Dieye 2015 RapportDefinitif Projet BMUASZ MangroveOussouye
Dieye 2015 RapportDefinitif Projet BMUASZ MangroveOussouye
Dieye 2015 RapportDefinitif Projet BMUASZ MangroveOussouye
BANQUE MONDIALE
*****
RAPPORT PRELIMINAIRE
Titre du projet :
Dynamique de la mangrove et impacts dans le Département
d’Oussouye (Basse Casamance) entre 1972 et 2014
Equipe du projet :
1
RESUME EXECUTIF
Oussouye est l’une des zones qui disposent des plus belles formations de mangrove en Basse-
Casamance. Ces formations constituent un écosystème particulier de par ses fonctions, son
importance et son lieu d’implantation. Hormis leur rôle de séquestration de carbone reconnu, les
formations de mangrove abritent de nombreuses ressources fauniques et floristiques dont dépendent
directement les populations riveraines. Elles sont aussi le siège des principales activités rurales
menées dans le département d’Oussouye (riziculture, pêche, récolte d’huîtres, de coquillages et
autres…). Ces formations forestières, jadis luxuriantes, ont amorcé, durant les années 1970 et 1980
une dégradation graduelle mais prononcée aujourd’hui. L’étude de la dynamique de la mangrove
par télédétection a permis d’appréhender sa dégradation, entre 1972 et 1986, à 47,1 % et 90 %
respectivement pour les faciès mangrove dense et mangrove moins dense. Cette période
d’importante dégradation de la mangrove correspond aux années les plus dramatiques dans
l’histoire de la pluviométrie au Sénégal, et particulièrement dans la zone d’Oussouye. La période
2000-2014 se particularise par la régénération de la mangrove puisqu’on remarque une évolution
positive de 36,8% pour la mangrove dense et de 14% pour la mangrove moins dense. Cette reprise
est à replacer dans le contexte du retour, quoique timide, de la pluviométrie aux conditions
relativement meilleures et à la prise de conscience, par la population, de l’importance du rôle
stratégique que joue la mangrove. Cette prise de conscience s’est traduite par d’importantes
opérations de reboisement. Ces résultats montrent malgré tout que les taux de régression des
surfaces de mangrove plus importants que ceux d’apparition.
Les facteurs à l’origine de cette dynamique régressive de la mangrove sont à la fois d’ordres
naturels et anthropiques. Au plan naturel, on peut noter la forte variabilité climatique qui s’est
traduite par un déficit pluviométrique surtout durant les années 1970 et 1980, par la diminution de
la durée de la saison pluvieuse. Cette déficience pluviométrique a eu comme conséquences la
salinisation des terres et leur acidification, la faiblesse de la régénération naturelle. L’étude a
également montré que les activités anthropiques ont leur part de responsabilité dans la dégradation
de la mangrove, notamment durant la période 1972-1986. Les actions anthropiques qui ont porté
préjudice aux écosystèmes de mangrove concernent les pratiques et comportements non conformes
à la philosophie de conservation durable des ressources naturelles. Cette dégradation des
écosystèmes de mangrove a porté atteinte aux formations de mangrove et au devenir de la
population locale. Les impacts environnementaux et socio-économiques révèlent la forte
dépendance de la population vis-à-vis de leur environnement, surtout dans cette zone où la ruralité
est extrêmement importante. En effet, les populations dépendent, pour leurs activités de
subsistance, des ressources naturelles, particulièrement celles de mangrove (riziculture, pêche,
cueillette, etc.) vue la configuration physico-géographique du département d’Oussouye. Conscientes
des enjeux de développement durable et de l’importance de leur écosystème de mangrove, les
populations ont entrepris, avec l’appui des partenaires au développement et des ONGs, des actions
de réhabilitation des écosystèmes de mangrove dégradés. Il reste à mieux organiser et structurer ces
actions avec l’appui de la recherche scientifique. Dès lors, face à l’ampleur des menaces qui pèsent
sur la mangrove dans le Département d’Oussouye en particulier et en Casamance en général, les
communautés locales et la recherche scientifique doivent travailler en synergie pour la production
de connaissances fines sur cet écosystème en vue d’une gestion durable qui concilie politiques de
conservation et développement au profit des générations futures.
2
TABLES DES MATIERES
3
V. PERSPECTIVES D’UTILISATION DES RESULTATS DANS LA RESOLUTION DU CONFLIT ET LA PROMOTION DU
DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA REGION DE CASAMANCE ......................................................29
6. RECOMMANDATIONS...................................................................................................................................30
CONCLUSION ....................................................................................................................................................31
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................................................................32
ANNEXES...........................................................................................................................................................36
4
ABREVIATIONS
BM : Banque Mondiale
TM : Thématic Mapper
5
INTRODUCTION GENERALE
Au sens large du mot, la mangrove est définie comme étant l’ensemble des formations végétales,
arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux
des côtes tropicales (Marius, 1985). Désignant à l’origine des formations végétales de certaines
plaines littorales, elle caractérise aujourd’hui tout un écosystème des côtes à deltas et des
embouchures des fleuves des régions tropicales. Il s’agit donc d’une formation végétale adaptée au
milieu inondé plus ou moins salé, qu’on appelle les palétuviers, et dont les deux espèces les plus
caractéristiques se distinguent l’une par ses racines échasses : le Rhizophora, l’autre par ses racines
aériennes (les pneumatophores) : Avicennia. La mangrove constitue donc des formations végétales
spécifiques qui renferment une faune riche et variée, constituée d’espèces permanentes et
saisonnières (CSE, 2008). En Casamance, la mangrove est localisée dans des bras du fleuve où
prédomine de manière presque exclusive l’influence de la mer. On la retrouve tout le long du fleuve
Casamance jusqu’à Diana Malary, la limite de la remontée de l’eau salée. Elle est donc développée,
à l’arrière de cordons littoraux, dans des milieux tidaux dans lesquels la sédimentation est faible et
sous un climat tropical à saison sèche marquée. Le milieu, plus ou moins évaporitique, est
caractérisé par la présence en arrière des formations à palétuviers et dans les zones supratidales non
atteintes par les marées quotidiennes, de formations nues ou recouvertes d’une végétation herbacée
halophyte. Elle forme donc d’importants peuplements ripicoles le long des affluents de la
Casamance et des bolongs (Marius, 1985, Cormier-Salem, 1992).
Au Sénégal comme partout ailleurs sur les littoraux de l’Afrique de l’Ouest, la dynamique de la
mangrove est devenue une préoccupation majeure, tant pour les acteurs locaux que pour la
communauté scientifique. Dans le département d’Oussouye (fig.1), se pose avec acuité le problème
des impacts des changements globaux, en particulier de la sécheresse des années 1970 et 1980
(Nicholson, 2000 ; Hulme 2001 ; Sagna, 2006) sur l’état de la mangrove (Dieye et al., 2013) et celui
du retour relatif des précipitations aux conditions quasi-normales ces dernières années (Nicholson,
2005).
En effet, les changements observés dans les écosystèmes de mangrove semblent liés à la forte
variabilité climatique mais aussi aux évolutions sociales, économiques et politiques des systèmes de
production ruraux. La cartographie diachronique des états de surface et plus spécifiquement la
répartition des différents faciès de la mangrove, est nécessaire à une meilleure connaissance des
dynamiques paysagères pour une meilleure gestion des ressources. Le recours à cette méthode,
reproductible et applicable, à d’autres milieux semble donc aujourd’hui une nécessité pour faire
avancer les connaissances sur le littoral ouest-africain profondément affecté par les changements
globaux.
L’objectif de cette présente étude, réalisée à partir d’images satellitaires à différentes dates et
d’enquêtes de terrain dans les quatre communes "rurales" du département d’Oussouye, est de
produire des connaissances utiles à la gouvernance territoriale des écosystèmes vulnérables mais
aussi de répondre aux préoccupations actuelles liées à l’importance de la dégradation des
écosystèmes littoraux ouest-africains. Dès lors, elle permet d’apporter des éléments de réponse par
rapport aux phénomènes de progression ou régression des écosystèmes de mangrove.
Les résultats de l’étude ont montré une forte dynamique de la mangrove dans le département
d’Oussouye. Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique. Parmi ces facteurs, la forte variabilité
climatique semble être l’élément déclencheur et amplificateur de la dégradation observée durant les
années 1980. Cette période a connu les plus fortes pertes de superficies des faciès à mangrove. La
responsabilité des activités anthropiques à l’image des infrastructures hydroagricoles provoquent
également des impacts négatifs sur la dynamique de la mangrove dans le département d’Oussouye.
6
Figure 1. La localisation de la zone d’étude
I. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
1.1. Problématique
Depuis plusieurs années, l’opinion publique a pris conscience de la dégradation et de la diminution
rapide des ressources naturelles mais aussi de la nécessité de leur utilisation rationnelle, voire leur
conservation (Ramsar, 1971 ; Sommet de Rio, 1992). Parmi ces ressources naturelles, nous avons la
mangrove, un écosystème fragile et instable mais qui représente l’une des forêts géobotaniques les
plus importantes dans le monde. Longtemps considérées comme des milieux inhospitaliers
(Cormier-Salem, 1994), les mangroves sont aujourd’hui reconnues "d’utilité publique". En effet,
elles présentent un intérêt tant sur le plan économique (Diaw, 1997 ; Werner, 1995 ; Bertrand,
1993) qu’écologique et restent une zone d’une originalité structurale et fonctionnelle (Macintosh et
al., 2004). Aussi, elles jouent un important rôle dans les chaînes trophiques côtières (Ndour, 2005)
et constituant un important puits de carbone (Bouillon et al., 2008). De même, elles constituent une
importante source de revenus et de moyens de subsistance : habitat pour certaines espèces, bois de
construction et de chauffe ainsi que plusieurs autres activités de subsistance et commerciales. Elles
contribuent aussi à la protection contre l’érosion côtière. Le rôle de la mangrove est en train d’être
connu au moment où la tendance générale pour cet important habitat est en déclin. Ce sont donc des
écosystèmes d'une grande importance et d'une riche diversité biologique dont le fonctionnement
revêt un intérêt écologique particulier. Dans les régions tropicales, la mangrove occupe près de 75%
du linéaire des côtes et deltas. Selon certaines estimations, elle recouvre 14 à 23 millions d’hectares
à travers le monde, soit 0,6% de toutes les forêts terrestres. Elle reste localisée généralement le long
des côtes des régions tropicales et subtropicales entre 25° de latitude Nord et 25° de latitude Sud
(Werner, 1995).
7
En Afrique, la mangrove borde la côte occidentale du nord de l’Angola jusqu’à Saint-Louis du
Sénégal (Cormier-Salem, 1994). A Madagascar, la mangrove se développe sur toute la côte
occidentale (Diop, 1986). Ces zones humides forment des types de paysages littoraux particuliers
où les mangroves et les écosystèmes forestiers côtiers partagent les mêmes caractéristiques
(Bertrand, 1993). Les mangroves du Sénégal et de la Gambie sont les plus septentrionales de type
atlantique sur la côte africaine. Les écosystèmes les plus importants restent ceux des estuaires du
Saloum, de la Gambie et de la Casamance (Diop, 1986 ; Marius, 1995; Dièye, 2007). Elles sont
connues par leur flore très particulière, presque exclusivement constituée de palétuviers et jouent
un rôle fondamental dans le bien-être des collectivités vivant le long des côtes en leur aidant à
combler leurs besoins en aliments et en logements. Au regard des nombreuses fonctions qu’elle
remplit, la mangrove est considérée comme l’un des écosystèmes les plus indispensables à la
survie et au développement des populations locales. Mais malheureusement, elle se dégrade de
plus en plus en raison de son exploitation parfois abusive, accélérée par la variabilité
pluviométrique et autres facteurs naturels liés aux changements climatiques.
A l’instar des autres mangroves d’Afrique, les mangroves du Sénégal ont connu ces dernières
années de profondes modifications suite à la variabilité climatique, notamment pluviométrique, et
aux actions anthropiques (pêche, cueillette, agriculture, tourisme, exploitation forestière, etc.) avec
souvent des conséquences écologiques et socio-économiques relativement importantes (Cormier-
Salem, 1992, 1994 et 1999 ; Bosc, 2005 ; Andrieu, 2004 et 2008 ; Diéye, 2007 ; Diéye et al., 2011 ;
Diéye et al., 2013).
Des études antérieures ont montré une diminution des superficies de la mangrove dans certaines
zones du littoral sénégalais. Ainsi, à Saint-Louis, les mangroves sont à l’état de reliques, alors qu’à
Joal-Fadiouth, la superficie de la mangrove a baissé d’environ 20 hectares entre 1950 et 2000
(Diéye, 2000; Diéye et al., 2011). Dans l’estuaire du Saloum, la mangrove a perdu 25% de sa
superficie dans les années 1990 à cause de la baisse de la pluviométrie (Diéye, 2007 ; Diéye et al.,
2013). En Casamance, le niveau de dégradation de la mangrove, certes importante, n’a pas encore
été correctement évaluée.
Cette présente recherche se propose d’étudier la dynamique spatiale de la mangrove et ses impacts
dans le Département d’Oussouye en Basse Casamance. Dans cette partie Sud-Ouest de l’estuaire de
la Casamance la mangrove connaît des modifications importantes sous l’influence combinée des
facteurs naturels et anthropiques. En effet, dans l’estuaire de la Casamance, le bilan hydrique repose
sur un équilibre fragile entre, d’une part, les apports d’eau douce et les précipitations et d’autre part,
les remontées salines liées aux marées. La vulnérabilité de l’écosystème du fleuve Casamance tient
donc en grande partie de sa dépendance vis à vis des précipitations (Cormier-Salem, 1992). Le
département d’Oussouye appartient au domaine climatique sud-soudanien côtier caractérisé par
l’alternance d’une saison sèche et d’une saison humide. La saison des pluies durait jadis plus de
cinq mois et la moyenne annuelle des précipitations à Oussouye s'élevait autour de 1400 mm.
Cependant, la sécheresse qui a sévi dans le pays durant les années 1970 et 1980, s’est caractérisée
par une diminution des précipitations mais surtout par la contraction de la saison des pluies. Ce
déficit pluviométrique à Ziguinchor, de l'ordre de 30% (Sané et al., 2010) et la contraction de la
saison des pluies ont eu pour conséquences une importante augmentation importante de la salinité
des cours d'eaux et des nappes phréatiques, une modification considérable de la zonation végétale
en Casamance, une extension des zones nues aux dépens de la mangrove, une évolution des
caractères morphologiques et géochimiques des sols et une raréfaction de certaines espèces
végétales. Cette importante salinité a également entraîné une baisse de la diversité de
l’ichtyofaune et de la production rizicole, activité traditionnellement importante dans les
mangroves de la Casamance (Marius, 1979, 1982 et 1995, Vieillefon, 1977).
8
Bien que la dynamique spatiale de la mangrove au Sénégal reste le plus souvent sous l’influence de
facteurs naturels, les actions anthropiques ont aussi considérablement contribué à sa dégradation
(Macintosh, 2004; Dièye, 2007 et 2011 ; Giulia, 2009). En effet, les coupes abusives pour diverses
raisons (bois de chauffe et de service...) et les aménagements hydroagricoles ont causé des
dommages importants à cet écosystème. La mangrove demeure le principal bois de chauffe utilisé
sous différentes formes par les populations dans les zones d’estuaire et de delta. Aussi, compte tenu
des différents usages du bois de service, les besoins vont encore croître durant les années à venir. A
ces facteurs, on peut ajouter l’inadaptation du mode d’exploitation des huîtres, les effets négatifs
des barrages hydro-agricoles, le manque d’application de la législation sur l’écosystème de
mangrove, surtout dans les zones classées. La crise politique casamançaise, dont les effets induits
exercent une pression sur les ressources de l’écosystème mangrove, a certainement aussi une part de
responsabilité dans la dégradation de la mangrove. Toutes ces actions de l’homme contribuent au
renforcement des processus de dégradation de l'environnement littoral. Les perturbations résultant
des contraintes naturelles et anthropiques ont probablement des impacts non négligeables sur les
écosystèmes de mangrove et sur la vie de la population.
Afin de mettre en place un mécanisme de gestion durable de ces écosystèmes naturels, qui occupent
une place de choix dans la vie quotidienne des populations locales, il importe de mesurer avec
précision l'évolution récente de ces formations de mangrove et d’analyser les causes et impacts sur
les activités socioéconomiques, à l’échelle du département d’Oussouye.
Les écosystèmes de mangrove au Sénégal ont fait l'objet de nombreux travaux de recherche tant au
plan de son fonctionnement qu’au plan de sa composante socio-économique (Marius, 1992 et 1995 ;
Diop, 1998). Cependant, les études sur la dynamique de la mangrove restent essentiellement
concentrées sur la lagune de Joal-Fadiouth, la lagune de Mbodiène et l’estuaire du Saloum (Werner,
1995 ; Andrieu, 2004 ; Ngami, 2007 ; Diéye, 2007 ; Giulia, 2009 ; Dièye et al., 2011 ; Diéye et al.,
2013). Ces auteurs ont montré à travers leurs travaux une forte dégradation de la mangrove dans ces
zones en rapport avec les déficits pluviométriques enregistrées entre 1970 et 1980 notamment et une
exploitation abusive de leurs ressources. Ndour (2005), par une approche écologique et botanique, a
effectué une caractérisation et une étude de la dynamique des peuplements de mangrove dans
l’estuaire. Ces différentes études ont permis ainsi d’emmagasiner des connaissances précises et
récentes sur ces écosystèmes aussi bien dans leur fonctionnement que leur dynamique. Ainsi, ces
études ont-elles contribué à la mise en place de plans de gestion durable et intégrés.
9
La Basse-Casamance, quant à elle, a fait l’objet de nombreuses études dans le passé notamment
dans les thématiques liées à la pêche et à la pédologie (Vieillefon, 1977, Cormier-Salem, 1992 ;
Cormier-Salem et al., 1994). Cependant, depuis plus d’une trentaine d’années, période qui
correspond à l’avènement du conflit armé en Casamance, rares sont les études réalisées dans la
zone. Badiane (1984) et plus récemment, Diéye et al. (2013) ont analysé la dynamique spatiale de
la mangrove et les actions communautaires de restauration dans le village de Tobor. Cette étude est
certes spatialement limitée mais a permis de constater la relation forte entre la population de la
Casamance et leur patrimoine naturel. Elle met l’accent sur la nécessité et l’urgence d’étudier avec
une certaine précision la dynamique spatiale de la mangrove de l’estuaire et ses impacts afin
d’accompagner les populations dans leurs opérations de sauvegarde et de restauration de la
mangrove. Ce besoin est aujourd’hui conforté par la lecture des conclusions des travaux de Sané et
al. (2010) qui ont amorcé un diagnostic de la variabilité climatique en Casamance.
L’étude que nous proposons tente donc de combler ce retard car permettra d’apprécier la dynamique
de la mangrove entre 1972 et 2014 et d’analyser ses impacts sur les activités socio-économiques des
populations locales en particulier dans le département d’Oussouye.
Elle s’appuie fondamentalement sur les études antérieures effectuées au Sénégal et en Casamance
mais également dans d’autres espaces géographiques.
La méthodologie adoptée est basée sur une diversité d’approches. Nous avons utilisé, en plus de la
revue documentaire, les outils de la géomatique, en particulier la télédétection et les Systèmes
d’Information Géographique (SIG). Les travaux de terrain (vérifications et relevés d’informations
spatiales, enquêtes et entretiens) ont contribué à une meilleure compréhension des dynamiques de la
mangrove en cours dans la zone d’étude.
10
Tableau 1. Images satellitaires utilisées
Le choix de ces dates est basé sur le fait que les régions soudano-sahéliennes ont connu deux
périodes de sécheresse, l’une dans les années 1970 et l’autre dans les années 1980 qui, selon
certaines études (Sagna, 2000 et 2005 ; Sané et al. 2010), ont fortement affecté les écosystèmes de
ces zones. Il serait intéressant de connaître l’impact du changement climatique et l’état actuel de la
mangrove dans ces zones littorales. Et seuls les satellites Landsat MSS peuvent nous permettre de
disposer d’images anciennes sur la période 1970-1980. Les images acquises en 2000 et 2014 nous
ont permis d’apprécier l’évolution récente de la mangrove du département d’Oussouye.
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images uniquement centrées sur les thèmes mangroves, tannes et eau et où les thèmes prairies, parcs
arborés, savanes, rizières et forêts se retrouvent dans une classe spectrale.
𝑍 = 𝑚𝑎𝑥 |𝑈(𝑘)|, K = 1, … n − 1
Avec :
𝑘 𝑛
𝑆 = ∑ ∑ 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒 (𝑥𝑗 − 𝑥𝑖 )
𝑖=1 𝑗=𝑘+1
12
Nous avons aussi mis en œuvre la méthode des anomalies standardisées qui permet de montrer de façon
claire et nette les excédents et les déficits pluviométriques dans une série. Avec cette méthode, les excédents
correspondent aux chiffres de signe positif et les déficits aux chiffres négatifs. Les valeurs des indices
d’anomalies pluviométriques sont obtenues par la formule suivante :
As P X
P étant la valeur de l’observation, X la moyenne de la série et correspond à l’écart type de cette série.
Le guide d’entretien, quant à lui, est axé sur l’état des lieux, les facteurs de la dynamique des
terroirs et des écosystèmes de mangrove, les impacts de la dynamique de la mangrove et enfin les
stratégies de gestion et d’adaptation à la dynamique de la mangrove.
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Figure 3 : Localisation des villages enquêtés dans les communes "rurales" d’Oussouye
Pour le nombre de ménages enquêtés, un taux de sondage de 10% a été retenu, soit un total de 305
ménages sur (tableau 2).
Tableau 2 : Villages et nombre de ménages enquêtés par commune "rurale"
Communes Villages Nombre de ménages
Boudiediette 2
Cabrousse 36
DIEMBERING Carabane 6
Diembering 41
Windaye 2
Total 05 87
Djiromaïte 7
Elinkine 37
Etebemaye 9
MLOMP Kadjinole 46
Mlomp 44
Pointe-Saint-Georges 4
Total 06 147
Diakène Wolof 7
Batignere 2
OUKOUT Carounate 11
Djivente 13
Niambalang 12
Total 05 45
Essaoute 6
SANTHIABA MANJACQUES
Youtou 20
Total 02 26
Total Villages et ménages enquêtés 18 305
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Les tableaux 3 et 4 précisent les proportions des sexes et âges des personnes enquêtées dans les
quatre communes "rurales" d’Oussouye. De manière générale, 64,9 % des personnes interrogées
sont des hommes contre 35,1 % des femmes (tab. 3). En ce qui concerne l’âge des personnes
enquêtées, 88,2 % sont âgées de plus 35 ans (tab.4), ce qui garantit une certaine fiabilité des
résultats par rapport à l’historique de la dynamique de la mangrove.
En Basse Casamance, le département d’Oussouye est la zone la plus pourvue en mangrove. Cet
écosystème de mangrove est soumis aux influences des marées. Colonisé par les palétuviers qui
forment une formation végétale amphibie, l’écosystème de mangrove constitue un des écosystèmes
majeurs de la biosphère de par sa localisation dans la zone intertidale, la variété des ressources
qu’elle héberge et la diversité des activités qui s’y mènent dont les principales sont représentées par
la riziculture, la pêche et la cueillette des huîtres et des arches (tab. 5).
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Tableau 5 : Les principales activités économiques menées dans la mangrove par les populations
Santhiaba
Diembering Mlomp Oukout Total
Activités Manjacques
Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs %
Riziculture 70 80,5 105 71,4 39 86,7 26 100,0 240 78,7
Pêche 7 8,0 22 15,0 5 11,1 0 0,0 34 11,1
Cueillette des huîtres
2 2,3 3 2,0 0 0,0 0 0,0 5 1,6
et des arches
Autres 8 9,2 17 11,6 1 2,2 0 0,0 26 8,6
Total 87 100,0 147 100,0 45 100,0 26 100,0 305 100,0
Il est donc une zone de transition entre la mer et le continent. L’une des caractéristiques de cet
écosystème est la présence de sols vaseux. Au-delà de son rôle protecteur des côtes contre l’érosion,
elle fournit des substances nutritives, du bois de chauffe et de service, de la matière première à la
pharmacopée etc., qui sont des produits indispensables aux communautés côtières. Cependant, cet
écosystème, aux riches potentialités reste vulnérable et connaît une forte dynamique liée aux
changements globaux et aux activités anthropiques.
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Figure 5 : Cartographie de l’occupation du sol en 1986 dans le département d’Oussouye
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Figure 7 : Cartographie de l’occupation du sol en 2014 dans le département d’Oussouye
L’analyse des statistiques des cartes multi-dates d’occupation du sol (fig. 4, 5, 6, 7) révèle une forte
dynamique des faciès à mangrove. En effet, entre 1972 et 1986, les faciès mangrove dense et
mangrove moins dense ont régressés respectivement de 47,1 % et 90 %. Cette période de forte
diminution de la mangrove correspond aux années les plus déficitaires de la pluviométrie à
Oussouye. Ces déficits ont permis aux faciès de tannes de se développer. Par contre, les périodes
1986-2000 et 2000-2014, la mangrove a évolué positivement et cela en rapport avec la légère
amélioration des conditions pluviométriques (mangrove dense : 1986-2000, +87,5% ; 2000-2014,
+36, 8% ; mangrove moins dense : 1986-2000, 110,9% ; 2000-2014, +14%).
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Figure 8 : Evolution de la mangrove dans le département d’Oussouye entre 1972 et 1986
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Figure 10 : Evolution de la mangrove dans le département d’Oussouye entre 2000 et 2014
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pluvieux mais l’instabilité des saisons pluvieuses a fait varier énormément les volumes enregistrés
comme le démontrent les statistiques puisque le minimum est de 105, 6 mm et le maximum 784,9
mm pour une moyenne de 427,2 mm pour les cinquante années d’observations. Durant les
cinquante années d’observations, les apports pluviométriques du mois de mai restent très
négligeables pour une zone où la pluviométrie est globalement élevée. Cela dénote une réduction de
la durée de la saison pluvieuse.
Tableau 6 : Statistiques pluviométriques mensuelles à Oussouye (1965-2014)
Variables Observations Minimum Maximum Moyenne Ecart-type
Mai 50 0,0 32,0 4,1 7,6
Juin 50 0,0 243,30 76,7 57,6
Juillet 50 64,5 608,5 321,9 117,2
Août 50 105,6 784,90 427,2 149,6
Septembre 50 118,9 556,3 315,1 92,0
Octobre 50 0,0 296,8 101,3 63,3
Novembre 50 0,0 400,00 11,6 57,3
Pluies annuelles 50 642,9 1844,1 1261,4 267,5
Excédent
Déficit
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Les résultats des enquêtes de terrain corroborent la thèse selon laquelle le climat influe fortement
sur le développement de l’écosystème mangrove. En effet, la population considère la sécheresse
comme un des facteurs principaux de la dynamique régressive de la mangrove. En effet, les taux de
réponses positives qui incriminent la sécheresse sont les plus importants dans toutes les communes
et se situent entre 33,6 et 42,6% respectivement pour les communes de Diembering et de Santhiaba
Manjacques (tab. 7).
Les ménages enquêtés estiment que la tendance générale observée dans l’écosystème est la
dynamique régressive puisque les résultats des enquêtes montrent que la régression de la mangrove
est de 62 % dans la commune de Diembering, 89,1% à Mlomp, 88,9 % à Oukout et 80,58% à
Santhiaba Manjacques (tab. 8).
L’analyse de la dynamique des faciès à mangrove entre 1972 et 1986 montre que la mangrove de la
d’Oussouye est l’une des plus touchées par la sécheresse. Le CSE (2008) précise que cela est dû au
fait que le nombre de mois pluvieux a subi le plus profond changement en Casamance, avec
notamment un bilan hydrique fortement déficitaire. Cela peut également s’expliquer par le fait que
le matériau sableux filtrant dans le Saloum favorise une évacuation rapide des sels vers le marigot
alors que, dans le matériau argileux imperméable de la Casamance, les sels se concentrent et
s’accumulent sur place, provoquant une sursalure des nappes en saison sèche. Par ailleurs, le
lessivage des sels accumulés en surface (croûte, moquette) par les pluies conduit généralement à
22
une augmentation de la salinité du fleuve et de ses affluents en début d’hivernage. En l’absence
d’une pluviométrie normale, le front de salinité remonte très loin dans les marigots ; ce qui peut
expliquer la disparition de la mangrove par endroit dans le bassin de la Casamance.
Le déficit pluviométrique n’est pas le seul facteur naturel incriminé dans la dynamique régressive
de la mangrove. Le phénomène de la salinisation considérée comme une résultante du déficit des
apports d’eau douce est largement mis en cause par les populations.
23
à-dire une sorte de pseudo sable. Les populations locales ont, par ailleurs, incriminé la salinité
comme étant un des principaux facteurs de la dégradation de la mangrove à Oussouye.
4.2.3. L’érosion côtière
L’érosion côtière est très perceptible et très active dans la commune "rurale" de Diembering, la
seule du Département qui dispose d’une façade maritime. Elle se manifeste par le décapage des
vasières et des cordons dunaires qui bordent les plages, notamment entre les secteurs Carabane-
Gnikine-Diembéring et Cabrousse-Boudiediette. Elle conduit ainsi à la modification du milieu
matérialisé par le recul du couvert végétal, notamment la destruction de la mangrove et de la
palmeraie. A ce sujet, la situation de l’île de Carabane (fig. 12) et du littoral Diembéring-Gnikine
est très préoccupante eu égard au rythme élevé de l’érosion dans ces secteurs.
Figure 12: Erosion côtière, très active dans la partie Ouest de l’île de Carabane
4.3. Les facteurs anthropiques de la dynamique de la mangrove
Il faut noter que la dynamique de la mangrove ne peut pas être imputable aux seuls phénomènes
naturels cités précédemment. Les actions anthropiques ont aussi une grande part de responsabilité.
Les résultats issus des enquêtes de terrain montrent que la mangrove est utilisée principalement
pour la cuisson des aliments et dans la construction de l’habitat. Le tableau 9 donne le détail des
principaux usages du bois de mangrove.
Tableau 9 : Principaux usages du bois de mangrove dans le département d’Oussouye
24
4.3.1 Utilisation du bois de mangrove par les communautés
Les populations côtières, riveraines de la mangrove dépendent de ces écosystèmes pour le bois de
chauffe et de service et le bois de construction des habitats. En effet, de la mangrove est tiré du
chaume résistant à l’eau pour les toitures. Le palétuvier, au bois dur et dense, est l’arbre le plus
recherché pour la construction des maisons, la fabrication des chaises et autres instruments
traditionnels utilisés dans les maisons. Le bois de mangrove est très apprécié pour la fabrication des
charpentes, des plafonds des maisons, des maisons sur pilotis et les supports de greniers. Le bois de
Rhizophora est également utilisé comme piquets pour faire les clôtures des concessions et des
barrages palissades. Il est aussi très apprécié pour la cuisson des aliments du fait qu’il se consume
totalement et une fois allumé, il s’éteint difficilement. En saison pluvieuse, le bois de Rhizophora
brûle sans peine malgré l’humidité.
Le bois de mangrove est très sollicité pour les opérations de transformations des produits
halieutiques, notamment au niveau des centres de pêche comme Elinkine. Dans tous les sites de
transformation, on retrouve des tas de bois de mangrove destinés à cette activité. Les claies de
séchage des produits halieutiques transformés sont fabriquées à partir du bois de mangrove comme
l’atteste la figure 13. La coupe du bois de mangrove, une pratique illégale, est l’une des causes de
dégradation de la mangrove. Ce sont surtout les formations de Rhizophora, dont la hauteur et la
valeur commerciale sont plus importantes, qui sont les plus touchées.
Par ailleurs, dans une zone à forte ruralité et à forte densité de réseau hydrographique comme à
Oussouye, les ménages ont très peu de choix en termes d’énergie pour la préparation des aliments.
C’est la raison pour laquelle 25 % des ménages n’ont que le bois de mangrove comme bois énergie.
L’usage important du bois de mangrove s’explique également par l’importance de la démographie
dans ce milieu littoral. En effet, les zones côtières au Sénégal concentrent près des trois 3/4 de la
population sénégalaise (Niang, 1994). Aussi la collecte du bois, quelle que soit son utilité, ne
connaît ni période, ni site spécifiques même si la période de saison sèche reste celle pendant
laquelle il est le plus exploité. L’importance des activités de transformation des produits
halieutiques, avec la présence de nombreux étrangers (surtout des ghanéens), contribue à la forte
exploitation du bois de mangrove.
A ces facteurs, on peut ajouter l’inadaptation des modes d’exploitation des huîtres, les effets
négatifs des barrages, le manque d’application des textes de la législation sur l’écosystème de
mangrove, surtout la zone classée.
25
4.3.2. L’exploitation des huîtres
La filière des huîtres en Basse-Casamance consiste essentiellement en la cueillette des huîtres de
palétuviers, à marée basse. Les huîtres sont séchées et fumées puis autoconsommées, échangées ou
vendues sur place ou ailleurs à Ziguinchor et à Dakar (Cormier-Salem, 1992). C’est une activité qui
reste dynamique, quoique menacée par la dégradation de la mangrove. Elle fait donc partie des
activités les plus importantes exercées par la population locale dans la mangrove. Elle apporte un
complément de revenus indispensable et un appoint alimentaire hautement valorisé. L’exploitation
des huitres est une activité essentiellement menée par les femmes des localités en bordures des
bolongs et autres cours d’eau.
Les instruments utilisés pour la cueillette des huîtres sont rudimentaires. Ils sont constitués le plus
souvent d’un coupe-coupe, d’un bâton, d’une hache et des paniers en fibre de rônier. Pour saisir le
rhizophore, en détacher les huîtres et éviter de trop se blesser les mains des femmes utilisent un
bâton fourchu (Cormier-Salem, 1992). Les techniques d’exploitation par ablation des rhizophores et
des rameaux des palétuviers contribuent, surtout en période de déficience pluviométrique, à la
dégradation de la mangrove déjà éprouvée par la sursalure et les coupes inconsidérées de bois de
chauffe et de service.
De même, les populations ont noté la disparition des tortues marines et du lamantin, mais aussi la
raréfaction du mérou bronzé, de la raie guitare et du barracuda, qui étaient très abondants dans la
mangrove de la zone d’Oussouye. En effet, ne retrouvant plus les conditions nécessaires pour
survivre, beaucoup d’espèces ont soit migré soit disparu. Cette situation se traduit aussi par la
faiblesse des quantités des prises halieutiques chez les autres espèces de poissons comme les
mollusques et les crustacées.
La dynamique régressive de la mangrove a aussi engendré le recul du nombre de niches des oiseaux
migrateurs et marins qui séjournent dans cet écosystème. Ces derniers, même s’ils sont toujours
présents dans la zone d’Oussouye, leur nombre semble diminuer considérablement.
26
Figure 14 : Forte mortalité de la mangrove dans le bolong de Niambalang
Tableau 10 : Perception populaire des répercussions de la dégradation de la mangrove sur le vécu quotidien
Santhiaba
Diembering Mlomp Oukout Total
Variables Manjacques
Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs %
Oui 39 44,8 139 94,6 44 97,8 23 88,5 245 80,3
Non 24 27,6 4 2,7 0 0,0 1 3,8 29 9,5
Ne sait pas 7 8,0 1 0,7 1 2,2 0 0,0 9 3,0
Sans réponse 17 19,5 3 2,0 0 0,0 2 7,7 22 7,2
Total 87 100,0 147 100,0 45 100,0 26 100,0 305 100,0
La pauvreté des populations, bien qu’amplifiée par les contraintes du milieu, trouve sa justification,
en partie, dans la marginalisation des zones rurales contribuant ainsi à la dégradation des ressources
de mangrove. L’effet combiné de ces facteurs avec celui de la déficience pluviométrique a
contribué à installer une situation d’insécurité alimentaire dans cette partie où les populations
locales ont développé des stratégies de survie se traduisant par des pressions encore plus intenses
sur les ressources de mangrove. Les relations entre pauvreté et dégradation des ressources de
27
mangrove dans Oussouye entretiennent des difficultés majeures dont les manifestations se révèlent
désastreuses à la fois pour les populations locales et leur environnement. Il apparaît dès lors
indispensable de rompre les mécanismes qui la sous-tendent pour pouvoir jeter les bases d’une
véritable stratégie de développement durable susceptible d’accroître les richesses matérielles
produites en vue de la satisfaction prioritaire des besoins fondamentaux des populations mais aussi
et de préserver la base des ressources naturelles que sont les écosystèmes de mangrove.
Les enquêtes révèlent que les stratégies d’intervention pour la préservation et la réhabilitation des
écosystèmes de mangroves d’Oussouye concernent principalement le reboisement des palétuviers et
les actions de sensibilisation et de formation des acteurs (tab. 12).
Les populations sont aidées dans leurs stratégies de gestion de la mangrove (préservation et
réhabilitation) par les partenaires au développement, les projets et programmes de développement et
les organisations non gouvernementales (ONG) qui interviennent dans le domaine de
l’environnement. Le tableau 13 donne les détails des promoteurs dans le domaine de la mangrove.
En effet, les Organisations Communautaires de Base (OCB) et l’ONG Océanium occupent une
place centrale dans le reboisement de la mangrove au niveau de la zone d’étude. Elles représentent
respectivement 75 % et 57,2 % des réponses.
28
Tableau 13: Organismes d’appui dans les opérations de préservation et de réhabilitation de la mangrove
Santhiaba
Diembering Mlomp Oukout Total
Promoteurs des interventions Manjacques
Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs % Effectifs %
ONG nationale 16 27,1 51 34,9 15 33,3 5 19,2 87 31,5
ONG étrangère 2 3,4 0 0,0 1 2,2 1 3,8 4 1,4
Gouvernement 2 3,4 5 3,4 2 4,4 0 0,0 9 3,3
OCB (de femmes et /ou de
34 57,6 113 77,4 36 80,0 24 92,3 207 75,0
jeunes)
Institution de recherche 0 0,0 1 0,7 0 0,0 0 0,0 1 0,4
Océanium 19 32,2 88 60,3 33 73,3 18 69,2 158 57,2
Eaux et forêts 2 3,4 2 1,4 4 8,9 0 0,0 8 2,9
Caritas 0 0,0 0 0,0 5 11,1 2 7,7 7 2,5
PAM 0 0,0 1 0,7 5 11,1 0 0,0 6 2,2
Mairie 1 1,7 0 0,0 0 0,0 0 0,0 1 0,4
PADERCA 0 0,0 0 0,0 3 6,7 0 0,0 3 1,1
Ne sait pas 10 16,9 0 0,0 0 0,0 0 0,0 10 3,6
Sans réponse 2 3,4 0 0,0 0 0,0 0 0,0 2 0,7
Total 59 100,0 146 100,0 45 100,0 26 100,0 276 100,0
Dans l’histoire de l’humanité, il a été toujours observé des liens entre ressources naturelles et
conflits dans la mesure où sociétés et Etats ont mis en avant, depuis des siècles, certaines ressources
naturelles comme éléments de promotion de leurs intérêts et de poursuite des objectifs politiques de
gouvernance territoriale. Le contrôle des ressources naturelles ou leur utilisation peut être considéré
comme un facteur important de tension, voire de conflits entre groupes sociaux, qu’il s’agisse de
ressources non renouvelables comme le pétrole ou de ressources renouvelables telles que la
mangrove et la terre. Un regard sur l’historique du conflit armé qui sévit en Casamance permet de
se rendre compte que les ressources foncières et leurs contenus sont à l’ origine de l’instabilité
constatée jusqu’à présent dans la partie Sud du Sénégal.
Le rôle de la mangrove dans les écosystèmes littoraux n’est plus à démontrer, surtout dans la zone
d’étude où l’omniprésence de la mer et des bolongs est un des traits les plus caractéristiques de la
zone. De par ses fonctions multiples, elle contribue largement à fournir aux populations leurs
moyens de subsistance (riziculture, pêche, cueillette entre autres) et joue un rôle environnemental
de haute importance. Cependant, les multiples pressions sur cet écosystème fragile conduisent à
s’interroger sur les risques de compétitions entre usages (riziculture, pêche, tourisme, aquaculture...)
dans ce milieu rural, profondément éprouvé par le conflit armé (pollution d’une partie des terres
fermes de cette partie de la Basse Casamance) et la sécheresse des années 1970 et 1980 dont les
effets se font encore ressentir. Ces perturbations environnementales et sociétales aux conséquences
importantes n’autorisent donc pas un développement socio-économique durable dans une zone où la
population rurale représente plus de 90%.
29
La restauration des écosystèmes et par conséquent, l’amélioration des conditions de vie participe de
la mobilisation de la jeunesse vive aux activités de développement et les éloigne de l’oisiveté et de
la tentation aux aventures sans issues (migration, rébellion, etc.). La sous exploitation des rizières
est aussi un facteur responsable de l’avancée de la salinisation, et par conséquent de la dégradation
de la mangrove.
Les résultats de nos recherches sur ce site ont permis de connaître davantage les relations entre les
populations locales et les ressources de mangrove, leurs caractéristiques environnementales
(climatiques, hydrologiques, pédologiques et végétales), de leur dynamique (état, occupation et
changement) et leur environnement socioéconomique (surtout les relations ou interactions entre
population et écosystème de mangrove). Ces résultats doivent nourrir les réflexions sur l’avenir de
la zone. Ils contribueront à la définition des choix qui permettront aux acteurs locaux, étatiques et
des partenaires au développement d’agir sur les leviers qu’il faut (prises de décision) pour
accompagner le processus de paix. Il s’agira de réduire la précarité des populations rurales
vulnérables aux changements globaux, de valoriser les richesses du territoire, de contribuer à
l’amélioration des politiques publiques et de gouvernance territoriale dans une zone aux riches
potentialités naturelles et humaines profondément affectées par le conflit.
6. RECOMMANDATIONS
30
développer l’approche genre dans le cadre des activités de restauration des mangroves pour
favoriser l’implication réelle des femmes ;
développer des mécanismes de financement durable de la gestion de la mangrove pour
assurer la pérennité des actions de conservation.
CONCLUSION
A la lumière des résultats de notre étude, on peut retenir que les mangroves du département
d’Oussouye, à l’image de celles des autres régions côtières, constituent des écosystèmes à hautes
potentialités aussi bien au plan environnemental que socio-économique. Elles constituent, au plan
écologique, une zone de transition assez marquée entre le milieu marin et celui des eaux douces où
seules une faune et une flore présentant une large tolérance physiologique peuvent subsister. En
dépit de cet environnement exigeant, l’écosystème de mangrove abrite une biodiversité végétale et
animale particulièrement riche. La mangrove d’Oussouye, à l’instar de la mangrove de l’ensemble
de la Casamance, représente un habitat pour de multiples espèces d’oiseaux, de mammifères, de
reptiles, de mollusques, de crustacées et de poissons, ainsi qu’une large gamme de micro-
organismes. C’est aussi le milieu dans lequel sont développées les activités les plus essentielles
pour les populations locales comme la riziculture de mangrove, la pêche et la récolte des huîtres.
Elle a aussi une très grande importance économique car elle constitue une source importante de bois
de chauffe, de bois d’œuvre et d’autres produits forestiers secondaires. Le bois de nombreuses
espèces de palétuviers étant considéré comme durable et résistant aux thermites, est utilisé pour les
plafonds et les poteaux dans la construction de maisons rurales et d’hôtels. Le rôle de cette
mangrove est donc très important tant sur le plan économique qu’écologique. Elle n’est donc pas
seulement une forêt mais aussi un habitat représentant de véritables ressources pour l’alimentation
(crabes, poissons, crevettes). Cela démontre bien le caractère multisectoriel de cet écosystème de
mangrove qui fournit aussi des substances médicinales et du fourrage. Elle est également de plus en
plus considérée comme un lieu de visites touristiques de type écologique.
De façon générale, les communautés locales vivant traditionnellement dans les écosystèmes de
mangroves, collectent le bois combustible, pêchent les poissons et récoltent d’autres ressources
naturelles. Cependant, au cours de ces dernières décennies, de nombreuses zones à mangrove ont
subi des pressions provenant surtout des changements climatiques et des actions anthropiques.
Malgré sa productivité, ses ressources naturelles renouvelables, la mangrove d’Oussouye, tout celle
comme sur l’ensemble de la Casamance, est menacée de toutes parts. Son habitat est dégradé,
détruit par la sécheresse, la construction de barrages et certains aménagements. La destruction de la
mangrove a également des causes variées comme l’accroissement des besoins énergétiques qui
met la pression sur le bois. Tous ces facteurs concourent à la perte des superficies de cet écosystème
estimée durant la période 1972-1986 à 47,1% et à 90 % respectivement pour les faciès mangrove
dense et mangrove moins dense tandis que la période 2000-2014 s’est caractérisée par une
progression, pour les mêmes faciès, de 36,8% et 14 %.
Enfin, on peut retenir que les problèmes de la dynamique régressive des écosystèmes de mangrove
d’Oussouye résultent, en partie, d’une absence de législation, des mauvaises politiques
d’aménagement et de de gestion de ces écosystèmes sensibles. Par conséquent, la prise de décisions
idoines pour une gestion concertée paraît s’imposer de par la nature même de ces écosystèmes. Une
législation adaptée aux conditions actuelles du milieu naturel et du tissu social est indispensable à la
garantie d’une conservation durable et effective des mangroves.
31
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SOW (N F.), 2005. Les fonctions de la mangrove dans la structuration et la biologie des
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Dakar, 148p.
SY (B.A.), DIENG (S.D.), 2009. Etude de la dynamique actuelle de la mangrove d’Oukout en
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TALL (E.H.S.B), 2013. Dynamique de la mangrove et ses impacts environnementaux et
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VIEILLEFON (J.), 1975. Notice explicative de la carte pédologique de la Basse Casamance
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VIEILLEFON (J.), 1977. Les sols des mangroves et des tannes de la Basse Casamance (Sénégal).
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WERNER (B.), 1995. Exploitation et gestion de la mangrove de la Réserve de la Biosphère du
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Belgique, 95 p
35
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire sur « dynamique spatio-temporelle de la mangrove et gestion intégrée »
36
III : Facteurs de la dynamique des terroirs et des écosystèmes de mangrove
3.1- Quelles sont les causes principales de la dégradation de la mangrove ? (citer les par ordre
d’importance) : sècheresse __1/; salinisation __2/; déboisement local __3/; projets étrangers __4/;
tourisme __5/; surpêche __6/; abandon des terres __7/ ; sur pâturage __8/; plus de personnes __9/ ;
autres (à préciser) :
3.2- Quels sont les principaux facteurs responsables de la régénération de la mangrove (citer les par
ordre d’importance): retour de pluies __1/; moins d’usages locaux __2/; reboisement __3/; règles
communautaires __4/; règles du gouvernement __5/; abandon rizières __6/; création réserve
naturelle __7/; régénération naturelle __8/; écotourisme __9/; moins de personnes qui exploitent
__10/ autres (à préciser) :
3.3- Dans quels secteurs du Département de Oussouye la dégradation est-elle le plus ressentie (lister
les terroirs villageois) ---------------------------------------------------------------------------------------------
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------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-
3.4- Dans quel usage le bois de mangrove est principalement toujours utilisé ? : cuisson __1/,
habitat __2/, objet d’art __3/ ; autre (à préciser) :
3.5- Quel est le principal combustible de cuisine utilisé par les ménages ? : bois de mangrove __1/;
charbon de mangrove __2/; autre bois __3/; gaz __4/; bouse de vache __5/; autre (à préciser) :
3.6- Pourquoi le bois de mangrove était-il utilisé pour la construction de vos habitations ? : accès
mangrove facile __1/; pas accès autre matériel __2/ ; qualité du bois de mangrove __3/; ne sait pas
__98/
3.7- Il y a 35 ans (avant le conflit), le bois de mangrove pour les habitations était : plus utilisé __1/;
moins utilisé __2/; pareil __3/; ne sait pas __98/
3.8- Le bois de mangrove est-il toujours utilisé pour la construction de vos habitations ? oui __1/
non __2/
Pourquoi ? ----------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-
3.9- Quelle est la proportion de la mangrove dans votre terroir villageois : 0-25%__1/ ; 25-
50%__2/ ; 50-75%__3/ ; 75-100%__4/.
3.10- L’écosystème de mangrove est-il devenu plus productif maintenant que par rapport à avant
(diversification des services offerts par la mangrove) ? Oui __1/, non __2/
3.11- Les productions halieutiques locales ont diminué : très sensiblement __1/, sensiblement __2/,
peu __3/, pas du tout __4/
3.12- Les productions locales de bois de chauffe ont diminué : très sensiblement __1/, sensiblement
__2/, peu __3/, pas du tout __4/
3.13- Les productions locales de riz ont diminué : très sensiblement __1/, sensiblement __2/, peu
__3/, pas du tout __4/
3.14- Les productions locales de sel ont diminué : très sensiblement __1/, sensiblement __2/, peu
__3/, pas du tout __4/
37
3.15- Quelles sont les principales activités qui ne sont plus pratiquées dans l’écosystème de
mangrove (citer par ordre d’importance)? ostréiculture __1/; repos biologique __2/;
pisciculture __3/; apiculture __4/; conservation __5/; transformation __6/; coupe de bois__7/; __/;
autres (à préciser) :
3.16- Quelles sont les principales activités nouvellement introduites dans l’écosystème de
mangrove (citer par ordre d’importance)? ostréiculture __1/; repos biologique __2/;
pisciculture __3/; apiculture __4/; conservation __5/; transformation __6/; reboisement __7/;
recherche __8/; écotourisme __9/; autres (à préciser) :
IV : Impacts de la dynamique de la mangrove sur les activités socio-économiques
4.1- La dégradation de la mangrove de votre terroir a-t-elle des répercussions sur votre vécu
quotidien? oui __1/ ; non __2/
Comment ? ---------------------------------------------------------------------------------------------------------
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-
4.2- La régénération de la mangrove dans votre terroir a-t-elle des répercussions sur votre vécu
quotidien? oui __1/ ; non __2/
Comment ? ---------------------------------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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-
4.3- Comment est-ce que le conflit armé a-t-il impacté l’exploitation et la gestion de votre
mangrove ?
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4.4- Y a-t-il ou il y a eu des interventions de revalorisation de la mangrove ? oui __1/ ; non __2/
4.5- Si oui, quels sont les domaines ou secteurs d’intervention : ostréiculture __1/; repos
biologique __2/; pisciculture __3/; apiculture __4/; conservation __5/; transformation __6/;
reboisement __7/; recherche __8/; écotourisme __9/; sensibilisation/formation __10/; autre (à
préciser) :
4.6- Qui en est/était le promoteur ? : ONG nationale __1/; ONG étrangère __2/;
Gouvernement __3/; OCB (de femmes et /ou de jeunes)__4/; institution de recherche __5/ autre (à
préciser) :
1.
2.
3.
4.7- Parmi ces utilisations de la mangrove quelles sont par ordre d’importance les trois plus
importantes dans le village: pêche __1/; collecte fruits de mer __2/; bois de chauffe __3/; bois
d’œuvre __4/; bois fumage __5/; production du sel __6/; production de miel __7/ ; production
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charbon __8/; culture du riz __9/; pâturage __10/; maraichage __11/; pharmacopée __12/;
transformation coquillage __13/; abri pour les pirogues __14/ autre (à préciser) :
4.8- Par rapport au futur de l’évolution de la superficie de la mangrove, vous attendez-vous à une :
augmentation __1/; réduction __2/; statuquo __3/; ne sait pas__98 ?
4.9- Pourquoi croyez-vous que cette situation va se produire ?
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4.10- Entre les organismes/autorités suivants quel est le plus important dans la gestion/régulation
des ressources naturelles communautaires ? anciens __1/; roi __2/ ; associations femmes __3/; chef
de village __4/; commune rurale __5/; comités locaux de pêcheurs __6/; comités de plage __7/;
comités de vigilance/surveillance __8/; chefs familles __9/ autre (à préciser) :
4.11- Quelles sont les règles/normes/conventions locales concernant la gestion/l’utilisation des
ressources naturelles de mangrove ?
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4.12- Y a-t-il des nouvelles règles/normes/conventions locales introduites récemment dans la
GRN?
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4.13- Comment sont gérés les conflits liés à l’accès et à l’utilisation des ressources issues des
mangroves de votre terroir?
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Annexe 2 : Guide d’entretien sur « dynamique spatio-temporelle de la mangrove et gestion intégrée »
Groupes cibles :
1. Au niveau départemental (commission environnementale par exemple)
2. Au niveau de la commune rurale (commission environnementale par exemple)
3. Au niveau village (cueilleuse, pêcheurs, riziculteurs)
…………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
Lieu de l’entretien : Date :
I. Etat des lieux
- Activités et usages dans l’écosystème de mangrove du terroir villageois
Riziculture, ostréiculture, apiculture, pêche, cueillette, coupe de bois, usages des palétuviers (coupe
de bois, tanin, médecine traditionnelle, construction et haie, consommation…
Lister et prioriser les activités et usages par ordre d’importance
Lister les activités anciennes et récentes, disparues et introduites
- Changements majeurs intervenus dans votre terroir/village (Ecosystème de mangrove)
Changements naturels ou modifications constatées dans l’écosystème: végétation, pluviométrie,
sols, etc.
Changements socio-économiques : profil historique et dynamique de la population (migration,
exode…), formes de mise en valeur de l’écosystème (évolution de l’occupation et de l’utilisation de
l’espace en rapport avec la croissance démographique, le conflit armé, l’évolution des coutumes,
introduction de nouvelles activités comme le Tourisme), gestion du patrimoine foncier (héritage,
legs ou don, prêt, métayage, mode de gestion des conflits), pratiques culturales (techniques
culturales, gestion de l’eau, diversité et évolution des spéculations, outils aratoires, introduction du
salariat forme sociale de l’organisation du travail, genre et travail…) et pratiques forestières (forêts
sacrées /bois sacrés, évolution de l’exploitation …).
II. Facteurs de la dynamique des terroirs et des écosystèmes de mangrove
- Facteurs naturels responsables des dynamiques observées dans votre terroir villageois
Plateau, rizières, mangrove (palétuviers)
- Facteurs anthropiques responsables des dynamiques observées dans votre terroir villageois
Plateau, rizières, mangrove (palétuviers)
III. Impacts de la dynamique de la mangrove
- Impacts sur l’environnement biophysique : augmentation/régression des tannes,
disparition/régression /apparition d’espèces (végétales et animales), salinité des terres rizicoles …
- Impacts sur l’environnement socioéconomique : activités traditionnelles ayant perdu de plus en
plus de valeur et d’importance ou disparues, activités nouvellement introduites,
baisse/augmentation de la productivité/production (rizière, palmeraie, bolongs, palétuviers),
baisse/augmentation des revenus des populations, mobilité de la population (migration/émigration
temporaire ou définitive), recomposition sociale (conversion et reconversion)…
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IV. Stratégies de gestion et d’adaptation à la dynamique de la mangrove
- Stratégies de gestion : règles/normes de gestion des ressources de l’écosystème mangrove (lois,
coutumes, conventions locales…), actions entreprises (sensibilisation/communication, reboisement,
aménagements…), acteurs {population (anciens, associations de femmes, GIE, chef de village,
comités villageois, OCB…), Etat, ONG …} ;
- Stratégies d’adaptation : actions entreprises (sensibilisation/communication, reboisement,
aménagements…), acteurs {population (anciens, associations de femmes, GIE, chef de village,
comités villageois, OCB…), Etat, ONG …}.
- Efficacité et durabilité de votre système de gestion de l’écosystème mangrove
- Expériences, formations et visite d’échanges avec d’autres acteurs sur la gestion de la mangrove
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