COURS DE DROIT PENAL Des AFFAIRES ET ECONOMIQUE 2023

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Droit pénal des affaires

Droit pénal Economique

Mady Marie BOUARE

Docteur en droit privé et sciences criminelles

Enseignant Chercheur à L’UGB

Avocat au Barreau de Paris

1
INTRODUCTION GENERALE
La jurisprudence sénégalaise est riche en droit pénal des affaires et contrairement à ce que
l’on peut penser, déjà dans les années 1970, le juge répressif sénégalais a eu à connaitre de
nombreuses affaires dites de la délinquance d’affaires et de la délinquance économique.
Cependant les affaires les plus récentes demeurent l’affaire dite des « chantiers de Thiès »
mais aussi actuellement en jour, l’affaire dite des « biens mal acquis ».

Le droit pénal des affaires est un droit pénal spécial qui est un droit de qualification et qui
s’applique au monde des affaires. Mais il faut bien se rendre compte que la notion d’affaires
est malléable, extensible à volonté et il nous faut nous référer à l’OHADA pour pouvoir
interpréter la notion.

L’OHADA non plus ne définit pas « les affaires » mais l’on peut simplement constater que
tout ce qui concerne les actes de commerce, les commerçants, les effets de commerce, le droit
des sociétés, le droit de la distribution, le droit de la concurrence etc. forme le monde des
affaires.

L’entrée du droit pénal dans la vie des affaires fait l’objet de beaucoup de controverses
puisque pour les uns le droit pénal doit rester classique et laisser la possibilité au monde des
affaires de s’organiser et de trouver des solutions propres à son contentieux. Cette thèse est
défendue par les commercialistes qui en définitive, considèrent la sanction pénale comme
étant inopportune. Cette thèse a été rejetée par les pénalistes qui considèrent la pénalisation
comme étant un mal nécessaire. Pour cela, ils avancent deux arguments de poids. D’une part,
un argument de sécurité et d’autre part, celui de l’égalité des citoyens devant la loi.

Cette thèse des pénalistes l’a emportée sur celle des commercialistes. On peut remarquer
d’autre part que si donc le droit pénal s’applique au monde des affaires, les uns et les autres le
considèrent comme étant envahissant et cette remarque est partagée non seulement par les
commercialistes mais aussi par les pénalistes. Il y a en effet une inflation législative pénale à
telle enseigne que le droit pénal des affaires est considéré comme étant de mauvaise qualité.
Ceci est la raison pour laquelle les théories pénalistes professent la décriminalisation pour
mieux pénaliser ou bien la dépénalisation en créant des sanctions autres que pénales. Par
ailleurs, qui fait état du droit pénal des affaires doit s’interroger sur l’objet et sur les sources
de ce droit. Si l’objet ne pose pas de problèmes dans le cadre des infractions commerciales,
des infractions financières et des infractions sociales, les sources demeurent « inexistantes »
dans la mesure où la source principale reste le code pénal et d’autres sources qui sont
contenues hors du code. Le constat est qu’il n’y a pas de code de droit pénal des affaires.

Reste enfin à s’interroger sur les particularités criminologiques de celui qui serait attrait
devant la juridiction répressive sous des chefs d’inculpation d’infraction aux affaires et que
l’on nommerait le délinquant d’affaires. Il serait ainsi différencié du délinquant ordinaire.

L’on peut retenir deux traits distinctifs dont le premier est le facteur « insertion » pour faire
remarquer que le délinquant ordinaire est en général asocial alors que le délinquant d’affaires

2
n’est pas en marge de la société, c’est au contraire, quelqu’un de très bien inséré dans la
société.

L’autre trait distinctif serait le facteur « indifférence » qui signifie que le délinquant d’affaires
n’est préoccupé que par le développement de ses affaires et pour y arriver, il commettrait des
infractions s’il le faut. On dit qu’il est frappé « d’anomisme ».

C’est la raison pour laquelle, la doctrine a tenté une définition de la criminalité d’affaires en
invoquant deux critères : l’ignorance et une réprobation mitigée.

Le critère de l’ignorance renvoie aux cercles fermés ou restreints dans lesquels se commettent
ces infractions. Ainsi on parle de chiffres noirs de la criminalité d’affaires qui seraient en
excroissance par rapport aux infractions réellement sanctionnées.

S’agissant du deuxième critère qu’est celui de la réprobation mitigée, l’idée est que cette
criminalité suscite une réprobation moindre, c’est-à-dire qu’il y a moins d’intérêt du public
car leur configuration est technique et l’on n’y comprend rien alors que la criminalité
ordinaire suscite une réprobation forte et marquée.

Etat de la question. Il appert d’une certaine lecture judiciaire au Sénégal, sur ces quinze
dernières années et ce relativement à l’affaire dite des chantiers de Thiès 1 et des rapports de la
Cour des Comptes sur la bonne gouvernance des deniers publics, que les juges de ces dossiers
ont demandé et obtenu l’incarcération d’un ancien premier ministre et d’un de ses ex
ministres. Ce positionnement de la justice n’est pas singulier d’une certaine médiatisation de
ces dossiers politico-financiers. Tel est aussi le questionnement sur l’affaire de l’ANOCI 2, de

1
Aide Transparence, Commission indépendante d’Investigation: Chantiers de Thies, les Faits, sous la
direction de Jacques Habib Sy, mars 2006: “Aux dires d’auteurs, cet ouvrage montre très clairement que
l’appareil idéologique d’Etat a merveilleusement fonctionné en mettant l’opinion sur de fausses pistes et en
plaçant un halo de mystère autour des ponctions colossales exercées sur les revenus publics au profit d’activités
politiques partisanes et le maintien de l’hégémonisme du Parti-Etat et de l’Etat- personne sur le pouvoir
étatique, la nation et l’ensemble du processus démocratique du Sénégal”.
2
Abdou Latif Coulibaly: Contes et Mécomptes de L’Anoci, Ed Sentinelles, 2009. Cet ouvrage révélerait «le
scandale du siècle», aux dires du directeur de publication des éditions l’Harmattan, le livre revenant sur la face
cachée d’un dossier qui incrimine au plus haut niveau l’ancien président de la république et K. Wade bénéficiant
d’une. Il revient sur «les pratiques peu orthodoxes de K. Wade auprès des partenaires arabes qui ont exigé plus
de garantie officielle. Ces exigences l’ont mis plusieurs fois en difficulté avec les souverainetés du ministre
d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de celles du ministre de l’Economie et des Finances». Marchés de gré
à gré: L’auteur revient sur «les conditions d’attribution des marchés, l’entente illicite passée entre les
entrepreneurs du Btp, les raisons de la liquidation de l’entrepreneur Bara Tall et les différences d’appréciation
entre le ministre de l’Economie et des Finances et Karim Wade sur la gestion des fonds alloués au Sommet».
3 chantiers terminés sur 9 prévus: Les dépassements budgétaires n’ont pas été oubliés, de même que le fait
que «seuls 3 chantiers sur les 9 prévus sont réalisés dans des conditions approximatives». Il s’agit «du projet
d’élargissement et d’aménagement de la corniche Ouest, du Bloc des Madeleines à la Place Bienvenue à Dakar y
compris la construction d’un Tunnel à Soumbédioune et 3 trémies à Stèle Mermoz, Léo Frobénuius, place du
Millénaire. Il y a aussi la construction de la route place Bienvenue-Mosquée de la divinité-Pharmacie des
Mamelles, y compris des ouvrages d’art et 5 giratoire. Et enfin la réhabilitation et l’extension de la Vdn y
compris la construction de 3 intersections dénivelées aux carrefours». Dépenses et chiffres en main : «L’auteur
ne manque pas de passer en revue, chiffres en main, tous les chantiers fictifs ou réels engagés par l’Anoci et
dresse un bilan dont les résultats sont comparables à un crime financier et économique de grande envergure qui
affecta le Sénégal pour longtemps», Pour le commentateur, l’ancien Président Wade aurait également signé un
décret de virement de crédits en 2007 qui a permis au mis en cause de dépenser sans compter les deniers publics,
creusant ainsi l’endettement du pays à un niveau inédit».
3
la LONASE3, de l’affaire SEGURA4 ou encore des inculpations et emprisonnements
intervenus du fait des certains audits dans la direction des entreprises publiques. Il faut
agréger à ces affaires celles dite des biens mal acquis qui voient certains hommes politiques
de la troisième république poursuivis pour enrichissement illicite.

Il faut dans cette perspective conduire à une observation comparative d’une situation politique
et judiciaire française traduite par la mise en cause d’un ancien président de la république
impliqué à propos du financement du R.P.R5 ou de certaines pratiques dans l'attribution des
marchés publics de la ville de Paris, à l’époque où il était respectivement président de ce parti
politique et maire de la capitale. Sommé de s’expliquer par certains députés aussi bien de
gauche que de droite, il a toujours adopté une défense dont la ligne principale est qu’il n’était
pas informé de ces pratiques douteuses qui mériteraient cependant si la preuve en était
rapportée d’être sanctionnées pénalement. Il a toujours refusé d’être entendu durant sa
fonction présidentielle et maintenu son opposition à ce qu’une loi d’amnistie soit votée. Cet
3
Abdou Latif Coulibaly, Loterie nationale sénégalaise, Chronique d’un pillage organisé, Ed Sentinelles,
2007. Aux dires d’auteur, il s’agit d’un cri de révolte et l’expression d’une indignation forte qui n’est même pas
peut être à la hauteur des faits de corruption graves dans le cadre de la gestion de la Loterie nationale
sénégalaise, depuis le retour à sa tête de son ancien directeur général limogé deux ans auparavant, accusé d’avoir
maquillé les comptes de ladite société et de l’avoir conduit à la ruine.
4
Déclaration du FMI sur l’enquête relative à l’incident intervenu au Sénégal: Communiqué de presse No.
09/369 Le 26 Octobre 2009. A la lumière des récentes allégations relatives à un cadeau offert à un membre du
personnel du FMI par les autorités sénégalaises, le Directeur général a demandé au responsable du Bureau
d’éthique du FMI, de conduire une enquête indépendante sur cette affaire. Le responsable du Bureau d’éthique a
déclaré que, sur la base d’informations fiables qu’il a reçues, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du FMI, il
est arrivé aux conclusions factuelles, résumées ci-dessous. Le responsable du Bureau d’éthique a autorisé le
Département des Relations Extérieures, dans un souci de transparence, à publier ce qui suit :
• Dans la soirée du 25 septembre, Alex Segura avait un vol prévu pour Paris à la fin de son séjour de 3 ans au
Sénégal comme Représentant-résident. Il a été invité à dîner avec le Président Wade du Sénégal avant son
départ. Après le dîner, un cadeau lui a été remis que le Président a décrit comme un cadeau d’adieu. A la suite
du dîner et en route vers l’aéroport, M. Segura a fait un bref arrêt à la résidence officielle du Représentant-
résident pour prendre ses bagages. C’est seulement à la résidence qu’il a découvert que le cadeau consistait en
une forte somme d’argent.
• Pendant qu’il était à la résidence, M. Segura a informé la nouvelle Représentante-résidente qu’il avait reçu une
somme d’argent. Ils se sont accordés sur la nécessité d’en informer le Bureau d’éthique du FMI. Etant donné
que la somme paraissait importante, ils ont décidé que pour des raisons de sécurité, l’argent ne devait pas rester
dans la résidence. Ayant peur de rater son vol et craignant qu’il n’y ait pas d’endroit sûr où laisser l’argent au
Sénégal, M. Segura décida de monter à bord de l’avion avec l’argent. M. Segura est parti pour Barcelone, sa
destination finale, en transitant par Paris. Contrairement aux informations publiées par la presse. Il n’a pas été
arrêté ou détenu, ni par les autorités françaises ni par les autorités espagnoles. A son arrivée à sa destination à
Barcelone, le 26 septembre, M. Segura a compté l’argent, et a déterminé que le montant était de 100.000 euros
et de 50.000 dollars américains. M. Segura a appelé le siège du FMI ce même jour pour rendre compte de
l’incident. Des discussions ont immédiatement commencé sur la manière de rendre l’argent, conformément aux
règles du FMI. Le FMI a par la suite placé l’argent sous la garde d’une société spécialisée dans la sécurité à
Barcelone en attendant que des dispositions puissent être prises pour le rendre. Au moment de remettre l’argent
à la société de sécurité, le montant a été vérifié de manière indépendante et sécurisé. Il a été décidé que la
solution la plus adaptée serait que les autorités sénégalaises récupèrent l’argent à Barcelone. Le Secrétariat du
Président du Sénégal a été contacté pour faciliter le transfert. Le 6 octobre, l’Ambassadeur du Sénégal en
Espagne est arrivé à Barcelone pour récupérer l’argent, qui lui a été remis, après les vérifications appropriées
par la société de sécurité. M. Segura est par la suite retourné à Washington.
Le Président du Sénégal a confirmé au FMI avoir organisé la remise d’un cadeau en argent à M. Segura. Le
Président a expliqué que l’argent avait été remis en guise de traditionnel cadeau d’adieu à M. Segura en
reconnaissance de sa contribution au Sénégal, et n’était destiné en aucune manière à influencer ni M. Segura qui
quittait définitivement le pays, ni le FMI. Il a reconnu que le montant du cadeau était une erreur. www.fmi.org.
5
Ce Parti politique a subi une mue politique dénominative « Les Républicains » dirigé aujourd’hui par un
ancien président de la république en la personne de Nicolas Sarkosy impliqué aussi judiciairement au
financement politique de ses campagnes électorales dans l’affaire dite Bigmalion.
4
ancien président a fini par être poursuivi devant une juridiction pénale pour détournements de
fonds publics et abus de confiance6.

Dans cette perspective, une certaine position et déclaration prise aussi par l’ancien président
du Sénégal A. Wade témoignent, d’une certaine convergence dans l’affaire dite des chantiers
de Thiès7 dans la mesure où l’ancien premier ministre poursuivi et incarcéré avait demandé
aux juges d’entendre aussi bien le président de la république en exercice que son premier
ministre. Dans ces affaires, il n’y a pas que la question de la justice sur le premier magistrat
sénégalais ou français ou de leur premier ministre ou ministre; à notre entendement en effet
encore plus préoccupante est celle qui divise la classe politique sur l’existence ou non d’une
crise morale et politique dans ces pays.

2. Etat de droit et rapports avec les milieux d’affaires et le financement politique. Les
relations entre l’ordre politique et les diverses structures des milieux d’affaires ont été
considérablement redéfinies par les changements politiques positifs apportés par les différents
processus de démocratisation. Cependant, l’identité étatique n’a pas été véritablement
dénaturée dans ses fondements. Les facteurs de définition et de « patrimonialisation » des
ressources demeurent toujours sous le contrôle et le partage des intérêts réciproques de l’Etat
et du milieu économique. Une lecture attentive des systèmes politiques africains permet de
constater l’existence d’un mode de gouvernement centré sur un « chef » parasité dans l’Etat.
On peut relever dans ce sens le constat que les « bénéfices » de l’Etat ont contribué à la
création, ainsi qu’à leur multiplication d’hommes d’affaires 8 dérivant directement de la sphère
politique et spécialisés dans « l'’accaparement » des dites ressources.9

6
L'affaire, qui remonte au début des années 1990, quand M. Chirac était maire de la capitale, comporte deux
volets : l'un, instruit à Paris, porte sur vingt et un emplois et l'autre, instruit à Nanterre, sur sept postes. Ce dernier
dossier avait valu à Alain Juppé une condamnation en 2004, en tant qu'ancien adjoint de Jacques Chirac. Les
emplois en cause ont été rémunérés par la mairie de Paris de 1990 à 1995. L'accusation reprochait à Jacques
Chirac d'avoir mis les deniers municipaux au service de ses ambitions électorales et des intérêts de son parti, les
emplois litigieux devant servir à élargir sa sphère d'influence. A l'époque maire de Paris, président du RPR
ancêtre de l'UMP, aujourd’hui Les Républicains, Jacques Chirac préparait la présidentielle de 1995, qu'il
allait remporter après deux échecs successifs.
Jacques Chirac a été condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, jeudi 15
décembre, pour une affaire d'emplois de complaisance à la ville de Paris qui remonte au début des années 1990,
quand il était maire de la capitale. Protégé pendant son séjour à l'Elysée par une généreuse immunité de
fonction, Jacques Chirac, 79 ans, a donc été jugé plus de quinze ans après les faits. Il est le premier ancien
président de la République condamné en correctionnelle. En fin de journée, l'ancien président de la République a
fait savoir qu'il "ne fera pas appel" bien qu'"il conteste catégoriquement le jugement". L'ancien chef de l'Etat a
été déclaré coupable dans les deux volets de l'affaire pour "détournement de fonds publics", "abus de
confiance" et "prise illégale d'intérêt", pour une vingtaine d'emplois litigieux, sur les vingt-huit examinés par la
cour. A l'audience, le parquet avait requis la relaxe de l'ancien président et de ses neuf Co prévenus. Cette
sentence est donc un désaveu complet du ministère public. Http://www.lemonde.fr.
7
Dans ce sens, les révélations du site « afriqueconfidentiel.com » faisant état de l’origine du conflit opposant
l’ancien président et son premier ministre. Ce différent a abouti aux dires de la presse à un pacte de non-
agression dénommé : « le protocole de Reubeuss ».
8
A titre comparatif et à juste titre non-définition du droit des affaires en droit ohada. Dans le cadre de ce traité
uniformisant, le droit des affaires n'a pas été défini. Cependant, l’analyse des actes uniformes pose le constat
d’un droit convergent articulé autour de diverses disciplines dont le droit commercial, le droit des sûretés, le
droit des sociétés, les procédures collectives, le droit de la vente, le droit des transports, le droit du travail, le
droit comptable et les voies d'exécution. Il s’agit d’un droit des affaires africain fondamentalement économique.
Ainsi, peut-il être défini comme organisant les rapports contractuels dans le champs économique « pluriforme »
et corrélativement assurant la mise en place de mécanisme de sanction aux atteintes portées dans l'exécution des
normes unifiées. Ce droit novateur est largement ouvert à la vie de tous les jours des justiciables.
9
J F Medard ; le big man en Afrique A.S 1992 V 42 P 167.
5
Il s’agit ainsi de relations complexes dont la lecture est difficile, et dont le fondement peut
trouver un refuge en invoquant des critères d’appréciation critiquables telles, l’origine
régionale, ethnique, religieuse ou enfin l’appartenance politique, opérant ainsi une division et
une opposition, lit d’une véritable instabilité sociale et économique. C’est donc une lutte
farouche dans la recherche du pouvoir, la constitution de solidarités et de groupes d’influence
à l’égard du pouvoir politique. Celui-ci est courtisé et appuyé, dès lors qu’il permet ou facilite
l’octroi de privilèges dérivant des marchés public de l’Etat10.

Dans cette occurrence, non seulement les dirigeants d’entités économiques à structure
commerciales, publiques ou privés mais aussi de dirigeants sénégalais dans des fonctions
internationales11 se sont retrouvés contraints de financer la vie politique 12. Le soutien à un
parti politique s’insère autant dans une logique militante que dans une stratégie de placement
commercial. Cependant, Cette affirmation doit être tempérée. En effet, il est admis que les
10
Cette situation fait référence anciennement au système d’attribution des marchés publics par décret
présidentiel. Ainsi donc, une sélection est opérée par le pouvoir en place. Ce système à l’évidence faussait la
concurrence et influençait les opérateurs économiques, qui devenaient de ce fait une clientèle électorale du parti
socialiste. Avec le nouveau code des marchés publics, ce système a été assaini.
11
Affaire Lamine Diack: Il résulte du rapport de l’agence mondiale antidopage: “Que la corruption était partie
intégrante de la fédération internationale d’athlétisme dont les dirigeants ne pouvaient ignorer l’ampleur du
dopage. Il y est indiqué que l’ancien président L. Diack était responsable de l’organisation d’une conspiration et
d’une corruption et qu’il avait créé autour de lui, un cercle proche qui a fonctionné “comme une structure de
gouvernance illégitime”, et qu’il était personnellement au courant de la fraude et de l’extorsion d’argent effectué
auprès de certains athlètes russes pour dissimuler des cas de dopage. Ce rapport poursuit sur le rôle joué par les
deux fils de l’ex président “le Conseil de l’IAAF ne pouvait pas ne pas être au courant du niveau de népotisme
au sein de l’IAAF. Il convient de noter que c’est à la suite d’une information judiciaire ouverte en France pour
faits de fraude, blanchiment d’argent et corruption contre l’ancien président de l’IAAF où ce dernier a déclaré
“qu’il a eu grâce à ce système à financer “les partis politiques de l’opposition au Sénégal pour combattre et
vaincre le régime de A.Wade.
12
Déjà la presse politique de l’opposition à l’époque s’indignait de l’attitude partisane de certaines entreprises
avant les élections présidentielles de janvier 2000. En témoigne cet article du parti AJ/MDS communiqué au
quotidien « L’Aurore » paru le 15 juin 1999 dont le titre provocateur explique la situation inconfortable dans
laquelle se situent les chefs d’entreprises. « Sociétés à irresponsabilité illimitée» : SCAP, COSEC, CICES,
LONACE (loterie nationale sénégalaise), ICS, LA POSTE, SAED, SENECARTOURS, PAD, SN. HLM,
SONACOS, SONES (sociétés des eaux), PETROSEN, AXA Assurances, SAR, Banque Sénégalo-Tunisienne,
CASINO, SENELEC (électricité du Sénégal), TRANSSENE, STIA, ASECNA Activités Nationales, NSTS,
AEZKI.
Voilà la liste des 24 sociétés publiques ou privées dont les sigles ont été apposés sur une brochure du «
mouvement citoyen d’action civique et sociale pour la réélection du candidat actuel président de la république
ABDOU DIOUF et la promotion de Saint-Louis du Sénégal » (initiatives An 2000 Falaat Abdu). Ont-elles été
contraintes ou ont-elles des dirigeants nommés pour donner des coups de pouce opportuns? Il est temps de dire,
alors, ça suffit! Trop c’est trop et nous commençons à nous lasser de ces cirques préélectoraux. S’il est vrai que
chacun peut soutenir qui il veut et comme il le veut, nous trouvons indécent l’utilisation des principales
entreprises de la place à des fins de politiques partisanes. Il est temps que l’opposition sénégalaise, les syndicats
et la société civile dépassent le cadre des dénonciations verbales pour: -Attaquer en justice les dirigeants des
sociétés nationales sus indiquées, -Manifester haut et fort leurs désaccords dans la rue, -Organiser des campagnes
systématiques de dénonciation et de boycott des sociétés privées qui jouent à ce jeu partisan. -Rappeler que les
sociétés sont des personnes morales dont les ressources ne tombent pas du ciel. Mais sont, compte non tenu des
bailleurs, le fruit du labeur des citoyens actionnaires (sociétés nationales) et des travailleurs (quel que soit le type
de sociétés). -Exiger que les sociétés soient gérées dans le respect le plus scrupuleux des principes statutaires
mais surtout conformément à leurs objets sociaux. C’est une question de principe. C’est aussi une question
politique car, il y va de la crédibilité de l’Opposition. En effet, comment pouvons-nous convaincre les électeurs
de notre capacité à lutter victorieusement contre les fraudes électorales si ceux d’en face trichent. Www.
seneweb.fr.
6
formations politiques favorisent naturellement les entrepreneurs qui ont contribué à leur
succès. Cependant, la répartition des marchés ne saurait avoir pour seul fondement la prise en
considération des amitiés politiques, sous peine d’un affaiblissement à la fois de l’équilibre
économique mais aussi social de la nation. C’est la raison pour laquelle, d’autres formules de
concessions des faveurs existent en dehors des circuits clientélistes, où tous les concernés sont
invités sans distinction d’appartenance politique. Par ce biais, ils peuvent plus ou moins se
rapprocher du parti dominant ou défendre leurs intérêts. Au Sénégal, il ne s’agit plus d’un
particularisme, mais d’une méthode de gouvernement. Il existe donc une pratique de
« l’illicéité » prenant appui principalement sur le favoritisme et la corruption attributive de
concessions ou de marchés publics nécessitant le versement d’une commission occulte
répartie aux différents niveaux de pouvoir intéressés à la convention permettant ainsi de servir
les intérêts politiques des différentes alliances.

L’ofnac : un nouveau gendarme de la bonne gouvernance publique. La loi du 28


décembre 2012 a créé l’office national de lutte contre la fraude et la corruption. Il s’agit d’une
autorité administrative indépendante. Ces autorités administratives présentent l'avantage ou
l'ambiguïté d'une certaine hybridité dans leur nature en ce qu'elles peuvent être appréhendées
à la fois en qualité d'experts au service du juge ou de "juges experts" eux-mêmes. Et dans la
mesure où ces autorités administratives indépendantes appliquent le droit en vigueur,
sanctionnent certains comportements non conformes et arbitrent entre différents intérêts
sociaux, les fonctions qu'elles exercent sont proches de celles des magistrats traditionnels.
Pourtant, elles ne sont pas considérées comme des juridictions en droit interne13.

A titre comparatif en droit français, le problème avait été soulevé notamment à propos du
Conseil de la Concurrence14. L'idée avait été exprimée au Parlement que le Conseil exercerait
"une fonction contentieuse" et serait en fait une quasi-juridiction 15, voire un authentique
13
La détermination du caractère juridictionnel est délicate ; elle fait l'objet depuis le XIXe siècle de nombreuses
controverses doctrinales qui se poursuivent (V. surtout R. Chapus, Qu'est-ce qu'une juridiction, La réponse de la
jurisprudence administrative, Mélanges Eisenmann, 1975, p. 265 s. – V. plus récemment O. Gohin, Qu'est-ce
qu'une juridiction pour le juge français : Rev. dr., 1989, n° 9, p. 101 s. – P. Klaousen, Réflexions sur la définition
de la notion de juridiction dans la jurisprudence du Conseil d'État : Petites affiches 30 juill. 1993, p. 22 s.
14
La Commission ne s'était elle-même définie que comme « un organisme consultatif de type administratif »
(Comm. conc, avis, 2 avr. 1981, Pratiques relevées sur le marché du rechapage des pneumatiques, Rapp. Comm.
conc. Pour 1981, p. 54, Recueil Lamy, no 178), reconnaissant cependant qu'elle « remplissait une mission quasi
juridictionnelle d'intérêt public » (Rapp. Comm. conc. pour 1984, p. 23). Son analyse avait été, au terme de son
existence, consacrée par le législateur qui l'avait qualifiée d'« autorité administrative indépendante » (L. no 85-
1408, 30 déc. 1985, art. 6, modifiant L. no 77-806, 19 juill. 1977, art. 2). C'est cette dernière qualification qui
avait été reprise par le projet d'ordonnance, dans l'une de ses premières rédactions, pour définir le Conseil de la
concurrence destiné à succéder à cette Commission. Or aucun des articles du titre II de l'ordonnance no 86-1213
du 1er décembre 1986 consacrés à ce Conseil n'utilise cette expression, ni ne définit d'ailleurs le nouvel
organisme institué. Aussi, la nature juridique de celui-ci a-t-elle suscité, du fait de ce silence légal, de nouvelles
discussions.
15
Rapport Lamassoure, AN n° 573, Annexe 18 Décembre 1986. Pour d'autres, au contraire, le Conseil de la
concurrence, qui dispose de pouvoirs propres de sanction et d'injonction, et au sein duquel la procédure suivie a
un caractère contradictoire, se rapproche davantage d'un organe de type juridictionnel que d'une autorité
administrative (cf. Rapp. Sénat no 137, 19 déc. 1986, Thyraud J.; De Mello X., L'ordonnance (modifiée) sur la
concurrence et la Constitution, Gaz. Pal. 1987, 1, doct, p. 27; D'Ornano M., JOAN CR 19 déc. 1986, p. 7816;
Drago R., Le Conseil de la concurrence, JCP éd. E 1987, II, no 14987, no 7, in fine). Certains auteurs vont
jusqu'à affirmer que ce Conseil, à la différence des institutions qui l'ont précédé, exerce « une véritable
magistrature économique » et qu'il « constitue au plein sens du terme une juridiction » (Decocq A. et
Pédamon M., L'ordonnance du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence, J.-Cl. Conc.
consom., no spéc. 1987, no 13; Martin R., La fonction juridictionnelle du Conseil de la concurrence, JCP éd. G
1990, I, no 3469; c'est aussi le point de vue du Conseil économique et social qui y voit une « véritable
juridiction... », JOCES 15 févr. 1989, no 3, p. 97). Aussi bien, s'il n'est pas une juridiction, ainsi que le prétend le
7
"organisme de caractère juridictionnel16. Une partie de la doctrine avait abondé dans ce sens
en soulignant "l'inanité de la notion" et avait affirmé que le Conseil, eu égard à sa mission
(dire le droit et régler les litiges), à son statut d'indépendance et aux règles procédurales
observées, répondait à tous les critères permettant d'apprécier une juridiction 17. Cette thèse
n'avait pas reçu l'approbation du Conseil Constitutionnel qui avait qualifié expressément le
Conseil de la concurrence "d'organisme administratif", de nature"non juridictionnelle" 18. Et la
jurisprudence du Conseil d'État non plus n'explicite guère les critères sur lesquels elle se
fonde. Et la difficulté est accrue par le fait que le juge se laisse guider par des considérations
d'opportunité, se déterminant en fonction des conséquences qu'entraîne la qualification
juridictionnelle pour les parties du litige, les tiers ou le juge lui-même19.

Il reste, qu'au-delà de ces interrogations, le juge appelé à se déterminer sur la nature


juridictionnelle ou non d'un organe en l'absence de volonté claire du législateur se fonde sur
des critères matériels. Aussi la doctrine s'accorde sur ce point, la divergence portant sur le
contenu des critères matériels et sur la question de savoir si ces critères sont exclusifs ou non
d'autres. Le juge s'attache en effet à la mission confiée à l'organisme et à l'acte pris; il examine
si l'acte en cause est administratif ou juridictionnel, en fonction de son objet, de ses
caractéristiques intrinsèques, indépendamment de son auteur ou de ses formes20.

Des missions et compétences de l’Ofnac. Cette nouvelle autorité quasi juridictionnelle


bénéficie d’une double mission à savoir d’une part la prévention et la lutte contre la fraude, la
corruption, les pratiques assimilées et les infractions connexes d’autre part. Elles visent à
promouvoir l’intégrité et la probité dans la gestion des affaires publiques et privées, de même
qu’à la réception et du contrôle des déclarations de patrimoine des personnes assujetties 21. A

Conseil constitutionnel, « rien ne l'empêchera de se “juridictionnaliser" » progressivement ». Car force est bien
de constater que « cette « juridictionnalisation » est dans la nature des choses » (Decocq A. et Pédamon M.,
précité, no 13, p. 5, in fine ; Decocq A., Nouveau droit de la concurrence : un changement de cap souvent passé
inaperçu, Cah. dr. entreprise 1988, no 5, p. 27 et s., spéc. p. 29, s'il n'est une juridiction..., « il devrait en devenir
une » ; Gavalda Ch. et Lucas de Leyssac Cl., Commentaire de l'ordonnance du 1er décembre 1986 relative à la
liberté des prix et de la concurrence, ALD 1988, comm. lég., p. 47, qui souhaitent cette évolution jusqu'à « la
reconnaissance d'une véritable indépendance institutionnelle » ; Henaff G., Questions sur la nature juridique du
Conseil de la concurrence, Petites affiches 3 juin 1988, p. 25.
16
Rapport THyraud, Sénat, n°137, annexe 19 décembre 1986.
17
Danet, "Le Conseil de la concurrence, juridiction incomplète ou juridiction innommée", RID éco. 1991, N°1, p
3 et s.
18
Cons. Const., 23 janvier 1987, AJDA 1987, p 347, note Chevallier.
19
V. dans ce sens, G. Peiser, note sur CE, 6 févr. 1981, Mlle Rose Balzano : AJDA 1981, p. 267.
20
Voir dans ce sens l'arrêt de principe du 12 décembre 1953, de Bayo (Rec. CE, p. 544, concl. Chardeau) où le
Conseil d'État a jugé que les décisions prises par une instance ordinale en matière d'inscription au tableau des
médecins n'ont pas « eu égard à la nature de cette matière et quelles que soient les formes dans lesquelles elles
interviennent le caractère de décisions rendues par une juridiction » ; cette solution est confirmée par la
jurisprudence postérieure qui reprend les mêmes termes ou emploie des formules comparables se référant par
exemple à « la nature des pouvoirs » attribués à l'organisme (CE, ass., 12 juill. 1969, l'Étang : Rec. CE, p. 288)
ou à « l'objet de l'instance » (CE, 25 janv. 1961, Gendre: Rec. CE, p. 51) ou encore à la « mission confiée à
l'organisme » (CE, 16 déc. 1955, Épx Deltel: D. 1956, p. 45, concl. P. Laurent.
21
En date du 19 Juin 1981, un amendement des Députés du PDS à l’article 163 bis du code pénal objet du
projet de loi n°27/81 relatif à la répression de l’enrichissement illicite dans son exposé des motifs indique
que les députés de ce Parti approuvent cette loi « puisque telle a toujours été la volonté du PDS lorsqu’en
application de son option pour la transparence de l’homme politique et du haut fonctionnaire, il a été inséré
dans ses statuts déposés en 1974 une clause de déclaration de fortune à des candidats à des postes électifs et à
des responsabilités gouvernementales ». Les députés du PDS estimant cependant que le véritable enjeu est
escamoté par le Gouvernement qui, obligé de prendre une initiative sous la pression populaire, tente de faire le
minimum de concession ».

8
ce titre l’ofnac jouit d’un pouvoir d’auto-saisine et de saisine directe du procureur de la
république. Cette autorité nouvelle est un acteur qui est de ce fait confrontée à des réalités
économiques dont les trajectoires infractionnelles sont certaines, ce qui entraine que sa
décision va impliquer la nécessité d’une acceptation du procès économique.
Traditionnellement les interrogations posées par le procès économique demeurent réellement
d'un accès difficile pour le juge qui n'a pas reçu toute la formation scientifique et technique
adéquate pour trouver une solution au litige. Il faut à cet effet convenir d'un constat général
que ce procès induit de facto un apport extérieur spécialisé appelé par le juge, ou conduit par
ce même juge en tant qu'expert.

Concernant les autorités administratives indépendantes dont le caractère expertal est plus que
marqué22, il faut prendre en considération leur utilité et leur présence plus que bénéfique dans
la recherche de solution au litige économique d’ordre pénal dans la mesure de leur
compétence d'attribution. Cette compétence spécialisée permet dans certaines limites
procédurales d'effectuer un travail rapide et efficient, du fait de leurs larges prérogatives
d'investigation et d'injonction dans leur mission "d'expert juge".

Rapprochement de l’OFNAC à la Haute Autorité pour la transparence de la vie


publique. Il s’agit d’une nouvelle une autorité administrative indépendante chargée en
France d’une mission de service public de promouvoir la probité des responsables publics et
prévenir les conflits d’intérêts. Elle est l’aboutissement d’un mouvement de renforcement
progressif des exigences de transparence qui incombent aux responsables publics 23. En vertu
22
Frison-Roche, " Vers le droit processuel économique", Justice et Economie, Revue générale de droit
processuel, Dalloz n°1 janvier-juin 1995, 99 et s.
23
Jusqu’en 1988, la lutte contre les atteintes à la probité publique reposait essentiellement sur la répression
pénale de délits tels que la concussion, la corruption, la prise illégale d’intérêts ou le favoritisme. Ces
mécanismes répressifs, bien que dissuasifs, n’étaient que appliqués. Les lois relatives à la transparence financière
du 11 mars 1988 ont marqué une première étape vers la mise en place du dispositif actuel. Elles imposent aux
membres du Gouvernement et aux principaux élus locaux la transmission d’une déclaration de situation
patrimoniale à la Commission pour la transparence financière de la vie politique nouvellement créée. La
Commission a pour mission d’apprécier l’évolution du patrimoine des intéressés au cours de l’exercice d’un
mandat ou d’une fonction, et le cas échéant, de détecter les enrichissements anormaux. En 1995, les obligations
de déclaration de situation patrimoniale sont étendues aux dirigeants des principales entreprises publiques et aux
parlementaires, qui déposaient auparavant leurs déclarations auprès du Bureau de leur assemblée. De surcroît, le
régime des incompatibilités parlementaires est renforcé, puisqu’est introduit dans le code électoral l’interdiction
pour un député ou un sénateur de débuter une activité de conseil qu’il n’exerçait pas avant le début de son
mandat (L.O. 146-1).
En avril 2011, le législateur octroie des prérogatives nouvelles à la Commission en lui donnant la possibilité de
demander la transmission des déclarations faites au titre de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur la fortune. En
outre, des sanctions pénales en cas de déclaration mensongère ou incomplète sont édictées. Malgré ces avancées,
les mécanismes de lutte contre les atteintes à la probité publique demeurent limités, en ce qu’ils n’interviennent
qu’a posteriori. Par ailleurs, la notion de conflit d’intérêts est absente du droit, les contrôles étant uniquement
concentrés sur l’analyse du patrimoine. C’est dans ce cadre que la Commission de réflexion pour la prévention
des conflits d’intérêts dans la vie publique, présidée par Jean-Marc Sauvé, préconise, dans son rapport rendu en
janvier 2011, « l’élaboration d’une politique de prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique ». Elle
suggère notamment d’« identifier et traiter les conflits d’intérêts par la mise en place de mécanismes préventifs
pour les fonctions qui le requièrent ». Dans le même sens, la Commission de rénovation et de déontologie de la
vie publique, présidée par Lionel Jospin, réaffirme, dans son rapport rendu public le 9 novembre 2012, le
principe selon lequel « la prévention des conflits d’intérêts constitue un enjeu essentiel pour conforter la
confiance des citoyens dans les institutions». La Commission propose, pour ce faire, le dépôt d’une déclaration
d’intérêts et d’activités qui « devrait être rendue publique », estimant que « la transparence peut en effet
contribuer à la prévention des conflits d’intérêts». Ces deux rapports préconisent notamment d’introduire dans le
droit français une définition précise des conflits d’intérêts, préalable au développement de mécanismes
préventifs, et non plus simplement répressifs, de lutte contre les conflits d’intérêts. Ils proposent également la
création d’une autorité déontologique indépendante aux pouvoirs et aux moyens rénovés.
9
de ce statut, la Haute Autorité ne saurait être soumise au pouvoir exécutif dans l’exercice des
missions que la loi lui a confiées.

Les lois du 11 octobre 2013 relatives à la transparence de la vie publique reprennent l’essentiel des propositions
de ces deux rapports. Elles créent la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique qui, tout en
conservant les prérogatives de l’ancienne Commission qu’elle remplace, voit ses pouvoirs renforcés. Dans
un rapport publié le 12 mars 2015, le Conseil de l’Europe s’est félicité de l’action de la Haute Autorité pour la
transparence de la vie publique, jugeant le dispositif « opérationnel » et relevant « un progrès tangible » dans la
lutte contre les atteintes à la probité publique.
10
Première partie
De quelques infractions du droit pénal
économique.
Le droit des affaires est devenu quelque peu envahissant et certaines doctrines théorisent
même une inflation de ce droit et c’est la raison pour laquelle beaucoup de critiques ont été
émises dont les plus importants demeurent les idées de décriminalisation ou de
déjudiciarisation pour en définitive trouver d’autres moyens plus efficaces de lutte contre la
délinquance économique. D’autres auteurs, dans cette veine, proposent de recentrer les
infractions principales afin de leur donner plus de pertinence et plus d’efficacité. Cette thèse
n’est pas nouvelle, elle renvoie aussi à la thèse selon laquelle il faut préférer des modes
alternatifs de règlement de conflits autres que le juge pénal. Cette approche semble susciter
quelques interrogations au Sénégal s’agissant d’une incrimination particulière que constitue
l’enrichissement illicite. Il serait donc question en la matière de proposer la médiation pénale.
En définitive, les infractions qui seront étudiées dans cette partie concernent d’une part une
incrimination phare qu’est l’abus de biens sociaux, d’autre part l’enrichissement illicite qui est
une infraction corrélée à la corruption et enfin les incriminations de concussion, de
favoritisme voire de détournement de deniers publics.

Chapitre 1 : L’abus de biens sociaux


Il faut partir d’un constat aujourd’hui généralisé et qui souligne que l’Afrique connait un fort
taux de croissance. C’est ce qui permet d’expliquer le dynamisme entrepreneurial qu’il soit
structuré ou non. On constate aussi aux dires de la doctrine qu’il y’a beaucoup plus
d’entreprises en Afrique qui meurent que d’entreprises qui vivent. Il se pose donc certaines
questions d’ordre préventif sur les risques de l’entreprise. Cependant, celui qui nous intéresse
est ici un risque pénal et la jurisprudence démontre que dans 80% des cas ce risque est
analysé à travers l’abus de biens sociaux.

Ce délit est susceptible d’éviter à l’entreprise d’aller vers des procédures collectives mais
c’est aussi un instrument permettant au juge pénal de s’immiscer dans la gestion de
l’entreprise. Cette incrimination est au service de la personne morale mais aussi des associés
et des actionnaires. Cette thèse est plus ou moins remise en cause. Une partie de la doctrine
considère que l’incrimination protège non seulement les premiers mais va au-delà en prenant
en considération certaines personnes qui graviteraient autour de l’entreprise. Cette thèse de la
RSE n’est pas très heureuse vue l’application qui est en faite par le juge pénal car dans bien
des hypothèses on leur (ces personnes) refuse la possibilité de déclencher les poursuites au
niveau pénal.

En définitive c’est donc toute la question de l’intérêt social qui est posée, des thèses
socialistes, institutionnalistes et enfin d’une thèse mixte.

11
Le siège de l’incrimination de l’abus de biens sociaux se trouve à l’article 891 de
l’AUSCGIE, cet article remplace les articles 15.01 et 15.11 du COCC. Aux termes de cet
article, « encourt une sanction pénale le gérant de la SARL, les administrateurs, le PDG, le
DG, L’administrateur général, ou l’administrateur général adjoint qui de mauvaise foi, font
des biens ou du crédit de la société un usage qui serait contraire à l’intérêt de celle-ci à des
fins personnelles matérielles ou morales ou pour favoriser une autre personne morale dans
laquelle ils étaient intéressés ». Si l’AU incrimine, le législateur sénégalais a cependant gardé
sa souveraineté pénale et dans une loi du 26 mars 1998, il punit cette infraction d’un
emprisonnement d’un an à 5 ans et d’un amende de 100.000 à 500.000 millions ?, les deux
peines étant obligatoirement prononcées l’une et l’autre. L’interprétation de cet article 891
envisage un agent pénal très large puisque sont visés ceux qui gèrent ou administrent la
société et extension en est faite de l’administration générale adjointe.

Cette interprétation fait ici état de la mauvaise foi c’est-à dire l’élément intentionnel qui est
visé et sa caractérisation va demeurer factuelle.

Quant aux biens et au crédit de la société, la question demeure difficile car si on peut
appréhender le gain, il en est autrement du crédit de la société. C’est ainsi que la
jurisprudence a eu à assimiler l’image de l’entreprise au crédit de la société, et ce, dans la
mesure où le chef d’entreprise avait projeté une mauvaise image de sa société qui affaiblissait
considérablement le crédit de cette entreprise.

S’agissant de l’usage contraire à l’intérêt de celle-ci, la matérialité ne pose pas de problème.


Ce qui n’est pas le cas de l’usage contraire à l’intérêt de l’entreprise dans la mesure où cet
intérêt social est fluctuant, il n’a pas été défini et différentes thèses s’y affrontent. On peut
cependant se référer au doyen Suzie qui, dans sa thèse concernant l’intérêt social le considère
comme étant « la boussole de la société ».

Cette thèse de la doctrine n’est pas celle du juge pénal qui dans bien des as aussi ne
caractérise l’intérêt que d’après les faits de l’espèce.

Enfin, l’interprétation de l’article 891 fait état de des fins personnelles, matérielles ou
morales ou pour favoriser une autre personne morale. Là aussi, les fins personnelles et
matérielles n’offrent pas de difficultés, il en est autrement des fins morales.

La compréhension d’une incrimination nécessite une lecture de la jurisprudence française


mais aussi sénégalaise en la matière.

Concernant la jurisprudence française, trois affaires nous semble d’importance capitale,


d’une part l’affaire Carpaye, d’autre part l’affaire Rosemain et enfin l’affaire Cranianski

Dans l’affaire Carpaye, les dirigeants d’une société avaient proposé certains avantages au
maire d’une commune en espérant que leur candidature concernant le marché de transport
scolaire serait examinée plus favorablement et ainsi avaient procédé à des prélèvements sur
les fonds sociaux. Le TGI de la Réunion retiendra d’abord l’ abus de biens sociaux, c’est la
Cour d’appel qui retiendra par contre d’une part la corruption active mais aussi l’abus de
biens sociaux et une condamnation à dix-huit mois d’emprisonnement et 200 000f d’amende
12
au motif que l’usage des biens d’une société est nécessairement abusif lorsqu’il est fait dans
un but illicite.

Quant à l’affaire Rosemain, M. Rosemain, était gérant de fait de société Berdale


Touristique consistant en une exploitation de l’hôtel et il avait donné des instructions en vue
de constituer une caisse noire qui serait alimentée par une partie des recettes du bar et du
restaurant et lesdites sommes soustraites de la comptabilité d’un montant de un million
200000fr serviront dans la proportion de 25% à rémunérer les employés non déclarés. Dans
cette histoire, ce gérant a été condamné par la Cour d’appel pour abus de biens socials au
motif que le surplus prélevé ne pouvant être justifié quant à son utilisation, a été
nécessairement employé à des fins personnelles. La cour de cassation a confirmé l’arrêt de la
cour d’appel au motif que s’ils n’ont pas été justifiés, s’ils n’ont été utilisés dans le seul intérêt
de la société, les fonds prélevés d’une manière occulte par un dirigeant social, l’ont été
nécessairement dans son intérêt personnel. Cet arrêt a été considéré comme étant un
revirement jurisprudentiel. Même si cette opinion n’est pas unanimement partagée.

Enfin, l’arrêt Cranianski, M. Cranianski qui était le PDG d la société kis France a versé à
M. Button, gendre du ministre du commerce extérieur à deux reprises des factures d’un
montant important et M. Cranianski est poursuivi pour abus de biens socials, il se défend en
arguant que les sommes prélevées ont été versées à M. Button, afin d’obtenir de celui-ci,
gendre du ministre, une intervention susceptible d’éviter le reversement au trésor public d’une
aide à l’exportation d’un montant important et il a été établi enfin que ce ministre a adressé à
ladite société une lettre l’informant qu’il avait décidé de limiter à un montant inférieur, le
remboursement de la subvention. La Cour d’Appel a déclaré M. Cranianski coupable d’abus
de bien sociaux au motif que le versement qui a été fait à M. Button ne correspond à aucune
prestation réelle, qu’il est donc contraire à l’intérêt de la société kis qui s’est appauvri sans
contrepartie. Il était attendu donc la position de la haute juridiction, position qui a surpris tout
le monde puisqu’elle a cassé cet arrêt au motif que la demande de Cranianski fut-elle
constitutive d’une infraction non poursuivie en l’espèce, a pu avoir pour résultat en échange
de ce versement de minorer substantiellement la dette de la société kis envers le trésor public.

Concernant les juridictions sénégalaises en la matière, une affaire, celle de la SNTI


(société nationale de tomate industrielle) est des plus caractéristiques du risque qu’ont fait
courir les dirigeants de la société et qui serait constitutifs d’abus de biens sociaux. Dans cet
affaire, un actionnaire avait porté plainte contre le PCA de la société pour abus de biens
socials, et de faux et usage de faux en écriture du commerce et il est reproché à ce dirigeant
d’avoir fait payer à la société des facturations de biens et services non livrés et non dus à la
société tels par exemple l’achat de 983 pieds d’arbres pour son verger personnel, de matériel
agricole alors que la société qui achetait de la tomate aux paysans mais ne la cultivait pas,
n’avait nullement besoin de ce matériel agricole, l’achat de matériel de cuisine, le paiement
sur fond de la société des frais de déclaration de douane d’une BMW immatriculée au nom de
son épouse et des frais d’entretien du véhicule affecté par la suite à son beau-frère. Il lui est de
même reproché d’avoir effectué à des fins personnelles différents prélèvements d’argent
appartenant à la société, soit par le moyen de bons de caisse dont certains sont signés par son
épouse ou par son chauffeur. Le plus curieux dans cette affaire c’est que le juge d’instruction

13
de Dakar en date du 17fevrier 1987 a rendu une ordonnance de non-lieu en faveur de
l’inculpé. Mais la chambre d’accusation dans son arrêt, a infirmé cette ordonnance estimant
qu’il existait dans cette cause des charges suffisantes contre le prévenu d’avoir commis des
délits d’abus de biens sociaux au motif que l’abus de biens sociaux impliquait un acte de
dissipation, enfin, que la dissipation ou de détournement et se trouve caractérisé suffisamment
dès lors d’une part que l’acte a fait courir un risque à la société et enfin que l’auteur ait agi,
tout en sachant que son acte est contraire à l’intérêt de la société dans l’optique de fins
personnelles pouvant être matérielles mais aussi simplement morales.

Il reste à envisager une jurisprudence rendue sous le joug de l’article 891 de l’AUSC.
Cette décision a été rendue par le Tribunal Régional de Dakar le 09 juillet 2002,
Ministère pub/A. Sall et autres dans l’affaire de la SAPCO où le dirigeant de cette structure
et d’autres personnes étaient poursuivis pour un détournement de la somme d’un million cinq
cents au préjudice de la SAPCO mais aussi d’avoir corrompu un fonctionnaire, d’avoir fait
une prise illégale d’intérêt par l’intermédiaire de son épouse et enfin d’avoir commis un abus
de biens sociaux de la société dont il était le dirigeant. Dans cette affaire, ce dirigeant sera
relaxé du délit d’abus de biens socials au motif que s’il a méconnu des dispositions majeures
d… pour doubler la dépense aidé en cela par ses Co prévenus qui ont été ses complices, que
cependant aucune faute ne peut lui être reproché, n’ayant pas utilisé les biens de la société ni
dans un usage contraire à l’intérêt de celle-ci, ni dans son intérêt personnel.

On peut aussi citer une autre jurisprudence du TGI de Ouagadougou en date du 10


janvier 2002 Ministère public et UAB/YAMEGO. Aux termes de l’article 330-10 du code
CIMA où la juridiction retient le fait pour le DG d’une société d’assurance de régler
indument à des avocats sur les deniers de ladite société leurs frais et honoraires pour défendre
les intérêts d’actionnaires qui ont demandé leurs services et non les intérêts de cette société
sans que de telles actions(en justice) puissent être qualifiées d’actions sociales au sens des art
165 et suivants de l’AUS-GIE et constitue de ce fait un abus de biens socials puni et réprimé
par l’article 330-10 du code CIMA.

14
Chapitre 2 : L’infraction d’enrichissement illicite
Cette incrimination est d’une actualité particulière au Sénégal mais elle fait aussi l’objet de
controverses au Tchad, au Cameroun et au Niger. Cette incrimination est prévue par l’article
163-10 de la loi n°81-53 du 10 juillet 1981. Cette incrimination commence par faire état des
agents pénaux susceptibles d’être attraits devant la juridiction répressive et dans les faits,
presque tout un chacun peut être poursuivi pour enrichissement illicite.

Le problème que cette incrimination soulève est qu’elle ne définit point ce qui constitue un
enrichissement illicite, le législateur sénégalais s’est juste permis de caractériser
l’enrichissement illicite dès l’instant où la personne mise en cause est dans l’impossibilité de
justifier de l’origine licite de ses ressources sans rapport avec ses revenus légaux. Cette
démarche est critiquable car elle introduit dans la matière pénale de la procédure pénale
confondant ainsi les lois de fond et les lois de forme. En cela, cette incrimination ruine
considérablement le principe de précisibilité et de lisibilité de l’élément légal considéré
comme étant la clé de voûte du droit criminel.

Il faut en outre constater que e Sénégal est en porte à faux avec d’une part la convention de
MERIDA qu’il a ratifié le 16 novembre 2005 et qui porte en son article 20 sur
l’enrichissement illicite : « Sous réserves de sa constitution et des principes fondamentaux de
son système juridique, chaque Etat partie envisage d’adopter des mesures législatives et autres
nécessaires pour conférer le caractère d’infraction pénale lorsque l’acte a été commis
intentionnellement à l’enrichissement illicite c’est-à-dire une augmentation substantielle du
patrimoine d’un agent public que celui-ci ne peut raisonnablement justifier par rapport à ses
revenus légitimes ».

Ce renversement de la charge de la preuve ne peut s’expliquer du fait d’une loi spéciale qui
dérogerait par extraordinaire aux principes fondamentaux du système juridique sénégalais. En
effet les lois spéciales ne sont considérées par les pénalistes que comme étant des lois de
circonstance par rapport à un temps déterminé et par rapport à un état déterminé, elles ne
peuvent en conséquence prospérer durablement car susceptibles de ce fait de porter atteinte au
droit commun à qui on a confié la mission de régler les conflits infractionnels tout le temps et
à toute époque.

La non définition de l’enrichissement illicite permet de comprendre par ailleurs que cette
incrimination est dite de renvoi aux incriminations de droit commun telles que les
détournements de deniers publics, les vols, les prises illégales d’intérêt, la corruption,
concussion, abus de biens sociaux, favoritisme etc.

15
De l’enrichissement illicite à la réédition des comptes. La mal gouvernance n’est pas une
pratique exclusivement sénégalaise. Elle traverse les continents et se révèle un phénomène
managérial des plus hautes sphères étatiques aux plus petites entreprises. Si gouverner c’est
prévoir, prendre des risques discutés et discutables, l’objectif recherché en ce qui concerne la
pénalisation des affaires publiques doit être circonscrit en une vision équilibrée de satisfaction
des parties et de protection de l’ordre public économique afin de rétablir un fondement
sécuritaire des principes et des demandes, en définitive la prise en considération de l’intérêt
supérieur.

C’est la raison pour laquelle, la confiance légitime accordée aux gouvernants induit
obligatoirement de rendre compte aux citoyens. Cette réédition des comptes devient un
principe fort de management permettant ainsi une visibilité, une lisibilité et une acceptation de
la décision rendue par les organes de contrôle, conduisant ainsi à une libération apaisée de
celui ou de celle qui doit rendre compte.

On ne peut qu’adhérer à cette perspective, qu’elle soit une demande sociale ou une obligation
intrinsèque de la fonction publique. Elle est donc naturellement incluse dans un mouvement
d’ensemble d’une légitimité élective à la réception d’une confiance non élective dont l’agent
ne peut échapper. C’est en définitive, théoriquement une soumission de l’Etat au droit et au
Peuple, le seul paramètre invariable d’un état de droit et de démocratie détenant le pouvoir de
sanctionner politiquement ou pénalement.

Il nous faut en conséquence, établir cette dualité de la politique au pénal, cette recherche
ineffective d’une cohésion entre les deux, voire cette conflictualité. Nous soutenons en
conséquence que la politique ne doit point instrumentaliser le pénal et que ce dernier ne peut
s’étioler en un gouvernement des juges 24. Il faut donc nécessairement des limites attributives
de la politique et du pénal, sans que l’une ne puisse prendre le pouvoir sur l’autre dans la
finalité de la légitimation d’une cohérence de la défense d’intérêts souvent contradictoires.

De l’opportunité de la médiation pénale en cas enrichissement illicite. Au regard du code


de procédure pénale et de la loi sur la crei 25, la médiation pénale est évoquée26. Il faut aussi
relever l’article 32 issu de la loi du 3 septembre 1999 qui en ses alinéas 3, 4 et 5 dont
24
Babacar Ngom, Comment renforcer l’indépendance de la magistrature au Sénégal, harmattan, 2014.
25
Article 4: Les fonctions de ministère public auprès de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite sont
assurées par un procureur spécial nommé par décret conformément aux règles constitutionnelles et statutaires
parmi les magistrats des Cours et Tribunaux ayant atteint au moins le 2 e groupe du 1er grade. Il exerce ses
fonctions à l’exclusion de tout autre emploi. Sous réserve des dispositions de la présente loi, il a dans les affaires
de sa compétence les mêmes attributions que les procureurs de la République. Le Procureur spécial est assisté
d’un substitut nommé par décret, conformément aux règles constitutionnelles et statutaires parmi les magistrats
des Cours et Tribunaux ayant atteint au moins le 1 er groupe du 2e grade ou parmi les juges de paix de classe
exceptionnelle. Le substitut du Procureur spécial peut cumuler ses fonctions avec celle qui lui sont déjà
dévolues.
26
La médiation pénale semble arranger toute le monde! Son institutionnalisation présente cependant certains
dangers: de devenir la petite sœur obéissante de l’idéologie judiciaire, d’être envahie par les logiques
marchandes, de voir ses pratiques se bureaucratiser inexorablement. La médiation s’inscrit dans une logique où
le pouvoir de l’Etat ne provient plus d’une source unique mais se démultiplie. Dans ce cadre, la médiation, même
institutionnelle, peut et doit conquérir son autonomie: la fonction symbolique de justice reste l’apanage de l’Etat,
mais la fonction instrumentale est assurée par une constellation d’acteurs et de structures qui donnent à la justice
un nouveau sens pratique. Pour cela, les médiations doivent soutenir un autre discours, éviter toute forme de
dépendance, résister aux pressions temporelles des logiques bureaucratiques, développer une éthique qui
maintienne les conditions d’existence d’un conflit de logiques et non de collusion d’intérêts.
www.médiation.org.

16
précisément l’alinéa 3 prévoit que : « Le Procureur de la République peut préalablement à la
décision sur l’action publique et avec l’accord des parties, soumettre l’affaire à la médiation
pénale s’il apparait qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la réparation du dommage
causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de l’infraction et contribuer au
reclassement de l’auteur ».

La médiation pénale traditionnellement rentre dans le dispositif des modes alternatifs de


règlement des litiges tels que l’arbitrage, la conciliation et la transaction. En matière pénale
on peut relever les dispositions de la loi française 27 qui prévoient au-delà de la médiation
pénale stricto sensu, « le plaider coupable » qui se rapproche à s’y méprendre à la formule du
droit criminel anglo-saxon réservée aux infractions criminelles et consistant en un accord
entre le Procureur et la Police d’une part et d’autre part le criminel poursuivi, et enfin
engageant dans la plupart des cas, la juridiction de jugement. En droit français en matière
pénale, l’objectif est d’éviter les enlisements procéduraux en allégeant la charge de travail des
magistrats et en confinant cette médiation à certaines infractions28.

En première lecture s’agissant de l’infraction d’enrichissement illicite, rien ne s’oppose à ce


que le Procureur de la République, s’il le juge opportun d’aller dans ce sens en activant cette
procédure de médiation. Il s’agirait donc d’une opportunité d’efficacité procédurale et de fond
de l’action de la justice qui permettrait ainsi de protéger les intérêts de l’Etat partie civile.
Cette procédure par la même induirait et consacrerait la reconnaissance de culpabilité de
l’auteur de l’infraction29. De revirement en revirement concernant le cas de T. Ndiaye, ce
27
Loi n° 2004-204, 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, JO du 10 mars,
p. 4567. Il faut à ce titre déjà rappeler l’institutionnalisation depuis janvier 1993 des maisons de justice et de
justice de proximité et de la loi du 23 juin 1999 renforçant l’efficacité de la procédure pénale organisant la
procédure de composition pénale en ce qui concerne certains délits, Art 41-2 du C. pr. Pén. Le droit positif
sénégalais ne méconnait point ce glissement vers la médiation institutionnelle dans la création des mêmes
maisons de justice et du droit mais aussi des bureaux d’information du justiciable.
28
A la lecture de l’article 495-7 du C. pr. Pén., dans les poursuites délictuelles engagées contre des prévenus
majeurs, lorsque la peine encourue n’est pas supérieure à cinq années d’emprisonnement, le Procureur de la
République peut proposer au prévenu d’accepter une peine à deux conditions: que le prévenu reconnaisse sa
culpabilité, et que la durée de la durée d’emprisonnement prévue ne soit pas supérieure à un an. La peine ainsi
fixée fait ensuite l’objet d’une ordonnance d’homologation rendue par le président du tribunal correctionnel.
29
.
Médiation Pénale dans l’affaire Tahibou Ndiaye. – La défense verse dans le déballage A la suite des
avocats de l’Etat et du parquet spécial, ce mercredi 1er juillet 2015, c’est au tour de la défense de Tahibou
Ndiaye de plaider. Premier à plaider Me Pape Samba So a fait des déballages sur la médiation pénale « forcée »
à l’ex-directeur général du Cadastre poursuivi pour enrichissement illicite avec son épouse et ses deux filles
adoptives. Selon Me So, l’ex-Dg du Cadastre n’a jamais signé de médiation pénale pour muter une partie de ses
biens à l’Etat. Du moins, il n’a pas jamais signé en toute liberté. A en croire l’avocat, la médiation pénale a été
imposée à leur client. Car, ni le prévenu ni ses avocats n’ont été demandeurs. « Nous n’avons jamais été
demandeurs d’une médiation », affirme l’avocat. Me So parle même de scandale puisque c’est un procès-verbal
préétabli qui a été soumis à leur client à leur insu. Il en veut pour preuve la confusion faite sur son nom puisque
c’est son pseudonyme qui y est mentionné. « Jamais je ne me présenterais sous le nom de Gaby qui est mon
surnom. Si j’y avais assisté mon nom serait écrit autrement », assène Me So Pape Samba So qui ajoute aucun de
ses autres confrères n’étaient présents, contrairement à ce qui a été mentionné dans le PV. « On était dans une
salle et Tahibou était séquestré dans le bureau du Procureur spécial et forcé à signer », révèle l’avocat. A l’en
croire, lorsqu’il a toqué avec Feu Me Moustapha Diop, le Procureur spécial a ouvert la porte avant de la
refermer. « C’est scandaleux. Ce sont des contre-vérités car il n’a jamais été assisté », martèle avec rage l’avocat.
Le plus grave, poursuit-il, l’Agent judiciaire de l’Etat est venu leur confier (aux avocats) que Tahibou l’avait
chargé de leur dire qu’il les remerciait et qu’il n’avait plus besoin de leurs services. Selon l’avocat, lorsqu’ils ont
fait savoir au « mandataire » de Tahibou Ndiaye qu’ils attendaient une confirmation pour partir, leur client n’est
ressorti que 3heures après. Et lorsque Feu Me Moustapha Diop a informé l’ex-Dg, celui-ci a été très outré et leur
a confié qu’il a été contraint de signer le Pv de médiation pénale. « Dans le bureau du Parquet spécial, un patron
d’organe de presse est venu lui dire que son enfant a tenté de se suicider en sautant du balcon », confie Me So
qui trouve « scandaleux qu’on ait interdit à des avocats d’entrer et on laisse entrer un patron d’organe de
17
dernier finit par être condamné par la cour de repression de l’enrichissement illicite à une
peine de cinq années d’emprisonnement et à 3,5 milliards de francs d’amende. Il faut noter un
fait insolite dans cette affaire où le prévenu qui n’a jamais caché de sa connaissance des
dossiers de l’Etat soncernant le patrimoine foncier, est sorti libre de l’audience de jugement
dans la mesure où le juge n’a pas cru nécessaire de décerner un mandat de dépôt à son
encontre.

De cette politique contractuelle d’apaisement et d’absolution, le citoyen sénégalais ne


retiendra que l’exhibition publique d’un chéque d’un milliard de francs provenant d’Abass. J
qui en définitive est loin d’une procédure de l’enrichissement illicite car representant dans les
faits le cumul des arriérés de location30

En seconde lecture, en l’espèce, la plupart des personnes poursuivies de ce chef sont des
hommes politiques. Leur acquiescement à une telle procédure signifierait qu’ils avoueraient
publiquement avoir volé, détourné ou simplement d’être corrompus, et par là même en
conséquence ruineraient de leur chef tout avenir politique. Car comment comprendre que par
la suite, les citoyens sénégalais- électeurs, puissent consentir aux engagements politiques de
ces dits délinquants financiers, en col blanc et voteraient en leur faveur en les portant aux plus
hautes fonctions de l’Etat ?

presse ». Sur sa lancée, la robe noire soutient que « c’est une contre-vérité de dire que Tahibou Ndiaye est
revenu sur la médiation pénale ». Ce dont il s’agit, « les juristes chevronnés qui ont rédigé le document ont
commis des erreurs qui ont fait que certains biens ne pouvaient pas être mutés ». Et de conclure: « ceux qui ont
dit aucun patrimoine ne vaut de comparaître ont raison car Tahibou voulait sauver sa famille. Ce n’est pas parce
qu’il s’accroche à un patrimoine, mais il a refusé le chantage. C’est pourquoi il est là avec sa famille ».
www.lignedirecte.sn.
30
VISION mag N°13/ Février 2016, Traque des biens mal acquis : Une grosse farce.
18
CHAPITRE 3 DES INFRACTIONS CONNEXES A L’ENRICHISSEMENT ILLICITE

L’idée générale qui sous-tend ces incriminations, ce sont les manquements au devoir de
probité des fonctionnaires et des agents publics. Il est essentiel en effet que les fonctionnaires
exercent leurs fonctions publiques dans l’intérêt de la seule collectivité publique et non pas de
leur intérêt personnel. En raison de leur statut, ces personnes ne peuvent utiliser leurs
fonctions publiques pour en tirer un profit personnel.

De l’incrimination de corruption. Le siège de l’incrimination se trouve à l’article 159 du


code pénal sénégalais. Ce qu’on peut retenir comparativement au droit français, en droit
sénégalais c’est la difficulté d’asseoir distinctement la corruption passive de la corruption
active. Mais cela ne constitue point un obstacle pour le juge sénégalais31.

On peut définir la corruption passive comme le fait pour l’un des agents qui est visé par
l’article 159 de solliciter ou d’agréer sans droit à tout moment, directement ou indirectement,
des offres, des promesses, dons, des présents ou des avantages quelconques pour obtenir de la
personne publique qu’elle accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte de sa fonction ou
facilité par celle-ci. Qua nt à la corruption active, c’est le fait de proposer sans droit à tout
moment, directement ou indirectement, des promesses, des dons, des présents ou des
avantages quelconques pour obtenir de la personne publique qu’elle fasse ou s’abstienne de
faire un acte de sa fonction ou facilité par celle-ci. L’une des difficultés de la corruption, c’est
donc d’établir relativement à une double facette de l’incrimination, l’entente entre les
personnes visées que la doctrine qualifie de pacte de corruption qui généralement est secret
voire occulte32.

Cette position consacrant la thèse de la dissimulation n’est pas nouvelle en droit


français. Elle n’est que la suite d’une théorie de l’imprescriptibilité de l’infraction d’abus de
biens sociaux qui a suscité beaucoup de conflits doctrinaux et de revirements
jurisprudentiels33. Sa centralité repose sur la recherche d'une meilleure répression de ces
infractions. Quoiqu’il en soit, la corruption nécessite des manœuvres corruptrices et ces
dernières doivent tendre à obtenir l’abstention ou l’accomplissement d’un acte de la fonction
ou facilité par la fonction. Cette exigence a posé des difficultés en termes d’interprétation
31
CS N° 10 du 27 mars 1971 Ndiaye c/MP, La corruption passive de l’article 159 ne peut être retenue s’il est
établi avec certitude, que le fonctionnaire appréhendé a reçu la somme à titre de rétribution pour
l’accomplissement ou l’abstention d’un acte, non sujet à salaire entrant dans ses fonctions ou facilité par elles.
32
Arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de cassation du 6 mai 2009 (pourvoi n° 08-84107). Dans un attendu
de principe, la chambre criminelle de la Cour de cassation a affirmé que “le point de départ du délai de
prescription des faits de corruption et d'abus de confiance qui ont été dissimulés est reporté à la date où ceux-ci
sont apparus et ont pu être constatés dans les conditions permettant l'exercice de l'action publique.
33
Marie Bouare, le délit d’abus de biens sociaux, thése 2001, Ce débat a été transposé à l’infraction d’abus de
biens sociaux. Le délit d’abus de biens sociaux, est un délit instantané, qui bénéficie de la prescription triennale.
Il en résulte que le point de départ court normalement du jour de la commission de l’acte délictueux. C’est à dire
qu’au bout de trois ans révolus, l’action publique est éteinte et le délinquant, dirigeant social, ne peut plus être
poursuivi. Ces règles relatives à la prescription de l’action publique sont impérieuses. On ne peut y déroger, à
moins qu’une loi particulière, n’ait fixé un délai spécial relativement à un délit déterminé. Le conflit relatif à la
prescription résulte de l’interprétation extensive, par la Haute Juridiction qui repousse ce point de départ « au
jour où ce délit est apparu ou aurait pu être objectivement constaté, dans des conditions permettant l’exercice de
l’action publique ». C’est là poser le principe de l’imprescriptibilité du délit d’abus de biens sociaux.
19
mais la doctrine s’accorde à reconnaitre que les actes de la fonction doivent être des actes
entrant dans la fonction de l’agent public, ce qui nécessite donc de prendre en compte les
pouvoirs de l’agent public. S’il s’agit ici des personnes qui sont investies d’un mandat électif
public mais qui ne sont pas par ailleurs dépositaire de l’autorité publique, la corruption
consistera tout simplement à acheter leur vote.

L’article 159 vise aussi le fait de faire ou de s’abstenir de faire un acte facilité par la fonction
et cela concerne les hypothèses dans lesquelles l’acte accompli contre rémunération n’entre
pas dans les fonctions de l’agent mais ce sont les fonctions de celui-ci qui ont permis
l’accomplissement de cet acte. Cette interprétation est considérée par la doctrine comme étant
extensive et critiquable car étendant considérablement le champ de l’infraction et plusieurs
jurisprudences françaises l’ont établie en ce qui concerne la vente d’informations ou bien le
secret professionnel. Cette extension a permis de sanctionner l’espionnage public par la
corruption. Concernant la vente d’informations par un fonctionnaire public, la chambre
criminelle n’est pas passée par la qualification d’actes facilités par la fonction mais a retenu
l’abstention d’un devoir de la fonction en l’espèce un devoir de secret professionnel sur les
affaires en cours.

De l’infraction de détournements de deniers publics.

Depuis l’indépendance, les textes tendant à la protection de l’économie sont assortis de


sanctions pénales plus sévéres.La repression s’est accentu ée dans certains domaines auxquels
le législateur a donné un rang prioritaire. En effets ces textes visent essentiellement certains
agissements portant atteinte auc deniers publics. A ce titre l’article 152 à l’article 153 vise
toute personne qui aura détourné ou soustrait ou tenté de détourner ou soustraire des deniers
ou effets en tenant lieu……au préjudice de l’Etat, d’une collectivité publique, sera punie s’il
s’agit d’un particulier de 1 à 5 ans de prison. Cette peine est portée à 10 ans lorsqu’il s’agit
d’un agent civil ou militaire de l’Etat ou d’une collectivité publique, qu’il soit ou non
comptable public, d’une personne revétue d’un mandat public ou dépositaire public.

Evolution de la jurisprudence en matiére de détournements de deniers publics : Une


jurisprudence ancienne bien assise : arrêt de la Cour Suprême du 20 janvier 1982. En
l’espèce, poursuivi pour détournement de deniers publics par la « SONEES » société
nationale d’exploitation des eaux, le prévenu M Gueye avait bénéficié d’une ordonnance de
mise en liberté provisoire au motif que le manquant qui lui était reproché (1999 litres de gaz
oïl d’une valeur totale de 184 905 Fr.) était inférieur à 250 000 Fr. exigé par l’article 140
alinéa 3 du code de procédure pénale. Cette décision confirmée par la Chambre d’Accusation
le 18 décembre 1980 est cassée par la Cour Suprême pour violation de la loi. Cette décision
doit être approuvée. En effet, l’article 14034 prévoit l’incarcération dès lors que le manquant
34
Article 140 du Code de procédure pénale Loi n°77-32 du 22 février 1977 A l’ encontre des personnes
poursuivies par application des articles 152 à 155 du Code pénal, le juge d’instruction délivre obligatoirement :
1° mandat d’arrêt si l’inculpé est en fuite ;
2° mandat de dépôt, lorsque le montant du manquant initial est égal ou supérieur à 250 000 francs et ne fait pas
l’objet d’une contestation sérieuse ;
3° mandat de dépôt, lorsque le montant du manquant initial, bien qu’étant inférieur à 250 000 francs, n’a pas été
remboursé intégralement ou ne fait pas l’objet d’une contestation sérieuse.
Loi n°85-25 du 27 février 1985. Dans les cas ci-dessus où les mandats d’arrêt ou de dépôt sont obligatoires, il ne
peut en être donné main levée que si au cours de l’information surviennent des contestations sérieuses assorties
nécessairement du cautionnement de l’intégralité des sommes dont le détournement est contesté.
Il n’y a d’exception aux dispositions des deux premiers alinéas que si, selon le rapport d’un médecin commis en
qualité d’expert, l’état de santé du détenu est incompatible avec le maintien en détention, même dans un
établissement hospitalier.
20
même inférieur à 250 000 Fr. n’a pas été intégralement remboursé ou n’a pas fait l’objet d’une
contestation sérieuse. En l’espèce, il est rapporté que le prévenu avait reconnu les faits et ne
contestait pas sérieusement le détournement35. Ainsi, c’est à une exacte application de la loi
que la Cour Suprême appelle. Cet arrêt cependant intrigue. En effet, la confirmation de
l’ordonnance de mise en liberté provisoire par la Chambre d’Accusation est du 18 décembre
1980 et l’arrêt de la Cour Suprême n’intervient que le 20 janvier 1982, soit plus de deux
années après. Entre temps le prévenu est en liberté et a pu se garantir pour rembourser le
détournement. De ce fait, il ne retournera certainement pas en prison.

Par ailleurs, dans deux arrêts rendus le même jour, le 29 février 1984, la Haute Juridiction
réaffirme le pouvoir souverain du juge dans l’interprétation et l’application de l’article 155 du
Code Pénal. En effet dans l’affaire A. Ba contre Ministère Public et Caisse de sécurité, le
prévenu s’était pourvu en cassation au motif que poursuivi pour détournement de deniers
publics, il avait remboursé le tiers des sommes détournées et devait de ce fait bénéficier des
circonstances atténuantes de l’article 155 du Code Pénal. A l’opposé de l’arrêt F. Nunez
contre Ministère Public ou poursuivi pour le même délit, le prévenu n’avait pas justifié d’un
remboursement du tiers de la valeur détournée, ce qui lui aurait permis d’être condamné à
deux ans d’emprisonnement au lieu de cinq ans, pour la bonne et simple raison qu’il avait
contesté le détournement.

L’analyse de ces deux décisions où les pourvois des prévenus ont été rejetés a pour
enseignement que le juge n’est tenu par aucun texte pour accorder ou refuser le bénéfice des
circonstances atténuantes36. Il s’agit d’un pouvoir souverain. Cependant, on peut craindre
réellement une application intéressée de ce pouvoir, dès lors que le prévenu dispose de
moyens ou appartient à une catégorie sociale déterminée. Il eût été plus judicieux de prévoir
que les circonstances seront de droit lorsque le prévenu a remboursé le tiers des sommes
détournées.

Contestation sérieuse. Cette application stricte de la loi sur le détournement des deniers
publics rencontre cependant un obstacle juridique depuis 1986, en cas de contestation sérieuse
par l’inculpé des faits qui lui sont reprochés. C’est ainsi qu’il ressort de deux arrêts de la Cour
Suprême rendus le même jour le 17 décembre 1986 37le rejet des pourvois formés par le
Procureur Général près la Cour d’Appel de Dakar. Ces pourvois étaient fondés sur la violation
de l’article 140 du Code de Procédure Pénale en ce que la mise en liberté provisoire pour
contestation sérieuse des prévenus de détournement de deniers publics ne pouvait être
ordonnée sans qu'ait été opérée le versement préalable d’un cautionnement au moins égal au
montant des sommes détournées. Pour la Haute Juridiction, cette thèse n’est point pertinente,
car dans les deux affaires, il faut comprendre que l’article 140 a pour domaine d’application la
détention préventive et la liberté provisoire des personnes poursuivies par l’application des
articles 152 à 155 du Code Pénal. Or dans les deux cas d’espèce, il s’agit d’arrêts de la
Chambre d’Accusation confirmant des ordonnances de refus de décerner mandat de dépôt

35
Dans l’arrêt rendu par la Cour Suprême le 26 mars 1986: Procureur Général contre S. Séne: la Haute juridiction
rejette le pourvoi formé par le Procureur Général près de la Cour d’Appel de Dakar. Ainsi elle approuve la
Chambre d’Accusation d’avoir confirmé l’ordonnance du juge d’instruction prononçant la main levée du mandat
de dépôt décerné contre l’inculpé, après avoir expressément relevé que les faits reprochés à celui-ci faisaient
l’objet d’une contestation sérieuse.
36
Dans le même sens arrêt du 6 mars 1985 A. Konaté contre Ministère Public et ONCAD: « Est rejeté le pourvoi
exigeant l’attribution de circonstances atténuantes. En effet le remboursement invoqué par l’accusé ne saurait
entraîner le bénéfice des circonstances atténuantes, qui a un caractère facultatif et donc laissé à la libre
appréciation du juge ».
37
Ministère Public contre P. I. Ndiaye; Ministère Public contre M. Gning.
21
rendues par le juge d’instruction, décisions qui ne sauraient être attaquées sur la base de cet
article.

Ces décisions s’inscrivent en parallèle avec l’arrêt de la Cour Suprême du 27 janvier


198838. Cette position de la Cour Suprême est encore relevée dans trois arrêts rendus
également le même jour du 17 décembre 1986 39. Dans ces trois cas d’espèce, le juge
d’instruction avait rendu des ordonnances de non-lieu. Les prévenus en conséquence
bénéficiaient de la liberté provisoire après avoir relevé qu’il existait en la matière des
contestations sérieuses. Le Procureur Général toujours défendait la thèse d’un versement
préalable d’un cautionnement au moins égal au montant des sommes détournées. Position à
laquelle s’opposent toujours les Hauts magistrats, « le texte visé au moyen s’appliquant à la
détention préventive des personnes poursuivies pour détournement de deniers publics, qu’en
l’espèce, il s’agit d’arrêts de la Chambre d’Accusation confirmant des ordonnances de non-
lieu rendues par le juge d’instruction, décisions qui ne peuvent valablement être attaquées sur
la base de l’article 140 du Code de procédure Pénale ».

Nos interrogations sur les pourvois contre les arrêts de la chambre d'accusation. La
question qui se pose est de savoir sur quel fondement peuvent être attaqués les arrêts de la
Chambre d’Accusation confirmant des ordonnances de refus de décerner mandat de dépôt ou
des ordonnances de non-lieu rendues par le juge d’instruction 40? A notre avis, dans ces
affaires il est établi que poursuivis pour détournements de deniers publics, les prévenus ont
opposé une défense fondée sur la contestation sérieuse des faits à eux reprochés. En pareille
hypothèse, comme l’indique l’article 140 du code de procédure pénale, une libération est
possible moyennant cependant un cautionnement de l’intégralité du détournement contesté.
C’est sur ce fondement que le Procureur Général s’oppose aux arrêts de la Cour d’Appel. La
position ainsi prise par la suite par la Cour Suprême à l’encontre des pourvois du Ministère
Public est fondée sur un défaut de base légale. Il faut en conclure que les arrêts de la Cour
d’Appel ne peuvent ainsi être attaqués sur la base de l’article 140. Deux remarques
s’imposent.

Une première observation est relative à la prudence du juge d’instruction et de la Chambre


d’accusation. En effet, convient-il de le rappeler, les intérêts en opposition comme toujours en
matière pénale, s’articulent autour de la défense de l’intérêt général, et autour de la protection
de l’inculpé. Aussi, à cet égard, il est tout à fait compréhensible que la contestation sérieuse
puisse constituer un critère déterminant pour mettre fin définitivement à la poursuite ou pour
octroyer au prévenu sa liberté si elle lui a été retirée. Cependant, des indices de
l’établissement de la réalité de l’infraction ont pu être avancés, sans que la preuve réelle de la
38
PGGA contre B. Samb : Dans cette affaire aussi, le Procureur Général s’était pourvu en cassation au motif
d’une violation de l’article 140 du Code de Procédure Pénale, en ce que la mainlevée du mandat de dépôt
décerné contre B. Samb inculpé de détournement de deniers publics ne pouvait être ordonnée sans qu'ait été
opéré le versement d’une caution au moins égal au montant des sommes détournées. A cet argument, la Cour
Suprême oppose l’opinion selon laquelle, ces dispositions alléguées cessaient de recevoir application lorsque, les
conditions requises par l’alinéa premier de cet article ne sont plus réunies, que le mandat de dépôt cesse d’être
obligatoire. En conséquence, la Chambre d’Accusation n’a point violé le texte invoqué en ordonnant la mise en
liberté provisoire, après avoir expressément relevé que les faits reprochés à celui-ci faisaient l’objet d’une
contestation sérieuse. Voir dans le même sens l’arrêt du 28 janvier 1989 Ministère Public contre M. Diouf.
39
Arrêt Ministère Public contre S. Ndiaye; Arrêt Ministère Public contre M. Niang; Arrêt Ministère Public
contre M. Dieng.
40
A cet égard, il faut remarquer que le Procureur de la république a le droit d’interjeter appel devant la chambre
d’accusation de toute ordonnance du juge d’instruction. Ce droit d’appel appartient également dans tous les cas
au Procureur Général. Appel de ce dernier qui s’entend notamment à toutes les décisions prises en matière de
détention provisoire.
22
culpabilité soit apportée. En conséquence il apparaît normal que la loi exige des garanties en
attendant qu’un jugement définitif ait été rendu. Cette opposition montre les faiblesses du
dispositif pénal en vigueur. Il est loisible aux prévenus en pareil cas d’ériger en défense la
contestation sérieuse. Celle-ci n’étant pas tout à fait circonscrite par la loi, il revient au juge
d’en faire une appréciation souveraine.

La deuxième observation est centrée sur le rejet des pourvois. L’analyse de l’article 140
révèle deux choses: d’une part le constat selon lequel, le mandat de dépôt est obligatoire en
cas de non-contestation sérieuse de l’infraction, que le détournement soit inférieur ou égal à
250 000 Fr. Dans cette hypothèse, il est vrai que ce qui est pris en considération, c’est la
culpabilité du prévenu. Celui-ci reconnaissant les faits, il convient d’en tirer les conséquences
et de le maintenir dans les liens de la détention. Son emprisonnement paraît donc normal, dès
lors qu’il ne dispose pas de garanties nécessaires lui permettant de jouir de sa liberté en
attendant son jugement. En second lieu, la loi permet d’éviter cette détention si le prévenu
conteste les faits. Cependant, il ne s’agit pas d’une mesure automatique, un cautionnement de
l’intégralité des sommes dont le détournement est contesté est requis pour que la liberté puisse
être recouvrée. C’est dans ce cadre qu’il convient d’examiner la position du ministère public.

S’agissant des arrêts confirmatifs du refus de décerner mandat de dépôt 41 , il est logique de
penser que ceux-ci ont un lien avec la détention préventive. Le mandat de dépôt ayant
nécessairement pour effet de priver temporairement le prévenu de sa liberté en attendant une
décision au fond42. Ce qu’énonce l’article 140 du code de procédure pénale. D’où, il n’y a pas
de contrariété à ce que le Ministère Public se pourvoit en se fondant sur cet article. Il s’agit
d’une interprétation juste de la loi dont la remise en cause par les hauts magistrats nous paraît
critiquable. D’ailleurs, la Cour Suprême est revenue implicitement à une position plus juste où
elle reconnaît dans l’arrêt contre G. Talon, la possibilité du ministère public de se pourvoir sur
la base de l’article 14043.

Si la critique sur la position de la Cour Suprême paraît justifiée, elle n’est cependant pas
extensible aux ordonnances de non-lieu. Il est vrai qu’en pareil cas, le procureur général est
mal fondé à agir sur la base de l’article 140 du code de procédure pénale. En effet, le non-lieu
clôt l’affaire sous la réserve de charges nouvelles. C’est une ordonnance de règlement qui a
l’autorité de la chose jugée et les personnes qui en ont bénéficié ne peuvent plus être
recherchées à l’occasion des mêmes faits. En conséquence, la détention du prévenu ne paraît
pas « préjudicier » à la partie civile ou à l’ordre public. Dès lors sa mise en liberté n’est

41
A titre comparatif, le droit positif français prévoit depuis les lois du 17 juillet 1970 et du 6 juillet 1989 que le
mandat de dépôt n’est plus délivré qu’en application de l’ordonnance de placement en détention, laquelle est
susceptible d’appel et ne peut faire l’objet d’une demande en annulation à la chambre d’accusation (selon la
procédure de l’article 173), mais seulement par la voie de l’appel.
42
Wilfrid Jeandidier, Les juridictions d'instruction du second degré éd. Cujas 1982 p 325 sur les pourvois formés
contre les arrêts de la chambre d'accusation sur la mise en liberté provisoire.
43
« Sur le moyen unique de cassation pris de la violation de l’article 140 du code de procédure pénale, en ce que
l’une des conditions nécessaires à la mainlevée du mandat de dépôt décerné contre TALON, à savoir le
cautionnement de l’intégralité des sommes dont le détournement est contesté, n’a pas été remplie ;
Attendu que bien qu’au début de l’information, TALON ait été inculpé de détournement de la somme de 75 589
000 francs, celle-ci a été ramenée, par la partie civile, à celle de 34 005 210 francs entièrement versée par
l’auteur principal du délit, qui du reste, a bénéficié d’une mesure de mise en liberté provisoire ;
Attendu que dans ces conditions, la Cour ayant en outre admis l’existence en la cause de contestations sérieuses,
la mise en liberté provisoire de l’inculpé ordonnée par la Cour est justifiée ;
PAR CES MOTIFS, Rejette le pourvoi formé par le Procureur général contre l’arrêt n° 50 du 3 mars 1988 de la
Cour d’Appel de Dakar.
23
susceptible d’aucune condition relative au cautionnement de l’intégralité du détournement
dont le montant est contesté44.

De l’incrimination de la prise illégale d’intérêt. Elle est prévue par l’article 157 du code
pénal et dont on peut dire que c’est le fait pour une personne dépositaire de l’autorité
publique45 de prendre, recevoir ou conserver directement ou indirectement un intérêt
quelconque dans une entreprise. L’idée générale est que le fonctionnaire qui a des intérêts
directs ou indirects dans une affaire ou une opération qu’il est chargé d’administrer, de gérer,
voire de surveiller ne doit en aucune façon intervenir en tant que agent public dans cette
opération. En effet, on le soupçonnerait logiquement qu’il ait géré cette affaire dans un sens
pouvant servir ses intérêts justifiant de ce fait une prise illégale d’intérêt anciennement appelé
délit d’ingérence.

C’est donc en définitive un délit de violation d’une incompatibilité, c’est-à-dire, une


opposition entre deux fonctions, incompatibilités entre des affaires publiques et des intérêts
personnels, ce qui impliquerait que l’agent public puisse s’enrichir au préjudice des deniers
publics46.

44
Cet article 140 a été modifié par la Loi 99-O6 du 29 Janvier 1999. A l’exposé des motifs, on peut lire que: la
modification des dispositions de l’article 140 applicables à la détention provisoire en matière de détournement de
deniers publics est proposée dans le sens d’un adoucissement des règles d’exception qui prévalent depuis la loi
de 1977 instaurant le caractère obligatoire de la détention provisoire dans certaines conditions. Hormis le cas où
l’inculpé est en fuite, le mandat de dépôt ne sera obligatoire pour le juge d’instruction que si le montant du
manquant initial égal ou supérieur à 1.000.000 de francs n’a pas fait l’objet d’un remboursement ou d’un
cautionnement intégral ou d’une contestation sérieuse; ce qui résulte de l’article 140 2° et l’abrogation de
l’article 140 3°. De plus, la main levée d’un mandat de dépôt prononcé initialement (dans les cas où il était
obligatoire) pouvait intervenir en cours d’instruction si des contestations sérieuses survenaient et si elles étaient
assorties du cautionnement de l’intégralité des sommes dont le détournement était contesté. Afin de rétablir une
égalité de traitement pour l’inculpé à quel que moment que ce soit de l’information, l’article 140 alinéa 2 est
modifié afin qu’une main levée du mandat de dépôt puisse être ordonné sous les mêmes conditions à savoir une
contestation sérieuse, un remboursement ou un cautionnement de l’intégralité du manquant.
45
Crim. 28 oct. 2015, P+B, n° 14-82.186, Cette affaire est l’occasion de revenir sur la notion de « personne
chargée d’une mission de service public ». Sur ce point, il convient de rappeler que le délit de prise illégale
d’intérêts suppose au préalable la démonstration de la qualité d’agent public de l’auteur du délit. Plus
exactement, l’article 432-12 du code pénal envisage l’hypothèse de la personne dépositaire de l’autorité
publique, titulaire d’un mandat électif public ou encore chargée d’une mission de service public. Ce sont sans
doute les contours de cette dernière hypothèse qui sont les plus délicats à appréhender en pratique. Selon une
doctrine autorisée, la notion de personne chargée d’une mission de service public doit s’appliquer à tous « ceux
qui accomplissement, à titre temporaire ou permanent, volontairement ou sur réquisition des autorités, un service
public quelconque : il importe peu que les intéressés soient des personnes privées (collaborateurs bénévoles d’un
service public) ou publiques (fonctionnaires ou contractuels qui n’exercent pas des fonctions d’autorité) » (V.
Colbombet, Rapport, t. 1, Exposé général - Examen des articles, doc. AN 1991 n° 2244 p 150 ; Rép.
pén., v° Prise illégale d’intérêt, par M. Segonds). En des termes similaires, la chambre criminelle est venue
préciser que « doit être regardée comme chargée d’une mission de service public, au sens de l’article 432-12 du
code pénal, toute personne chargée, directement ou indirectement, d’accomplir des actes ayant pour but de
satisfaire à l’intérêt général peu important qu’elle ne disposât d’aucun pouvoir de décision au nom de la
puissance publique » ( V. Crim. 30 janv. 2013, n° 11-89.224, Bull. crim. n° 33 ; D. 2013. 568 ; ibid. 2713, obs.
G. Roujou de Boubée, T. Garé, M.-H. Gozzi, S. Mirabail et T. Potaszkin; AJ fam. 2013. 243, obs. T. Verheyde;
AJ pénal 2013. 613, obs. J. Lasserre Capdeville; RTD com. 2013. 600, obs. B. Bouloc). Ce faisant, la
jurisprudence offre une définition autonome de la personne chargée d’une mission de service public, permettant,
en comparaison du droit de la fonction publique, d’embrasser une diversité d’hypothèses sensiblement plus
large. (V. AJCT 2011. 344, obs. J. Lasserre Capdeville; Rép. pén., v° Prise illégale d’intérêt, préc.). Face à la
souplesse de cette notion et à la diversité des situations dans lesquelles une personne pourrait être considérée
comme chargée d’une mission de service public, les juges sont amenés en la matière à se livrer à une véritable
approche casuistique. La présente espèce apparait ainsi comme une illustration intéressante de définition
jurisprudentielle négative. www.dalloz/ pénal/2016.
24
En débat : Dans cette affaire, il importe de relever que la question principale est de
caractériser les relations d’un maire et de son conseiller d’instruire un dossier où les intérêts
de ce maire sont notoires. Aux dires de la juridiction, il eût été plus judicieux que le maire ne
cautionnât point ce marché de même qu’il ne s’opposa point à la participation dudit conseiller
à la séance du conseil municipal délibérante. D’une manière générale, il convient aussi
d’observer que ces précautions ne peuvent en aucune façon constituer un obstacle à ce que
l’entreprise soumissionnaire où les différents intérêts sont en conflits participât à ce marché,
avec cette faculté si telle était le cas qu’elle puisse recourir en contestation de son éviction au
juge administratif. Dans cette cause en droit français et en termes de stratégie de prise en
charge du risque dans la gouvernance des affaires locales, il est vrai qu’il est plus judicieux
de soutenir le risque d’un référé précontractuel que le risque d’une condamnation pénale. Il
faut en outre constater à titre d’exemples de favoritisme, la prise en considération d’un intérêt
déterminé d’un candidat, voire de la sollicitation dudit candidat dans la rédaction du cahier
des charges. Cette incrimination est proche du délit de favoritisme c’est-à-dire des atteintes à
la liberté d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics.

L’infraction de concussion. L’incrimination est prévue par l’article 156 du code pénal. Cet
article 156 fait état non seulement de la concussion mais aussi d’une possible incrimination
d’ingérence qui pourrait recevoir une incrimination spécifique telle que la prise illégale
d’intérêt. La concussion vise le fait pour une personne dépositaire de l’autorité publique ou
chargée d’une mission de service public de recevoir, exiger, ou ordonner de percevoir à titre
de droit ou de contribution, impôt ou taxe public, une somme qu’elle sait ne pas être due ou
excéder ce qui est du47.
46
Jugement correctionnel 29 avril 2013. TGI de Marseille. Le simple fait pour un élu de sortir de la salle au
moment du vote d’une délibération à laquelle il est intéressé ne suffit pas à écarter toute prise illégale d’intérêts.
Encore faut-il que l’élu se soit abstenu en amont de participer aux débats et n’ait pas joué un rôle dans la
préparation de la décision.

47
CA n° 120 du 6 mars 1978 MP c/ Fadiga et autres : Jugé que le délit de concussion suppose que le
fonctionnaire exige, ordonne ou perçoiy pour droits, taxes, contributions, deniers, pour salaire ou traitement ce
qu’il savait n’être pas dû. CS n° 10 du 27 mars 1971 Ndiaye c/ MP, Cette dernière circonstante doit être
recherchée par le juge du fond.
Cour de Cassation: Chambre criminelle Publication: Bulletin criminel 2001 N° 124 p. 371. Décision attaquée :
Cour d'appel de Grenoble (chambre d'accusation), 1997-02-04 et (chambre correctionnelle, 1999-04-07 LA
COUR, Joignant les pourvois en raison de la connexité ;
Les moyens étant réunis ;
Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de Cassation en mesure de s'assurer que la cour
d'appel a, sans insuffisance ni contradiction, caractérisé en tous leurs éléments constitutifs, tant matériels
qu'intentionnel, la complicité et le recel d'abus de biens sociaux dont elle a déclaré le prévenu coupable ;
Attendu que le demandeur est sans intérêt à reprocher à la cour d'appel de l'avoir déclaré coupable des mêmes
faits sous plusieurs qualifications pénales dès lors que, conformément aux articles 5 ancien et 132-3 nouveau du
Code pénal, une seule peine a été prononcée ;
Que, dès lors le grief n'est pas fondé ;
Et attendu que la peine se trouvant justifiée par cette déclaration de culpabilité des chefs de complicité et recel
d'abus de biens sociaux, il n'y a pas lieu d'examiner le grief exposé dans la seconde branche du cinquième
moyen, concernant d'autres faits retenus à la charge du prévenu sous les mêmes qualifications pénales ;
Sur le septième moyen de cassation, pris de la violation des articles 174 ancien, 432-10 nouveau du Code pénal,
593 du Code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré X... coupable de concussion ;
Que les juges énoncent que X..., qui, juriste de profession, n'ignorait pas l'illicéité de cette pratique, a sciemment
ordonné et recouvré des recettes indues au profit d'un établissement public communal ;
Attendu qu'en cet état, la cour d'appel a fait l'exacte application des articles 174 ancien et 432-10 du Code pénal
Que, dès lors, le moyen ne peut être admis ;
Sur le huitième moyen de cassation, iI est fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir déclaré X... coupable de recel d'abus
de confiance et de complicité d'abus de confiance au préjudice de l'association A...:
25
En discussion. Dans cette cause, et pour la défense, des faits relevés tournent autour des
prérogatives d’un maire en ce qui concerne la délivrance des permis de construire corrélée à
l’exigence d’une subvention fondée sur aucun texte et ce tant bien même une procédure
d’ordonnance était bien établie. Il en appert donc une régularité certaine même si le
consentement des assujettis était quelque peu provoqué. Invoquant une position de la doctrine,
où l’accent doit être mis sur le fait de recevoir ou d’ordonner au comptable de percevoir une
somme mais non d’ordonnancer un versement, en conséquence, la concussion ne pouvant
aucunement prospérer dans cette affaire, du fait que le délit ne réprimant que l'activité des
receveurs et des comptables, et non l'ordonnancement. Par ailleurs il résulte des débâts qu’il
n’y a eu aucune appopriation personnelle du versement de cette subvention affectée
réguliérement à l’organisme du tourisme et que tout assujettis pouvait raisonnablement refuser
d’en effectuer le versement.

Cette défense est rejetée par la cour d'appel qui par une interprétention stricte reléve le
caractére illégal de cette subvention ne reposant sur aucun texte, ni délibération du conseil
municipale donnant lieu de ce fait à une comptabilité spécifique révélant ainsi l’existence
d’un compte occulte. La juridiction d’appel rajoute au demeurant de la connaissance du droit
du maire qui en l’espéce était juriste de formation et qui en conséquence ne pouvait ignorer
l’illicéité de cette pratique.

En définitive, le fonctionnaire concussionnaire est celui qui soit fait payer ce que
l’administration octroie à titre gratuit, soit à l’opposé ne fait pas payer ce qui est dû au titre de
la taxe. Ce délit implique un élément intentionnel à savoir que le fonctionnaire doit être au
courant que ce qu’il exigeait ou encaissait n’étant pas dû ou ce qu’il exonérait ne pouvait
l’être car les textes légaux ou réglementaires ne permettaient pas cette exonération. Il existe
une jurisprudence très diversifiée en la matière en ce qui concerne l’administration fiscale où
le juge a prononcé des relaxes pour défaut d’élément intentionnel considérant que les textes
en la matière étaient extrêmement compliqués et sujets à des variations fréquentes, ce qui
impliquait une connaissance sans cesse remise à jour. Un exemple où un greffier avait
instauré une taxe spéciale pour accéder au tribunal et ce afin d’améliorer le fonctionnement du
tribunal, en la matière, le juge avait retenu la qualification de concussion.

" aux motifs que l'association, dont l'objet était "resserrer les liens amicaux existant entre les membres du
personnel communal et entraide des agents de la fonction communale" , et dont les fonds étaient constitués
essentiellement par une subvention communale, a, d'une part, remboursé des notes de frais de X..., d'autre part,
rémunéré des élus et le personnel de direction de l'association ou de la commune ; " alors que complicité et recel
supposent un fait principal punissable, c'est-à-dire en l'occurrence un abus de confiance, ou encore un emploi des
sommes remises au dirigeant de l'association, M. I..., contraire au mandat reçu par lui et à l'affectation prévue
pour ces sommes ; qu'il résulte de l'arrêt attaqué lui-même que la subvention remise chaque année par la
commune à l'association n'avait nullement pour objet les activités propres de celle-ci, mais avait pour but la
rémunération de certains employés municipaux et la couverture de certains frais du maire ; que le fait que ce
procédé n'ait pas été conforme aux règles de la comptabilité publique, ni à certaines règles fiscales, ne caractérise
pas pour autant un détournement de l'objet réel de la subvention, dont les motifs de l'arrêt révèlent au contraire
qu'il a été respecté ; qu'ainsi, faute de détournement de l'affectation des sommes en cause, le délit principal
d'abus de confiance n'était pas caractérisé et pas davantage les faits de complicité et de recel reprochés au
prévenu " ;
Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de Cassation en mesure de s'assurer que la cour
d'appel a, sans insuffisance ni contradiction, caractérisé en tous ses éléments, tant matériels qu'intentionnel, les
délits dont elle a déclaré le prévenu coupable ;
D'où il suit que le moyen, qui se borne à remettre en question l'appréciation souveraine, par les juges du fond,
des faits et circonstances de la cause, ainsi que des éléments de preuve contradictoirement débattus, ne saurait
être admis ;
Et attendu que les arrêts sont réguliers en la forme; REJETTE les pourvois.
26
Du trafic d’influence. Elle remonte à la fin du 19e siècle à la suite du scandale des
décorations portant sur l’octroi de la légion d’honneur moyennant rémunération. Il s’agit aux
termes de l’article 160 du code pénal du Sénégal, le fait d’un agent public ou même d’un
simple particulier de trafiquer de son influence afin de faire obtenir à un demandeur quelque
chose auprès d’une troisième personne. Ce rapport contractuel illicite triangulaire permet de
se démarquer de l’incrimination de corruption. On note aussi, aux dires de la doctrine que si
cet acte est rattachable à la fonction, il est cependant consenti par le corrompu. Dans le sillage
de cette derniére, elle offre une résistance. Ce qui rend difficile d’en rapporter la preuve qui
en définitive résultera d’une dénonciation ou de sa découverte à l’occasion d’autres affaires 48.

Des faits complexes. Le 22 juin 2005, le parquet de Nanterre a adressé au procureur de la


République de Paris, pour compétence au titre de la juridiction interrégionale spécialisée, les
procès-verbaux d'audition de M. X..., président-directeur général de la SA Thales engineering
et consulting, dénommée THEC, qui dénonçait, s'agissant des faits dont la cour est saisie, les
conditions dans lesquelles la société THEC avait obtenu, au mois de mars 2003, un marché
public attribué par la délégation générale pour l'armement concernant la construction dans
l'Est de la France d'une usine de destruction de munitions chimiques de la première guerre
mondiale ; que l'intéressé expliquait que le groupe Thales avait conclu un contrat
d'intermédiaire avec la société Sidef, animée par M. C..., pour exercer une activité de
lobbying à son profit auprès de la DGA précisant qu'il s'agissait, selon la terminologie interne
au groupe, d'un « service provider », c'est-à-dire d'un « intermédiaire pour gagner des affaires
et verser des commissions » ; qu'il indiquait que M. C...était proche de certains responsables
de la DGA et, notamment, de M. Y..., adjoint au délégué général pour l'armement, avec lequel
il avait des liens maçonniques ; que la société THEC avait gagné le marché précité, dénommé
Secoia, grâce à M. C..., déclarant « avec M. C..., on savait en permanence comment évoluait
l'appel d'offres et notamment on connaissait toutes nos faiblesses par rapport à nos
concurrents. Il nous disait que ces informations provenaient de responsables de la DGA … il
nous citait avec précisions ses sources » ; que M. X...ajoutait que M. C...devait percevoir 1, 35
% du montant de l'affaire Secoia ; que les investigations menées à la suite de ces révélations
ont confirmé qu'un contrat de consultant, faisant notamment référence à l'affaire Secoia, avait
été conclu le 15 mars 2001, entre la société Sidef, représentée par M. C..., et la société THEC,
représentée par M. E...; que ce contrat d'une durée de deux ans tacitement reconductible, qui a
été résilié d'un commun accord entre les parties, le 15 mars 2005, prévoyait, s'agissant de la
rémunération de la société Sidef, une partie fixe et une partie variable ; que la société Sidef a
émis au titre de son exécution plusieurs factures d'honoraires et de commissions sur vente
entre le mois d'avril 2001 et le mois de mars 2005 pour un montant total de 227 679, 03
euros ; qu'une de ces factures a été établie, le 15 avril 2003, avec la mention « commission sur
affaire Secoia » pour un montant de 167 282, 50 euros TTC, soit 139 868, 31 euros HT,
représentant 1 % de la somme de 13 986 831 euros HT devant être perçue par la société
THEC pour la première tranche ferme et exécutoire du marché Secoia ; qu'il est établi que la
société Sidef, présidée par M. C..., a été constituée sous la forme d'une société par actions
simplifiées ; que son objet social était la promotion et la commercialisation sous toutes ses
48
Cour de cassation criminelle Chambre criminelle 4 mai 2011: Corruption - Trafic d'influence - Cour de
cassation, chambre criminelle, a rendu l'arrêt suivant : Statuant sur le pourvoi formé par: - M. Gérard C. ..,
contre l'arrêt de la cour d'appel de PARIS, chambre 5-13, en date du 2 juin 2010 qui, pour trafic d'influence, l'a
condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis et 50 000 euros d'amende ; Vu le mémoire produit ; Sur
le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 121-3, 433-2 du code pénal, 591 et 593 du code de
procédure pénale " en ce que l'arrêt a déclaré M. C... coupable du délit de trafic d'influence passif et l'a
condamné à une peine d'emprisonnement de six mois avec sursis simple et au paiement d'une amende de 50 000
euros ; REJETTE le pourvoi ;

27
formes de tout matériel ou tous produits utilisables en milieu commercial agricole ou
industriel et toutes opérations se rattachant directement ou indirectement à cet objet ; qu'elle a
pour salariés d'anciens militaires, hauts gradés de différents corps d'armée, qui étaient chargés
d'apporter aux industriels de la défense et des télécommunications un éclairage opérationnel
leur permettant de répondre de manière adaptée aux appels d'offre et aux consultations lancés
par la DGA ; que cette activité, telle que décrite par les salariés de la société, a été confirmée
par les responsables du groupe Thales ; qu'ainsi, M. Z..., directeur d'activités chez Thales
international, a déclaré que la société Sidef avait beaucoup d'anciens militaires qui les aidaient
à analyser les besoins du client ; que M. D..., président directeur général de la SA Thales
international, a donné la même définition de l'activité de la société Sidef indiquant qu'elle
faisait « des études et aidait des sociétés à répondre à des appels d'offres en les conseillant, en
participant aux relectures des réponses aux appels d'offres, en détachant du personnel pour les
aider à le faire » ; que M. A..., cadre dirigeant chez Thales international, a justifié en des
termes similaires le recours à la société Sidef expliquant qu'elle apportait « une expertise pour
aider ses équipes à faire des offres mieux adaptées au besoin du client », qu'elle avait « des
gens qui connaissaient bien le domaine militaire et les aidaient à corriger leurs offres pour
qu'elles soient mieux perçues par le client » ; que, pour l'affaire Secoia, il résulte des
investigations qu'à la différence des prestations habituellement fournies par la société Sidef,
aucun des salariés de la société n'est intervenu pour fournir un éclairage opérationnel et une
aide technique dans le cadre de la consultation des candidats à l'attribution du marché
concerné ; que M. B..., responsable commercial chargé de faire de la prospection pour le
compte de la société THEC, a déclaré que M. C...avait été le seul à suivre le dossier Secoia au
sein de la société Sidef précisant n'avoir été « en relation qu'avec lui » pour ce dossier ; que,
sur la mission confiée à M. C..., il a indiqué que la société THEC avait fait passer un certain
nombre de messages par son intermédiaire aux autorités étatiques, que l'intéressé connaissait
au ministère de la défense et à la DGA des gens qui avaient des pouvoirs de décision,
précisant : « il était nécessaire d'avoir M. C...car il nous apportait son carnet d'adresse et ses
introductions auprès du ministère » ; que ses déclarations sont corroborées par celles de M.
E..., président-directeur général de la société THEC qui, affirmant ne rien savoir de la société
Sidef et « surtout avoir connu l'homme », a déclaré que M. C...avait une bonne connaissance
de la DGA où il avait des interlocuteurs et noué des relations, ce qui avait permis à la société
THEC d'avoir des éléments d'information concernant l'avancement du dossier et sa situation
vis-à-vis de ses concurrents ; qu'il a indiqué, s'agissant de la clause du contrat de consultant
relative « au caractère intuitu personae des services personnels » de M. C..., que « si M.
C...disparaissait, il n'y aurait plus eu de contrat car c'est lui qui avait les relations » ; que les
mails échangés les 25 juin 2001 et le 5 novembre 2001 entre M. C...et M. B..., qui ont été
découverts lors de la perquisition diligentée au cours de l'instruction, attestent également du
contenu relationnel de la mission confiée à M. C...; que la pièce jointe au mail du 25 juin
2001, intitulée « bid no bid» fait état, au nombre des arguments identifiés en faveur de la
participation de la société THEC à la consultation, d'un lobbying possible à la DGA « à tous
les niveaux » ; que celle figurant en annexe du mail du 5 novembre 2001, intitulée Secoia-
plan de lobbying, est un organigramme mentionnant « les acteurs identifiés » au titre desquels
figurent les noms de personnes en poste notamment à Matignon, au ministère de l'intérieur, au
ministère de la défense et à la DGA qui ont pu être rencontrées par les responsables de la
société THEC grâce à l'intervention de M. C...; qu'en effet, M. B...a reconnu avoir obtenu par
l'entremise de M. C..., entre fin 2001 et début 2002, des rendez-vous auprès de M. Y...,
adjoint au délégué général pour l'armement, de M. F..., conseiller au cabinet du ministère de
la défense, de M. G..., conseiller pour la défense au cabinet du premier ministre ; qu'il a
précisé « sans M. C..., nous aurions eu des rendez-vous beaucoup plus tardivement voire pas »
; que M. F..., inspecteur général des armées et conseiller au cabinet du ministre de la défense,

28
cité parmi les « acteurs identifiés » du plan de lobbying, a confirmé avoir « été approché » par
M. C...qui était un ami ; qu'il a indiqué que l'intéressé lui avait parlé de Thales « en tant que
solution pour l'ingénierie sur le dossier Secoia », lui demandant, s'agissant du mariage des
offres de Thales et de la SNPE, de faire passer le message auprès de personnes influentes
faisant partie de ses nombreuses connaissances ; que M. Y..., également cité parmi les «
acteurs identifiés » du plan de lobbying, a admis que M. X..., dirigeant de la société THEC,
était venu le voir peu après son arrivée au poste d'adjoint au délégué général pour l'armement
en 2001, accompagné de M. C..., pour lui renouveler le " grand intérêt " que la société THEC
portait au marché Secoia, c'est-à-dire « pour gagner cette compétition » ; que M. C...qui admet
que la société Sidef a perçu une commission d'un montant de 139 868, 31 euros HT au titre du
marché Secoia et qu'aucun des militaires, salariés de la société, n'est intervenu dans le cadre
de ce marché, conteste avoir monnayé son réseau d'influence et un carnet d'adresse ; qu'il
explique « avoir exercé une fonction de consultant auprès de la société THEC d'une part, afin
de l'assister dans la préparation et la présentation de son offre pour remporter le marché
Secoia et, d'autre part, afin d'intervenir auprès des différentes autorités pour assurer une
présentation de THEC de façon plus générale » ; mais que le prévenu, qui a varié dans ses
déclarations affirmant dans un premier temps, contre toute vraisemblance, que la société
THEC avait fait appel à ses compétences techniques personnelles, ce qu'il ne soutient plus
devant la cour, ne justifie pas que son assistance ait eu un contenu autre que l'influence dont il
disposait auprès des autorités administratives et politiques ou qui lui a été prêtée par les
dirigeants de la société THEC pour favoriser l'obtention du marché public, tel que cela résulte
des éléments figurant à la procédure et notamment des témoignages et mails précités ; que peu
importe que cette influence ait été réelle ou supposée, qu'elle ait été déterminant ou as de
l'attribution du marché Secoia à la société THEC ;

Il convient de relever qu’aux dires de cet arrêt, constitue le délit de trafic d'influence
passif et non une simple activité de conseil en stratégie, le fait, pour un particulier,
moyennant rémunération, de mettre à la disposition d'une société un réseau d'influence et un
carnet d'adresses en vue de lui faire obtenir un marché d'armement grâce à des interventions
auprès de différentes autorités civiles et militaires. En droit français, le délit de trafic
d'influence passif suppose de céder à la sollicitation d'offres, promesses, dons, présents ou
avantages quelconques ou de proposer, sans droit, à tout moment, directement ou
indirectement, des offres, promesses, dons, présents ou avantages quelconques à une
personne, pour elle-même ou pour autrui, afin qu'elle abuse de son influence réelle ou
supposée en vue de faire obtenir d'une autorité ou d'une administration publique des
distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.

29
CHAPITRE 4 : Les délits conséquences : le recel et le blanchiment
Ces délits sont qualifiés de délits conséquence parce que tout simplement se commettant à la
suite d’une autre infraction. Traditionnellement le prototype de ces infractions est le recel et le
blanchiment, la doctrine pénaliste n’hésitant pas à ironiser : « Quand on tient le receleur, on
tient le voleur et quand on tient le blanchisseur, on peut remonter à l’auteur des infractions
ayant fourni l’argent ainsi blanchie.

Du recel

L’hypothèse qui nous concerne est le recel de biens dont le siège est l’article 430 du CPS
bien qu’il existe le recel de cadavres ou le recel de malfaiteurs. Il s’agit de dissimuler, détenir
ou transmettre une chose ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre en sachant
qu’elle provient d’un crime ou d’un délit. Mais la doctrine ajoute aussi que constitue un recel
le fait de bénéficier en toute connaissance de cause par tous moyens du produit d’un crime ou
d’un délit.

L’application du recel dans le monde des affaires pose la question de la nature des choses qui
sont susceptibles de recel car en définitive, il est question du recel d’une chose provenant d’un
crime ou d’un délit, la chose étant entendue comme étant un bien.

La jurisprudence française, dans un arrêt du 07 novembre 1974 où un salarié d’une société qui
fabriquait de la boisson alcoolisée grâce à une recette d’une fabrication particulière avait livré
ce secret ce secret de fabrication au concurrent de son employeur. Poursuivi pour délit pour
violation de secret de fabrication, la Chambre criminelle a considéré le délit constitué car le
concurrent avait reçu l’information et l’avait mise en œuvre. Dans la veine de cette affaire qui
avait suscité une importante polémique, l’arrêt remarquable dit arrêt Calvez, la chambre
criminelle considère que le recel ne peut porter sur l’information seule mais seulement sur son
support. Enfin 1995, un autre arrêt du 26 octobre s’est aussi signalé et a été rendu en matière
de recel et de délit d’initié. La définition donnée est qu’un initié en bourse est une personne
qui a une info privilégiée (Péchiney). En définitive l’analyse de la jurisprudence en la matière
pose les limites en indiquant qu’on ne peut pas être receleur si l’on reçoit les infos seules.
Néanmoins, il est quand même admis le recel sur le produit financier de l’info réalisée

Le blanchiment de capitaux

Cette infraction est particulièrement d’actualité au Sénégal et en France. L’étude de cette


infraction sera centrée sur l’espace communautaire africain pour envisager dans un premier
temps le dispositif légal et dans un second temps la répression.

Le dispositif légal. Il faut ici faire état des actions qui ont été menées au niveau sous régional
particulièrement parla CEDEAO et qui ont permis la création en 2000 du mouvement
intergouvernemental d’action contre le blanchiment en Afrique (JAVA) ? et dont l’objectif
est de promouvoir les législations sur le blanchiment mais aussi de faciliter la coordination
des activités des différents membres de la CEDEAO.
30
Plus spécifiquement dans le cadre de l’UEMOA et conformément aux recommandations du
GAFI il a été adopté une directive de lutte contre le blanchiment des capitaux et qui donc,
imposait aux différents membres d’adopter au plan national les textes y afférant.

Le Sénégal a adopté le 06 février 2009 la loi contre le blanchiment, il en résulte qu’on peut
aussi définir le blanchiment comme étant un ou plusieurs agissements commis
intentionnellement et consistant en :

- D’une part la conversion, le transfert ou la manipulation de biens dont l’auteur sait


qu’ils proviennent d’un crime, délit ou d’une participation à ce crime, un délit dans le
but de dissimuler l’origine illicite ou d’aider toute personne impliquée dans la
commission de cette infraction
- D’autre part la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de
l’emplacement, de la disposition, du mouvement ou de la propriété réelle des biens ou
opérations relatives à cette infraction
- Enfin, l’acquisition, la détention ou l’utilisation dont l’auteur sait au moment de leur
réception qu’ils proviennent d’une infraction et peu importe que celle-ci ait été
commise sur le territoire d’un Etat membre ou d’un Etat tiers.

Ce texte assimilait au blanchiment de capitaux l’entente, l’association, la tentative en vue du


blanchiment. Il est indiqué que constitue cette infraction l’entente ou la participation ou à une
association en vue de la commission d’un fait constitutif de blanchiment de capitaux,
l’association pour commettre le délit fait, les tentatives de le perpétrer, l’incitation, l’aide ou
le conseil à une personne physique ou morale en vue de l’exécution ou d’en faciliter
l’exécution. Le blanchiment dans la pratique implique une infraction de base, il s’agit en
l’espèce d’un crime ou d’un délit et parmi ces infractions principales, on peut citer le trafic
d’enfants ou d’organes, de stupéfiants, la corruption, le proxénétisme, la prostitution et le
détournement de deniers publics, l’escroquerie, le racket. Ces actes génèrent des sommes
considérables qui doivent être blanchis pour acquérir une légitimité sur l’origine licite des
biens ou des capitaux. Pour ce faire, trois opérations sont généralement utilisées à savoir le
placement, l’empilage et l’intégration.

- Le placement conduit à la conversion des sommes d’argent issus des trafics sous
d’autres formes telles que la devise ou la monnaie électronique
- L’empilage consiste à l’impossibilité de remonter à l’origine illicite des fonds grâce à
un système complexe de transactions financières successives en ayant recours à des
sociétés écran ou à des paradis dits réglementaires
- L’intégration va se traduire par un investissement des fonds d’origine frauduleuse dans
les circuits économiques légaux d’un pays afin de leur donner une apparence licite.

En définitive les circuits utilisés en Afrique sont les commerces de proximité, des casinos, les
transferts internationaux et les intermédiaires financiers et quelquefois les centres offshore.

Concernant le second point, il est question de la prévention mais cette question implique
probablement que soit envisagé les mesures d’ordre préventif. A la manière.. le système
financier qui est visé parce que constituant le réceptacle du blanchiment et impliquant

31
suivant les responsables de ce secteur, c’est la raison pour laquelle ce secteur est dit
sensible et se voit imposer des mesures anti blanchiment. Il s’agit de contraintes imposées
à ce secteur et qui au demeurant sont des obligations classiques telle que celle de connaitre
son client mais aussi des mesures de prudence et enfin une mesure nouvelle que constitue la
déclaration de soupçon. Ce point préventif que constitue la déclaration de soupçon est
aujourd’hui une exigence fondamentale pour asseoir la transparence de certaines opérations
bancaires et financières faisant ainsi tout particulièrement des établissements bancaires des
acteurs incontournables dans la détection et la répression des blanchiments.

Concernant enfin la répression, celle-ci ne peut être envisagée que dans le cadre d’une action
commune transfrontalière ce qui implique donc forcément une coopération entre les Etats ; et
cela s’explique aisément du fait que l’incrimination est en nature éclatée passant d’une
incrimination de base dans un pays déterminé à plusieurs autres incriminations dans des pays
de réception du blanchiment. C’est la raison pour laquelle des organes communs vont être mis
en place et il est fait obligation aux différents membres de mettre en place certains organes
spécifique et on peut citer dans ce cadre le GAFI mais aussi la CENTIF ou encore le GIABA.

32
Deuxieme Partie : Les infractions de droit commun applicables au
monde des affaires.

Deux sous-parties seront envisagées, d’une part les infractions qui constituent des atteintes
juridiques aux biens et d’autre part ce qu’il est convenu d’appeler des délits conséquences.

Chapitre premier : Les atteintes juridiques aux biens : vol, escroquerie,


abus de confiance.
En matière d’infraction contre les biens, on peut aussi distinguer d’une part les atteintes
matérielles, c’est le cas des dégradations ou incendies pour les opposer d’autre part aux
atteintes juridiques classiques qui concernent le droit de propriété et cela concerne donc les
infractions classiques qui sont voisines mais qui peuvent poser des problèmes de qualification.

Section Première : Le vol et les extorsions

Si le vol ne pose pas de problème, les extorsions sont une forme de vol, voisines donc mais
différentes en même temps.

S’agissant spécifiquement du vol, le siège de l’incrimination est l’article 364 du CPS le vol
est « la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui ». En conséquence, il importe d’analyser
d’une part les composantes de la qualification de vol et d’autre part l’application de ce vol au
monde des affaires.

En ce qui concerne les composantes de la qualification, on note l’existence de conditions


préalables mais aussi l’existence d’éléments constitutifs du vol. S’agissant des premières (les
conditions préalables), la question n’est pas difficile, on distingue d’une part l’existence d’une
chose mobilière et matérielle et d’autre part une chose appartenant à autrui.

La chose mobilière peut sembler conflictuelle parce que tout simplement la loi ne fait pas état
du caractère mobilier mais le juge saura aisément qu’il s’agit d’une chose mobilière car il
faudra un déplacement. Toutefois, l’immeuble par destination peut faire l’objet d’un vol. Si
l’on vole le titre de propriété d’un immeuble, la question est de savoir si le vol de ce titre
n’équivaut pas au vol de l’immeuble.

Il reste une question concernant la chose matérielle où la jurisprudence a discuté sur le point
de savoir si l’électricité était une chose matérielle. Pour dire que dans un premier temps, la
chambre criminelle l’a considéré comme matérielle mais que devant les critiques de la
jurisprudence et de la doctrine, il y eut un renversement de sa position, ce qui a amené le
législateur français à prévoir dans son code pénal la soustraction frauduleuse d’énergie au
préjudice d’autrui qu’elle assimile au vol. En 2009, le tribunal correctionnel de Saint-Louis a
eu à connaitre d’une affaire semblable : l’usurpation d’une licence dont le monopole
appartenait à Canal+.

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Par ailleurs, la chose d’autrui ne pose pas de problème mais il est quand même exigé
l’élaboration d’une propriété sur la chose or il y a des choses en droit qui sont insusceptibles
d’appropriation (sable, eau etc.).

S’agissant de l’application du vol aux affaires, le droit pénal des affaires distingue deux cas
que constituent d’une part le vol dans le cadre de certains contrats et d’autre part le vol par
reproduction de document.

Concernant le vol dans le cadre de certains contrats, les contrats dont il est question sont les
contrats d’entreprise, de vente et de travail. Dans le contrat d’entreprise, on a remarqué
qu’une question de vol pouvait naitre quand l’entrepreneur qui a effectué un ouvrage impayé,
soit reprend le matériel qu’il avait entreposé, soit descelle les matériaux qu’il avait encastré
dans les murs de son client. La question est de savoir qui est le propriétaire du matériel. Le
matériel entreposé appartient toujours à l’entrepreneur alors que celui encastré appartient au
client. Lorsque l’entrepreneur le reprend, il s’agit d’un vol.

Concernant le contrat de vente, on envisage aussi l’hypothèse où le vendeur n’est pas payé
mais en distinguant les ventes au comptant et celles à crédit. Pour les premières, la
jurisprudence distingue aussi la vente au comptant dans un magasin ordinaire et la vente dans
un magasin de libre-service. Dans un magasin classique, lorsqu’on sort sans payer, il s’agit
d’un vol. En revanche, dans les magasins de libre-service, il faut la preuve après la sortie.
Pour les secondes (les ventes à crédit), on doit aussi distinguer les ventes à crédit ordinaires et
celles avec réserve de propriété.

Concernant le contrat de travail, la jurisprudence qui a été notée est qu’il peut arriver qu’à
l’expiration de son contrat de travail, le salarié emporte un document comprenant des
informations dont il estime qu’il est intellectuellement propriétaire alors que l’employeur
quant à lui, estime qu’il est propriétaire de ces informations. Ce questionnement rejoint les
stipulations contractuelles liant l’employeur au travailleur surtout dans le cadre d’un contrat
technique ou mission technique où le salarié peut être amené à faire œuvre de création,
d’invention ou d’amélioration.

Par ailleurs, la situation des vols par reproduction de documents est plus difficile à apprécier
car de la jurisprudence, il ressort deux sortes d’intérêt. D’une part un intérêt commercial
s’agissant de moyens de piratage ou d’espionnage industriel mais aussi d’intérêt juridique
d’autre part en matière de preuve dans l’hypothèse du salarié sur le point d’être licencié
contestant cette procédure et utilisant les documents de l’entreprise qui seraient à sa
disposition. La première affaire qu’a eu à connaître la justice française en la matière est l’arrêt
Logabax 1979 ? Cet arrêt a suscité beaucoup de discussion et entrainé beaucoup de
résistance. En premier lieu sur la question de qualification et la solution à y apporter au niveau
de l’exigence de matérialité de la chose à savoir si un document peut être considéré comme
ayant un contenant matériel(le support) et un contenu incorporel(l’information comprise dans
le document). Si le principe est que la chose objet du vol doit être matérielle, on peut voler le
support parce qu’il est matériel et en volant le contenant, on vole le contenu mais on ne peut
voler seul le contenu car il est incorporel. Précisément, la question est peut-on commettre par
photocopie des vols d’informations ?
34
Les faits de cette affaire sont les suivants : il y avait une restructuration d’entreprise avec à la
clé un important licenciement et un des salarié de l’entreprise a photocopié le plan de
restructuration et l’a produit devant la justice pour se défendre. Ce salarié est poursuivi par
l’entreprise pour vol et il est condamné par les juges de fond au motif que « le salarié qui,
pour les besoins de sa future instance en licenciement et donc à des fins personnelles
photocopie à l’insu et contre le gré de son employeur le plan de restructuration de l’entreprise
s’approprie frauduleusement pendant le temps nécessaire à la reproduction l’original
photocopié dont il n’avait que la détention et qui était la propriété de son employeur ».

Deux remarques ont été faites par la doctrine, la première concerne l’élément du vol que
constitue la photocopie reproduite et qui donc devrait normalement relever d’une qualification
de contrefaçon et non de vol. La deuxième remarque est que dans cette affaire, le vol a porté
sur l’original photocopié et cet original n’est jamais sorti de l’entreprise, en conséquence il
s’agit d’un vol sans déplacement de la chose volée. Il a aussi été dit qu’on devait faire porter
le vol sur l’information photocopiée elle-même et à la suite de cet arrêt, un autre ira dans ce
sens : c’est l’arrêt Bourguin du 12 janvier 1989 où un salarié qui voulait monter une
entreprise concurrente avait, sur une disquette transféré tout le fichier de clientèle. Ici on
passe de la photocopie à la disquette. Cet arrêt rejoint un autre arrêt, celui Antonieli et dans
ces deux dernières affaires, les juges du fond ont admis que le vol portait exclusivement sur
les informations reproduites et non sur le vol du support. Ces arrêts ont aussi amené la
doctrine à invoquer la qualification de recel mais la chambre criminelle a rejeté cette thèse au
motif que le recel ne peut pas porter sur une information seule.

Si l’on revient à l’arrêt Logabax, au niveau procédural, c’est la société qui a poursuivi le
salarié pendant l’instance en licenciement où il avait obtenu un sursis à statuer et une
condamnation pour vol. Ce qui fait que le salarié avait un procès en licenciement, une
condamnation pour vol et une impossibilité de produire à cette instance le document ( une
preuve n’est admissible que si elle est obtenue de manière licite.). Il s’en est suivi une
confrontation entre la chambre sociale et la chambre civile, la première estimant que le salarié
n’avait pas commis de vol, une thèse rejetée par la seconde.

Il a fallu attendre l’arrêt du 02 décembre 1998 où la chambre sociale voit sa position mitigée,
estimant que le salarié peut produire en justice pour assurer sa défense dans un procès qui
l’oppose à son employeur, les documents de l’employeur dont il a eu connaissance à
l’occasion de ses fonctions et auxquelles il pouvait avoir accès.

La chambre criminelle elle aussi va adoucir sa position au motif que : « quand cela est
strictement nécessaire pour les droits de la défense » ce qui a amené la doctrine à théoriser la
création nouvelle des faits justificatifs des droits de la défense (cause objectives
d’irresponsabilité).

Concernant les extorsions de fond, le siège en est l’article 372 du CPS où globalement les
extorsions peuvent être violentes ou non. Et s’agissant de la première hypothèse c’est le fait
d’obtenir par violence, menaces de violence ou contraintes soit une signature, un engagement,
une renonciation, soit la révélation d’’un secret et soit enfin la remise de fond de valeur ou
d’un bien quelconque. Cette infraction est considérée comme étant proche des vols avec
35
violence mais il y a quand même quelques éléments de différenciation. Dans le vol avec
violence ce sont les violences qui servent à commettre le vol tandis que dans l’extorsion
violente, la violence sert à ce que la personne remette quelque chose, c’est donc la victime qui
remet la chose convoitée sous la violence ou dans le cadre de la menace de violence et les
extorsions violentes se retrouvent au niveau de la délinquance d’affaires utilisées par les
organisations occultes telles que la mafia.

Si le CPF incrimine l’extorsion non violente appelée chantage, l’article 366 du CPS
n’envisage que des circonstances aggravantes du vol comme le fait d’obtenir en menaçant de
révéler ou d’imputer des faits de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération, soit
une signature, un engagement, une renonciation, soit la révélation d’un secret , soit enfin la
remise de fonds, de valeurs ou d’un bien quelconque.

Quoiqu’il en soit, le chantage suppose des menaces de révélation et peu importe la forme de
ces menaces et ce, afin d’obtenir la remise d’un des biens visés par le texte, son application
dans le monde des affaires peut être circonscrite dans l’exerce d’une voie de droit entendue
largement. C’est le cas lorsqu’on menace d’assigner quelqu’un en justice, l’agent menacé, au-
delà de son droit, peut transiger sur son préjudice mais la doctrine pense que si on propose
une transaction disproportionnée, il y a un chantage (cf. l’affaire de la transaction sur
l’enrichissement illicite, voir journaux du 02 décembre 2013).

On peut noter enfin que quelquefois la voie de droit que l’agent menace d’exercer est sans
relation avec la demande. Il en était ainsi d’un salarié qui n’étant pas payé comme il le devait
par son employeur en ce qui concerne ses congés payés a signifié audit employeur que s’il
n’est pas rétabli dans son droit, il communiquerait à l’administration fiscale le système de
fausse facturation établie au sein de l’entreprise. C’est ce qui a été jugée dans l’affaire dite Elf
Aquitaine ?

Section 2 : Les escroqueries

Il s’agit d’une infraction contre le gain mais la doctrine la considère comme étant une
infraction indirecte parce qu’elle passe par le consentement de la victime : on parle ici de dol
du consentement.

L’escroc est considéré comme étant le prince des délinquants mais la victime de cette
escroquerie n’est pas généralement honnête et on parle souvent d’avidité.

Le siège de l’incrimination est l’article 379 du code pénal sénégalais (CPS).

C’est une infraction complexe dans sa structure car comportant en général deux échelles dont
la première est constituée des moyens frauduleux qu’emploie l’escroc et la deuxième est la
remise de la chose convoitée, en général c’est ce qui consomme l’infraction. Deux idées
seront analysées : d’une part les composantes de la qualification de cette infraction et d’autre
part l’application de cette infraction au monde des affaires.

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Paragraphe 1 : Les composantes de la qualification

Le premier point fait appel à l’utilisation de moyens frauduleux et l’analyse de l’article 379 du
code pénal sénégalais fait ressortir trois groupes à savoir l’usage de faux nom ou de fausse
qualité mais aussi l’abus de qualité vraie et enfin, les mensonges.

En effet, toute escroquerie implique un mensonge et la jurisprudence montre que dans certains
cas ce mensonge seul pourra suffire, là où il ne le sera pas dans d’autres. Il en est ainsi quand
l’escroc va prendre un faux nom ou une fausse qualité et dans ce cas, l’ensemble de la
jurisprudence s’accorde à dire que le mensonge sur le nom ou la qualité suffit à qualifier le
délit même si il y a une petite résistance concernant la fausse qualité : on parle d’usurpation,
considérant dans ce cas qu’il y a des qualités qui ne peuvent pas être de fausses qualités au
sens de l’escroquerie. Quant à la qualité vraie, elle consiste pour des personnes ayant une
certaine qualité à l’exploiter pour se faire remettre des biens ou des fonds. Ainsi il a été jugé
du cas d’un notaire qui avait convaincu ses clients de lui confier leur argent pour des
placements immobiliers.

S’agissant des moyens frauduleux mensongers, parfois la jurisprudence fait état de mensonge
renforcé par un élément extérieur qui va ainsi corroborer les dires de l’escroc. On distingue
ainsi le mensonge du fait de l’intervention d’un tiers, du fait de la production d’un écrit ou
enfin, du fait de la mise en scène.

En général, le mensonge par l’intervention d’un tiers fait appel à la certification, ainsi le tiers
est un certificateur. Sur ce point on peut faire état d’une actualité judiciaire au Sénégal du fait
de la détention de l’ancien directeur du port de Dakar mais aussi de celle de l’ancien directeur
de la SAR (société africaine de raffinage).

Il faut aussi dire en définitive que l’escroquerie est une infraction contre le consentement et
que la remise de la chose va consommer le délit et qu’il doit y avoir un lien de causalité entre
cette remise et les moyens frauduleux.

Paragraphe 2 : L’application de l’escroquerie au monde des affaires

L’on distingue traditionnellement l’escroquerie aux fonds publics et l’escroquerie aux fonds
privés.

La première a concerné, relativement à la jurisprudence française, des exemples de faux


dossiers pour obtenir des subventions étatiques ou européennes alors que les
demandeurs n’y avaient pas le droit. L’exemple typique est l’utilisation des organisations
mafieuses avec des services juridiques qui vont faire de l’ingénierie juridique, fiscale et
financière sur la question de la TVA en utilisant des sociétés dites « taxi » qui en définitive
sont des sociétés fictives dont l’opération finale est que le commerçant va disposer de toutes
les pièces pour justifier dans son TVA qu’il n’a pas en procédant à une opération spéciale,
appelé la remise par équivalent.

Il reste l’escroquerie aux fonds privés qui instrumentalise aussi la fiscalité dans le cas de
la présentation d’un faux bilan par exemple en vendant une société beaucoup plus chère

37
qu’elle ne vaut réellement ce qui ne marchera que si le faux bilan est certifié par un
commissaire au compte. Il y a aussi l’escroquerie au jugement consistant à la production de
pièces fausses pour emporter la religion du juge et c’est donc ce dernier qui est trompé, mais
l’infraction porte sur la chose obtenue grâce au jugement.

Il reste la question de la prescription qui devrait courir du jour de la remise de la chose mais la
jurisprudence semble s’aligner sur la position de l’abus de biens socials qui ferait courir la
prescription au jour permettant la découverte de l’infraction.

Section 3 : L’abus de confiance

Le siège de l’incrimination est l’article 383 du CPS et comme pour toutes les autres
infractions du monde des affaires, elle est difficile car elle doit être qualifiée au cas par cas
mais l’on peut remarquer une caractéristique à savoir que l’atteinte aux biens se commet par
la méconnaissance d’une obligation souvent contractuelle. Il s’agit en effet de restituer un
bien qui vous a été confié mais il peut s’agir aussi d’une méconnaissance des restrictions
assignées à la restitution des biens confiés.

Il y a des conditions préalables à savoir la remise d’un des biens cités par le texte et la
difficulté réside dans le fait de l’interprétation de cette énumération légale et ici il faut aussi
reprendre ce qui a déjà été décidé à savoir que la chose concernée doit être mobilière et donc
consacrer la position de la chambre criminelle : il n’y a pas d’abus de confiance sur un
immeuble même quand on loue un immeuble et que le locataire ne paie pas. On peut aussi
souligner que les choses dont il est question peuvent être des corps certains ou des biens
fongibles mais peuvent aussi avoir une origine illicite. Enfin, la chose peut être un bien
matériel ou incorporel cf. la discussion, les résistances et l’évolution de la jurisprudence sur
l’arrêt Logabax.

S’agissant maintenant de la remise de la chose, la doctrine a établi trois caractères. D’une


part, la remise doit être nécessaire, il n’y a donc pas d’abus de confiance sans remise de la
chose excepté les montages juridiques, financiers et fiscaux. D’autre part, cette remise doit
être volontaire et enfin, elle doit être faite à titre précaire.

Concernant maintenant les éléments proprement constitutifs, deux hypothèses sont


envisagées : la matérialité et l’élément intentionnel.

Sur le point de la matérialité, il réside dans un détournement, précisément un détournement de


la finalité contractuelle de la remise puisque celle-ci est faite à charge de restitution ou en vue
d’un usage déterminé. On remarque ainsi dans la jurisprudence que le défaut de restitution
n’est pas nécessairement et d’emblée constitutif d’un abus de confiance. Il faut en plus une
dissipation de la chose, c’est-à-dire, une appropriation personnelle de cette chose. Il doit
s’agir aussi d’un détournement par usage abusif et ceux-ci sont considérés quantitativement et
temporellement abusifs au regard des stipulations contractuelles.

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Mais l’on peut remarquer une jurisprudence spécifique relativement aux usages abusifs
contraires à l’affection convenue du bien confié et une traduction de ce cas concerne les
détournements d’objectifs où la jurisprudence sénégalaise dans l’affaire dite des chantiers de
Thiès ne fait que suivre la jurisprudence française. Cette dernière dans un arrêt remarqué dont
les faits sont les suivants : le directeur d’une chambre des métiers avait reçu du conseil
général, une subvention affectée exclusivement à la formation des apprentis et ce directeur
décide d’affecter la subvention à des travaux de réfection des locaux. Poursuivi pour abus de
confiance par détournement d’objectif, la défense exhibe alors le moyen selon lequel la
subvention a été entièrement utilisée dans le cadre de l’école de formation et ainsi les sommes
sont restées à l’organisme des chambres des métiers. Ce à quoi la chambre criminelle décide
qu’il y avait un abus de confiance caractérisé du fait de la méconnaissance de l’affectation qui
à elle seule est suffisante car le propriétaire de la subvention est le conseil général et sa
volonté doit être suivie.

S’agissant du deuxième élément relatif à l’élément intentionnel la doctrine dit que cet élément
intentionnel suppose que l’agent ait conscience de la précarité de la remise mais au fond c’est
l’exigence d’un dol spécial même si en général un simple dol peut suffire. Il peut même
arriver que ce dol simple se réduise à un dol éventuel dans l’hypothèse où l’agent a pris le
risque que l’infraction soit commise. Exemple : affaire le diola.

En ce concerne maintenant les poursuites, l’abus de confiance est un délit instantané qui se
commet au jour du détournement ou de la dissipation. Mais on note cependant une
jurisprudence contra legem qui déclare que la prescription triennale de cette infraction va
courir du jour où le délit a pu être découvert par les personnes qui peuvent s’en plaindre. Et
pour cela, on avance comme argument le caractère rusé ou occulte de cette infraction. Au-delà
de cet abus de confiance, on peut citer une infraction voisine que constitue le détournement
d’objets saisis mais aussi le délit d’organisation d’insolvabilité consistant pour un débiteur
soit à accroitre son passif soit à diminuer son actif en vue de se soustraire à l’exécution d’une
condamnation de nature patrimoniale en matière ou délictuelle ou pour le paiement des
amendes pénales.

Cet abus de confiance va emmener dans d’autres hypothèses le juge à déterminer la


qualification exacte où l’on retrouve les considérations classiques du droit pénal telles que les
problèmes de concours, de cumul ou de conflits de qualification.

Le concours d’infraction est l’hypothèse ou le même individu commet plusieurs infractions


espacées dans le temps et non séparées entres elles par une décision de justice. On a donc un
seul agent pénal et plusieurs infractions. La solution en l’espèce c’est qu’on ne peut pas
cumuler les peines applicables à chacune des infractions commises. En conséquence,
l’individu ne va encourir que la sanction privative de liberté ou la sanction pécuniaire la plus
élevée mais il sera quand même déclaré coupable pour toutes les infractions commises.

Le cumul de qualification suppose qu’un agissement commis par une même personne tombe
sous le coup de deux lois pénales. Exemple : viol sur la voie publique. Il y a là donc une
atteinte à l’intégrité mais aussi une atteinte aux mœurs.

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C’est là où la question du non cumul peut se poser puisque l’évolution jurisprudentielle a
montré un balancement. Dans un premier temps, on ne retenait que la qualification pénale la
plus haute et dans un autre temps la chambre criminelle a opéré un revirement considérant que
les deux lois pénales qui sont en cumul protègent des situations juridiques différentes et
lorsque l’agent a eu la conscience et a volonté de les méconnaître, on peut le déclarer
coupable des deux infractions.

Enfin, le conflit de qualification et l’hypothèse où à priori deux qualifications seraient


possible mais une seule peut et doit être retenu. Exemple : vol après remise et abus de
confiance par détournement. Pour la jurisprudence, il faut choisir, on peut retenir les deux.

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Le procès de Hissène Habré au Sénégal est l'un des événements les plus importants de
l'histoire judiciaire africaine. Hissène Habré, ancien président du Tchad, a été jugé et reconnu
coupable de crimes contre l'humanité, de viols, de torture et d'autres crimes graves commis
sous son régime de 1982 à 1990.

Le procès a commencé en 2015, après de nombreuses années d'efforts pour traduire Hissène
Habré en justice. Il a été jugé par les Chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial
créé en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine.

Le procès a été largement résumé comme un exemple de l'importance de la justice pour les
victimes de violations des droits humains en Afrique. Il a également mis en lumière les efforts
de la société civile, des survivants et de leurs familles pour obtenir justice pour les crimes
commis sous le régime de Hissène Habré.

Le verdict final est tombé le 30 mai 2016, condamnant Hissène Habré à la prison à perpétuité.
Cette décision historique a marqué une étape importante dans la lutte contre l'impunité en
Afrique et dans le monde entier.

Ce texte relate l'histoire conflictuelle du Tchad depuis son indépendance jusqu'à la guerre
civile et les interventions militaires étrangères qui ont suivi. Le pays, pluriethnique et
multiconfessionnel, a été marqué par un régime despotique et dictatorial de François
Tombalbaye, qui a favorisé sa région d'origine au détriment des autres et réprimé toute
opposition. Les populations ont réagi par des émeutes et des révoltes populaires, suite au
régime a répondu par une répression brutale, notamment dans le nord du pays. Des
mouvements de rébellion ont vu le jour, et malgré leurs divisions, ils ont subi de lourdes
pertes aux forces gouvernementales. En 1968, Tombalbaye a fait appel à l'armée française
pour intervenir militairement, ce qui a provoqué des centaines de victimes parmi les
populations civiles. La situation s' est aggravée avec l'arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi,
qui a revendiqué la bande d'Aozou, entraînant une nouvelle rébellion. Le texte souligne
également les connaissances aux droits de l'homme, telles que les amendes pour le port du
turban, les coups de fouet pour les disputes simples, la tonte des femmes et le dévêtement des
chefs traditionnels par des militaires.

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Le concept de droit au procès équitable est un élément clé de la protection des droits de
l'homme et des libertés fondamentales. Il est fondé sur le principe selon lequel toute personne
accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été
légalement établie au cours d'un procès public et équitable. Ce principe est énoncé dans de
nombreux textes internationaux relatifs aux droits de l'homme, tels que la Déclaration
universelle des droits de l'homme, la Convention européenne des droits de l'homme, le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l'homme
et des peuples.

Le droit au procès équitable comprend plusieurs éléments clés, tels que le droit à la
présomption d'innocence, le droit à la défense, le droit à un juge impartial, le droit à un procès
public et le droit à être jugé dans un délai raisonnable . Ces droits sont essentiels pour garantir
la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, car ils permettent de
protéger les personnes contre les abus de pouvoir de l'État et de s'assurer que les décisions
judiciaires sont prises de manière équitable et impartiale.

Dans le domaine pénal, le droit au procès équitable revêt une importance particulière, car les
conséquences pour l'accusé et pour la société peuvent être très lourdes. Il est donc essentiel
que les droits de la défense soient respectés, afin de garantir que l'accusé bénéficie d'une
procédure régulière et équitable.

En résumé, le droit au procès équitable est un élément clé de la protection des droits de
l'homme et des libertés fondamentales. Il est fondé sur le principe de la présomption
d'innocence et comprend plusieurs éléments clés, tels que le droit à la défense, le droit à un
juge impartial et le droit à un procès public. Dans le domaine pénal, il revêt une importance
particulière en raison des conséquences potentiellement lourdes pour l'accusé et la société.

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DE L'EQUITABILITE PROCESSUELLE DANS L'AFFAIRE HABRE. Le procès équitable,
c'est quand une personne est accusée d'une infraction pénale, ou qu'elle participe à un autre
litige judiciaire, elle a droit à un procès équitable. Cela implique une audience publique et
équitable dans un délai raisonnable garanti par un tribunal indépendant et impartial. Il est
essentiel de se poser la question de savoir, si le droit à un procès équitable a-t-il été effectif
dans l'affaire Hissein Habré ? Le mystère juridique, autour de l'affaire Hissein Habré, a
suscité beaucoup de réactions dans le cercle des juristes sénégalais, et surtout elle a été
révélée avec la plus grande attention par les pénalistes et les procéduriers. Une grande partie
de la doctrine, lorsqu'elle s'interroge sur les locataires et les aboutissants de l'affaire, revient
sur les fondamentaux, les plus élémentaires et les plus importants en matière de procès pénal :
le droit à un procès équitable. En effet, les vicissitudes intervenues dans le traitement de
l'affaire Hissein Habré ne laissent aucun passionné du droit pénal indifférent. Quand bien
même elle fut soldée par une décision de la chambre, cette affaire bougonne encore dans le
milieu universitaire. C'est une occasion pour nous de voir dans une première partie,
l'ineffectivité relative aux garanties des droits de la personne poursuivie, et dans une seconde
partie, l'ineffectivité relative à l'impartialité de la juridiction poursuivante (CAE).

DES GARANTIES PROCESSUELLES INEFFECTIVES DU DELAI RAISONNABLE

Pour bien cerner le constat de l'absence du délai raisonnable ou du temps nécessaire à la


préparation du dossier de la défense dans l'affaire Hissein Habré, il est essentiel de, d'une part,
rappeler les fondements textuels de ce droit, et d'autre part, de mettre l'accent sur les
conséquences en cas de non-respect de ce droit, notamment dans le sens de l'affaire en
l'espèce. « L'actualité des droits de l'homme n'épargne pas la procédure et plus
particulièrement le caractère raisonnable de son délai qui se trouve aujourd'hui dans la sphère
des droits fondamentaux. Il n'est, en effet, pas à supprimer que le délai raisonnable participe
du caractère juste et équitable du procès pénal » . En effet, élément important de la procédure
pénale, le droit à un jugement dans un délai raisonnable trouve un fondement dans les textes
aussi bien supranationaux que nationaux. La consécration du délai raisonnable par les textes
supranationaux peut être retrouvée dans deux types de textes. D'une part, il s'agit des textes
universels, et d'autre part, il est question des textes communautaires Du droit international au
droit interne et le délai raisonnable. « Toute personne accusée d'un acte délictueux est
présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un
procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auraient été assurées » À la

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lecture de cette disposition, le délai raisonnable n'est pas apparent de manière explicite, mais
cette dernière fait indiscutablement référence aux droits de la défense. Il se trouve que, le
délai raisonnable fait partie des éléments importants de la défense. Aussi, l'article 9
paragraphe 3 du pacte international relatif aux droits civils et politiques énonce de façon un
peu plus claire que « tout individu arrêté ou détenu du chef d'une infraction pénale sera traduit
dans le plus court délai devant le juge ou une autorité habilitée par la loi à exercer des
fonctions judiciaires et devra être jugée dans un délai raisonnable ou libérée ». Ainsi, au
regard de tout ce qui précède, quel que soit la complexité ou l'enjeu de l'affaire, le juge devant
lequel le litige s'est posé doit indéniablement vérifier que le délai de toute la procédure est de
nature à permettre l' 'exercice effectif des droits de la défense. « » La méconnaissance de
l'obligation de juger dans un délai raisonnable ouvre un droit à réparation du dommage ainsi
amélioré par le fonctionnement défectueux du service public de la justice » . Il en est ainsi
dans la mesure où, le droit à un jugement dans un délai raisonnable fait partie des droits de la
défense. C'est pourquoi d'ailleurs, ce droit est également garanti, de manière encore plus
formelle, par des textes communautaires. De manière plus formelle, les textes régionaux ou
communautaires consacrent ce droit d'être jugé dans un délai raisonnable. Ainsi, on peut
retrouver ceci dans la charte africaine des droits de l'homme et des peuples, notamment dans
son article 7 qui dispose que « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce
droit comprend : (…) d — le droit d'être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction
impartiale » . La détention des personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être
la règle et aussi le délai doit être de nature à permettre à la défense de bien préparer le
dossier... Dans ce même ordre d'idées et dans une perspective de comparaison , l'article 5
paragraphe 3 de la convention européenne des droits de l'Homme (CEDH) édicte notamment
que « toute personne arrêtée ou détenue a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable ou
libérée pendant la procédure ». Ainsi, de ce qui précède, le délai raisonnable en matière de
procédure pénale fait partie des droits de la défense et est gagné par beaucoup des instruments
juridiques internationaux ou régionaux au point que la Cour européenne des droits de
l'homme par exemple en fait une préoccupation majeure dans beaucoup de ses les décisions.
Cependant, si le droit à être jugé dans un délai est au cœur de nombreuses décisions de la
Cour européenne des Droits de l'Homme et constitue une composante essentielle du droit au
procès équitable, il n'est pas uniquement accordé par des textes internationaux , car étant
également affirmé par des normes de droit interne ou national. Le droit d'être jugé dans un

44
délai raisonnable est, au-delà d'être une préoccupation internationale ou régionale, une
garantie essentielle des droits de la défense reconnue par les textes nationaux. Ces textes
comprennent les textes constitutionnels et les textes infraconstitutionnels.

Du droit constitutionnel aux textes infraconstitutionnels. Du point de vue de la logique


juridique, plus la source d'une disposition est élevée dans l'échelle des normes juridiques, plus
son respect s'impose aux gouvernants. La Constitution est la règle de droit qui domine et
hiérarchise toutes les autres règles de droit. Le principe paraît aller de soi. Il est
universellement admis et toujours réaffirmé. À travers les querelles d'école, il prédomine une
idée commune : la constitution est la règle suprême de l'État ». Par ailleurs les dispositions
qu'elle contient font l'objet d'une protection absolue. S'il existe un droit qui s'impose à l'action
de tous les pouvoirs publics, aux autorités judiciaires notamment, c'est la constitution. Le
principe se donne une justification de fond, car l'objet et l'utilité des dispositions
constitutionnelles commandent de les mettre hors d'atteinte de ceux à qui elles s'imposent. La
suprématie constitutionnelle se justifie, en outre, par le fait que la constitution fonde le
pouvoir de l'État en même temps qu'elle l'institut. Les principes de subordination et de
cohérence se conjuguent pour imposer la primauté absolue sur toutes les autres règles
juridiques de droit interne, du pacte qui détermine le statut du pouvoir d'État. Cette valeur
juridique supérieure à toute autre règle de droit suppose donc que toutes les autres normes lui
sont subordonnées. La hiérarchie coïncide d'abord avec la hiérarchie des organes dont elles
émanent. Par suite, la loi ordinaire appliquée du parlement et du gouvernement agissant
toujours en accord est soumise à la loi constitutionnelle. La force juridique de la constitution
se traduit dans le langage juridique par diverses expressions telle celle de légalité (Principe
exprimé par l'adage latin « nullum crimen, nulla poena sine lege » selon lequel tout acte
constituant un crime ou un délit doit être défini avec précision par la loi ainsi que les peines
qui lui sont applicables), de juridicité (Caractère de ce qui est placé sous l'empire du droit par
opposition aux normes de la vie sociale : mœurs convenances, morales, religion). Ainsi, la
constitution, sans pour autant l'exprimer de manière explicite, consacrer le délai raisonnable
en énonçant notamment que « la défense est un droit absolu dans tous les États et à tous les
degrés de la procédure ». L'on comprend parfaitement que le délai raisonnable fait partie de la
défense et celle-ci doit être respectée. En outre, ce droit est également accordé par les textes
infraconstitutionnels. Le délai raisonnable est une garantie que l'on peut retrouver dans les

45
textes infraconstitutionnels tels que le code de procédure pénale ou encore le statut des
chambres africaines extraordinaires (CAE) puisque celles-ci sont créées au sein des
juridictions nationales sénégalaises conformément au statut précité . Ceci étant dit, il faut dire
que ce droit n'est pas expressément énoncé dans la législation pénale nationale du Sénégal. Ce
droit fait cependant partie du droit à un procès équitable prévoyant le droit d'être jugé dans un
délai raisonnable. Ainsi, comme énoncé précédemment, en ratifiant les diverses conventions
internationales qui possèdent ce droit, il fait ainsi partie intégrante du droit positif sénégalais
et doit être respecté tout au long de la procédure pénale. Toutefois, il n'en est pas de même
s'agissant du statut des chambres africaines extraordinaires qui, de façon expresse, garantit ce
droit. C'est ainsi que l'article 21 4 du statut des CAE dispose que « lors de l'examen des
charges portées contre lui conformément au présent statut, tout accusé a droit au moins aux
garanties suivantes : (…) b — disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation
de sa défense et communiquer librement avec le conseil de son choix. C-être jugé sans retard
excessif ». Au regard de ce qui précède, l'on peut s'interroger facilement sur la question de
savoir, si ce droit d'être jugé dans un délai était garanti dans l'affaire Hissein Habré ? Mais
dans tous les cas, il est aisé de constater que, si le droit d'être jugé dans un délai raisonnable
n'a pas été garanti durant toute la procédure, des conséquences, nombreuses et variées, peut en
découler de cet état de fait

L'article aborde le sujet de l'équité procédurale dans l'affaire Hissein Habré. Le procès
équitable est un droit fondamental lorsqu'une personne est accusée d'une infraction pénale ou
est impliquée dans un autre litige judiciaire. Cela implique une audience publique et équitable
dans un délai raisonnable assuré par un tribunal indépendant et impartial. Le texte aborde
d'abord l'ineffectivité relative aux garanties des droits de la personne poursuivie dans l'affaire
Hissein Habré, puis l'ineffectivité relative à l'impartialité de la juridiction poursuivante
(CAE).

La première partie du texte traite de l'absence du délai raisonnable dans l'affaire Hissein
Habré. Le droit à un jugement dans un délai raisonnable est un élément important de la
procédure pénale. Ce droit est accordé par les textes supranationaux et nationaux. L'article
souligne que le juge doit vérifier que le délai de toute la procédure est de nature à permettre
l'exercice effectif des droits de la défense, quelle que soit la complexité ou l'enjeu de l'affaire.

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La méconnaissance de l'obligation de juger dans un délai raisonnable ouvre un droit à
réparation du dommage ainsi amélioré par le fonctionnement défectueux du service public de
la justice.

Dans la seconde partie du texte, l'auteur s'attaque à l'ineffectivité relative à l'impartialité de la


juridiction poursuivante (CAE). L'affaire Hissein Habré a provoqué de nombreuses réactions
dans le cercle des juristes sénégalais, en particulier chez les pénalistes et les procéduriers. Le
texte souligne que l'affaire a été révélée avec la plus grande attention par ces professionnels,
notamment en ce qui concerne les garanties des droits de la personne poursuivie et
l'impartialité de la juridiction poursuivante.

Des suites de la violation du délai raisonnable. Lorsque, durant la procédure, la personne


requise n'a pas les garanties nécessaires à sa défense, notamment le droit d'être jugé dans un
délai raisonnable ou d'avoir un délai nécessaire pour préparer la défense, cela peut avoir
diverses conséquences pour la personne poursuivie. Parmi ces conséquences, l'on peut retenir
le fait que l'absence d'un délai nécessaire ne peut pas permettre une bonne préparation du
dossier de la défense, c'est d'ailleurs ce sur quoi un accent particulier sera mis. En effet,
lorsqu'une personne fait l'objet d'une poursuite devant une juridiction quelconque, elle doit
avoir toutes les garanties, notamment un délai nécessaire pour permettre à cette dernière de
bien préparer sa défense, sinon le dossier de la défense via ses conseils. C'est un droit, sinon
une règle fondamentale pour un procès équitable prévue par divers instruments juridiques,
internationaux comme nationaux, comme mentionnés ci-haut d'ailleurs. « Il s'agit donc d'une
règle d'équilibre, pouvant être rattachée à l'égalité des armes, d'accorder aux avocats [de la
personne poursuivie] un temps nécessaire pour prendre connaissance du dossier et pour se
préparer ». Cela étant dit, dans l'affaire Hissein Habré, il est donné de constater que les
conseils commis d'office, pas l'ancienne équipe, mais celle nouvelle, ont fustigé le délai qui
leur était accordé pour s'approprier le dossier, délai de 45 jours. En réalité, il n'existe certes
pas un délai calqué qui doit être respecté, mais, vu l'arrivée d'une nouvelle équipe pour
prendre en charge la défense du Président Hissein Habré, il doit y avoir une possibilité pour
qu'on puisse accorder un temps nécessaire pour préparer la défense. « En effet, l'accusation
qui a mis en mouvement l'action publique à disposer du temps nécessaire pour connaître le
dossier. De même les avocats des parties civiles, contrairement à ceux de la défense, ont eu

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accès à toutes les informations, tel que prévu par la loi, depuis le début de la procédure. Si
l'ancienne équipe de défense était supposée avoir accès aux mêmes informations, il n'en va
pas de même de la nouvelle équipe d'avocats commis d'office qui a dû s'approprier le dossier.
Enfin, soulignons, sans en faire une partie au procès, que les juges de la chambre d'assises
eux-mêmes, à la différence des avocats commis d'office au nom d'Hissein Habré, ont eu
besoin de temps, environ deux mois après leur nomination, pour s'imprégner du dossier et
préparer l'audience. Accorder le temps nécessaire aux avocats commis d'office peut donc être
compris comme la manifestation du souci légitime de la chambre de conduire un procès
équitable ». Ainsi, de ce constat, l'on peut s'interroger facilement si l'on peut parler d'un
procès équitable dans l'affaire Hissein Habré, si les droits de sa défense, celle d'avoir
notamment un temps nécessaire pour préparer sa défense par une équipe nouvellement
constituée, ne sont pas respectés. Donc, ce non-respect de ce droit a eu pour conséquence sur
la personne du Président Habré l'absence d'un temps nécessaire pour la préparation de son
dossier, comme marteler d'ailleurs par ses conseils même à diverses occasions. Dans tous les
cas, au-delà des conséquences sur la personne poursuivie, le non-respect de ce droit peut avoir
des conséquences également sur la procédure constatée. Au niveau procédural, relativement à
l'inneffectivité et l'incohérence procédurale. Le non-respect du droit d'être jugé dans un délai
raisonnable, quoi que n'ait pas pour effet la nullité de la procédure, aura des conséquences qui
peuvent être de deux natures. D'une part, il s'agit de l'ineffectivité du principe de
contradictoire (A), et d'autre part, il sera question de l'incohérence processuelle (B).
Soulignons à cet effet que, dans l'affaire Hissein Habré, ses conseils ont toujours brandi le fait
qu'ils n'ont pas eu un temps nécessaire pour préparer la défense, ne permettent pas l'exercice
effectif du principe du contradictoire, mais également la procédure est incohérente et n'est pas
de nature à permettre un procès équitable. Élément fondamental, crucial et incontournable de
toutes les procédures, qu'elle soit judiciaire, pénale ou administrative, le principe du
contradictoire est consenti, presque à tous les niveaux de juridiction, comme un principe
général de droit et traduit de ce fait les garanties d'un procès juste et équitable. En effet, ce
principe suppose que les parties au procès doivent être mises en mesure de s'opposer
mutuellement et d'opposer au juge, les moyens et les preuves dont elles disposent à l'appui de
leurs prétentions. Autrement dit, le principe du garantit aux parties contradictoires qu'elles ne
seront pas jugées sans avoir été sinon entendues, du moins appelées. La personne qui n'a pas
eu connaissance de l'instance portée à son rencontre possède certaines garanties, tant du point

48
de vue des voies de recours qui lui sont ouvertes que de l'exécution de la décision. Le principe
du contradictoire garantit à chaque partie le droit de prendre connaissance des arguments de
fait, de droit et de preuve à partir desquels elle sera jugée. Cependant, lorsque, durant la
procédure, le délai accordé à la défense n'est pas de nature à permettre l'exercice effectif des
droits de la défense, cela aura un impact sur le principe du contradictoire. Il en est ainsi dans
la mesure où le délai accordé ne permet pas de bien se défendre, de bien constituer le dossier
de la défense et donc de ne pas avoir des garanties pour apporter tous les éléments nécessaires
à sa défense. Ainsi, il est indispensable, pour permettre à la défense de bien se préparer et
d'avoir la garantie du principe du contradictoire, d'accorder un délai raisonnable. Au cas
contraire, au-delà de l'impact qu'il peut y avoir sur le principe du contradictoire, le non-
respect de ce droit peut entraîner également une sorte d'incohérence processuelle. Le non-
respect du droit d'être jugé dans un délai raisonnable peut avoir une conséquence sur la
procédure, d'où l'incohérence processuelle dont il est question. En effet, le droit d'être jugé
dans un délai raisonnable, comme dit dans les parties précédentes de ce travail, est un droit
fondamental reconnu dans de nombreuses juridictions à travers le monde. Il s'agit d'un
principe essentiel de l'État de droit et de la protection des droits de l'homme. Le non-respect
de ce droit peut avoir des conséquences importantes sur la procédure judiciaire même si la
nullité de la procédure est une hypothèse à écarter. Si un accusé est détenu pendant une
période excessive sans avoir été jugé ou sans pour autant avoir un délai qui lui permettra de
préparer sa défense cela peut constituer une violation de ses droits fondamentaux. De plus,
cela peut également avoir des répercussions sur le déroulement de la procédure. Par exemple,
si la détention préventive adéquate de l'est accusée prolongée de manière excessive en raison
de retards dans la procédure, cela peut affecter sa capacité à préparer sa défense de manière et
il en est de même, lorsque compte tenu de certaines situations, la procédure est accélérée sans
pour autant procéder à des garanties. Il est donc essentiel que les autorités judiciaires prennent
toutes les mesures nécessaires pour garantir que les procédures judiciaires doivent répondre
dans les délais les plus brefs possibles ou dans un délai permettant l'exercice effectif des
droits de la défense, afin de garantir le respect des droits fondamentaux des accusés et
d'assurer une justice équitable pour toutes les parties concernées. En définitive, dans l'affaire
Hissein Habré, un élément fondamental de la procédure pénale n'a pas été observé, celui
notamment d'avoir un délai raisonnable ou un temps nécessaire pour préparer la défense, ce
qui mène à interroger l'équité du procès lui-même. Cette interrogation ne se limite pas

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seulement en réalité au seul constat de l'absence d'un temps nécessaire pour la préparation du
dossier de la défense, mais aussi, Les conséquences de la violation de l'exigence de délai
raisonnable au cours d'une procédure judiciaire peuvent être diverses et avoir un impact à la
fois sur les droits du défendeur et sur l'équité procédurale de l'affaire. L'une des principales
conséquences est que le défendeur peut ne pas disposer de suffisamment de temps pour
préparer sa défense de manière adéquate. Il s'agit d'un droit fondamental inscrit dans divers
instruments juridiques internationaux et nationaux et essentiel pour un procès équitable.
Permettre à la défense de disposer de suffisamment de temps pour examiner les preuves et
préparer son dossier est un élément crucial pour garantir l'égalité des armes entre l'accusation
et la défense.

Dans le cas d'Hissein Habré, l'équipe de défense nommée plus tard dans la procédure a fait
valoir qu'elle n'avait pas eu suffisamment de temps pour préparer son dossier de manière
adéquate. Ils n'ont eu que 45 jours pour examiner les preuves, ce qui, selon eux, n'était pas
suffisant. Ce manque de temps pour préparer une défense peut affecter les droits de l'accusé et
l'équité du procès, en particulier si l'accusation et les juges ont eu plus de temps pour préparer
et examiner les preuves.

En outre, la violation de l'exigence du délai raisonnable peut avoir des conséquences


procédurales, telles que rendre le principe de contradiction inopérant ou conduire à une
incohérence procédurale. Ces conséquences peuvent avoir une incidence supplémentaire sur
l'équité du procès. L'équipe de défense d'Hissein Habré a fait valoir que le manque de temps
pour préparer leur dossier les empêchait d'exercer pleinement le principe de contradiction, qui
est un principe fondamental des procès équitables. En outre, ils ont fait valoir que
l'incohérence procédurale du procès empêchait un procès équitable d'avoir lieu.

L'ineffectivité relative aux droits de la défense. Dans ce chapitre, il est question de parler
de manière assez générale des droits de la défense en rappelant les fondements juridiques des
droits de la défense et les conséquences de l'inobservation de ces droits. Considérés comme
des prérogatives dont disposent une personne au cours d'un procès quelconque afin de,
notamment, garantir un équilibre entre toutes les parties concernées, les droits de la défense
sont des droits fondamentaux qui sont attribués aussi bien par les textes généraux que par des

50
textes spéciaux. Les droits de la défense, sont des droits fondamentaux dont la consécration
par les textes généraux ne souffrent d'aucun doute. Il importe de revenir sur les textes
généraux à vocation internationale et nationale. Les droits de la défense sont d'une telle
importance et d'un tel caractère fondamental dont les textes généraux à vocation
internationale ne sauraient faire abstraction quant à leur consécration. C'est dans ce sens que
plusieurs textes internationaux et non des moindres consacrent ces droits. Il en est ainsi de la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui, fournissant les droits de la défense,
nous dit « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de
la loi ». Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la
présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination » , « Toute
personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales peut contre les actes
violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi », «
toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidea, soit de ses droits et
obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle » ou
encore « 1 - toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui ont été assurées. 2-Nul ne sera condamné pour des actions ou
omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux
d'après le droit national ou international. De même, il ne sera dû aucune peine plus forte que
celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis ». Au-delà de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, l'on peut également remarquer la consécration
des droits de la défense par d'autres textes, relativement, d'une même nature tel le pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui énumère ces droits en ces termes : « 1 —
tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et
impartial, établi par la loi, qui décidea soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil.
Le huis clos peut être prononcé pendant la totalité ou une partie du procès soit dans l'intérêt
des bonnes mœurs, de l'ordre public ou de la sécurité nationale dans une société
démocratique, soit lorsque l'intérêt de la vie privée des parties en cause l'exige, soit encore
dans la mesure où le tribunal l'estimera absolument nécessaire lorsqu'en raison des

51
circonstances particulières de l'affaire la publicité nuirait aux intérêts de la justice ; cependant,
tout jugement rendu en matière pénale ou civile sera public, sauf si l'intérêt des mineurs exige
qu'il en soit autrement ou si le procès porte sur des différends matrimoniaux ou sur la tutelle
des enfants. 2 — Toute personne accusée d'une infraction pénale est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement reconnue. 3 — toute personne accusée d'une
infraction pénale à droit, en pleine égalité, au moins aux garanties suivantes : a) A être
informée, dans le plus court délai, dans une langue qu'elle comprend et de façon détaillée, de
la nature et des motifs de l'accusation portée contre elle ; b) À disposer du temps et des
facilités nécessaires à la préparation de sa défense et à communiquer avec le conseil de son
choix ; c) À être jugé sans retard excessif ; d) À être présenté au procès et à se défendre elle-
même ou à avoir l'assistance d'un défenseur de son choix ; si elle n'a pas de défenseur, à être
informée de son droit d'en avoir un, et, chaque fois que l'intérêt de la justice l'exige, à se voir
attribuer d'office un défenseur, sans frais, si elle n'a pas les moyens de le rémunérer ; e) À
interroger ou faire interroger les témoins à charge et à obtenir la comparaison et
l'interrogatoire des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge ;
f) À se faire assister gratuitement d'un interprète si elle ne comprend pas ou ne parle pas la
langue employée à l'audience ; g) À ne pas être forcée de témoigner contre elle-même ou de
s'avouer coupable. 4— La procédure applicable aux jeunes gens qui ne sont pas encore
majeurs au regard de la loi pénale tenant compte de leur âge et de l'intérêt que présente leur
rééducation. Toute personne déclarée coupable d'une infraction au droit de faire examinateur
par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation, conformément
à la loi.

Lorsqu'une condamnation pénale définitive est annulée ou lorsque la grâce est accordée parce
qu'un fait nouveau ou nouvellement prouvé qu'il s'est produit une erreur judiciaire, la
personne qui a subi une peine en raison de cette condamnation sera indemnisée,
conformément à la loi, à moins qu'il ne soit prouvé que la non-révélation en temps utile du
fait inconnu lui est imputable en tout ou partie. 7-nul ne peut être poursuivi ou puni en raison
d'une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement définitif
conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays ». En outre, à côté de ces textes
d'une valeur internationale, il est à faire remarquer l'existence des textes qui, à priori, sont
régionaux, mais d'une importance fondamentale telle la Déclaration des droits de l'homme et
des citoyens, la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne ou encore la charte

52
africaine des droits de l'homme et du peuple qui, tous, consacrent ces droits . Mais qu'à cela
ne tienne, il est aussi fondamental que nécessaire de faire une descente dans le droit national
afin d'analyser la législation qui consacre les droits de la défense. Au plan interne, les droits
de la défense contiennent également une consécration, car, sa font partie des éléments qui
tiennent et consolident un État de droit et une bonne démocratie. Pour ça, il est crucial
d'analyser la législation interne et y voir clair. Partant de là, la constitution, texte fondamental
et suprême d'une société démocratiquement organisée, doit être le premier repère, comme
quoi, aller du suprême à l'inférieur pour suivre la pyramide du doyen Hens Kelsen. En effet, la
constitution sénégalaise de 2001 nous dit, avec une telle clarté et simplicité, que « la défense
est un droit absolu dans tous les états et à tous les degrés de la procédure ». Ainsi, il est tout à
fait aisé de comprendre que la constitution accorde une valeur fondamentale à la défense.
Mais malgré tout, quoiqu'ayant une valeur particulière et fondamentale, les droits de la
défense ne sont pas l'objet d'une annexe par la constitution, car se limitant à la garantie de
leurs existences, une a choisi que l'on peut également notez ailleurs comme la France. Mais en
outre, quoique le Conseil constitutionnel sénégalais soit peu regardant sur cette question, il
n'en est pas de même pour son homologue français. En réalité, pour Jean-Louis DEBRÉ, « Le
Conseil constitutionnel français reconnaît aux droits de la défense une portée générale. Il ne
limite pas ce principe au seul domaine pénal. Aucune disposition de la Constitution ne
garantit les droits de la défense. Le Conseil a donc d'abord fait appel, en 1976, à la catégorie
des "principes fondamentaux reconnus par les lois de la République". À l'époque, il n'a
d'ailleurs pas pris la peine de préciser de quelles lois de la République il s'agissait. Pour les
membres du Conseil constitutionnel, le respect des droits de la défense était avant tout une
"évidence constitutionnelle". Par la suite, le Conseil constitutionnel a annexé les droits de la
défense à la « garantie des droits » proclamée par l'article 16 de la Déclaration de 1789 ».
Cela dit, le champ constitutionnel de la question relative aux droits de la défense ayant été
passé en revue, il est incontournable de faire du même avec celui légal. En vérité, à côté de la
constitution et de la jurisprudence constitutionnelle, les droits de la défense sont également
garantis par d'autres textes tels que le code de procédure pénale qui, dès ses premières
dispositions, notamment son article 11, en fait une mention . Pour aller plus loin, il faut dire
que le code de procédure pénale, de manière assez séparée, contrairement à la constitution,
fait une mention de ces droits. Pour ce dernier et à titre d'exemple, nous pouvons citer
quelques dispositions qui, lorsqu'on y voit de plus près, font apparaître ces droits. Il en est

53
ainsi de l'article 87, alinéa 3 qui, parlant de la perquisition que pourrait faire le juge
d'instruction, dispose que « toutefois, il a l'obligation de provoquer préalablement toutes les
mesures utiles pour que soit assuré le respect du secret professionnel et des droits de la
défense » ou encore l'article 354, alinéa 1, qui dispose que « les décisions rendues par la
Chambre criminelle du tribunal de grande instance peut faire l'objet d'appel ». Toutes ces
dispositions, de même celles qui n'ont pas été citées, puisque nombreuses et éparpillées dans
le code, sont présentes pour la simple et bonne raison de garantir un équilibre entre les parties
concernées à un procès quelconque, puisqu'il s'agit des droits de la défense. En outre, l'on peut
également faire remarquer l'existence d'autres textes qui conservent ces droits, quoique de
manière très limitée.

Il en est ainsi de la loi portant création de l'Ordre des avocats qui, dans son article 5, dispose
que « toutefois toute personne peut plaider et postuler, verbalement ou par mémoire, soit pour
elle-même, soit pour ses cohéritiers, soit pour ses parents et alliés sans exception en ligne
directe et jusqu'au second degré inclusivement en ligne collatérale, le mari peut de même
plaider et postuler pour sa femme, celle-ci pour son mari, le tuteur pour ses pupilles, ou
l'administrateur provisoire ou le curateur d'office pour les personnes qu'il représente. Les
représentants obligatoires sont jugés de la justification de leur mandat », permettant ainsi à
l'accusé de pouvoir choisir de commenter se défendre, via un conseil ou soit de manière
unilatérale. Comme l'on peut le remarquer, les droits de la défense sont qu'il soit par le biais
des textes internationaux, ayant une vocation internationale ou nationale, sont l'objet d'une
consécration, puisque considéré comme des droits fondamentaux. Cependant, cette
consécration n'est pas l'apanage des textes généraux, puisqu'il existe des textes spéciaux qui
en parlent aussi.

L'ineffectivité relative aux droits de la défense. Dans ce chapitre, il est question de parler
de manière assez générale des droits de la défense en rappelant les fondements juridiques des
droits de la défense et les conséquences de l'inobservation de ces droits. Considérés comme
des prérogatives dont disposent une personne au cours d'un procès quelconque afin de,
notamment, garantir un équilibre entre toutes les parties concernées, les droits de la défense
sont des droits fondamentaux qui sont attribués aussi bien par les textes généraux que par des
textes spéciaux. Les droits de la défense, sont des droits fondamentaux dont la consécration
par les textes généraux ne souffrent d'aucun doute. Il importe de revenir sur les textes
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généraux à vocation internationale et nationale. Les droits de la défense sont d'une telle
importance et d'un tel caractère fondamental dont les textes généraux à vocation
internationale ne sauraient faire abstraction quant à leur consécration. C'est dans ce sens que
plusieurs textes internationaux et non des moindres consacrent ces droits. Il en est ainsi de la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui, fournissant les droits de la défense,
nous dit « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de
la loi ». Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la
présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination » , « Toute
personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales peut contre les actes
violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi », «
toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidea, soit de ses droits et
obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle » ou
encore « 1 - toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui ont été assurées. 2-Nul ne sera condamné pour des actions ou
omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux
d'après le droit national ou international. De même, il ne sera dû aucune peine plus forte que
celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis ». Au-delà de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, l'on peut également remarquer la consécration
des droits de la défense par d'autres textes, relativement, d'une même nature tel le pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui énumère ces droits en ces termes : « 1 —
tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et
impartial, établi par la loi, qui décide soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale
dirigée contre elle, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil. Le
huis clos peut être prononcé pendant la totalité ou une partie du procès soit dans l'intérêt des
bonnes mœurs, de l'ordre public ou de la sécurité nationale dans une société démocratique,
soit lorsque l'intérêt de la vie privée des parties en cause l'exige, soit encore dans la mesure où
le tribunal l'estimera absolument nécessaire lorsqu'en raison des circonstances particulières de
l'affaire la publicité nuirait aux intérêts de la justice ; cependant, tout jugement rendu en
matière pénale ou civile sera public, sauf si l'intérêt des mineurs exige qu'il en soit autrement

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ou si le procès porte sur des différends matrimoniaux ou sur la tutelle des enfants. 2 — Toute
personne accusée d'une infraction pénale est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité
ait été légalement reconnue. 3 — toute personne accusée d'une infraction pénale à droit, en
pleine égalité, au moins aux garanties suivantes : a) A être informée, dans le plus court délai,
dans une langue qu'elle comprend et de façon détaillée, de la nature et des motifs de
l'accusation portée contre elle ; b) À disposer du temps et des facilités nécessaires à la
préparation de sa défense et à communiquer avec le conseil de son choix ; c) À être jugé sans
retard excessif ; d) À être présenté au procès et à se défendre elle-même ou à avoir l'assistance
d'un défenseur de son choix ; si elle n'a pas de défenseur, à être informée de son droit d'en
avoir un, et, chaque fois que l'intérêt de la justice l'exige, à se voir attribuer d'office un
défenseur, sans frais, si elle n'a pas les moyens de le rémunérer ; e) À interroger ou faire
interroger les témoins à charge et à obtenir la comparaison et l'interrogatoire des témoins à
décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge ; f) À se faire assister
gratuitement d'un interprète si elle ne comprend pas ou ne parle pas la langue employée à
l'audience ; g) À ne pas être forcée de témoigner contre elle-même ou de s'avouer coupable. 4
— La procédure applicable aux jeunes gens qui ne sont pas encore majeurs au regard de la loi
pénale tenant compte de leur âge et de l'intérêt que présente leur rééducation. 5 — toute
personne déclarée coupable d'une infraction au droit de faire examinateur par une juridiction
supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation, conformément à la loi. 6 —
Lorsqu'une condamnation pénale définitive est annulée ou lorsque la grâce est accordée parce
qu'un fait nouveau ou nouvellement prouvé qu'il s'est produit une erreur judiciaire, la
personne qui a subi une peine en raison de cette condamnation sera indemnisée,
conformément à la loi, à moins qu'il ne soit prouvé que la non-révélation en temps utile du
fait inconnu lui est imputable en tout ou partie. 7-nul ne peut être poursuivi ou puni en raison
d'une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement définitif
conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays ». En outre, à côté de ces textes
d'une valeur internationale, il est à faire remarquer l'existence des textes qui, à priori, sont
régionaux, mais d'une importance fondamentale telle la Déclaration des droits de l'homme et
des citoyens, la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne ou encore la charte
africaine des droits de l'homme et du peuple qui, tous, consacrent ces droits . Mais qu'à cela
ne tienne, il est aussi fondamental que nécessaire de faire une descente dans le droit national
afin d'analyser la législation qui consacre les droits de la défense. Au plan interne, les droits

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de la défense contiennent également une consécration, car, sa font partie des éléments qui
tiennent et consolident un État de droit et une bonne démocratie. Pour ça, il est crucial
d'analyser la législation interne et y voir clair. Partant de là, la constitution, texte fondamental
et suprême d'une société démocratiquement organisée, doit être le premier repère, comme
quoi, aller du suprême à l'inférieur pour suivre la pyramide du doyen Hens Kelsen. En effet, la
constitution sénégalaise de 2001 nous dit, avec une telle clarté et simplicité, que « la défense
est un droit absolu dans tous les états et à tous les degrés de la procédure ». Ainsi, il est tout à
fait aisé de comprendre que la constitution accorde une valeur fondamentale à la défense.
Mais malgré tout, quoiqu'ayant une valeur particulière et fondamentale, les droits de la
défense ne sont pas l'objet d'une annexe par la constitution, car se limitant à la garantie de
leurs existences, une a choisi que l'on peut également notez ailleurs comme la France. Mais en
outre, quoique le Conseil constitutionnel sénégalais soit peu regardant sur cette question, il
n'en est pas de même pour son homologue français. En réalité, pour Jean-Louis DEBRÉ, « Le
Conseil constitutionnel français reconnaît aux droits de la défense une portée générale. Il ne
limite pas ce principe au seul domaine pénal. Aucune disposition de la Constitution ne
garantit les droits de la défense. Le Conseil a donc d'abord fait appel, en 1976, à la catégorie
des "principes fondamentaux reconnus par les lois de la République". À l'époque, il n'a
d'ailleurs pas pris la peine de préciser de quelles lois de la République il s'agissait. Pour les
membres du Conseil constitutionnel, le respect des droits de la défense était avant tout une
"évidence constitutionnelle". Par la suite, le Conseil constitutionnel a annexé les droits de la
défense à la « garantie des droits » proclamée par l'article 16 de la Déclaration de 1789 ».
Cela dit, le champ constitutionnel de la question relative aux droits de la défense ayant été
passé en revue, il est incontournable de faire du même avec celui légal. En vérité, à côté de la
constitution et de la jurisprudence constitutionnelle, les droits de la défense sont également
garantis par d'autres textes tels que le code de procédure pénale qui, dès ses premières
dispositions, notamment son article 11, en fait une mention . Pour aller plus loin, il faut dire
que le code de procédure pénale, de manière assez séparée, contrairement à la constitution,
fait une mention de ces droits. Pour ce dernier et à titre d'exemple, nous pouvons citer
quelques dispositions qui, lorsqu'on y voit de plus près, font apparaître ces droits. Il en est
ainsi de l'article 87, alinéa 3 qui, parlant de la perquisition que pourrait faire le juge
d'instruction, dispose que « toutefois, il a l'obligation de provoquer préalablement toutes les
mesures utiles pour que soit assuré le respect du secret professionnel et des droits de la

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défense » ou encore l'article 354, alinéa 1, qui dispose que « les décisions rendues par la
Chambre criminelle du tribunal de grande instance peut faire l'objet d'appel ». Toutes ces
dispositions, de même celles qui n'ont pas été citées, puisque nombreuses et éparpillées dans
le code, sont présentes pour la simple et bonne raison de garantir un équilibre entre les parties
concernées à un procès quelconque, puisqu'il s'agit des droits de la défense. En outre, l'on peut
également faire remarquer l'existence d'autres textes qui conservent ces droits, quoique de
manière très limitée. Il en est ainsi de la loi portant création de l'Ordre des avocats qui, dans
son article 5, dispose que « toutefois toute personne peut plaider et postuler, verbalement ou
par mémoire, soit pour elle-même, soit pour ses cohéritiers, soit pour ses parents et alliés sans
exception en ligne directe et jusqu'au second degré inclusivement en ligne collatérale, le mari
peut de même plaider et postuler pour sa femme, celle-ci pour son mari, le tuteur pour ses
pupilles, ou l'administrateur provisoire ou le curateur d'office pour les personnes qu'il
représente. Les représentants obligatoires sont jugés de la justification de leur mandat »,
permettant ainsi à l'accusé de pouvoir choisir de commenter se défendre, via un conseil ou
soit de manière unilatérale. Comme l'on peut le remarquer, les droits de la défense sont qu'il
soit par le biais des textes internationaux, ayant une vocation internationale ou nationale, sont
l'objet d'une consécration, puisque considéré comme des droits fondamentaux. Cependant,
cette consécration n'est pas l'apanage des textes généraux, puisqu'il existe des textes spéciaux
qui en parlent aussi.

DE L'EQUITABILITE PROCESSUELLE DANS L'AFFAIRE HABRE. Le procès


équitable, c'est quand une personne est accusée d'une infraction pénale, ou qu'elle participe à
un autre litige judiciaire, elle a droit à un procès équitable. Cela implique une audience
publique et équitable dans un délai raisonnable garanti par un tribunal indépendant et
impartial. Il est essentiel de se poser la question de savoir, si le droit à un procès équitable a-t-
il été effectif dans l'affaire Hissein Habré ? Le mystère juridique, autour de l'affaire Hissein
Habré, a suscité beaucoup de réactions dans le cercle des juristes sénégalais, et surtout elle a
été révélée avec la plus grande attention par les pénalistes et les procéduriers. Une grande
partie de la doctrine, lorsqu'elle s'interroge sur les locataires et les aboutissants de l'affaire,
revient sur les fondamentaux, les plus élémentaires et les plus importants en matière de procès
pénal : le droit à un procès équitable. En effet, les vicissitudes intervenues dans le traitement
de l'affaire Hissein Habré ne laissent aucun passionné du droit pénal indifférent. Quand bien
même elle fut soldée par une décision de la chambre, cette affaire bougonne encore dans le

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milieu universitaire. C'est une occasion pour nous de voir dans une première partie,
l'ineffectivité relative aux garanties des droits de la personne poursuivie, et dans une seconde
partie, l'ineffectivité relative à l'impartialité de la juridiction poursuivante (CAE).

DES GARANTIES PROCESSUELLES INEFFECTIVES DU DELAI RAISONNABLE


Pour bien cerner le constat de l'absence du délai raisonnable ou du temps nécessaire à la
préparation du dossier de la défense dans l'affaire Hissein Habré, il est essentiel de, d'une part,
rappeler les fondements textuels de ce droit, et d'autre part, de mettre l'accent sur les
conséquences en cas de non-respect de ce droit, notamment dans le sens de l'affaire en
l'espèce. « L'actualité des droits de l'homme n'épargne pas la procédure et plus
particulièrement le caractère raisonnable de son délai qui se trouve aujourd'hui dans la sphère
des droits fondamentaux. Il n'est, en effet, pas à supprimer que le délai raisonnable participe
du caractère juste et équitable du procès pénal » . En effet, élément important de la procédure
pénale, le droit à un jugement dans un délai raisonnable trouve un fondement dans les textes
aussi bien supranationaux que nationaux. La consécration du délai raisonnable par les textes
supranationaux peut être retrouvée dans deux types de textes. D'une part, il s'agit des textes
universels, et d'autre part, il est question des textes communautaires Du droit international au
droit interne et le délai raisonnable. « Toute personne accusée d'un acte délictueux est
présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un
procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auraient été assurées » À la
lecture de cette disposition, le délai raisonnable n'est pas apparent de manière explicite, mais
cette dernière fait indiscutablement référence aux droits de la défense. Il se trouve que, le
délai raisonnable fait partie des éléments importants de la défense. Aussi, l'article 9
paragraphe 3 du pacte international relatif aux droits civils et politiques énonce de façon un
peu plus claire que « tout individu arrêté ou détenu du chef d'une infraction pénale sera traduit
dans le plus court délai devant le juge ou une autorité habilitée par la loi à exercer des
fonctions judiciaires et devra être jugée dans un délai raisonnable ou libérée ». Ainsi, au
regard de tout ce qui précède, quel que soit la complexité ou l'enjeu de l'affaire, le juge devant
lequel le litige s'est posé doit indéniablement vérifier que le délai de toute la procédure est de
nature à permettre l' 'exercice effectif des droits de la défense. « » La méconnaissance de
l'obligation de juger dans un délai raisonnable ouvre un droit à réparation du dommage ainsi
amélioré par le fonctionnement défectueux du service public de la justice » . Il en est ainsi
dans la mesure où, le droit à un jugement dans un délai raisonnable fait partie des droits de la

59
défense. C'est pourquoi d'ailleurs, ce droit est également garanti, de manière encore plus
formelle, par des textes communautaires. De manière plus formelle, les textes régionaux ou
communautaires consacrent ce droit d'être jugé dans un délai raisonnable. Ainsi, on peut
retrouver ceci dans la charte africaine des droits de l'homme et des peuples, notamment dans
son article 7 qui dispose que « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce
droit comprend : (…) d — le droit d'être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction
impartiale » . La détention des personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être
la règle et aussi le délai doit être de nature à permettre à la défense de bien préparer le
dossier... Dans ce même ordre d'idées et dans une perspective de comparaison , l'article 5
paragraphe 3 de la convention européenne des droits de l'Homme (CEDH) édicte notamment
que « toute personne arrêtée ou détenue a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable ou
libérée pendant la procédure ». Ainsi, de ce qui précède, le délai raisonnable en matière de
procédure pénale fait partie des droits de la défense et est gagné par beaucoup des instruments
juridiques internationaux ou régionaux au point que la Cour européenne des droits de
l'homme par exemple en fait une préoccupation majeure dans beaucoup de ses les décisions.
Cependant, si le droit à être jugé dans un délai est au cœur de nombreuses décisions de la
Cour européenne des Droits de l'Homme et constitue une composante essentielle du droit au
procès équitable, il n'est pas uniquement accordé par des textes internationaux , car étant
également affirmé par des normes de droit interne ou national. Le droit d'être jugé dans un
délai raisonnable est, au-delà d'être une préoccupation internationale ou régionale, une
garantie essentielle des droits de la défense reconnue par les textes nationaux. Ces textes
comprennent les textes constitutionnels et les textes infraconstitutionnels. Du droit
constitutionnel aux textes infraconstitutionnels. Du point de vue de la logique juridique, plus
la source d'une disposition est élevée dans l'échelle des normes juridiques, plus son respect
s'impose aux gouvernants. La Constitution est la règle de droit qui domine et hiérarchise
toutes les autres règles de droit. Le principe paraît aller de soi. Il est universellement admis et
toujours réaffirmé. À travers les querelles d'école, il prédomine une idée commune : la
constitution est la règle suprême de l'État ». Par ailleurs les dispositions qu'elle contient font
l'objet d'une protection absolue. S'il existe un droit qui s'impose à l'action de tous les pouvoirs
publics, aux autorités judiciaires notamment, c'est la constitution. Le principe se donne une
justification de fond, car l'objet et l'utilité des dispositions constitutionnelles commandent de
les mettre hors d'atteinte de ceux à qui elles s'imposent. La suprématie constitutionnelle se

60
justifie, en outre, par le fait que la constitution fonde le pouvoir de l'État en même temps
qu'elle l'institut. Les principes de subordination et de cohérence se conjuguent pour imposer la
primauté absolue sur toutes les autres règles juridiques de droit interne, du pacte qui
détermine le statut du pouvoir d'État. Cette valeur juridique supérieure à toute autre règle de
droit suppose donc que toutes les autres normes lui sont subordonnées. La hiérarchie coïncide
d'abord avec la hiérarchie des organes dont elles émanent. Par suite, la loi ordinaire appliquée
du parlement et du gouvernement agissant toujours en accord est soumise à la loi
constitutionnelle. La force juridique de la constitution se traduit dans le langage juridique par
diverses expressions telle celle de légalité (Principe exprimé par l'adage latin « nullum
crimen, nulla poena sine lege » selon lequel tout acte constituant un crime ou un délit doit être
défini avec précision par la loi ainsi que les peines qui lui sont applicables), de juridicité
(Caractère de ce qui est placé sous l'empire du droit par opposition aux normes de la vie
sociale : mœurs convenances, morales, religion). Ainsi, la constitution, sans pour autant
l'exprimer de manière explicite, consacrer le délai raisonnable en énonçant notamment que «
la défense est un droit absolu dans tous les États et à tous les degrés de la procédure ». L'on
comprend parfaitement que le délai raisonnable fait partie de la défense et celle-ci doit être
respectée. En outre, ce droit est également accordé par les textes infraconstitutionnels. Le
délai raisonnable est une garantie que l'on peut retrouver dans les textes infraconstitutionnels
tels que le code de procédure pénale ou encore le statut des chambres africaines
extraordinaires (CAE) puisque celles-ci sont créées au sein des juridictions nationales
sénégalaises conformément au statut précité . Ceci étant dit, il faut dire que ce droit n'est pas
expressément énoncé dans la législation pénale nationale du Sénégal. Ce droit fait cependant
partie du droit à un procès équitable prévoyant le droit d'être jugé dans un délai raisonnable.
Ainsi, comme énoncé précédemment, en ratifiant les diverses conventions internationales qui
possèdent ce droit, il fait ainsi partie intégrante du droit positif sénégalais et doit être respecté
tout au long de la procédure pénale. Toutefois, il n'en est pas de même s'agissant du statut des
chambres africaines extraordinaires qui, de façon expresse, garantit ce droit. C'est ainsi que
l'article 21 4 du statut des CAE dispose que « lors de l'examen des charges portées contre lui
conformément au présent statut, tout accusé a droit au moins aux garanties suivantes : (…) b
— disposer du temps et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense et
communiquer librement avec le conseil de son choix. C-être jugé sans retard excessif ». Au
regard de ce qui précède, l'on peut s'interroger facilement sur la question de savoir, si ce droit

61
d'être jugé dans un délai était garanti dans l'affaire Hissein Habré ? Mais dans tous les cas, il
est aisé de constater que, si le droit d'être jugé dans un délai raisonnable n'a pas été garanti
durant toute la procédure, des conséquences, nombreuses et variées, peut en découler de cet
état de fait

L'article aborde le sujet de l'équité procédurale dans l'affaire Hissein Habré. Le procès
équitable est un droit fondamental lorsqu'une personne est accusée d'une infraction pénale ou
est impliquée dans un autre litige judiciaire. Cela implique une audience publique et équitable
dans un délai raisonnable assuré par un tribunal indépendant et impartial. Le texte aborde
d'abord l'ineffectivité relative aux garanties des droits de la personne poursuivie dans l'affaire
Hissein Habré, puis l'ineffectivité relative à l'impartialité de la juridiction poursuivante
(CAE).

La première partie du texte traite de l'absence du délai raisonnable dans l'affaire Hissein
Habré. Le droit à un jugement dans un délai raisonnable est un élément important de la
procédure pénale. Ce droit est accordé par les textes supranationaux et nationaux. L'article
souligne que le juge doit vérifier que le délai de toute la procédure est de nature à permettre
l'exercice effectif des droits de la défense, quelle que soit la complexité ou l'enjeu de l'affaire.
La méconnaissance de l'obligation de juger dans un délai raisonnable ouvre un droit à
réparation du dommage ainsi amélioré par le fonctionnement défectueux du service public de
la justice.

Dans la seconde partie du texte, l'auteur s'attaque à l'ineffectivité relative à l'impartialité de la


juridiction poursuivante (CAE). L'affaire Hissein Habré a provoqué de nombreuses réactions
dans le cercle des juristes sénégalais, en particulier chez les pénalistes et les procéduriers. Le
texte souligne que l'affaire a été révélée avec la plus grande attention par ces professionnels,
notamment en ce qui concerne les garanties des droits de la personne poursuivie et
l'impartialité de la juridiction poursuivante.

Des suites de la violation du délai raisonnable. Lorsque, durant la procédure, la personne


requise n'a pas les garanties nécessaires à sa défense, notamment le droit d'être jugé dans un
délai raisonnable ou d'avoir un délai nécessaire pour préparer la défense, cela peut avoir
diverses conséquences pour la personne poursuivie. Parmi ces conséquences, l'on peut retenir

62
le fait que l'absence d'un délai nécessaire ne peut pas permettre une bonne préparation du
dossier de la défense, c'est d'ailleurs ce sur quoi un accent particulier sera mis. En effet,
lorsqu'une personne fait l'objet d'une poursuite devant une juridiction quelconque, elle doit
avoir toutes les garanties, notamment un délai nécessaire pour permettre à cette dernière de
bien préparer sa défense, sinon le dossier de la défense via ses conseils. C'est un droit, sinon
une règle fondamentale pour un procès équitable prévue par divers instruments juridiques,
internationaux comme nationaux, comme mentionnés ci-haut d'ailleurs. « Il s'agit donc d'une
règle d'équilibre, pouvant être rattachée à l'égalité des armes, d'accorder aux avocats [de la
personne poursuivie] un temps nécessaire pour prendre connaissance du dossier et pour se
préparer ». Cela étant dit, dans l'affaire Hissein Habré, il est donné de constater que les
conseils commis d'office, pas l'ancienne équipe, mais celle nouvelle, ont fustigé le délai qui
leur était accordé pour s'approprier le dossier, délai de 45 jours. En réalité, il n'existe certes
pas un délai calqué qui doit être respecté, mais, vu l'arrivée d'une nouvelle équipe pour
prendre en charge la défense du Président Hissein Habré, il doit y avoir une possibilité pour
qu'on puisse accorder un temps nécessaire pour préparer la défense. « En effet, l'accusation
qui a mis en mouvement l'action publique à disposer du temps nécessaire pour connaître le
dossier. De même les avocats des parties civiles, contrairement à ceux de la défense, ont eu
accès à toutes les informations, tel que prévu par la loi, depuis le début de la procédure. Si
l'ancienne équipe de défense était supposée avoir accès aux mêmes informations, il n'en va
pas de même de la nouvelle équipe d'avocats commis d'office qui a dû s'approprier le dossier.
Enfin, soulignons, sans en faire une partie au procès, que les juges de la chambre d'assises
eux-mêmes, à la différence des avocats commis d'office au nom d'Hissein Habré, ont eu
besoin de temps, environ deux mois après leur nomination, pour s'imprégner du dossier et
préparer l'audience. Accorder le temps nécessaire aux avocats commis d'office peut donc être
compris comme la manifestation du souci légitime de la chambre de conduire un procès
équitable ». Ainsi, de ce constat, l'on peut s'interroger facilement si l'on peut parler d'un
procès équitable dans l'affaire Hissein Habré, si les droits de sa défense, celle d'avoir
notamment un temps nécessaire pour préparer sa défense par une équipe nouvellement
constituée, ne sont pas respectés. Donc, ce non-respect de ce droit a eu pour conséquence sur
la personne du Président Habré l'absence d'un temps nécessaire pour la préparation de son
dossier, comme marteler d'ailleurs par ses conseils même à diverses occasions. Dans tous les
cas, au-delà des conséquences sur la personne poursuivie, le non-respect de ce droit peut avoir

63
des conséquences également sur la procédure constatée. Au niveau procédural, relativement à
l'inneffectivité et l'incohérence procédurale. Le non-respect du droit d'être jugé dans un délai
raisonnable, quoi que n'ait pas pour effet la nullité de la procédure, aura des conséquences qui
peuvent être de deux natures. D'une part, il s'agit de l'ineffectivité du principe de
contradictoire (A), et d'autre part, il sera question de l'incohérence processuelle (B).
Soulignons à cet effet que, dans l'affaire Hissein Habré, ses conseils ont toujours brandi le fait
qu'ils n'ont pas eu un temps nécessaire pour préparer la défense, ne permettent pas l'exercice
effectif du principe du contradictoire, mais également la procédure est incohérente et n'est pas
de nature à permettre un procès équitable. Élément fondamental, crucial et incontournable de
toutes les procédures, qu'elle soit judiciaire, pénale ou administrative, le principe du
contradictoire est consenti, presque à tous les niveaux de juridiction, comme un principe
général de droit et traduit de ce fait les garanties d'un procès juste et équitable. En effet, ce
principe suppose que les parties au procès doivent être mises en mesure de s'opposer
mutuellement et d'opposer au juge, les moyens et les preuves dont elles disposent à l'appui de
leurs prétentions. Autrement dit, le principe du garantit aux parties contradictoires qu'elles ne
seront pas jugées sans avoir été sinon entendues, du moins appelées. La personne qui n'a pas
eu connaissance de l'instance portée à son rencontre possède certaines garanties, tant du point
de vue des voies de recours qui lui sont ouvertes que de l'exécution de la décision. Le principe
du contradictoire garantit à chaque partie le droit de prendre connaissance des arguments de
fait, de droit et de preuve à partir desquels elle sera jugée. Cependant, lorsque, durant la
procédure, le délai accordé à la défense n'est pas de nature à permettre l'exercice effectif des
droits de la défense, cela aura un impact sur le principe du contradictoire. Il en est ainsi dans
la mesure où le délai accordé ne permet pas de bien se défendre, de bien constituer le dossier
de la défense et donc de ne pas avoir des garanties pour apporter tous les éléments nécessaires
à sa défense. Ainsi, il est indispensable, pour permettre à la défense de bien se préparer et
d'avoir la garantie du principe du contradictoire, d'accorder un délai raisonnable. Au cas
contraire, au-delà de l'impact qu'il peut y avoir sur le principe du contradictoire, le non-
respect de ce droit peut entraîner également une sorte d'incohérence processuelle. Le non-
respect du droit d'être jugé dans un délai raisonnable peut avoir une conséquence sur la
procédure, d'où l'incohérence processuelle dont il est question. En effet, le droit d'être jugé
dans un délai raisonnable, comme dit dans les parties précédentes de ce travail, est un droit
fondamental reconnu dans de nombreuses juridictions à travers le monde. Il s'agit d'un

64
principe essentiel de l'État de droit et de la protection des droits de l'homme. Le non-respect
de ce droit peut avoir des conséquences importantes sur la procédure judiciaire même si la
nullité de la procédure est une hypothèse à écarter. Si un accusé est détenu pendant une
période excessive sans avoir été jugé ou sans pour autant avoir un délai qui lui permettra de
préparer sa défense cela peut constituer une violation de ses droits fondamentaux. De plus,
cela peut également avoir des répercussions sur le déroulement de la procédure. Par exemple,
si la détention préventive adéquate de l'est accusée prolongée de manière excessive en raison
de retards dans la procédure, cela peut affecter sa capacité à préparer sa défense de manière et
il en est de même, lorsque compte tenu de certaines situations, la procédure est accélérée sans
pour autant procéder à des garanties. Il est donc essentiel que les autorités judiciaires prennent
toutes les mesures nécessaires pour garantir que les procédures judiciaires doivent répondre
dans les délais les plus brefs possibles ou dans un délai permettant l'exercice effectif des
droits de la défense, afin de garantir le respect des droits fondamentaux des accusés et
d'assurer une justice équitable pour toutes les parties concernées. En définitive, dans l'affaire
Hissein Habré, un élément fondamental de la procédure pénale n'a pas été observé, celui
notamment d'avoir un délai raisonnable ou un temps nécessaire pour préparer la défense, ce
qui mène à interroger l'équité du procès lui-même. Cette interrogation ne se limite pas
seulement en réalité au seul constat de l'absence d'un temps nécessaire pour la préparation du
dossier de la défense, mais aussi,

Les conséquences de la violation de l'exigence de délai raisonnable au cours d'une procédure


judiciaire peuvent être diverses et avoir un impact à la fois sur les droits du défendeur et sur
l'équité procédurale de l'affaire. L'une des principales conséquences est que le défendeur peut
ne pas disposer de suffisamment de temps pour préparer sa défense de manière adéquate. Il
s'agit d'un droit fondamental inscrit dans divers instruments juridiques internationaux et
nationaux et essentiel pour un procès équitable. Permettre à la défense de disposer de
suffisamment de temps pour examiner les preuves et préparer son dossier est un élément
crucial pour garantir l'égalité des armes entre l'accusation et la défense.

Dans le cas d'Hissein Habré, l'équipe de défense nommée plus tard dans la procédure a fait
valoir qu'elle n'avait pas eu suffisamment de temps pour préparer son dossier de manière
adéquate. Ils n'ont eu que 45 jours pour examiner les preuves, ce qui, selon eux, n'était pas
suffisant. Ce manque de temps pour préparer une défense peut affecter les droits de l'accusé et

65
l'équité du procès, en particulier si l'accusation et les juges ont eu plus de temps pour préparer
et examiner les preuves.

En outre, la violation de l'exigence du délai raisonnable peut avoir des conséquences


procédurales, telles que rendre le principe de contradiction inopérant ou conduire à une
incohérence procédurale. Ces conséquences peuvent avoir une incidence supplémentaire sur
l'équité du procès. L'équipe de défense d'Hissein Habré a fait valoir que le manque de temps
pour préparer leur dossier les empêchait d'exercer pleinement le principe de contradiction, qui
est un principe fondamental des procès équitables. En outre, ils ont fait valoir que
l'incohérence procédurale du procès empêchait un procès équitable d'avoir lieu.

L'ineffectivité relative aux droits de la défense. Dans ce chapitre, il est question de parler
de manière assez générale des droits de la défense en rappelant les fondements juridiques des
droits de la défense et les conséquences de l'inobservation de ces droits. Considérés comme
des prérogatives dont disposent une personne au cours d'un procès quelconque afin de,
notamment, garantir un équilibre entre toutes les parties concernées, les droits de la défense
sont des droits fondamentaux qui sont attribués aussi bien par les textes généraux que par des
textes spéciaux. Les droits de la défense, sont des droits fondamentaux dont la consécration
par les textes généraux ne souffrent d'aucun doute. Il importe de revenir sur les textes
généraux à vocation internationale et nationale. Les droits de la défense sont d'une telle
importance et d'un tel caractère fondamental dont les textes généraux à vocation
internationale ne sauraient faire abstraction quant à leur consécration. C'est dans ce sens que
plusieurs textes internationaux et non des moindres consacrent ces droits. Il en est ainsi de la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui, fournissant les droits de la défense,
nous dit « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de
la loi ». Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la
présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination » , « Toute
personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales peut contre les actes
violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi », «
toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidea, soit de ses droits et
obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle » ou

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encore « 1 - toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui ont été assurées. 2-Nul ne sera condamné pour des actions ou
omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux
d'après le droit national ou international. De même, il ne sera dû aucune peine plus forte que
celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis ». Au-delà de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, l'on peut également remarquer la consécration
des droits de la défense par d'autres textes, relativement, d'une même nature tel le pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui énumère ces droits en ces termes : « 1 —
tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et
impartial, établi par la loi, qui décidea soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil.
Le huis clos peut être prononcé pendant la totalité ou une partie du procès soit dans l'intérêt
des bonnes mœurs, de l'ordre public ou de la sécurité nationale dans une société
démocratique, soit lorsque l'intérêt de la vie privée des parties en cause l'exige, soit encore
dans la mesure où le tribunal l'estimera absolument nécessaire lorsqu'en raison des
circonstances particulières de l'affaire la publicité nuirait aux intérêts de la justice ; cependant,
tout jugement rendu en matière pénale ou civile sera public, sauf si l'intérêt des mineurs exige
qu'il en soit autrement ou si le procès porte sur des différends matrimoniaux ou sur la tutelle
des enfants. 2 — Toute personne accusée d'une infraction pénale est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement reconnue. 3 — toute personne accusée d'une
infraction pénale à droit, en pleine égalité, au moins aux garanties suivantes : a) A être
informée, dans le plus court délai, dans une langue qu'elle comprend et de façon détaillée, de
la nature et des motifs de l'accusation portée contre elle ; b) À disposer du temps et des
facilités nécessaires à la préparation de sa défense et à communiquer avec le conseil de son
choix ; c) À être jugé sans retard excessif ; d) À être présenté au procès et à se défendre elle-
même ou à avoir l'assistance d'un défenseur de son choix ; si elle n'a pas de défenseur, à être
informée de son droit d'en avoir un, et, chaque fois que l'intérêt de la justice l'exige, à se voir
attribuer d'office un défenseur, sans frais, si elle n'a pas les moyens de le rémunérer ; e) À
interroger ou faire interroger les témoins à charge et à obtenir la comparaison et
l'interrogatoire des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge ;

67
f) À se faire assister gratuitement d'un interprète si elle ne comprend pas ou ne parle pas la
langue employée à l'audience ; g) À ne pas être forcée de témoigner contre elle-même ou de
s'avouer coupable. 4— La procédure applicable aux jeunes gens qui ne sont pas encore
majeurs au regard de la loi pénale tenant compte de leur âge et de l'intérêt que présente leur
rééducation. 5 — toute personne déclarée coupable d'une infraction au droit de faire
examinateur par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation,
conformément à la loi. 6 — Lorsqu'une condamnation pénale définitive est annulée ou
lorsque la grâce est accordée parce qu'un fait nouveau ou nouvellement prouvé qu'il s'est
produit une erreur judiciaire, la personne qui a subi une peine en raison de cette condamnation
sera indemnisée, conformément à la loi, à moins qu'il ne soit prouvé que la non-révélation en
temps utile du fait inconnu lui est imputable en tout ou partie. 7-nul ne peut être poursuivi ou
puni en raison d'une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un
jugement définitif conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays ». En outre,
à côté de ces textes d'une valeur internationale, il est à faire remarquer l'existence des textes
qui, à priori, sont régionaux, mais d'une importance fondamentale telle la Déclaration des
droits de l'homme et des citoyens, la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne
ou encore la charte africaine des droits de l'homme et du peuple qui, tous, consacrent ces
droits . Mais qu'à cela ne tienne, il est aussi fondamental que nécessaire de faire une descente
dans le droit national afin d'analyser la législation qui consacre les droits de la défense. Au
plan interne, les droits de la défense contiennent également une consécration, car, sa font
partie des éléments qui tiennent et consolident un État de droit et une bonne démocratie. Pour
ça, il est crucial d'analyser la législation interne et y voir clair. Partant de là, la constitution,
texte fondamental et suprême d'une société démocratiquement organisée, doit être le premier
repère, comme quoi, aller du suprême à l'inférieur pour suivre la pyramide du doyen Hens
Kelsen. En effet, la constitution sénégalaise de 2001 nous dit, avec une telle clarté et
simplicité, que « la défense est un droit absolu dans tous les états et à tous les degrés de la
procédure ». Ainsi, il est tout à fait aisé de comprendre que la constitution accorde une valeur
fondamentale à la défense. Mais malgré tout, quoiqu'ayant une valeur particulière et
fondamentale, les droits de la défense ne sont pas l'objet d'une annexe par la constitution, car
se limitant à la garantie de leurs existences, une a choisi que l'on peut également notez ailleurs
comme la France. Mais en outre, quoique le Conseil constitutionnel sénégalais soit peu
regardant sur cette question, il n'en est pas de même pour son homologue français. En réalité,

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pour Jean-Louis DEBRÉ, « Le Conseil constitutionnel français reconnaît aux droits de la
défense une portée générale. Il ne limite pas ce principe au seul domaine pénal. Aucune
disposition de la Constitution ne garantit les droits de la défense. Le Conseil a donc d'abord
fait appel, en 1976, à la catégorie des "principes fondamentaux reconnus par les lois de la
République". À l'époque, il n'a d'ailleurs pas pris la peine de préciser de quelles lois de la
République il s'agissait. Pour les membres du Conseil constitutionnel, le respect des droits de
la défense était avant tout une "évidence constitutionnelle". Par la suite, le Conseil
constitutionnel a annexé les droits de la défense à la « garantie des droits » proclamée par
l'article 16 de la Déclaration de 1789 ». Cela dit, le champ constitutionnel de la question
relative aux droits de la défense ayant été passé en revue, il est incontournable de faire du
même avec celui légal. En vérité, à côté de la constitution et de la jurisprudence
constitutionnelle, les droits de la défense sont également garantis par d'autres textes tels que le
code de procédure pénale qui, dès ses premières dispositions, notamment son article 11, en
fait une mention . Pour aller plus loin, il faut dire que le code de procédure pénale, de manière
assez séparée, contrairement à la constitution, fait une mention de ces droits. Pour ce dernier
et à titre d'exemple, nous pouvons citer quelques dispositions qui, lorsqu'on y voit de plus
près, font apparaître ces droits. Il en est ainsi de l'article 87, alinéa 3 qui, parlant de la
perquisition que pourrait faire le juge d'instruction, dispose que « toutefois, il a l'obligation de
provoquer préalablement toutes les mesures utiles pour que soit assuré le respect du secret
professionnel et des droits de la défense » ou encore l'article 354, alinéa 1, qui dispose que «
les décisions rendues par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance peut faire
l'objet d'appel ». Toutes ces dispositions, de même celles qui n'ont pas été citées, puisque
nombreuses et éparpillées dans le code, sont présentes pour la simple et bonne raison de
garantir un équilibre entre les parties concernées à un procès quelconque, puisqu'il s'agit des
droits de la défense. En outre, l'on peut également faire remarquer l'existence d'autres textes
qui conservent ces droits, quoique de manière très limitée. Il en est ainsi de la loi portant
création de l'Ordre des avocats qui, dans son article 5, dispose que « toutefois toute personne
peut plaider et postuler, verbalement ou par mémoire, soit pour elle-même, soit pour ses
cohéritiers, soit pour ses parents et alliés sans exception en ligne directe et jusqu'au second
degré inclusivement en ligne collatérale, le mari peut de même plaider et postuler pour sa
femme, celle-ci pour son mari, le tuteur pour ses pupilles, ou l'administrateur provisoire ou le
curateur d'office pour les personnes qu'il représente. Les représentants obligatoires sont jugés

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de la justification de leur mandat », permettant ainsi à l'accusé de pouvoir choisir de
commenter se défendre, via un conseil ou soit de manière unilatérale. Comme l'on peut le
remarquer, les droits de la défense sont qu'il soit par le biais des textes internationaux, ayant
une vocation internationale ou nationale, sont l'objet d'une consécration, puisque considéré
comme des droits fondamentaux. Cependant, cette consécration n'est pas l'apanage des textes
généraux, puisqu'il existe des textes spéciaux qui en parlent aussi.

L'ineffectivité relative aux droits de la défense. Dans ce chapitre, il est question de parler
de manière assez générale des droits de la défense en rappelant les fondements juridiques des
droits de la défense et les conséquences de l'inobservation de ces droits. Considérés comme
des prérogatives dont disposent une personne au cours d'un procès quelconque afin de,
notamment, garantir un équilibre entre toutes les parties concernées, les droits de la défense
sont des droits fondamentaux qui sont attribués aussi bien par les textes généraux que par des
textes spéciaux. Les droits de la défense, sont des droits fondamentaux dont la consécration
par les textes généraux ne souffrent d'aucun doute. Il importe de revenir sur les textes
généraux à vocation internationale et nationale. Les droits de la défense sont d'une telle
importance et d'un tel caractère fondamental dont les textes généraux à vocation
internationale ne sauraient faire abstraction quant à leur consécration. C'est dans ce sens que
plusieurs textes internationaux et non des moindres consacrent ces droits. Il en est ainsi de la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui, fournissant les droits de la défense,
nous dit « tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de
la loi ». Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la
présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination » , « Toute
personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales peut contre les actes
violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi », «
toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidea, soit de ses droits et
obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle » ou
encore « 1 - toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui ont été assurées. 2-Nul ne sera condamné pour des actions ou
omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux

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d'après le droit national ou international. De même, il ne sera dû aucune peine plus forte que
celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis ». Au-delà de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, l'on peut également remarquer la consécration
des droits de la défense par d'autres textes, relativement, d'une même nature tel le pacte
international relatif aux droits civils et politiques qui énumère ces droits en ces termes : « 1 —
tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa
cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et
impartial, établi par la loi, qui décidea soit du bien-fondé de toute accusation en matière
pénale dirigée contre elle, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil.
Le huis clos peut être prononcé pendant la totalité ou une partie du procès soit dans l'intérêt
des bonnes mœurs, de l'ordre public ou de la sécurité nationale dans une société
démocratique, soit lorsque l'intérêt de la vie privée des parties en cause l'exige, soit encore
dans la mesure où le tribunal l'estimera absolument nécessaire lorsqu'en raison des
circonstances particulières de l'affaire la publicité nuirait aux intérêts de la justice ; cependant,
tout jugement rendu en matière pénale ou civile sera public, sauf si l'intérêt des mineurs exige
qu'il en soit autrement ou si le procès porte sur des différends matrimoniaux ou sur la tutelle
des enfants. 2 — Toute personne accusée d'une infraction pénale est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement reconnue. 3 — toute personne accusée d'une
infraction pénale à droit, en pleine égalité, au moins aux garanties suivantes : a) A être
informée, dans le plus court délai, dans une langue qu'elle comprend et de façon détaillée, de
la nature et des motifs de l'accusation portée contre elle ; b) À disposer du temps et des
facilités nécessaires à la préparation de sa défense et à communiquer avec le conseil de son
choix ; c) À être jugé sans retard excessif ; d) À être présenté au procès et à se défendre elle-
même ou à avoir l'assistance d'un défenseur de son choix ; si elle n'a pas de défenseur, à être
informée de son droit d'en avoir un, et, chaque fois que l'intérêt de la justice l'exige, à se voir
attribuer d'office un défenseur, sans frais, si elle n'a pas les moyens de le rémunérer ; e) À
interroger ou faire interroger les témoins à charge et à obtenir la comparaison et
l'interrogatoire des témoins à décharge dans les mêmes conditions que les témoins à charge ;
f) À se faire assister gratuitement d'un interprète si elle ne comprend pas ou ne parle pas la
langue employée à l'audience ; g) À ne pas être forcée de témoigner contre elle-même ou de
s'avouer coupable. 4— La procédure applicable aux jeunes gens qui ne sont pas encore
majeurs au regard de la loi pénale tenant compte de leur âge et de l'intérêt que présente leur

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rééducation. 5 — toute personne déclarée coupable d'une infraction au droit de faire
examinateur par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation,
conformément à la loi. 6 — Lorsqu'une condamnation pénale définitive est annulée ou
lorsque la grâce est accordée parce qu'un fait nouveau ou nouvellement prouvé qu'il s'est
produit une erreur judiciaire, la personne qui a subi une peine en raison de cette condamnation
sera indemnisée, conformément à la loi, à moins qu'il ne soit prouvé que la non-révélation en
temps utile du fait inconnu lui est imputable en tout ou partie. 7-nul ne peut être poursuivi ou
puni en raison d'une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un
jugement définitif conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays ». En outre,
à côté de ces textes d'une valeur internationale, il est à faire remarquer l'existence des textes
qui, à priori, sont régionaux, mais d'une importance fondamentale telle la Déclaration des
droits de l'homme et des citoyens, la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne
ou encore la charte africaine des droits de l'homme et du peuple qui, tous, consacrent ces
droits . Mais qu'à cela ne tienne, il est aussi fondamental que nécessaire de faire une descente
dans le droit national afin d'analyser la législation qui consacre les droits de la défense. Au
plan interne, les droits de la défense contiennent également une consécration, car, sa font
partie des éléments qui tiennent et consolident un État de droit et une bonne démocratie. Pour
ça, il est crucial d'analyser la législation interne et y voir clair. Partant de là, la constitution,
texte fondamental et suprême d'une société démocratiquement organisée, doit être le premier
repère, comme quoi, aller du suprême à l'inférieur pour suivre la pyramide du doyen Hens
Kelsen. En effet, la constitution sénégalaise de 2001 nous dit, avec une telle clarté et
simplicité, que « la défense est un droit absolu dans tous les états et à tous les degrés de la
procédure ». Ainsi, il est tout à fait aisé de comprendre que la constitution accorde une valeur
fondamentale à la défense. Mais malgré tout, quoiqu'ayant une valeur particulière et
fondamentale, les droits de la défense ne sont pas l'objet d'une annexe par la constitution, car
se limitant à la garantie de leurs existences, une a choisi que l'on peut également notez ailleurs
comme la France. Mais en outre, quoique le Conseil constitutionnel sénégalais soit peu
regardant sur cette question, il n'en est pas de même pour son homologue français. En réalité,
pour Jean-Louis DEBRÉ, « Le Conseil constitutionnel français reconnaît aux droits de la
défense une portée générale. Il ne limite pas ce principe au seul domaine pénal. Aucune
disposition de la Constitution ne garantit les droits de la défense. Le Conseil a donc d'abord
fait appel, en 1976, à la catégorie des "principes fondamentaux reconnus par les lois de la

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République". À l'époque, il n'a d'ailleurs pas pris la peine de préciser de quelles lois de la
République il s'agissait. Pour les membres du Conseil constitutionnel, le respect des droits de
la défense était avant tout une "évidence constitutionnelle". Par la suite, le Conseil
constitutionnel a annexé les droits de la défense à la « garantie des droits » proclamée par
l'article 16 de la Déclaration de 1789 ». Cela dit, le champ constitutionnel de la question
relative aux droits de la défense ayant été passé en revue, il est incontournable de faire du
même avec celui légal. En vérité, à côté de la constitution et de la jurisprudence
constitutionnelle, les droits de la défense sont également garantis par d'autres textes tels que le
code de procédure pénale qui, dès ses premières dispositions, notamment son article 11, en
fait une mention . Pour aller plus loin, il faut dire que le code de procédure pénale, de manière
assez séparée, contrairement à la constitution, fait une mention de ces droits. Pour ce dernier
et à titre d'exemple, nous pouvons citer quelques dispositions qui, lorsqu'on y voit de plus
près, font apparaître ces droits. Il en est ainsi de l'article 87, alinéa 3 qui, parlant de la
perquisition que pourrait faire le juge d'instruction, dispose que « toutefois, il a l'obligation de
provoquer préalablement toutes les mesures utiles pour que soit assuré le respect du secret
professionnel et des droits de la défense » ou encore l'article 354, alinéa 1, qui dispose que «
les décisions rendues par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance peut faire
l'objet d'appel ». Toutes ces dispositions, de même celles qui n'ont pas été citées, puisque
nombreuses et éparpillées dans le code, sont présentes pour la simple et bonne raison de
garantir un équilibre entre les parties concernées à un procès quelconque, puisqu'il s'agit des
droits de la défense. En outre, l'on peut également faire remarquer l'existence d'autres textes
qui conservent ces droits, quoique de manière très limitée. Il en est ainsi de la loi portant
création de l'Ordre des avocats qui, dans son article 5, dispose que « toutefois toute personne
peut plaider et postuler, verbalement ou par mémoire, soit pour elle-même, soit pour ses
cohéritiers, soit pour ses parents et alliés sans exception en ligne directe et jusqu'au second
degré inclusivement en ligne collatérale, le mari peut de même plaider et postuler pour sa
femme, celle-ci pour son mari, le tuteur pour ses pupilles, ou l'administrateur provisoire ou le
curateur d'office pour les personnes qu'il représente. Les représentants obligatoires sont jugés
de la justification de leur mandat », permettant ainsi à l'accusé de pouvoir choisir de
commenter se défendre, via un conseil ou soit de manière unilatérale. Comme l'on peut le
remarquer, les droits de la défense sont qu'il soit par le biais des textes internationaux, ayant
une vocation internationale ou nationale, sont l'objet d'une consécration, puisque considéré

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comme des droits fondamentaux. Cependant, cette consécration n'est pas l'apanage des textes
généraux, puisqu'il existe des textes spéciaux qui en parlent aussi.

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