Henry Plée Les 13 Renoncements
Henry Plée Les 13 Renoncements
Henry Plée Les 13 Renoncements
Dans ma précédente Chronique, j'ai essayé de démystifier l'Eveil, j'ai dit ce qu'était l'Eveil et pourquoi
tout le monde pouvait atteindre l'Eveil. Il faut savoir que c'est un sujet de la plus haute importance pour
votre progression en Art Martial (et pour voter évolution personnelle, bien entendu) parce que c'est en
quelque sorte, pour votre " véhicule ", un moteur turbo haute performance… prenant la place de votre
cheval lent, capricieux, et paresseux. Par " véhicule " je fais allusion à l'allégorie traditionnelle, des 3
centres de l'Homme, représentant ce dernier comme composé d'un " véhicule " tiré par un " cheval " et
conduit par un " cocher " ou par un chauffeur, le véhicule se modernisant selon les époques. C'est une
allégorie datant d'un bon millénaire, plus peut être, et là encore il faut s'incliner devant l'intuition
extraordinaire des Maîtres de Sagesse du passé car on y retrouve (… et dans l'ordre !) la découverte de
cette fin de XXe siècle sur les 3 cerveaux superposés, ainsi d'ailleurs que le rôle antagoniste des 2
hémisphères. Pour ceux qui n'auraient pas lu ma précédente Chronique… et pour ceux qui ont oublié ce
que j'avais dit, ou plus exactement ce qu'avait dit Sou-Tchien, 6e Patriarche du Chan (l'idéogramme se
prononce Zen en japonais), dans son exposé à un groupe de jeunes moines, je vais faire quelques brefs
rappels de l'essentiel avant de passer à l'aspect pratique. Car il ne suffit pas de savoir ce qu'est l'Eveil, il
faut aussi savoir " comment " créer les conditions pour qu'il vienne. Etant bien entendu qu'il est
impossible de provoquer la venu de l'Eveil, mais que l'on ne peut que créer les conditions physiques et
mentales pour qu'il éclose.
Les 13 renoncements indispensables à ceux qui veulent progresser dans la voie du guerrier.
Supposons que vous soyez décidé à créer la condition mentale et physique qu'il faut pour que l'Eveil
vienne. Je vous suggère de prendre les " renoncements " comme un défi à vous-même et de gagner.
C'est une sorte de " guerre " intérieure (le mot est plus juste que " lutte ").
Ne croyez pas pouvoir les appliquer du premier coup, mais d'échec en échec, de prise de conscience en
prise de conscience, vous finirez pas vous mettre dans l'état de propreté morale où l'Eveil pourra éclore.
Les malentendus sur ces 35 " renoncements " (en 13 catégories) sont fréquents. D'ordinaire on les
discute en Groupes de Chercheurs, mais je vais me risquer à commenter les malentendus les plus
fréquents.
Voici ce qu'il ne faut plus faire si vous aspirez à l'Eveil.
7.Ne pas parler de soi, de son passé, de ses goûts personnels, de ses aïeux, de ses parents, de
son origine, pays, ville, race, religion, de différence de sexe ni de sexualité…
(*)
C'est cruel de le constater : rares sont ceux qui s'intéressent à vous (" le cimetière est plein d'hommes
qui se croyaient indispensables et intéressants "). Et même, leur faux intérêt n'a souvent pour but que de
vous mettre en condition pour qu'ils parlent d'eux. Ce n'est même pas pour jouer au ping-pong d'idées.
Faites cette expérience significative par jeu (encore un " bon " jeu) : si vous avez commencé une longue
explication, arrêtez vous à la fin d'une phrase si votre interlocuteur tousse, détourne le regarde, baille ou
autre… il est rare qu'il se rende compte que vous n'avez pas fini votre " histoire " ou de donner votre "
avis ", et il se mettra aussitôt à parler. La vérité est que, lorsque vous parliez, vous l'empêchiez de parler.
En règle général, il faut arriver à ne parler que lorsqu'on vous a posé plusieurs fois des questions
précises. Et même dans ce cas il est toujours intéressant de répondre par une question, ou de poser les
mêmes questions à votre interlocuteur, en lui demandant ce qu'il répondrait et en lui donnant (surtout)
l'impression que c'est lui le plus important et que vous êtes " insignifiant " ou " médiocre " (bien entendu,
suggestion à ne pas appliquer dans un entretien d'embauche ou de boulot…)
11. Ne pas rechercher des " pouvoirs " tels que l'efficacité pour être le N°1…
(ce qui est relatif, on est le meilleur parmi des moins bons), chercher la fortune (plus on la voudra plus
elle fuira), rechercher des pouvoirs paranormaux (tels que transmission de pensée, transes, lévitation,
etc….), la " forme " par doping, drogues etc… chercher à connaître l'avenir par divination, astrologie,
magie, etc. Ce genre de " curiosité malsaine " type prouve l'absence d'intuition et de jugement de cause
à effet, donc de " sommeil "… et, comme dit l'autre, " je ne suis pas superstitieux parce que ça porte
malheur "… ça porte malheur, parce que devenant de plus en plus " endormi " on fait de plus en plus
d'erreurs. Des " pouvoirs " peuvent venir grâce à l'Eveil, c'est vrai comme épiphénomène (ce qui s'ajoute
à l'Essentiel sans le modifier), mais jamais l'inverse.
12. Ne pas avoir besoin de " communication " avec les autres.
Le besoin de " communiquer ", de parler et la crainte de se retrouver seul avec soi, montrent à quel point
on a peur de faire face à ce que l'on est. On veut " communiquer "… faire du bruit, comme dans les
poulaillers. Si la plupart des monastères (dans toutes les religions et toutes les cultures), et si les Dojo
imposent le silence, c'est qu'il est essentiel. Une chose est certaine, plus l'homme évolue, moins il a
besoin de parler (du moins avec les " endormis "). Si bien que l'on a souvent (à un certain stade à la
tentation de s'isoler, de devenir ermite. Mais en évitant les chocs de la vie sociale, on peut facilement
tomber dans l'illusion d'avoir atteint l'Eveil.
--------------
(*) Apprendre à se taire :
A propos de " ne plus parler de… ", il me semble important de vous préciser que l'on n'entend pas
seulement " ne pas bavarder ", " se taire ", " ne rien dire "… avec sa langue et ses lèvres, mais qu'il ne
faut pas non plus verbaliser au fond de la gorge. On doit finir par ne plus parler dans sa tête… si l'on ne
veut pas se retrouver, un jour, en train de se parler tout seul, et même de finir schizophrène (un trouble
mental qui touche les deux tiers des… fous internés, et les quatre tiers des… emmerdeurs.)
Il ne faut pas, non plus, confondre se taire volontairement (…" mais je n'en pense pas moins ! ") et se
taire naturellement parce que l'on n'a plus besoin de faire du bruit avec la bouche.. et que l'on se fiche
totalement de ce qui est devenu sans réel intérêt. Cela semble impossible, mais c'est moins difficile qu'il
n'y parait à première vue. Bien entendu, il faut s'y exercer et " s'amuser " (en voilà un " jeu " qu'il est
bon !) à se créer une " plage de silence mental ", de temps en temps, au Dojo ou dans la rue par
exemple, et durant cette " plage " de " vite-plein " être à la fois relaxé et ultra-vigilant (comme les chats
le sont), ou regarder tout avec le même oeil attentif non critique (sans comparer, sans juger) du petit
enfant qui découvre tout.
Observer le regard des enfants, pur, attentif, " présent ", lorsqu'ils sont dans leur poussette ou portés
dans les bras ; ils voient tout, ils sont fabuleusement observateurs et vigilants… par rapport à vous.