Fiche de Lecture Mythe de Sisyphe CAMUS
Fiche de Lecture Mythe de Sisyphe CAMUS
Fiche de Lecture Mythe de Sisyphe CAMUS
Sommaire :
UN RAISONNEMENT ABSURDE
- L’absurde et le suicide
- Les murs absurdes
- Le suicide philosophique
- La liberté absurde
L’HOMME ABSURDE
- Le don juanisme
- La comédie
- La conquête
LA CRÉATION ABSURDE
- Philosophie et roman
- Kirilov
- La création sans lendemain
LE MYTHE DE SISYPHE
UN RAISONNEMENT ABSURDE
L’absurde et le suicide :
Camus commence par poser la question fondamentale de l’existence : le suicide est-il une
solution logique face à l'absurdité de la vie ? Pour lui, la reconnaissance de l'absurde, c'est-à-
dire de l'écart entre l'aspiration humaine à trouver un sens à la vie et le silence déraisonnable
du monde, conduit inévitablement à cette question. Camus affirme cependant que le suicide
n'est pas une réponse à l'absurde mais une fuite. La seule véritable réponse consiste à accepter
l'absurde sans chercher à y échapper.
Le suicide philosophique :
Camus critique ici ce qu'il appelle le "suicide philosophique", c'est-à-dire l'acte de recourir à
une explication métaphysique pour échapper à l'absurde. Il vise notamment les philosophies
religieuses ou idéologiques qui offrent un sens transcendant à l'existence. Pour Camus, ces
tentatives d'évasion sont en réalité des formes de démission face à l'absurde. Plutôt que de se
réfugier dans l'illusion, il faut embrasser l'absurde.
La liberté absurde :
Après avoir rejeté le suicide et les illusions métaphysiques, Camus propose une forme de
liberté que l'homme peut atteindre en acceptant l'absurde. Cette liberté consiste à vivre sans
espoir, à ne pas attendre de sens ou de rédemption, et à s'engager pleinement dans l'action ici
et maintenant. C'est une liberté tragique, mais aussi libératrice, car elle repose sur la lucidité et
l'acceptation de notre condition humaine.
L’HOMME ABSURDE
Le don juanisme :
Camus utilise la figure de Don Juan pour illustrer un type d'homme absurde. Don Juan est le
séducteur qui ne cherche pas l’amour éternel, mais vit dans l'instant, multipliant les conquêtes
sans se soucier du lendemain. Il incarne ainsi une forme de révolte contre l’absurde : il ne
cherche pas un sens au-delà de lui-même, mais se satisfait du plaisir immédiat, sans illusion ni
remords.
La comédie :
Ce chapitre explore l'attitude de l'acteur, qui joue plusieurs rôles tout en sachant que chaque
rôle est temporaire et que rien n'est plus que ce qu'il paraît. L'acteur symbolise l'absurdité de
la vie où chaque individu joue un rôle sur la scène du monde, conscient du caractère éphémère
et artificiel de l'existence. La "comédie" est donc une autre réponse à l'absurde, basée sur
l’acceptation du jeu de la vie sans s’y attacher.
La conquête :
Camus parle ici de l'aventurier ou du conquérant, qui cherche à vivre intensément à travers
l'action. L'aventurier n'agit pas par idéal ou pour atteindre un but ultime, mais pour ressentir le
frisson de l’action elle-même. Il représente une autre manière d'affronter l'absurde, en
embrassant la vie dans sa plénitude, sans se préoccuper des conséquences ou du sens.
LA CRÉATION ABSURDE
Philosophie et roman :
Camus analyse ici le rapport entre la création littéraire et la philosophie de l'absurde. Il
explique que le roman est une forme d’expression particulièrement adaptée pour illustrer
l'absurde, car il peut montrer la multiplicité des expériences humaines sans chercher à leur
donner un sens unitaire. L'écrivain absurde ne cherche pas à prouver une vérité, mais à décrire
la condition humaine dans sa diversité et son incohérence.
Kirilov :
Kirilov est un personnage du roman "Les Démons" de Dostoïevski, que Camus cite comme un
exemple extrême de la pensée absurde. Kirilov décide de se suicider pour prouver sa liberté
absolue et sa révolte contre Dieu. Pour Camus, Kirilov incarne une forme de logique absurde
poussée à l’extrême : en niant toute valeur transcendante, il en vient à voir le suicide comme
un acte de liberté totale. Cependant, Camus rejette cette conclusion, car pour lui, la révolte
absurde doit conduire à la vie, non à la mort.
LE MYTHE DE SISYPHE
Camus conclut son essai en se référant au mythe grec de Sisyphe, condamné par les dieux à
pousser un rocher jusqu’au sommet d'une montagne, pour le voir retomber sans cesse. Pour
Camus, Sisyphe incarne parfaitement la condition humaine : son effort est absurde, car il
n'atteint jamais un but définitif. Cependant, Sisyphe est heureux parce qu'il accepte son sort et
trouve sa liberté dans l'accomplissement de sa tâche, même sans espoir de réussite. Camus
affirme que "Il faut imaginer Sisyphe heureux", car c'est dans la conscience de l'absurde et
dans l'acceptation de sa condition que réside la véritable liberté.
Dans cet appendice, Camus discute de l'œuvre de Franz Kafka, qu'il considère comme une
exploration profonde de l'absurde. Kafka décrit un univers où l'homme est en quête d'un sens
qu'il ne trouve jamais, un monde marqué par l'angoisse et l'incertitude. Cependant, Camus
note une différence entre Kafka et lui : Kafka laisse place à un certain espoir métaphysique,
une ouverture vers une transcendance possible, alors que Camus rejette toute forme d'espoir
pour se concentrer sur la révolte et l'acceptation de l'absurde.
Conclusion :
Le Mythe de Sisyphe est une œuvre clé pour comprendre la philosophie de l’absurde
d’Albert Camus. À travers l'exploration du suicide, de la révolte, de la liberté, et de la
création, Camus propose une vision de la vie où l'acceptation de l'absurde conduit à une forme
de liberté et de bonheur paradoxaux. Sisyphe, figure tragique mais libre, incarne cette attitude
lucide et révoltée face à l'absurde de la condition humaine.