pas important est franchi en 1960 avec ces objectifs.
la décision de négocier tous les deux ans, au niveau national, des accords Un AIP se négocie sur base de cahiers de revendications établis par les
interprofessionnels (AIP). Ceux-ci fixent une série d’objectifs à atteindre. Des organisations syndicales et patronales, après consultation de leurs membres.
conventions collectives de travail sont ensuite conclues dans les secteurs Ceux-ci sont également consultés avant conclusion de l’accord définitif.
271
AIP sont entérinés par le Gouvernement, qui leur donne force a empêché la conclusion d’AIP, sauf en 1981. À partir de 1986,
de loi. les partenaires sociaux ont à nouveau pu s’accorder, sauf en
Durant les années 1960 et jusqu’en 1975, ces AIP ont permis 1996.
5
Affiche de
la FGTB,
env. 1960
La sécurité sociale
La sécurité sociale ou « Sécu » est l’ensemble des dispositions légales visant à garantir aux travailleurs et à leurs familles le droit à
certaines prestations ou allocations sociales, et ce, soit lorsqu’ils sont privés du revenu de leur travail (en cas de maladie, chômage,
retraite, accident, maternité, invalidité, vacances), soit lorsqu’ils ont des charges financières à supporter (soins de santé, éducation
des enfants). La « Sécu » constitue un ensemble d’assurances sociales rendues obligatoires par les pouvoirs publics.
Le terme « assurance » indique que le système est fondé sur le versement, par le travailleur et l’employeur, de cotisations sociales
prélevées sur le salaire brut, c’est-à-dire avant sa perception par le travailleur (salaire net). Ces cotisations sont centralisées par l’Office
national de la Sécurité sociale (ONSS) qui reçoit en outre un montant forfaitaire de l’État. L’ONSS répartit ensuite les sommes
allouées entre les organismes qui les redistribuent (→ 105/6). Il est géré, paritairement, par les représentants des travailleurs et des
employeurs.
Il y a trois régimes de « Sécu » : pour les salariés, pour les indépendants et pour les agents de l’État. Il faut distinguer la sécurité sociale
de l’aide sociale qui procure des allocations ou des services aux personnes sans revenus, aux personnes handicapées, aux personnes
âgées…
En 2002, l’aide sociale représentait environ 10 % du budget de la protection sociale, tandis que la sécurité sociale des travailleurs en
représentait 90 %. Ces assurances sont « sociales » parce qu’elles effectuent une redistribution des revenus.
La « Sécu » repose sur la solidarité entre les travailleurs et les chômeurs, les actifs et les pensionnés, les personnes en bonne santé
et les malades, les familles sans enfants et celles avec enfants…
272
À la fin du XIXe siècle, certains ouvriers tentent de s’assurer contre les croissance économique permet le développement de la sécurité sociale
risques de chômage, de maladie… et créent des caisses d’assurance et donc une couverture de plus en plus importante des soins médicaux
mutuelle, mais la plupart sont trop pauvres pour pouvoir épargner. remboursés, notamment.
Progressivement, l’État subsidie ces initiatives privées, sur le modèle de À partir de 1973, le financement de la sécurité sociale est mis en péril par
ce que pratique l’État allemand. la crise. Les allocations de chômage et le développement du régime des
Après la Première Guerre mondiale, l’État rend obligatoires certaines de prépensions alourdissent le coût pour les pouvoirs publics. L’accroissement
ces assurances : les pensions (1925), les assurances contre les maladies des dépenses est aggravé par le vieillissement démographique et le
professionnelles et les accidents de travail ainsi que les allocations progrès des techniques médicales, de plus en plus coûteuses. Par contre,
familiales (1930). Un grand mouvement de grève aboutit aux congés payés la croissance des recettes est freinée par la contrainte de la compétitivité
(1936). qui limite les cotisations que le patronat est disposé à verser. L’endettement
En 1942, le Britannique lord Beveridge promeut la création d’un État- de l’État limite aussi le financement de la « Sécu ».
Providence (welfare state) qui veille sur les citoyens de la naissance jusqu’à Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du revenu moyen. Sans protection
la mort. Ce système comporte deux volets : la sécurité sociale et l’aide sociale, 40 % de la population belge vivraient au-dessous de ce seuil.
sociale. Il concerne donc aussi les non-travailleurs. Il s’inspire de Keynes, Après tous les transferts sociaux, 13 % de la population vit en dessous de
pour qui le soutien de la demande est essentiel pour éviter les crises. ce seuil (15 % dans l’UE et en France). Cette proportion est de 26 % pour
En 1944, le Pacte social fusionne les divers systèmes précédents au sein les plus de 65 ans, 32 % pour les chômeurs alors qu’elle n’est que de 4 %
de l’ONSS et rend toutes les assurances obligatoires. pour les actifs. Donc, 27 % de la population évitent la pauvreté grâce à
À partir de la fin des années 1940 jusqu’au début des années 1970, la forte la protection sociale.
6
Travailleurs 23 % ¨ ONSS § État 20,5%
Employeurs 56,5 % ¨ = 61 milliards d'euros
en 2006
FMP
ONP
INAMI FAT
ONEM ONVA
ONAFTS
La sécurité sociale en Belgique : financement et redistribution (D’après www. enseignons.be, page consultée le
14 février 2007)
273
Émigrer, c’est quitter son pays pour aller vivre dans un autre et y devenir immigré. Au XXe siècle, de nombreux
migrants se sont installés en Belgique. Qui sont-ils ? Quand et pourquoi sont-ils arrivés ? Comment sont-ils accueillis ?
274
2
Réfugiés, demandeurs d’asile, clandestins…
Nationalité d'origine
D’après la Convention de Genève de 1951 (→ 21), un réfugié est une « personne craignant avec raison des étrangers en
Belgique au
d’être persécutée » pour sa race, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un groupe social 31 décembre 2004
ou son opinion politique. Des persécutions fondées sur le sexe peuvent entrer dans la catégorie (D’après www.emploi.
« appartenance à un groupe social ». L’asile étant un droit, reconnu dans la Déclaration de 1948 (→ 21), belgique.be, page
beaucoup y recourent. Certains sont réellement menacés. D’autres sont des immigrés économiques : consultée le 3 avril
ils viennent pour trouver du travail et n’ont d’autre choix que de se faire passer pour des réfugiés. 2007)
Quand un candidat réfugié arrive en Belgique, il est tenu de demander l’asile. Comme demandeur
d’asile, il a droit à la prise en charge en centre d’accueil, droit octroyé par l’État belge. Au terme d’une
procédure qui dure souvent plusieurs années, environ 10 % d’entre eux obtiennent le statut de Italie Turquie Pologne
réfugié : ils peuvent rester et travailler en Belgique. Si la demande est refusée, la personne doit quitter France Congo
Allemagne
le territoire. Mais certains ne le font pas et restent illégalement en Belgique : ce sont les clandestins
ou « sans-papiers ». Ils constituent des proies faciles pour les employeurs qui utilisent de la main- Pays-Bas Portugal États-Unis
d’œuvre au noir. Ils doivent souvent vivre dans des conditions misérables. Leur grand nombre a conduit Maroc Royaume-Uni Ex-Yougoslavie
le Gouvernement belge à procéder, en 2000, à la régularisation de 50 000 d’entre eux.
Espagne Grèce Autres
275
Depuis quelques décennies, l’économie est marquée par un phénomène de « mondialisation ». Que recouvre
ce terme ? Quels en sont les origines et les acteurs ? Face à ce processus, certains plaident pour une autre
mondialisation. Qui sont-ils ? Que revendiquent-ils ?
1 Traduction du terme globalization apparu dans la presse financière XIXe siècle, tout particulièrement dans les années 1880 à 1914. (…)
américaine au milieu des années 1980, le vocable « mondialisation » Favorisé par la révolution des transports terrestres et maritimes,
(…) sert à désigner un processus d’interdépendance de plus en le volume du commerce mondial est multiplié par sept entre 1840
plus prononcée des économies nationales découlant de la création et 1914. Dans le même temps a lieu la plus grande migration
d’un marché planétaire pour les marchandises, les services, les de l’Histoire : quelque 50 millions d’Européens s’embarquent
capitaux mais aussi l’information, les idées, les produits culturels vers les pays neufs. (…) « Économie-monde », l’Europe répand
et médiatiques. (…) partout avant 1914 ses techniques, ses langues, ses religions,
La mondialisation s’esquisse bien avant l’époque contemporaine. ses valeurs. Cette phase aiguë de mondialisation s’accompagne
Elle s’amorce avec les Grandes Découvertes de la fin du aussi de guerres économiques, de compétition acharnée entre
XVe siècle qui permettent l’essor du commerce transatlantique vieilles puissances et pays émergents et déjà de l’irruption
entre l’Ancien et le Nouveau Monde et entraînent la naissance du spectaculaire des États-Unis, de l’Allemagne et du Japon.
grand capitalisme marchand. (…) La mondialisation s’accélère au La Première Guerre mondiale ouvre une longue phase de repli
qui dure jusqu’en 1945. (…)
À la veille de la Deuxième
Guerre mondiale, la part
de la production mondiale
faisant l’objet d’échanges
internationaux est retombée
au niveau de 1840, un siècle
plus tôt.
56
6
2
67
Les échanges planétaires en 2005
71 (D’après L’Atlas du Monde diplomatique,
hors-série de Manière de voir, janvier
2006, p. 91)
276
¨§
1 once d'or (31,10 g) = 35 dollars or ou dollar
4 Le Fonds monétaire est depuis longtemps très violemment critiqué par domaines de la santé ou de l’éducation. Quant aux dévaluations*, elles ont pour
un certain nombre d’organisations non gouvernementales (ONG) actives conséquence inéluctable la hausse des prix des marchandises importées de
en matière de développement. Elles lui reprochent particulièrement de ne première nécessité qui deviennent inaccessibles aux plus pauvres. D’autres,
pas avoir suffisamment pris en considération les conséquences sociales par contre, lui ont reproché de jeter l’argent par les fenêtres en venant au
des plans de redressement imposés aux pays qui l’appelaient au secours. service de régimes corrompus, comme ce fut le cas en Russie où une partie
Bien souvent, les remèdes préconisés consistent principalement à rétablir des fonds prêtés a, semble-t-il, été détourné.
l’équilibre budgétaire et à dévaluer* la devise locale. L’un et l’autre peuvent
avoir des conséquences néfastes sur les plus démunis. La réduction des Jacques ZEEGERS, À quoi sert le Fonds monétaire international ?, dans La Libre Entreprise,
8 avril 2000, p. 6
déficits budgétaires ne peut la plupart du temps être réalisée que par des
diminutions drastiques dans les dépenses sociales, notamment dans les
La Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), Toujours sous l’impulsion des États-Unis, des règles commerciales universelles
communément appelée Banque mondiale, est le second pilier des institutions sont définies en complément des accords de stabilité financière de Bretton
financières internationales, créées lors des accords de Bretton Woods (1944). À Woods. L’accord du GATT (Accord général sur les Tarifs douaniers et le
l’origine, cette institution favorise la reconstruction d’infrastructures dans les Commerce), signé en 1947, repose sur trois grands principes :
pays européens dévastés par la guerre. Aujourd’hui, la Banque mondiale soutient • la généralisation de la clause de la nation la plus favorisée signifie que tout
le développement économique à long terme des pays en développement. Elle avantage accordé à un partenaire commercial doit être étendu à tous les
leur fournit une assistance technique et peut aussi leur accorder des prêts très États signataires de l’accord ;
importants, à des taux inférieurs à ceux du marché. Son objectif principal est • la lutte contre le dumping* et les subventions nationales à la fabrication
aussi de lutter contre la pauvreté par la promotion de l’éducation, des soins de ou l’exportation de produits qui faussent la concurrence ;
santé ou de l’accès à l’eau, par exemple. La Banque mondiale regroupe 184 États. • la réduction progressive des barrières douanières afin d’augmenter la
Son président est un ressortissant des États-Unis, principal actionnaire de la liberté du commerce.
Banque ; son siège se situe à Washington (États-Unis). Huit cycles de négociations se sont succédé jusqu’en 1994. Ils rassemblent
277
La globalisation financière
La globalisation financière est la troisième composante de Dans les années 1980, sous l’impulsion américaine, les États
la mondialisation. Ce terme désigne la création d’un marché décident de libérer les mouvements de capitaux. Désormais, la
unique de l’argent à l’échelle de la planète. circulation des capitaux* se caractérise par une unité de lieu
Entre 1971 et 1973, les États-Unis mettent fin au système de et de temps : les places boursières sont connectées par des
Bretton Woods. Ils suppriment la convertibilité-or du dollar. Les réseaux informatiques, 24 heures sur 24. Cette globalisation
taux de change des monnaies deviennent flottants. Et le dollar financière se limite, pour l’essentiel, aux pays de la Triade
baisse. Les États-Unis espèrent ainsi favoriser leurs exportations (→ 107/2) : États-Unis, Europe et Japon.
et mettre fin au déficit de leur balance commerciale*.
5 En théorie, la création de ce marché financier unique et sans recherche d’un profit immédiat qui légitime leur incessant
entraves doit se traduire par une meilleure répartition des déplacement semble à l’opposé des financements durables
capitaux* (…). En réalité, la valeur annuelle des transactions dont ont besoin les entreprises et les pays et de la stabilité
financières mondiales, qui atteint la somme astronomique de nécessaire aux acteurs et aux décideurs. Cette spectaculaire
150 000 milliards de dollars en l’an 2000, soit près de trente poussée spéculative multiplie aussi les risques de crises
fois la valeur du commerce mondial, semble surtout générer financières (…).
des effets pervers : l’extrême volatilité de ces capitaux* à la
Régis BÉNICHI, Histoire de la mondialisation, Paris, Vuibert, 2003, p. 183
278
6 La mondialisation est régulièrement dénoncée comme un des facteurs 7 Les transferts financiers des migrants vers leur pays
d’accroissement des inégalités entre les pays pauvres et les pays riches. D’autres d’origine (…) représentent des fonds considérables :
au contraire prétendent qu’il faut continuer d’accroître le niveau des échanges 225 milliards de dollars en 2005, c'est-à-dire beaucoup plus
internationaux pour répondre aux enjeux de développement des pays pauvres. que l’aide publique au développement. Un émigré fait vivre
Une voie moyenne consiste à reconnaître les bienfaits du développement des 10 personnes en moyenne. Toute l’épargne individuelle,
échanges internationaux sur la croissance économique tout en cherchant à familiale ou communautaire, réalisée sur des salaires pourtant
réguler, voire à supprimer les impacts négatifs et inégalitaires de la mondialisation bas, est utilisée pour l’assistance de survie à la parenté,
pour les pays du Sud. Le commerce équitable1 entre dans cette logique. Il l’accès à des produits de consommation ou l’équipement
entend développer des relations privilégiées et équilibrées avec des groupes de collectif des villages (écoles, centres de santé). (…) Avec les
petits producteurs défavorisés dans les pays du Sud (…) et à promouvoir leur capitaux circulent aussi des connaissances, des savoir-faire,
développement durable grâce à la commercialisation de leurs produits, suivant des représentations et des modèles qui bénéficient largement
des conditions commerciales avantageuses sur nos marchés développés. aux sociétés de départ.
1
→ 6/6 Diversification des migrations, dans M.-F. DURAND, B. MARTIN, D. PLACIDI et
M. TÖRNQUIST-CHESNIER (dir), Atlas de la mondialisation, Paris, Presses de la
Tristan LECOMTE, Le commerce équitable, Paris, Eyrolles, 2004, p. 9-10 Fondation nationale des Sciences politiques, 2007, p. 25
8 Issu de différents mouvements nés dans les années 1990 (…) dénonçant le libre-échange* et les
institutions financières internationales (…), la mondialisation libérale et le rôle des firmes globales ainsi
que des manifestations contre les sommets internationaux de Seattle (OMC, 1999), Prague (FMI, 2000),
Gênes (G81, 2001) et Davos2, le mouvement anti-, puis altermondialiste s’organise autour des réunions
9 Réunion sur le plateau du Larzac (France)
du Forum social mondial. Organisée de façon réticulaire3, composée d’associations et d’individus variés,
à l’initiative de José Bové, leader de la
la nébuleuse altermondialiste s’élargit au courant pacifiste (contre la guerre en Irak) et à une partie du Confédération paysanne, août 2003
mouvement syndical en recomposition. Bon nombre de ses combats sont issus du travail des grandes
ONG avec lesquelles les relations sont complexes et variables (…). Entre 2001 et 2003, les trois premières
réunions du Forum social mondial à Porto Alegre4 ont connu un succès grandissant (effectifs multipliés par
10 et près de 5000 associations venant de 150 pays en 2003) mais sans produire de texte fédérateur autre
que la Charte des principes du Forum social mondial, qui exclut du mouvement les partis politiques et les
mouvements armés. (…) Au-delà du consensus d’opposition aux formes actuelles de la mondialisation,
peu de propositions alternatives sont formulées ou d’actions concrètes engagées, et des tiraillements
apparaissent entre une tendance sociale et peu politique (proche des grandes ONG) et une autre beaucoup
plus radicale et politisée (...). Malgré ces limites, l’anti-libéralisme porté par les altermondialistes influence
les évolutions politiques nationales (…), les agendas internationaux, et contribue à l’émergence d’une
scène politique mondiale.
1
Sommet annuel des pays les plus industrialisés et les plus riches de la planète. Organisé pour la première fois en 1975, il
rassemblait les chefs d’État de l’Allemagne, des États-Unis, de la France, du Japon, du Royaume-Uni et de l’Italie. En 1976,
le Canada y est admis puis, en 1998, la Russie. Ces sommets traitent de commerce international, de développement, des
finances et, plus récemment, des questions environnementales.
2
Le Forum économique mondial est une organisation internationale indépendante. Il réunit annuellement à Davos (Suisse)
des chefs d’État, des chefs d’entreprises, des ONG. Il débat de sujets économiques et vise à l’amélioration de l’état du
monde.
3
En réseau
4
Brésil (→ 6/5)
La société civile organisée, dans M.-F. DURAND, B. MARTIN, D. PLACIDI et M. TÖRNQUIST-CHESNIER (dir), Atlas de la mondialisation,
Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 2007, p. 59
279
De nouveaux acteurs
L’Union européenne possède une agence spatiale depuis 1975. Consciente de la nécessité d’une indépendance face aux deux
blocs, elle s’est dotée de lanceurs, les fusées Ariane, capables de placer leur propres satellites en orbite. La Chine a rejoint
les États-Unis et la Russie en envoyant un « taïkonaute » dans l’espace en 2003. L’Inde développe aussi une politique spatiale
d’envergure. Israël, le Pakistan, la Corée du Nord, le Brésil et l’Iran ont également une activité spatiale, essentiellement d’ordre
militaire et qui ne concurrence pas celle des autres puissances.
3 Aujourd’hui comme hier, l’espace constitue donc un moyen utilisé par les puissances montantes ou établies pour affirmer leur
prestige national. Toutefois, les États-Unis demeurent la première puissance spatiale mondiale. Leurs investissements représentent
70 % des budgets spatiaux mondiaux.
47
7 Comment explorer et utiliser l’espace ?
• Les vols habités sont les plus rares. Aujourd’hui, seuls les États-Unis, la Russie et la Chine sont capables de les mener à bien.
• En 1971, les Soviétiques créent la première station spatiale, Saliout. Construite en orbite terrestre en 1986, la station russe Mir
(« paix », en russe) a ensuite accueilli des astronautes américains, manifestation de la fin de la guerre froide. Aujourd’hui, une
station internationale (ISS) est en construction. Ces stations permettent aux hommes d’effectuer des séjours prolongés dans
90
l’espace. Elles nécessitent l’usage de navettes, comme celles de la NASA.
• Les engins spatiaux non habités permettent l’exploration du système solaire. Des sondes spatiales se sont ainsi posées sur
la Lune, Mars, Vénus et Jupiter. De 1979 à 1989, Voyager II a survolé successivement Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.
280
• L’étude progressive du cosmos a permis d’améliorer notre connaissance • Les retombées techniques des recherches dans le domaine spatial sont
de la structure des corps célestes et de leur origine. Ainsi, le télescope parfois étonnantes : on notera par exemple la découverte des couches-
spatial Hubble a permis d’estimer l’âge de notre planète à 13,7 milliards culottes, dont la matière a été utilisée à l’origine dans les combinaisons
d’années. des astronautes. De même, les airbags ont d’abord été mis au point
• Le développement des satellites est à l’origine du guidage par GPS, pour les navettes. L’imagerie médicale est aussi largement tributaire des
de la téléphonie satellitaire et de centaines de chaînes de télévision progrès effectués dans l’imagerie spatiale.
disponibles sur toute la planète. • Enfin, la conquête de l’espace, malgré les sommes considérables qu’elle
• Grâce aux satellites, la Terre peut aussi être observée sous toutes ses nécessite, est un facteur de croissance et d’emploi. Les innovations
coutures. On peut ainsi diagnostiquer le réchauffement climatique et techniques et le degré de précision nécessaire au matériel spatial ont
suivre ses conséquences. Les prévisions météorologiques en ont aussi accéléré le développement industriel des pays concernés.
grandement profité.
2
Couverture du magazine Le Soir Illustré, n° 1934,
17 juillet 1969
3 Voici les astronautes lunaires revenus sur la Terre. Un triomphe leur sera fait
lorsqu’ils sortiront de leur quarantaine. Ils feront aux États-Unis et un peu
partout dans le monde des tournées éclatantes. Les hommes manifesteront
leur enthousiasme et leur émotion devant les perspectives enivrantes que
les astronautes viennent d’ouvrir à l’humanité.
Dans cet enthousiasme, il y a aussi des fausses notes. Certains haussent
les épaules en disant que c’est folie, que ça ne sert à rien, que la Lune
n’offre que des cailloux (…) et qu’il vaudrait mieux consacrer cet argent aux
pays sous-développés (…). De toute manière, on n’arrête pas le progrès
technique et, plus que jamais, le problème des hommes va être d’assimiler
les découvertes sans en devenir esclaves. (…)
On est évidemment à l’aube d’une civilisation nouvelle qui va se trouver
de plus en plus liée aux impératifs de la technologie. Une civilisation de
masse qui régira l’immense troupeau humain, le menant vers l’espoir ou le
désespoir, la conscience ou l’inconscience. (…) Il y a longtemps sans doute
que l’on ressent cette évolution, mais la conquête de la Lune est un jalon
sensationnel, non seulement par le fait matériel de la conquête, mais aussi
parce que pour la première fois, sans doute, l’humanité entière s’est trouvée
liée dans un même événement. La télévision a porté la conquête lunaire
dans toutes nos villes (…). Mais l’individu ? (…) Peut-il y avoir de véritable
progrès si l’homme se laisse engluer dans le collectivisme matérialiste ?
Certes, on ne peut refuser le progrès, mais il faut savoir que pour l’humanité,
il reste à faire des conquêtes bien plus importantes que la Lune. S’il fallait
donner un nom [à ces conquêtes] (…), on dirait : « Objectif Homme… » (…).
281
Au fil du XXe siècle, l’espérance de vie a augmenté dans la plupart des pays. Pourquoi ? Ces progrès
bénéficient-ils également à tous ? Les menaces sanitaires ont-elles pour autant disparu ?
• Nés au XIXe siècle, les vaccins se multiplient et se perfectionnent : ils préviennent de nombreuses infections virales.
• Découverte dans l’entre-deux-guerres, la pénicilline permet, à partir de 1943, le développement des antibiotiques de synthèse.
Grâce à eux, de nombreuses maladies d’origine bactérienne sont combattues avec succès. Pour ceux qui ont accès aux
antibiotiques, l’espérance de vie a augmenté d’environ 15 ans depuis leur mise au point.
• Les progrès dans la miniaturisation et dans le traitement de la douleur ont permis à la chirurgie d’effectuer des interventions
autrefois impensables. Les premières greffes d’organes ont lieu dès les années 1950.
282
• En 1918, la grippe espagnole, arrivée de Chine en passant par les États-Unis, fait entre 20 et
40 millions de morts en Europe. L’année suivante, la tuberculose tue 85 000 Français.
Ces maladies reviennent de façon endémique durant la première moitié du XXe siècle.
• Les épidémies reculeront grâce à l’élévation du niveau de vie et à l’implication des
pouvoirs publics qui promeuvent notamment la vaccination et de la coordination sanitaire
internationale. Celle-ci débute dès 1922 par la mise sur pied d’un comité au sein de la
Société des Nations. En 1948, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est créée. Évolution de l’espérance de vie à la
Elle veille à appliquer des mesures de protection en cas d’épidémies et développe naissance dans quatre pays d’Afrique
des campagnes de vaccination à l’échelle planétaire. Celles-ci permettent d’éradiquer noire (1955-2005) (D’après L’Atlas du
Monde diplomatique, Paris, A. Colin, 2006,
certaines maladies, comme la variole, dont le dernier cas a été recensé en Somalie en
p. 45)
1977.
• Pourtant, la dégradation de la situation sanitaire dans certains pays décolonisés, couplée
au phénomène de mondialisation*, a entraîné une recrudescence des épidémies. En
4 1900 178
2005, 52 pays, principalement en Afrique, ont été touchés par le choléra. La peste
bubonique ou pulmonaire sévit encore. De nouvelles maladies s’ajoutent aux anciennes. 1930 99
Le virus du SIDA, dont les premiers cas ont été recensés aux États-Unis, est identifié en 1960 31,2
1983. Il donne naissance à la plus importante pandémie* de la fin du XXe siècle. Au moins 1970 21,1
25 millions de personnes sont aujourd’hui séropositives en Afrique. Elles sont environ 1980 12,1
20 000 en Belgique. D’autres pandémies* éclatent. Identifié en 1997, le virus de la grippe
1990 7,9
aviaire, apparu en Chine, se diffuse à travers le globe pour atteindre l’Europe dès 2005.
• Depuis les années 1990, une attention croissante est portée aux épizooties, épidémies 2000 4,8
animales telle la grippe aviaire ou la fièvre aphteuse. Leur recrudescence est due aux 2005 4
échanges mondiaux en constante augmentation et à l’élevage de masse. Le risque existe
Mortalité infantile* en Belgique entre 1900 et 2005, en ‰
de voir les agents infectieux franchir la barrière de l’espèce pour infecter l’humain, comme
(D’après http://www.one.be et http://perspective.usherbrooke.ca,
dans le cas la maladie de la vache folle. pages consultées le 29 décembre 2007)
283
La photographie, qui se développe à partir du XIXe siècle, a joué un rôle fondamental dans l’évolution de l’art. En permettant une
reproduction fidèle de la réalité, elle libère l’art de ce rôle.
Par ailleurs, à partir du XXe siècle, à côté de la couleur, du métal ou de la pierre, de nouveaux matériaux comme l’air, la lumière,
la nature, la vidéo, l’informatique, la photographie et même le corps humain, sont utilisés par les artistes. Parallèlement, les
techniques se mélangent, rendant de plus en plus floues les catégories traditionnelles que sont la peinture et la sculpture.
Enfin, les formes de l’expression artistique se multiplient et se diversifient. Néanmoins, quelques grandes tendances se
dessinent à travers le XXe siècle.
Les bases de l’art contemporain sont le fauvisme, l’expressionnisme, le futurisme, le cubisme, l’art abstrait et le mouvement
Dada.
• Le fauvisme est le premier mouvement d’avant-garde du XXe siècle. Entre 1905 et 1908, un groupe de peintres réunis autour
de Henri Matisse exploite les ressources de la couleur pour son pouvoir expressif, sans référence à la réalité.
• L’expressionnisme se développe en Allemagne à partir de 1905. Il exagère, déforme les traits pour traduire les sentiments
sombres d’artistes qui expriment leur malaise, leur inquiétude par rapport au monde qui les entoure.
• Les artistes futuristes, comme Luigi Russolo (→ 77/9), s’inspirent du monde moderne et tentent de représenter le mouvement
et la vitesse. Né en Italie, le futurisme s’épanouit entre 1912 et 1915. L’art cinétique le prolonge, dans une certaine mesure.
Il se fonde sur le caractère changeant d’une œuvre. Ainsi, les artistes conçoivent des sculptures mobiles, qui dansent en
fonction des courants d’air. Dans les années 1950, la lumière vient enrichir leur recherche. Plus récemment, l’usage de la vidéo
prolonge ces recherches dans la mesure où celle-ci est la combinaison d’images lumineuses en mouvement (→ 77/7).
• Le cubisme remet en cause les règles de la perspective, héritées de la Renaissance. Les cubistes tentent de montrer, sur un
même plan, toutes les facettes d’un objet. Dès 1912, Pablo Picasso et Georges Braque collent dans leurs œuvres des morceaux
de journaux ou des bouts de papier. Cette technique de collage marquera l’art du XXe siècle. Ainsi, dans les années 1950, le peintre
Matisse découpe et colle des morceaux de papier colorés. Des artistes du pop art utiliseront également cette technique.
• Vers 1910, Wassily Kandinsky (→ 77/15) et Kazimir Malevitch refusent la figuration ou l’imitation de la nature. Ils ne peignent
plus que des couleurs, dans des formes géométriques. Leurs œuvres marquent le début de l’art abstrait. En 1917, Kazimir
18 Malevitch touche aux limites de l’art abstrait en peignant un carré blanc sur un fond blanc. De même, en sculpture, certains
artistes, comme Constantin Brancusi (→ 77/16), simplifient les formes. Ces recherches se prolongent après la Seconde Guerre
24-25 mondiale, par exemple dans les color-fields de Mark Rothko (→ 77/20). Dans les années 1960, l’art minimal travaille des formes
géométriques essentielles et universelles : Carl André pose au sol des plaques de métal manufacturées et Donald Judd fixe au
mur des séries d’éléments métalliques.
• Né pendant la Première Guerre mondiale, Dada est un mouvement anarchiste qui conteste les formes traditionnelles de
l’expression artistique. Il se prolonge dans le surréalisme qui se développe surtout dans l’entre-deux-guerres (→ 40/3-4).
36
77 La question du rapport de l’art et du réel occupe une place importante dans les expressions artistiques du XXe siècle. De nombreux
courants et artistes s’y confrontent, chacun à leur manière.
En 1917, Duchamp, en sortant de son contexte un urinoir qu’il appelle fontaine (→ 77/1), introduit une rupture fondamentale avec
l’art traditionnel. Désormais, tout est art, même l’objet que l’artiste n’a pas créé lui-même et qui n’est pas unique (ready-made*) ;
c’est la démarche de l’artiste qui fait de l’objet une œuvre d’art.
284
2
Pablo PICASSO, Nature morte à
la chaise cannée, 1912
(Paris, Musée Picasso)
Pendant tout le XXe siècle, des artistes vont réinterpréter l’idée du ready-made*. La nature peut devenir le matériau de l’artiste qui la modifie : c’est le land art.
C’est le cas des artistes du pop art, dans les années 1960. Ils critiquent Ainsi, en 1971, Robert Smithson fait construire sur la rive nord du Grand Lac
la société de consommation en mettant en scène des objets usuels de Salé, en Utah aux États-Unis, une jetée en forme de spirale de 4,5 m de large
consommation courante. Les œuvres de Tony Cragg (→ 77/2), qui recueille et s’enroulant sur une longueur de 450 m.
et assemble des matériaux de récupération, prolongent ces recherches. De La rue est aussi une source d’inspiration pour les artistes. D’abord expressions
même, Jean Tinguely se fournit dans les décharges ; César compresse des d’une culture populaire, graffitis et tags deviennent les éléments d’une
carcasses de voitures. recherche artistique, comme chez Keith Haring (→ 77/6).
La critique de la société s’exprime également à travers des œuvres réalistes Enfin, l’œuvre d’art peut se dématérialiser et/ou être éphémère. L’artiste
comme celles de Duane Hanson (→ 77/4), d’Edward Kienholz (→ 24/6) ou de organise un événement temporaire, un happening, qui devient une œuvre
Wolf Vostell (→ 69/1). d’art, comme l’emballage du Reichstag* par Christo et son épouse (→ 77/14).
De leur côté, les peintres surréalistes tentent d’exprimer le subconscient avec
des moyens picturaux réalistes ou non figuratifs.
3
Alexander CALDER,
Mobiles, 1950-1960
(Bilbao, Musée Guggenheim)
4
Joseph BEUYS, The Pack, 1969
(Collection privée en prêt à la Tate
Modern, Londres)
285
286
2
Nombre d’ordinateurs personnels,
d’utilisateurs d’Internet et de téléphones mobiles
pour mille habitants en Belgique
entre 1988 et 2005
(D’après http://perspective.usherbrooke.ca
et http://www.internetworldstats.com,
pages consultées le 7 janvier 2008)
Démocratie et médias
Les médias vecteurs de démocratie Le 11 septembre 2001, le monde entier a pu voir en direct les attentats qui ont
frappé les États-Unis (→ 64/5).
Les médias constituent un moyen d’expression démocratique fondamental.
Pour cette raison, de nombreux États tentent de les contrôler, comme la Les médias au service de l’économique… et du politique ?
Chine, la Russie... En 2007, 86 journalistes ont été tués, 880 arrêtés et
Le développement des chaînes privées, qui concurrencent les télévisions
2600 sites Internet et blogs fermés dans le monde.
publiques, financées par l’État, puise ses ressources dans la publicité. Celle-ci
Les médias faiseurs d’opinions a gagné également de nombreuses chaînes publiques. Cette dépendance par
rapport aux ressources publicitaires nourrit une course à l’audience qui peut
Progressivement, le pouvoir de la télévision s’affirme. En 1960, lors du débat aller au détriment de la qualité des émissions. Parallèlement, la concentration
entre Nixon et Kennedy, tous deux candidats à la présidence des États-Unis, des médias privés dans les mains de grandes entreprises internationales
une première à la télévision, l’image donnée par le second semble avoir été s’accroît, tout comme leurs relations avec la sphère politique. En Italie par
déterminante dans sa victoire électorale. Durant la guerre du Viêtnam (→ 49), exemple, Silvio Berlusconi, Premier ministre entre 2001 et 2006 et de nouveau
les images télévisées contribueront à convaincre une partie de l’opinion en 2008, possède plusieurs chaînes de télévision privées. Aux États-Unis,
publique américaine de la nécessité d’un retrait américain. Le contrôle des Rupert Murdoch, à la tête de New Corporation, un des groupes médiatiques les
images et de la communication deviendra une des priorités dans la gestion plus importants au monde, a mobilisé journaux, radios et chaînes de télévision
des conflits, notamment lors de la première guerre du Golfe en 1991 (→ 100). pour soutenir le parti républicain et la seconde guerre d’Irak (→ 100).
Les mouvements terroristes y recourent aussi pour impressionner l’opinion.
En permettant à des millions d’internautes de s’exprimer, Internet est devenu couches les plus défavorisées de la population. L’omnipotence de l’anglais et
le premier média de masse. Il faut rappeler toutefois l’existence d’une de la culture anglo-saxonne fait aussi d’Internet un des vecteurs privilégiés
véritable fracture numérique entre les pays du Nord et ceux du Sud et, au sein de la diffusion de l’american way of life.
des sociétés occidentales, entre les milieux aisés ou de classe moyenne et les
287
288
L’après-concile*
1 5PVU BV MPOH EFT KPVST MhIPNNF B EF OPNCSFVTFT FTQ¹SBODFT y %BOT EF%JFVx y /PVTBWPOTCFTPJOEFTFTQ¹SBODFT y RVJ BVKPVSMFKPVS
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FU<EFMB>QPMJUJRVF y TFNCMBJUºUSFEFWFOVFS¹BMJTBCMF"JOTJMhFTQ¹SBODF #&/0¢5 97* Sauvés par l’espérance 3PNF OPWFNCSF f "EBQU¹ EBQS¼T
CJCMJRVF EV S¼HOF EF %JFV B ¹U¹ SFNQMBD¹F QBS MhFTQ¹SBODF EV S¼HOF EF IUUQXXXWBUJDBOWB QBHFDPOTVMU¹FMFE¹DFNCSF
MhIPNNF QBSMhFTQ¹SBODFEhVONPOEFNFJMMFVSRVJTFSBJUMFW¹SJUBCMFjS¼HOF
289
En 1918, quand la Première Guerre mondiale se termine, l’Empire ottoman est à genoux. Miné par de multiples nationalismes
depuis un demi-siècle, il a dû accepter, dans la seconde moitié du XIXe siècle, la prise d’autonomie, puis l’indépendance de nombreux
peuples qu’il avait intégrés, de force. Son engagement dans la guerre, aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, le conduit
à la défaite en 1918. En 1920 et 1923, par les traités de Sèvres et de Lausanne (→ 39/1), les Alliés réduisent considérablement le
territoire de la Turquie indépendante et obtiennent de la Société des Nations des mandats* qui leur assurent le contrôle de larges
régions au Proche et au Moyen-Orient. Les peuples arabes, dont plusieurs avaient lutté avec les Alliés contre la domination ottomane,
ne tirent donc aucun bénéfice de la disparition de l’Empire ottoman. De plus, l’Europe dispose, en Afrique du Nord, de plusieurs
colonies. Le monde arabo-musulman nourrit donc, au lendemain de la Première Guerre mondiale, un sentiment d’humiliation
particulièrement marqué.
Soucieux de retrouver leur puissance, les dirigeants et les peuples arabes emprunteront plusieurs voies :
- le nationalisme : il leur permettra, dans l’entre-deux-guerres puis dans les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale,
d’obtenir leur indépendance politique. Ce nationalisme puise notamment ses racines dans le panarabisme. Ce mouvement
entend restaurer l’unité du monde arabe. Les partis Ba’th (« renaissance » en arabe), au pouvoir en Syrie puis en Irak à partir des
années 1960, comptent parmi les principaux promoteurs de cette unité arabe. De même, en Égypte, Nasser se présente comme
un des chefs de file du panarabisme. Sa décision, en 1956, de nationaliser* la Compagnie du canal de Suez, dont les principaux
actionnaires sont français et britanniques, a un fort impact symbolique dans le monde arabe. Mais si de nombreux peuples arabes
ou musulmans accèdent à l’indépendance, aucun dirigeant ne parvient à refaire l’unité du monde arabo-musulman. La guerre
des Six Jours en 1967 (→ 99), au cours de laquelle Israël défait les armées syrienne, égyptienne et jordanienne, apparaît comme
8-9 la manifestation de l’échec du panarabisme : l’unité des pays arabes n’est à même ni de restaurer leur grandeur face à Israël ni
de « libérer » la Palestine ;
12 - la démocratie libérale : elle est adoptée par plusieurs états arabes au lendemain de leur indépendance. Mais elle ne résiste pas
longtemps aux injustices sociales et à l’impréparation des élites. C’est notamment le cas dans les pays du Maghreb (→ 98), en
particulier en Algérie (→ 52) ;
- le socialisme : dans la seconde moitié du XXe siècle, plusieurs républiques arabes (Égypte, Syrie, Algérie, Libye, Irak…) adoptent
le socialisme, tout en rejetant le marxisme, athée. Leurs dirigeants voient, dans l’idéal socialiste, un moyen de sortir leur pays
1
21 des inégalités sociales. Contrairement aux monarchies arabes comme le Maroc, l’Arabie Saoudite, la Jordanie…, ces républiques
s’alignent sur l’URSS durant la guerre froide. Leurs dirigeants sont à l’origine de progrès pafois importants, en particulier dans
les domaines de la santé et de l’éducation. Mais la persistance des inégalités socioéconomiques et l’absence de démocratie
discréditent ces régimes.
L’échec de ces multiples tentatives alimente le développement de mouvements islamistes qui prétendent puiser, dans l’Islam
39 lui-même, les ressorts pour rendre aux peuples musulmans leur prospérité et leur prestige d’antan. Le plus ancien d’entre eux,
l’Organisation des Frères musulmans, est né en Égypte, en 1928, mais la plupart se développe à partir de la fin des années 1960,
61-62 notamment après la défaite de la guerre des Six Jours.
La révolution islamique qui éclate en Iran, en 1979 (→ 62), et au cours de laquelle l’ayatollah* Khomeyni chasse le shah* et prend le
64 pouvoir, renforce encore la montée des islamistes. Elle est le signe, à leurs yeux, de la force de la religion musulmane comme levier
permettant aux peuples musulmans opprimés de prendre en main leur avenir. En 1989, au Soudan, des chefs religieux prennent aussi
le pouvoir. En Algérie, en 1992, le Front Islamique du Salut (FIS) remporte le premier tour des élections mais il est frappé d’interdiction
par l’armée. Il opte alors pour la violence armée. Au lendemain de la disparition de l’URSS, différentes nouvelles républiques cherchent
dans l’Islam un modèle d’organisation de la société. En Afghanistan, de 1996 à 2001, les talibans* dominent le pays. En Palestine, en
2006, le Hamas gagne les élections au détriment du Fatah (→ 61).
98
Ce retour à l’Islam comme ressort de l’organisation sociale et politique s’ancre donc d’abord et avant tout dans le sentiment
d’humiliation que ressent le monde musulman vis-à-vis de l’Occident. Ce ressentiment est aggravé par l’occupation israélienne
des territoires palestiniens, par la politique pro-israélienne des États-Unis et par la mondialisation* qui fait craindre, à certains
musulmans, la perte de leur identité et de leurs valeurs, au bénéfice de celles de l’Occident. Le succès des mouvements islamistes
s’explique également par la pauvreté des populations, d’autant plus choquante dans les états où domine une minorité corrompue
290 et nantie.
1 Le mouvement de réforme qui est en train de naître [au sein de l’Islam Citoyens d’États de droit, les musulmans ne sont plus sous la loi des États
européen] a pour principale exigence la connaissance du message global étrangers ou des anciennes colonies et ils doivent refuser un statut de
de l’Islam, de ses principes universels et des outils offerts à l’être humain sous-citoyens produit par un pervers néocolonialisme intérieur. Reprendre
pour s’adapter à sa société autant que pour changer le monde. Tous les confiance en soi, en ses valeurs, en son rôle, c’est aussi, dans les faits,
musulmans sont invités, d’abord, à cette étude (…), à cette « connaissance revendiquer ses droits et le respect. (…) C’est une lutte, un Djihad, cela va
de soi ». (…) Dans le même temps, il ne peut être question de faire sans dire, mais pour des principes non contre des hommes... (…).
l’économie d’étudier le monde occidental, l’Histoire de ses sociétés, leurs Ce ne sera pas facile. Les préjugés, le racisme et l’islamophobie sont des
institutions, leurs cultures (…). C’est le passage obligé pour se sentir chez expressions tangibles de la difficile réalité des sociétés occidentales et il ne
soi et pour appliquer de façon positive le principe islamique d’intégration de faut pas que les musulmans pensent naïvement que celles-ci disparaîtront
tout ce qui ne s’oppose pas aux interdits (…). si aisément à mesure qu’ils deviendront des citoyens enracinés dans leur
(…) [Cessant] de se considérer comme une minorité en marge, (…) société. (…)
ne cherchant qu’à se protéger d’un environnement considéré comme
dangereux, [les] citoyens occidentaux de confession musulmane ont
besoin, pour ce faire, de se libérer de leur (…) complexe d’infériorité vis-à-vis Tariq RAMADAN, Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’Islam, Arles, Actes Sud, 2003,
p. 371-375
de l’Occident (de la domination de sa rationalité et de sa technologie) (…).
2 Ni mieux ni plus mal que dans l’ensemble du monde arabo-musulman, l’Islam en Europe se
cherche une nouvelle identité dans (...) le tâtonnement, alors que nous aurions ici les moyens 3 Évolution numérique des principales religions dans
d’aller bien plus loin qu’ailleurs, où la parole est moins libre ! Ne percevons-nous pas l’impatience le monde et prospective vers 2050 (D’après L’atlas des
à notre égard de la société qui nous entoure et qui attend – enfin – un geste décisif et solennel religions, Paris, La Vie-Le Monde, 2007, p. 19)
de notre part ? Quel geste ? Un engagement sans ambiguïté, massif et définitif, en faveur d’un
Islam complètement refondé selon les valeurs de notre terre d’Europe : la liberté de conscience,
l’égalité des sexes, la tolérance. Refonder tous les principes de l’Islam, y compris les prescriptions
de la loi religieuse et la lettre du Coran, à la lumière des droits de l’homme. Ne rien laisser hors
de portée de l’esprit critique. Déclarer caduc tout élément du texte sacré, de la pratique, des
coutumes, qui serait en contradiction avec les valeurs de liberté individuelle, d’égalité des sexes,
de laïcité*, de tolérance entre les peuples et les religions. (…) [Affirmer] que les femmes sont les
égales des hommes en tous points, bannir les habitudes de domination masculine et éradiquer
par une éducation appropriée tout comportement machiste ; affirmer que nous reconnaissons la
laïcité* comme une valeur universelle, et non une lubie française ; (...) affirmer que tous les êtres
humains sont nos frères et nos égaux, en éliminant toute idée de supériorité des musulmans sur
les autres, toute idée que l’Islam, en tant que dernière révélation historique, viendrait « abolir »
les précédents messages religieux, et en éliminant toute trace d’animosité envers les juifs, les
chrétiens, les athées*. (...)
Abdennour BIDAR, Manifeste pour un Islam européen, dans Le Monde, 15 février 2005, p. 15
291
292
Cette photographie est une mise en scène. Les combats entre les armées
japonaise et américaine sur l’île d’Iwo Jima se déroulent en février et mars 1945.
Le 23 février, les soldats américains plantent un petit drapeau au sommet du
mont Suribashi, point culminant de l’île. L’événement est immortalisé par un
photographe de l’armée. La scène est répétée le jour-même avec un grand
drapeau et photographiée par Joe Rosenthal. Une sculpture, réplique parfaite de
la photographie, sera inaugurée au cimetière national d’Arlington (Washington) en
1954. La photographie servira aussi de source d’inspiration au sculpteur Kienholz
(→ 24/6).
293
Née à la fin du XVe siècle, après la naissance de l’imprimerie, cinéma. À la même époque, le développement et l’affrontement
l’affiche est alors la reproduction d’un texte sur papier apposée sur des idéologies ainsi que la multiplication des partis vont faire
un mur. Elle connaît un développement important au XIXe siècle les heures de gloire de l’affiche politique, au moins jusque dans
avec les progrès des techniques d’impression, de la publicité et du les années 1970. L’altermondialisme, les combats écologistes et
débat politique. À la fin du siècle, elle devient aussi un objet d’art. humanitaires, la propagande d’État… continuent à lui assurer un
Au XXe siècle, l’importance croissante de la publicité et des loisirs avenir.
assure les beaux jours de l’affiche publicitaire et des affiches de
L’affiche électorale l’affiche pour défendre certaines causes d’intérêt général (paix,
Dans les démocraties, les affiches électorales informent sur les désarmement, environnement, idée européenne, soutien des
enjeux des campagnes électorales, la diversité des valeurs et des peuples en lutte…) ou plus particulières (grèves, régularisation
opinions politiques et le programme des partis qui les diffusent. de sans papiers…). Ces affiches constituent donc des témoins
privilégiés de certains mouvements, syndicats, associations…
L’affiche de propagande officielle
L’affiche de guerre
Dans les États autoritaires d’hier et d’aujourd’hui, les dirigeants
utilisent l’affiche à des fins de propagande. Au même titre que Depuis la Première Guerre mondiale, l’affiche est utilisée par les
d’autres médias, elle sert à conditionner les foules. L’image Gouvernements pour obtenir l’adhésion et la participation des
du dictateur est multipliée afin de développer le culte de sa civils. Des campagnes sont menées pour le recrutement et pour
personnalité. le financement de la guerre. D’autres appellent à la résistance
nationale face à l’ennemi ou dénoncent les exactions de l’adversaire.
Les affiches de combat pour des idées Dans les pays occupés, l’occupant est magnifié et des appels à la
En dehors ou durant des périodes électorales et indépendamment collaboration apparaissent.
des partis politiques, des mouvements de citoyens peuvent utiliser
GEIS, affiche électorale, D. MOOR, affiche bolchévique*, Affiche espagnole, après 1936
1 Allemagne, 1932
2 1919 (Prague, Musée Lénine)
3 (Paris, BNF)
294
• La composition comprend le cadrage, les plans, la taille accordée aux différents éléments…
• Les codes peuvent être de plusieurs ordres et sont proches ou identiques à ceux utilisés dans le dessin de presse (→ 116).
• Les procédés : ce sont les moyens de persuasion utilisés pour convaincre le destinataire de l’affiche.
4
Jean CARLU, affiche, 1932
6
R. VACHET, affiche française, 1942
295
Le dessin de presse est l’héritier de la caricature. Celle-ci s’est tel ou tel événement, comportement, prise de position… Il exploite
développée au XIXe siècle, en parallèle avec l’essor de la presse. la force de l’image et, généralement, l’humour : celui-ci permet
L’objectif du dessinateur est d’illustrer, d’interpréter, de dénoncer… d’aborder les sujets les plus interdits ou les plus délicats.
Le dessin de presse apporte un point de vue plus ou moins engagé Les dessins de presse mettent en scène la vie politique nationale
sur un événement ou un phénomène d’actualité, qu’il soit social, et internationale. Ils offrent donc des témoignages précieux sur la
politique, culturel, économique... Il permet donc de cerner l’opinion perception de la politique, des partis, des hommes politiques et
du dessinateur et, derrière lui, de la rédaction du périodique qui de leurs décisions.
le publie mais aussi, dans une certaine mesure, de son lectorat et Enfin, les dessins de presse contribuent à l’étude de l’évolution
donc d’une partie de l’opinion publique. des mentalités, des croyances, des valeurs…
1
Couverture du magazine libanais
An-Nouqad, Beyrouth, 9 septembre
2002
296
4 5
David LEVINE, dessin de presse, Pol FERJAC, dessin de presse, dans Le Canard
dans Le Nouvel Observateur, enchaîné, Paris, 12 août 1936
1er décembre 1969
297
Progressivement à partir de la fin du XIXe siècle et surtout dans le laisser à l’historien de nouvelles traces du passé : les documents
courant du XXe siècle, la radio, le cinéma, puis la télévision vont sonores et audiovisuels. Il en existe de plusieurs ordres.
t -JOU¹SºU EFT documents sonores est multiple. Il dépend Mais les sources cinématographiques et télévisuelles ne
du domaine de la vie des hommes du passé auquel ils font documentent pas seulement l’historien sur l’Histoire de ces
référence : art et culture (chansons, pièces de théâtre, entretiens médias. Elles l’informent aussi sur l’évolution de la société, de
avec des artistes…), politique et société (discours, déclarations, la vie quotidienne, des loisirs, des mentalités, sur les débats
interviews…), mentalités, valeurs et tabous, opinion publique qui animent l’opinion publique, sur la propagande, les valeurs,
(« micro-trottoirs »…), vie des acteurs du passé (témoignages les tabous…
oraux…)… Par rapport aux documents non montés et non destinés à
t -FT sources audiovisuelles constituent d’abord de précieux la diffusion, les documents ayant fait l’objet d’un montage
témoignages sur l’Histoire du cinéma et de la télévision, et destinés à un public informent à la fois sur les réalités
leur développement technique, les valeurs et modèles qu’ils qu’ils donnent à voir ou à entendre et sur les objectifs et le
véhiculent, leur mode d’influence et/ou leur dépendance message des auteurs du film, du reportage ou de l’émission
politique ou économique, les formes d’expression artistique radiophonique ou télévisuelle.
qu’ils ont favorisées…
298
4 Henri Storck (…) vint me proposer l’idée, ou plus précisément la nécessité bout de deux ou trois semaines, notre objectif véritable était devenu évident.
d’un film. Il me raconta les événements qui s’étaient déroulés au Borinage en Nous avons dû travailler alors comme si nous faisions un film clandestin.
1932 pendant mon absence1. (…) [Notre] programme quotidien devait rester souple (…) de sorte que si un
En juin, les patrons miniers belges avaient imposé une réduction salariale de endroit était gardé par la police, nous pouvions partir ailleurs sans perte de
5 %. Le lundi 20 juin, les mineurs de Wasmes organisaient un meeting qui temps. (…)
annonçait une grève (…). Le lundi suivant, 15 000 mineurs borains étaient en Montrer la tactique ainsi que des épisodes de la lutte des grévistes nous
grève et le 7 juillet, il y avait 30 000 grévistes au Borinage et 15 000 dans la resitua face au problème de la reconstitution. Par exemple, nous voulions
région du Centre et de Charleroi. (…) montrer comment une famille de mineurs avait été expulsée (…) et la seule
Storck me dit : « Certains de nos amis du Club de l’Écran, de Bruxelles, façon de le faire était de rejouer la scène (…). [De même], j’ai demandé si
veulent réaliser un document filmé sur la situation telle qu’elle se présente au nous pouvions refaire [une] manifestation (…).
Borinage. Nous pourrions aider ces ouvriers en dévoilant leurs conditions de
1
vie réelles au reste du monde. » (…) En voyage en URSS pour réaliser le film Komsomol
On comprendra aisément que les compagnies minières et les patrons
Joris IVENS, Borinage, dans B. HOGENKAMP et H. STORCK, Le Borinage. La grève des mineurs
d’entreprise ne voyaient pas ce film d’un très bon œil. (…) Au début, nous de 1932 et le film de Joris Ivens et Henri Storck, n° spécial de la Revue Belge du Cinéma,
nous comportions comme une équipe cinématographique ordinaire, venue hiver 1983-printemps 1984, p. 33-36
au Borinage pour y prendre quelques clichés types d’ambiance, mais au
299
Né dans les années 1960, dans quelques universités américaines, mouvements, partis, syndicats, organes de presse, acteurs
Internet fait aujourd’hui partie de notre vie quotidienne. Pour individuels… disposent en effet de sites qui leur sont propres.
l’historien, le Web offre également de nouvelles sources Ils y diffusent des informations et de la documentation très
d’information et de documentation. On peut y distinguer : variées : prises de positions, rapports et documents internes,
informations statistiques, sources audiovisuelles… ;
• des ressources documentaires déjà disponibles mais
accessibles désormais on line : documents d’archives • des ressources informatives nouvelles produites par la
numérisés de tous types (texte, son, image fixe ou mobile), communauté scientifique : sites de revues scientifiques,
sources éditées mises en ligne… ; d’équipes de recherche ou de chercheurs, d’historiens non
professionnels…
• des ressources documentaires nouvelles produites par les
acteurs de l’Histoire, telle qu’elle se fait au jour le jour : de très
nombreuses institutions publiques ou privées, associations,
1 Différents acteurs et entités sont à l'origine d'Internet, dont l'ancêtre pouvaient l'utiliser. C'est pourquoi six universités s'associèrent
s'appellait Arpanet, du nom de l'ARPA (…). L'ARPA (Advanced pour réfléchir à un réseau ouvert à l'ensemble de la communauté
Research Projects Agency) fut créée en 1958 pour répondre, tout scientifique. En 1980, les protocoles TCP/IP1 furent placés
comme la NASA, au défi qu'avait représenté le lancement du dans le domaine public, permettant à tous les départements
satellite russe Spoutnik. Dépendante du ministère de la Défense, informatiques des universités américaines de se connecter en
cette agence s'intéressera d'abord à la recherche spatiale, puis réseau. Ensuite, les universités décidèrent d'ouvrir l'usage de cet
aux ordinateurs à partir du début des années 1960. (...) En 1966 outil aux non-informaticiens. Le mouvement gagna l'Europe, où
fut décidée l'expérimentation d'un réseau d'ordinateurs, reliant les une infrastructure semblable se mit en place.
différents centres de recherche en contrat avec l'ARPA. Une nouvelle étape majeure est franchie en 1989 avec la mise au
Parallèlement, [au sein de] la Rand Corporation, un institut militaire point du Web2 par un informaticien du CERN (Centre européen de
de recherche stratégique, Paul Baran (…) [proposa] la mise en place Recherche nucléaire) de Genève, Tim Berners-Lee. Ce système
de « réseaux de commutation par paquets ». Ce projet, refusé par efficace de consultation et de stockage des données fonctionnant
le Pentagone, est à l'origine de la thèse qui situe [erronément] la à l'aide des liens hypertexte permettra d'ouvrir Internet au plus
naissance d'Internet dans les projets stratégiques de la Défense grand nombre.
américaine. (...) Toutefois, pour qu'Internet puisse être accessible au grand public,
L'idée d'une mise en réseau d'ordinateurs va mettre néanmoins il manque encore un logiciel qui permettrait de naviguer aisément
encore plusieurs années à se concrétiser. Au sein de l'ARPA, (…) sur le Web par le biais d'une interface graphique. C'est un étudiant
[c’]est finalement en 1967 (…) que le projet fut adopté [sous le de 21 ans de l'Université de l'Illinois, Marc Andreessen, qui va
nom d’Arpanet]. Parmi la quinzaine d'universités en contrat avec prendre cette initiative. Le logiciel Mosaïc sort en janvier 1993
l'ARPA, quatre sites furent choisis (…) et un message entre [deux et, grâce à sa diffusion gratuite, se voit adopté par la majorité
d’entre eux] put être envoyé. (…) des utilisateurs (…). En automne 1994, une version évoluée de
Au début des années 1970, d'autres universités se joignirent au Mosaïc, baptisée Netscape Navigator, est diffusée et achève de
projet, au point qu'un problème de compatibilité entre les systèmes populariser Internet auprès du grand public.
informatiques finit par se poser. (…) En 1972, un InterNetwork
1
Working Group (INWG) fut créé qui, (…) sous la responsabilité de Procédures qui permettant d’émettre et de recevoir des données sur un
réseau
(…) Vinton Cerf, (…) proposa l'utilisation des protocoles de base 2
Terme anglais désignant la « toile » ; mode d’échange de communication
TCP/IP1, signant de ce fait l'acte de naissance d'Internet. se basant sur les adresses www (World Wide Web) et les logiciels de
À la fin des années 1970, l'Arpanet était devenu un outil navigation
indispensable au monde de la recherche informatique, grâce
à la rapidité des connexions électroniques et au partage des Paul de THEUX, Le fabuleux destin d'Internet, dans Les Carnets de la formation
multimédia, Bruxelles, Média Animation-Cefis-FPE, 1999-2001 et
ressources qu'il permettait. http://www.carnets-multimedia.be, page consultée le 28 février 2008
Cependant, seules les institutions sous contrat avec l'ARPA
300
301
t1BDUF#SJBOE,FMMPH
internationales tOPWFNCSF
"SNJTUJDF
Relations
Grande-Bretagne t&TTPSEFT
France jMJHVFTx
t"DDPSENJMJUBJSFGSBODPCFMHF
Belgique/Pays-bas/Lux. FO'SBODF
t1MBOEV
USBWBJM
tHJUMFS DIBODFMJFS
Allemagne &NQJSFBMMFNBOE 3¹QVCMJRVFEF8FJNBS
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Europe
Russie t3¹WPMVUJPO
6344
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États-Unis
Amérique
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européenne
318
319
ADAM, Bernard : Directeur du Groupe de Recherche et métiers et du sport et est l’auteur de nombreux ouvrages sur traditionnelles. Il préside de 1986 à 1992 la Commission pour
d’Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP), ONG belge qu’il le sport et la culture. (→ 74/6) la préparation du catéchisme de l’Église catholique. Doyen du
fonde en 1979, avec pour thèmes : le commerce des armes, collège des cardinaux depuis 2002, il est élu pape le 19 avril
les armes de destruction massive*, la prévention et la gestion AUSTRUY, Jacques : Économiste français. Professeur à 2005. (→ 112/1)
des conflits, la non-prolifération nucléaire, la sécurité dans l’Université de Paris II (Panthéon-Assas), fondateur en 1972 du
l’Union européenne… (→ 47/5) CEDIMES (Centre d’Études sur le Développement international BERSTEIN, Serge (1934-…) : Historien français. Professeur
et les Mouvements économiques et sociaux), coordinateur émérite d’Histoire contemporaine à l’Institut d’Études
ALBERT Ier (1875-1934) : Neveu de Léopold II, il lui succède depuis 1986 de colloques internationaux sur le développement. politiques de Paris. (→ 69/3)
comme 3e roi des Belges de 1909 à 1934. Il assume (→ 94/4)
personnellement le commandement en chef de l’armée en BERTHOULAT, Georges (1859-1930) : Homme politique
1914-1918 et personnifie ainsi la résistance patriotique. Son BAIROCH, Paul (1930-1999) : Économiste belge. Professeur à et journaliste français. Député (1902-1906) puis sénateur
discours du 22 novembre 1918 reprend les grands points du l’ULB, à Montréal, Paris et Genève, il a également travaillé au républicain (1927-1930). Journaliste au quotidien parisien
programme du Gouvernement Delacroix (1918-1920). L’attitude GATT. (→ 67/9) La Liberté, de tendance modérée, qu’il dirige de 1898 à 1920.
du « roi-chevalier » pendant la guerre et sa mort accidentelle (→ 27/1)
à Marche-les-Dames ont contribué à créer un véritable mythe BALFOUR, Arthur James (1848-1930) : Homme politique
autour de sa personnalité. (→ 26/5) britannique. Élu député conservateur en 1874, il est Premier BERTRAND, Cécile : Dessinatrice, caricaturiste et plasticienne
ministre de 1902 à 1906. Ministre des Affaires étrangères de belge. Elle travaille notamment pour La Libre Belgique et
ALLENDE, Salvador (1908-1973) : Homme politique chilien. 1916 à 1919, il attache son nom à la déclaration qui jette les Le Vif/L’Express. Elle est la première femme à avoir reçu le
En 1933, il est un des fondateurs du Parti Socialiste du Chili. bases d’un foyer national juif en Palestine (1917). Ce document grand prix 2007 du Press Cartoon Belgium. (→ 116/3)
Député en 1937, sénateur dès 1945, il se présente plusieurs devait rapprocher la Grande-Bretagne des banques juives
fois aux élections présidentielles et est finalement élu, le anglaises et américaines afin de dégager les fonds nécessaires BEUYS, Joseph (1921-1986) : Artiste allemand. Pilote à la
4 septembre 1970, comme candidat de l’Unité populaire qui à la poursuite de la guerre. Balfour est l’un des signataires du Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale, son avion
rassemble plusieurs partis de gauche. Il nationalise* les mines traité de Versailles (28 juin 1919). (→ 39/2) est abattu au-dessus de la Crimée. Il prétend qu’une tribu de
de cuivre, sans octroyer de compensations aux compagnies Tatars l’a recueilli et l’a soigné en l’enroulant dans du feutre
nord-américaines. Il met aussi en œuvre une réforme agraire : BARBIER, Paul (1873-1947) : Dessinateur et écrivain et de la graisse. Cette expérience, et plus généralement celle
les terres des grands propriétaires chiliens ou nord-américains britannique. (→ 38/11) de la guerre, le marquent profondément ; l’utilisation de ces
(United Fruit) sont redistribuées aux petits paysans. Cette matériaux, feutre et graisse, pour lui source de vie, fonde
politique se heurte à l’opposition de la bourgeoisie et à un BARI, Dominique : Journaliste française au quotidien de son projet artistique. Son œuvre, dans laquelle il se met
blocus* imposé par les États-Unis. Le 11 septembre 1973, tendance communiste L’Humanité. Correspondante en Chine régulièrement en scène, s’inscrit dans l’Histoire douloureuse
Allende meurt dans l’attaque du palais présidentiel lors du entre 1988 et 1993. (→ 3/4) de l’Allemagne : la Seconde Guerre mondiale et la guerre
coup d’État du général Pinochet, soutenu par les États-Unis. froide. L’art est pour lui une action morale et politique. Il refuse
(→ 57/7) BAUDOUIN Ier (1930-1993) : 5e roi des Belges (1951-1993). Il par exemple de se rendre aux États-Unis tant que la guerre du
succède à son père, LÉOPOLD III, après la « question royale » Viêtnam n’est pas terminée. (→ 110/4)
AMBROSI, Alfredo Gauro (1901-1945) : Peintre futuriste italien. (→ 65). Sous son règne, le Congo obtient son indépendance,
Il pratique la technique de l’« aéropeinture » qui veut glorifier le en 1960. (→ 23/2 et 53/3) BEYENS, Eugène, baron (1855-1934) : Diplomate belge. En
symbole le plus frappant de la modernité, l’aéroplane, par des 1921, il quitte son poste à Berlin et devient ambassadeur
formes angulaires en surimpression sur le tableau. Les artistes BAUER, Elvira (1915-?) : Étudiante allemande en art, elle écrit auprès du Saint-Siège (Vatican) jusqu’en 1925. (→ 33/6)
futuristes des années 1930 célèbrent aussi le régime fasciste et illustre un livre antisémite* pour l’apprentissage de la lecture
italien, qu’ils considèrent comme le mouvement politique du aux enfants. Il sera réédité sept fois et imprimé en 100 000 BIDAR, Abdennour (1971-…) : Islamologue français. Professeur
renouveau, de la modernité, en représentant son personnage exemplaires. On perd sa trace après la guerre ; elle n’a pas à l’Université de Nice, il est issu d’une famille française dont la
symbole, Mussolini. Sans être de commande, leurs œuvres été poursuivie en justice et est sans doute décédée dans les mère s’est convertie à l’Islam. (→ 113/2)
reflètent un état d’esprit de l’entre-deux-guerres. (→ 36/8) années 1990. (→ 35/7)
BIHR, Alain (1950-…) : Sociologue français, professeur à
AMERY, Jean, nom de plume de Hans MAYER (1912-1978) : BÉDARIDA, Renée (1919-…) : Historienne française, membre l’Université de Franche-Comté. Ses travaux et publications
Écrivain, journaliste et critique littéraire juif autrichien, émigré de l’équipe de Témoignage chrétien, journal fondé durant portent sur le devenir récent des inégalités sociales entre
en Belgique en 1938. Résistant, il est arrêté comme prisonnier la Seconde Guerre mondiale, et de l’Amitié chrétienne, hommes et femmes en France. (→ 8/5)
politique en juillet 1943. Emprisonné à Breendonk, il est association organisant clandestinement, dès 1942, des filières
torturé, transporté à Malines, déporté à Auschwitz en janvier d’évasion ou d’hébergement d’enfants juifs et de résistants. BIZUTH, Hubert OLYFF, dit : Caricaturiste belge bruxellois.
1944, puis à Buchenwald et Bergen-Belsen. (→ 19/3) (→ 43/2) Il dessine pour L’Âne roux, revue satirique hebdomadaire, qui
paraît du 8 mars 1945 au 27 décembre 1950, sous le slogan :
ARELLANO, Raúl : Peintre « naïf » nicaraguayen. Adoptant une BEHREND, Fritz (1925-…) : Caricaturiste allemand. Il a émigré « L’âne roux rue et rit le jeudi ». (→ 75/8)
façon de peindre proche de celle des enfants, il ne se départit aux Pays-Bas avec ses parents en 1937, pour fuir le nazisme. Il
pas pour autant d’un regard d’adulte sur le monde. (→ 16/2) fera l’essentiel de sa carrière à Amsterdam. (→ 67/10) BLET, Pierre (1918-…) : Jésuite français, historien, professeur
d’Histoire moderne à l’Université pontificale grégorienne. Il
ARON, Raymond (1905-1983) : Philosophe, sociologue BÉNICHI, Régis : Historien français. Professeur à l’Institut collabore à la réalisation, par le Vatican, des Actes et Documents
et journaliste français, éditorialiste au quotidien de droite d’Études politiques de Paris (1980-2000). (→ 107/1 et 5) du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale, publiés
Le Figaro (1947-1977). Professeur de sociologie à la Sorbonne entre 1965 et 1981. Ses travaux se fondent essentiellement sur
de 1955 à 1968, il est considéré comme un des principaux BENOÎT XVI (Joseph RATZINGER) (1927-…) : Allemand, il est ces archives. (→ 43/4)
critiques du marxisme. (→ 49/2) enrôlé dans les services auxiliaires de défense antiaérienne
durant les derniers mois de la Deuxième Guerre mondiale. Il est BLUM, Léon (1872-1950) : Homme politique socialiste français
ASPREMONT LYNDEN, Harold d’ (1914-1967) : Homme ordonné prêtre en 1951. Docteur en théologie, il enseigne dans d’origine juive. Il est élu député en 1919. Au congrès de Tours,
politique belge, sénateur PSC (1961-1967), ministre des plusieurs universités allemandes. Durant le concile* Vatican II en 1920, il prend la tête des socialistes hostiles à l’adhésion à
Affaires africaines (1960-1961). (→ 54/2) (1962-1965), il est conseiller du cardinal archevêque de Cologne la IIIe Internationale*. Après la scission avec les communistes,
et membre de la « majorité » favorable au concile*. Paul VI le il devient le chef de la SFIO. Premier ministre durant le Front
AUGUSTIN, Jean-Pierre : Géographe français, professeur à nomme archevêque et cardinal en 1977. En 1981, Jean-Paul II populaire* (4 juin 1936-21 juin 1937), il fait voter d’importantes
l’Université de Bordeaux. Il dirige l’Observatoire national des le nomme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi réformes sociales (→ 83). Les attaques de l’extrême droite
(→ Saint-Office*). Il se distingue par des prises de position très lui reprochant ses ascendances juives, les critiques des
320
BOZARSLAN, Hamit (1958-…) : Historien et politologue turc, spécialiste CAMUS, Albert (1913-1960) : Écrivain français né en Algérie dans un CHAMBERLAIN, Arthur Neville (1869-1940) : Homme politique
du Moyen-Orient et de la question kurde. Il enseigne à l’École des milieu modeste ; la tuberculose l’oblige à interrompre des études de britannique de tendance conservatrice. Premier ministre du
Hautes Études en Sciences sociales de Paris, où il réside. (→ 39/5) philosophie. Il gagne la France en 1938. Engagé dans la Résistance en Royaume-Uni de 1937 à 1940. Convaincu que la guerre pouvait être
1942, il devient rédacteur en chef de Combat, journal de gauche, né évitée par une politique d’apaisement à l’égard de Hitler, il signe les
BRAECKMAN, Colette : Journaliste belge, spécialiste de l’Afrique dans la clandestinité. Auteur d’une œuvre importante (L’Étranger, 1942, accords de Munich qui dépècent la Tchécoslovaquie, envers laquelle
centrale. Membre de la rédaction du journal Le Soir, elle collabore aussi La Peste, 1947, La Chute, 1956…) dans laquelle il développe un nouvel le Royaume-Uni n’avait pas contracté d’engagement, contrairement à
au Monde diplomatique. (→ 45/2) humanisme fondé sur les exigences de la conscience. Prix Nobel en la France. Cependant, lorsqu’en mars 1939, Hitler viole les accords en
1957. (→ 44/5) occupant toute la Tchécoslovaquie, Chamberlain change de politique.
BRANCUSI, Constantin (1876-1957) : Ce sculpteur roumain s’installe Voulant prévenir une nouvelle agression, il signe des pactes d’assistance
à Paris en 1904. Il transmet, par des formes simplifiées, épurées, CAMUS, Jean-Yves (1958-…) : Historien français, spécialiste de avec la Pologne, la Roumanie et la Grèce et engage des négociations
souvent dans des matériaux lisses, sa recherche d’absolu et d’éternel. l’extrême droite. Il dirige le Centre européen de Recherche et d’Action avec l’URSS. Mais lors de l’invasion allemande en Pologne, il hésite à
Il s’interroge aussi sur les rapports du socle et de la sculpture et réalise sur le Racisme et l’Antisémitisme*. (→ 11/4) engager son pays dans une nouvelle guerre. Totalement discrédité dans
toujours les deux simultanément. Son œuvre principale est un ensemble l’opinion publique après la défaite britannique lors de la campagne de
monumental qu’il réalise en 1937 pour un parc de sa ville natale, Tirgu CAPRON, Henri : Économiste belge, professeur à l’ULB. (→ 10/4) Norvège en 1940, il démissionne et cède à Churchill, le 10 mai 1940,
Jiu, et qui intègre une Colonne sans fin de 30 m de haut. (→ 77/16) son poste de Premier ministre. (→ 38/6)
CARLU, Jean (1900-1997) : Graphiste français, fondateur de l’Office
BREJNEV, Leonid Ilitch (1906-1982) : Homme politique soviétique. de Propagande graphique pour la Paix. Responsable du pavillon de la CHANARON, Jean-Jacques (1950-…) : Économiste français, directeur
Secrétaire général du PCUS entre 1964 et 1982. (→ 24/5) Publicité à l’Exposition de 1937, il poursuit sa carrière aux États-Unis de recherche au CNRS, spécialisé dans l’étude de l’industrie automobile.
entre 1939 et 1945 en participant à l’effort de guerre par la création (→ 73/7)
BRETON, André (1896-1966) : Écrivain et poète français, fondateur du d’affiches. Après 1945, il devient conseiller artistique chez Larousse.
surréalisme. Révoltés par la violence de la Première Guerre mondiale, (→ 115/4) CHANCEL, Roger (1899-1977) : Affichiste et caricaturiste français. Il
les surréalistes, à la suite des dadaïstes*, remettent en cause les valeurs travaille notamment pour Match, un hebdomadaire sportif transformé
de la société occidentale. Ils veulent laisser libre cours à l’expression CARPENTIER, Christian : Journaliste belge au quotidien La Dernière par Jean Prouvost en magazine d’actualité, en 1939. Après interruption
spontanée et libre de l’individu, en l’absence de tout contrôle de la Heure. Prix du journalisme 1999. (→ 105/1) durant la guerre, il devient Paris Match, en 1949. (→ 38/13)
raison. (→ 40/3)
CARTER, James Earl, dit Jimmy (1924-…) : Homme politique CHAPLIN, Charles Spencer, dit Charlie (1889-1977) : Acteur et cinéaste
BREUER, Marcel (1902-1981) : Architecte et designer américain américain démocrate, président des États-Unis de 1977 à 1981. Durant d’origine anglaise. Artistes de music-hall, ses parents tombent dans la
d’origine hongroise. De 1925 à 1928, il dirige l’atelier du mobilier à son mandat, il œuvre en faveur de la paix au Proche-Orient (accords misère et il doit travailler en usine durant sa jeunesse. Il s’installe en
l’école du Bauhaus*. Il dessine des sièges en tube d’acier, destinés de Camp David entre Israël et l’Égypte, 1978) et défend les droits de 1912 aux États-Unis. L’année 1913 marque ses débuts dans le cinéma
à être produits industriellement. À partir de 1937, il fera une carrière l’homme, critiquant leur violation par l’URSS. Il réagit à l’invasion de comme acteur. Son succès est fulgurant. En 1914, il crée Charlot, le
d’architecte aux États-Unis. (→ 40/5 et 6) l’Afghanistan par l’URSS (1979) en finançant les talibans*. Il réclame personnage le plus populaire du cinéma muet. Charlot devient le
le boycott des jeux Olympiques de Moscou (1980). Redevenu simple symbole de l’homme confronté à l’injustice et à la misère, qui cherche
BROWN, Hubert, dit « Rap » (1943-…) : Noir américain né à Baton citoyen, il joue un rôle de médiateur dans plusieurs crises internationales à s’en sortir et surtout à conserver sa liberté. Ses aventures sont celles
Rouge (Louisiane), dont le jeu verbal a inspiré les premiers rappeurs (Afrique, Amérique latine, Balkans), ce qui lui vaut le prix Nobel de la de son temps, comme dans L’Émigrant (1917) et Charlot soldat (1918).
dans les années 1970, ce qui lui valut le surnom de « Rap ». Il milite, paix en 2002. Il reste engagé dans l’action pour la paix, notamment en Il fonde également, en 1919, une société de distribution de films et
dans les années 1960, pour la reconnaissance des droits civiques des Irak. (→ 91/1) devient réalisateur. En 1952, soupçonné de sympathies communistes,
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PICASSO, Pablo Ruiz (1881-1973) : Peintre, sculpteur et RADVANYI, Jean : Géographe français, spécialiste de la ROSENTHAL, Joe (1911-2006) : Photographe américain,
céramiste espagnol. Il s’installe à Paris en 1904 et peint, en Russie. Il est professeur à l’Institut national des Langues et travaillant pour l’agence Associated Press. En 1945, il
1907, Les demoiselles d’Avignon qui marquent le début du Civilisations orientales à Paris. (→ 58/3) remporte le prix Pulitzer, la plus célèbre récompense en
Dictionnaire
cubisme (→ 110). Dans les années 1920, il est en contact photographie, pour son cliché Le drapeau hissé sur Iwo Jima.
avec les surréalistes. Dès le début de la guerre d’Espagne RAINDORF, Aaron, dit René (1918-1998) : Fonctionnaire, (→ 114/2)
(1936-1939), il affirme ses opinions antifranquistes. Pendant militant communiste puis maoïste, et résistant. De parents
cette période et la Seconde Guerre mondiale, il séjourne juifs polonais ayant fuit la Russie en 1905 et établis à Bruxelles, ROTHKO, Mark (Marcus ROTHKVITCH) (1903-1970) : Peintre
en France. Après la guerre, il devient membre du Parti il obtient la nationalité belge en 1933. Membre du POB, il américain d’origine russe. Il émigre aux États-Unis en 1913. Il
Communiste Français, mais sans en être un militant très actif. mène une activité de recruteur dans les milieux antifascistes. est un des maîtres de l’expressionnisme abstrait. Il peint de
(→ 18/1-2 et 6, 110/1) Arrêté en juillet 1943, il est emprisonné à Breendonk pendant grandes toiles souvent divisées en rectangles aux contours
8 mois. Libéré, il est à nouveau arrêté en tant que juif et fait diffus qui semblent flotter sur un fond coloré. Ses couleurs
PIERLOT, Hubert (1883-1963) : Homme politique belge partie du 24e convoi vers Auschwitz. (→ 19/5) sont lumineuses, puis s’assombrissent après 1965. En
catholique, député (1925), puis sénateur (1926-1946). constante recherche spirituelle, il sombre dans la dépression
Plusieurs fois ministre (Intérieur, Agriculture, Affaires RAMADAN, Tariq (1962-…) : Islamologue suisse d’origine et se suicide. (→ 77/20-21)
étrangères), il est aussi Premier ministre de 1939 à 1945. égyptienne, musulman, professeur à l’Université d’Oxford.
Il dirige le Gouvernement belge en exil en France puis à Petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans et fils ROUDNEV, Lev Vladimirovitch (1886-1956) : Architecte
Londres. (→ 65/3) du fondateur de la branche palestinienne de ce mouvement. russe. Installé à Moscou en 1931, il réalise plusieurs bâtiments
Il a étudié à Genève, puis à l’université islamique du administratifs. Son atelier réalise, entre 1951 et 1954, le
PING, Hu (1947-…) : Journaliste chinois. Il poursuit ses Caire. Devenu un prédicateur populaire parmi les jeunes Palais de la Culture et de la Science à Varsovie, un des plus
études à Pékin quand il est envoyé à la campagne pour musulmans, il prône la stricte observance du Coran, tout en importants édifices de l’architecture stalinienne. (→ 36/9)
rééducation lors de la Révolution culturelle*. Il prend part voulant concilier l’appartenance musulmane avec les lois des
aux manifestations du Printemps de Pékin en 1989 avant de sociétés européennes. (→ 113/1) ROULEAU, Éric (1926-…) : Diplomate français et journaliste.
s’exiler aux États-Unis. Il est rédacteur en chef de la revue Ambassadeur en Tunisie (1985-1986) et en Turquie (1988-1991).
dissidente chinoise Le Printemps de Pékin, à New York. RAMONET, Ignacio : Journaliste français, directeur du En 1996, il est envoyé en mission à Téhéran pour y négocier
(→ 60/8) Monde diplomatique. (→ 71/1) – sans succès – la libération des otages français au Liban. Il
collabore au mensuel Le Monde diplomatique. (→ 62/4)
PLANTU, Jean PLANTUREUX dit (1951-…) : Caricaturiste RANDRIANARIMANANA, Philippe : Journaliste au Courrier
français. Il abandonne des études de médecine pour suivre international. (→ 60/12) ROUSSO, Henry (1954-…) : Historien français, directeur de
des cours de bande dessinée à Bruxelles. Il publie ses recherche au CNRS, professeur à l’Université de Nanterre-
premiers dessins dans le journal Le Monde, en 1972. À partir RANKIN, John E. : Député démocrate du Mississipi au Paris X. Auteur d’ouvrages marquants sur Vichy, la mémoire
de 1985, il illustre l’éditorial politique qui paraît, chaque jour, Congrès des États-Unis et membre de la Commission des collective et les usages du passé. (→ 102/4)
à la une de ce quotidien. Il dispose en outre, depuis 1991, Activités anti-américaines en 1947. (→ 17/7)
d’une page entière dans L’Express. (→ 1/5, 45/5, 55/7, 56/8, ROY, Olivier : Politologue français, diplômé de l’Institut
60/3 et 15, 61 et 64/6) REKACEWICZ, Philippe (1960-…) : Géographe, cartographe national des Langues et Civilisations orientales. Chargé de
et journaliste français, collaborateur permanent du mensuel cours à l’École des Hautes Études en Sciences sociales et à
PLATTEAU, Jean-Philippe (1947-…) : Professeur de sciences français Le Monde diplomatique. (→ 11/4) l’Institut d’Études politiques de Paris. (→ 62/3)
économiques et sociales aux FUNDP à Namur, spécialiste
de l’économie du développement. Il a séjourné près de 2 ans REYNEBEAU, Marc (1956-…) : Historien et journaliste belge. RUSH, Michael : Critique d’art américain, spécialisé dans le
en Inde. (→ 12/4) Rédacteur au journal De Standaard, il a écrit plusieurs livres domaine des médias. (→ 77/11)
sur l’Histoire et la culture de la Belgique et de la Flandre. Il
POIRSON, Martial : Historien français, professeur à collabore également à la radio et à la télévision flamandes. RUSSOLO, Luigi (1885-1947) : Peintre et musicien italien. Il
l’Université de Paris X-Nanterre. (→ 8/3) (→ 41/4) traite des thèmes chers aux futuristes, la révolte, la vitesse, la
lumière et s’intéresse particulièrement aux bruits. Il est blessé
POISSOT, Marcel : Soldat durant la Première Guerre RICARD, Philippe : Correspondant français à Bruxelles pour au combat en 1917. Après la guerre, il se consacre surtout à
mondiale, ce médecin français commence son Journal de le quotidien Le Monde. (→ 55/9) la musique. (→ 77/9)
guerre le 1er août 1914 : 1400 pages manuscrites qui mêlent
descriptions des combats, informations générales sur tous RIEFENSTAHL, Hélène dite Léni (1902-2003) : Actrice, RUTTEN, Georges-Ceslas (1875-1952) : Prêtre dominicain
les fronts et sur les difficultés politiques et financières, photographe et réalisatrice allemande. Cinéaste au service belge, un des fondateurs du syndicalisme chrétien. Sénateur
chronique familiale, notations médicales… Il se montre très du régime nazi, elle tourne des films et documentaires de catholique coopté, il dépose, en 1934, la proposition de loi
bien informé malgré la censure. (→ 27/3) propagande (Le Triomphe de la Volonté, 1934 ; Les Dieux tendant à limiter le travail de la femme mariée. Elle ne sera
du Stade, 1936-1937). Elle justifiera son action au service pas votée, mais elle fait suite et sera suivie d’autres mesures
POUTINE, Vladimir (1952-…) : Homme politique russe. du nazisme en mettant en avant ses seules préoccupations discriminatoires pour les femmes. (→ 75/3)
Membre du KGB durant 15 ans, il est actif au sein du service artistiques. (→ 35/2)
de renseignements extérieurs de l’URSS. Premier ministre de SAMYN, Philippe : Architecte et urbaniste belge. Professeur
Boris Eltsine en 1999, il devient président par intérim lors de la ROCARD, Michel (1930-…) : Homme politique socialiste aux facultés des Sciences appliquées de la VUB et de Mons
démission de ce dernier, le 31 décembre 1999. Élu président français. Premier ministre de 1988 à 1991. Depuis 1994, et à l’école d’architecture de La Cambre (Bruxelles). (→ 25/6)
de la Fédération de Russie en mai 2000, il est réélu en 2004 il est député européen. Entre 2002 et 2004, il préside la
avec 71 % des suffrages. En mai 2008, il devient le Premier Commission de la culture au Parlement européen. (→ 4/2) SARRAUT, Albert (1872-1962) : Homme politique français.
ministre de Medvedev, son successeur à la présidence de Gouverneur d’Indochine avant et après la Première Guerre
l’État. (→ 3/6) ROEKENS, Anne : Historienne, professeur d’Histoire mondiale, il est sénateur entre 1926 et 1945. Ministre de
contemporaine aux FUNDP de Namur, spécialiste de l’Histoire la Marine (1930-1931), ministre des Colonies au début des
PRESSAC, Jean-Claude : Chimiste et pharmacien français. des médias. (→ 117/1) années 1920 puis en 1932-1933, il est Premier ministre en
Négationniste* dans un premier temps, il entame un travail 1933 et 1936. Il pratique une politique de développement des
scientifique dans le but de réfuter l’existence des chambres ROMSÉE, Gérard (1901-1976) : Homme politique nationaliste colonies et est un des premiers hommes politiques français à
à gaz. Ses recherches et la consultation des archives de la flamand. Il fait partie des cadres du VNV et représente évoquer l’indépendance de l’Indochine. (→ 28/3)
Direction des Constructions SS*, tombées aux mains de l’arrondissement de Tongres-Maaseik de 1929 à 1944.
l’Armée rouge lors de la libération du camp en janvier 1945, L’occupant allemand le nomme successivement Commissaire SAUVY, Alfred (1898-1990) : Économiste français,
l’amènent à la conclusion que, contrairement à ses idées général au Rapatriement, gouverneur du Limbourg, puis démographe et sociologue. Directeur de l’Institut national
d’origine, les chambres à gaz ont bien existé. En retraçant secrétaire général du ministère de l’Intérieur (1941-1944). d’Études démographiques (1945-1962), professeur et
la manière dont la technique des crématoires a évolué, son Condamné pour collaboration en 1948, il est réhabilité en conférencier dans plusieurs universités et au Collège de
étude d’ingénierie constitue un réquisitoire irrécusable qui 1966. (→ 37/12) France (1959-1969). (→ 94/1)
pulvérise les thèses négationnistes*. (→ 102/6)
ROOSEVELT, Franklin Delano (1882-1945) : Homme politique SAVAGE, Réginal : Économiste belge. Conseiller général
QUATREMER, Jean : Professeur de droit, puis journaliste démocrate américain. Sénateur, puis gouverneur de l’État de dans un service d’études fédéral, membre du Conseil
français. Correspondant du journal de gauche Libération New York, il est élu président des États-Unis à quatre reprises, supérieur des Finances. Il enseigne l’économie à la Faculté
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SENTE, Yves (1964-…) : Scénariste belge de bande dessinée. Il reprend STALINE, Joseph Vissarionovitch DJOUGATCHVILI, dit (1879-1953) : THEUX, Paul de (1959-…) : Historien et journaliste belge, formateur
avec André JUILLARD les héros Blake et Mortimer d’Edgard P. Jacobs, Homme politique soviétique. D’origine paysanne, militant du en analyse et éducation aux médias à Média Animation et Médialogue.
décédé en 1987. Dans La machination Voronov, les héros tentent, en mouvement social-démocrate, il s’oppose au pouvoir du tsar et (→ 118/1)
pleine guerre froide, de s’emparer d’une bactérie ramenée de l’espace est contraint à la clandestinité. Il adopte le pseudonyme « Staline »
par une fusée soviétique. (→ 14/4) (l’homme d’acier) vers 1913. Arrêté plusieurs fois, il parvient à s’évader. THOMAS, H. : Pseudonyme utilisé par la rédaction de l’édition belge de
Entré au comité central bolchevik* en 1912, il devient spécialiste du Témoignage chrétien. (→ 78/7)
SEROV, Vladimir Alexandrovich (1910-1968) : Peintre russe. Président problème des nationalités*. Arrêté de nouveau en 1913, déporté* en
de l’Académie des Beaux-Arts de l’URSS et de l’Union des Artistes, Sibérie, il n’est libéré qu’en mars 1917. Il devient secrétaire général du THOREZ, Maurice (1900-1964) : Homme politique français, secrétaire
il est directement lié à la persécution des artistes non conformistes. PCUS en 1922 et lance le premier plan quinquennal en 1928. Il élimine général du PCF de 1930 à 1964, demeuré fidèle à Staline au-delà de la
Prix Staline en 1948 pour son tableau Lénine proclamant le pouvoir des les révolutionnaires de la première heure, comme Kamenev, Zinoviev et mort de ce dernier. Il a permis et/ou organisé en France un véritable
Soviets. (→ 31/8) Trotski, et dirige seul l’URSS jusqu’à sa mort. (→ 32/4) culte de sa personnalité. (→ 49/3)
SERVAIS, Al : Dessinateur belge, collaborateur du journal wallon de STEINBECK, John (1902-1968) : Romancier américain. Auteur de THUREAU-DANGIN, Philippe : Directeur de rédaction de l’hebdomadaire
gauche Le Gaulois (1944-1955). (→ 66/8) romans naturalistes évoquant entre autres les effets de la dépression* Le Courrier international. (→ 11/2)
dans les campagnes (Les raisins de la colère). Prix Nobel de littérature
SERVAIS, Olivier : Licencié en Histoire et sciences religieuses, docteur en 1962. (→ 30/4) TIHON, André : Prêtre et historien belge, spécialiste de l’Histoire
en anthropologie, professeur à l’UCL et aux FUNDP. (→ 78/14) religieuse de la Belgique du XVIIIe au XXe siècle. Professeur émérite aux
STEINMETZ, George (1957-…) : Photographe américain. Il réalise Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles. (→ 78/2)
SHERMAN, Cindy (1954-…) : Photographe américaine. Ses premières des reportages photographiques pour de grands magazines comme
photos datent de 1977. (→ 77/5) National Geographic ou Geo, notamment sur les sociétés et cultures TOUNKARA, Fodé (1984-1999) : → Yaguine KOITA.
primitives en Asie et en Afrique. (→ 56/6)
SIDDÎQÎ, Muzammil (1943-…) : Musulman américain, né en Inde, TOUSSAINT, Éric : Docteur en sciences politiques, altermondialiste,
diplômé en théologie musulmane de plusieurs universités (Médine, STÉPHANY, Pierre (1926-…) : Journaliste belge depuis 1945. Il collabore président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde de
Birmingham, Harvard). Président de la Société islamique d’Amérique du à La Libre Belgique, Télé Moustique et Paris Match. Il est l’auteur de Belgique (CADTM). Il est membre du conseil scientifique d’ATTAC, ainsi
Nord, il a participé à plusieurs dialogues interreligieux. (→ 9/6) plusieurs ouvrages sur la vie quotidienne en Belgique. (→ 41/1) que du conseil international du Forum social mondial. (→ 5/5)
SIEGFRIED, André (1875-1959) : Économiste et sociologue français, STEPHFF (1964-…) : Dessinateur thaïlandais. Il commence sa carrière TRIFFET, Jules (1916-…) : Syndicaliste socialiste belge. Résistant, il
professeur au Collège de France. (→ 29/7) comme photographe de presse en Asie. Depuis 1998, il est dessinateur lutte contre l’UTMI (Union des Travailleurs manuels et intellectuels),
de presse pour des magazines du monde entier. (→ 2/6) syndicat unique créé en 1940, et est arrêté lors des mouvements de
SILVERSTONE, Marilyn (1929-1999) : Photographe de presse grève de septembre 1942. Il est emprisonné à Breendonck, puis au
américaine, membre de l’agence photographique Magnum (→ 114) STIKI : Dessinateur belge, il collabore notamment à Demain le camp de concentration de Neuengamme jusqu’en 1945. (→ 19/4)
depuis 1964. (→ 62/1) monde, magazine d’information et d’action s’intéressant à l’actualité
internationale et à la coopération au développement, édité initialement TRUMAN, Harry (1884-1972) : Homme politique américain. Sénateur
SIMON, Catherine (1956-…) : Journaliste française, grand reporter au par le CNCD-Opération 11.11.11, et devenu, en 2005, bimestriel sous le démocrate, vice-président des États-Unis en 1944, il devient président
journal Le Monde. (→ 54/11) titre Imagine demain le monde. (→ 94/2) à la mort de Roosevelt en avril 1945 et est réélu en 1948 pour 5 ans.
(→ 46/3)
SLACKMAN, Michael : Journaliste américain, il travaille pour le STOCK, Dennis (1928-…) : Photographe américain. Membre de
New York Times. (→ 62/7) l’agence Magnum depuis 1951. (→ 69/4) TSHIBAMBA, Lomami (1914-…) : Écrivain et journaliste congolais à La
Voix du Congolais, premier organe de presse des « évolués », créé en
SOUSTELLE, Jacques (1912-1990) : Homme politique français, STORCK, Henri (1907-1999) : Cinéaste belge, réalisateur d’une 1945. Il publie des articles critiques à l’égard de la colonisation belge. Il
membre du Gouvernement de la France libre à Londres, organisateur du soixantaine de films de genres variés. Considéré comme le père du est le pionnier de la littérature congolaise moderne. (→ 53/6)
mouvement gaulliste RPF (Rassemblement pour la France). Gouverneur cinéma belge, il réalise de nombreux documentaires militants et des
général de l’Algérie (1955-1956), il est favorable à l’assimilation films d’art. L’analyse du travail et la préoccupation sociale inspirent son UT, Nick (Huynh Cong Ut) (…) : Photographe viêtnamien à l’agence
des musulmans. Il fonde, en mars 1958, l’Union pour le Salut et le chef-d’œuvre, Misère au Borinage, qu’il signe avec Joris IVENS en 1933. Associated Press. Sa photo de Kim Phuc, âgée de 9 ans, dont les
Renouveau de l’Algérie française et prend la tête de l’opposition à de (→ 117/3) vêtements ont été dévorés par les flammes, brûlée au troisième degré
Gaulle. (→ 93/2) lors du bombardement au napalm par l’aviation américaine du village
SUKHANOV, Nikolaï Nikolaïevitch (1882-1940) : Journaliste politique de Trang Bang, à 65 km au nord de Saïgon, a été couronnée par le prix
SPAAK, Paul-Henri (1899-1972) : Homme politique socialiste belge. et économiste russe. Socialiste révolutionnaire, emprisonné à Moscou Pulitzer et a provoqué un électrochoc dans l’opinion publique. « C’était
Premier ministre (1938, 1946, 1947-1949), ministre des Affaires en 1904-1905, il abandonne la politique jusqu’en 1917. Il joue un une vision d’horreur, se souvient Nick Ut. Elle a foncé sur moi en criant
étrangères (1936, 1940-1949, 1954-1957, 1961-1966), secrétaire rôle de négociateur entre les soviets* et les éléments bourgeois Ça brûle, ça brûle, j’ai déclenché, puis elle s’est évanouie dans mes
général de l’OTAN (1957-1961), artisan de la construction européenne. Il du Gouvernement provisoire. En 1922, il publie à Berlin Notes sur la bras. » (→ 48/6)
embrasse à la fin de sa vie la cause francophone bruxelloise. (→ 53/12 Révolution en 7 volumes. En 1954, le traducteur J. Carmichael en donne
et 65/5) un abrégé en anglais qui sera traduit en français en 1965. (→ 31/7) VACHET, R. : Graphiste français. Il travaille pour le régime de Vichy et
son centre de propagande de la « Révolution nationale » d’Avignon.
SPEER, Albert (1905-1981) : Architecte allemand. Militant nazi à partir TARDI, Jacques (1946-…) : Dessinateur français et scénariste de (→ 115/6)
de 1931, il est inspecteur des bâtiments en 1937. Hitler le charge bande dessinée. Fasciné par la guerre 14-18 et par la Belle Époque, il
des plans de transformation de Berlin en capitale du IIIe Reich*. Seul fait partie des auteurs qui, nés après la Seconde Guerre mondiale, ont VALÉRY, Paul (1871-1945) : Poète et écrivain français. Il n’est pas
le bâtiment de la Nouvelle Chancellerie sera construit. En 1942, il est été fortement influencés par la mémoire pacifiste des deux guerres. mobilisé durant la guerre 14-18. Il rassemble ses textes en prose dans
nommé ministre de la Production et de l’Armement. Condamné à (→ 13/10) des volumes appelés Variété. Le premier tome paru en 1924 s’ouvre sur
20 ans de prison par le Tribunal de Nuremberg (→ 88/1), il est libéré en deux lettres intitulées La crise de l’esprit. (→ 26/8)
1966 et écrit deux volumes de mémoires. (→ 36/1 et 6) TASCA, Angelo (1892-1960) : Homme politique et historien français
d’origine italienne. Membre du Parti Communiste italien dès sa VALLÈS, Francis (1959-…) : Scénariste et dessinateur français de
SPIEGELMAN, Art (1948-…) : Dessinateur américain d’origine fondation. Arrêté et mis en prison par deux fois, il quitte l’Italie pour bande dessinée. Il réalise les dessins de la série Les maîtres de l’orge
polonaise. De 1980 à 1991, il réalise Maus, une bande dessinée Moscou, en 1928. Il entre au secrétariat de l’Internationale* communiste. sur un scénario de Jean VAN HAMME. (→ 13/7-8)
animalière où il raconte l’histoire de ses parents, son père Vladek et Exclu en 1929, il s’établit en France. Il travaille dans l’administration du
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VANTHEMSCHE, Guy : Historien belge, professeur d’Histoire WILD, Gérard : Économiste français, spécialiste de la Russie
contemporaine à la Vrije Universiteit Brussel. (→ 54/5) et de l’Europe orientale. Il est membre du Centre d’Études
prospectives et d’Informations internationales (Paris).
(→ 58/3)
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Action : → titre* et 79 Baril : unité de mesure de volume du pétrole ; un baril correspond à Chemises noires : termes désignant les fascistes italiens à cause
159 litres. de leur uniforme, emprunté aux arditi, soldats spécialisés dans les
Allogènes : populations non russes qui avaient été intégrées à l'Empire coups de main audacieux durant la Première Guerre mondiale et dont
tsariste et le sont restées sous le régime soviétique. D'une façon Bauhaus (Das Staatliche Bauhaus : « la maison de la construction ») : beaucoup rejoindront le mouvement fasciste. Organisés en escouades
générale, se dit d'une population arrivée récemment dans un pays. école d'architecture et d'art créée en 1919 à Weimar (Allemagne), par (squadre), les Chemises noires lancent dès 1920 des expéditions
Walter Gropius, transférée à Dessau (1925), puis à Berlin (1932) avant punitives, notamment contre les communistes et les socialistes.
Amendement : modification apportée à un projet de loi ou à une loi, et d'être fermée par les nazis. Elle visait à intégrer dans l'architecture les
soumise au vote. autres arts « majeurs » (peinture et sculpture) et « appliqués » (arts Chiites : la communauté musulmane se divise en deux groupes
décoratifs). principaux. Ils se forment au VIIe siècle ap. J.-C., suite à la mort de
Amnistie : loi qui a pour but d'effacer un fait punissable, et en Mahomet (Muhammad, en arabe). Les chiites défendaient qu’Ali, un
conséquence, soit d'empêcher ou d'arrêter les poursuites, soit d'effacer Blancs : nom donné aux officiers de l'armée tsariste en raison de la proche du Prophète, devait lui succéder comme calife*. Ils promouvaient
les condamnations. couleur de leur uniforme. Au cours de la guerre civile (1917-1921), le un Islam très religieux et plus engagé au plan de la justice sociale. Les
terme désigne tous les partisans des mouvements anti-bolcheviques* sunnites, eux, s’opposaientà Ali. Issus de l’aristocratie de La Mecque, ils
Anarchisme : doctrine socialiste née à la fin du XIXe siècle et qui refuse (→ Rouges*). se revendiquaient de la tradition (Sunna), mais adoptaient des positions
toute limitation de la liberté individuelle et, notamment, toute forme plus conservatrices en matière religieuse et sociale. Le conflit s’est
d'État. Blocus : encerclement d'un pays ou d'un lieu (Berlin) en vue de l'isoler terminé à l’avantage des sunnites. Aujourd’hui, ils sont majoritaires
de l'extérieur en lui interdisant tout échange ou communication. (environ 90 %). Les chiites se rassemblent surtout en Iran, dans le Sud
Anschluss : en allemand, « rattachement » ; annexion de l'Autriche au de l’Irak et au Liban.
IIIe Reich* en mars 1938. Bolcheviks/bolchevique : en russe, « majoritaire » ; fraction du Parti
Ouvrier Social-Démocrate russe, conduite par Lénine, partisan de la CIA (Central Intelligence Agency) : agence centrale de renseignement
Antisémitisme : doctrine ou attitude d'hostilité systématique à prise insurrectionnelle du pouvoir. (→ mencheviks*) fondée aux États-Unis en 1947, dans le contexte de la guerre froide.
l'égard des Juifs. Il associe les anciens préjugés religieux (le Juif Elle est chargée de l'acquisition de renseignements, notamment par
déicide) et économiques (le Juif usurier) aux théories racistes pseudo- Bombe A : bombe atomique fondée sur une réaction de fission. l'espionnage, et de la plupart des opérations clandestines effectuées
scientifiques. Celle-ci est produite en brisant en deux fragments le noyau d'un atome à l'étranger.
d'uranium 235 ou de plutonium sous l'impact d'un neutron. L'énergie
Apartheid : régime de ségrégation* systématique des gens de couleur de liaison, qui assure la cohésion des protons et des neutrons au sein Coexistence pacifique : doctrine mise au point par Khrouchtchev, à
appliqué en Afrique du Sud jusqu'en 1994. du noyau, se trouve ainsi libérée, ce qui se traduit par un dégagement partir de 1956, selon laquelle chacun des camps accepte l'existence de
de chaleur. En se brisant, le noyau expulse 2 ou 3 neutrons. Ceux-ci l'autre, la compétition se limitant aux plans idéologique et économique.
Armes conventionnelles : appellation forgée par opposition aux armes pourront à leur tour aller briser d'autres noyaux qui expulseront d'autres Désigne aussi la période de la fin des années 1950 et du début des
de destruction massive*. Ensemble des « dispositifs conçus pour tuer, neutrons... dans une réaction en chaîne capable de dégager de grandes années 1960, qui n'a pourtant pas été exempte de crises, notamment
incapaciter ou blesser, le plus souvent au moyen d'explosifs, d'armes quantités d'énergie et de chaleur. La puissance de la bombe A s'exprime celles de Berlin (1961) et de Cuba (1962).
à énergie cinétique et d'armes incendiaires, ainsi que leurs vecteurs » en kilotonnes. Celle d'Hiroshima s'élevait à 14 kilotonnes.
(Lexicon for arms control, disarmament and confidence-building, 2004, Collectivisme/collectivisation : système économique qui met
p. 15). Bombe H : bombe à hydrogène ou thermonucléaire utilisant le principe en commun les moyens de production* au profit d'un ensemble
de fusion d'un noyau léger, comme l'hydrogène ou le lithium. À l'inverse de personne ou d'un État. La collectivisation est l'acte par lequel on
Armes de destruction massive (ADM) : armes nucléaires, biologiques de la fission, cassure d'un noyau atomique lourd, la fusion correspond collectivise, c'est-à-dire par lequel on rend collectifs des moyens de
et chimiques (NBC). à l'agglomération de deux noyaux légers, se fondant l'un dans l'autre production* jusqu'alors privés.
pour former un noyau plus lourd, dans une réaction explosive libérant
Armes à sous-munitions : armes dites de « saturation de zone », beaucoup d'énergie nucléaire. La puissance de la bombe H s'exprime en Complexe militaro-industriel : ensemble d'entreprises militaires et
destinées à « arroser » un large périmètre. Un gros conteneur (bombe, mégatonnes ; elle peut être mille fois plus puissante que la bombe A. industrielles travaillant dans le secteur de la défense et constituant du
obus, missile, roquette) est rempli de bombelettes (les sous-munitions) fait de leurs étroites relations mutuelles un très puissant groupe de
et les disperse au-dessus d'une zone pouvant couvrir plusieurs hectares. Bourse : → 79 pression ou lobby.
Le taux de non-explosion oscille entre 5 % et 30 %. Gisant sur le sol,
dans les arbres ou sur les toits, ces sous-munitions font courir une Califat/calife : 1. Dignité du calife, c'est-à-dire du chef suprême de Concession : contrat entre un État, une province ou une municipalité
menace mortelle aux civils, particulièrement aux enfants. la communauté musulmane après la mort du prophète Mahomet ; et une société privée, donnant à cette dernière le droit d'exploiter
2. Territoire soumis à son autorité ; 3. Durée de son règne. un territoire ou d'assurer un service public (chemin de fer...) et, dans
Armes stratégiques : missiles à longue portée (plus de 5500 km), certains cas, le droit de tenir une armée, de rendre la justice, de battre
pouvant être équipés de têtes nucléaires. Leur portée les distinguent Capital : ensemble des équipements, machines, outillage, stocks... monnaie, de lever des impôts et de signer des traités.
des missiles intermédiaires* (entre 1000 km et 5500 km) et des armes (capital « physique »), des sommes monétaires (capital « financier ») et
tactiques (moins de 500 km). des ressources humaines dont une entreprise dispose. Par extension, Concile : assemblée d'évêques de l'Église catholique appelés à délibérer
le terme « capital » désigne l'ensemble de ceux qui possèdent des et à décider sur des points de doctrine, de liturgie, de morale et/ou de
Arrêté royal ou ministériel : texte adopté en Conseil des ministres en capitaux. discipline ecclésiastique.
vue de la promulgation* d'une loi.
Athéisme/athée : position philosophique qui nie l'existence de toute Casques bleus : force militaire d'interposition de l'ONU, composée de Concordat : convention réglant les rapports entre l'Église catholique
divinité/adepte de cette doctrine. contingents de différents États membres. et l'État.
Ayatollah (« signes d'Allah ») : titre des principaux chefs religieux, Caudillo : au XIXe siècle, en Espagne et en Amérique latine, général Confédération : association permanente d'États souverains*.
interprètes de la loi musulmane de l'Islam chiite*. arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'État (pronunciamiento). Groupement de fédérations*, comme la Confédération générale du
Travail, un des principaux syndicats* français.
Balance commerciale : comparaison entre la valeur des importations Chancelier : chef du Gouvernement (Premier ministre) en Allemagne
et des exportations d'une région, d'un pays ou d'un ensemble de pays. et en Autriche. Congrès : aux États-Unis, ensemble du corps législatif, c'est-à-dire des
Si les importations dépassent les exportations, on parle de déficit sénateurs et des représentants.
commercial. Charismatiques (mouvements) : dans le christianisme, courant spirituel
qui met l'accent sur la prière, les dons de l'Esprit saint (ou charisme) et Conjoncture/conjoncturel : ensemble des éléments qui déterminent
Balance des paiements : comparaison entre les ressources et les le partage des biens ; il est à l'origine de nouveaux mouvements de la situation économique, sociale, politique ou démographique à un
dépenses d'un pays (commerce et services, dépenses des touristes, laïcs au XXe siècle. moment donné/relatif à l'ensemble de ces éléments.
intérêts des capitaux) en devises étrangères.
331
Cycle économique : fluctuation économique de courte ou Douma : terme russe signifiant « conseil ». Assemblée Front populaire : → 83
de moyenne durée : phase ascendante, retournement de exerçant des fonctions législatives sous Nicolas II, de 1906 à
tendance, dépression, reprise. 1917, et nom actuel du Parlement russe. Führer : de l'allemand, « conducteur », « guide ». Titre pris par
Hitler à partir de 1934. (→ duce*)
Dada : → 110 Duce : titre pris par Mussolini en 1922, signifiant le « chef »,
le « guide ». (→ Führer*) Génocide (du grec genos, « race », avec le suffixe -cide,
Déficit budgétaire : situation financière d'un État dont les désignant le meurtre) : terme entré dans le droit international
dépenses dépassent les recettes. Dans l'Union européenne, Dumping : vente à perte sur un marché étranger afin de le pour désigner des actes « commis dans l'intention de détruire,
ce déficit ne peut pas être supérieur à 3 %. (→ dette conquérir, en compensant cette perte par les ventes au prix en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou
publique*) normal sur le marché national. religieux, comme tel » (article II de la Convention des Nations
unies du 9 décembre 1948). (→ 102/1)
Déflation : diminution continue et forte du niveau général Einsatzgruppen : « groupes spéciaux », composés de
des prix par des mesures monétaires (réduction de la masse membres de la Gestapo*, de la SS* et d'auxiliaires ukrainiens Gestapo (Geheime staatspolizei ou « police secrète d'État ») :
monétaire en circulation), financières (encadrement du et baltes, constitués à partir de juin 1941 et chargés de fusiller police politique créée en avril 1933 par Göring. En 1934, elle
crédit, contrôle des prix...) ou plus générales (diminution des massivement les cadres communistes et les Juifs dans les passe sous l'autorité de Himmler qui est nommé, en juin
revenus, des dépenses publiques). territoires occupés à l'Est. Les massacres de masse de Juifs 1936, Reichsführer SS* et chef de toutes les polices.
qu'ils ont perpétrés sont qualifiés de « Shoah* par balles ».
Démocraties populaires : appellation des régimes instaurés Ghetto : nom initialement donné au quartier juif de Venise
par le Parti Communiste en Europe centrale et orientale au Embargo : suspension des exportations de marchandises situé près d'une ancienne fonderie (ghetto ou getto en italien)
lendemain de la Seconde Guerre mondiale. vers un État, à titre de sanction ou de moyen de pression. et entouré de murs en 1516. Les nazis réinventent la pratique
de l'isolement de quartiers juifs dès l'invasion de la Pologne
Déportation : Au XVIIIe siècle, exil. En Russie tsariste et en Encyclique : lettre solennelle du pape aux évêques de toute en 1939.
URSS, sous Staline, déplacement forcé de populations non l'Église ; elle est généralement désignée par les premiers
russes arrachées à leur lieu d'origine, leur mode de vie et leurs mots du texte. Glasnost : « fait de rendre public », en russe. Politique
coutumes. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, transfert de transparence initiée par Gorbatchev pour rompre
d'une personne dans un camp de concentration. Équilibre de la terreur : course aux armements nucléaires à avec les pratiques de langue de bois, de mensonges, de
laquelle se livrent les deux grands et qui aboutit à un équilibre dissimulations.
Dépression : récession économique de longue durée qui suit qui dissuade l'autre d'utiliser ses armes, ce qui conduirait à la
la crise. La crise est elle-même le point de retournement de destruction réciproque. Goulag : mot russe abréviatif (Glavnoie OUpravlenie LAGuereï
la conjoncture*. La dépression prend fin lorsque se dessine la ou « direction principale des camps ») qui désigne le système
reprise économique. Au sens strict, on parlera donc de crise État de guerre : en 1981, en Pologne, l'expression est concentrationnaire soviétique, institué par décret le 15 avril
de 1929 et de dépression des années 1930. synonyme d'état d'urgence*. 1919. (→ 32/11)
Design : recherche esthétique appliquée à des objets État d'urgence : situation de troubles ou d'insécurité justifiant Grand Bond en Avant : programme économique et social
utilitaires, à des meubles, à l'habitat... Elle est caractérisée par aux yeux de l'État la suspension d'un certain nombre de appliqué en Chine de 1958 à 1960. En imposant à l'agriculture
le rapprochement entre l'art et l'industrie, le projet de produire libertés individuelles. et à l'industrie des quotas minimums de production, le Grand
en quantité des biens de qualité et l'ambition de créer des Bond avait pour objectif de rattraper le niveau économique
objets et environnements à la fois esthétiques, fonctionnels État d'exception : → état d'urgence*. de la Grande-Bretagne et des États-Unis en quelques
et réalisables industriellement. années. Parallèlement, l'État chinois instaure les communes
États « voyous » (Rogue States) : termes utilisés aux États- populaires, regroupant plusieurs villages, soit en moyenne
Déstalinisation : processus enclenché à la suite du discours Unis, depuis 2001, pour désigner des États qui, à leurs yeux, 5000 familles. Contrôlant les moyens de production, ces
de N. Khrouchtchev devant le XXe Congrès du PCUS, en ne respectent pas, à l'intérieur, les droits de l'homme et, à communes sont quasiment autosuffisantes et deviennent la
1956, dénonçant les crimes et pratiques du stalinisme l'extérieur, constituent une menace pour la paix, notamment base de la vie sociale et économique du pays.
(→ 32). Cependant, en URSS, le Goulag* subsiste, les droits en entretenant le terrorisme et en s'équipant d'armes de
et libertés demeurent inexistants et la répression s'abat sur destruction massive*. (→ 127) Holocauste : terme biblique signifiant « sacrifice où l'on brûle
Budapest en 1956. la victime entière ». Il est utilisé dans le monde anglo-saxon
Éthique : qui concerne la morale. pour désigner le génocide* des Juifs (→ Shoah* et Solution
Détente : période du début des années 1970, marquée par finale*).
une baisse des tensions entre les États-Unis et l'URSS, et Eugénisme : ensemble des méthodes qui visent à protéger,
qui culmine avec les accords d'Helsinki (1975) par lesquels accroître et améliorer les éléments les plus robustes et les Incivique : ce terme désigne, en Belgique, toute personne
32 pays de l'Est et de l'Ouest s'engagent à respecter les mieux doués d'un groupe humain déterminé et à limiter la coupable de collaboration sous l'Occupation allemande
frontières de chacun, à préserver la paix et à respecter les reproduction des individus porteurs de caractères jugés pendant la Seconde Guerre mondiale.
droits humains. défavorables.
Indice de développement humain : indice mis au point par
Dette publique : somme des emprunts d'un État. La charge Existentialisme : courant de la philosophie moderne qui le Programme des Nations unies pour le Développement et
de la dette est la somme des intérêts à payer chaque année. place, au centre de la réflexion intellectuelle, l'existence qui intègre l'espérance de vie à la naissance, le pourcentage
concrète, immédiate, individuelle de l'homme. d'alphabétisation des adultes et le PIB* par habitant.
Dévaluation : diminution officielle, par l'État, de la parité* de
la monnaie nationale. Fascisme : → 83
332
Inflation : augmentation générale des prix, calculée grâce à l'indice Libre pensée : position philosophique marquée par le refus de toute Plan quinquennal : plan établi par l'État soviétique et fixant les quantités
général des prix*. vérité imposée ou dogmatisme, qu'il soit religieux ou politique, et par la de production à atteindre au terme d'une période de 5 ans.
confiance en la raison.
Internationale (Troisième) : organisation fondée par Lénine en 1919 Plébiscite : 1. Consultation des citoyens qui accordent ou non leur
dans le but d'aider les révolutionnaires communistes européens et Management : ensemble des techniques de direction, d'organisation et confiance à un homme politique ; 2. Consultation où la population d'un
d'unir les communistes du monde entier (→ Komintern*). de gestion d'une entreprise. territoire est appelée à choisir l'État dont elle veut relever.
Intifada : terme arabe qui signifie « soulèvement ». Révolte spontanée Mandat : pouvoir accordé par la SDN à une puissance chargée Pogrom : émeute accompagnée de pillages et de meurtres, dirigée
des Palestiniens des territoires occupés contre la puissance israélienne. d'assister (mandat A) ou d'administrer (mandats B et C) certains États contre une communauté juive dans l'Empire russe, particulièrement en
La première débute en 1987, la seconde en 2000. ou territoires. Pologne, en Ukraine et Bessarabie, entre 1881 et 1921.
Investissements directs étrangers (IDE) : opérations financières Mencheviks : en russe, « minoritaire » ; fraction du Parti Ouvrier Social- Poujadisme : doctrine politique, antiparlementaire, nationaliste et hostile
menées par les firmes multinationales* et visant la création de Démocrate russe, favorable à un Gouvernement de coalition avec les à l'Europe de l'Union de Défense des Commerçants et Artisans fondée
nouvelles unités dans de nouveaux pays, ou l'entrée dans le capital partis de droite. (→ bolcheviks*) par Pierre Poujade (France, 1953). Par extension, attitude politique
d'une entreprise étrangère. revendicative et étroitement corporatiste.
Métropole : 1. Pays colonisateur ; 2. Capitale politique ou économique
Islamisme : → 113 d'une région, d'un État. Pouvoirs spéciaux : capacité octroyée par le pouvoir législatif au pouvoir
exécutif de légiférer par arrêté royaux*, pour une période déterminée et
Isolationnisme : politique visant à s'abstenir de tout engagement Missiles intermédiaires : missiles à portée intermédiaire (1000 km à lorsque des circonstances graves le justifient.
diplomatique ou économique vis-à-vis d'autres nations. 5500 km), les « euromissiles » par exemple. Leur portée les distinguent
des armes stratégiques* (plus de 5500 km) et tactiques (moins de Président du Conseil (des ministres) : en France et en Italie, titre du
Junte : en Amérique latine, Gouvernement autoritaire, le plus souvent 500 km). Premier ministre.
militaire, né d'un coup d'État.
Mondialisation : → 6/2 et 107/1 Prisonnier politique : personne arrêtée en raison de ses opinions.
Juste (parmi les Nations) : titre décerné à des non-Juifs ayant risqué
leur vie pour sauver un Juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Moudjahidin (de l'arabe djihad, « combat ») : combattants au nom de Productivité : rapport entre la quantité produite et les moyens de
la religion musulmane. production*, pris globalement ou isolément.
Kibboutz : villages communautaires créés en Israël par le mouvement
sioniste* depuis le début du XXe siècle. Moujik : paysan pauvre en Russie. (→ koulak*) Produit intérieur brut (PIB) : somme de la valeur des biens et des
services produits, en une année, par les entreprises nationales et
Kolkhoze : en URSS, coopérative de production agricole où terres, Moyens de production : capital* et main-d'œuvre nécessaires à la étrangères résidant dans le pays.
bâtiments d'exploitation et matériel sont mis en commun. Les paysans production d'un bien ou d'un service.
ont droit à une petite parcelle individuelle et un peu de bétail. Produit national brut (PNB) : somme de la valeur des biens et des
Multinationale : groupe d'entreprises installées dans plusieurs pays, services produits, en une année, par les entreprises nationales, y
Kominform : abréviation russe de « Bureau d'information communiste ». mais relevant d'une direction unique. (→ 107) compris celles situées à l'étranger.
Créé en 1947, lors d'une réunion des représentants des partis
communistes du bloc soviétique, de l'Italie et de la France, ce bureau Nacht ou Nebel (en allemand, « Nuit et brouillard ») : décret signé Promulguer : rendre une loi exécutoire en en publiant le contenu.
veille à l'orthodoxie des positions des partis communistes par rapport par le maréchal Keitel, le 7 décembre 1941, et visant la répression des
aux vues de Moscou. résistants des pays d'Europe occidentale ; par extension, l'expression Protectionnisme : système douanier qui entend protéger l'économie
désigne ces résistants eux-mêmes. nationale de la concurrence étrangère en frappant de taxes très lourdes
Komintern : Troisième Internationale* communiste, fondée en mars les importations de produits étrangers. (→ libre-échange*)
1919 par Lénine. Nationalisation : fait de rendre « national » ou de rendre à la « nation »,
c'est-à-dire de transférer à l'État la propriété de certains biens, de certains Protectorat : régime juridique établi par un traité international et selon
Kommando : dans le système concentrationnaire nazi, détachement de moyens de production* ou de certains services (santé, par exemple), et lequel un État protecteur contrôle un État protégé. Entre la colonie
détenus affectés à une tâche. Par extension, ce terme désigne le lieu donc de les rendre collectifs*. C'est le contraire de la privatisation. et le protectorat, la différence est donc souvent d'ordre strictement
de détention dépendant d'un camp de concentration et regroupant des juridique : le protectorat maintient une fiction d'État indépendant.
prisonniers travaillant dans une usine, un atelier... Nationalité : existence ou volonté d'existence en tant que Nation d'un
peuple uni par une langue, une race, une histoire et des traditions Ratification/ratifier : acte juridique par lequel un État, souvent le
Koulak : au départ, ce terme désigne, en Russie, le paysan qui possède communes. pouvoir législatif, approuve un engagement international pris par son
des terres ; ensuite, après 1917, il désigne tout paysan qui résiste à la représentant/approuver un engagement international...
collectivisation*. Négationnistes : → 102
Ready-made : objets manufacturés promus à la dignité d'œuvres d'art
Krach : mot d'origine allemande signifiant « craquement », « débâcle », Nomenklatura : cadres dirigeants formant une classe de privilégiés par la volonté de l'artiste.
et, par extension, chute brutale du cours des actions* à la bourse*. disposant de nombreux avantages au sein de l'État soviétique.
Référendum : consultation de l'ensemble des citoyens pour approuver
Krematoria ou Krematorium : four crématoire. Chaque camp en est Obligation : → titre* et 79 ou rejeter une mesure proposée par le pouvoir exécutif.
équipé afin de brûler les cadavres quelque soit la cause de la mort.
Dans les centres d'extermination nazis, bâtiments associant salle de Œcuménisme : mouvement qui préconise l'union de toutes les Églises Reich (IIIe) (en allemand, « IIIe Empire ») : nom donné à l'Allemagne
déshabillage, chambres à gaz et fours crématoires. chrétiennes en une seule. nationale-socialiste sous Hitler (1933-1945). Le Ier Reich correspond
au Saint-Empire romain de la nation germanique (962-1806) ; le IIe
Laïcité : idéal de séparation de l'Église et de l'État, de la religion et de Oflag : camp allemand où étaient internés les officiers des armées Reich à l'Empire fondé par Bismarck sous l'hégémonie de la Prusse
la société, l'Église et la religion ne pouvant avoir d'influence que dans le alliées, pendant la Seconde Guerre mondiale. (→ stalag*) (1871-1918).
domaine de la vie privée. La laïcité n'est opposée à aucune religion et
ne veut en favoriser aucune. Un État laïque* est donc un État qui fait en Pandémie : épidémie qui s'étend sur un ou plusieurs continents. Reichstag : assemblée législative allemande, élue au suffrage universel,
sorte que chacun puisse adopter la religion de son choix. Dans certains sous la république de Weimar (1919-1933). Sous le IIIe Reich*, elle est
cas, il estime légitime d'empêcher les manifestations publiques de Parité (d'une monnaie) : taux de change* officiel par rapport à un étalon entièrement dominée par le Parti Nazi et son rôle se borne à recevoir les
croyances religieuses individuelles, comme le port de signes religieux qui peut être l'or ou une autre monnaie, le dollar par exemple. explications du Gouvernement et à acclamer les discours de Hitler.
dans certains lieux.
Perestroïka (« reconstruction » en russe) : politique initiée par Révisionnisme : → 102
Laïc/laïque : 1. Par opposition aux ecclésiastiques, personne qui ne Gorbatchev et visant la réforme de l'économie et de la vie politique.
fait pas partie du clergé ; 2. Personne qui est indépendante de toute Révolution culturelle : vaste campagne idéologique lancée par MAO
confession religieuse et qui se réfère à l'idéal de la laïcité*. Personnalisme : philosophie qui fait de la personne humaine, du sujet TSÉ-TOUNG dès 1965 contre les tendances bourgeoises et les anciennes
individuel et de son autonomie, la valeur essentielle. Son principal coutumes encore bien ancrées dans la société chinoise. Elle s'appuie
représentant est le philosophe français Emmanuel Mounier. sur la jeunesse organisée en « gardes rouges » et sur la diffusion du
333
« révolution » couvrait une lutte pour le pouvoir au sein du des collines de Jérusalem). Taux de fécondité : rapport entre le nombre de naissances
Parti Communiste chinois. (sauf les enfants morts-nés) et la population féminine en
Skinhead : individu au crâne rasé, portant des vêtements âge de procréer (de 15 à 49 ans) d'un territoire donné durant
Dictionnaire
Rexisme : → 83 de style militaire, et développant souvent un comportement une année. Le seuil de renouvellement d'une population est
d'agressivité et de violence. Mouvement de jeunes né à la fin estimé à 2,1 enfants par femme dans les pays développés.
Rouelle : pièce de tissu ronde (« petite roue »), de couleur des années 1960, issus d'un milieu social modeste et aimant
jaune, imposée aux juifs par le concile* de Latran III (1179) la bagarre et la musique reggae. À la fin des années 1970, le Taux de mortalité : nombre de décès enregistrés en un an
afin de les séparer des chrétiens. La mesure est reprise en mouvement se diversifie et se politise. Certains sont tentés pour 1000 habitants.
Espagne, France et Italie, du XIIIe au XVe siècle, pour empêcher par l'idéologie nazie, d'autres par l'extrême gauche.
les unions entre chrétiens et juifs, et pour empêcher Taux de natalité : nombre de naissances (sauf les enfants
ces derniers d'accéder aux fonctions publiques, de sortir Société anonyme : société par actions* où la responsabilité morts-nés) enregistrées en un an pour 1000 habitants.
pendant la semaine sainte... Dans les pays germaniques, les financière des actionnaires*, en cas de faillite, ne s'étend pas
discriminations sont identiques, mais se marquent par le port à leur avoir personnel mais uniquement à l'investissement Taylorisme : organisation scientifique du travail mise au
d'un chapeau. Au XVIe siècle, les ghettos* se généralisent, consenti dans la société. Celle-ci n'est, normalement, pas point par l'ingénieur américain F.W. Taylor entre 1874 et
ce qui rend inutile tout signe distinctif. La rouelle jaune désignée par le nom d'un associé, d'où sa désignation 1884. Elle vise à augmenter la productivité en éliminant les
symboliserait les deniers d'or que Judas a reçus pour avoir d'« anonyme ». gestes inutiles et en liant le salaire à la production. Variante
trahi Jésus. du taylorisme, le fordisme, mis au point par Henry FORD, en
Solde migratoire : différence entre le nombre de personnes 1913, se caractérise par le travail à la chaîne.
Rouges : le terme désigne les partisans du pouvoir qui sont entrées sur un territoire et le nombre de personnes
bolchevique* pendant la révolution russe de 1917 et la guerre qui en sont sorties durant un temps donné. Tchéka (abréviation russe pour « Commission extraordinaire
civile. (→ Blancs*) panrusse de lutte contre la contre-révolution, la spéculation et
Solution finale (Endlösung en allemand) : expression utilisée le sabotage ») : police politique créée en Russie en décembre
SA (Sturmabteilung, sections d'assaut ou « Chemises par les nazis pour désigner la « solution » qu'ils préconisent 1917, ancêtre de la GUEPEOU (1922), du NKVD (1934) et du
brunes ») : milice du Parti Nazi. Lors de la Nuit des longs à la « question juive », c'est-à-dire l'extermination des Juifs. KGB (1954).
couteaux en 1934, Hitler en élimine les chefs. Elle perd (→ 35/1)
un tiers de ses membres et se limite alors à encadrer les Théocratie : régime politique dans lequel le pouvoir est
manifestations de masse du parti. À distinguer des SS*. Sonderkommando (en allemand, « commando spécial ») : exercé par des chefs religieux, ou par un souverain dont
kommando* de Juifs contraints de vider les chambres à gaz l'autorité se présente comme venant directement de Dieu.
Saint-Office : nom donné, de 1908 à 1967, à l'institution et d'incinérer les cadavres dans les camps d'extermination.
pontificale s'occupant des affaires de la foi et de la morale. (→ 20/3) Titre : document, souvent au porteur, c'est-à-dire non
Elle s'appelait auparavant Sacrée Congrégation de l'Inquisition nominatif, qui peut être de deux types. L'action* est un titre
romaine et universelle, et avait été créée par Paul III en Souveraineté : principe juridique de droit international qui de propriété qui représente une fraction du capital* d'une
1542 ; le Tribunal de l'Inquisition en dépendait, jusqu'à sa garantit l'indépendance d'un État. Ce principe lui permet société privée, notamment d'une société anonyme*. Sa valeur
suppression au début du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, elle se d'établir son propre système politique, économique, social et évolue en fonction de l'offre et de la demande et est négociée
nomme Congrégation pour la Doctrine de la Foi. juridique, le garantit contre toute occupation de son territoire à la bourse*. L'actionnaire dispose d'une voix à l'assemblée
et l'assure d'être traité d'égal à égal par les autres États. générale de la société ainsi que d'une part des bénéfices
Sandinistes : terme associé au Front de Libération nationale (les dividendes) proportionnelle à la fraction du capital* qu'il
du Nicaragua, se référant à Augusto Cesar Sandino Soviets : terme russe pour désigner les « conseils » de possède. Une obligation* est un titre de créance remis par
(1893-1934) qui avait organisé une guérilla (1927-1933) pour soldats, d'ouvriers, de paysans, durant les révolutions russes une société commerciale, une entreprise nationalisée* ou
lutter contre l'occupation de son pays par les troupes des de 1905 et 1917. Ensuite, par extension, la Chambre des l'État à ceux qui lui prêtent des capitaux*. Le porteur est
États-Unis. Ce front, né dans les années 1960 sous l'influence représentants (Soviets de l'Union) et celle des Républiques remboursé dans un temps déterminé et perçoit un intérêt
cubaine, renverse la dictature de Somoza en 1979 et fédérées (Soviets des Nationalités) de l'URSS. annuel fixe. (→ 79)
instaure un régime socialiste. Lors des élections de 1990, les
sandinistes perdent la première place au profit de l'opposition Sovkhoze : ferme d'État créée après la collectivisation* des Totalitarisme/totalitaire : → 83
démocratique, mais poursuivent leur participation au pouvoir. terres en URSS. Entreprise agricole pilote appartenant à l'État
et gérée par des fonctionnaires. Transition démographique : période dans l'Histoire
Sécularisation (ou laïcisation) : séparation de l'Église et de démographique des sociétés marquée par une diminution
l'État, de la religion et de la société, chacun exerçant ses Spéculation : devancement de la hausse ou de la baisse des plus rapide du taux de mortalité* par rapport à celle du taux
missions propres. (→ laïcité*) mouvements de l'offre et de la demande d'un bien ou d'un de natalité*.
titre* (→ 79).
Ségrégation : action de séparer. Le mot désigne d'abord Volkssturm (de l'allemand Volk, « peuple », et Sturm,
la pratique visant à isoler les bâtiments des colonisateurs SS (en allemand, abréviation de Schutzsstaffel, « escouade « assaut ») : en 1944, levée en masse des hommes de 17 à
dans les pays colonisés, puis la séparation organisée et de protection ») : à l'origine, garde rapprochée de Hitler, élite 60 ans non mobilisés pour compenser le manque de soldats
réglementée de la population de couleur par rapport aux armée du Parti Nazi. Sous l'impulsion de Himmler qui en est dans la Wehrmacht*.
Blancs (ségrégation raciale). Au XXe siècle, le mot s'étend le chef en 1929, elle devient la police du Reich*. Sélectionnés
à toute forme de séparation de personnes ou de groupes sur base de critères raciaux très stricts, les SS sont divisés Wehrmacht : armée de terre allemande.
en raison de leur condition sociale (ségrégation sociale). en plusieurs sections, dont l'unité « à tête de mort » chargée
(→ Apartheid*) de la surveillance des camps de concentration. À distinguer
des SA*.
Shoah : mot hébreu signifiant « catastrophe telle qu'il ne peut
en exister de plus grande ». Ce terme a supplanté, surtout Stalag : camp allemand où étaient internés les prisonniers
depuis le succès du film de Claude LANZMANN (→ notices de guerre non officiers, pendant la Seconde Guerre mondiale.
biographiques des auteurs), ceux d'Holocauste* ou de (→ oflag*)
génocide* pour désigner l'extermination de masse des Juifs
d'Europe par les nazis. Sunnites : → chiites*
Sida : syndrome d'immuno-déficience acquise. Le virus de Talibans : étudiants en théologie des écoles coraniques
cette maladie a été isolé en 1983. qui forment, en 1994, un mouvement politico-militaire ultra
fondamentaliste* dans le Sud de l'Afghanistan. Ils instaurent
Sikhs : adeptes du sikhisme, une des quatre grandes religions en 1996 une république islamiste* dans ce pays. Ils sont
de l'Inde. Né au XVe siècle, le sikhisme affirme l'existence chassés du pouvoir, en 2001, par l'intervention américaine.
d'un Dieu créateur unique et rejette le système des castes
hindoues. Tamouls : peuple du Sud de l'Inde et du Sri Lanka.
334
ACJB : Action catholique de la Jeunesse belge MOC : Mouvement ouvrier chrétien (Belgique)
ADM : Armes de destruction massive NASA : National Aeronautics and Space Administration (Administration nationale de l'Aéronautique
AELE : Association européenne de Libre-Échange et de l'Espace)
AFP : Agence France Presse NEP : Nouvelle politique économique
ATTAC : Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens NKVD : Commissariat national aux Affaires intérieures (→ 45/10)
BCE : Banque centrale européenne NSDAP : Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (Parti Nazi)
BIRD : Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement OCDE : Organisation de Coopération et de Développement économiques
CAEM : Conseil d'Assistance économique mutuelle (→ COMECON) OECE : Organisation européenne de Coopération économique
CARICOM : Carribean Community and Common Market OLP : Organisation de Libération de la Palestine
CECA : Communauté européenne du Charbon et de l'Acier ONAFTS : Office national d’Allocations familiales pour Travailleurs salariés
CED : Communauté européenne de Défense ONEM : Office national de l'Emploi (Belgique)
CEE : Communauté économique européenne ONG : Organisation non gouvernementale
CEEA : Communauté européenne de l'Énergie atomique, ou Euratom ONP : Office national des Pensions
CEGES : Centre d'Études et de Documentation « Guerre et Sociétés contemporaines » (Belgique) ONSS : Office national de la Sécurité sociale
CEI : Communauté des États indépendants (ex-URSS) ONU : Organisation des Nations unies
CIA : Central Intelligence Agency (Agence centrale du Renseignement - États-Unis) ONVA : Office national des Vacances annuelles
CNRS : Centre national de la Recherche scientifique (Belgique) OTAN : Organisation du Traité de l'Atlantique-Nord
COCOF : Commission communautaire française (de la Région bilingue de Bruxelles-Capitale) OTASE : Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est
COMECON : Conseil d'Assistance économique mutuelle OUA : Organisation de l'Unité africaine
CPAS : Centre public d'Action sociale (Belgique) PAC : Politique agricole commune
CRISP : Centre de Recherche et d'Information socio-politiques PCF : Parti Communiste Français
DDP : Deutsche Demokraten Partei (Démocrates libéraux allemands) PCUS : Parti Communiste de l'Union soviétique
FAT : Fonds des Accidents du Travail PIB : Produit intérieur brut
FBI : Federal Bureau of Investigation (Bureau fédéral d'Enquêtes aux États-Unis) PNB : Produit national brut
FGTB : Fédération générale du Travail de Belgique RDA : République démocratique allemande
FLN : Front de Libération nationale (Algérie) RDC : République démocratique du Congo
FN : Front National (France) RFA : République fédérale d'Allemagne
FNL : Front national de Libération (Sud-Viêtnam) SALT : Strategic Arms Limitation Talks
FMP : Fonds des Maladies professionnelles SDN : Société des Nations
FPÖ : Freiheitliche Partei Österreich (Parti de la Liberté d'Autriche) SED : Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (Parti Socialiste unifié de la RDA)
FUNDP : Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, Namur SFIO : Section française de l'Internationale ouvrière
GATT : General Agreement on Tarifs and Trade (Accord général sur le Commerce et les SME : Système monétaire européen
Tarifs douaniers) SMI : Système monétaire international
GIEC : Groupe d'Experts intergouvernemental sur l'Évolution du Climat START : Strategic Arms Reduction Treaty (Traité sur la Réduction des Armes stratégiques*)
GRIP : Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité STO : Service du Travail obligatoire
IDS : Initiative de Défense stratégique (« guerre des étoiles ») TPIR : Tribunal pénal international pour le Rwanda
IFOP : Institut français d'Opinion publique TPIY : Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
INAMI : Institut national d’Assurance Maladie Invalidité UE : Union européenne
KGB : Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti (Comité de Sécurité de l'État - URSS) UEM : Union économique et monétaire
MERCOSUR : Marché commun du Sud de l'Amérique latine URSS : Union des Républiques socialistes soviétiques
MINUAR : Mission des Nations unies pour l'Assistance au Rwanda
335
Note de l’éditeur : malgré nos recherches, nous n’avons pas pu joindre tous les ayants droit des textes et illustrations reproduits dans cet ouvrage.
Qu’ils trouvent ici invitation à nous contacter.
13/10 et 12 © CASTERMAN 14/1 © Hubinon & Charlier - Dupuis, 1985 14/2 © Desberg & Labiano - 2005 14/3 © Marvano - Dargaud Benelux (Dargaud-Lombard s.a.), 2007 14/4 © Sente et Julliard -
éditions Blake et Mortimer, 2000 18/1 et 6 © SABAM Belgium 2008 19/1 et 2 © SABAM Belgium 2008 22/1 © Archives de Wallonie/Musée de la Photographie, Charleroi, Camille Detraux/Raymond
Paquet 22/3 © Deru Jean-Luc 23/1, 3 et 4 © SABAM Belgium 2008 24/1 © 2008-Courtens/Droits SOFAM-Belgique 24/2 © J.-L. Jadoulle 24/3 et 4 © SABAM Belgium 2008 25/3 © Getty Images
25/4 © Belga 25/5 © EPA 26/3 © SABAM Belgium 2008 30/7 Collection Ceges-Bruxelles-35251 31/5 © Paris, BNF 31/8 © SABAM Belgium 2008 31/13 © Paris, BNF 37/8 © Archives de la ville de
Bruxelles © SABAM Belgium 2008 37/10 © Archives de la ville de Bruxelles 37/16 © AVDN, Antwerpen 40/1 et 4 © SABAM Belgium 2008 42/1 Collection Cegesoma-130899 42/5 Collection Ceges-
Bruxelles-100005451 42/6, 9 et 11 © Collection Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire-Bruxelles 52/6 et 10 © SABAM Belgium 2008 54/12 © Museum für Völkerkunde, Wien oder MVK, Wien
61/2 et 12 © Belga 62/6 © Belga 65/6 © Institut Émile Vandervelde 66/1, 3 et 4 © Archives de la ville de Bruxelles 69/1 © SABAM Belgium 2008 69/9 © Belga 69/11 et 13 © VPM 70/1 © 2003
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77/19 © Istockphoto © SABAM Belgium 2008 77/22 Bill Viola, The Quintet of the Astonished, 2000, Color video rear projection on screen mounted on wall in dark room, Photo: Kira Perov 101/1 © Belga
105/4 Collections du CARHOP 108/2 © Rossel, 2008 110/1 © Tate, London, 2008 © SABAM Belgium 2008 110/2-4 © SABAM Belgium 2008 114/4 © Paris, BNF 115/3 © Paris, BNF 115/4 © SABAM
Belgium 2008 116/3 © [email protected]
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Construire l’Histoire 4
scientifique
Conseillère
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Auteurs
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Le monde 4PVTMBEJSFDUJPOEF *7BOEFS#PSHIU
.&3JDLFS 6$-
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Les conflits à composante religieuse aujourd’hui /1
Les opérations de paix de l’ONU /1
Un exemple de multinationale à l’heure de la mondialisation : Toyota dans le monde en 2003
Les échanges planétaires
/1
/2
t 1BSDFRVBQQSFOESFDFTUDIFSDIFS E¹DPVWSJSFUCONSTRUIREEFTDPOOBJTTBODFTOPVWFMMFTy
t 1BSDFRVF EBOTMJNQPTTJCJMJU¹EPCTFSWFSMBWJFEFTIPNNFTEVQBTT¹ MIJTUPSJFOOFQFVURVFTFO
6ONPOEFFONVUBUJPO
Les inégalités au niveau planétaire (IDH en 2006)
La dynamique de la population mondiale
Taux de mortalité des moins de 5 ans, 2005 (pour 1000 naissances vivantes)
/1
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CONSTRUIREVOFSFQS¹TFOUBUJPO MBQMVTmE¼MFQPTTJCMF
t 1BSDFRVFMBDPNQS¹IFOTJPOEVQBTT¹TFSUµQS¹QBSFSMFT¹M¼WFTµCONSTRUIREM)JTUPJSF DFMMFRVJDPNNFODF
EFµOPTKPVST
Comparaison des émissions de CO2 dans le monde /6
EFNBJOy
L’Afrique et l’Asie
La région des Grands Lacs : zones de conflit et ressources minières et énergétiques (1996-2003) /7 yMBDPMMFDUJPOj$0/4536*3&-)*450*3&xPGGSFy
Le Proche et le Moyen-Orient durant l’entre-deux-guerres /1
Les enjeux du Moyen-Orient /1
Israël et la Palestine de 1947 à 2000 /1 … µM¹M¼WF : … µMFOTFJHOBOU, un guide :
Israël et les territoires palestiniens en 2006 /1
La Chine et le Japon entre 1910 et 1950 /1 un manuel riche de très nombreux matériaux pour : - pour construire des E¹NBSDIFTEFORVºUFFUEBQQSFOUJTTBHF
La guerre de Corée (1950-1953) /1 - relier QBTT¹FUQS¹TFOU ; en classe, BOBMZTFSBWFDMFT¹M¼WFTMFTOPNCSFVYEPDVNFOUT
La guerre du Viêtnam /5
- prendre conscience de TFTQSPQSFTSFQS¹TFOUBUJPOT de la vie que contient le manuel et DPOTUSVJSFVOFWJTJPOTZOUI¹UJRVFEV
Les Amériques des hommes du passé ; QBTT¹ ; Maquette et mise en page : Page-In Lincent
- découvrir MFTSBDJOFTEFM0DDJEFOUFUEFOPTS¹HJPOT EBOTMF - proposant des TJUVBUJPOTEBQQSFOUJTTBHFFUE¹WBMVBUJPO
Photo de la couverture : Page-In Lincent
La crise de Cuba /5 NPOEF ; des quatre grandes DPNQ¹UFODFTEFMIJTUPSJFO : s’interroger,
L’Amérique latine aujourd’hui /2 - s’initier aux démarches d’BOBMZTFDSJUJRVFqui sont le propre de critiquer, synthétiser et communiquer ; Photo Fort de Breendonk : Wim Robberechts & Co nv
l’historien ; - accompagné d’un CD-ROM comprenant un choix de Crédits photographiques : voir page 336
L’Europe
- approfondir et étoffer ses découvertes BVSFHBSEEFM¹UBU EPDVNFOUTTPOPSFTFUDBSUPHSBQIJRVFT ainsi que le EPTTJFS Cartographies : K. Adams, BDK, Tongres
L’Europe en 1914 EFTDPOOBJTTBODFTIJTUPSJRVFT et s’approprier des SFQ¼SFT EBQQSFOUJTTBHF.
L’Europe aux lendemains des traités de paix /8 DISPOPMPHJRVFTFUH¹PHSBQIJRVFT ;
L’Europe des années 1920 - développer les DPNQ¹UFODFT énoncées dans les référentiels en
L’Europe en 1938-1939 vigueur dans l’enseignement secondaire.
L’Europe en 1948
Transformations territoriales et déplacements de populations en Europe entre 1944 et 1950 /8 un dossier d’apprentissage pour l’aider à développer savoirs, savoir-
Les étrangers dans l’Europe des 25 en 2003 /3 faire et compétences, et faire le point sur ses acquis.
L’Union européenne en 2007 : l’Europe des 27 55/10
L’Europe en 2008 et la construction européenne Même si la loi autorise, moyennant le paiement de redevances (via la société Reprobel - www.reprobel.be, créée à cet effet),
la photocopie de courts extraits dans certains contextes bien déterminés, JMSFTUFUPUBMFNFOUJOUFSEJUEFSFQSPEVJSF, sous
Les autres États et régions d’Europe Chacun des quatre tomes est réalisé par une équipe d’enseignants, QSBUJDJFOTEFMFOTFJHOFNFOU quelque forme que ce soit, en tout ou en partie, MFQS¹TFOUPVWSBHF. (Loi du 30 juin 1994 relative au droit d’auteur et aux droits
TFDPOEBJSF et/ou EJEBDUJDJFOTEFMIJTUPJSF, et conseillés par des IJTUPSJFOTEFN¹UJFS, spécialistes s du f
ne
voisins, modifiée par la loi du 3 avril 1995, parue au Moniteur du 27/07/1994 et mise à jour au 30/08/2000)
L’Italie en 1920 /1 de la période étudiée dans le manuel. L’ensemble de la collection a été conçu et supervisé par
Le démembrement de la Tchécoslovaquie [1938-1939] /9
Cette reproduction sauvage cause un préjudice certain aux auteurs et aux éditeurs.
raci
ut
Camps de concentration et centres d’extermination (1939-1945) /2
+FBO-PVJT +ADOULLE FU +FBO (EORGES, enseignants d’Histoire dans le secondaire, formateurs
L’Allemagne et Berlin [pendant la guerre froide] /2 d’enseignants et professeurs de didactique de l’Histoire à l’université. © 2008 Éditions Didier Hatier - édition corrigée 2009
ur
La guerre civile et les pertes territoriales de la Russie, 1918-1921 /1 Éditeur responsable : D2H SA - Place Baudouin Ier, 2 - B-5004 Namur (Bouge) - www.groupeerasme.be
La fin des « États-satellites » de l’URSS, 1988-1989 /11 Tome 1 - 3e année : Les racines de l’Occident (jusqu’au Xe siècle) Imprimé en Belgique
Le pétrole et le gaz russes en 2006 58/6 Tome 2 - 4e année : L’affirmation de l’Occident (XIe-XVIIIe siècle)
le ISBN : 978-2-87441-158-8
Les Balkans depuis 1992 et le plan de paix pour la Bosnie de décembre 1995 /1
Tome 3 - 5e année : L’Europe dans le monde : expansion er révolutions (de la fin du XVIIIe siècle à 1918) DL : 2009/3030/67
Tome 4 - 6e année : Un monde en mutation (de 1919 à nos jours)
nouveau
Construire l’Histoire 4
scientifique
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Le monde 4PVTMBEJSFDUJPOEF *7BOEFS#PSHIU
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Un exemple de multinationale à l’heure de la mondialisation : Toyota dans le monde en 2003
Les échanges planétaires
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Les inégalités au niveau planétaire (IDH en 2006)
La dynamique de la population mondiale
Taux de mortalité des moins de 5 ans, 2005 (pour 1000 naissances vivantes)
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Le Proche et le Moyen-Orient durant l’entre-deux-guerres /1
Les enjeux du Moyen-Orient /1
Israël et la Palestine de 1947 à 2000 /1 … µM¹M¼WF : … µMFOTFJHOBOU, un guide :
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La Chine et le Japon entre 1910 et 1950 /1 un manuel riche de très nombreux matériaux pour : - pour construire des E¹NBSDIFTEFORVºUFFUEBQQSFOUJTTBHF
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La guerre du Viêtnam /5
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Israël et la Palestine de 1947 à 2000 /1 … µM¹M¼WF : … µMFOTFJHOBOU, un guide :
Israël et les territoires palestiniens en 2006 /1
La Chine et le Japon entre 1910 et 1950 /1 un manuel riche de très nombreux matériaux pour : - pour construire des E¹NBSDIFTEFORVºUFFUEBQQSFOUJTTBHF
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La crise de Cuba /5 NPOEF ; des quatre grandes DPNQ¹UFODFTEFMIJTUPSJFO : s’interroger,
L’Amérique latine aujourd’hui /2 - s’initier aux démarches d’BOBMZTFDSJUJRVFqui sont le propre de critiquer, synthétiser et communiquer ; Photo Fort de Breendonk : Wim Robberechts & Co nv
l’historien ; - accompagné d’un CD-ROM comprenant un choix de Crédits photographiques : voir page 336
L’Europe
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L’Europe en 1914 EFTDPOOBJTTBODFTIJTUPSJRVFT et s’approprier des SFQ¼SFT EBQQSFOUJTTBHF.
L’Europe aux lendemains des traités de paix /8 DISPOPMPHJRVFTFUH¹PHSBQIJRVFT ;
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L’Europe en 1948
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TFDPOEBJSF et/ou EJEBDUJDJFOTEFMIJTUPJSF, et conseillés par des IJTUPSJFOTEFN¹UJFS, spécialistes s du f
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voisins, modifiée par la loi du 3 avril 1995, parue au Moniteur du 27/07/1994 et mise à jour au 30/08/2000)
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Le démembrement de la Tchécoslovaquie [1938-1939] /9
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Camps de concentration et centres d’extermination (1939-1945) /2
+FBO-PVJT +ADOULLE FU +FBO (EORGES, enseignants d’Histoire dans le secondaire, formateurs
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La guerre civile et les pertes territoriales de la Russie, 1918-1921 /1 Éditeur responsable : D2H SA - Place Baudouin Ier, 2 - B-5004 Namur (Bouge) - www.groupeerasme.be
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