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Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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DE NOUVEAUX ESPACES DE CONQUETE

I NTRODUCTI ON : OCEAN ET ESP ACE : QUELLES SPECI FI CI TES ?

Activité individuelle liminaire : ACTIVITE 1 : REALISER UNE REVUE DE PRESSE SUR LES ENJEUX ACTUELS DE L’OCEAN ET DE
L’ESPACE

Compétences travaillées :
- Travailler de manière autonome
- Se documenter
- Synthétiser

Consigne : Utilisez l’outil Europresse pour réaliser une revue de presse sur un des deux sujets suivants :
- « L’espace : les enjeux actuels de ce territoire spécifique ».
- « L’océan : les enjeux actuels de ce territoire spécifique ».
Vous pourrez notamment chercher des éléments sur la connaissance qu’on a ou cherche à avoir de ces territoires, sur
leur exploitation, sur les débats ou les tensions qu’ils suscitent aujourd’hui.
Vous rédigerez ensuite une synthèse (une demie-page à une page dactylographiée) répondant au sujet à partir des
informations obtenues.

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Proposition de synthèse pour le thème « L’espace : les enjeux actuels de ce territoire spécifique »
Enjeux scientifiques (BLEU)
La conquête spatiale a d’abord un intérêt scientifique, qu’il s’agisse de mieux connaître l’espace en lui-même grâce à des
prises de vue, de sons, de vidéos, d’échantillons ou de découvrir des éléments sur les origines de la vie sur Terre
(retrouvera-t-on d’autres types de vie extraterrestres ou des ADN communs… ou pas de vies extraterrestres ?). Pour ce
faire, on a déjà envoyé des sondes de Mercure (au plus près du soleil) à Arrokoth, des vaisseaux sur Mercure, Venus, Mars
ou en orbite autour de Jupiter et Saturne, etc. En ce moment, le rover Persévérance de la Nasa est sur Mars, envoie des
données et sélectionne des échantillons qui seront rapportés sur Terre en 2031. C’est de plus en plus l’espace profond qui
intéresse (au-delà de la Lune). Enfin, les voyages spatiaux permettent de réaliser des expériences médicales et
scientifiques impossibles à faire sur Terre, notamment grâce à l’absence de gravité.
Enjeux humains (ORANGE)
Recherches et voyages spatiaux relèvent également d’enjeux humains. Certes, la vie en dehors de notre Terre est très
difficile (absence d’oxygène, d’eau, de nourriture) et donc coûte cher et n’est pas sans risques. Toutefois, elle est envisagée
par certains comme une solution pour fuir une Terre qui serait détruite, un refuge ultime pour l’humanité. Jeff Bezos prévoit
ainsi de créer des colonies spatiales. Si certains pensent qu’un tel déménagement serait l’occasion de développer une
humanité meilleure, avec une expérience de vie allongée, d’autres craignent qu’elle ne reproduise les mêmes erreurs.
Enjeux environnementaux (GRIS)
La multiplication des actions humaines dans l’espace a pour conséquence la création de déchets ou au moins de traces
laissées par l’humanité. S’ajoutent à cela des risques de contamination biologique des espaces extra-terrestres (qui
pourraient notamment brouiller les recherches).
Enjeux géopolitiques en termes de puissance (ROSE) et d’image (MAUVE)
La course à l’espace a débuté au cours de la guerre froide et fut un des champs de la rivalité américano-soviétique, un
moyen de briller et de s’imposer comme la puissance dominante. Aujourd’hui ce sont les puissances émergentes qui
essaient de rattraper leur retard, que ce soit la Chine (exploration de la face cachée de la lune et multiplication des
opérations) ou l’Inde (fusée en 2019). L’Europe (surtout la France, l’Allemagne et l’Italie) essaie également de compter,
coopérant avec la NASA. S’y ajoutent des acteurs privés de plus en plus nombreux, notamment Elon Musk (fondateur de
Tesla), Jeff Bezos (fondateur d’Amazon) et Richard Branson (Virgin) : les grosses FTN ont désormais un rôle dans ce domaine.
Tous ces Etats et acteurs non-étatiques, outre tout ce que leur rapporte cette activité, améliorent leur image de marque.
Toutefois, l’espace est considéré comme un « bien commun de l’humanité » et à ce titre a fait l’objet de traités en 1967
et 1979 interdisant l’appropriation nationale des espaces extraterrestres. D’ailleurs, la Station Spatiale Internationale
(ISS) est le fruit d’une coopération notamment entre Etats-Unis et Russie, mais aussi d’autres pays.
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Cette législation internationale est néanmoins remise en cause aujourd’hui par le Space Act passé en 2015 aux Etats-Unis

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qui autorise la récupération commerciale de ressources spatiales, ou encore par les projets de base lunaire prévus par la
Chine, les Etats-Unis ou encore ceux de colonies spatiales des acteurs privés.
Enjeux militaires (VIOLET)
Ces enjeux géopolitiques sont très liés aux enjeux militaires qui croissent ces dernières années, malgré le traité de 1967 qui
interdit les armes de destruction massive dans l’espace ou encore l’utilisation des corps célestes à des fins militaires.
Ainsi, les satellites sont par exemple d’un grand intérêt militaire : à la fois ils permettent de recueillir des informations sur
la Terre (observation et surveillance) et à la fois ils sont de précieux moyens de télécommunication utilisés sur Terre par
les armées comme les civils. Les protéger relève donc de l’indépendance nationale et de la sécurité.
Avec la multiplication des satellites en orbite autour de la Terre, des missions spatiales et des acteurs qui interviennent dans
l’espace, le risque de conflits sur Terre au sujet de l’espace et dans l’espace augmente. La question des colonies spatiales
est particulièrement symbolique.
C’est pourquoi l’espace se militarise peu à peu, au moins avec une stratégie de découragement de la part des Etats qui
veulent montrer qu’ils pourront répliquer en cas d’attaques (de l’attaque cyber, au brouillage de satellite voire au missile
antisatellite). Ainsi la France a-t-elle transformé son armée de l’air en Armée de l’Air et de l’Espace dont les priorités sont
de savoir ce qui se passe dans l’espace et protéger les moyens spatiaux français militaires mais aussi civils.
Enjeux économiques (VERT)
Les enjeux économiques de la conquête spatiale sont évidents, étant donné les coûts pharaoniques de celle-ci : envoyer le
rover Persévérance sur Mars a coûté 2.7 milliards de dollars, en faire revenir des échantillons coûtera 6.5 milliards et une
mission habitée sur la planète rouge reviendrait à 1000 milliards de dollars.
Si les Etats supportent de telles dépenses, c’est un gain important pour les entreprises du secteur qui décrochent des
contrats comme Airbus, Thales, Alenia Space, Leonardo… Toutefois, des entreprises privées sont aussi prêtes à investir des
sommes astronomiques (!) comme Space X (E. Musk) ou Blue Origin (Jeff Bezos) en raison des retours attendus. Par exemple,
le tourisme spatial pourrait générer 20 milliards d’euros de recettes par an rapidement (1 er voyage touristique prévu fin
2021). Le marché des satellites représente 58 milliards de dollars sur 10 ans. Certains espèrent également rapidement
récupérer des matières premières : l’hélium 3 lunaire serait idéal pour des réacteurs à fusion nucléaire sans déchets et des
astéroïdes renfermeraient des minerais et métaux rares.

Proposition de synthèse pour le thème « L’océan : les enjeux actuels de ce territoire spécifique »
Enjeux scientifiques (ORANGE CLAIR)
Les océans font encore partie des milieux que l’homme connaît mal. Les abysses, fosses extrêmement profondes à l’image
de celle des Mariannes sont encore largement méconnues et les explorer reste difficile en raison de la pression mille fois
supérieure à celle que nous subissons en surface. Un sous-marin chinois s’est rendu au plus profond (10900 m) et a confirmé
la présence d’être vivants. Aujourd’hui, les nouvelles technologies (drones sous-marins, images satellites de plus en plus
précises) permettent une meilleure connaissance de ce milieu qui compte 1 à 3 millions d’espèces. En France, c’est le SHOM
(service hydrographique et océanographique) qui a ce rôle depuis 300 ans.
Enjeux humains (JAUNE CLAIR)
Les océans sont d’une importance capitale pour l’humanité puisqu’ils permettent de nourrir au quotidien 3 milliards de
personnes. Les ressources halieutiques sont particulièrement cruciales pour certains Etats comme la Chine, d’où une pêche
de plus en plus loin de leurs côtes en raison de la baisse des réserves côtières.
Enjeux économiques (ORANGE)
A l’image des fruits de la pêche, d’autres ressources gisent au fond des océans qui en font des objets de convoitise
économique : c’est le cas par exemple des minerais ou des gisements d’hydrocarbures (pétrole et gaz) off-shore. Par ailleurs
on peut s’en servir pour des activités aquacoles, qu’il s’agisse de la production d’algues ou de la pisciculture ou la
conchyliculture. Ainsi on estime qu’un océan en bonne santé pourrait générer 1.5 milliard d’euros par an pour l’économie
mondiale et des millions d’emplois. Enfin, l’océan est le cadre de nombreuses activités touristiques (tourisme balnéaire,
croisières – elles se développent par exemple dans le Grand Nord avec le réchauffement climatique), peut permettre la
production d’énergie (usine marémotrice, éoliennes offshore) et surtout est le lieu de circulation de 90% des marchandises
transportées dans le monde par les quelques 100 000 navires de commerce qui sillonnent le globe, ainsi que de la plus
grande partie des informations via les câbles sous-marins.

Enjeux politiques (BLEU VIOLET) et géopolitiques en termes de puissance (MAUVE)


Cela explique pourquoi les Etats cherchent à asseoir leur souveraineté sur une part toujours croissante des océans. Les
accords de Montego Bay signés en 1982 prévoient ainsi que chaque Etat possède 12 miles d’eaux territoriales au large de
ses côtes, puis encore 200 miles de Zone Economique Exclusive qu’il est seul à pouvoir exploiter, protéger, utiliser pour la
navigation, etc. Les Etats veulent contrôler leurs eaux pour éviter la pêche illégale, le dégazage sauvage ou les trafics illégaux
et aussi en raison de l’aspect stratégique des océans pour la souveraineté alimentaire comme la sécurité des transports.
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Cette volonté se concrétise par la création d’une police des mers et le développement d’une marine nationale (par exemple

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la Navy anglaise a toujours été puissante puisque l’île devait sécuriser ses approvisionnements ; la France doit sécuriser ses
ports car 100% du pétrole est importé par exemple). La surveillance passe également par une bonne connaissance grâce à
la cartographie (rôle du SHOM en France) et maintenant aux satellites. La France s’est également dotée d’un ministère de
la mer sous le gouvernement de Jean Castex, pour la 1ère fois depuis 1991, signe de l’aspect de plus en plus stratégique des
questions maritimes. Les Etats peuvent également subventionner la pêche pour à la fois assurer l’approvisionnement en
poissons et participer à la présence de l’Etat sur les eaux souveraines. C’est le cas par exemple de la Chine qui paye ses
pêcheurs pour être présents dans des eaux qu’elle revendique comme les alentours des îles Spartley. On estime que 50%
de la pêche mondiale ne serait pas rentable sans subventions.
Les enjeux politiques des océans sont très liés aux enjeux géopolitiques car il s’agit pour les Etats d’assurer leur souveraineté
sur des espaces difficiles à contrôler, pour partie frontaliers et souvent attractifs. Certains étant encore peu connus (abysses
par exemple), ils demeurent des espaces de conquête potentiels à l’image de l’espace, d’où la retransmission en direct de
l’exploration de la fosse des Mariannes par les Chinois. En 2007, l’installation d’un drapeau russe inoxydable par 4200m de
fond dans l’océan Arctique est symbolique de cette volonté d’affirmation de l’appropriation. En effet, si au XVIIe s. la mer
était considérée comme une « chose commune », elle a fait l’objet d’une appropriation progressive à l’époque de la
colonisation et la conférence de Montego Bay a été la 1ère étape dans la volonté internationale de clarifier les règles pour
permettre la liberté de navigation et éviter les conflits. Ces décisions ont d’ailleurs souvent été complétées par des accords
régionaux ou bilatéraux qui précisent les délimitations de ZEE et les questions liées à la pêche. Certains veulent aller plus
loin aujourd’hui et donner aux océans le statut juridique de « bien commun de l’humanité » pour mettre en place une
gouvernance commune et éviter toute forme de lutte pour l’appropriation. C’est déjà le cas en Antarctique depuis le traité
de 1961 qui interdit toute forme d’appropriation.
Toutefois, les accords de Montego Bay n’étant pas adoptés par tous les pays et certains points pouvant faire l’objet de
discussion, ils ne sont pas toujours respectés et les tensions au sujet des océans sont nombreuses sur le globe. Ainsi en mer
de Chine, les Etats-Unis (pourtant non signataires de Montego Bay) revendiquent la liberté de navigation face aux Chinois
qui la contestent (notamment près de Taïwan). L’océan Arctique attise particulièrement les convoitises, car le
réchauffement climatique libère le « passage du Nord-Est », couloir de navigation qui permettrait de relier plus rapidement
Europe et Asie (le trajet Rotterdam-Yokohama serait de 12700 km au lieu de 20700 actuellement), et permet l’exploitation
des ressources off-shore. Les Etats limitrophes (Canada et Russie notamment) investissent ainsi énormément dans des
flottes de brise-glace et montrent leur volonté de s’affirmer sur ces eaux.
Enjeux militaires (ROSE)
Ces tensions peuvent conduire à de véritables démonstrations de force voire affrontements : par exemple, Grèce et Turquie
s’opposent autour de Chypre pour des gisements d’hydrocarbures (la question se superpose au contrôle contesté par la
Grèce de la moitié de l’île par la Turquie). En 2016, des Coréens du sud ont fait feu sur des bateaux chinois qui étaient dans
leurs eaux territoriales sans autorisation et l’Argentine en a coulé un également qui enfreignait les règles. De toute évidence,
la Chine veut utiliser sa puissance militaire et sa flotte nombreuse pour faire pression sur les autres Etats pour qu’ils
renoncent à leurs droits côtiers. En 2014, la Russie a aussi rompu le droit de la mer en annexant la Crimée.
Etant donné l’aspect stratégique des océans, les Etats s’équipent d’une flotte militaire. Cependant, étant donné les coûts
des navires de guerre (notamment les porte-avions nucléaires qui valent 5 milliards d’euros), la France qui possède la 2e ZEE
au monde, peine à être à la hauteur. En 2038, elle aura un nouveau porte-avions pour succéder au Charles-de-Gaulle, mais
pas un second.
Enjeux environnementaux (VERT)
Les océans sont capitaux dans la lutte contre le réchauffement climatique – car ils absorbent 90% de la chaleur et un tiers
des émissions carbone – et dans la préservation de la biodiversité dont ils constituent le principal refuge. Pourtant, ils sont
victimes de nombreuses menaces telles que la pollution par les déchets et notamment le plastique (150 millions de tonnes
sont noyés dans les océans où ils constituent dans le Pacifique comme un 7e continent), la surexploitation de ses ressources
halieutiques (baisse importante du stock des poissons pêchés ; espèces menacées), l’impact des activités minières off-shore,
la volonté d’appropriation de ces espaces stratégiques (13% non anthropisés) et la circulation de bateaux de commerce qui
rejettent du carburant. Par ailleurs, le dérèglement climatique a déjà contribué à une élévation de 1 degré de la température
globale depuis le XIXe s. et à une acidification des eaux. En Arctique ce réchauffement conduit à une fonte des glaces de
mer, ce qui cause d’ailleurs une libération de GES enfouis. Face à tous ces dangers, des initiatives sont prises. L’UNESCO
ouvre ainsi l’Ocean Decade, la décennie dédiée au développement durable pour les sciences de l’océan. Ocean Panel est
également une initiative internationale, une exhortation par 14 Etats côtiers à tous les dirigeants de la planète à mettre 30%
des océans sous protection dans les 10 ans à venir : selon eux, utiliser plus mais différemment l’océan permettrait de lutter
contre le réchauffement climatique, de mieux nourrir l’humanité (multiplication par 6 de la quantité de nourriture produite)
et de générer des emplois.
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I. Une connaissance ancienne, mais encore incomplète de ces espaces en

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marge de l’œkoumène
Océan comme espace extra-terrestre ne font pas partie de l’œkoumène, l’espace habité par l’homme. Ils sont donc par
définition plus difficiles à connaître…
A. Les océans déjà bien connus
1) Brève histoire de la connaissance des océans
DIAPO : Les recherches ont prouvé que les hommes préhistoriques ont été capables de traverser des océans pour peupler
d’autres terres, à l’image de l’Australie où les premiers hominidés sont arrivés il y a 65000 ans en provenance d’Asie du sud-
est. Dans l’Antiquité, la civilisation grecque est profondément liée à la mer en raison de la géographie de son espace
d’extension. C’est également le cas – mais dans une moindre mesure – de Rome, pour qui la Méditerranée était « mare
nostrum », « notre mer ». Toutefois, la connaissance des océans reste superficielle, limitée à un espace proche. La
navigation se limite en général à du cabotage le long des côtes et on ne sait pas encore explorer les bas-fonds, inventorier
la faune et la flore, comprendre les phénomènes de marées, courants, etc. D’ailleurs, la cartographie des océans assez
limitée (mieux en Orient qu’en Occident) montre la faiblesse de cette connaissance.
DIAPO : Ce n’est qu’au début des Temps modernes qu’elle commence vraiment à s’affiner avec ce que l’on a nommé les
« Grandes Découvertes » : Européens et Chinois s’aventurent désormais en haute mer. Magellan effectue la 1ère
circumnavigation (tour de la terre) en 1521-22. Grâce à lui et à tous les autres navigateurs (Colomb, Vasco de Gama, Jacques
Cartier, James Cook etc.), on parvient entre le XVe et le XVIIe s. à une cartographie bien plus précise, avec notamment des
cartes marines désormais détaillées (portulans).
En savoir plus : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/grandes_d%C3%A9couvertes/40401
Les XVIIIe-XIXe s. voient encore un accroissement dans la connaissance des océans lié aux progrès techniques (passage de
la voile à la vapeur) et à une volonté scientifique de découvertes. Ainsi les premières recherches océanographiques donnent
lieu aux premières cartes contenant des données statistiques sur les vents dominants, les courants etc. La frégate anglaise
HMS Challenger (1872-76) mesure et drague le fonds des océans.
DIAPO : Au XXe s., l’océanographie se développe : l’ensemble de l’océan mondial est exploré, connu (physique, chimie,
géologie, faune, flore). Les stations d’observation marine, l’utilisation de l’informatique, les satellites offrent des outils
nouveaux. Le site du SHOM (service hydrographique et océanographique de la Marine) français offre une illustration de ces
connaissances, permettant la cartographie en direct des courants, des marées, des vents, des épaves et obstructions, des
types de roches sédimentaires des fonds, etc.

2) Les abysses : dernière frontière des océans


DIAPO : Certains espaces océaniques demeurent encore très mystérieux pour les hommes car difficiles d’accès : les
abysses ou fosses sous-marines. Une fosse océanique ou sous-marine est une dépression sous-marine très profonde,
descendant à plus de 6000 et jusqu'à 11 000 mètres, sous le niveau de la mer. « Les grandes profondeurs des océans se
trouvent généralement en périphérie des continents, le long des plateaux continentaux ou le long des arcs insulaires et non
au centre des océans. Cela s'explique par le fait que la plaque océanique, supportée par la lithosphère, s'enfonce, sous l'effet
de son propre poids, généralement par subduction sous la plaque continentale, comme un "tapis roulant" qui disparait sous
la croute continentale. C'est à cet endroit que l'on va trouver les fosses abyssales les plus profondes. »
Source : http://www.astronoo.com/fr/articles/fosses-oceaniques.html
En 1934 pour la 1ère fois 2 hommes descendent à plus de 900 mètres de profondeur grâce à un bathysphère suspendue à
un câble. Les 1ers bathyscaphes, sous-marins d’exploration, apparaissent dans les années qui suivent.
En 1951, un sonar détecte la plus profonde fosse au monde, la fosse des Mariannes qui fait près de 11 000 m de fond. Un
bathyscaphe italo-américain y plonge en 1960, record jamais dépassé depuis. De fait à ce jours, seuls 4 hommes sont allés
à plus de 10 000 m (contre 12 sur la Lune).
En 1965 est élaborée la 1ère carte « précise » des grands fonds.
Aujourd’hui, la cartographie de ces grands fonds reste perfectible et les satellites ne la permettent pas. Par ailleurs, ces
abysses abritent des espèces encore inconnues et pourraient se révéler riches en minerais. Il s’agit donc d’une des
dernières frontières des connaissances humaines sur les territoires du globe.
En savoir plus : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/03/26/fonds-marins-75-des-zones-tres-profondes-restent-
inexplorees_1676015_1650684.html
Chronologie de la découverte des grands fonds : https://wwz.ifremer.fr/grands_fonds/Mediatheque/Espace-
historique/Quelques-dates

B. Une connaissance encore très limitée de l’espace


1) L’astronomie : une discipline ancienne
DIAPO : L’espace, les étoiles, la lune et le soleil ont toujours interpelé les hommes qui ont observé avec attention les cycles
des astres dans le ciel, comme le prouvent certaines constructions mégalithiques à l’image du tumulus de Newgrange en
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Irlande. Ce tumulus préhistorique datant de 3200 av. JC se compose d’un long couloir qui conduit à une chambre mortuaire

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où les rayons du soleil ne pénètrent qu’une fois par an, lors du solstice d’été. Cette particularité prouve que ses
constructeurs étaient de fins observateurs des saisons et phénomènes astronomiques et qu’ils savaient prévoir leur
survenue et donc avaient remarqué leur régularité.
Pour les Egyptiens, les astres sont des dieux et leurs observations du Ciel ne servent qu’à déterminer le calendrier, la fixation
des fêtes religieuses, l’astronomie étant réservée aux prêtres.
La plus ancienne description écrite d’une observation des astres provient de la Mésopotamie environ 1600 à 2000 ans
avant notre ère.
Toutefois, ce sont les Grecs qui fondent véritablement l’astronomie à partir du VIIe s. av. JC. Les astres sont reconnus
comme des corps sphériques en mouvement et la Terre n’est pas toujours vue comme le centre de l’Univers. Voici quatre
des plus grands noms de ces premiers scientifiques :
« Anaximandre (env. 610-540 av. J.-C.), disciple de Thalès, accomplit un progrès considérable en plaçant la Terre, isolée
dans l'espace, au centre de l'Univers, et en faisant tourner autour d’elle les astres, sur des cercles de différents diamètres.
Il estima la distance de ces astres, mais sans aucune base scientifique.
Un siècle et demi plus tard, l'école ionienne devait encore être illustrée cette fois par Anaxagore (env. 500-428 av. J.-C.), qui
eut l'intuition de génie que les planètes et la Lune étaient des corps solides analogues à la Terre et lancés dans l'espace
comme des projectiles. Il en déduisit la première explication exacte des éclipses de Lune, par immersion de celle-ci dans
l'ombre de la Terre.
Aristarque de Samos (env. 310-230 av. J.-C.) est le premier grand astronome de l'école d'Alexandrie. C'est aussi le
précurseur de Copernic, de dix-sept siècles en avance sur ses contemporains quand il affirme que la Terre, loin d'être fixe,
non seulement tourne sur elle-même comme l'a proposé Héraclide, mais aussi décrit une orbite circulaire autour du Soleil,
qui devient le centre de tous les mouvements. Cela explique l'alternance des saisons et simplifie considérablement le
système des sphères d'Eudoxe. Malheureusement, l'intuition d'Aristarque ne dut pas avoir un grand retentissement. […]
Cependant, le plus grand représentant de l'école d'Alexandrie est incontestablement Hipparque (env. 190-125 av. J.-C), qui,
[…] pousse très loin l'observation de la Lune, du Soleil et des planètes, et s'intéresse aussi aux étoiles, dont il dresse le
premier catalogue. La qualité de ses observations, qu’il compare à celles de ses prédécesseurs, lui permet de découvrir le
grand mouvement de l’axe de rotation de la Terre qui décrit un cône en 26 000 ans. C'est également à l'école d'Alexandrie
que l'on doit les premières estimations des dimensions et des distances des astres. »

Arabes, Juifs et Persans s’intéressent aussi à l’astronomie, mais essentiellement pour prédire l’avenir.
« Les astronomes arabes nous ont laissé de nombreuses tables pour le calcul du mouvement des planètes (tables d’al-
Battāni, tables hachémites, tables de Tolède, tables Alphonsines, etc.) qui furent en usage pendant tout le Moyen Âge,
malgré leur très grande complexité due à l'utilisation du système de Ptolémée.
Quant aux Chinois, ils pratiquent l’astronomie depuis l’Antiquité. Ils s’intéressent alors surtout aux événements
temporaires survenant dans le ciel et qui leur paraissent comme autant de présages : éclipses, apparition d’étoiles
nouvelles, de comètes, etc. Ils consignent soigneusement leurs observations dans des registres, celles-ci se révélant encore
précieuses aujourd’hui. Ils dressent ainsi les premières cartes du ciel, où les étoiles sont groupées en constellations (le plus
souvent différentes des nôtres), et connaissent bien le mouvement des planètes. »
Le Moyen Age occidental est une période de recul des connaissances en astronomie, en raison d’une perte d’intérêt et du
poids de l’Eglise qui impose une lecture littérale de la Bible : la Terre, plate, est au centre de l’Univers et le Soleil lui tourne
autour.

DIAPO : Le XIVe s. conduit à un renouveau d’intérêt pour ces questions, symbolisé par Copernic qui, se servant surtout
des théories grecques, a le génie de renoncer au géocentrisme au profit de l’héliocentrisme.
« Le système de Copernic ne suscite pas au début l'opposition de l'Église, car on n'y voit qu'une nouvelle méthode de calcul
des tables des planètes ; ce n'est que lorsque l'on réalisera qu'elle remet en cause la physique d'Aristote que les ennuis
commenceront : Giordano Bruno, disciple de Copernic, qui aura l'audace d'émettre l'hypothèse que les étoiles sont des
astres semblables au Soleil et qu’elles pourraient même être entourées de planètes, sera brûlé vif en 1600 et Galilée sera
condamné en 1633. »
A partir du XVIIe siècle, l’observation de l’espace est facilitée par l’invention du télescope en 1608 et son
perfectionnement rapide.
En savoir plus sur l’histoire du télescope : https://gallica.bnf.fr/blog/30032018/les-telescopes?mode=desktop
Source de toutes les citations : Article « Astronomie » de l’Encylopédie Universalis.

2) L’accélération récente de la connaissance spatiale


Cependant l’exploration spatiale et avec elle l’accélération de la connaissance de l’Univers ne datent que de l’après
seconde guerre mondiale, puisqu’il ne s’agissait jusque-là que d’observations. Le conflit, en perfectionnant l’artillerie
(fusées V2 allemandes), a fait naître les premiers lanceurs assez puissants pour envoyer des objets dans l’espace.
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La guerre froide et la compétition entre Etats Unis et URSS qu’elle suscite conduisent à une course à l’espace, une « guerre

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des étoiles » : les Soviétiques envoient dans l’espace Spoutnik, le 1er satellite en 1957 puis Gagarine, le 1er astronaute en
1961. Ainsi sont prises les premières photographies de la Terre. En 1969, les Américains font marcher deux des leurs sur
la Lune pour la 1ère fois et en rapportent des roches. Par la suite, sondes, vaisseaux, satellites, expéditions se multiplient et
permettent de mieux connaître les planètes, étoiles et autres objets célestes. Depuis 1998, une station spatiale
internationale (ISS) habitée en permanence est en orbite autour de la Terre.
Toutefois, étant donné la faiblesse technique des engins d’observation et les capacités humaines très limitées pour l’envoi
de sondes (et d’hommes) à des distances importantes de la Terre (calculées en années-lumière !), ce n’est qu’une toute
petite partie de l’espace proche qui nous est connue et les questions sont infiniment plus nombreuses que les réponses
que les recherches ont pu apporter jusque-là. Aujourd’hui, les astrophysiciens s’interrogent sur la formation de l’univers et
des planètes, sur l’apparition de la vie sur Terre, sur l’existence de vies (mais aussi de matières) extra-terrestres, sur les lois
de la physique, la chimie de la matière, l’énergie, les trous noirs, …
En savoir plus : Les défis de l’astrophysique : http://www.dimacav-plus.fr/spip.php?article5

C. Des espaces de recherche essentiels, aux frontières de la connaissance humaine


1) Des espaces de recherche essentiels pour de nombreuses disciplines
Espace comme océan ont donc comme spécificité d’être pour partie (bien plus grande pour le 1er que le 2nd) des espaces
encore mystérieux pour l’homme et dont une meilleure connaissance offrirait des perspectives capitales pour différentes
disciplines scientifiques : la physique, la chimie, la biologie (connaissance de la vie en général, des êtres vivants, des
hommes), la géologie. Par ailleurs, l’exploration de ces espaces en dehors de notre œkoumène renvoie également à un
questionnement philosophique voire religieux sur la place de l’homme sur Terre et dans l’Univers dont la littérature et
les arts en général se font également l’écho.

2) Défis technologiques et frontières de la connaissance à repousser


Toutefois, répondre à ces questionnements relève du défi technologique. En effet, dans ces espaces l’homme manquerait
d’oxygène principalement et subirait d’autres contraintes rendant sa survie impossible (pression trop forte dans les
profondeurs marines, absence de gravité dans l’espace, températures extrêmes, absence de nourriture). Pour ce qui est de
l’espace, s’ajoute une dimension sinon infinie, du moins démesurément grande à l’échelle de la taille et de la vie d’un
homme (ou même d’une civilisation d’ailleurs). L’exploration spatiale et dans une moindre mesure océanique oblige donc
l’humanité à repousser les frontières de ses capacités, à innover.

3) L’enjeu environnemental de ces espaces


DIAPO : Or il apparaît que c’est un impératif de plus en plus pressant dans le contexte environnemental et climatique
actuel. Ces espaces, s’ils ne sont pas peuplés, subissent indirectement l’impact de la vie humaine qui les pollue (déchets
plastiques ou rejets de carburants dans l’océan comme lors de marées noires, restes de satellites non utilisés dans l’espace)
au point de les transformer/affecter parfois (baisse de la biodiversité marine, élévation de la température et acidification
des eaux océaniques).
Paradoxalement, ces espaces apparaissent aussi comme des solutions à la crise que rencontre l’humanité : l’initiative
Ocean Panel signée par 14 Etats côtiers plaide pour une meilleure utilisation de l’océan qui, en le préservant davantage,
permettrait de réduire le dérèglement climatique et de produire 6 fois plus de nourriture. L’espace peut également être vu
comme le moyen de mieux comprendre les phénomènes auxquels nous sommes confrontés, voire comme un refuge en cas
de destruction de la Terre (entre science-fiction et réalité selon Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui travaille désormais à
la création de colonies spatiales).

II. Une appropriation croissante par l’homme (en vue d’intégrer ces espaces à
l’œkoumène)
A. (sur le plan juridique et politique) Des espaces inégalement territorialisés : les
dernières frontières à conquérir
1) Une territorialisation des océans fixée par le droit international mais objet de réclamations
DIAPO : Si la mer est restée longtemps une « chose commune » pour reprendre l’expression du juriste du XVIIe s. Grotius,
les océans ont été de plus en plus territorialisés avec la colonisation, ce qui a provoqué tensions et conflits. Cela explique la
tenue en 1982 d’une conférence internationale à Montego Bay (Jamaïque) chargée de réglementer la territorialisation
des mers et des océans. Elle a donné lieu à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) qui prévoit :
- La souveraineté totale des Etats dans leurs eaux territoriales (jusqu’à 12 milles marins au large des côtes)
considérées comme le prolongement maritime du territoire terrestre.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

- Puis sont créées des ZEE (Zones Economiques Exclusives), bandes de 200 milles nautiques (370 km) à partir

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de la ligne de base (côte) en l'absence d'autre rivage. Si le rivage le plus proche est à moins de 200 milles
nautiques, on trace en principe la frontière à mi-distance des lignes de base des deux pays riverains. La zone
économique exclusive peut s’étendre au-delà des 200 milles jusqu’à la limite du plateau continental lorsque
le rebord externe de la marge continentale se trouve à une distance supérieure aux 200 milles marins. «
Dans la zone économique exclusive, l'État côtier a des droits souverains aux fins d'exploration et
d'exploitation, de conservation et de gestion des ressources naturelles, biologiques ou non biologiques,
des eaux surjacentes aux fonds marins, des fonds marins et de leur sous-sol, ainsi qu'en ce qui concerne
d'autres activités tendant à l'exploration et à l'exploitation de la zone à des fins économiques, telles que
la production d'énergie à partir de l'eau, des courants et des vents. L’Etat a aussi juridiction en ce qui
concerne la mise en place et l'utilisation d'îles artificielles, d'installations et d'ouvrages, la recherche
scientifique marine et la protection et la préservation du milieu marin »
- La zone de haute mer (55% des océans) qui n’appartient à aucune ZEE est considérée comme « bien
commun de l’humanité ».
- La Convention encadre la liberté de circulation des océans : en dehors de leurs eaux territoriales, les Etats
ne peuvent pas interdire à d’autres de naviguer ou survoler de manière inoffensive sur ou au-dessus de leurs
ZEE ou d’y poser des câbles. Les détroits sont aussi laissés libres.
- Enfin les Etats enclavés se voient accordé l’accès à certaines ressources maritimes.

Toutefois, tous les pays de la planète n’ont pas signé cette convention (à l’image des Etats-Unis) et certains, parfois
signataires comme la Chine, ne la respectent pas.

2) A qui appartient l’espace ?


DIAPO : « La nécessité de réguler les activités humaines dans l'espace extra-atmosphérique est apparue dès 1957. Les
premiers textes établis par une résolution de l’assemblée générale des Nations unies en 1959, puis fixés dans le traité de
Washington en 1967, posèrent cinq principes :
• L'espace vide n'appartient à personne et les corps célestes, y compris la Lune, appartiennent à tous. La question
de possibles rivalités impériales, ou de volonté de contrôles de points stratégiques se trouve ainsi résolue ;
• Tous les États peuvent librement explorer et utiliser l'espace ;
• Les États sont invités à coopérer pour explorer l'espace. Le coût et les risques de l'exploration spatiale, ainsi que
les risques de catastrophes d'origine spatiale de dimension planétaire rendent des coopérations internationales
souhaitables ;
• Les États sont invités à utiliser l'espace à des fins pacifiques. Une course aux armements dans l'espace rendrait,
en effet, une guerre potentielle encore plus destructrice que les deux guerres mondiales ;
• Les États sont responsables de leurs activités et de celles de leurs nationaux dans l’espace. L'ampleur des risques
que les activités spatiales font peser à l'humanité et à l’environnement nécessite la définition de mécanismes
d'indemnisations. »
Source : https://www.defense.gouv.fr/portail/dossiers/l-espace-au-profit-des-operations-militaires/l-espace-au-service-de-la-
defense-et-de-la-securite-de-la-france/y-a-t-il-un-droit-de-l-espace

« Sauf que de petits malins croient dénicher une faille dans ce traité de l’espace : certes, une nation ne peut pas
s’approprier une planète ou un autre corps céleste, mais le texte n’interdit pas formellement selon eux l’appropriation
par un individu ou une entreprise.
Et, en s’appuyant sur une vieille loi américaine selon laquelle n’importe qui peut réclamer la possession d’une terre qui
n’appartient à personne, la société californienne Lunar Embassy décide, en 1980, de s’approprier la Lune, Mars et Vénus.
L’objectif ? Jouer les agents immobiliers en vendant des parcelles de terrain. Amorcée comme une bonne blague, cette
entreprise s’est révélée des plus lucratives puisque son fondateur a déjà empoché plus de 9 millions de dollars.
Du coup, cette initiative potache a suscité des vocations et rapidement, d'autres sociétés se sont engouffrées dans la brèche.
Une poignée d’opportunistes décident alors de s’approprier les étoiles, afin de les revendre à la pièce : moyennant une
somme comprise entre 30 et 200 dollars, on obtient, selon les formules proposées, un titre de propriété, un CD ou une
carte céleste indiquant dans quel coin du ciel se trouve l’acquisition.
Mieux encore, ces entreprises proposent à leurs clients de donner à "leur" étoile, le nom de leur choix. Et pourtant,
légalement, seule l'Union astronomique internationale est autorisée à nommer les astres. »
Source : https://jeunes.cnes.fr/fr/web/CNES-Jeunes-fr/8581-a-qui-appartient-l-espace-un-casse-tete-spatial.php

De fait, la présence humaine dans l’espace est croissante entre les satellites, l’ISS, les sondes et engins envoyés dans
l’espace proche mais aussi lointain (un rover est en train de sillonner Mars). Certaines formes semblent relever de
l’appropriation nationale, à l’image déjà du drapeau américain planté sur la Lune par Neil Armstrong.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

B. (sur le plan économique) Des espaces qui suscitent des convoitises économiques

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1) Des océans déjà très exploités et utilisés
DIAPO : Pêche : La production de poissons a été multipliée par 7 dans le monde entre 1950 et 2010 grâce à la pêche mais
aussi de plus en plus à l’aquaculture (plus de 40% maintenant). Les principales zones de pêche se situent en Asie de l’est et
du sud-est (Pacifique), en Amérique du Sud (Pacifique) et en Europe (Atlantique Nord et Méditerranée).
25% des hommes sur Terre dépendent directement des produits de la mer pour leur alimentation.
Autres productions liées à l’eau de mer : Le sel marin est également exploité sur certains rivages, pour un total de 260
millions de tonnes par an (2013). L’eau de mer elle-même peut être pompée pour être dessalinisée et bue, mais pour ces
deux prélèvements, les quantités restent dérisoires par rapport à ce que contient l’océan.
Extraction minière : 1/3 des réserves d’hydrocarbures prouvées se trouvent sous les océans et leur exploitation
représente déjà 1/3 de la production mondiale, part qui va sans doute croître dans les années à venir avec les progrès
des techniques de forage. Le pétrole sous-marin est extrait sur des plateformes offshores, c’est-à-dire en pleine mer.
On en trouve surtout aujourd’hui dans l’océan glacial Arctique, dans la mer des Caraïbes, dans le golfe de Guinée et en
mer de Chine méridionale.
On sait que les planchers océaniques contiennent en grande quantité des métaux dont les gisements s’épuisent à terre :
cuivre et manganèse principalement, mais aussi cobalt, nickel, métaux précieux et critiques, dont des terres rares utilisées
notamment dans les industries de pointe. On estime même que les minerais sous-marins représenteraient 84% des
réserves mondiales. Pour l’instant, l’exploitation de tels champs profonds n’est pas possible (tant pour le ramassage des
métaux que pour leur remontage), mais la montée des prix des matières premières et les progrès techniques rendent ces
gisements sous-marins de plus en plus attractifs.
En savoir plus :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/exploiter-les-profondeurs-de-locean
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140210trib000814539/sur-quel-tas-d-or-sous-marin-la-france-est-elle-
assise-.html
http://www.usinenouvelle.com/article/des-mines-sous-les-mers.N321698

DIAPO : Transport de marchandises : 80 à 90% des marchandises (matières premières et biens manufacturés) – 70% de la
valeur des produits échangés dans le monde - sont transportées par voie maritime. Le principal avantage de ce mode de
transport est son faible coût. Il est par ailleurs moins polluant. Toutefois, il est beaucoup plus lent. Environ 50000 navires
de commerce parcourent les eaux du globe, transportant 9 milliards de tonnes de marchandises. 41% sont des vraquiers
(minéraliers, céréaliers), 38% des pétroliers, 14% des porte-conteneurs.
Tourisme : Les océans sont enfin des lieux de loisirs, surtout près des côtes où il existe des stations balnéaires, mais aussi en
pleine mer avec le développement du tourisme de croisière. Ainsi en 2019, 30 millions de touristes ont parcouru les eaux
du monde à bord d’un des 272 navires de croisière.

L’océan est donc un espace approprié à des fins économiques, indirectement, en tant que voie de passage, ou directement
avec l’exploitation des ressources qu’il contient.

2) Les opportunités de l’espace


DIAPO : Satellites : Les principales opportunités économiques qu’offre l’espace pour l’instant tiennent aux satellites
d’observation (prise d’images satellite) et de télécommunication. Le marché des satellites représente 58 milliards de
dollars sur 10 ans.
Tourisme spatial : D’autres opportunités semblent se développer pour les années à venir : dès 2021, le tourisme spatial
pourrait commencer à rapporter de l’argent puisque l’entreprise SpaceX d’Elon Musk va lancer à la fin de l’année la fusée
Falcon-9 qui accueillera à son bord le milliardaire Jared Isaacman ainsi que trois « individus issus du grand public » pour une
mission de quelques jours. On estime que cette activité pourrait générer 20 milliards d’euros de recettes par an rapidement.
Extraction minière : Enfin certains espèrent récupérer des matières premières : l’hélium 3 lunaire serait idéal pour des
réacteurs à fusion nucléaire sans déchets et des astéroïdes renfermeraient des minerais et métaux rares.

C. (sur le plan militaire et géostratégique) Atout géostratégique, militarisation et


tensions
Eléments juste évoqués : ils seront développés dans les axes suivants.
1) Les océans : des espaces stratégiques depuis toujours fortement militarisés et objets de tensions
Les océans sont des espaces stratégiques pour les richesses économiques qu’ils renferment mais aussi pour le contrôle des
déplacements de marchandises, d’hommes, de troupes qu’ils permettent (directement ou en survol) ou l’accès à des terres.
Certains passages stratégiques (détroits, canaux) ou espaces riches en ressources halieutiques ou minérales intéressent
particulièrement les hommes.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

C’est pourquoi les Etats ont depuis longtemps cherché à prendre possession de ces espaces voire à les militariser

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(présence de flottes et de sous-marins en mer, de bases sur les côtes), ce qui a pu et peut toujours conduire à des tensions
ou conflits.

2) De la perspective d’une « guerre des étoiles » aux atouts militaires de l’espace


Teaser de la série parodique Space Force de Netflix : https://www.netflix.com/fr/title/81021929
L’intérêt militaire de l’espace est né avec la guerre froide, notamment dans les années 1980 lorsque sous la présidence
Reagan les Etats-Unis ont imaginé de créer dans l’espace un bouclier antimissile (IDS : Initiative de Défense Stratégique).
On a cru alors qu’une « guerre des étoiles » pourrait se produire, en imaginant également que les engins spatiaux pourraient
bombarder tout point de la Terre à distance.
L’intérêt militaire de l’espace relevait déjà aussi des possibilités offertes par les satellites en matière d’observation et de
télécommunications.
Aujourd’hui plus que jamais l’espace fait l’objet d’un intérêt militaire comme le montre la création d’une armée de l’espace
dans plusieurs pays : United States Space Force (créée par Donald Trump fin 2019) ; la France appelle désormais son Armée
de l’Air, l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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AX E 1 : CONQUETES, AFFI RMATI ONS DE PUI SSANCE
ET RIVALI TES

I. De l’Antiquité à la seconde guerre mondiale : une conquête militaire et


commerciale des océans, mais seulement onirique de l’espace
A. Une conquête ancienne des océans
1) Des buts militaires, coloniaux et commerciaux
Sir Walter Raleigh (navigateur, favori de la reine d’Angleterre Elisabeth Ière, fondateur de la 1 ère colonie anglaise
permanente en Amérique du Nord, la Virginie en 1584) : « Qui tient la mer tient le monde ».
DIAPO : Depuis l’Antiquité et jusqu’à la 1ère guerre mondiale, la conquête des océans renvoie à des objectifs
essentiellement coloniaux et économiques :
Il s’agit d’abord de conquérir, via la mer, de nouvelles terres : c’est ainsi que la civilisation grecque puis l’empire romain
s’étendent autour du bassin méditerranéen. D’ailleurs, si pour les Grecs ce sont en effet les hasards de la navigation qui les
fait essaimer leur culture au gré des fondations de cités sur les côtes explorées, les Romains mènent une guerre d’abord
terrestre (seulement 3 batailles navales ont eu lieu sous l’Empire par exemple, contrairement aux Grecs qui avaient
développé avec les trières une vraie marine de guerre).
A partir du XVIe s., si les grands navigateurs sont des explorateurs, ils étaient surtout à la recherche de nouvelles terres.
Même les objectifs scientifiques (minimes par rapport aux enjeux politiques d’extension du royaume de leurs
commanditaires et économiques) étaient plus tournés vers la connaissance globale du monde et en particulier de ses
terres émergées, ses richesses, ses peuples, sa faune et sa flore.
Au XIXe s. encore, il s’agit pour les Européens d’étendre leurs empires coloniaux, les terres africaines (principalement) étant
plus faciles à atteindre par voie maritime (puis fluviale d’ailleurs) que par voie terrestre (absence de voies de déplacement
aisées).
Le second but de ces découvertes de terres, au-delà de la volonté politique d’asseoir sa domination sur de nouveaux
espaces, était commercial : ces territoires ultramarins (au-delà des mers) offraient des avantages en matière
d’approvisionnement en matières premières exotiques (et ce dès l’Empire romain qui met en place une première forme
de mondialisation commerciale) puis en termes de débouchés pour des produits à exporter (surtout à partir de la
révolution industrielle). Ainsi les puissances fondent-elles des comptoirs, c’est-à-dire des petites villes (ou quartiers dans
des villes préexistantes) qui sont des points d’appui pour le commerce avec une zone intérieure. C’est ainsi que nombre de
cités d’origine grecque sont fondées à l’image de Marseille créée par les Phocéens vers -600. Pour mettre en place le
commerce triangulaire au XVIe s., les Européens s’appuient ainsi sur quelques ports de la cote occidentale de l’Afrique, sans
jamais (ou presque) pénétrer les terres. De même au XIXe s.la Chine voit se multiplier sur son littoral les comptoirs
commerciaux européens.
Certains Etats font le choix de se doter de marines de guerre très précocement. Cette décision a plusieurs objectifs : pour
certains, elle répond comme on l’a vu, à un souci de pénétration d’un territoire de manière plus aisée que par voie
terrestre (Grecs), notamment lorsque ce-dernier n’est pas accessible autrement (Espagnols et Portugais qui partent à
l’assaut de l’Amérique au XVIe s.). Par ailleurs, on constate que les puissances insulaires sont particulièrement contraintes
à se doter d’un tel outil, à l’image de l’Angleterre, pour laquelle la Navy est un moyen de défense des envahisseurs. Enfin,
les marines ont pour mission de protéger le commerce, qu’il s’agisse d’escorter les navires de commerce ou plus
globalement de sécuriser les routes commerciales maritimes : ce fut le cas de l’Armada espagnole en Méditerranée et en
Atlantique au XVIe s. et de la Navy britannique dans l’Atlantique et en Asie du sud-est du XVIIe au début du XXe s. Les navires
de commerce étaient notamment la cible des corsaires et des pirates (les 1ers étant mandatés par le pouvoir ennemi et les
seconds étant indépendants).

2) Une affirmation des Etats européens puis des Etats-Unis qui établit une hiérarchie des puissances (batailles
navales et taille des empires coloniaux)
DIAPO : Avoir une Marine de guerre dominante a permis à certains Etats d’imposer leur puissance à certaines périodes
en étant victorieux lors des guerres qui se déroulaient partiellement sur les mers et en conquérant un vaste empire
colonial :
- Ce fut le cas de l’Espagne avec sa célèbre Armada lors des XVe-XVIe s. Les galions espagnols dominent
Atlantique, puis Pacifique (qu’ils découvrent) et Méditerranée. Après l’échec de l’Invincible Armada en 1588
dans sa tentative d’invasion de l’Angleterre, la marine espagnole demeure importante mais n’est plus la
flotte la plus puissante d’Europe.
- La Royal Navy britannique domine du second XVIIe au début du XXe s. La victoire de 1588 sur l’Armada
espagnole marque un 1er tournant dans l’histoire de la marine anglaise, mais c’est surtout à partir de 1651
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

qu’elle entame sa modernisation. De la fin du XVIIe à 1815, l’Angleterre est presque tout le temps en guerre

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contre la France et les batailles navales sont presque toujours à l’avantage de la Royal Navy (en dehors de
la défaite anglaise face aux Insurgés américains aidés des Français). Pendant cette période, la France,
notamment à partir de l’œuvre de Colbert, essaie de rattraper son retard, en vain. La suprématie maritime
britannique est surtout incontestée sous l’ère victorienne (1815-1905), servie par la révolution industrielle
qui permet aux navires de gagner en rapidité (propulsion vapeur) et en solidité (blindage des coques :
création de cuirassés) tandis que l’artillerie à leur bord se perfectionne. Le contrôle des mers explique la
constitution à cette époque du plus vaste empire colonial du monde.
- DIAPO : Avec les guerres mondiales, émergent de nouvelles puissances maritimes (l’Empire allemand,
l’Empire du Japon et surtout les Etats-Unis), alors que l’invention des torpilles et des sous-marins redéfinit
les éléments de puissance d’une flotte.

Exposé possible : Le rôle des mers pendant la Seconde Guerre mondiale


En savoir plus : https://livrescritique.blog4ever.com/histoire-navale-de-la-seconde-guerre-mondiale-1
Les océans ont été un des cadres importants de la Seconde Guerre mondiale :
- Bataille de l’Atlantique menée par les nazis contre l’approvisionnement des Alliés par les Américains (guerre
de couse)
- Débarquements en Afrique du Nord, en Sicile, en Normandie et en Provence (capacité de projection)
- Guerre navale dans le Pacifique entre Américains et Japonais (guerre d’escadre)

3) Un contrôle encore limité


Toutefois, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le contrôle des océans reste limité car leur immensité empêche
naturellement d’avoir une vue sur l’ensemble. Seuls les passages stratégiques et les côtes peuvent être contrôlés tandis
que les autres bateaux ne constituent que quelques aiguilles dans une botte de foin : ainsi, le Royaume-Uni ne dispose
« que » de 70 cuirassés quand éclate la 1ère guerre mondiale. Tout change avec le développement de l’aviation et plus
encore des satellites.

B. Le rêve de la conquête spatiale


1) Un rêve religieux, philosophique et littéraire
DIAPO : L’espace a depuis toujours fasciné et interrogé les hommes. Ils ont observé la course des étoiles et planètes visibles,
essayé de comprendre les cycles de déplacement de la lune et du soleil et souvent divinisé ces astres si mystérieux. On a
ainsi vu dans le chapitre introductif le rapport religieux que les Egyptiens par exemple entretenaient avec l’espace. Il en
va de même des civilisations grecque et romaine qui ont associé le Soleil à Apollon et la Lune à Séléné (assimilée souvent à
Artémis). Enfin on a évoqué combien les recherches astronomiques étaient liées à une volonté d’interprétation des signes
divins (comètes, éclipses, etc.) chez les Arabes, Persans ou Chinois. On retrouve d’ailleurs également de nombreuses
références au zodiaque dans l’iconographie religieuse médiévale.
En savoir plus : Nout, divinité égyptienne du ciel : https://blogs.futura-sciences.com/feldmann/2020/03/16/nout-la-divinite-du-
ciel-omnipresente-dans-legypte-antique/
Mythologie et astronomie (chez les Grecs) : https://eduscol.education.fr/odysseum/mythologie-et-astronomie
Zodiaque et iconographie religieuse : https://journals.openedition.org/cem/13937
Ainsi le questionnement sur l’espace a longtemps renvoyé à des questions religieuses et/ou métaphysiques chez
l’homme. La littérature s’en fait d’ailleurs l’écho dès l’Antiquité avec le 1er ouvrage de science-fiction de l’histoire, les
Voyages extraordinaires de Lucien de Samosate (IIe s.). Par la suite, et jusqu’à ce que ces voyages spatiaux deviennent
réalité, de nombreux écrivains ont expédié leurs héros sur la Lune ou ailleurs dans l’espace.

Activité individuelle : ACTIVITE 4 : LES REVES DE CONQUETE SPATIALE DANS LA LITTERATURE DE FICTION ANTERIEURE AU XXe
Compétences travaillées :
Lire une œuvre de fiction
Capacité de synthèse : réaliser le résumé d’un ouvrage lu

Consigne : Lisez une œuvre littéraire antérieure à 1945 exprimant ce rêve d’exploration spatiale et faites-en un court
résumé. Vous pouvez choisir entre les six ouvrages proposés ci-dessous ou en trouver un autre.
- Lucien de Samosate : Voyages extraordinaires (IIe s.) : 1er ouvrage de science-fiction de l’histoire littéraire
https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/livresbdmangas/voyages-extraordinaires
« C’est ainsi que dans les "histoires vraies" le narrateur (c’est Lucien) et ses compagnons s’envolent dans le ciel; ils visiteront
successivement la lune, le soleil, le ventre d’une baleine colossale, l'île des bienheureux sur laquelle ils participeront à un
magnifique banquet. Sur la lune ils rencontrent les Hippogypes; ce sont des hommes qui chevauchent de grands vautours, la
plupart à trois têtes et des plumes, chacune " plus longue et plus grosse que le mât d’un grand navire marchand ". Sur leurs
montures ils ont pour mission de " voler tout autour du pays et de conduire devant le roi tout étranger qu’ils trouvent."
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Les aventures fantastiques continuent mais je ne peux résister au plaisir de vous citer le mode de reproduction des habitants de

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la lune, les Sélénites et plus particulièrement "d’une race d’entre eux appelés Dendrites (hommes des arbres) qui naissent de la
façon suivante : on coupe le testicule droit d’un homme et on le plante dans le sol. Il en pousse un très grand arbre, fait de chair
et semblable à un phallus. Il a des branches et des feuilles et ses fruits sont des glands (!) longs d’une coudée. Quand ils sont mûrs,
on les cueille et on les casse pour en faire sortir les hommes." »
- Cyrano de Bergerac : Histoire comique des Etats et Empires de la Lune (1657)
http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/l-autre-monde-ou-les-etats-et-empires-de-la-lune-et-les-etats-et-empires-du-
soleil/
« Au tout début des États et Empires de la Lune, le personnage-narrateur, sur une route proche de Clamart, au sud de Paris,
déclare, en regardant la Lune, que cet astre « est un autre monde comme celui-ci, à qui le nôtre sert de lune ». Le narrateur décide
d'aller vérifier la chose, et part expérimenter sa vision de l'autre monde (ou des nouveaux mondes possibles) en attachant à ses
vêtements des fioles de rosée qui, attirées par la chaleur du Soleil, le propulsent dans le ciel et le transportent non point sur la
Lune mais en Nouvelle-France (la Terre tourne durant son élévation). Là, il doit se justifier de sa manière à la fois burlesque,
poétique et scientifique de voyager auprès de ceux qui le soupçonnent de magie – en particulier le vice-roi et les Jésuites. Voulant
détruire sa « machine » par l'explosion de fusées, il se trouve à nouveau propulsé dans le ciel, et finit par se poser sur la Lune, un
astre évidemment habité, comme Francis Godwin, John Wilkins et Pierre Borel le supposaient.
C'est là que tout s'inverse. Car, sur la Lune, on appelle la Terre la Lune, les vieux obéissent aux jeunes, la virginité est un scandale.
Le suicide, infiniment recommandable, se fait en cérémonie : on y boit le sang du suicidé, et on s'accouple ensuite pour que le
mort revive dans les enfants qui naîtront. Assisté du démon de Socrate qui lui traduit le langage lunaire, le narrateur y débat de
tout – mœurs, nature, croyances – sans préjugés. Romanesque, vision, imagination, réalité, expérimentation scientifique et ironie
se mêlent alors pour enquêter sur le monde, les hommes et la matière. »
- Edgar Allan Poe : Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (1835)
https://www.editionsdelondres.com/Aventure-sans-pareille-d-un
« L'arrivée d'un ballon dans le ciel crée la cohue sur la place de la bourse de Rotterdam. Le ballon, entièrement fabriqué avec des
journaux crasseux, s'approche pour livrer aux yeux de la foule des bons bourgeois le spectacle d'un petit être de forme plus ou
moins humaine qui jette une énorme lettre scellée de cire rouge aux pieds du bourgmestre avant de remonter et de disparaître
dans les airs. La lecture de cette lettre, écrite sous forme de journal de bord, c'est la narration détaillée de l'expédition de Hans
Pfaall, réparateur de soufflets, vers la lune. Hans Pfaall avait disparu depuis cinq ans. On y découvre son envie, ses motivations,
ses déboires avec ses créanciers qui le poussent à partir plutôt que de se donner la mort, ses préparatifs, son départ marqué par
une forte explosion qui coûte la vie à ses quatre créanciers, et surtout le voyage détaillé vers la lune. A la fin, on apprend même
que Hans Pfaall vit au milieu des luniens depuis plusieurs années et attend que l'on lui accorde la grâce pour le meurtre de ses
créanciers et le pardon de ses créances avant de revenir sur terre. »
- Jules Verne : De la Terre à la Lune (1865) puis Autour de la Lune (1869)
https://www.techno-science.net/glossaire-definition/De-la-Terre-a-la-Lune.html
« Après la fin de la Guerre de Sécession, le Gun Club de Baltimore et son Président, Barbicane, essaie de projeter un boulet de
canon sur la Lune. Après plusieurs réunions, le Gun Club s'organise et lance une collecte de fonds en direction de toute la planète.
Après avoir récolté l’argent nécessaire, le projet prend forme sous la forme d'un immense canon, la Columbiad.
La volonté du club est de mener l’expérience sur le territoire des États-Unis et les contraintes physiques imposeront le choix de la
Floride comme lieu de lancement. On installe le canon.
Le Gun Club reçoit un télégramme du Français Michel Ardan, qui propose de fabriquer un projectile creux dans lequel il pourrait
se loger pour aller sur la lune. Après avoir vérifié l’existence de ce Français, le Gun Club suspend la fabrication du projectile. Arrivé
aux États-Unis, Ardan convainc l'opinion publique de la possibilité de son idée. Seul Nicholl, adversaire et rival de Barbicane, s’y
oppose. Ardan résout le conflit en persuadant les deux hommes d'entreprendre avec lui ce voyage vers la lune.
Le tir est un succès. À terre, après l’enthousiasme arrive l’inquiétude, car il est impossible de suivre le projectile à cause des nuages.
Au bout de quelques jours, celui-ci est finalement découvert en orbite autour de la Lune »
- Herbert George Wells : Les premiers hommes dans la Lune (1901)
https://www.babelio.com/livres/Wells-Les-premiers-hommes-dans-la-lune/36421
« Déclaré insolvable et failli, le sieur Bedford se réfugie au bord de la mer pour écrire un drame dont il espère que le succès le
sortira de sa présente impécuniosité. L'inspiration se montrant rebelle, il musarde à la fenêtre, remarque un promeneur au
comportement bizarre, s'en irrite et l'aborde. Ainsi lie-t-il connaissance avec le savant Cavor, que préoccupe la mise au point d'une
matière nouvelle d'où il compte tirer un moyen de se déplacer dans l'espace tandis que Bedford y voit relui de faire fortune, une
fois la « Cavorite » jaillie du creuset. C'est alors l'aventure qui entraîne les deux hommes à travers ciel jusqu'au domaine du Grand
Lunaire, dans le royaume des Sélénites. Expérience réussie, pense Cavor. Mais il avait négligé dans ses calculs le facteur humain... »

2) Des moyens techniques insuffisants jusqu’à la seconde guerre mondiale


Toutefois, avant la seconde guerre mondiale, tous ces rêves, ces aspirations, ces interrogations se heurtent aux
impossibilités techniques d’observation précise et surtout d’exploration.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

II. La période de la guerre froide : conquérir océan et espace, un moyen pour

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dominer le monde pour les deux Grands en compétition
A. De la course à l’espace à la guerre des étoiles
1) L’espace : un enjeu dans la compétition scientifique et idéologique
Correction de l’activité 5
- Argument 1 : La conquête spatiale fait partie des nouvelles frontières à repousser par la science pendant la guerre froide
et chaque nouvelle étape est vue comme une marche franchie par un des Grands
Illustrations : Affiches soviétiques du doc. 2 : ouverture de la voie vers l’espace avec Spoutnik, (puis le 1er être vivant envoyé
dans l’espace avec la chienne Laïka), puis le 1er homme dans l’espace avec Gagarine : « gloire à la science soviétique ». André
Lebeau l’explique dans le doc. 3 : « le gouvernement soviétique avait mieux apprécié la manière d'exploiter cette capacité
technique à des fins de propagande, comme l'a montré le calendrier des «premières» spatiales - Spoutnik, Gagarine, puis la
première femme, la première sortie en scaphandre - très lié à celui du régime politique. L'énorme retentissement mondial,
médiatique et politique, du Spoutnik lui a donné raison. » Par la suite, il en va de même avec le 1er homme envoyé sur la
Lune par les Américains en 1969 (doc. 6) qui répond à l’objectif lancé par Kennedy en 1961 « Sur la Lune avant la fin de la
décennie ».
- Argument 2 : Au-delà de l’aspect purement spatial de ces découvertes, il s’agit pour les deux Grands de prouver qu’ils
sont les plus à mêmes de conduire l’humanité vers le progrès.
Illustrations : L’illustration de Norman Rockwell montre tout un peuple (toute l’humanité ?) derrière les astronautes
américains (même s’il fait le choix de ne représenter que des hommes blancs) (doc. 5). La géographe Isabelle Sourbès-Verger
explique bien cette idée en commentant le lancement du Spoutnik : « Le « spatial » devient une image de puissance : il s’agit
pour l’URSS de repousser les limites du monde connu dans un contexte de décolonisation où les pays doivent se choisir un
modèle ; tandis que le programme américain Apollo entre dans le contexte idéologique de la « Destinée manifeste » avec
pour rôle de conduire le monde entier vers le progrès. » (doc. 7)
- Argument 3 : Ces événements sont l’occasion pour les deux superpuissances de faire de la propagande en l’honneur de
leur pays, mais aussi leur idéologie et leur modèle (vitrine de leur puissance relayée par les media)
Illustrations : toutes les illustrations qu’offre ce corpus sont emplies de symboles nationaux (drapeaux) et politiques (étoile
rouge, faucille et marteau communistes sur la 1ère affiche du doc. 2). Les messages qui les accompagnent sont également
très politiques : « Soyez fiers soviétiques ! » « Gloire à l’homme soviétique » (doc. 2). Dans le doc. 8, Reagan reprend, en
présentant le programme de l’IDS, l’image des Etats-Unis garants de la paix mondiale grâce à leur maîtrise spatiale : « La
communauté scientifique qui nous a donné les armes nucléaires… doit mettre ses talents éminents au service de l’humanité
et de la paix mondiale, et doit fournir les moyens de frapper d’impuissance ces armes et les faire tomber en désuétude »

2) L’espace : un enjeu militaire


Correction de l’activité 5
- Argument 1 : Il y a un lien direct entre capacité à lancer des missiles (nucléaires) à grande distance et envoyer un engin
dans l’espace
Illustrations : les missiles V2 nazis sont les ancêtres des fusées modernes en matière de capacité de propulsion et de guidage.
C’est lorsque les Soviétiques mettent au point la R-7 Semiorka (missile de portée intercontinentale, au-delà de 6000 km)
qu’ils sont en mesure de lancer le Spoutnik en 1957. Ce sont les puissances nucléaires qui se lancent dans la course à
l’espace. (doc. 1) La 1ère affiche du doc. 2 met bien en lumière ce lien avec le logo du nucléaire sur la fusée : c’est un
avertissement pour les Etats-Unis : nous savons lancer une fusée dans l’espace donc nous pouvons vous atteindre avec nos
armes nucléaires. Cela participe à la guerre de dissuasion comme le montre André Lebeau dans le doc. 3 : « le Spoutnik
matérialisait la possibilité d'un survol du territoire américain par des armes nucléaires ».
- Argument 2 : Les satellites offrent des atouts militaires en matière d’observation/d’espionnage de l’ennemi (et de
communication)
Illustrations : « La vraie riposte [au Spoutnik] me semble plutôt les Discoverer, lourds de 750 kg, dotés de caméras d'une
résolution inférieure à 10 mètres, discrets et efficaces, lancés dès juin 1959. Leur première utilisation fut d'ailleurs de
localiser précisément les villes soviétiques. vouées à la destruction par les armes nucléaires selon les plans des états-
majors. » On peut ajouter à cela le fait que les 1ers satellites ont pour rôle également de diffuser des messages et servent
rapidement aux télécommunications.
- Argument 3 : La conquête spatiale est une forme de conquête territoriale extra-terrestre (en dépit du traité de
Washington)
Illustrations : la photographie du drapeau américain planté sur la Lune est significatif d’une forme de revendication
territoriale (au-delà du symbole utilisé par la propagande) (doc. 6). La couverture du Time est de la même veine. (doc. 4)
- Argument 4 : L’espace offre de nouvelles perspectives en matières d’armes offensives et défensives.
Illustration : En 1983, le président américain Reagan lance le programme IDS qui consiste en un projet (impossible d’ailleurs)
de bouclier antimissile nucléaire qui serait déployé depuis l’espace et protègerait l’URSS. (doc. 8)
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

B. Rivalités sur les océans

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Avec la guerre froide, les rivalités sur et sous les océans augmentent car ils permettent d’approcher le territoire ennemi et
de le menacer dans le cadre de la dissuasion nucléaire. Il s’agit de la stratégie qui consiste à menacer un adversaire d’avoir
recours à l’arme nucléaire pour le dissuader d’entreprendre une action indésirable.
1) La guerre sous les mers
DIAPO : Comme en témoignent certains romans et films à l’image du célèbre A la poursuite d’Octobre rouge, la guerre froide
se déroula en partie sous les mers. Dans un documentaire diffusé sur Arte, un ancien sous-marinier soviétique raconte :
"Cette guerre était peut-être froide pour les diplomates, mais pour nous, elle était chaude ». En effet, les affrontements,
collisions, naufrages etc. restèrent en grande partie secrets mais participèrent à cette guerre d’un genre nouveau.
Elle conduisit à une course technologique que les Américains ont menée et remportée dès 1954 avec l’inauguration du 1er
sous-marin à propulsion nucléaire d’attaque : l’USS Nautilus. Les Soviétiques répondirent rapidement avec la série des
« November », mais ces engins étaient bien moins fiables. Par la suite, les Américains ont toujours eu conservé une longueur
d’avance. En 1960, l’USS George-Washington est le 1er Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins : indétectable ou presque
pendant sa plongée qui peut durer 2 mois, il peut lancer des missiles nucléaires. En 1970, les États-Unis possédaient 41 SLNE
et l’URSS 44.
Les fonds marins furent beaucoup utilisés pour l’espionnage. Ainsi les Américains les truffaient de micros capables de
détecter la présence de submersibles : grâce à cela, ils connaissaient parfaitement la position de tous les sous-marins
soviétiques. En posant un capteur sur un câble sous-marin, ils sont aussi parvenus à écouter les transmissions de la flotte
soviétique.
Source : https://www.lemonde.fr/idees/article/2005/06/16/la-guerre-froide-sous-marine-par-dominique-
dhombres_662858_3232.html
En savoir plus : https://fr.naval-encyclopedia.com/guerre_froide/US-Navy.php

2) La guerre sur les mers


En 1945, les Etats-Unis (et les troupes de l’OTAN en général avec l’apport notamment de la Royal Navy) sont de loin la 1ère
puissance navale grâce à l’énorme fourni pendant la Seconde guerre mondiale (arsenal pour le Royaume-Uni, préparation
du débarquement de Normandie, guerre navale dans le Pacifique). Jusqu’en 1960, sa flotte considérable (70% du tonnage
mondial en 1945) reste conventionnelle, puis elle évolue avec l'entrée en service des premiers navires lance-missiles et du
nucléaire comme moyen de propulsion ou comme vecteur de charge offensive.
Plusieurs crises de la guerre froide montrent combien l’aspect naval fut également important pendant cette période.
Celle de Cuba est le plus emblématique. L’île est protégée d’une invasion américaine par des sous-marins soviétiques dès
mai 1962, puis des navires de l’URSS y acheminent les fameux missiles nucléaires qui sont le cœur du conflit et leurs rampes
de lancement. La 1ère réaction américaine suite à la découverte de ces engins est le blocus de l’île décidé le 22 octobre 1962
pour empêcher le ravitaillement par des cargos soviétiques. C’est finalement l’US Navy qui l’emporte – ce qui décide ensuite
l’URSS à se lancer dans la construction d’une marine de surface plus puissante. Elle dispose de ports d’appui dans les Etats
de son bloc : Vietnam, Syrie, Libye, Ethiopie…
La capacité des Etats-Unis de projection de ses forces et le retard naval soviétique permettent au bloc ouest d’user de sa
marine pour intervenir (transport de troupes et matériels) lors de la guerre de Corée (1950-53), la crise de Suez (1956) et
lors de la guerre du Vietnam (années 1960-70).
Source : https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/contenus-associes-aspects-maritimes-des-grands-conflits-N-9135-
15531.pdf
En savoir plus : https://fr.naval-encyclopedia.com/guerre_froide/US-Navy.php

III. Depuis les années 1990 : une conquête de plus en plus disputée entre des
acteurs plus nombreux (monde multipolaire) et diversifiés (acteurs privés)
Sources : manuels Hatier, Magnard et Hachette principalement.

A. Des moyens d’affirmer sa puissance


1) Les nouveaux objectifs du Sea power
Jusqu’en 1945, les flottes de guerre ont trois missions :
- La guerre d’escadre : affrontement de la flotte ennemie (bataille navale)
- La guerre de course : attaque du commerce ennemi
- L’action contre la terre : bombardement des terres depuis un navire
Aujourd’hui (et globalement déjà pendant la guerre froide en fait), la marine est surtout essentielle pour :
- Préparer une action militaire terrestre (force de projection des troupes comme lors de la guerre du Golfe en 1991)
- Faire acte de présence à proximité d’un ennemi dans le cadre de la dissuasion nucléaire (notamment lors de
négociations)
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

- Réaliser un embargo : interdire la circulation des navires pour atteindre ou sortir d’un port ennemi

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Avec la mondialisation et l’accroissement du commerce de biens transportés à 90% par voie maritime, les mers et océans
focalisent plus encore l’intérêt des puissants. Il s’agit en effet de sécuriser les routes commerciales maritimes (afin
d’assurer approvisionnements et exportations) comme d’ailleurs les lieux d’extraction de ressources sous-marines (flotte
de pêche, mines). Cette mission est d’autant plus importante qu’on constate une résurgence de la piraterie, notamment
en Asie du sud-est (détroit de Malaca et Singapour), dans le Golfe de Guinée et au large de la Somalie et du Yemen.

2) Le Space Power : un nouveau moyen d’affirmer la puissance d’un Etat


La maîtrise de l’espace offre d’abord une image de prestige à un Etat, car rares sont les puissances spatiales, les pays
capables financièrement et techniquement de se projeter dans l’espace et qui participent scientifiquement à ce qui est
perçu comme une avancée de l’humanité au-delà de la frontière de l’œkoumène.
Par ailleurs, la conquête spatiale offre d’autres avantages plus concrets, qui sont mis en évidence par le concept de « space
power » : il s’agit de la capacité d’un Etat à se projeter dans l’espace pour satisfaire ses besoins en termes d’applications
civiles (satellites de télécommunication) et/ou militaires (géolocalisation, envoi de missiles).

B. Des espaces de plus en plus militarisés


1) Les nouvelles formes de la puissance navale
DIAPO : La mer est avant tout un support de projection de la puissance. Ce sont les porte-avions nucléaires qui en sont
aujourd’hui les symboles : ils permettent en effet de projeter des troupes terrestres et de préparer des bombardements (y
compris nucléaires) partout sur le globe.
En savoir plus : https://www.lefigaro.fr/international/quels-sont-les-atouts-d-un-porte-avions-nucleaire-20201208
Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins participent également à cette puissance en raison de leur autonomie et de
leur action discrète sous toutes les latitudes.
Les rivalités sur les mers se lisent dans les querelles de délimitation de ZEE, dans les conflits entre navires de pêche
(notamment les Chinois qui essaient de s’imposer en dehors de leur ZEE) ou encore dans la course au contrôle du passage
du nord-est que le réchauffement climatique laisse de plus en plus libre (cf. introduction).
DIAPO : Exposé possible : la ruée vers l’Arctique
En savoir plus :
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/expliquez-nous/expliquez-nous-le-passage-maritime-du-nord-est_2926939.html
https://www.franceinter.fr/emissions/un-jour-dans-le-monde/un-jour-dans-le-monde-03-janvier-2017
https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/le-passage-du-nord-est-na-pas-encore-convaincu-les-armateurs-
141066
Carte : https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/L-Arctique-convoite-2015-08-18-1345567
https://www.franceculture.fr/geopolitique/le-rechauffement-climatique-aiguise-les-appetits-dans-larctique
« Le premier de ces chemins a été baptisé “voie du nord est” : il s’étend de la Norvège au détroit de Béring et longe les côtes
russes au nord de la Sibérie. Il a été emprunté pour la première fois en octobre 2018 par un porte conteneur danois, le Venta
Maersk, chargé de 3 600 conteneurs, et dont le voyage a duré cinq semaines derrière un brise-glace russe. Une première qui
n’avait valeur que de test car les lignes régulières ne sont pas envisagées avant dix ans par les principaux armateurs. Ce chemin
est plus rapide, deux semaines de moins que la route du sud (par la Méditerranée, le canal de Suez et l’océan Indien). Il est aussi
plus sûr car la piraterie est absente de l’Arctique. Mais il reste plus coûteux car le navire qui choisit cette route doit être
accompagné d’un brise-glace, qu’il faut payer.
Le second chemin envisagé est la “voie du nord ouest”, le long des côtes du Canada. Mais il est plus difficile d’accès car il implique
de passer à travers un archipel de nombreuses petites îles où les icebergs restent nombreux et où la météo demeure capricieuse
(brouillard notamment).
La fonte de la banquise offre enfin la possibilité d’exploiter les fonds marins riches en ressources diverses. L’Arctique posséderait
près d’un quart des ressources mondiales en énergie fossile, d’après un rapport de 2008 de l’US Geological survey : 30% du gaz
naturel, 13% du pétrole et beaucoup de gaz liquéfié, en particulier dans la péninsule de Yamal. Sans compter de l’uranium, de l’or,
du nickel, du zinc et du charbon. La prospection et l’exploitation ont déjà commencé et pourraient s’accélérer avec le
réchauffement de la planète. […]
En première ligne pour exploiter les ressources de l’Arctique se trouve la Russie. Le pays est celui qui dispose de la plus grande
frontière au contact de l’océan glacial, devant le Canada, les États-Unis (via l’Alaska), le Danemark (avec le Groenland) et la
Norvège.
Depuis les années 2010, la Russie a entrepris de réutiliser d’anciennes bases soviétiques abandonnées au moment de la chute de
l’URSS. Début avril, Moscou a fait venir plusieurs journalistes, y compris occidentaux, afin de présenter sa nouvelle installation
offrant tout le confort moderne aux 250 soldats stationnés. […] Au total, la Russie développe une présence militaire de 6 000
hommes dans le cercle Arctique. Le pays s’est aussi lancé dans la construction de brise-glaces nucléaires, censés ouvrir la voie aux
bateaux qui choisiront la voie du nord est. Moscou lorgne également sur une partie des eaux internationales proches du pôle
Nord : en vertu de la Convention de l’ONU sur le droit de la mer, un pays peut revendiquer sa souveraineté sur une zone si cette
dernière fait partie de son plateau continental. Or, le relief sous marin est très accidenté dans l’Arctique et une chaîne de
montagne - la dorsale de Lomonossov - permet à Moscou d’appuyer ses revendications auprès de l’ONU. En 2007, des scientifiques
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

russes avaient d'ailleurs planté symboliquement un drapeau à 4 200 m de fond pour affirmer la souveraineté de Moscou,

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déclenchant de vives protestations des autres pays polaires : Canada et Danemark notamment.
Ottawa et Copenhague mènent par ailleurs leurs propres campagnes auprès de l'ONU afin d'appuyer leurs revendications
territoriales sur le pôle Nord. »
2) Le risque nouveau d’une militarisation de l’espace malgré le traité de Washington
DIAPO : Le traité de Washington oblige en théorie à n’utiliser l’espace qu’à des fins pacifiques. Pourtant, il est clair
qu’aujourd’hui l’espace se militarise d’abord parce qu’il s’agit de contrôler ce territoire extra-terrestre au même titre que
ceux, terrestres, sur lesquels s’exerce classiquement la souveraineté des Etats en raison des activités qui s’y déroulent.
En outre, l’espace offre des opportunités militaires nouvelles : on l’a dit, les satellites qui servent à l’observation… peuvent
être utilisés pour l’espionnage, la géolocalisation des ennemis en cas de conflit ou offrir des possibilités accrues de
télécommunications sur des terrains d’opération coupés du réseau classique. La Chine, avec par exemple la constellation
Beidu, est en train de rattraper son retard dans ce domaine vis-à-vis des Etats-Unis.
Par ailleurs, les puissances militaires et spatiales sont en train de mettre au point un arsenal pour mettre hors d’état de
nuire/servir les satellites militaires et civils ennemis soit grâce à des systèmes de brouillage, soit grâce à des missiles
antisatellites, soit grâce à des minisatellites de maintenance dotés d’un bras robot capables de désorbiter un autre satellite,
etc.
Au total, on estime que les Etats-Unis possèdent 130 satellites militaires en orbite et la Chine 68 en 2020.
Enfin, si l’IDS n’était qu’un programme fantoche destiné à faire peur à l’URSS et à augmenter ses dépenses spatiales et
militaires, il n’est pas impossible que les chercheurs développent des technologies d’armement nouvelles dont l’espace
pourrait être le support.
C’est pourquoi, à l’été 2019, Etats-Unis et France se sont dotés d’un commandement militaire de l’espace rattaché dans
les deux cas à l’armée de l’Air : l’US Space Force et l’Armée de l’Air et de l’Espace. La Chine l’avait fait dès 2015 avec la FSS
(Force de Soutien Stratégique) qui s’occupe des systèmes spatiaux et des systèmes de réseaux (datasphère).

En savoir plus : https://www.areion24.news/2019/10/25/la-force-spatiale-chinoise/


Article très précis sur les forces militaires déployées par les puissances spatiales.
Une gouvernance pour contester la supériorité américaine
Le concept de space force, en tant que composante à part entière des forces armées, n’est pas né aux États-Unis, mais bien en
Chine. […] Après avoir longuement étudié les questions posées par le big data, et les vulnérabilités du dispositif cyber et spatial
américain, Xi Jinping parvient à bouleverser l’organisation de l’Armée Populaire de Libération (APL), pour rassembler ces deux
domaines d’opération sous l’autorité directe de la Commission militaire centrale. Ainsi naît en 2015 la Force de Soutien
Stratégique (FSS), le premier commandement intégré affecté à la guerre dans la datasphère, mais aussi dans le champ cognitif.
Pour Pékin, l’effort consiste ici à fusionner l’ensemble des informations provenant de ses systèmes ISR (5) avec plus d’agilité que
le dispositif américain, qui reste souvent pénalisé par la multiplicité des couches redondantes. Cela dans le but de doper la
réactivité de la boucle décisionnelle OODA (6) chinoise, mais surtout de sa kill chain, jusqu’à la destruction totale des systèmes
adverses. […] Deux départements structurent désormais la FSS, les Systèmes spatiaux et les Systèmes de réseaux. Contrairement
au modèle occidental, ceux-ci s’organisent non par domaine (air, terre, mer, spatial, cyber), mais par type de mission
(reconnaissance, offensive, défensive). […]
La flotte spatiale
[…] Après un record absolu de 40 lancements réussis en 2018, il est désormais acquis que Pékin disposera dans 12 mois d’une
capacité de renseignement spatiale tous temps et sans interruption à l’échelle du globe. En complément de ses capacités de
reconnaissance, le système de géolocalisation Beidou vient récemment de passer d’un niveau régional à un niveau mondial, et la
mise en place d’une constellation de satellites de communication à cryptage quantique prépare l’émergence d’un Internet chinois
dual ultrasécurisé. Avec 68 satellites militaires, Pékin se place d’ores et déjà en challenger de la flotte spatiale américaine.
Le plus connu de ces programmes est sans aucun doute la constellation Beidou, qui a pour but d’offrir à la Chine et à ses alliés
une autonomie de positionnement complète pour les plates-formes de combat et les munitions guidées. […] Pour ses
communications sécurisées, l’APL dispose de trois satellites Shen Tong-2 en orbite géostationnaire. Mais elle a procédé le 16 août
2016, […] à la mise sur orbite du premier satellite doté d’une capacité de cryptologie quantique, Mozi. Une technologie d’autant
plus stratégique qu’elle est réputée non interceptable. Si les tests qui se sont achevés à l’automne 2018 parviennent à valider
des communications distantes de 1 200 km en conditions de combat, l’APL financera alors la production d’une vingtaine de
satellites en orbite moyenne pour disposer d’une couverture mondiale.
Mais Pékin a surtout porté l’effort sur les satellites de reconnaissance pour répondre segment par segment aux capacités
américaines, et selon un rythme qui s’accélère depuis 30 mois. En matière d’imagerie, on dénombre un satellite de
cartographie 3D ZY-3 et quatre satellites SAR JB7 et JBx d’une résolution inférieure au mètre, secondés par une constellation de
12 Yaogan-30 pour en fournir le complément optique. Une constellation de quatre satellites LKW à très forte résolution dans le
visible et l’infrarouge est opérationnelle depuis 2017. Le 24 décembre dernier, un satellite d’alerte avancée de 2,4 t, le TJS-3,
a été placé en orbite géostationnaire au-dessus du territoire américain pour détecter les tirs de missiles intercontinentaux. Ce
dispositif d’alerte est également relayé par une constellation de neuf satellites ELINT (Yaogan-20, -25, -31) de surveillance des
plates-formes navales semblables aux NOSS américains. Les plates-formes d’écoute sont également multiples. […]
Mais, surtout, afin de densifier encore son maillage, la FSS a également sous sa responsabilité l’ensemble des satellites civils dont
les performances offrent désormais un usage dual. Évoquons notamment la future constellation d’imagerie Magpie […] Et enfin,
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

le satellite infrarouge Gaofen-5 qui, grâce à ses capteurs SWIR (Short-Wave Infrared), permet depuis mai 2018 de surveiller les

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espaces aériens et d’identifier les plates-formes furtives comme les drones, les missiles de croisière ou les bombardiers B-2 (7).
Les armes antisatellites
Les missions classifiées de la navette automatique américaine X-37A depuis 2010 ont radicalisé la position des Russes et des
Chinois. C’est la mise en service opérationnel par Pékin des armes antisatellites, comme le véhicule d’attaque transorbital
manœuvrant Shiyan-7, le missile DN-3 à l’été 2017, ou encore les armements à énergie dirigée qui ont poussé Washington
à créer sa propre Space Force l’été dernier. […] Afin de pouvoir neutraliser l’ensemble des satellites de renseignement ou de
communication adverses, l’APL a mis en place plusieurs types de vecteurs déployés sur des rampes de lancement mobiles, en
mesure de traiter les différents types d’orbites sur lesquels évoluent les 130 satellites militaires américains, mais aussi les
satellites de communication civils qui relaient les quatre cinquièmes de la bande passante utilisée par le Pentagone pour ses
systèmes. Au moins 40 de ces missiles d’une portée de 1 700 à 2 500 km auraient été produits pour neutraliser les satellites de
reconnaissance placés en orbite basse et moyenne (de 400 à 1 000 km), des satellites critiques pour le dispositif de renseignement
américain. […] Depuis 2010, les Chinois multiplient les essais de leur Dong Neng-3, qui se veut l’équivalent du SM-3 américain. Il
s’agit d’un atout critique qui doit leur permettre de disposer d’une capacité antimissile exoatmosphérique pour neutraliser les
menaces hypersoniques. […] Dès qu’il entrera en service opérationnel, les satellites stratégiques américains comme ceux de leurs
alliés seront vulnérables. Et ceux-ci sont légion, de la constellation GPS aux satellites SIGINT, en passant par le futur satellite
IMINT large champ MOIRE (Membrane Optical Imager for Real-Time Exploitation), et d’alerte avancée OPIR (Overhead Persistent
Infrared), ainsi que ceux destinés aux communications les plus sensibles du commandement américain, comme CBAS ou AEHF.
Les missiles antisatellites ne sont pas les seuls armements sur lesquels travaille l’APL dans le cadre du Projet 863. En parallèle des
dispositifs d’attaque cyber des systèmes de contrôle spatiaux adverses ou de brouillage, le groupe CETC a publié en 2017 des
travaux financés par l’APL démontrant ses capacités à neutraliser des débris spatiaux avec un laser de haute puissance (9[…]
Depuis, deux autres sites mènent des travaux sur l’armement laser […]
Or l’APL dispose également de véhicules ASAT coorbitaux. Photographiée pour la première fois en 2008, la navette automatique
chinoise Shen Long, qui se veut la réponse au X-37A américain, a effectué son premier vol d’essai en janvier 2011. Mais d’autres
plates-formes sont également disponibles. En 2008, un microsatellite de 40 kg, le BX-1, avait été largué par la station Shenzou-7
sur une trajectoire de collision avec la station ISS avant d’être détecté. Mais c’est la famille des minisatellites de maintenance
Shiyan qui préoccupe le plus les Occidentaux. Manœuvrants et dotés d’un bras robot, ceux-ci, officiellement destinés aux
opérations de maintenance, peuvent en toute discrétion capturer un satellite pour le désorbiter, ou altérer ses capacités
d’alerte. Pékin se dote donc de capacités analogues à celles des Américains qui ont déployé le satellite d’écoute de satellites
Nemesis, ou encore la plate-forme d’inspection XSS.
En somme, la Chine s’emploie à constituer un arsenal spatial complet qui sera susceptible de neutraliser, avec un préavis très
court, la quasi-totalité des satellites militaires, mais aussi duaux, adverses. Une capacité qui la met en position d’infliger des
dommages considérables non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan économique, et donc politique. En cela, la
FSS, qui regroupe l’ensemble des capacités cyber et spatiales chinoises, constitue à elle seule un instrument de guerre systémique
global, mais surtout une force de dissuasion à part entière.

C. Des acteurs plus nombreux


1) Les puissances traditionnelles sont toujours dominantes
DIAPO : Les Etats-Unis restent la puissance Thalassocrator, maîtresse des mers, la seule à détenir une marine présente sur
tous les océans du globe (7 flottes sont réparties sur le globe) et capable de projeter des troupes et de bombarder tous les
territoires du monde. Ils disposent de 11 porte-avions (sur les 16 mondiaux) et 10 porte-aéronefs (sur 32).
France et Royaume-Uni restent de grandes puissances navales de classe mondiale, grâce aussi une présence sur toutes les
océans, servis par leur immense ZEE (la France possède notamment énormément de territoires ultramarins insulaires où
sont installées des bases points d’appui). Cette-dernière possède aussi un porte-avion nucléaire, le Charles-de-Gaulle qui
sera remplacé en 2038 par un nouveau bâtiment.
Les Etats-Unis, avec un quart des satellites en orbite, restent l’hyperpuissance spatiale, tandis que l’Europe spatiale
possède le 3e budget mondial dans ce domaine.

2) L’émergence de nouvelles puissances navales et spatiales, reflet du rééquilibrage géopolitique du monde


Il apparaît clairement depuis une trentaine d’années (et une accélération depuis une décennie) que les puissances
émergentes et réémergentes s’affirment également sur les océans et dans l’espace.
La liste des porte-avions en service est significative : 2 pour la Chine, 1 pour l’Inde, 1 pour la Russie.
Il en va de même pour l’activité spatiale de ces Etats : ancienne pour l’URSS, elle est récente mais en développement très
rapide pour la Chine (cf. OTC : 1er taïkonaute en 2013, alunissage d’un module sur la face cachée de la lune en 2019 ; projets
pour une station spatiale en 2024, une base lunaire permanente en 2030) et l’Inde (en 2013, sonde spatiale sur Mars avant
la Chine ; en 2019, 4e puissance à abattre un satellite après EU, Russie et Chine ; échec en 2019 de l’alunissage d’un module).
D’autres Etats montrent des capacités plus rudimentaires mais en progression : Israël, Iran, Corée du Nord.
En savoir plus sur le programme spatial indien : https://www.franceculture.fr/politique/le-programme-spatial-indien-une-
ambition-a-bas-cout
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

3) Le rôle nouveau (pour l’espace) des acteurs privés

18
DIAPO : Les entreprises privées ont récemment fait leur entrée dans la course à l’espace, mais de manière tonitruante : il
s’agit de SpaceX d’Elon Musk (fondateur de Tesla), de Virgin Galactic (du groupe Virgin du milliardaire Richard Brandson),
Blue Origin de Jeff Bezos (fondateur d’Amazon), Vulcan Aerospace (du cofondateur de Microsoft Paul Allen). Ce sont
essentiellement des firmes américaines du high tech. La firme chinoise OneSpace rencontre plus de difficultés techniques.
Elles ont l’avantage de disposer de ressources financières et technologiques.
Elles pensent l’espace comme une opportunité économique : lancement de satellites, tourisme spatial, sous-traitance
pour les agences spatiales qu’elles finissent par concurrencer (SpaceX envoie des astronautes dans l’ISS : 3 Américains et
1 Japonais en novembre 2020 grâce à la fusée Falcon 9 d’où s’est détachée la capsule Dragon, avril 2021 … mettant fin à 9
ans de dépendance vis-à-vis du Soyouz russe : le Français Thomas Pesquet).
En savoir plus : https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-16-novembre-2020 et
https://www.huffingtonpost.fr/entry/capsule-dragon-spacex-a-reussi-arrimage-station-spatiale-
internationale_fr_5fb3641bc5b6d878180a7b21
Ces nouvelles entreprises ont des ambitions importantes : Elon Musk souhaite envoyer des vaisseaux sur Mars d’ici 2022
puis initier des missions habitées d’ici 2024 pour y établir des colonies.
Autre exemple : Planetary Resources est une entreprise américaine créée en novembre 2010 qui a pour objectif de
développer des séries de satellites à coût réduit permettant d'identifier les astéroïdes accessibles et riches en ressources
minières (métaux, glace d'eau), de développer les techniques d'exploitation minière dans l'espace et à très long terme de
réaliser l'exploitation minière des astéroïdes. La compagnie est financée entre autres par James Cameron.

La place ces acteurs privés se renforce tellement qu’est née la notion de « new space » pour désigner l’arrivée de nouveaux
entrepreneurs privés pour développer les technologies spatiales, en opposition au « old space » (Etats et institutions
publiques). Ces nouveaux acteurs posent d’ailleurs des questions nouvelles en matière de souveraineté des territoires,
d’appropriation des ressources, etc.

 La conquête/maîtrise des océans et de l’espace sont à la fois des manifestations et des instruments de la puissance :
- Manifestation car il faut disposer de moyens importants financiers et technologiques pour y parvenir
- Instruments car en retour cela offre des opportunités économiques (utilisation des ressources), scientifique
(progrès dans la connaissance et la technologie) et militaires (capacité de projection militaire et moyen de
dissuasion nucléaire avec les océans, satellites d’observation et télécommunication dans l’espace)
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

19
AX E 2 : ENJEUX DIPLOMATI QUES ET COOP ERATI ONS

Jalon 1 : Coopérer pour développer la recherche : la station spatiale internationale

DIAPO : Activité individuelle préalable à la maison :


Consigne : Visionnez les vidéos puis rédigez une synthèse.
- Histoire des stations spatiales internationales : https://ru.ambafrance.org/L-histoire-des-stations-spatiales-VF
- Création de l’ISS : https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/thomas-pesquet/video-retour-vers-l-info-la-
construction-de-la-station-spatiale-internationale_1921695.html
- A quoi sert à la station spatiale internationale : https://www.lemonde.fr/cosmos/video/2016/02/18/a-quoi-sert-la-
station-spatiale-internationale_4868072_1650695.html
- En complément pour les plus intéressés : visite guidée de l’ISS (très descriptive sur les différentes salles) :
https://www.youtube.com/watch?v=9wl8FKoqCZU et France culture, émission La méthode scientifique du 6 juin
2017 : « Station Spatiale Internationale : un labo là-haut » (57 min) : https://www.franceculture.fr/emissions/la-
methode-scientifique/station-spatiale-internationale-un-labo-la-haut

Proposition de correction rapide :


Il a existé avant l’ISS un grand nombre d’autres stations spatiales, dont la majorité fut soviétique ou russe (6 « Saliout » se
sont succédées de 1971 à 1982 et surtout la dernière MIR) ; les Etats Unis ont utilisé Skylab de 1973 à 1979.
L’ISS est créée à partir de 1998 et devient habitable en 2001 après 3 ans d’assemblage d’une centaine de pièces. 16 pays y
ont participé dont les Etats-Unis, la Russie et les pays européens (la France paye ¼ des dépenses). Elle a coûté 150 milliards
de dollars jusqu’à présent. Elle sera désinstallée en 2024.
Elle sert à mieux comprendre le comportement du corps humain dans l’espace, à faire des expériences qu’il serait plus
difficile de faire sur Terre (par exemple production d’une forme de traitement contre le cancer). Enfin des technologies
développées pour la station sont ensuite réutilisables sur Terre.

Activité individuelle puis en binômes : débat sur l’ISS, symbole du multilatéralisme (activité du manuel Hachette)
Consigne : Après avoir lu le dossier du manuel sur la station spatiale internationales aux pages 52 à 55, réfléchissez à la
validité de l’affirmation suivante : « La station spatiale internationale est un exemple de multilatéralisme ».

La station spatiale internationale est un exemple de


Un multilatéralisme limité ou contestable
multilatéralisme
Projet qui depuis son origine est porté par plusieurs Etats-Unis à l’origine du projet
agences spatiales nationales ou plurinationales (EU, Etats
européens, Canada, Japon et Russie à partir de 1993)
Financement partagé de l’ISS Les Etats-Unis sont à l’origine de la plus grande part du
financement (76.6% de la partie occidentale de la station
contre 12.8% pour le Japon, 8.3% pour les Européens et
2.3% pour le Canada) : 1 et 2 p.54
Apport technologique des différents participants : visibles Les Russes imposent la présence permanente de 2 Russes
dans les différentes parties de l’ISS qui sont issues de dans la station en raison du commandement forcément
laboratoires différents (1 p.52) russe de la capsule Soyouz utilisée pour envoyer et ramener
Le transfert de technologie russe à partir de 1993 a été les astronautes de l’ISS.
notamment très appréciable pour les Etats-Unis. La capsule
Soyouz (4 p.55) permettant de rejoindre l’ISS a été la seule
à pouvoir accomplir cette mission pendant la dernière
décennie (SpaceX redonne une indépendance aux Etats-
Unis).
17 Etats y ont déjà envoyé au moins un astronaute Mais leur nombre par nationalité varie beaucoup, en
grande partie en fonction du financement (54 pour les
Américains, 41 Russes mais seulement 6 Japonais en 3e
position ou encore 2 Français) : 3 p.54
Des chercheurs du monde entier ont pu profiter des
expériences réalisées à bord de l’ISS.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

En 2018, une 1ère expérience scientifique chinoise sur l’ADN Absence de collaboration avec la Chine car les Etats-Unis

20
a été réalisée dans la partie américaine de la station. refusent de laisser profiter à ce pays des technologies
américaines depuis l’amendement Wolf de 2011 (5 p.55)
Existence de projets rivaux : Chine et Inde veulent toutes
deux créer une station spatiale nationale
La participation croissante d’acteurs privés change la
donne : il s’agit désormais d’une coopération plus vaste
(publique et privée)

Quels sont les objectifs de la coopération multilatérale ?


- Partager les coûts pharaoniques
- Profiter des apports technologiques de chaque puissance
- Participer à un rapprochement diplomatique entre les Etats et donc réduire les risques de conflits entre eux

DIAPO : Exposé possible : Thomas Pesquet, enjeu de la puissance pour la France (activité proposée page 57 du manuel Hachette)
Comment la médiatisation de Thomas Pesquet révèle-t-elle les enjeux de puissance que recouvrent les investissements
français dans la conquête spatiale ?
https://larevuedesmedias.ina.fr/thomas-pesquet-moteur-de-la-mediatisation-de-lespace
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/les-quatre-vrais-enjeux-de-la-france-a-la-
conference-ministerielle-de-l-esa-833995.html
http://www.supdecommag.com/actualites-de-la-communication/thomas-pesquet-une-marque-creee-par-lesa
https://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/4350/files/2020/06/E4-10-FLORIS.pdf

Jalon 2 : Rivalités et coopérations dans le partage, l’exploitation et la préservation des ressources de la mer et des océans
Activité en binômes : ACTIVITE 7 : RIVALITES ET COOPERATIONS DANS LES MERS DU GLOBE
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Iles Spratley Îles Senkaku Détroit d’Ormuz Turquie/Grèce près de Chypre

21
Archipel de 14 îles coraliennes en mer de Chine 5 îles et 3 rochers au nord-est de Taïwan et au sud- Détroit qui permet le passage du golfe Persique Différends entre Grèce et
Lieu et
méridionale. Conflit depuis la défaite japonaise ouest du Japon en Mer de Chine orientale, au golfe d’Oman, puis à la mer d’Arabie et à Turquie qui datent de plus d’un
dates/durée
en 1945. administrées par le Japon depuis le XIXe s. mais l’océan Indien siècle
du conflit
revendiquées par la Chine depuis 1970° Tensions surtout depuis 2015.
Récifs coraliens quasi déserts mais qui recèlent Conflit territorial lié à la découverte de richesses en Détroit stratégique pour l’exportation des Proximité des territoires ;
des ressources en gaz, pétrole et poissons. Par hydrocarbures offshore et aux ressources hydrocarbures (1/3 du pétrole et ¼ du gaz Richesses en hydrocarbures des
ailleurs, leur situation est stratégique, car c’est halieutiques importantes. La mer de Chine transportés par méthanier y passent). fonds
Raisons de la le lieu de passage du tiers du trafic maritime méridionale est aussi un lieu stratégique de passage Absence de convention internationale donc La Turquie rejette les règles de
rivalité mondial. Ces avantages expliquent les pour le trafic maritime mondial = similaire aux îles application des règles de Montego Bay : le Montego Bay + volonté de
revendications territoriales, accentuées par le Spratley sultanat d’Oman et l’Iran se partagent en s’affirmer comme puissance
nationalisme dans la région. + conflit pour le leadership régional entre les deux coopération la souveraineté mais le « passage en régionale
puissances transit » est autorisé.
Les USA contestent cette souveraineté.
Déploiement de forces militaires (navales et En janvier 2021, la Chine a adopté une loi autorisant Depuis 1979, l’Iran a plusieurs fois menacé de Aout 2020 : la Turquie a envoyé
aériennes) par 5 des 6 Etats, accrochages en mer ses garde-côtes à faire usage de la force, même sans fermer le détroit. Le détroit a été une des un navire de prospection
notamment entre pêcheurs et garde-côtes. sommation, dans les eaux placées « sous juridiction théâtres de la guerre Irak/Iran (« guerre des sismique escorté par des navires
Formes,
Construction d’îles artificielles par la Chine chinoise »… et ces îles en font partie selon elle d’où pétroliers » : attaque des pétroliers des alliés de de guerre pour sonder les fonds
manifestations
Intervention chinoise en 1988 sur un îlot qui a des incursions de navires de guerre dans les eaux l’Irak), mais il n’a pas été fermé. d’une zone qu’elle revendique à
du conflit
fait 64 morts vietnamiens. territoriales de l’archipel. Aujourd’hui : renforcement de la présence navale la Grèce. En réponse,
En retour montée en puissance de la marine américaine dans la région + déploiement de la manœuvres navales grecques,
japonaise dans cette zone. flotte iranienne. Plusieurs navires saisis. puis exercices militaires turcs
La Chine estime depuis 1946 et l’expulsion des Chine et Taïwan : dès la dynastie des Ming (XIVe- Les USA ne reconnaissent pas les accords de Contestation sur l’interprétation
Japonais que c’est son territoire ancestral (et les XVIe siècles), des traces de ces îles sont présentes Montego Bay et disent que le détroit est un de la ZEE : la Grèce veut
deux Etats qui lui succèdent – Chine et Taïwan dans la littérature et la cartographie chinoises. couloir de circulation donc qu’il s’agit d’eaux appliquer les règles de Montego
– conservent cette revendication). Le Vietnam Taïwan ajoute l’argument géographique (proximité) internationales. Bay et la Turquie les refuse.
Acteurs et
revendique ces îles depuis la fin de la guerre Japon : souveraineté depuis le XIXe (et îles L’Iran revendique la souveraineté sur ces eaux + conflit territorial sur l’île de
revendications
d’Indochine en 1954. inoccupées auparavant) ; plusieurs traités officiels la territoriales à moins de 12 milles de ses côtes. Chypre dont la Turquie contrôle
argumentées
En 1956, constatant que certaines îles sont reconnaissent. la partie nord, ce que conteste la
de chacun
désertes, les Philippines en prennent Contexte par ailleurs tendu entre USA et Iran en Grèce
possession. raison du programme nucléaire iranien.
Au nom de la règle de la ZEE, le quart sud des
îles appartient à la Malaisie et le quart est au
sultanat de Brunei.
Les Etats-Unis, alliés des Philippines et qui ont Le traité de paix entre la République de Chine et le L’Iran n’a pas intérêt à fermer le détroit car cela Vu l’impossibilité pour les Turcs
passé des accords de coopération avec le Japon d’avril 1972 règle officiellement les différends réduirait ses chances de vendre ses propres de traverser la mer Egée sans
Vietnam, tentent de négocier de manière territoriaux entre les deux pays, mais pas pour ces hydrocarbures et parce que le Qatar et l’Irak en passer par les eaux territoriales
Tentatives de
multilatérale avec la Chine. Japon et Inde sont îles. seraient aussi victimes. grecques si la règles des 12 milles
solution s’il en
également impliqués 2008 : décision de la mise en place d’une gestion En juin 2019, D. Trump a sommé la Chine et le était respectée (donc fixé à 6).
existe
Le tribunal de La Haye a tranché en faveur des conjointe des ressources, mais la Chine reste Japon de participer à une coalition internationale
Philippines contre la Chine, mais celle-ci a refusé agressive pour assurer la sécurité de la navigation à Ormuz.
la décision. Présence des Etats-Unis, alliés historiques du Japon
Refus des plans de partage proposés.
Sitographie Source 1 ; source 2 ; source 3 Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 ; source 3
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Passage du Nord-est La guerre du hareng Le Brexit et « guerre de la pêche » Iles Eparses et notamment les Glorieuses

22
(îles Féroé/UE)
Lieu et Arctique et notamment le passage Iles Féroé/UE entre août 2013 et mai 2014 Pendant les négociations sur le Brexit (surtout 5 atolls de l’océan Indien situé autour de
dates/durée du par la mer de Norvège et le nord de la fin 2020) et conflit relancé en avril 2021 ; il Madagascar sous souveraineté française… mais
conflit Russie jusqu’au détroit de Béring. concerne les eaux territoriales et de ZEE revendiqué par Madagascar depuis 1979, mais
Tensions croissantes depuis quelques britanniques tensions accrues depuis juin 2019
années.
Raisons de la Nouvelle route maritime qui Gestion non durable du stock des harengs Question de la réglementation de la pêche dans Iles en grande partie inhabitées (en dehors de
rivalité raccourcirait les déplacements de par les pêcheurs des îles Féroé les eaux britanniques et des Etats membres de gendarmes) mais qui donnent à la France beaucoup
navires de commerce entre Europe et l’UE après le Brexit de ZEE et sont stratégiques pour être présents dans
Asie (économie de temps et d’argent) le canal du Mozambique.
en raison du réchauffement Certaines de celles-ci sont présumées riches en
climatique. hydrocarbures.
+ présence présumée Elles abritent aussi une grande biodiversité (2500
d’hydrocarbures et minéraux espèces marines dans les Glorieuses dont 20% sont
menacées d’extinction)
Formes et La Russie se dote de puissants brise- L’UE a interdit l’importation (embargo) de Le Royaume Uni a mobilisé 4 navires de guerre La présence des militaires français a pour but
manifestations glace, a déployé des unités militaires, harengs et maquereaux provenant des îles pour protéger ses zones de pêche en cas de « no d’empêcher la pêche illégale des espèces menacées.
du conflit a médiatisé l’installation d’un Féroé et a fermé ses ports aux bateaux deal ». Refus de Madagascar que la France crée une réserve
drapeau dans les grands fonds, etc. féringiens Avant : mobilisations des pêcheurs, prises de naturelle sur les îles Glorieuses
Les îles Féroé ont porté l’affaire devant position de politiques, tensions diplomatiques… Vives tensions diplomatiques
Le passage du Nord-ouest (Etats-Unis, l’OMC et fait campagne sur les réseaux Avril 2021 : « si Londres continue de délivrer au
Canada, Danemark) est aussi sous sociaux compte-gouttes les licences de pêche pour la
tensions. zone de 6-12 milles marins, la France bloquera
toutes les autorisations sur les services
financiers qu'attendent les Britanniques pour
opérer dans l'UE après la fin de l'accès au
Marché unique »
Acteurs et 8 Etats riverains de l’Arctique UE : les pêcheurs de l’archipel violaient les L’UE veut conserver un libre accès aux eaux Madagascar : la résolution 34/91 de l'ONU adoptée
revendications Russie : sa ZEE accords sur les quotas (augmentation de britanniques pour pêcher, Londres veut les en 1979 qui "invite le gouvernement français à
argumentées Etats-Unis : liberté de navigation 229% de leurs quotas de harengs) contrôler entamer sans plus tarder des négociations avec le
de chacun Iles Féroé (souveraineté danoise) : elles gouvernement malgache en vue de la réintégration
s’estimaient lésées par les quotas décrétés des îles Eparses qui ont été séparées arbitrairement
par Bruxelles de Madagascar."
Maurice et les Comores les revendiquent aussi.
Tentatives de Sujet très débattu, par exemple au Les îles Féroé ont accepté de cesser leurs Volonté de certains Etats de trouver des accords Discussions entre E. Macron et le président
solution s’il en Conseil de l’Arctique qui s’inquiète pêches non durables et d'adopter un quota bilatéraux ave le RU indépendamment de l’UE malgache ; une commission mixte doit être mise en
existe des conséquences sur de hareng de 40 000 tonnes pour 2014 L’accord trouvé in extremis entre RU et UE a place pour faciliter les échanges.
l’environnement apaisé la situation Tout est maintenant reporté en raison de la
MAIS avril 2021 : le refus des Britanniques pandémie.
d’appliquer l’accord a conduit la France à
annoncer qu’elle pourrait se montrer « brutale »
Sitographie Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 ; source 3 Source 1 ; source 2 ; source 3
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Conseil de l’Arctique Conférence intergouvernementale sur la Convention pour la conservation de la Convention de Barcelone pour la protection

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biodiversité marine (BBNJ) faune et la flore marines de l'Antarctique de la Méditerranée
(CCAMLR)
Nom, lieu et Créé en 1996 par la déclaration d’Ottawa Créée en décembre 2017 par l’ONU, elle doit se Traité signé lors de la Conférence sur la Adoptée en 1976, elle est entrée en vigueur
date de (Canada) réunir en 4 sessions d’ici fin 2020 à l’origine conservation de la faune et la flore marines en 1978 ; sa version amendée est appliquée
l’accord mais la pandémie a conduit à un report de la de l'Antarctique à Canberra (Australie) en 20 depuis 2004 en France : « Convention pour la
multilatéral dernière session mai 1980. Protection du Milieu Marin et du Littoral de
la Méditerranée »
Objet et C’est un forum de discussion et de L’objectif est d’élaborer le texte d’un Réponse aux conséquences de la hausse des A l’origine destinée à la lutte contre la
buts de la coopération sur les questions instrument international juridiquement captures de krill dans l'océan Austral sur les pollution, elle vise maintenant plus
coopération environnementales et de développement contraignant se rapportant à la Convention des écosystèmes marins de l'Antarctique globalement la gestion durable de la
durable. Nations Unies sur le droit de la mer et portant (notamment à l'égard de la faune dont biodiversité côtière et marine et la
Elargissement récent vers la gestion des sur la conservation et l’utilisation durable de l'alimentation repose sur le krill). protection du milieu marin.
ressources, d’infrastructures, de tourisme, de la biodiversité marine des zones ne relevant Son but est globalement la conservation des
recherche scientifique. pas de la juridiction nationale ressources marines dans l’océan
En théorie, la paix et la sécurité ne sont pas de Antarctique et leur gestion durable.
sa compétence, mais ces questions restent
sous-jacentes.
Acteurs Il accueille des représentants des 8 États La Conférence est ouverte à tous les États 25 Etats et l’UE sont membres de la 22 parties contractantes : Albanie, Algérie,
concernés souverains en Arctique (USA, Canada, Membres de l’ONU, aux membres des convention qui coopère avec des Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Égypte,
Danemark, Islande, Norvège, Suède, institutions spécialisées et aux Parties à la organisations intergouvernementales et des Espagne, France, Grèce, Israël, Italie, Liban,
Finlande, Russie) et de 6 peuples autochtones Convention des Nations Unies sur le droit de la ONG Libye, Malte, Maroc, Monaco,
ainsi que 38 observateurs (13 pays non mer. A cela, s’ajoutent des observateurs (ONG Monténégro, Slovénie, Syrie, Tunisie,
arctiques dont la France, 13 organisations et autres organisations Turquie et UE = engagement de coopération
gouvernementales et 12 ONG intergouvernementales)
Moyens mis Production de rapports scientifiques par des 4 thèmes de discussion : la création d’un cadre Etudes scientifiques, décisions concernant la Application des principes de précaution et
en place groupes de travail juridique pour des aires marines protégées en gestion durable des ressources et pollueur-payeur ; études d’impact
Contributions financières non obligatoires haute mer, la mise en place d’un régime relatif surveillance environnemental en cas de projets ;
à l’accès aux ressources génétiques marines, coopération scientifique et technologique ;
l’obligation de réaliser des études d’impact information du public sur l’état de
environnemental lorsque les Etats conduisent l’environnement ; surveillance continue de la
des activités en haute mer et le renforcement pollution + Mesures juridiques
des capacités des pays en développement et au
transfert de technologies marines
Bilan Recommandations (soft laws), mais aucun Des avancées (création d’une conférence des Ses succès : réduction de la pêche illicite, Un des plus anciens traités internationaux sur
(aspects moyen de contrôle ou de suivi donc son parties, mécanismes d’échanges d’infos), mais création d’une aire marine protégée, l’environnement ; aujourd’hui elle se dilue
positifs et impact (qui existe !) est difficile à évaluer. les négociations se heurtent à des différends réduction de la mortalité aviaire dans la dans les nombreux accords qui existe.
limites) Même l’accord de 2011 sur le sauvetage en notamment entre pays en développement et région, établissement d’un programme de Bilan mitigé 30 ans après : elle a lancé le
mer et celui de 2013 sur la lutte contre la pays développés, par exemple sur le partage suivi de l’écosystème. mouvement en faveur de l'interdiction du
pollution par les hydrocarbures (1ers des bénéfices tirés de l'exploitation des Echecs : blocage par la Chine et la Russie 8 rejet en mer des déchets dangereux, et du
contraignants) ne sont mis en place qu’en ressources génétiques. années consécutives (2011-2019) de la besoin d'épurer les eaux usées, mais, elle est
fonction du bon vouloir des Etats. création de 3 nouvelles aires protégées : restée trop timide en matière de protection
remise en cause de la convention même de la biodiversité marine.
Sitographie Source 1 ; source 2 ; source 3 Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 Source 1 ; source 2 ; source 3
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

Convention pour la protection de Convention pour la conservation du "Alliance pétrolière et gazière" Commission des thons de l'océan Indien

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l’environnement marin de l’Atlantique Nord- saumon dans l’Atlantique Nord (OSCAN) entre Chypre et le Liban (CTOI)
Est (OSPAR pour Oslo-Paris)
Nom, lieu et Adoptée à Paris en septembre 1992 et Créée en 1983 ; siège à Edimbourg (Ecosse) Accord bilatéral en gestation : annonce Etablie en 1993 lors d’une session de la FAO ;
date de appliquée en 1998. C’est la fusion de la officielle de cette volonté (encore accord entré en vigueur en 1997
l’accord convention d’Oslo de 1972 (prévention de la inaboutie) en avril 2019
multilatéral pollution marine) et de celle de Paris de 1974
(rejets de substances d’origine tellurique).
Objet et buts Elle vise à prévenir et éliminer la pollution Son but est de contribuer à la conservation, Cet accord concerne l'exploration des « Assurer, par une gestion appropriée, la
de la marine résultant des activités humaines en la restauration, la mise en valeur et la fonds marins riches en hydrocarbures et conservation et l'utilisation optimale des stocks
coopération Atlantique Nord-Est afin d’en protéger les gestion rationnelle des stocks de saumon l’exploitation des gisements à cheval sur [de thons] couverts par l'établissement de
écosystèmes et la diversité biologique. dans l’Océan Atlantique Nord leurs ZEE respectives. Cela pourrait convention, et d'encourager l'organisation
Elle s’applique à l’Atlantique du nord-est soit concerner aussi le partage d’un développement durable des pêcheries
une superficie de 13,5 millions de km² (4% des d’infrastructures pour le transport et fondées sur ces stocks. »
océans) l’exportation du pétrole.
Acteurs 16 membres : les Etats riverains de Le Canada, le Danemark, l’UE, la Norvège, Chypre et le Liban 30 membres, essentiellement des pays côtiers
concernés l’Atlantique du Nord-Est (Allemagne, Belgique, la Russie et les États-Unis, ainsi que 33 de l’Océan Indien ; il y a également des parties
Danemark, Espagne, France, Irlande, Norvège, organismes non gouvernementaux ayant le coopérantes non-contractantes et des
Islande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, statut d’observateurs observateurs
Suède), ainsi que le Luxembourg, la Finlande,
la Suisse et l’UE
Moyens mis en Evaluations fréquentes de l’état du milieu Gestion des pêches (connaître les captures, / Suivi de l’état et de l’évolution des stocks ;
place marin lutter contre les pratiques illégales), analyse et diffusion de l’information
Plan d’actions pour la réduction des déchets protéger et restaurer l’habitat, améliorer scientifique ; encourager, recommander et
marins, pour la protection des espèces et les possibilités de migration, suivi coordonner les activités de recherche et de
habitats en danger ou en déclin biologique à long terme des saumons, développement (formation, transfert de
Les principes de précaution et pollueur-payeur gestion de l’aquaculture, échange de technologie) ; Mesures de Conservation et de
sont appliqués. connaissances Gestion (MCG) ; suivi des aspects économiques
et sociaux des pêcheries
Bilan (aspects Succès : recul sensible des émissions de Plutôt des succès La déclaration d’avril 2019 parlait d’un Auto-évaluation de la commission à deux
positifs et substances nucléaires dans le milieu marin : accord pour septembre de la même reprises déjà (rapport : source 3)
limites) création d’Aires Maritimes Protégées (6.1% de année, mais ce-dernier ne semble pas
la zone d’action de l’OSPAR) encore signé. La pandémie en est-elle la
Echecs : de moins bons résultats sur l’évolution cause ?
de la présence de substances dangereuses non-
radioactives.
Sitographie Source 1 ; source 2 ; source 3 Source 1 ; source 2 ; source 3 Source 1 ; source 2 ; source 3
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

I. Des coopérations croissantes au sujet des océans et de l’espace

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A. Pourquoi coopérer ? Des enjeux et intérêts communs
1) Enjeux diplomatiques et sécuritaires
Cf. Introduction et axe 1 : Espace et surtout océans connaissent une appropriation croissante par les sociétés humaines
(par exemple, on parle de plus en plus de « merritoires » pour désigner les espaces maritimes appropriés à la manière de
terres) : ces frontières sont sans cesse repoussées et pour manifester la mainmise sur un territoire, l’appropriation
s’accompagne souvent d’une militarisation. Ces deux phénomènes font craindre sinon une perte de sécurité collective du
moins une privation de droits pour certains acteurs sur des espaces qui semblaient relever jusque-là de « biens
communs ».
La nécessité de coopérer relève donc d’abord d’un enjeu diplomatique et sécuritaire. Il s’agit de trouver des solutions pour
adopter des règles communes, organiser la souveraineté sur ces espaces nouveaux et ainsi éviter les conflits.
Face à certains phénomènes tels que le changement climatique, la menace est par ailleurs planétaire : l’enjeu sécuritaire
est donc commun à tous les acteurs de la planète. Or les océans sont considérés comme certains comme un des clefs de la
lutte contre le réchauffement et l’insécurité alimentaire.
Enfin, plus simplement, la collaboration interétatique – dans quelque domaine que ce soit en définitive – peut être vu
comme un outil, un moyen de rapprochement et donc de pacification.

2) Enjeux économiques
La coopération est également rendue nécessaire pour des raisons économiques. D’abord, on a vu combien ces espaces
étaient essentiels dans le contexte de la mondialisation : transports maritimes de marchandises, câbles sous-marins,
satellites sont devenus indispensables pour supporter les flux mondiaux de biens, de services, de capitaux et
d’informations.
Par ailleurs, océans et espaces recèlent des ressources dont l’exploitation doit être encadrée : quelles ressources peut-on
exploiter ? qui en a le droit et à quel endroit ? quelles règles s’appliquent à cette exploitation ? Ces questions se posent
d’autant plus qu’il s’agit d’espaces qui sont restées longtemps en marge de l’œkoumène (c’est encore plus vrai pour l’espace
dont l’exploitation économique n’est qu’à ses débuts).

3) Enjeux scientifiques et financiers


Enfin les enjeux de connaissances ne sont pas à oublier : océans et espace sont des milieux encore en (grande) partie
méconnus et que beaucoup de domaines de la science rêvent de découvrir pour mieux comprendre notre monde. Toutefois,
cet objectif n’est réalisable qu’au prix d’efforts extrêmement complexes et coûteux. Ainsi la coopération permet la mise
en commun de cerveaux, de moyens techniques et de ressources financières et accélère donc les découvertes.

B. Depuis quand ? La chronologie de la coopération


1) Surtout depuis la fin du XIXe s. et le début du XXe s.
La coopération interétatique ou internationale ne s’épanouit réellement – au-delà des alliances militaires – qu’à partir
de la fin du XIXe s. et du début du XXe s. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les premières grandes règles internationales
comme les conventions de Genève (1864, 1906, 1929) sur les règles humanitaires à respecter en cas de guerre. Après la 1ère
guerre mondiale, c’est la naissance de la SDN et la volonté d’un grand nombre de pays de coopérer pour protéger la paix.
C’est également fin XIXe que naît une vraie coopération scientifique internationale (cf. thème sur l’enjeu de la connaissance).
A cette époque, la coopération au sujet de la conquête spatiale (pas encore vraiment débutée) est inexistante et celle au
sujet des océans n’en est qu’à ses premiers balbutiements : les crises liées à la surpêche aboutissent à la création de la
Commission Internationale pour l'Exploitation de la mer (1902) qui associe les pays de l'Atlantique nord. En 1926, se tient
la première conférence internationale sur la pollution des eaux navigables. Ces tentatives restent toutefois extrêmement
rares et limitées.
En savoir plus : https://cfv.univ-nantes.fr/histoire-des-sciences-et-techniques-de-la-mer-et-du-littoral-aux-xixe-et-xxe-siecle-la-
poursuite-de-la-conquista-et-la-violente-fabrique-de-lenvironnement-marin

2) Accélération après la 2GM


On constate une vraie accélération après la Seconde guerre mondiale, dans la foulée de la création de l’ONU, nouvelle
tentative de mise en place d’une gouvernance mondiale. C’est à cette époque aussi que se développe la mondialisation
des échanges de tout type et que débute réellement la conquête spatiale.
A cette époque, les formes de coopération qui naissent relèvent essentiellement de la logique des blocs car, on l’a vu,
océans et espace sont des lieux de compétition entre les deux Grands pendant la guerre froide.
Ex : Convention pour la conservation du saumon dans l’Atlantique Nord créée en 1983 ; Convention de Barcelone pour la
protection de la Méditerranée adoptée en 1976
Il existe toutefois des exceptions notables : le traité sur l’Antarctique signé en 1959 à la fois par les Etats-Unis et l’URSS (et
10 autres Etats) qui donne lieu en 1982 à la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines en Antarctique en
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

1982. Par ailleurs, dès 1956, l’ONU organise des conférences sur le droit de la mer (CNUDM) auxquelles participent des

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Etats des deux blocs. Elles donnent lieu notamment en 1966 à la Convention sur la pêche et la conservation des ressources
biologiques et en 1982 à la Convention de Montego Bay. Le traité sur l’espace, signé entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni
et l’URSS en 1967 est une autre illustration.
Autre contre-exemple symbolique : la rencontre le 17 juillet 1975 entre les vaisseaux Apollo (américain) et Soyouz
(soviétique) : ils restent arrimés pendant 44 heures et les deux équipages se rendent des visites de courtoisie et réalisent
ensemble des expériences de physique spatiale, de médecine, de chimie et de biologie.
En savoir plus : https://www.liberation.fr/evenement/1995/02/07/17-juillet-1975-quand-apollo-flirtait-avec-soyouz_124220/

3) Et plus encore depuis la fin de la guerre froide


La fin de la guerre froide, l’émergence de la conscience d’une urgence climatique ainsi que l’intensification du transport
maritime et la poursuite de la conquête spatiale avec des objectifs plus lointains comme Mars donnent lieu à un
renforcement des formes de coopération.
La création de l’ISS en 1998 en est le symbole.

C. Typologie des formes de coopération au sujet des océans et de l’espace


Activité individuelle : à partir du tableau sur les exemples de coopération, réalisez une typologie, c’est-à-dire essayez de
dégager des types, des sortes, des modèles de coopération (trouvez environ 4 catégories pour lesquelles vous aurez 1 à 3
exemples à chaque fois). Pour cela, vous pouvez regrouper celles qui se ressemblent et énoncer leur point commun.

1) Coopérations mêlant un nombre et une diversité variable d’acteurs


- Coopération mondiale impliquant la quasi-totalité des Etats du monde au sein de l’ONU et de ses agences
Ex : les Conférences des Nations Unies sur le Droit de la Mer ou encore les Conférence intergouvernementale sur la
biodiversité marine ; le traité sur l’espace de 1967 est aujourd’hui ratifié par une grande majorité des pays du monde.
- Coopérations régionales, par exemple autour d’un océan
Ex : Commission des thons de l'océan Indien ; Convention pour la conservation du saumon dans l’Atlantique Nord ;
Convention de Barcelone pour la protection de la Méditerranée
- Coopérations, accords bilatéraux (2 Etats)
Il existe également des coopérations, des accords passés seulement entre deux Etats voisins pour régler un conflit (accord
UE/îles Féroé en mai 2014 qui a mis fin à la guerre du hareng) ou gérer ensemble une ressource (ex de ce qu’essaient de
faire Liban et Chypre pour l’exploitation du gaz et du pétrole)
- Rôle des acteurs non étatiques dans les formes de coopération
Nombre des conférences de coopération interétatique acceptent des

2) En fonction du domaine, du secteur de la coopération


- Coopération au nom de la paix et de la sécurité
o Accord sur des règles juridiques pour ces espaces communs : traité sur l’espace de 1967, accords de
Montego Bay de 1982
o Règlement d’un conflit : les instances internationales peuvent servir d’arbitre comme le Tribunal
international du droit de la mer qui a jugé 29 affaires entre 1996 et 2020 ou encore la Cour internationale
de justice de La Haye (ex : en octobre 2018, elle donné raison au Chili en disant qu’il n’était pas obligé de
négocier un accès à l’océan Pacifique pour la Bolivie). Sinon, les Etats peuvent trouver eux-mêmes des
accords négociés, par exemple en matière de délimitation des ZEE (en 2014, Costa Rica et Equateur ont
signé un traité délimitant la ZEE des îles Galapagos).
o Pour lutter contre une menace commune : accords de Paris de 2015 contre le réchauffement climatique
(même si ça ne concerne pas les océans de manière spécifique),
- Coopérer pour préserver des « biens communs » de l’humanité
o Une ressource : Commission des thons de l'océan Indien ; Convention pour la conservation du saumon
dans l’Atlantique Nord
o L’environnement d’un territoire : conseil de l’Arctique, Convention de Barcelone pour la protection de la
Méditerranée
- Coopérer pour se répartir un bien commun
o Une ressource : accords de pêche avec quotas ; alliance pétrolière et gazière du Liban et de Chypre
o Un espace : accords bilatéraux sur les ZEE
- Coopérer pour faire progresser la science : ISS (notamment échanges fructueux entre EU et Russie) ; coopération
ESA/NASA ; des accords entre équipes de recherche en océanographie par ex (ex : la Carte bathymétrique
internationale de l’océan Arctique, essentielle pour étudier le climat global, a été publiée jeudi 9 juillet 2020 ; elle
est le fruit du travail d’une équipe internationale).
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

II. Les limites de la coopération

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A. Obstacles à la coopération
Opposition au nom d’intérêts nationaux, notamment économiques
Ex : les Etats-Unis ont toujours eu cette attitude isolationniste (devise « America first ») les poussant à rejeter tout accord
international qui nuirait à leurs intérêts. Par exemple, par le Space Act de 2015, ils se sont donnés le droit de vendre les
ressources naturelles des astres, ce qui semble entrer en contradiction avec le traité sur l’espace de 1967.
Ex : les accords concernant la protection de l’environnement sont souvent rejetés au nom de l’intérêt économique. C’est le
cas des îles Glorieuses que Madagascar revendique pour exploiter les richesses halieutiques de leur ZEE alors que la France
qui les contrôle souhaite créer une réserve marine.
En savoir plus : https://www.voaafrique.com/a/la-france-veut-classer-en-r%C3%A9serve-naturelle-une-%C3%AEle-
revendiqu%C3%A9e-par-madagascar/5136302.html

De manière plus générale la compétition l’emporte régulièrement sur la collaboration


Ex : La Chine ne participe pas à l’ISS et désormais en construit une station spatiale chinoise qui tend à la concurrencer.
D’ailleurs la coopération russo-américaine semble menacée par le vieillissement de la station et par le regain de concurrence
entre les deux Etats. Après 2024, les chemins de la Russie et des Etats-Unis se sépareront sans doute dans ce domaine. La
Russie a en effet annoncé en mai 2021 se lancer dans un programme de construction de sa propre station. Les Etats-Unis
ont quant à eux parler de la privatiser.
En savoir plus :
https://www.ouest-france.fr/sciences/espace/station-spatiale/cinq-questions-sur-la-station-spatiale-chinoise-dont-la-premiere-
brique-vient-d-etre-mise-en-orbite-91e9e782-a8c5-11eb-a2f9-f7b5d2c81d6b
https://www.france24.com/fr/%C3%A9co-tech/20210423-pourquoi-la-russie-veut-quitter-l-iss-pour-construire-sa-propre-
station-spatiale

C’est notamment le domaine de la protection de l’environnement qui fait le moins consensus (cf. thème sur
l’environnement) car tout accord obligerait les Etats à payer ou à moins utiliser des espaces maritimes lucratifs par exemple,
alors même que la haute mer est reconnue comme « bien commun de l’humanité ». Depuis 2018, les difficultés des
discussions de la BBJN (Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine) qui cherche notamment à créer des
AMP (aires maritimes protégées) sont symboliques de ce phénomène.
En savoir plus : https://www.liberation.fr/debats/2019/09/06/biodiversite-des-espaces-maritimes-des-discussions-au-
ralenti_1749474/

B. Manifestations des lacunes de la coopération


1) Difficulté à faire adopter des règles à tous : limites de la gouvernance mondiale
DIAPO : Ex : les accords de Montego Bay : 15 Etats n’ont pas signé la convention sur le droit de la mer (Etats-Unis, Pérou,
Israël, Palestine, Syrie, Turquie, pays d’Asie centrale…) et d’autres l’ont signé mais non ratifié (Mali, Bolivie,…)
Ex : le traité sur l’espace de 1967 : signé à l’origine par Etats-Unis, Royaume-Uni et URSS rejoints par la France en 1970, il a
été depuis signé par 134 pays du monde dont 111 l’ont ratifié.

2) Difficulté à les faire appliquer


Exemple des accords de Montego Bay : on a vu combien la Chine enfreignait les règles en pêchant notamment en Mer de
Chine méridionale en dehors de sa ZEE.
Cette difficulté vient du fait qu’il existe peu de moyens de forcer un Etat à l’appliquer, même si le tribunal sur le droit de
la mer existe. Il siège à Hambourg et se compose de 21 juges élus pour 9 ans par les 168 Etats parties. Il comprend plusieurs
chambres pour le règlement des différends relatifs aux pêcheries, aux fonds marins, etc. Toutefois, il n’a qu’un rôle d’arbitre
non répressif.
En savoir plus : https://www.un.org/fr/sections/issues-depth/oceans-and-law-sea/index.html
DIAPO : C’est également lié au fait que la CNUDM ne résout pas tous les litiges quant à l’appropriation des ressources,
mais contribue parfois à les alimenter. Par exemple, la possibilité pour les Etats côtiers d’agrandir leur ZEE en prenant en
compte la limite de leur plateau continental (350 milles au lieu de 200 si le sil et le sous-sol marins sont des prolongements
naturels des terres émergées) donne lieu à un nombre très important de demandes traitées par la « Commission des limites
du plateau continental » (organe spécialisé de l’ONU). Par exemple, la France a obtenu en juin 2020 150000 km² de plus au
large des îles de La Réunion, Saint Paul et Amsterdam. En 2001, la Russie a réclamé une extension de sa ZEE vers l’Arctique,
qui lui a été refusée pour des raisons géologiques, mais qui a suscité des demandes similaires de la part du Danemark et du
Canada.
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

3) Persistance de vides juridiques

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Enfin, certains espaces constituent des vides juridiques : il n’y a pas encore d’accords sur ces territoires :
- C’est le cas de la haute mer (eaux internationales) qui représente 64% des océans et où pêche et navigation sont
libres. « En l'absence d'une autorité internationale, c'est à chaque État de faire la police en haute mer, mais
uniquement avec ses propres pavillons. Il y a aussi le fond de la haute mer. En 1994 est créée l’Autorité
internationale des fonds marins, toujours sous l’égide de la Convention des nations unies sur le droit de la mer.
Cette autorité déclare le fond de la mer “patrimoine commun de l’humanité”, et donc l’impossibilité de s’en
approprier les richesses. Mais en l’absence d’une réglementation internationale contraignante, les contrôles sont
inexistants. » (article cité ci-dessous)
En savoir plus : émission de France culture « La haute mer : un vide juridique aux énormes enjeux environnementaux » :
https://www.franceculture.fr/environnement/la-haute-mer-un-vide-juridique-aux-enormes-enjeux-environnementaux
- Le vide spatial est également un vide juridique. Par exemple, aucune charte, aucun traité n’empêche de polluer,
de laisser des déchets s’y accumuler. Seule la France a inscrit dans sa loi l’obligation de désorbiter un satellite en
orbite basse au bout de 25 ans maximum. La Nasa et d’autres agences ont adopté la même règle pour leurs propres
satellites, mais ce n’est pas une loi internationale. Par conséquent les déchets spatiaux s’accumulent rendant de
plus en plus probable les collisions et accidents.
En savoir plus : https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/le-vide-juridique-du-vide-spatial_138599
- La planète Mars sur laquelle commencent à se poser des engins de différentes nationalités n’a pas fait non plus
l’objet d’une législation spécifique.

C. Des rivalités et conflits liés aux océans et aux mers


Iles et détroits, des espaces particulièrement disputés
Ces territoires sont stratégiques car les îles, en dépit d’une faible superficie, disposent souvent d’une immense ZEE et les
détroits permettent le contrôle de lieux de passage cruciaux, surtout à l’heure de la mondialisation.
Ex : îles Senkaku, îles Spratley, îles Glorieuses, île de Chypre…
Ex : détroit d’Ormuz

Voir l’activité liminaire pour avoir plus d’exemples de conflits.


Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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OBJET DE TRAVAIL CONCLU SI F : LA CHINE
A LA CONQ UETE DE L’ESP ACE, DES MERS ET DES OCEANS

Activité individuelle préalable (2 semaines avant l’OTC) : LA CHINE A LA CONQUETE DE L’ESPACE, DES MERS ET DES OCEANS

Compétences travaillées :
Travailler en autonomie.
S’approprier un cours, mémoriser des connaissances.
Analyser un sujet de dissertation pour en dégager une problématique et un plan.

Etape 1 : Apprentissage d’un cours rédigé nouveau


Apprenez ce cours du manuel Magnard en vue d’un flash-test de connaissances (QCM et questions brèves).
Pour ce faire, réalisez un outil de révision sous la forme de votre choix (fiche, carte mentale, croquinote) qui sera rendu pour
être évalué (pas forcément noté).
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

➢ Ambition militaire globale : nouvel équilibre des forces à l’échelle mondiale, parité VOLONTE ANCIENNE :
OBJECTIFS

avec les USA, armée de « classe mondiale » pour 2049 => atout pour la pol. étrangère - Sous Mao : expression d’ambitions spatiales

OBJECTIFS
➢ Armée qui assure la stabilité du régime. - 1985 : commercialisation sur le marché international de lanceurs chinois
➢ Armée qui défend le pays, ici ses côtes. MOTIVATIONS NOUVELLES :
➢ Aider à une meilleure maîtrise du territoire grâce à la cartographie et à des
MOYENS

- Réforme de 2015 télécommunications développées via des satellites chinois


- Investissements massifs dans la MAPL (Marine de l’Armée Populaire de Libération) ➢ Atout pour le développement économique interne et international

✓ 225 000 marins chinois dans la MAPL (> marines américains)

MOYENS
✓ 2019 : inauguration de nouveaux destroyers lance-missile de type 055 - Création en 1993 du CNSA (administration spatiale nationale chinoise)
REUSSITES

(puissance de feu supérieure à ceux des Américains et japonais) - Forts investissements : 2e budget spatial mondial
✓ 2012 : 1er porte-avions chinois, le Liaoning ; 2019 : 2ème : le Shandong - Centre spatial Jiuquan dans le désert de Gobi
✓ 2025 : un 3e porte-avions (nucléaire cette fois) sera mis en service ✓ Fabrication de lanceurs chinois nommés « Longue Marche »

REUSSITES
✓ Déjà une excellente flotte commerciale avec un réseau de ports ✓ 15/10/2003 : 1re vol spatial habité = Yang Liwei, 1er taïkonaute (module Shenzou)
performant (7 des 10 premiers ports à conteneurs du monde) ✓ 03/01/2019 : alunissage d’un module chinois sur la face cachée de la Lune
(3e Etat à y parvenir après les EU et l’URSS – avant Israël)
2013 : « Nouvelles routes de la soie » : programme de développement
PROJETS

PROJETS
des infrastructures de transport pour mieux relier la Chine à l’Europe
Réalisation d’une station spatiale d’ici fin 2024
=> Routes de la soie maritimes : bases portuaires en Chine et à l’étranger
Base lunaire permanente en 2030 et exploration de Jupiter

• Asseoir la domination chinoise pour les • Stabiliser les pays voisins (Pakistan, Iran)
transports maritimes de marchandises (80% des en le intégrant à l’économie globale
NOUVELLES
ROUTES DE LA SOIE
biens et 90% de la valeur) • Nouvelles alliances (Russie, Europe)
• Développer les échanges avec l’Asie centrale • Rivalités avec Inde et Japon
et l’Europe et les liens avec l’Afrique
• Dominer les océans grâce au • Concurrence vis-à-vis des Etats-Unis
DEVELOPPEMENT développement de forces de projection
DE LA MARINE maritimes (capacité à déployer ses forces
au-delà des frontières)
• Création de bases militaires • Garantir les routes commerciales dans l’Océan
STRATEGIE DU au Bangladesh, en Birmanie, au Indien
« COLLIER DE Sri Lanka et au Pakistan
PERLES » = points d’appui chez des alliés face à
l’hostilité de l’Inde • Rivalités avec la NASA
• Développement technique à des fins éco • Coopération avec la Russie (entraînement • Chine : puissance
CONQUETE
SPATIALE Ex : Mission lunaire Chang’e 4 : prospective pour des taïkonautes à Moscou) et l’Agence spatiale
l’exploitation de ressources minières spatiale européenne (prêts de matériels)
Hélène CORMY – cours de Terminale – HGGSP, thème 1 : De nouveaux espaces de conquête

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