Analyse 9
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Etymologie
Alceste est « atrabilaire » et Philinte « flegmatique ».
Flegmatique : de flegme, du latin phlegma, « humeur ». En médecine antique, ce mot désigne la lymphe, l’une des quatre humeurs qui irriguent le corps. Actuellement,
qui a un tempérament calme et lent, qui contrôle facilement ses émotions (impassible, imperturbable).
Atrabilaire : de atrabile « bile noire » ; latin des médecins, de atra, « noire » et bilis, « bile ».
Bileux : qui se fait de la bile, qui est anxieux, tourmenté. Ne pas confondre avec bilieux (qui abonde en bile et qui, par son humeur inquiète, est enclin à la colère).
Mélancolique : en qui domine la mélancolie (en médecine antique, l’une des quatre humeurs), qui est pessimiste, sombre, triste.
Sanguin : grand coléreux, qui a tendance à l’emportement, à la violence.
Alceste et Molière
Comme Alceste, Molière était mélancolique, triste, avec des sautes d’humeur. Comme Alceste, il était amoureux (mais marié) d’une femme infidèle et coquette,
beaucoup plus jeune que lui.
Le personnage du misanthrope
Le premier auteur comique à mettre en scène un personnage de misanthrope a peut-être été Aristophane, qui fait en tout cas allusion à Timon d’Athènes dans
Lysistrata (vers 809) et dans Les Oiseaux (vers 1549). Timon est en effet un personnage historique sur lequel nous possédons des renseignements par plusieurs
sources antiques, notamment une célèbre page des Vies de Plutarque que connaissait Shakespeare, et qu’il est utile d’aller lire. Il n’est pas sûr que Ménandre se soit
inspiré de Timon, mais la postérité a fait le rapprochement, notamment grâce à un célèbre dialogue de Lucien de Samosate, Timon le Misanthrope.
Il n’est pas sûr que Lucien ait eu lui-même une connaissance précise du texte de Ménandre ; mais, alors que le Dyscolos n’a plus été connu pendant plus de mille ans
qu’à travers des allusions, ce dialogue a été très en vogue à la Renaissance. Il a notamment été traduit en latin par Érasme, et en français par le plus célèbre traduc-
teur du XVIIe siècle, Nicolas Perrot d’Ablancourt (1606-1664), dont le Lucien complet a paru en 1664.
On peut suivre ensuite le personnage du misanthrope dans de nombreuses œuvres : Le Bourru bienfaisant de Goldoni, pièce écrite en français en 1771.
Certains auteurs ont inventé des continuations à la pièce de Molière. Elles sont nombreuses dans la seule tradition du théâtre français : elles vont du Philinte de
Molière ou la Suite du Misanthrope (1789) du célèbre révolutionnaire Fabre d’Eglantine (1750-1794) – où Philinte s’avère être un scélérat conformément au jugement
de Jean-Jacques Rousseau – jusqu’à La Conversion d’Alceste de Courteline (pièce en vers jouée avec succès en 1905 au Théâtre Français littéraire Signaler
également la pièce d’Eugène Labiche (1815-1888) Le Misanthrope et l’Auvergnat (représentée au Théâtre du Palais-Royal en 1852), où le héros misanthrope prend à
son service un auvergnat qui, incapable de mentir, provoque rapidement une série de catastrophes. Jean Anouilh L’Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux (1959,
repris en 1970 dans le second volume des Pièces grinçantes de l’auteur), où le personnage prend une dimension politique qui n’est pas sans intérêt.
Dans Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, La Bruyère lui-même fait une brève allusion à la misanthropie. Voir à la fin du chapitre « De l’homme », le n° 155
(« Timon, ou le misanthrope, peut avoir l’âme austère et farouche ; mais extérieurement, il est civil et cérémonieux. »).
Contexte
2 autres pièces dénonçant l’hypocrisie : Tartuffe (1664), censuré et Don Juan (1665) critiqué.
Public du XVIIe perçoit A ; comme complètement ridicule puisque sortant de la norme sociale reconnue. Pour aller dans ce sens , Molière l’affuble de rubans verts
(bouffons).
Premières impressions
Scène d’exposition dynamique : s’ouvre au milieu d’une dispute entre deux amis aux caractères opposés.
Dévoile le thème de la pièce
Comédie de caractère : présente les caractères aux spectateurs : A. au caractère bilieux : sombre, chagrin, colérique, méfiant, excessif
P. plus enclin aux compromis, plus tempéré
Comédie de mœurs : = enjeu de la dispute
Grande comédie = Tragédie personnage occupant un rang élevé, ton sérieux, écrit en vers, 5 actes, registre soutenu
Problématiques : En quoi cet extrait de la scène d’exposition du Misanthrope présente-t-il aux spectateurs deux systèmes de valeurs / deux façons d’envisager la
vie en société ?
Comment une scène d'exposition se fait-elle le lieu d'expression de deux visions de la vie en société ?
Sur quoi repose le désaccord des deux protagonistes ?
Que cherche à nous dire Molière, dans cet extrait de la scène d’exposition du Misanthrope, des travers de son époque ?
1
Alceste : « Je m’irais, de regret, pendre tout à l’instant. Philinte : « Je ne vois pas, pour moi, que ce soit pendable, / Et je vous supplierai d’avoir pour agréable / Que je me fasse un peu grâce sur votre
arrêt/ Et ne me pende pas pour cela, s’il vous plaît. Alceste : Que la plaisanterie est de mauvaise grâce ! »
« pas un »
« Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Sa réplique commence en effet par « lorsque » (CC P. répond avec un argument d’expérience, il s’appuie
Il faut bien le payer de la même monnoie, Temps). sur l’exemple qui irrite A. Son argument est fondé sur
Répondre, comme on peut, à ses empressements, Déterminant indéfini : « un homme » (4), autres une observation, semble logique et admis par tous.
Et rendre offre pour offre, et serments pour serments. » (4- pronoms : « vous » (4), « on » (6) = l’homme en
7)
général, présent de vérité générale : « vient » (4),
« peut » (6).
Phrase affirmative et non pas question : « il faut
bien » (5) « comme on peut »(6)
-CL de l’argent (au sens figuré) P. défend l’idée que la vie en société est un échange
Double parallélisme : « Répondre » (6) // de bons procédés. La fin de sa réponse (7) est
« rendre » (7) et « offre pour offre, serment pour remarquable par sa structure régulière, traduit dans sa
serment » (7) accentue cette idée d’échange. métrique même une conception pondérée et équilibrée
de l’amitié qui fuit tout excès mais sait rendre ce qui a
été donné.
Bilan 1er mouvement : Dans ce dialogue entre A. et P., on assiste donc à un échange d’arguments qui oppose deux visions différentes sur le
comportement à adopter en société. Tout le débat entre les deux hommes va tourner autour de la question de la sincérité en société.
2e mouvement : Réponse développée d’A. sous la forme d’une tirade. / Explication du point de vue d’A. (8 à 31)
« Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Longue phrase commençant par un adverbe A. s’engage personnellement (ce n’est pas un propos
Qu'affectent la plupart de vos gens à la mode ; négatif général). Il va une nouvelle fois s’opposer à P. et
Et je ne hais rien tant que les contorsions Pronom personnel 1e pers. du sg : « je » (8) développer son point de vue, laisser entendre sa
De tous ces grands faiseurs de protestations, Expression de la négation : « Non », « je ne colère, son mépris pour les courtisans qu’il juge
Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,
puis» (8), « je ne hais rien » (10) hypocrites.
Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,
Qui de civilités avec tous font combat, Suite de périphrases méprisantes pour désigner
les individus « vos gens à la mode » (9), « tous ces
grands faiseurs » (11), « Ces affables donneurs
d’embrassades frivoles » (12), « Ces obligeants
diseurs d’inutiles paroles » (13)
Verbes qui dénotent l’absence de concession, le Expression de sa révolte contre la vision de P. (et
sentiment de révolte : « je ne puis souffrir » (8), « je même contre P).
ne hais rien tant » (9)
Il porte un jugement très négatif sur l’attitude défendue
CL dépréciatif : avec la répétition du déterminant par P.
démonstratif, « lâche » (8), « frivoles » (12),
« inutiles » (13), « fat » (15)
Métaphore guerrière : « avec tous font combat »
(14)
Diérèse : « contorsi/ons » (10), « protestati/ons »
(11)
CL du masque : « affectent » (9), « air » (15) Il insiste sur les excès et l’hypocrisie de la vie en
société et
Et traitent du même air l'honnête homme et le fat. » (8-15)
Antithèse reproche à la société de traiter pareillement tous les
individus, sans considération pour leur mérite.
« Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse, Question rhétorique (argument d’ordre logique) Appuie son propos en reprenant l’exemple de P. sous
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, la forme d’une question.
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin il court en faire autant ? » (16- L’omniprésence du pronom «vous» donne à entendre
19) Répétition du pronom « vous »
Accumulation de termes redondants : « amitié, la flatterie excessive de ces amis de pacotille; il en va
foi, zèle, estime, tendresse » de même pour l’énumération de termes redondants du
Suite CL dépréciatif : « faquin » (19) vers 17. A. condamne l’exagération dans le
comportement et l’absence de discernement dans la
conduite des hommes de la cour. Cette attitude
entraine une perte de confiance dans la parole de
l’autre et les rapports humains sont alors faussés.
« Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située Longue phrase commençant par deux adverbes Semble se parler à lui-même car répond à la question
Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ; négatifs (comique de mots) qu’il vient de poser. (comique ?)
Et la plus glorieuse a des régals 2peu chers, Argument d’autorité Reprend la même idée et prend de la hauteur. Le
Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers : Expression de la négation : « il n’est point » (20), mérite accordé par des hommes comme P. perd de sa
Sur quelque préférence une estime se fonde,
« n’estimer rien » (25) valeur car il concerne tout le monde sans
Diérèse : « glorieuse » (23) discernement.
Hyperboles : « prostituée » (21), « la plus Noter le caractère excessif et provocateur des mots
glorieuse » (22), « tout l’univers », « tout le monde » qu’il utilise. Le verbe «prostituer» est lourd de sens.
(25) Fidèle à son tempérament excessif, A. emploie
Répétition du mot « estime » l’hyperbole pour soutenir sa thèse. Ces expressions
témoignent de son goût pour les comparaisons
disproportionnées tout en caricaturant l’attitude qu’il
dénonce dans les relations amicales.A. veut qu’on
l’apprécie à sa juste valeur mais les mots employés
sont tellement forts qu’il peut en perdre en crédibilité.
Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde. » Paradoxe construit sur un parallélisme Tout en dénonçant cette amitié dans laquelle tout le
(20-25) antithétique. monde est apprécié et loué, le protagoniste exprime
son désir d’être distingué, et, par là même, la haute
estime qu’il a de lui.
2
« régals » : un cadeau ou une fête offerte à quelqu’un
« Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps, Phrase composée d’une Proposition sub. Circ. Conclusion logique pour A. : Comme P. se conduit de la
Morbleu ! vous n'êtes pas pour être de mes gens. » (26-27) De cause sorte, il ne veut plus le fréquenter. A. et P. ne
Suite CL dépréciatif : « vice » (26) s’accordent donc pas sur la notion d’amitié. En effet,
S’adresse de nouveau à P. : « vous » (27) pour le misanthrope, l’amitié ne peut désigner qu’une
relation très forte et unique, tandis que P. semble, par
courtoisie, offrir plus facilement son amitié.
Interjection familière : « Morbleu ! » (27) (comique A. ne suit pas les règles de la bienséance car il est très
de mot) excessif et laisse exploser sa colère sur scène. Or il est
noble, et devrait se comporter en « honnête homme »,
le plus aimable et mesuré possible dans ses propos
comme P.. ((Il en devient risible à trop s’emporter.)
selon la mise en scène)
« Je refuse d’un cœur la vaste complaisance3 Réapparition du pronom pers. 1e pers. sg et de Phrase conclusive de la tirade
Qui ne fait de mérite aucune différence ; l’expression de la volonté» Affirmation de sa volonté qui exprime une nouvelle fois
Je veux qu’on me distingue ; et pour le trancher net, Métonymie un certain orgueil.
Affirmation catégorique où le « je » est à la fois
sujet et complément.
Attaque P. sans le nommer directement. Il ne veut plus
L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait. » Périphrase être son ami puisqu’il semble être l’ami de tout le
(28-31) Négation totale monde.
Bilan 2ème mouvement : A. a expliqué la raison de sa colère en partant de son ressenti puis en généralisant son avis. La conclusion de sa tirade reprend
l’idée qu’il ne veut plus de P. comme ami4.
Mouvement 3 : Les deux amis vont continuer à débattre d’une manière plus équilibrée car il ne trouve pas de point d’accord sur le comportement à adopter en
société. / P. essaie de convaincre son ami en le confrontant à des ex. précis (32 à 54)
« Mais quand on est du monde, il faut bien que l'on rende Conjonction de coordination exprimant P., d’un ton mesuré, oppose à son ami des arguments
Quelques dehors civils5 que l'usage demande. » (32-33) l’opposition de bon sens et exprime aussi son impuissance à
Sujets impersonnels déroger aux règles de la société. Pour P., la sincérité
Allitérations en [d], [k] et [m] + Assonances en absolue n’est pas toujours possible. Le «monde» (32)
nasales exige parfois que l’on masque la sincérité et la
franchise sous des «dehors civils» (33).
« Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié, Tournure hyperbolique : « châtier, sans pitié » (34) Caractère excessif d’A.
Ce commerce honteux de semblants d'amitié. » (34-35) Termes dépréciatifs : « commerce honteux »
« semblants » (35),
Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre Redondance avec les vers 2 et 3 : expression de sa L’idéal d’A. repose sur une franchise et une sincérité de
3
« complaisance » : désir de plaire à tout le monde
4
« Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers. » au début de la scène.
5
« quelques dehors civils » : quelques politesses
Le fond de notre cœur dans nos discours se montre, volonté tous les instants. Se répète.
Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments Hyperboles : « toute rencontre » (36), « jamais »
Ne se masquent jamais sous de vains compliments. » (39)
(36-39) Suite CL du masque
Terme dépréciatif : « vains » (39)
« Il est bien des endroits où la pleine franchise Conditionnel Volonté d’atténuer son propos pour se faire
Deviendrait ridicule et serait peu permise ; Formule atténuée : « N’en déplaise » (42) entendre.
Et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur, Arguments de bon sens. Selon lui, le caractère
Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur. (40-43) Reprise antithétique de l’idée énoncée par A. au absolu du point de vue d’A. n’est pas réaliste pour qui
vers 3 : « On ne lâche aucun mot qui ne parte du veut vivre en société. P. tente de démontrer à A. qu’il
cœur. » faut adapter sa franchise aux situations et aux
personnes et non soumettre l’amitié à des règles
catégoriques, incompatibles avec toute vie sociale.
« Serait-il à propos et de la bienséance6 2 interrogations (totales) au conditionnel Pose une question contenant un exemple de
De dire à mille gens tout ce que d'eux on pense ? Hyperbole comportement qui lui semble peu approprié. On entend
Et quand on a quelqu’un qu’on hait ou qui déplaît, dans ses propos la réponse qu’il attend.
Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ? » (44-47)
« Oui. (48) Noter différence dans la prise de parole Etonnement de P. et réponse laconique d’A.
Philinte 3 interrogations, la première reposant sur un P. propose deux exemples concrets en désignant
Quoi ? vous iriez dire à la vieille Emilie
pronom interrogatif exprime davantage la deux courtisans. Ils ont pour fonction d’illustrer
Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie,
Et que le blanc qu’elle a scandalise chacun ? (48-50) stupéfaction. l’argument énoncé des vers 40 à 47 selon lequel « la
bienséance » (44) interdit dans certains cas « la pleine
2 portraits satiriques franchise » (40).
P. brosse le portrait d’Émilie. Elle semble appartenir
au type de la vieille coquette. L’expression «faire la
Alceste jolie» (50) et l’allusion à la poudre blanche grâce à
Sans doute. laquelle elle s’éclaircit le teint suggèrent qu’elle
cherche à masquer son âge et s’embellir.
Philinte
A Dorilas, qu’il est trop importun,
Et qu’il n’est, à la cour, oreille qu’il ne lasse
A conter sa bravoure et l’éclat de sa race ? Puis celui de Dorilas, qui apparaît comme le type du
courtisan orgueilleux.
Alceste
Fort bien. » (51-54) Réponses laconiques d’A. : 48, 51 et 54 Mais P. ne parvient pas à convaincre A. qui s’acharne
dans son intransigeance car pour lui toute vérité est
bonne à dire, même si elle blesse.
6
« bienséance » : usages à respecter, savoir-vivre
Vous vous moquez. (54) Affirmation P. ne peut croire A. Pour lui, il est inenvisageable de se
comporter de la sorte.
Bilan du 3e mouvement : les arguments de P. n’ont servi à rien
4e mouvement : Conclusion par A. (54 à 63)
Je ne me moque point, Progression du dialogue par reprise antithétique
Et je ne vais épargner personne sur ce point. Explication du sous- titre de la pièce : L’Atrabilaire
Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la ville Hypallage amoureux. A. est émotionnellement impliqué. Il est
Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile 7; CL des humeurs 9: « échauffer la bile » (57), dans l’incapacité de se contrôler et semble être
J’entre en humeur noire, et un chagrin profond,
« humeur noire », « chagrin profond » (58) dépassé par ses émotions.
Quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font ;
Je ne trouve partout que lâche flatterie, Expression de la négation
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ; Accumulation : » lâche flatterie, // Qu’injustice,
Je n’y puis plus tenir, j’enrage, et mon dessein intérêt, trahison, fourberie » (51-52) Pour A., la société est entièrement corrompue par
Est de rompre en visière 8à tout le genre humain. (54-63) Hyperboles : « personne » (59), « trop blessés » l’hypocrisie, et c’est son spectacle qui provoque sa
(60), « rien » (61), « « profond » (62), « Je n’y puis colère, sa mélancolie et son attitude.
plus tenir », « j’enrage » (53) et « tout le genre
humain » (67)
CONCLUSION
Cette exposition nous présente donc les caractères très différents d’Alceste et de Philinte, leurs deux systèmes de valeurs, l’un plus idéaliste prônant la sincérité à tout
prix et l’autre plus réaliste, ou résigné exposant les attendus de la mondanité, mais nous fait aussi comprendre le sujet de la pièce, c’est-à-dire une peinture et une
dénonciation des mœurs des contemporains de Molière.
Ouverture : Sujet qui traverse le siècle et le dépasse ; traité par La Bruyère dans Les Caractères (citer quelques exemples de remarques critiquant l’hypocrisie des
courtisans), Mme de Sévigné, La Fontaine…
7
« la bile » - « humeur noire » : voir la Théorie des humeurs
8
« rompre en visière » : dire des choses désagréables
9
Théorie selon laquelle le corps humain est irrigué par quatre liquides : le sang, le flegme, la bile et la bile noire ou mélancolie.