707-Texte de L'article-2284-1-10-20220617
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DAHMANI Mehdi
Docteur en Economie et Gestion
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales
Université Mohamed Premier d’Oujda
Maroc
Economie et Management des Organisations
[email protected]
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Attribution License 4.0 International License
Résumé
Le 1er janvier 2021 le lancement de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF
par la suite) a pour objectif premier le développement du commerce des biens et des services
intra-africain en supprimant 90% des droits de douane sur une période de 5 à 15 ans. En plus
de cette promotion des échanges commerciaux, la ZLECAF se veut une dynamique pour les
flux des investissements sur le continent africain. L’harmonisation des règles d’investissements
et des différents accords bilatéraux existants entre ses pays membres et le reste du monde
boostera l’attractivité territoriale des pays africains dans l’objectif de créer des entreprises en
Afrique. Le Maroc, grâce à son statut actuel de « tête de pont » des investisseurs sur le continent
ne peut tirer que des bénéfices sur un marché d’une force de 1,2 milliards de consommateurs
potentiels et d’un Produit Intérieur Brut (PIB) cumulé de 2500 milliards de Dollars. Le Maroc
doit se placer dans la continuité de ses actions, déjà entreprises, d'extension sur le marché
africain subsahariens.
Abstract
On January 1, 2021, the launch of the African Continental Free Trade Area (ACFTA)has as its
primary objective the development of intra-African trade in goods and services by eliminating
90% of customs duties over a period of 5 to 15 years old. In addition to this promotion of trade,
the ACFTA is intended to be a dynamic for the flow of investments on the African continent.
The harmonization of investment rules and the various bilateral agreements existing between
its member countries and the rest of the world will boost the territorial attractiveness of African
countries with the aim of creating business in Africa. Morocco, thanks to its status of
“bridgehead” of investors on the continent can only derive benefits in a market with a strength
of 1.2 billion potential consumers and a Gross Domestic Product (GDP) cumulative of 2.5
trillion dollars. Morocco must place Gisèle in the continuity of its actions, already undertaken,
tout extend its firms to the sub Saharan African Market.
Introduction
Depuis son indépendance le Maroc n’a eu de cesse d’affirmer son identité africaine et depuis
une vingtaine d’années de faire du continent africain le centre de ses choix stratégiques. Dans
ce contexte et à la suite des nombreuses visites de Sa Majesté Mohamed VI dans différents pays
d'Afrique, il apparaît que le Maroc est à la recherche de nouveaux partenaires économiques sur
la scène internationale. Après plusieurs décennies à s’être centré sur une politique de
rapprochement constante avec l’Europe et les pays du Nord, le Maroc a pu profiter des transferts
de savoir-faire, de technologie et d’innovation des investissements directs étrangers des firmes
multinationales implantées sur son territoire. Il a su aussi en tirer les connaissances nécessaires
pour développer à son tour sa propre économie ainsi que son tissu industriel mais aussi
construire une stratégie d’internationalisation de ses firmes vers des pays au développement
économique moindre ou égal mais avec un taux de croissance significatif. La caractéristique
principale de cette internationalisation marocaine est le développement des firmes à
l’international et l’accroissement des investissements Directs Etrangers (IDE).
L’Afrique se préoccupe de plus en plus du rôle de l’IDE, elle estime ces IDE comme primordial
à son développement économique. A l’instar de la majorité des économies développées qui ont
eu recours à l’IDE pour amorcer et entretenir leur transformation économique, (Sun, 2002) le
Maroc doit faire et en a fait de même.
Concrètement, les relations financières entre le Maroc et l’Afrique sont caractérisées par des
flux de plus en plus importants d’IDE sortant du Maroc vers l’Afrique et plus particulièrement
en Afrique subsaharienne (ASS). Les dirigeants des firmes marocaines ont pris conscience de
l’importance des ID à l’étranger et des avantages de l’internationalisation de leurs entreprises
et ce pour des raisons de coûts ou de positionnement. Cet accroissement constant des flux d’IDE
sortant du Maroc vers le continent africain peut aussi se justifier par l’assouplissement de la
réglementation marocaine dans le cadre de son ouverture et de son intégration à l’économie
mondiale et aussi par la signature par le Maroc d’accords internationaux de promotion et de
protection des ID :
❖ « La possibilité pour les entreprises créées depuis au moins trois ans et disposant de
comptes certifiés, d’investir à l’étranger jusqu’à 30 millions de DH par an (ne couvrant pas les
placements immobiliers et spéculatifs). Cette autorisation est limitée aux projets productifs et
aux prises de participation en rapport avec l’activité de l’entreprise, avec comme objectif de
consolider et de développer cette activité.
❖ Les banques sont autorisées à effectuer, pour leur propre compte ou pour le compte des
entreprises d'assurances, de réassurance et des Organismes de Placement Collectif en Valeurs
Mobilières (OPCVM), les transferts au titre de leurs opérations de placements en devises à
l'étranger.
❖ La possibilité pour les compagnies d’assurances (article 164 du nouveau code des
assurances) d’investir jusqu’à 5% de leurs actifs à l’étranger, sans autorisation préalable de la
Direction des Assurances.
❖ Les OPCVM ont le droit d’investir 10% de leurs portefeuilles sur les places financières
internationales. L’autorisation concerne les titres de créances et les actions cotées sur les
marchés réglementés.
❖ Les banques disposent librement d’une partie de leurs avoirs qu’elles peuvent utiliser,
après autorisation de Bank Al-Maghrib, pour ouvrir des bureaux à l’étranger et collecter de
l’épargne.
❖ La durée des placements étrangers des banques a été prolongée à 5 ans. Ces banques
auront ainsi accès à de nouveaux placements sur le marché international, ce qui leur permettra
de diversifier leurs risques et de mieux couvrir ceux de leurs clients » (IRES, 2012)
Ce qui justifie qu’au départ les ID sortant du Maroc vers le continent africain étaient
essentiellement dus aux firmes marocaines privées du secteur tertiaire (banque, assurance)
ensuite ce sont les entreprises de secteurs porteurs (immobilier, industrie, commerce et
distribution etc.) et au vu des impacts positifs résultant de ces ID ce sont les entreprises
marocaines publiques qui ont investi dans le développement des infrastructures socio-
économiques en ASS ( approvisionnement en eau et en électricité, construction ou rénovation
du réseau routier etc.).
Le Maroc compte depuis la dernière décennie parmi les premiers investisseurs africains en ASS
et plus particulièrement des Communautés Economiques Régionales (CER) de l’Union des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (UEMAO) et de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale
(CEMAC). (Institut AMADEUS, 2014)
Dans ce contexte l’intégration du Maroc à la ZLECAF représenterait-elle un élément positif
pour la croissance des IDEMASS (Investissements Directs Etrangers Marocains en Afrique
SubSaharienne) ?1 et plus particulièrement des FMN du secteur bancaire.
1
Le Maroc a ratifié, le lundi 18 avril 2022 au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, l'accord portant création
de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF)
quand l’IR permet l’exploitation d’un marché plus vaste des FMN « horizontales » se créent.
Pour Krugman la taille du marché domestique encourage l’activité économique de la zone en
question par l’existence d’économies d’échelle. (Krugman, 1980),
Tableau 1 : Effets de l’intégration régionale sur les investissements directs étrangers
Effets de l’intégration économique
IDE intra régionaux IDE extra régionaux
Augmentation des IDE :
Hausse des IDE et du commerce La localisation des FMN dépend de coûts de
IDE Verticaux production
Complémentarité IDE Commerce Accroissement du commerce
Source : Idir N., Kamali et Unan E. « Intégration régionale sud-sud et investissements directs étrangers : effet
taille de marché » Version provisoire, p.10
Selon la Commission de l’Unité Africaine, l’intégration régionale présente des avantages car
elle permet aux pays de réaliser des rendements croissants (économies d’échelles), des effets
de localisation (attractivité aux entreprises) et de commerce, l’attractivité des investissements,
le pouvoir de négociation accru et renforcé, la stabilité macroéconomique et politique, le
mécanisme d’engagement et crédibilité accrue, la création d’opportunités commerciales
d’opportunités d’emploi, avantageux pour les marchés financiers. Elle augmente les
investissements étrangers directs, favorable à une réelle convergence économique et elle brise
les monopoles locaux existants. (Bengeya Machozi D et Kubuya Mupipi J, 2022)
La comparaison des flux d’IDE avant et après une intégration régionale (tableau 2 ci-dessous)
met en évidence le bénéfice économique de l’IR sur les entrées d’IDE dans les pays qui ont
rejoint une CER. Par conséquence, l’intégration régionale du continent africain subsaharien est
bénéfique pour les IDE marocains sortants vers l’ASS.
Tableau 2 : Comparaison des flux d’IDE avant et après une intégration régionale en %
du PIB.
Groupement Avant intégration Après intégration
Pays régional
Mexique NAFTA 1,25 2,73
1987- 1993 1994-2000
Brésil MERCOSUR 0,45 3,07
1987-1994 1995-2001
Argentine MERCOSUR 1,17 3,32
1980-1985 1986-1991
Portugal U.E 0,69 2,21
1991-1997 1998-2004
Le Maroc a donc placé l’Afrique au centre de ses préoccupations et de ses choix stratégiques.
Il renforce sa position sur le continent tant sur le plan des échanges commerciaux que sur la
signature d’un millier d’accords de coopération avec 29 pays africains dans différents secteurs :
infrastructures, agriculture ainsi que les services. (Voir la carte 1 page 8)
Cette politique économique audacieuse a permis une multitude d’implantations en Afrique des
firmes marocaines et a occasionné un effet d’entrainement.
Effectivement, les premières firmes marocaines à y investir sont privées et du secteur tertiaire :
banques, assurances, télécommunications, viennent ensuite le bâtiment et les travaux publics
(BTP), immobilier etc. et pour finir de grands groupes publics marocains ayant pour
conséquence une forte augmentation des investissements directs du Royaume en Afrique.
De plus le Maroc disposant d’une proximité géographique et culturelle avec plusieurs pays
africains, d’une expérience dans de nombreux domaines économiques de l’Afrique lui
permettent de contracter des alliances avec des firmes étrangères désireuses de s’implanter sur
le continent africain.
Présents en 2009 dans 9 pays d’Afrique, ils y sont en 2019 dans 29. Le 1er de ces 29 pays en
2019 est la Côte d’Ivoire avec 21,4% du total des IDE marocains en Afrique, vient à la deuxième
place le Tchad avec 19,8% et à la troisième position le Sénégal avec 14,7% ce qui fait qu’à eux
seuls ils accaparent 55,9% du total des IDE du Maroc en Afrique. (Al Maliya, 2020)
Carte 1 : Cartographie des pays en ASS et nombre de secteurs d’activités dans lesquels
le Maroc y investit
Source : Iraqi, A. « L’investissement direct étranger en tant que facteur géopolitique du Soft Power marocain en
Afrique : réflexion interprétative », Paix et Sécurité Internationales, n° 7, 2019, p.285
dispositions obligatoires de protection des IDE et des investisseurs par le pays récipiendaire de
ces IDE pendant leur présence sur son territoire. Ces principales dispositions portent sur :
❖ Le traitement juste et équitable accordant aux investisseurs un traitement conforme aux
normes internationales minimales ancrées dans le droit international coutumier
❖ Le traitement national assurant la non-discrimination entre les investisseurs étrangers et
les investisseurs nationaux
❖ La nation la plus favorisée qui garantissant que les investisseurs étrangers et leurs
investissements ne sont pas moins bien traités que tout autre investisseur étranger et ses
investissements. (Al Maliya, 2020)
Sur la carte 2 intitulée « Les accords de promotion et de protection réciproques des
investissements (APPI) conclus en Afrique (ci-dessous), nous pouvons voir que le Maroc a
signé 26 accords de promotion et de protection pour les investissements avec les pays en vert
sur la carte, soit plus du tiers du nombre total des APPI conclus avec le reste du monde qui
s’élève à 75 APPI.
Carte 2 : Les accords de promotion et de protection réciproques des investissements
(APPI) conclus en Afrique
Source : Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue quadrimestrielle du Ministère
de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.19
Le graphe 1 suivant montre qu’entre 2009 et 2019 les ID marocains en Afrique passent de 3
Mds DH en 2009 à 6,8 Mds DHS en 2019 avec un taux annuel moyen d’augmentation de 8,3%.
Leur niveau le plus haut a été atteint en 2017 avec 8,8 Mds DHS. La part des investissements
directs marocains en Afrique dans le total des investissements directs marocains à l’étranger
s’établit à 58,7% en 2019, avec une part moyenne de 59,5% durant la période 2009 - 2019.
Graph 1 : Evolution des Investissements Directs Marocains en Afrique
Source : Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue quadrimestrielle du Ministère
de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.13
Une étude réalisée par la Direction des Etudes et Prévisions financières (DEPF) relevant du
Ministère de l’Economie et des Finances marocain et l’Agence Française de Développement
(AFD) a mis en relief le potentiel dont recèle l’Afrique et les stratégies déployées par les
entreprises marocaines opérant dans le continent ainsi que leurs motivations et leurs modes
d’implantation. ((DEPF Policy Africa, 2018)
L’enquête effectuée auprès de 16 entreprises marocaines implantées en ASS fait ressortir
plusieurs facteurs communs de leur développement sur le continent africain :
❖ La croissance économique de l’Afrique et les opportunités qui en résultent
❖ Un faible niveau de concurrence se traduisant par des marges bénéficiaires éventuelles
❖ Pour les entreprises marocaines arrivant à un certain niveau de maturité sur le marché
national qui sont à la recherche de relais de croissance
❖ La présence de banques marocaines en ASS
❖ Un besoin en approvisionnement de matières premières non disponibles au Maroc
C’est aussi pour certaines entreprises le résultat d’opportunités du marché africain et d’autres
mettent en avant les sollicitations de la part de partenaires dans le besoin d’une expertise. Et
pour celles opérant dans le secteur secondaire et tertiaire elles considèrent en priorité les
facteurs de développement liés à la demande, que celle-ci émane des gouvernements, d’autres
entreprises ou bien des consommateurs finaux.
qu’elle s’étend sur différents pays, avec cependant une concentration axée sur quelques pays
comme l’Egypte (30,5%), la Côte d’Ivoire (19,4%) et le Sénégal (12%).
Cette agglomération peut s’expliquer par le poids économique et la consolidation des
perspectives de croissance de ces pays.
2.1 Cas des entreprises multinationales marocaines du secteur bancaire en
Afrique
Ce sont des banques qui ont été les pionnières de l’internalisation des entreprises marocaines
en Afrique. Le DEPF explique « en effet, grâce aux réformes menées par le passé, le Maroc est
parvenu à édifier un système financier solide qui a donné naissance à de groupes bancaires
compétitifs, capables de s’implanter en Afrique et de contribuer au financement des économies
africaines.» (DEPF,2018)
Fin2017, les trois banques marocaines : Attijariwafabank, la Banque Populaire et la BMCE
bank of Africa couvraient 25 pays africains. Elles totalisent à elles tris 1482 agences en
Afrique : AWG 643 agences en 2017 en augmentation de 43% par rapport à 2009, de son côté
la BP est passée de 4 agences en 2009 à 205 en 2017 et pour la BMCE c’est aussi une
augmentation de 43% en effet en 2009 elle possédait 247 agences en Afrique et en 2017 634.
(DEPF, 2018)
Carte 3 : Répartition géographique des IDE marocains en Afrique dans le secteur des
banques : flux cumulés entre 2007 et 2017
Source : Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) Policy Africa (2019) « Le positionnement
du secteur bancaire marocain en Afrique : réalité et perspectives de renforcement » Equipe de travail : Ilyes
Boumahdi page 8
Attijariwafa Bank (AWB) a démarré son expérience continentale en 2005 en Tunisie, en entrant
dans le capital de la banque du Sud, devenue Attijari Tunisie.
En Afrique subsaharienne, le Sénégal est le terrain privilégié d’AWB ; déjà présente depuis
2006 avec sa filiale Attijari Bank Sénégal, elle acquiert en 2007, 79,15% de la Compagnie
Bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO), banque historique du Sénégal, premier groupe
bancaire du pays. Elle devient, ainsi, la plus grande institution bancaire au Sénégal, en
s’appropriant 29% du marché avec 49 agences. (Rigar et Meite, 2011)
AWB accélère son déploiement régional en Afrique francophone. En novembre 2008, un
échange de participations permet à la 1ère banque du Maroc de reprendre les cinq filiales
africaines di Crédit agricole : Crédit du Congo, Société ivoirienne de banque, Société
camerounaise de banque, Union gabonaise de banque et Crédit du Sénégal.
Une acquisition qui vient renforcer son dispositif de banque de détail en Tunisie, au Mali, au
Sénégal (rachat de 66,67% du capital de la banque sénégalo-tunisienne BST).
Trois filiales sont sous le contrôle d’AWB avec des parts au-dessus des 90%, il s’agit
d’Attijaribank Egypt avec 100%, du Crédit Du Sénégal (CDS) avec 95% et du Crédit Du Congo
(CDC) avec 91%. De plus elle possède 83,1% de la Compagnie Bancaire de l’Afrique de
l’Ouest (CBAO) implantée au Sénégal et 80% d’Attijari Bank Mauritanie (ABM).
Viennent ensuite des participations du groupe variant entre 51% et 59% : Attijaribank Tunisie
(ABT), la Banque Internationale pour le Mali (BIM), l’Union Gabonaise de Banque (UGB), la
Société Ivoirienne de banque (SIB) et la Société Commerciale de Banque Cameroun (SCBC).
Le graphe 2 représentant la répartition géographique en Afrique des agences adossées au groupe
AWB à fin 2017 en Afrique nous pouvons préciser que le nombre d’agences détenues par la
CBAO et le CDS est de 165 au Sénégal, soit une part de 29,7%. Le Mali quant à lui occupe le
troisième rang, en termes de force du réseau de distribution, avec 79 agences à l’enseigne
« BIM », soit 14,2% du réseau total. Les réseaux de distribution en Côte d’Ivoire, au Congo, au
Cameroun, au Gabon et en Mauritanie sont de 3 à 41 agences et représentent entre 0,5% et 7,4%
du réseau global du groupe en Afrique. (DEPF Policy Africa, 2019)
Elle dispose en 2017 de 643 agences contre 299 en 2009 et couvre 10 pays, contre 6 en 2009
Source : Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) Policy Africa (2019) « Le positionnement du
secteur bancaire marocain en Afrique : réalité et perspectives de renforcement » Equipe de travail : Ilyes
Boumahdi, page 12
2016 2018
Contributions Poids Evolution Contributions Poids Evolution
En Millions en % en % En Millions en% en %
de dirhams de dirhams
CBAO Sénégal 198 4,2 66,4 311 5,5 11
SIB Côte d’Ivoire 239 5 35,2 291 5,1 10
UGB Gabon 106 2,2 50,3 122 2,1 2,2
CDC Congo 98 2,1 -7 120 2,1 4,3
SCB Cameroun 116 2,4 23,3 105 1,8 -0,9
Source : Fait par nos soins d’après Présentation des résultats financiers du Groupe AWB en mars 2016 et en
2018
Comme nous pouvons le constater sur le tableau 5 suivant, avec une progression de 26% de
leurs contributions au RNPG en 2016 par rapport à 2015 les banques de détail en ASS se placent
en tête. A l’opposé l’évolution du secteur regroupant les banques du Groupe AWB installées
au Maroc, en Europe et les banques Offshores n’est que de 1% en 2016 par rapport à 2015
Tableau 5 : Evolution des contributeurs au RNPG groupe Attijariwafa Bank par secteur
en %
Et si nous examinons les graphiques 3 et 4 ci-dessous, nous constatons que les comptes de
résultats de la Compagnie Bancaire de l’Afrique Occidentale et de la Société Ivoirienne de
Banque sont en constante augmentation entre 2015 et 2018.
Graphe 3 : Comptes de résultats pour la CBAO Graphe 4 : Comptes de résultats pour la SIB
1400 1201
1200 1106
1000 839 Produit
800 722 Net
Bancaire
600
395 en MDH
400 245 282 304
200
0
2015 2016 2017 2018
Source : Faits par nos soins d’après la Présentation des
résultats financiers du Groupe AWB en mars 2016 et en 2018
2.1.2. Benchmarking
Cette étude est élaborée dans le but d’évaluer le secteur des banques de plusieurs pays africains :
Côte d’Ivoire, Nigéria, Éthiopie, Kenya, Cameroun et Gabon et de les comparer à plusieurs
pays européens : Espagne, Pays Bas, France, Belgique, Suisse et Italie
✓ La population totale indique la taille du marché. C’est un paramètre important dans les
décisions d’investissement des firmes en raison de l’importance de la demande et de la
possibilité d’économies d’échelle.
✓ Le taux de bancarisation mesure le pourcentage de la population adulte détenant un
compte dans les banques, les services postaux, les caisses nationales d’épargne et le
Trésor.
✓ La part des services dans le produit intérieur brut est un indicateur de la « bonne santé
» du secteur des services dans le PIB d’un pays.
Tableau 6 : Variables des six pays européens
Pays européens Population (en millions) Part des services dans le PIB Taux de Bancarisation en
en % %
Espagne 46,94 74,2 73,84
Pays Bas 17,28 70,2 77,7
France 66,99 78,8 99
Belgique 11,46 77,2 69
Suisse 8,57 73,7 79
Italie 60,36 73,9 93,8
Pays africains Population (en million) Part des services dans le PIB Taux de Bancarisation en %
en %
Côte d'Ivoire 25,7 50,88 21,6
Nigéria 219,4 48,43 40
Éthiopie 109,2 36,87 22
Kenya 53,30 43,22 40,8
Cameroun 25,88 49,99 12,2
Gabon 2,119 40,11 30
L’analyse comparative des différents pays nous pouvons conclure que l’intensité
concurrentielle est inévitablement plus forte dans les pays européens que les pays africains. Le
nombre de clients potentiels réduit aux P.E ; une saturation du marché plus élevé en P.E qu’en
P.A. Une population plus importante en Afrique ce qui traduit une taille du marché plus grande.
Conclusion
Nous avons vu que l’ASS est la principale destination des IDE marocains dans le monde, et que
les chiffres dégagés ont montré une rentabilité importante sur plusieurs années, en ayant su
donner la qualité nécessaire à moindre coût. Les IDE marocains en ASS et in fine les entreprises
marocaines ont su faire preuve de l’efficience requise pour dégager une rentabilité et se
positionner dans plusieurs pays africains comme nous l’avons vu pour le Groupe Attijariwafa
Bank. Nous aurions pu avoir les mêmes résultats pour d’autres secteurs où les entreprises
marocaines se sont implantées en ASS. Malgré le risque d’instabilité politique qui n’est pas à
négliger dans la région, le Maroc à l’aide de ses IDEMASS (Investissements Directs Etrangers
Maroc Afrique subsaharienne) a su devenir le leader en termes d’IDE par rapport aux autres
pays africains.
Il est une réalité évidente que les pays européens sont très avantageux en termes d’attractivité
pour s’implanter grâce par exemple : à leur stabilité politique, leur transparence au niveau des
informations, à leurs infrastructures de bonne qualité ainsi que leur facilité d’exercer une
activité commerciale ou industrielle. Ce qui n’est pas le cas pour tous les pays d’Afrique
subsaharienne souffrant d’un manque d’infrastructures, d’une mauvaise gouvernance, d’une
sécurité fragile, d’une logistique peu fiable ce qui constituent des obstacles pour les
investisseurs désireux de s’implanter dans ces pays.
Alors quelles sont les raisons pour vouloir s’implanter dans les pays d’Afrique ? et pourquoi ne
pas s’implanter dans les pays européens bénéficiant d’un environnement plus stable et plus
encourageant pour investir et faire des affaires ?
Malgré la forte attractivité des pays européens, leur niveau des coûts d’implantation impose au
départ d’investir énormément et au vu de la forte compétitivité sur tous les marchés et la
saturation d’une majorité de ces marchés, il devient de plus en plus difficile d’obtenir une
rentabilité efficiente.
À contrario, le marché d’Afrique offre des opportunités à ceux qui sont prêts à s’adapter à la
région. De nombreux piliers soutiennent cette opportunité : une croissance exponentielle de la
population, la montée de la classe moyenne, la jeunesse africaine, l’urbanisation galopante et
Iraqi, A., (2019) « L’investissement direct étranger en tant que facteur géopolitique du Soft
Power marocain en Afrique : réflexion interpretative », Paix et Sécurité Internationales, n° 7,
pp. 279-297
Krugman P. (1980), “Scale economics, product differentiation, and the pattern of trade”, The
American Economic Review n°70 (5), pp. 950-959.
Motta M. et Norman G. (1996) « L’intégration économique entraîne-elle des investissements
directs étrangers ? » Revue économique internationale, volume 37, n°4, pp.757-783
Neary P., (2002), “Foreign Direct Investment and Single Market”, Manchester School,
University of Manchester, vol. n°70 (3), pp 291-314.
Pr. Jedlane, (2021) Président du Conseil scientifique et vice-président à African Finance
Network (AFN) lors d’un entretien avec la revue « Maroc Diplomatique » n°51, février 2021
consulté en ligne sur : https://maroc-diplomatique.net/zlecaf-le-maroc-realiserait-un-gain-
potentiel-en-termes-de-croissance-de-revenus-de-lordre-de-8/
Rigar S.M et Meite Y (2011) « Intégration africaine : quel modèle de coopération économique
sud-sud ? Expérience des entreprises pionnières marocaines en Afrique subsaharienne »
Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique (CODESRIA)
13ème assemblée générale, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc, p.12
Sun X. (2002) « Investissement direct étranger et développement économique : que doivent
faire les états ? » Forum mondial sur la réinvention du gouvernement dans la mondialisation,
Marrakech, les 10-13 décembre 2002, Maroc