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Revue Française d’Economie et de Gestion

ISSN : 2728- 0128


Volume 3 : Numéro 6

Les investissements sortants du Maroc


Cas des firmes multinationales marocaines du secteur bancaire

Outward investments from Morocco The case of Moroccan


multinational firms in the banking sector

DAHMANI Mehdi
Docteur en Economie et Gestion
Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales
Université Mohamed Premier d’Oujda
Maroc
Economie et Management des Organisations
[email protected]

Date de soumission : 25/04/2022


Date d’acceptation : 16/06/2022
Pour citer cet article :
Dahmani M. (2022) « Les investissements sortants du Maroc : Cas des firmes multinationales marocaines du
secteur bancaire», Revue Française d’Economie et de Gestion « Volume 3 : Numéro 6 » pp : 322 - 342

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Résumé
Le 1er janvier 2021 le lancement de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF
par la suite) a pour objectif premier le développement du commerce des biens et des services
intra-africain en supprimant 90% des droits de douane sur une période de 5 à 15 ans. En plus
de cette promotion des échanges commerciaux, la ZLECAF se veut une dynamique pour les
flux des investissements sur le continent africain. L’harmonisation des règles d’investissements
et des différents accords bilatéraux existants entre ses pays membres et le reste du monde
boostera l’attractivité territoriale des pays africains dans l’objectif de créer des entreprises en
Afrique. Le Maroc, grâce à son statut actuel de « tête de pont » des investisseurs sur le continent
ne peut tirer que des bénéfices sur un marché d’une force de 1,2 milliards de consommateurs
potentiels et d’un Produit Intérieur Brut (PIB) cumulé de 2500 milliards de Dollars. Le Maroc
doit se placer dans la continuité de ses actions, déjà entreprises, d'extension sur le marché
africain subsahariens.

Mots clés : ZLECAF ; Maroc ; Investissements ; Entreprises ; Services

Abstract
On January 1, 2021, the launch of the African Continental Free Trade Area (ACFTA)has as its
primary objective the development of intra-African trade in goods and services by eliminating
90% of customs duties over a period of 5 to 15 years old. In addition to this promotion of trade,
the ACFTA is intended to be a dynamic for the flow of investments on the African continent.
The harmonization of investment rules and the various bilateral agreements existing between
its member countries and the rest of the world will boost the territorial attractiveness of African
countries with the aim of creating business in Africa. Morocco, thanks to its status of
“bridgehead” of investors on the continent can only derive benefits in a market with a strength
of 1.2 billion potential consumers and a Gross Domestic Product (GDP) cumulative of 2.5
trillion dollars. Morocco must place Gisèle in the continuity of its actions, already undertaken,
tout extend its firms to the sub Saharan African Market.

Keywords: ACFTA ; Morocco ; Investments ; Companies ; Services

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Introduction
Depuis son indépendance le Maroc n’a eu de cesse d’affirmer son identité africaine et depuis
une vingtaine d’années de faire du continent africain le centre de ses choix stratégiques. Dans
ce contexte et à la suite des nombreuses visites de Sa Majesté Mohamed VI dans différents pays
d'Afrique, il apparaît que le Maroc est à la recherche de nouveaux partenaires économiques sur
la scène internationale. Après plusieurs décennies à s’être centré sur une politique de
rapprochement constante avec l’Europe et les pays du Nord, le Maroc a pu profiter des transferts
de savoir-faire, de technologie et d’innovation des investissements directs étrangers des firmes
multinationales implantées sur son territoire. Il a su aussi en tirer les connaissances nécessaires
pour développer à son tour sa propre économie ainsi que son tissu industriel mais aussi
construire une stratégie d’internationalisation de ses firmes vers des pays au développement
économique moindre ou égal mais avec un taux de croissance significatif. La caractéristique
principale de cette internationalisation marocaine est le développement des firmes à
l’international et l’accroissement des investissements Directs Etrangers (IDE).
L’Afrique se préoccupe de plus en plus du rôle de l’IDE, elle estime ces IDE comme primordial
à son développement économique. A l’instar de la majorité des économies développées qui ont
eu recours à l’IDE pour amorcer et entretenir leur transformation économique, (Sun, 2002) le
Maroc doit faire et en a fait de même.
Concrètement, les relations financières entre le Maroc et l’Afrique sont caractérisées par des
flux de plus en plus importants d’IDE sortant du Maroc vers l’Afrique et plus particulièrement
en Afrique subsaharienne (ASS). Les dirigeants des firmes marocaines ont pris conscience de
l’importance des ID à l’étranger et des avantages de l’internationalisation de leurs entreprises
et ce pour des raisons de coûts ou de positionnement. Cet accroissement constant des flux d’IDE
sortant du Maroc vers le continent africain peut aussi se justifier par l’assouplissement de la
réglementation marocaine dans le cadre de son ouverture et de son intégration à l’économie
mondiale et aussi par la signature par le Maroc d’accords internationaux de promotion et de
protection des ID :
❖ « La possibilité pour les entreprises créées depuis au moins trois ans et disposant de
comptes certifiés, d’investir à l’étranger jusqu’à 30 millions de DH par an (ne couvrant pas les
placements immobiliers et spéculatifs). Cette autorisation est limitée aux projets productifs et
aux prises de participation en rapport avec l’activité de l’entreprise, avec comme objectif de
consolider et de développer cette activité.

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❖ Les banques sont autorisées à effectuer, pour leur propre compte ou pour le compte des
entreprises d'assurances, de réassurance et des Organismes de Placement Collectif en Valeurs
Mobilières (OPCVM), les transferts au titre de leurs opérations de placements en devises à
l'étranger.
❖ La possibilité pour les compagnies d’assurances (article 164 du nouveau code des
assurances) d’investir jusqu’à 5% de leurs actifs à l’étranger, sans autorisation préalable de la
Direction des Assurances.
❖ Les OPCVM ont le droit d’investir 10% de leurs portefeuilles sur les places financières
internationales. L’autorisation concerne les titres de créances et les actions cotées sur les
marchés réglementés.
❖ Les banques disposent librement d’une partie de leurs avoirs qu’elles peuvent utiliser,
après autorisation de Bank Al-Maghrib, pour ouvrir des bureaux à l’étranger et collecter de
l’épargne.
❖ La durée des placements étrangers des banques a été prolongée à 5 ans. Ces banques
auront ainsi accès à de nouveaux placements sur le marché international, ce qui leur permettra
de diversifier leurs risques et de mieux couvrir ceux de leurs clients » (IRES, 2012)
Ce qui justifie qu’au départ les ID sortant du Maroc vers le continent africain étaient
essentiellement dus aux firmes marocaines privées du secteur tertiaire (banque, assurance)
ensuite ce sont les entreprises de secteurs porteurs (immobilier, industrie, commerce et
distribution etc.) et au vu des impacts positifs résultant de ces ID ce sont les entreprises
marocaines publiques qui ont investi dans le développement des infrastructures socio-
économiques en ASS ( approvisionnement en eau et en électricité, construction ou rénovation
du réseau routier etc.).
Le Maroc compte depuis la dernière décennie parmi les premiers investisseurs africains en ASS
et plus particulièrement des Communautés Economiques Régionales (CER) de l’Union des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (UEMAO) et de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale
(CEMAC). (Institut AMADEUS, 2014)
Dans ce contexte l’intégration du Maroc à la ZLECAF représenterait-elle un élément positif
pour la croissance des IDEMASS (Investissements Directs Etrangers Marocains en Afrique
SubSaharienne) ?1 et plus particulièrement des FMN du secteur bancaire.

1
Le Maroc a ratifié, le lundi 18 avril 2022 au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, l'accord portant création
de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF)

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1. Intégration régionale et ZLECAF


La création d’une zone de libre-échange regroupant tous les pays africains permettra une
harmonisation des règles spécifiques aux IDE de même qu’une entente globale entre différentes
CER africaines.
Selon la Banque Africaine de Développement (BAD) « une intégration régionale plus poussée
en Afrique constitue un impératif :
❖ Pour créer des marchés suffisamment vastes et attractifs pour l’investissement
et le commerce, deux facteurs nécessaires pour générer une croissance durable,
❖ Pour créer des emplois et assurer la transition vers une croissance inclusive,
❖ Pour relier les pays enclavés aux marchés internationaux
❖ Pour soutenir le commerce intra-africain » (BAD, 2015)
Des économistes comme Motta et Norman étudient l’effet de l’IR sur le commerce international
des oligopoles et des IDE en se servant d’un modèle à 3 pays et 3 entreprises. Les résultats de
leur analyse sont que « Les économies en voie d'intégration ont plus de chances de gagner à
améliorer l'accessibilité des marchés intrarégionaux qu'à une politique commerciale extérieure
plus stricte, et peuvent souhaiter offrir des incitations à l'investissement pour encourager
l'investissement étranger direct par des entreprises extérieures. » (Motta et Norman, 1996)
Les accords d’IR peuvent engendrer différents impacts sur les flux d’IDE. Ces effets
dépendraient des caractéristiques des pays qui forment désormais une zone intégrée mais aussi
de la nature de l’accord, du type d’IDE et des politiques économiques implantées dans chaque
pays avant et après l’accord. (Blomström et Kokko, 1997)
Par ailleurs l’impact de l’intégration régionale dépend aussi de l’origine des IDE (IDE
intrarégionaux et IDE extrarégionaux).
En ce qui concerne IDE intrarégionaux, la signature d’un accord d’IR éliminera les barrières
aux échanges et donc une baisse des IDE horizontaux. En effet une firme multinationale (FMN)
a tendance à approvisionner le marché commun au moyen d’exportations au lieu de supporter
les coûts d’implantation. Cet impact a lieu quand des investisseurs cherchent à éviter les
barrières tarifaires et non tarifaires ; néanmoins l’IR peut encourager les IDE verticaux entre
les pays membres. Cet effet se produit si les FMN, recherchant des coûts de production
compétitifs, divisent leur processus de production. (Neary, 2002).
Les IDE extrarégionaux sont eux aussi impactés par l’IR. Une baisse progressive des barrières
aux échanges internes et un tarif externe élevé appliqué aux pays tiers augmentent les IDE
externes ayant pour objectif le contournement des barrières commerciales. Dans le même temps
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quand l’IR permet l’exploitation d’un marché plus vaste des FMN « horizontales » se créent.
Pour Krugman la taille du marché domestique encourage l’activité économique de la zone en
question par l’existence d’économies d’échelle. (Krugman, 1980),
Tableau 1 : Effets de l’intégration régionale sur les investissements directs étrangers
Effets de l’intégration économique
IDE intra régionaux IDE extra régionaux
Augmentation des IDE :
Hausse des IDE et du commerce La localisation des FMN dépend de coûts de
IDE Verticaux production
Complémentarité IDE Commerce Accroissement du commerce

Accroissement des IDE :


L’extension de la taille du marché, à la suite
IDE Baisse de l’IDE d’une IR génère de nouvelles opportunités
Horizontaux d’IDE
Substitution Commerce et l’IDE L’IDE peut être également poussé par une
Mundell (1957) stratégie de contournement des barrières
tarifaires

Source : Idir N., Kamali et Unan E. « Intégration régionale sud-sud et investissements directs étrangers : effet
taille de marché » Version provisoire, p.10

Selon la Commission de l’Unité Africaine, l’intégration régionale présente des avantages car
elle permet aux pays de réaliser des rendements croissants (économies d’échelles), des effets
de localisation (attractivité aux entreprises) et de commerce, l’attractivité des investissements,
le pouvoir de négociation accru et renforcé, la stabilité macroéconomique et politique, le
mécanisme d’engagement et crédibilité accrue, la création d’opportunités commerciales
d’opportunités d’emploi, avantageux pour les marchés financiers. Elle augmente les
investissements étrangers directs, favorable à une réelle convergence économique et elle brise
les monopoles locaux existants. (Bengeya Machozi D et Kubuya Mupipi J, 2022)
La comparaison des flux d’IDE avant et après une intégration régionale (tableau 2 ci-dessous)
met en évidence le bénéfice économique de l’IR sur les entrées d’IDE dans les pays qui ont
rejoint une CER. Par conséquence, l’intégration régionale du continent africain subsaharien est
bénéfique pour les IDE marocains sortants vers l’ASS.

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Tableau 2 : Comparaison des flux d’IDE avant et après une intégration régionale en %
du PIB.
Groupement Avant intégration Après intégration
Pays régional
Mexique NAFTA 1,25 2,73
1987- 1993 1994-2000
Brésil MERCOSUR 0,45 3,07
1987-1994 1995-2001
Argentine MERCOSUR 1,17 3,32
1980-1985 1986-1991
Portugal U.E 0,69 2,21
1991-1997 1998-2004

Pologne U.E 1,91 3,69


1991-1997 1998-2004
Roumanie U.E 1,05 4,01
1991-1997 1998-2004
Chine APEC 0,78 4,41
1985-1991 1992-1998
Vietnam ASEAN 4,52 6,44
1988-1994 1995-2003
Source : calculs d’après des données de la CNUCED
2. Les IDE marocains en Afrique

Le Maroc a donc placé l’Afrique au centre de ses préoccupations et de ses choix stratégiques.
Il renforce sa position sur le continent tant sur le plan des échanges commerciaux que sur la
signature d’un millier d’accords de coopération avec 29 pays africains dans différents secteurs :
infrastructures, agriculture ainsi que les services. (Voir la carte 1 page 8)
Cette politique économique audacieuse a permis une multitude d’implantations en Afrique des
firmes marocaines et a occasionné un effet d’entrainement.
Effectivement, les premières firmes marocaines à y investir sont privées et du secteur tertiaire :
banques, assurances, télécommunications, viennent ensuite le bâtiment et les travaux publics
(BTP), immobilier etc. et pour finir de grands groupes publics marocains ayant pour
conséquence une forte augmentation des investissements directs du Royaume en Afrique.
De plus le Maroc disposant d’une proximité géographique et culturelle avec plusieurs pays
africains, d’une expérience dans de nombreux domaines économiques de l’Afrique lui
permettent de contracter des alliances avec des firmes étrangères désireuses de s’implanter sur
le continent africain.

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Présents en 2009 dans 9 pays d’Afrique, ils y sont en 2019 dans 29. Le 1er de ces 29 pays en
2019 est la Côte d’Ivoire avec 21,4% du total des IDE marocains en Afrique, vient à la deuxième
place le Tchad avec 19,8% et à la troisième position le Sénégal avec 14,7% ce qui fait qu’à eux
seuls ils accaparent 55,9% du total des IDE du Maroc en Afrique. (Al Maliya, 2020)
Carte 1 : Cartographie des pays en ASS et nombre de secteurs d’activités dans lesquels
le Maroc y investit

Source : Iraqi, A. « L’investissement direct étranger en tant que facteur géopolitique du Soft Power marocain en
Afrique : réflexion interprétative », Paix et Sécurité Internationales, n° 7, 2019, p.285

L’évolution des investissements directs étrangers du Maroc à destination de l’Afrique et plus


précisément vers l’Afrique subsaharienne, principale zone d’accueil des investissements
marocains dans le monde, accuse une tendance à la hausse, à la suite de la signature de
nombreux accords de protection, de promotion réciproques et de non double imposition, ainsi
qu’à l’assouplissement de la règlementation des investissements. Parmi plus de 1000 accords
de coopération signés, figurent les accords de promotion et de protection réciproques des
investissements (APPI) qui ont pour but d’encourager les entreprises marocaines à s’implanter
dans les autres pays africains. Ils ont pour objectif la création d’un climat juridique équilibré et
avantageux à l’augmentation pérenne de ces IDE marocains ; ils combinent plusieurs

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dispositions obligatoires de protection des IDE et des investisseurs par le pays récipiendaire de
ces IDE pendant leur présence sur son territoire. Ces principales dispositions portent sur :
❖ Le traitement juste et équitable accordant aux investisseurs un traitement conforme aux
normes internationales minimales ancrées dans le droit international coutumier
❖ Le traitement national assurant la non-discrimination entre les investisseurs étrangers et
les investisseurs nationaux
❖ La nation la plus favorisée qui garantissant que les investisseurs étrangers et leurs
investissements ne sont pas moins bien traités que tout autre investisseur étranger et ses
investissements. (Al Maliya, 2020)
Sur la carte 2 intitulée « Les accords de promotion et de protection réciproques des
investissements (APPI) conclus en Afrique (ci-dessous), nous pouvons voir que le Maroc a
signé 26 accords de promotion et de protection pour les investissements avec les pays en vert
sur la carte, soit plus du tiers du nombre total des APPI conclus avec le reste du monde qui
s’élève à 75 APPI.
Carte 2 : Les accords de promotion et de protection réciproques des investissements
(APPI) conclus en Afrique

Source : Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue quadrimestrielle du Ministère
de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.19

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Le graphe 1 suivant montre qu’entre 2009 et 2019 les ID marocains en Afrique passent de 3
Mds DH en 2009 à 6,8 Mds DHS en 2019 avec un taux annuel moyen d’augmentation de 8,3%.
Leur niveau le plus haut a été atteint en 2017 avec 8,8 Mds DHS. La part des investissements
directs marocains en Afrique dans le total des investissements directs marocains à l’étranger
s’établit à 58,7% en 2019, avec une part moyenne de 59,5% durant la période 2009 - 2019.
Graph 1 : Evolution des Investissements Directs Marocains en Afrique

Source : Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue quadrimestrielle du


Ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.12

Sectoriellement ces IDE s’adressent principalement à 13 secteurs d’activité en 2019, ils


n’étaient qu’au nombre de 7 en 2009.
Au 1er rang de ces 13 secteurs en 2019 on trouve le secteur bancaire avec une part de 39,4%, au
deuxième rang les télécommunications accuse une baisse conséquente puisqu’ils avaient en
2009 une part de 59,9% et qu’en 2019 ils ne représentent plus que 21,1% du total des IDE
marocains en Afrique. La troisième place revient au secteur de l’industrie en hausse par rapport
à 2009 2,6% et en 2019 13,5%. Ces trois secteurs représentent 74,1% du total des IDE du Maroc
en Afrique en 2019. (Voir tableau 3)

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Tableau 3 : Répartition par secteur d’activité des investissements directs à destination


de l’Afrique Années 2009-2019

Source : Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue quadrimestrielle du Ministère
de l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.13

Une étude réalisée par la Direction des Etudes et Prévisions financières (DEPF) relevant du
Ministère de l’Economie et des Finances marocain et l’Agence Française de Développement
(AFD) a mis en relief le potentiel dont recèle l’Afrique et les stratégies déployées par les
entreprises marocaines opérant dans le continent ainsi que leurs motivations et leurs modes
d’implantation. ((DEPF Policy Africa, 2018)
L’enquête effectuée auprès de 16 entreprises marocaines implantées en ASS fait ressortir
plusieurs facteurs communs de leur développement sur le continent africain :
❖ La croissance économique de l’Afrique et les opportunités qui en résultent
❖ Un faible niveau de concurrence se traduisant par des marges bénéficiaires éventuelles
❖ Pour les entreprises marocaines arrivant à un certain niveau de maturité sur le marché
national qui sont à la recherche de relais de croissance
❖ La présence de banques marocaines en ASS
❖ Un besoin en approvisionnement de matières premières non disponibles au Maroc
C’est aussi pour certaines entreprises le résultat d’opportunités du marché africain et d’autres
mettent en avant les sollicitations de la part de partenaires dans le besoin d’une expertise. Et
pour celles opérant dans le secteur secondaire et tertiaire elles considèrent en priorité les
facteurs de développement liés à la demande, que celle-ci émane des gouvernements, d’autres
entreprises ou bien des consommateurs finaux.

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Les modalités de développement de ces entreprises implantées en ASS se résument en trois


catégories et sont partagées par la majorité des entreprises :
❖ L’exportation des biens ou des services sans implantation locale
❖ Les partenariats et alliances de diverses natures sans présence directe
❖ L’investissement direct, par acquisition ou création de structure avec ou sans partenaire
Le choix du pays d’accueil de ces IDE est fondé sur l’attractivité du territoire, sur la facilité
d’accès (proximité), sur la stabilité politique ainsi que sur les opportunités qui se présentent.
Le développement des entreprises marocaines en Afrique a suivi un schéma en trois étapes :
dans la première étape ce sont exclusivement les exportations de biens et de services puis les
firmes marocaines ont contracté des alliances ou des partenariats avec des entreprises locales
pour enfin dans la troisième étape effectuer des investissements directs sous la forme
d’acquisition, de fusion ou de création de filiales dans un ou plusieurs pays d’ASS.
Les raisons de pénétration du marché africain et de l’implantation en ASS des firmes
marocaines par le biais d’ID sont soit pour des motifs liés à la nature de leurs activités soit pour
éviter des barrières à l’entrée. Nous pouvons citer d’autres mobiles comme : la maximalisation
de la structure des coûts dans l’objectif d’optimiser le positionnement compétitif sur le marché :
réduction des coûts de la fiscalité, des transports, des frais de douanes etc., le choix d’une
expansion géographique par une implantation directe.
C’est à la suite de la libéralisation des investissements internationaux et des mesures qui l’ont
accompagnée que les firmes marocaines ont adopté des stratégies d’internationalisation de leurs
activités dans l’objectif de développer leur compétitivité et ainsi saisir les opportunités
africaines.
La recherche de relais de croissance, le développement d’activités ou le rachat d’entreprises de
la même branche d’activités, l’expansion de la firme à l’étranger par le biais d’une acquisition,
d’une fusion ou de la création d’une filiale sont les motifs énoncés par les entreprises
marocaines de l’enquête précitée pour leurs implantations en ASS. Il faut donc pour cela
qu’elles aient recours à des IDE à stratégie horizontale.
D’après différents rapports et analyses économiques, nous ne pouvons que constater
l’importance croissante de l’international pour les entreprises marocaines. Tous les secteurs
d’activité sont concernés, mais nous allons nous intéresser aux entreprises du tertiaire et plus
particulièrement du secteur bancaire. Sur la carte 3 ci-après, concernant la répartition
géographique des IDE marocains en Afrique dans le secteur des banques, nous constatons

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qu’elle s’étend sur différents pays, avec cependant une concentration axée sur quelques pays
comme l’Egypte (30,5%), la Côte d’Ivoire (19,4%) et le Sénégal (12%).
Cette agglomération peut s’expliquer par le poids économique et la consolidation des
perspectives de croissance de ces pays.
2.1 Cas des entreprises multinationales marocaines du secteur bancaire en
Afrique
Ce sont des banques qui ont été les pionnières de l’internalisation des entreprises marocaines
en Afrique. Le DEPF explique « en effet, grâce aux réformes menées par le passé, le Maroc est
parvenu à édifier un système financier solide qui a donné naissance à de groupes bancaires
compétitifs, capables de s’implanter en Afrique et de contribuer au financement des économies
africaines.» (DEPF,2018)
Fin2017, les trois banques marocaines : Attijariwafabank, la Banque Populaire et la BMCE
bank of Africa couvraient 25 pays africains. Elles totalisent à elles tris 1482 agences en
Afrique : AWG 643 agences en 2017 en augmentation de 43% par rapport à 2009, de son côté
la BP est passée de 4 agences en 2009 à 205 en 2017 et pour la BMCE c’est aussi une
augmentation de 43% en effet en 2009 elle possédait 247 agences en Afrique et en 2017 634.
(DEPF, 2018)
Carte 3 : Répartition géographique des IDE marocains en Afrique dans le secteur des
banques : flux cumulés entre 2007 et 2017

Source : Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) Policy Africa (2019) « Le positionnement
du secteur bancaire marocain en Afrique : réalité et perspectives de renforcement » Equipe de travail : Ilyes
Boumahdi page 8

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2.1.1 Focus sur le groupe Attijariwafa bank

Attijariwafa Bank (AWB) a démarré son expérience continentale en 2005 en Tunisie, en entrant
dans le capital de la banque du Sud, devenue Attijari Tunisie.
En Afrique subsaharienne, le Sénégal est le terrain privilégié d’AWB ; déjà présente depuis
2006 avec sa filiale Attijari Bank Sénégal, elle acquiert en 2007, 79,15% de la Compagnie
Bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO), banque historique du Sénégal, premier groupe
bancaire du pays. Elle devient, ainsi, la plus grande institution bancaire au Sénégal, en
s’appropriant 29% du marché avec 49 agences. (Rigar et Meite, 2011)
AWB accélère son déploiement régional en Afrique francophone. En novembre 2008, un
échange de participations permet à la 1ère banque du Maroc de reprendre les cinq filiales
africaines di Crédit agricole : Crédit du Congo, Société ivoirienne de banque, Société
camerounaise de banque, Union gabonaise de banque et Crédit du Sénégal.
Une acquisition qui vient renforcer son dispositif de banque de détail en Tunisie, au Mali, au
Sénégal (rachat de 66,67% du capital de la banque sénégalo-tunisienne BST).
Trois filiales sont sous le contrôle d’AWB avec des parts au-dessus des 90%, il s’agit
d’Attijaribank Egypt avec 100%, du Crédit Du Sénégal (CDS) avec 95% et du Crédit Du Congo
(CDC) avec 91%. De plus elle possède 83,1% de la Compagnie Bancaire de l’Afrique de
l’Ouest (CBAO) implantée au Sénégal et 80% d’Attijari Bank Mauritanie (ABM).
Viennent ensuite des participations du groupe variant entre 51% et 59% : Attijaribank Tunisie
(ABT), la Banque Internationale pour le Mali (BIM), l’Union Gabonaise de Banque (UGB), la
Société Ivoirienne de banque (SIB) et la Société Commerciale de Banque Cameroun (SCBC).
Le graphe 2 représentant la répartition géographique en Afrique des agences adossées au groupe
AWB à fin 2017 en Afrique nous pouvons préciser que le nombre d’agences détenues par la
CBAO et le CDS est de 165 au Sénégal, soit une part de 29,7%. Le Mali quant à lui occupe le
troisième rang, en termes de force du réseau de distribution, avec 79 agences à l’enseigne
« BIM », soit 14,2% du réseau total. Les réseaux de distribution en Côte d’Ivoire, au Congo, au
Cameroun, au Gabon et en Mauritanie sont de 3 à 41 agences et représentent entre 0,5% et 7,4%
du réseau global du groupe en Afrique. (DEPF Policy Africa, 2019)
Elle dispose en 2017 de 643 agences contre 299 en 2009 et couvre 10 pays, contre 6 en 2009

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Graphe 2 : Répartition géographique en Afrique des agences adossées au groupe AWB à


fin 2017

Source : Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) Policy Africa (2019) « Le positionnement du
secteur bancaire marocain en Afrique : réalité et perspectives de renforcement » Equipe de travail : Ilyes
Boumahdi, page 12

La stratégie d’internationalisation du Groupe Attijariwafa Banque est porteuse de résultats


positifs puisque ses filiales africaines ont contribué au Résultat Net Part du Groupe (RNPG)
comme nous pouvons le voir sur le tableau 4 suivant.
Tableau 4 : Principaux contributeurs au RNPG du groupe Attijariwafa Bank 2016/2018

2016 2018
Contributions Poids Evolution Contributions Poids Evolution
En Millions en % en % En Millions en% en %
de dirhams de dirhams
CBAO Sénégal 198 4,2 66,4 311 5,5 11
SIB Côte d’Ivoire 239 5 35,2 291 5,1 10
UGB Gabon 106 2,2 50,3 122 2,1 2,2
CDC Congo 98 2,1 -7 120 2,1 4,3
SCB Cameroun 116 2,4 23,3 105 1,8 -0,9
Source : Fait par nos soins d’après Présentation des résultats financiers du Groupe AWB en mars 2016 et en
2018

Comme nous pouvons le constater sur le tableau 5 suivant, avec une progression de 26% de
leurs contributions au RNPG en 2016 par rapport à 2015 les banques de détail en ASS se placent
en tête. A l’opposé l’évolution du secteur regroupant les banques du Groupe AWB installées
au Maroc, en Europe et les banques Offshores n’est que de 1% en 2016 par rapport à 2015

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Tableau 5 : Evolution des contributeurs au RNPG groupe Attijariwafa Bank par secteur
en %

2014 2015 2016


Banques Maroc Europe et + 11,8 -3,8 +1
Offshore
Sociétés de financement +5,4 +4
spécialisées +12
Banques de détail à -21,5 +30,6 +26
l’international en ASS
Source : Fait par nos soins d’après Présentation des analystes d’AWB en décembre 2016

Et si nous examinons les graphiques 3 et 4 ci-dessous, nous constatons que les comptes de
résultats de la Compagnie Bancaire de l’Afrique Occidentale et de la Société Ivoirienne de
Banque sont en constante augmentation entre 2015 et 2018.

Graphe 3 : Comptes de résultats pour la CBAO Graphe 4 : Comptes de résultats pour la SIB

1400 1201
1200 1106
1000 839 Produit
800 722 Net
Bancaire
600
395 en MDH
400 245 282 304
200
0
2015 2016 2017 2018
Source : Faits par nos soins d’après la Présentation des
résultats financiers du Groupe AWB en mars 2016 et en 2018

2.1.2. Benchmarking

Cette étude est élaborée dans le but d’évaluer le secteur des banques de plusieurs pays africains :
Côte d’Ivoire, Nigéria, Éthiopie, Kenya, Cameroun et Gabon et de les comparer à plusieurs
pays européens : Espagne, Pays Bas, France, Belgique, Suisse et Italie
✓ La population totale indique la taille du marché. C’est un paramètre important dans les
décisions d’investissement des firmes en raison de l’importance de la demande et de la
possibilité d’économies d’échelle.
✓ Le taux de bancarisation mesure le pourcentage de la population adulte détenant un
compte dans les banques, les services postaux, les caisses nationales d’épargne et le
Trésor.

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✓ La part des services dans le produit intérieur brut est un indicateur de la « bonne santé
» du secteur des services dans le PIB d’un pays.
Tableau 6 : Variables des six pays européens

Pays européens Population (en millions) Part des services dans le PIB Taux de Bancarisation en
en % %
Espagne 46,94 74,2 73,84
Pays Bas 17,28 70,2 77,7
France 66,99 78,8 99
Belgique 11,46 77,2 69
Suisse 8,57 73,7 79
Italie 60,36 73,9 93,8

MOYENNE 35,10 millions 74,67% 82,05%

Source : élaboré par nos soins d’après des données de la CNUCED


Tableau 7 : Variables des 6 pays africains

Pays africains Population (en million) Part des services dans le PIB Taux de Bancarisation en %
en %
Côte d'Ivoire 25,7 50,88 21,6
Nigéria 219,4 48,43 40
Éthiopie 109,2 36,87 22
Kenya 53,30 43,22 40,8
Cameroun 25,88 49,99 12,2
Gabon 2,119 40,11 30

MOYENNE 72,61 millions 44,91 % 27,77%


Source : élaboré par nos soins d’après des données de la CNUCED
Interprétations
Après l’analyse des données, plusieurs remarques nous paraissent pertinentes et en rapport avec
le sujet de notre recherche. Nous constatons une large différence entre les taux de bancarisation
entre les pays africains (PA) et pays européens (PE).
Les faibles taux en PA peuvent s’expliquer par la non-exploration du marché des services d’une
manière générale ; en contrepartie les nations européennes nous paraissent plus saturées. Ce
taux de bancarisation bas ouvre des opportunités pour les banques marocaines souhaitant
s’implanter en ASS en effet un nombre important de clients potentiels reste à satisfaire.

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L’analyse comparative des différents pays nous pouvons conclure que l’intensité
concurrentielle est inévitablement plus forte dans les pays européens que les pays africains. Le
nombre de clients potentiels réduit aux P.E ; une saturation du marché plus élevé en P.E qu’en
P.A. Une population plus importante en Afrique ce qui traduit une taille du marché plus grande.
Conclusion
Nous avons vu que l’ASS est la principale destination des IDE marocains dans le monde, et que
les chiffres dégagés ont montré une rentabilité importante sur plusieurs années, en ayant su
donner la qualité nécessaire à moindre coût. Les IDE marocains en ASS et in fine les entreprises
marocaines ont su faire preuve de l’efficience requise pour dégager une rentabilité et se
positionner dans plusieurs pays africains comme nous l’avons vu pour le Groupe Attijariwafa
Bank. Nous aurions pu avoir les mêmes résultats pour d’autres secteurs où les entreprises
marocaines se sont implantées en ASS. Malgré le risque d’instabilité politique qui n’est pas à
négliger dans la région, le Maroc à l’aide de ses IDEMASS (Investissements Directs Etrangers
Maroc Afrique subsaharienne) a su devenir le leader en termes d’IDE par rapport aux autres
pays africains.
Il est une réalité évidente que les pays européens sont très avantageux en termes d’attractivité
pour s’implanter grâce par exemple : à leur stabilité politique, leur transparence au niveau des
informations, à leurs infrastructures de bonne qualité ainsi que leur facilité d’exercer une
activité commerciale ou industrielle. Ce qui n’est pas le cas pour tous les pays d’Afrique
subsaharienne souffrant d’un manque d’infrastructures, d’une mauvaise gouvernance, d’une
sécurité fragile, d’une logistique peu fiable ce qui constituent des obstacles pour les
investisseurs désireux de s’implanter dans ces pays.
Alors quelles sont les raisons pour vouloir s’implanter dans les pays d’Afrique ? et pourquoi ne
pas s’implanter dans les pays européens bénéficiant d’un environnement plus stable et plus
encourageant pour investir et faire des affaires ?
Malgré la forte attractivité des pays européens, leur niveau des coûts d’implantation impose au
départ d’investir énormément et au vu de la forte compétitivité sur tous les marchés et la
saturation d’une majorité de ces marchés, il devient de plus en plus difficile d’obtenir une
rentabilité efficiente.
À contrario, le marché d’Afrique offre des opportunités à ceux qui sont prêts à s’adapter à la
région. De nombreux piliers soutiennent cette opportunité : une croissance exponentielle de la
population, la montée de la classe moyenne, la jeunesse africaine, l’urbanisation galopante et

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l’adoption rapide des technologies numériques. La croissance économique de l’Afrique est de


plus en plus diversifiée et change structurellement, elle devient plus endogène.
Au cours des dernières années, l’économie africaine, en cours de diversification, a permis
l’émergence d’une classe moyenne, stimulant ainsi la demande de produits de consommation,
de services et de produits de marques de luxe.
Dans ce sens la ZLECAF représente en premier lieu une facilitation des échanges mais aussi
une meilleure possibilité des transferts de capitaux, une amélioration du climat des affaires et
l’opportunité pour les firmes marocaines de s’externaliser sur un marché de taille plus
importante.
Les sociétés doivent être prêtes à s’engager sur le long terme et à envisager de multiples
stratégies tout en tenant compte des risques et des avantages. Cependant, ces difficultés
s’accompagnent également d’opportunités d’innovation au regard du potentiel de croissance
qu’offrent ces pays.
De nombreux marchés africains apparaissent attractifs en raison de leur profil de croissance, ce
qui peut intéresser les investisseurs potentiels qui ne se tournent plus vers les marchés européens
saturés et concurrentiels.
Nous constatons au vu des flux d’IDE marocains sur le continent africain que beaucoup de pays
restent encore à conquérir tels que les pays anglophones et lusophones comme le Nigéria et
l’Angola. En effet au vu de son poids démographique et économique, le Nigéria offre des
opportunités pour les banques marocaines « Le secteur bancaire du Nigéria présente des
indicateurs assez intéressants (un degré de concentration ne dépassant même pas 43%, une
marge nette d’intérêt avoisinant 5,6%, une pression sur les dépôts bancaires assez raisonnable
avec un coefficient d’emploi au-dessous du seuil de 85%). Quant à l’Angola il recèle un énorme
potentiel de croissance (+7,9% en moyenne entre 2004 et 2017) et se caractérise par un secteur
bancaire dont les charges d’exploitation par rapport au PNB ne dépassent pas 56%. Le secteur
bancaire angolais se démarque aussi par une marge nette d’intérêt de 6% et un retour sur fonds
propres de l’ordre de 14,1%. En outre, la pression sur les dépôts reste relativement faible et
s’élève à 59%. » (DEPF Policy Africa, 2019)
La ZLECAF ne doit pas être un frein à l’investissement au contraire elle pourrait l’encourager
pour créer des économies d’échelle et bâtir des complémentarités.
« D’après la Banque mondiale grâce à la création de la ZLECAF, le Maroc réaliserait un gain
potentiel en termes de croissance des revenus de l’ordre de 8%. D’où la mise en place pour
atteindre cette croissance et sous l’impulsion de SM Mohammed VI de plusieurs chantiers tels
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que : la réforme du modèle de développement, une nouvelle génération de grands plans


sectoriels, la nouvelle stratégie industrielle pour les trois années à venir (2021-2023) et le
lancement de la banque de projets, outil principal de la stratégie d’import-substitution qui
permettrait à l’économie marocaine, de substituer 34 milliards de dirhams d’importations par
de la production locale.» (Pr. Jedlane, 2021)
Pour conclure, nous avons vu que les IDEM en Afrique sont réalisés principalement en Afrique
de l’Ouest et en Afrique centrale et que les régions de l’Afrique australe et de l’est restent
quasiment inexploitées. La ZLECAF permettra-t-elle de rééquilibrer cette concentration des
IDEM en Afrique ?
Bibliographie
Al Maliya (2020) « Maroc-Afrique : une coopération renouvelée » Revue du Ministère de
l’économie, des finances et de la réforme de l’Administration, Maroc, p.19
Attijariwafabank (2016 et 2018) « Présentation des résultats financiers du Groupe AWB » sur
le site https://www.attijariwafabank.com/fr/finance
Banque Africaine de Développement (2015) « Politique et stratégie d’intégration de l’Afrique
(PSIR) 2014-2023, intégration de l’Afrique : créer le prochain marché global » p.XI
Bengeya Machozi D et Kubuya Mupipi J (2022) «Contribution de l’intégration
économique des pays membres du COMESA dans l’économie de la RD Congo», revue
internationale des sciences de gestion, vol.5 n°1 ; pp.1-21
Blomström M. & A Kokko, (1997), “Regional Integration and Foreign Direct Investment”,
Working Paper Series in Economics and Finance n° 172, Stockholm School of Economics
Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) Policy Africa (2018)
« Développement des entreprises marocaines en Afrique : réalité et perspectives » pp.18-21
Idir N., Kamali et Unan E. « Intégration régionale sud-sud et investissements directs
étrangers : effet taille de marché » Version provisoire, p.10
Institut AMADEUS (2014) « Le Maroc et l’Afrique : pour une mobilisation nationale
d’envergure » pp.20-26
Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) (2012) « Les relations Maroc-Afrique : les
voies d’une stratégie globale et rénovée » Rapport général de l’étude thématique, Programme
d’études « Compétitivité globale et positionnement du Maroc dans le système mondialisé »,
pp.40-46

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Iraqi, A., (2019) « L’investissement direct étranger en tant que facteur géopolitique du Soft
Power marocain en Afrique : réflexion interpretative », Paix et Sécurité Internationales, n° 7,
pp. 279-297
Krugman P. (1980), “Scale economics, product differentiation, and the pattern of trade”, The
American Economic Review n°70 (5), pp. 950-959.
Motta M. et Norman G. (1996) « L’intégration économique entraîne-elle des investissements
directs étrangers ? » Revue économique internationale, volume 37, n°4, pp.757-783
Neary P., (2002), “Foreign Direct Investment and Single Market”, Manchester School,
University of Manchester, vol. n°70 (3), pp 291-314.
Pr. Jedlane, (2021) Président du Conseil scientifique et vice-président à African Finance
Network (AFN) lors d’un entretien avec la revue « Maroc Diplomatique » n°51, février 2021
consulté en ligne sur : https://maroc-diplomatique.net/zlecaf-le-maroc-realiserait-un-gain-
potentiel-en-termes-de-croissance-de-revenus-de-lordre-de-8/
Rigar S.M et Meite Y (2011) « Intégration africaine : quel modèle de coopération économique
sud-sud ? Expérience des entreprises pionnières marocaines en Afrique subsaharienne »
Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique (CODESRIA)
13ème assemblée générale, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc, p.12
Sun X. (2002) « Investissement direct étranger et développement économique : que doivent
faire les états ? » Forum mondial sur la réinvention du gouvernement dans la mondialisation,
Marrakech, les 10-13 décembre 2002, Maroc

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