Chap10-Cours Applications Linéaires en Dimension Finie
Chap10-Cours Applications Linéaires en Dimension Finie
Chap10-Cours Applications Linéaires en Dimension Finie
1
Dans tout le chapitre, K désignera R ou C.
1 Rang d'une application linéaire
une de ses bases. Alors une application linéaire f de E dans F est dénie de manière unique par la donnée
1 n
de la famille :
(f (e1 ), . . . , f (en )).
Analyse : on suppose qu'il existe une telle application f . Soit x = P x e ∈ E. Alors, par linéarité de f ,
i i
n
i=1 i i
n
X n
X
f (x) = xi f (ei ) = xi fi .
i=1 i=1
X n X X n n
f (λx + y) = (λxi + yi )fi = λ xi fi + yi fi = λf (x) + f (y).
f ((x, y)) = f (x(1, 0) + y(0, 1)) = xf ((1, 0)) + yf ((0, 1)) = x(2, 1) + y(1, 1) = (2x + y, x + y).
SoitPy ∈ Im(f ). Il existe x ∈ E tel que y = f (x) et comme la famille (e , . . . , e ) est génératrice de E
on peut écrire x = x e . On a donc, par linéarité de f :
Démonstration. 1 n
n
i=1 i i
n n
!
X X
y = f (x) = f xi ei = xi f (ei ).
i=1 i=1
Donc y ∈ Vect(f (e ), . . . , f (e )) et Im(f ) ⊂ Vect(f (e ), . . . , f (e )). L'inclusion réciproque étant évidente, on obtient
l'égalité des ensembles.
1 n 1 n
2
Remarque. C'est en particulier vrai lorsque (e , . . . , e ) est une base de E.
1 n
Exemple 2. Soit f dénie de R dans R par ∀(x, y) ∈ R , f ((x, y)) = (4x − 6y, 2x − 3y). Déterminer Im(f ).
2 2 2
Im(f ) = Vect (f ((1, 0)), f ((0, 1))) = Vect ((4, 2), (−6, −3)) = Vect ((4, 2)) ,
Remarque. Ce résultat ne nécessite pas de supposer que E est de dimension nie. Le cas E = {0} est par contre un
peu particulier, puisqu'il n'existe alors pas de famille libre de E.
Soit (e , . . . , e ) une famille libre de E, et f une application linéaire injective de E dans F . Montrons
que (f (e ), . . . , f (e )) est une famille libre de F . Soit (λ , . . . , λ ) ∈ K , on suppose que
Démonstration. 1 n
n
1 n 1 n
n
X
λi f (ei ) = 0F .
i=1
ce qui nous donne λ e = 0 . Et comme (e , . . . e ) est une famille libre de E, les λ sont tous nuls. Donc
i=1 i i F i=1 i i E
n
3
Soit (e , . . . , e ) une famille génératrice de E et f une application linéaire surjective. Soit y ∈ F .
Comme f est surjective, y ∈ Im(f ) etPil existe x ∈ E tel que f (x) = y. Et comme (e , . . . , e ) est génératrice de E, il
Démonstration. 1 n
n n
!
X X
y = f (x) = f xi ei = xi f (ei ).
i=1 i=1
Proposition.
Soit E et F deux espaces vectoriels de dimension nie n ∈ N et f une application linéaire de E dans F .
∗
Alors :
Si f est bijective, l'image par f de toute base de E est une base de F .
S'il existe une base de E dont l'image par f est une base de F , alors f est bijective.
Le premier point est une conséquence directe des deux résultats précédents.
Démonstration.
Réciproquement, supposons qu'il existe une base (e ,P. . . , e ) de E dont l'image est une base de F .
Soit x ∈ Ker(f ), alors x ∈ E et on peut écrire x = x e (puisque (e , . . . , e ) est une famille génératrice
1 n
n
n n
!
X X
0F = f (x) = f xi e i = xi f (ei ).
i=1 i=1
Or les f (e ) sont une famille libre de F . Donc les scalaires x sont tous nuls. Donc x = 0 et Ker(f ) ⊂ {0 }.
La deuxième inclusion étant évidente, on en déduit que f est injective.
i i E E
n n
!
X X
y= yi f (ei ) = f yi ei .
i=1 i=1
Donc y ∈ Im(f ) et F ⊂ Im(f ). La deuxième inclusion étant évidente, on en déduit que f est surjective.
Donc f est bijective.
2.2 Espaces isomorphes et dimension
Proposition.
Soit n ∈ N . Un K-espace vectoriel est de dimension n si et seulement si il est isomorphe à K .
∗ n
Soit ϕ l'application linéaire qui à tout e associe le i-ème terme de la base canonique de K . L'application ϕ est
1 n
n
linéaire par construction, et l'image de la base (e , . . . , e ) est la base canonique de K . Donc par le résultat
i
n
4
Réciproquement, soit E un espace vectoriel isomorphe à K . Il existe donc un isomorphisme ϕ de K dans E.
n n
Comme ϕ est bijective, l'image par ϕ de la base canonique de K est une base de E. Donc E possède une base
n
à n éléments et dim(E) = n.
Corollaire.
Soit E et F deux espaces vectoriels de dimension nie. Ils sont isomorphes si et seulement si
dim(E) = dim(F ).
3 Théorème du rang
(démonstration à connaître) Ker(f ) ⊂ E qui est de dimension nie, donc c'est également un espace
de dimension nie. Soit (e , . . . , e ) une base de Ker(f ) (dans le cas où Ker(f ) 6= {0 }). C'est une famille libre de
Démonstration.
E , donc (théorème de la base incomplète) on peut la compléter en une base (e , . . . , e ) de E (si Ker(f ) = {0 },
1 k E
on prend directement une base de E). On sait alors que (f (e ), . . . , f (e )) est génératrice de Im(f ). Et comme
1 n E
de Im(f ). Il nous reste maintenant à montrer que cette famille est libre pour pouvoir conclure que c'est une base. Soit
1 k F k+1 n
n
X k
X
λi ei = αi ei .
i=k+1 i=1
Comme (e , . . . , e ) est une base de E, et en particulier une famille libre, on en déduit que tous les λ et α sont nuls.
On a donc montré que (e , . . . , e ) est une base de Ker(f ), et (f (e ), . . . , f (e )) est une base de Im(f ). Ce qui nous
1 n i i
5
3.2 Théorème du rang et bijections
Proposition.
Soit E et F deux espaces vectoriels de dimension nie tels que dim(E) = dim(F ) et f une application
linéaire de E dans F . Alors :
f est injective ⇐⇒ f est surjective ⇐⇒ f est bijective ⇐⇒ rg(f ) = dim(F ).
En particulier,
Si f est injective, dim(Ker(f )) = 0, donc dim(Im(f )) = dim(F ). Or Im(f ) ⊂ F , donc Im(f ) = F et f est
surjective.
Si f est surjective, dim(Im(f )) = dim F , donc dim(Ker(f )) = 0, càd Ker(f ) = {0 } et f est injective. Donc f
est bijective.
E
Corollaire.
Soit E et F deux espaces vectoriels de dimension nie tels que dim(E) = dim(F ), f une application linéaire
de E dans F et g une application linéaire de F dans E. Alors :
Si f ◦ g = Id , f est bijective et f = g.
−1
Si g ◦ f = Id , f est bijective et f = g.
F
−1
E
(démonstration à connaître)
On suppose que f ◦ g = Id . Soit x ∈ F , alors f ◦ g(x) = x, donc f (g(x)) = x. Donc x admet un antécédent (en
Démonstration.
l'occurrence g(x)) par f , et x ∈ Im(f ). Donc F ⊂ Im(f ). L'autre inclusion étant directe, on obtient Im(f ) = F ,
F
donc f est surjective. Par la proposition précédente, puisqu'il y a égalité des dimensions, f est également
bijective. De plus, comme f ◦ g = Id , on trouve en composant par f à gauche que g = f .
−1 −1
obtient g ◦ f (x) = g(0 ) = 0 . Donc x = 0 . Donc Ker(f ) ⊂ {0 }. L'autre inclusion étant directe, on obtient
E F
Ker(f ) = {0 }, donc f est injective. Par la proposition précédente, puisqu'il y a égalité des dimensions, f est
F E E E
4 Formes linéaires
6
Exemple 3. Soit C l'espace vectoriel sur R des fonctions continues sur [0, 1]. L'application f → R 1
0 f (t)dt est une
forme linéaire sur C .
Proposition.
Soit E un espace vectoriel de dimension nie n > 2 et F un sous-espace de E. Alors F est un hyperplan
de E si et seulement si c'est le noyau d'une forme linéaire sur E non nulle.
Supposons que F = Ker(ϕ), où ϕ est une forme linéaire sur E non nulle. ϕ 6= 0, donc dim(Im(ϕ)) > 1. Comme
Démonstration.
ϕ est une forme linéaire, on a de plus Im(ϕ) ⊂ K, et donc Im(ϕ) = K. Le théorème du rang donne alors :
l'application linéaire dénie de E dans K en posant ϕ(e ) = 0 si i 6= n etPϕ(e ) = 1. Montrons que F = Ker(ϕ).
1 n
n−1
X n−1
X
ϕ(x) = xi ϕ(ei ) = xi 0 = 0,
i=1 i=1
Par double inclusion, on a bien montré que F = Ker(ϕ). Enn, ϕ(e ) = 1, donc ϕ est non nulle.
n i=1 i i
f (P ) = P (0).
f est une forme linéaire. Déterminer l'hyperplan qui correspond à son noyau.
Soit P (X) = aX + bX + c ∈ R [X]. On a :
2
2
Donc Ker(f ) = Vect(X, X ) = {aX + bX|(a, b) ∈ R }, qui est bien de dimension 2 = dim(R [X]) − 1.
2 2 2
Variantes : on pouvait aussi vérier que X et X sont dans le noyau, donc Vect(X, X ) ⊂ Ker(f ) et utiliser l'égalité
2
2 2
des dimensions pour conclure. Autre possibilité : raisonner par équivalences, mais en passant par une forme factorisée
du polynôme.