Content

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 164

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

CENTRE D’ETUDES, DE FORMATION


ET DE RECHERCHES EN
DEVELOPPEMENT

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION


ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
THESE DE DOCTORAT (Ph.D) DE L’UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI (BENIN)
Discipline/Spécialité : Sciences Economiques

ANALYSE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO


AU BENIN

Présentée et soutenue publiquement par :


Gbetoton Nadège Adèle DJOSSOU

Directeurs de thèse :
M. Fulbert AMOUSSOUGA GERO, Professeur Titulaire, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
M. Albert ONDO OSSA, Professeur Titulaire, Université Omar Bongo, Gabon

JURY :
Président :
M. Gilbert AKE N’GBO, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, Côte d’Ivoire

Suffragants :
M. Georges KOBOU, Professeur Titulaire, Université de Yaoundé II, Cameroun, Rapporteur
M. Wautabouna OUATTARA, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, Côte
d’Ivoire, Rapporteur
M. Fulbert AMOUSSOUGA GERO, Professeur Titulaire, Université d’Abomey-Calavi, Bénin, Directeur
M. Alastaire ALINSATO, Maître de Conférences Agrégé, Université d’Abomey-Calavi, Bénin, Examinateur

Avril, 2017
Cette thèse a été écrite grâce au financement du Consortium
pour la Recherche Economique en Afrique (CREA) à travers
son programme de PhD Collaboratif (CPP).
La faculté n’entend donner aucune approbation ou
improbation aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions
doivent être considérées comme étant propres à son auteur.
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

DEDICACES

A ma petite fille chérie Serena,

Envoles toi et vas plus loin

i
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

REMERCIEMENTS

Cette thèse a été rédigée grâce aux soutiens scientifique, financier et moral de
plusieurs personnes physiques et institutions. Je leur exprime ici ma vive gratitude
pour tous les efforts qu’elles ont déployés tout au long de ma formation.

Je tiens d’abord à remercier mes directeurs de thèse, les professeurs Fulbert


Amoussouga-Gero et Albert Ondo Ossa pour m’avoir suivi dans la rédaction de cette
thèse.

Mes remerciements vont à l’endroit des membres du jury de ma défense de


thèse. Leurs commentaires et suggestions ont été très enrichissants pour
l’amélioration de cette thèse. Il s’agit notamment : du professeur Gilbert Ake N’Gbo
qui a accepté présider ce jury malgré ses multiples occupations ; des professeurs
Georges Kobou et Wautabouna Ouattara qui ont rapporté cette thèse et du
professeur Alastaire Alinsato qui a siégé en tant que membre dans ce jury.

Je remercie :

Le Consortium pour la Recherche Economique en Afrique (CREA) pour


m’avoir accordé le financement sans lequel la rédaction de cette thèse n’aurait pas
été possible.

Le corps professoral de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion


(FSEG) de l’Université de Yaoundé II, en particulier les professeurs Désiré Avom et
Roger Tsafack pour leurs conseils tant précieux pour la rédaction de cette thèse
ainsi que pour toutes les fois où ils nous ont aidé ou facilité les formalités
administratives en tant qu’étudiant étranger au Cameroun.

Le corps professoral du Joint of Facility Elective (JFE) du programme de


PhD collaboratif (CPP) du CREA en 2012 pour la qualité des enseignements reçus.
Principalement ma gratitude va à l’endroit des professeurs : Tomson Ogwang,
Nelson Wawire, Nehemiah Osoro et Kidane.

Le corps professoral de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion


(FASEG) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC). En particulier, je remercie les Dr :

ii
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Yves Yao Soglo, Augustin Chabossou, Honorat Satoguina et Aimée Soglo pour leurs
conseils et soutiens morals.

Je voudrais remercier également mes parents et mes amis :

Je remercie ma mère Virginie, mon père Emmanuel, mes frères Sylvestre et


Habib et mes sœurs Armande, Nicole et Amen. Rien n’aurait été possible sans eux.
Ils m’ont soutenue aussi bien moralement, matériellement que financièrement tout
au long de ma formation. Je les remercie pour toute leur attention, leur affection et
surtout pour le cadre familial dans lequel ils m’ont permis de grandir et d’étudier.
Qu’ils trouvent ici mes sincères gratitudes.

Am very grateful to Bernard NJINDAN IYKE who has been with me, gave me
his support and encourage me during the writing of my PhD thesis.

Je ne saurais ne pas remercier Donatien MIGAN ; plus qu’un beau-frère c’est


un grand-frère dont le soutien a été des plus importants.

Je remercie mes amis et collègues : Armand Mbouchouang, Gwladys Mabah,


Inès Monwanou, Francis Kouechidé, Daouda Souberou, Jean-Magloire Glèlè,
Alexandre Zounmenou, Stéphane Agbéssi-Loko, Athanase Houndonougbo et
toutes les personnes que je n’aurai pas nommées ici. Trouvez ici l’expression de ma
profonde gratitude pour votre soutien dans l’aboutissement de ce travail.

I would like to say my deep gratitude to Jacob Novignon. I know, words will
not be enough. Since the specialty courses at JFE 2012 to the end of this thesis, you
have been present. You made me believe that I can go far in research and support
me at each step of this long process. Thank you very much dear friend.

Je ne saurai finir sans une mention spéciale à Sadikou Gbadamassi. Merci


pour tout.

iii
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

SOMMAIRE

Dédicaces ............................................................................................. i
Remerciements ................................................................................... ii
Sommaire ........................................................................................... iv
Liste des tableaux ................................................................................ v
Liste des figures ................................................................................. vi
Résumé ............................................................................................. vii
Introduction Générale ......................................................................... 1
Contexte .......................................................................................................................... 1
Problématique ............................................................................................................... 3
Objectifs ......................................................................................................................... 5
Plan de la thèse .............................................................................................................. 5

Chapitre 1 : Les déterminants du choix de l’activité de taxi-moto ........ 7


Introduction .......................................................................................................................... 7
Section 1 : Les déterminants des niveaux d’emploi ............................................................... 8
Section 2 : Comprendre le choix des emplois informels dans les pays en développement . 17
Section 3 : Modélisation du choix de l’activité de taxi-moto ............................................... 23
Conclusion ........................................................................................................................... 29

Chapitre 2 : Les risques d’accident dans l’activité de taxi-moto ......... 30


Introduction ........................................................................................................................ 30
Section 1 : Le processus de décision en univers risqué ........................................................31
Section 2 : Estimation du revenu compensatoire des risques d’accident dans l’activité de
taxi-moto ............................................................................................................................. 43
Section 3 : Analyse des résultats ......................................................................................... 55
Conclusion ........................................................................................................................... 67

Chapitre 3 : Demande d’assurance des conducteurs de taxi-moto ..... 69


Introduction ........................................................................................................................ 69
Section 1 : La demande d’assurance ..................................................................................... 71
Section 2 : L’évaluation contingente ................................................................................... 82
Section 3 : Méthodologie d’estimation des CAP et résultats ............................................... 97
Conclusions ........................................................................................................................ 110

Conclusion générale et implications de politiques economiques ...... 112


Références bibliographiques ............................................................ 115
Table des matières ........................................................................... 132
Annexes ............................................................................................... I

iv
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Préférences révélées versus préférences déclarées .............................. 49

Tableau 2 : Raisons du choix de l’activité du choix de taxi-moto........................... 56

Tableau 3 : Raisons du choix de l’activité de taxi-moto et niveau d’éducation des


individus ................................................................................................................... 57

Tableau 4 : Revenu horaire, âge, nombre de personne à charge et perception du


risque dans l’activité de taxi-moto au Bénin ........................................................... 58

Tableau 5 : Raisons du choix de l’activité de taxi-moto et perception du risque ... 58

Tableau 6 : Niveaux d’éducation et expérience des individus ................................ 59

Tableau 7 : Activité secondaire, port de casque et connaissance du code de la route


dans l’activité de taxi-moto ...................................................................................... 60

Tableau 8 : Catégories socioprofessionnelles et niveau d’éducation des parents des


conducteurs de taxi-moto .........................................................................................61

Tableau 9 : Résultats des estimations par les DMC et les MCO ............................. 64

Tableau 10 : Revenu mensuel, épargne et perception du risque .......................... 105

Tableau 11 : Les stratégies d’auto-protection ........................................................ 106

Tableau 12 : Les stratégies d’auto-assurance ........................................................ 106

Tableau 13 : Pourcentages des réponses « oui » par montant proposé ............... 107

Tableau 14 : Déterminants des CAP pour une assurance chez les conducteurs de
taxi-moto ................................................................................................................ 107

Tableau 15 : Moyennes des CAP mensuels ............................................................. 110

v
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Revenus espérés sur les marchés formel et informel et niveau d’éducation
.................................................................................................................................. 27

Figure 2: Courbe d’indifférence de la fonction d’utilité espérée dans un diagramme


triangulaire ................................................................................................................41

Figure 3 : Attitude face au risque dans le modèle de Machina ............................... 42

Figure 4 : La propension à s’assurer dans le modèle de Mossin ............................ 72

vi
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

RESUME

Au Bénin, le transport des personnes est principalement assuré par les taxis-motos.
De ce fait, l’activité de conducteur de taxi-moto offre chaque année des
opportunités d’emploi à des milliers d’individus. Mais, l’exercice de cette activité
est associé à de nombreux risques d’accident. L’objet de la présente thèse est
d’analyser l’activité de conducteur de taxi-moto à Cotonou (Bénin) à travers (i) les
déterminants de son choix, (ii) les risques d’accident qui y sont associés et (iii) la
demande d’assurance des conducteurs de taxi-moto contre ces risques. Nous avons
modélisé la décision de choix de l’activité de taxi-moto à partir d’un graphe qui met
en relation les revenus issus de l’activité de taxi-moto, les niveaux d’éducation des
conducteurs de taxi-moto ainsi que leur degré d’aversion au risque. Il en ressort
qu’en général ceux qui choisissent l’activité ont de faibles niveaux d’éducation et de
compétence et ont le goût du risque. Nous avons ensuite montré à partir d’un
modèle hédonique, que les revenus issus de l’activité (en moyenne 5.144 FCFA par
jour) sont insuffisants pour couvrir les risques y afférents. Cependant, pour ne pas
rester au chômage, les individus choisissent de l’exercer en dépit de ces risques.
Pour finir nous avons évalué à partir d’une enquête contingente auprès d’un
échantillon de 431 conducteurs de taxi-moto, leur Consentement à Payer (CAP)
pour s’assurer contre les risques d’accident auxquels ils font face dans l’exercice de
leur profession. L’estimateur de Turnbull nous a permis d’estimer le CAP moyen à
environ 1.600FCFA par mois pour les questions à simple choix dichotomique et à
environ 2.000FCFA par mois pour les questions à double choix dichotomique. Plus
la perception des risques d’accident par un conducteur de taxi-moto est élevée et
plus grande est son CAP pour s’assurer. L’assurance étant une forme d’épargne, il
est plus facile pour ceux qui ont des habitudes d’épargne de s’assurer.

Mots clés : Risque, assurance, évaluation contingente, taxi-moto, Bénin

vii
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

INTRODUCTION GENERALE

Contexte

Il s’est développé depuis quelques décennies dans plusieurs pays de l’Afrique


(Bénin, Nigeria, Cameroun, Togo, Kenya, etc.) un marché informel qui assure les
services de transport avec des motocyclettes appelées « taxi-moto ». Le phénomène
de taxi-moto est connu sous le nom de « zémidjan » au Bénin, de « bend-skin » au
Cameroun, de « olégnia » au Togo, de « kaboukabou » au Niger, de « okada » au
Kenya et en Tanzanie, etc.

Au Bénin, les causes de cette activité sont d’abord d’ordre sociologique et ensuite
d’ordre économique. Sur le plan sociologique, l’activité existait depuis les années
1950, mais consistait à transporter des marchandises à l’aide de bicyclettes. Au fil
des années, les bicyclettes ont laissé place aux motos qui progressivement se sont
spécialisées dans le transport aussi bien des personnes que des marchandises. Dans
les années 80, la crise économique combinée avec la détérioration des routes a
conduit au remplacement progressif des taxis conventionnels par les taxis-motos
qui sont moins coûteux et permettent une plus grande accessibilité et mobilité sur
les pistes non bitumées de tout le pays et particulièrement celles de Cotonou. En
2003, 85% de la voirie dans la ville de Cotonou est constituée de pistes non revêtues.
Seulement 4,5% sont en bitumes et 10,5% pavées1. Dans ce contexte, les taxis-motos
sont de tous les moyens de transport ceux qui s’adaptent le mieux aux routes dans
la ville et sont accessibles à tous les types d’usagers. Ils sont aujourd’hui le principal
mode de transport au Bénin et représentent plus de 75% des services de transport
(Alinsato et Satoguina, 2010). Ils sont plus flexibles et plus rapides sur les courtes
distances et facilitent le transport de porte-à-porte.

Par ailleurs, au Bénin, les transports publics et les taxis conventionnels sont quasi
inexistants et très insuffisants pour satisfaire la demande de mobilité. Pour combler

1 Statistiques recueillies auprès de la mairie de Cotonou

1
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

ce déficit, les services de transport sont fournis par le secteur privé formel ou le
secteur informel. Le secteur privé formel assure principalement le transport sur
longue distance. Par contre, le transport sur courte distance et le transport urbain
sont principalement assurés par les taxis-motos du secteur informel. Selon Cervero
(2000), le transport informel est la manifestation d’un type particulier de
défaillance de l’Etat qui est l’inhabilité du secteur public à fournir le transport
commun. En absence du transport public, le transport informel offre aussi bien des
services de transport à ceux qui n’ont pas d’autres moyens de déplacement que des
opportunités d’emploi aux chômeurs.

L’expansion de l’activité de taxi-moto au Bénin n’est pas seulement due aux facilités
de transport qu’elle offre aux individus et aux défaillances infrastructurelles. Elle
est aussi due aux opportunités d’emplois qu’elle offre. L’activité de taxi-moto
constitue une source d’emploi potentielle pour toutes les catégories socio-
professionnelles, les diplômés et les non diplômés, les jeunes et les personnes âgées.
Elle ne nécessite aucune qualification préalable et pas des coûts importants à
l’entrée. Les individus qui ne peuvent pas acquérir leur propre moto afin d’exercer
l’activité, peuvent la louer au près des individus qui en possèdent.

Pour certains, l’activité de taxi-moto est à plein temps. Pour d’autres, c’est une
activité transitoire dans l’attente d’un travail stable et mieux rémunéré, tandis que
pour d’autres encore, c’est un complément pour un travail peu lucratif. De ce fait,
elle permet chaque année à des milliers d’individus de trouver une source de
revenus pour faire face aux besoins de leurs ménages. Des sources de la mairie de
Cotonou, en 2009, 2010, 2011 et 2012 respectivement, il a été enregistré 15.455;
12.387; 14.781 et 10.610 nouvelles entrées dans l’activité de taxi-moto. Il est à noter
que ces chiffres n’informent pas sur le nombre exact des conducteurs de taxi-moto
dans la ville. Ils nous renseignent uniquement sur l’effectif des personnes inscrites
chaque année pour exercer l’activité de taxi-moto. Le nombre des personnes qui
exercent effectivement l’activité étant probablement supérieure, puisque ces
nouvelles entrées s’ajoutent à des effectifs déjà existants.

2
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Problématique

La littérature sur le secteur informel dans les pays en développement se focalise


principalement sur l’emploi (Günther et Launov, 2012; Pratap et Quintin, 2006).
Ceci s’explique par la place prépondérante qu’occupe ce secteur dans la force de
travail. Selon Schneider et Enste (2000), le secteur informel représente 60% de la
force de travail dans les pays en développement et participe à 40% à la formation
du Produit Intérieur Brut (PIB). Bourguignon et Dethier (2005) affirment que la
dichotomie entre l’emploi et le chômage n’existe pas dans les pays en
développement, du fait que les chômeurs peuvent être facilement employés dans le
secteur informel.

En effet, dans ces pays, les jeunes font face à nombre de difficultés pour l’accès au
marché de l’emploi. Parmi celles-ci, l’accès au crédit, les faibles niveaux d’éducation
et des offres d’emploi. De ce fait, les jeunes ont tendance à recourir soit à des
emplois qui requièrent de faibles niveaux de compétence, soit à l’auto-emploi dans
le secteur informel caractérisé par leur instabilité ainsi que par de faibles
rémunérations (Banerjee et Duflo, 2007; Bezu et Barrett, 2010; Haggblade et al.,
2007).

Une activité prédominante du secteur informel béninois est l’activité de conducteur


de taxi-moto. Elle permet d’une part, de satisfaire la forte demande des services de
transport due à la quasi-inexistence des transports en commun et d’autre part, elle
permet à de nombreux individus de trouver un emploi, en dépit des risques qui lui
sont associés. Malgré ses avantages (services de transport de proximité, source
d’emploi), l’activité de taxi-moto n’est pas sans inconvénient. Elle est associée à de
nombreux risques qui peuvent être regroupés en deux catégories : les risques de
maladies et les risques d’accident.

La principale cause de maladie dans l’activité de taxi-moto est la pollution


atmosphérique. La source majeure de pollution au Bénin est le secteur des
transports. Selon MEHU(2005), la pollution par le dioxyde de soufre due au secteur
de l’industrie est très faible en raison de l’absence d’une forte activité industrielle.
Par contre, la pollution par les oxydes d’azote due au secteur des transports est

3
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

relativement élevée surtout dans les zones à fort trafic. De plus, les émissions des
gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont augmenté au fil du temps. Les
conducteurs de taxi-moto de par la nature de leur travail sont plus exposés à la
pollution atmosphérique qui peut les rendre potentiellement malades. Selon Fourn
et Fayomi (2006), les troubles tels que : l’hypertension, les maux de tête, troubles
digestifs et des troubles respiratoires sont plus enregistrés chez les conducteurs de
taxi-moto.

Le second type de risque auquel sont exposés les conducteurs de taxi-moto, et sur
lequel nous avons focalisé ce travail, est le risque d’accident. En effet, être
conducteur de taxi-moto au Bénin ne nécessite aucune qualification particulière. La
plupart des conducteurs de taxi-moto n’ont aucune connaissance du code de la
route. Cela augmente les risques d'accident de circulation dans lesquels un grand
nombre d'entre eux sont impliqués. Selon Agossou (2004), plus de 30% des
patients en situation d'urgence dans les hôpitaux sont des conducteurs de taxi-
moto. Par ailleurs, le système de transport motorisé constitue l’une des formes les
plus dangereuses de transport. La forme des motos augmente la probabilité de
survenance des accidents ainsi que le risque de blessures ou de décès
comparativement en cas d’accident aux usagers des voitures. En 2010 par exemple,
sur le nombre total d’accidents enregistré dans la ville de Cotonou (4.841 cas),
25,28% concernent des motocyclistes. Cependant, au cours de la même année,
61,97% des décès et 77,74% des blessés graves lors des accidents de circulation se
rapportent à des passagers des motos (CNSR, 2012).

Les risques auxquels les conducteurs de taxi-moto font face quotidiennement


peuvent générer des résultats indésirables (invalidité temporaire ou permanente,
décès) laissant leurs ménages plus vulnérables pour gérer des risques futurs. Le
bien-être des ménages dépendra de leurs réponses et de leurs actifs sur ces risques
auxquels ils sont confrontés (Heitzmann et al., 2002; Ligon et Schechter, 2003).
Willett (1901) définit l’assurance comme les fonds accumulés pour répondre à une
perte incertaine et affirme que l’importance économique de l’assurance est son
influence dans la réduction des pertes que l’existence des risques impose à la
société. Ainsi, les individus qui sont exposés à des risques accumulent certains

4
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

fonds (matériel et financier) pour prévenir et gérer les situations imprévues


pouvant affecter leurs moyens de subsistance. Lorsque, ces fonds sont insuffisants
les ménages peuvent faire face à la dégradation de leur niveau de bien-être. La
plupart des motos dans la circulation au Bénin ne sont pas assurées. Contrairement
aux voitures, la souscription à une assurance pour les motos n’est pas obligatoire.
Par conséquent, en cas d’accident aussi bien les conducteurs de taxi-moto que les
tierces-parties impliquées ne bénéficient d’aucune couverture pour les dommages
subis.

Pourquoi les individus choisissent-ils l’activité de taxi-moto ? Comment se


comportent les conducteurs de taxi-moto par rapport aux risques d’accidents ?

Objectifs

L’objectif de la présente thèse est d’analyser l’activité de conducteur de taxi-moto


au Bénin.

De façon spécifique, cette thèse a pour objectifs d’analyser :

i. les déterminants du choix de l’activité de taxi-moto ;


ii. les risques d’accident associés à l’activité de conducteur de taxi-moto ;
iii. la demande d’assurance des conducteurs de taxi-moto

Plan de la thèse

La présente thèse est divisée en trois chapitres. Le chapitre premier analyse les
déterminants du choix de l’activité de taxi-moto au Bénin. Nous avons modélisé le
choix de l’activité de taxi-moto à partir des revenus espérés dans l’activité, des
niveaux de risques sur les marchés de travail formel et informel et des niveaux
d’éducation des individus.

Le deuxième chapitre étudie les risques d’accident associés à l’activité de taxi-moto.


Partant de la théorie de l’utilité espérée, nous avons spécifié un modèle hédonique
qui permet de déterminer le revenu supplémentaire pour une augmentation
marginale du risque. Nous avons estimé le modèle hédonique par les Doubles
5
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Moindres Carrés et par les Moindres Carrés Ordinaires et comparé les résultats des
estimations par les deux méthodes.

Le troisième chapitre analyse la demande d’assurance des conducteurs de taxi-


moto contre les risques d’accident liés à leur travail. A travers une enquête
contingente, nous avons recueilli les Consentements à Payer (CAP) des conducteurs
de taxi-moto pour s’assurer contre les risques d’accident. Ensuite, nous avons
utilisé les modèles probit et probit bivariés pour estimer les déterminants des CAP
chez les conducteurs de taxi-moto. Pour finir nous avons calculé les CAP moyens
en utilisant l’estimateur de Turnbull.

6
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

CHAPITRE 1 : LES DETERMINANTS DU CHOIX DE L’ACTIVITE DE


TAXI-MOTO

Introduction

Disposer d’un emploi est le moyen privilégié de satisfaire les besoins fondamentaux
de l’homme, de lutter contre la pauvreté et de permettre une plus grande cohésion
sociale. Des classiques jusqu’aux keynésiens, en passant par les néoclassiques, la
problématique de l’emploi est restée au cœur des préoccupations. Dès le 18ème
siècle, Adam Smith identifie le travail comme la source de la richesse des nations.
Le niveau de l’emploi est dès lors, une des variables les plus importantes des
politiques publiques.

Cependant dans les pays en développement, les jeunes qui constituent la force de
travail la plus importante, font face à de nombreux challenges dont le plus
important est celui du chômage. Ceci est dû au fait que les demandes d’emploi
demeurent nettement au-dessus de l’offre. L’insuffisance dans la création de
l’emploi limite les possibilités des jeunes dans leur transition vers le marché travail.
Plusieurs facteurs expliquent ce fait. Il y a la discrimination à l’encontre de ceux qui
cherchent un premier emploi du fait que les employeurs ont une préférence pour
l’expérience professionnelle (Garcia et Fares, 2008). D’autres facteurs pouvant
limiter l’accès à l’emploi sont : la nécessité de passer par des réseaux, le manque
d’information sur les opportunités existantes et la non-adéquation entre les
formations et la demande sur le marché de travail. Il s’ensuit un rationnement des
offres d’emplois et par ricochet l’apparition d’un chômage involontaire.

En raison de la pénurie d’emploi, du coût élevé de la recherche d’emploi ou de leurs


faibles niveaux de qualification, les travailleurs sont assez souvent contraints de
participer à des activités peu productives (souvent sur le marché informel), au lieu
de rester au chômage. C’est ainsi que l’on assiste au développement du marché de
travail informel dans les pays de l’Afrique Sub-Saharienne. Ce segment du marché
permet aux chômeurs ou encore ceux n’ayant pas assez de qualifications de trouver
7
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

un emploi. L’activité de taxi-moto occupe une place prépondérante sur le marché


de travail béninois en général et particulièrement celui du secteur informel. Dans
ce chapitre nous nous intéressons aux déterminants du choix de cette activité ainsi
que des caractéristiques socio-économiques de ceux qui la pratiquent.

Le chapitre est subdivisé en quatre sections. Nous avons d’abord commencé par
présenter les fondements théoriques qui guident le choix de l’emploi des individus
sur le marché de travail (section 1). Ensuite nous avons fait un exposé sur les
caractéristiques des marchés du travail dans les pays en développement afin de
mieux comprendre la prépondérance des emplois du secteur informel (section 2).
Puis, nous avons modélisé les déterminants du choix de la profession de taxi-moto
au Bénin à partir des niveaux de revenus sur les marchés formels et informels, les
niveaux d’éducation et d’aversion au risque (section 3). Pour finir, nous avons
conclu.

Section 1 : Les déterminants des niveaux d’emploi

Le choix de l’emploi par un individu peut être affecté aussi bien par des facteurs
macroéconomiques que microéconomiques. Le niveau général des salaires et les
luttes syndicales sont parmi tant d’autres, des facteurs macroéconomiques dont
dépend le niveau de l’emploi dans un pays. Au-delà de ces facteurs, les
caractéristiques des entreprises (employeurs) ainsi que celles des travailleurs
participent aussi à la détermination du niveau d’emploi au niveau
microéconomique.

Nous faisons dans cette section, une revue des théories macro et micro
économiques qui sous-tendent le fonctionnement de marché du travail afin de
mieux comprendre les facteurs qui affectent les niveaux d’emploi (et du chômage)
et le choix de l’emploi chez les individus.

8
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1. Les déterminants macroéconomiques des niveaux d’emploi

Le marché de travail est le lieu de rencontre entre les travailleurs et les employeurs.
L’économie du travail analyse le fonctionnement du marché du travail à travers la
fixation des salaires, le taux d’emploi et le chômage. Elle permet aussi de
déterminer les meilleures politiques (niveau des salaires) à mettre en place en vue
de favoriser le plein emploi. Les théories économiques du marché de travail sont
riches, mais contradictoires. Pour les économistes néoclassiques par exemple, il
faut supprimer les rigidités du marché du travail, alors que les keynésiens
préconisent une relance de la demande en vue d’atteindre le plein emploi.

1.1. Les théories orthodoxes du marché de travail

Le courant classique, dont le père fondateur est Adam Smith, est le premier à
formaliser des théories sur le marché de travail. Ils considèrent le marché du travail
comme un marché ordinaire où les offreurs sont les travailleurs et les demandeurs
sont les entreprises (employeurs). Le salaire réel (le prix) est déterminé par la
confrontation entre les employeurs et les travailleurs. Le salaire réel à son tour
détermine le niveau de l’emploi. Dans le prolongement de la théorie classique,
Pigou (1933) affirme que le travail est une marchandise comme une autre qui
s’échange sur un marché de concurrence pure et parfaite et dont le prix (le taux de
salaire réel) fluctue en fonction de l’offre et de la demande. La demande de travail
émane des employeurs qui cherchent à maximiser leur profit en comparant le coût
du travail à la productivité des salariés.

Les néoclassiques quant à eux, raisonnent à la marge et considèrent qu’un


employeur embauchera un travailleur supplémentaire tant qu’il lui rapporte plus
qu’il ne coûte. L’offre de travail provient des travailleurs qui font un arbitrage de
leur temps entre le travail et le loisir. Le temps de travail diminue d’autant le temps
de loisir des individus. Le travail est donc un « effort » qui doit être récompensé.
Les travailleurs comparent l’utilité apportée par le loisir et l’utilité que leur procure
le fait de travailler. Si le salaire réel augmente, le nombre d’heures de travail offert
par les travailleurs augmente aussi. L’offre de travail est une fonction positive du
9
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

salaire réel. La confrontation entre l’offre et la demande détermine les salaires et le


niveau d’équilibre. Au salaire d’équilibre, toute personne offreuse de travail est
assurée de trouver un emploi et toutes les offres d’embauche sont satisfaites. Le
salaire est la variable stratégique qui permet l’équilibre de plein emploi.

Si les conditions de concurrence pure et parfaite sont satisfaites, ce modèle interdit


tout chômage involontaire. Il suffit juste de diminuer les salaires pour que la
demande de travail des entreprises s’accroisse et fasse disparaître le chômage. Le
chômage ne peut donc être que volontaire et concerne uniquement les individus qui
désirent travailler à un salaire supérieur au niveau d’équilibre. En dehors du
chômage volontaire, l’existence du chômage peut provenir soit du non-respect des
règles de concurrence qui nuisent au bon fonctionnement du marché, soit des
multiples rigidités sur le marché de travail (intervention des syndicats).

La théorie néoclassique du travail a dominé la pensée économique jusqu’aux années


trente où le chômage a atteint des sommets alors même que les salaires baissent.
Dès lors, elle a fait face à de nombreuses critiques. Dans son ouvrage « Théorie
générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », Keynes (1936) conteste le
mécanisme du marché par lequel la baisse des salaires assure le retour à l’équilibre
du marché. Au contraire, il affirme que la baisse des salaires à un effet dépressif sur
la demande effective. Selon la théorie keynésienne, le niveau de l’emploi ne se
détermine pas par les salaires d’équilibre après confrontation de l’offre et de la
demande, mais plutôt par la conjoncture de l’économie à travers la variation de la
demande effective. Une baisse des salaires réduit le pouvoir d’achat des travailleurs
et donc la demande des biens et services qui s’adresse aux entreprises. Ces dernières
ne seraient plus incitées à embaucher pour accroître leur production en biens et
services.

A la suite des critiques keynésiennes, d’autres théories ont été développées afin
d’expliquer l’existence du chômage. Phelps (1968) et Friedman (1977) ont défendu
l’idée du taux de chômage naturel qui est le taux de chômage d’équilibre autour
duquel l’économie fluctue à long terme. En absence de choc et de cycle
économiques, les salaires tendent vers un niveau d’équilibre qui égalise offre et
demande sur le marché du travail. Le chômage naturel correspond à l’optimum
10
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

social où l’on ne peut diminuer le chômage sans augmenter les coûts de


recrutements des employeurs (Hall, 1979). D’autres théories encore, sans remettre
en cause les fondements de l’analyse néoclassique insistent sur l’imperfection des
marchés. Elles rendent compte d’une part, de la rigidité des prix et des salaires qui
empêchent le retour au plein emploi et d’autre part, de la manière dont la
compétence des individus affectent leur rendement sur le marché du travail.

1.2. Les rigidités sur le marché du travail

Les néoclassiques expliquent le chômage de masse par l’action de l’Etat et des


syndicats qui sont responsables de la rigidité des salaires à la baisse. L’Etat est
responsable parce qu’il a créé un salaire minimum qui exclut de fait tous ceux qui
ont une productivité inférieure à ce salaire. Selon Becker (2010) augmenter le
salaire minimum c’est augmenter le chômage. Le salaire minimum correspond à
une interdiction de travailler pour les employés dont le travail ne permet pas de
produire cette valeur et constitue la source principale de chômage dans les pays
développés. Une autre cause du chômage selon les néoclassiques est la distribution
des allocations de chômage. Ces allocations faussent le calcul des individus
lorsqu’ils comparent l’utilité du salaire et du loisir (Friedman, 1977). Les allocations
de chômage permettent aux chômeurs d’accroître leur niveau d’exigence en matière
de salaire et de mettre plus de temps pour accepter un emploi.

1.3. La concurrence insiders/outsiders

Lindbeck et Snower (1989) s’inscrivent dans le courant de la nouvelle économie


keynésienne et distinguent deux types de travailleurs : les insiders et les outsiders.
Les outsiders sont souvent des jeunes peu qualifiés nouvellement venus sur le
marché du travail. Ils sont disposés à travailler à des salaires moins élevés, alors
qu’on ne leur en laisse pas la possibilité. Par contre, les insiders sont les salariés
avec un contrat de travail stable et qui participent aux négociations salariales. La
théorie des insiders/outsiders considère que les travailleurs (insiders) ont un
pouvoir que leur confère leur présence sur le marché de travail. De ce fait, ils

11
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

peuvent demander de meilleures conditions de travail. Les employeurs pourraient


être tentés de remplacer les insiders par les outsiders. Pourtant, ils ne le font pas.
En effet, les firmes subissent des coûts plus ou moins élevés pour substituer un
insider par un outsider (coût de licenciement, coût d’embauche, coût de formation).
Il en résulte qu’un chômeur ne peut espérer prendre la place d’un employé en
demandant un salaire légèrement inférieur. Il faudrait que ses prétentions
salariales soient très inférieures pour que le remplacement soit rentable pour
l’entreprise. Alors que, le salaire minimum empêche le salarié de réduire ses
prétentions à la baisse.

1.4. Les salaires d’efficience

Pour les néoclassiques, la hausse du salaire réel dépend de celle de la productivité


des travailleurs. A l’inverse, les néo-keynésiens affirment que les entrepreneurs ont
intérêt à proposer des salaires élevés pour obtenir une productivité élevée. Ainsi,
renforçant et complétant le modèle insiders/outsiders, certains auteurs néo-
keynésiens expliquent les rigidités à la demande d’emploi par l’instauration des
salaires d’efficience (Akerlof et Yellen, 1986; Gazier, 1992; Leibenstein, 1957;
Stiglitz, 1976; Yellen, 1995). Les salaires d’efficience ont pour but d’améliorer des
conditions de travail des insiders (augmentations heures supplémentaires, primes,
etc.) afin de les encourager à mieux travailler. Les entreprises arbitrent ainsi entre
l’efficacité du travail et son coût. Le salaire d’efficience est le salaire optimal que
définit la firme à l’issue de cet arbitrage. Même si les salaires d’efficience permettent
d’avoir une plus grande productivité de la part des insiders, ils ont également pour
conséquences de décourager la demande de travail des entreprises, car ils sont
établis à un niveau supérieur au salaire d’équilibre du marché.

2. Les déterminants microéconomiques des niveaux d’emploi

Blau et al. (1956) établissent que le choix d’un emploi est un processus qui se
développe sur plusieurs années et constitue un compromis entre les préférences et
les espérances des individus pour différents emplois disponibles. Il n’existe pas un

12
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

moment spécifique où les jeunes individus décident du choix de leurs carrières


possible, mais il y a plusieurs étapes au cours desquelles leur vie prend de nouvelles
tournures qui rétrécissent l’éventail des options futures et influencent le choix final
de leur emploi. Les expériences sociales passées et actuelles de l’individu sont
essentielles dans ce processus. En effet, les compétences et qualifications à partir
desquelles les individus font le choix de leur profession dépendent de leurs
expériences sociales passées ; tandis que les opportunités et les conditions d’entrée
sur le marché du travail sont déterminées par les expériences sociales actuelles de
l’individu.

Il y a quatre caractéristiques chez les individus ainsi que quatre caractéristiques de


l’emploi qui déterminent le choix d’une profession (Blau et al., 1956). Du côté des
individus il s’agit : (i) des informations dont l’individu dispose par rapport à
l’emploi en ce qui concerne ses exigences en matière de connaissance, la
rémunération offerte, les possibilités d’avancement ainsi que les autres
opportunités d’emploi disponibles ; (ii) des compétences, aptitudes et niveau
d’éducation de l’individu pour exécuter les tâches de l’emploi envisagé. (iii) des
caractéristiques sociales qui peuvent influencer la décision d’embauche, telles que :
l’université où l’individu a étudié, sa couleur de peau, sa position et ses relations
sociales ; (vi) de la manière dont les individus évaluent la profession telle que les
rémunérations. Du côté de l’occupation, on a : (i) le nombre de postes à pourvoir
pour l’emploi ; (ii) les qualifications techniques nécessaires pour exercer l’emploi ;
(iii) les caractéristiques qui ne sont pas liées aux performances, mais qui affectent
la sélection, telles que : l’apparence, la religion ; (iv) la rémunération, le prestige, le
pouvoir, les opportunités d’avancement.

Le choix de l’emploi dans la théorie microéconomique

Stigler (1962) a développé la théorie du job search qui explique la coexistence du


chômage volontaire et du chômage involontaire. Selon cette théorie, il faut du
temps pour trouver un nouvel emploi. L’individu à la recherche d’un emploi ne
connaît ni la totalité des emplois, ni leurs caractéristiques en termes de salaires et

13
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

de contraintes, etc. Il va donc développer une activité de recherche d’informations


(prospection) sur les différents postes disponibles. Dans cette perspective, il reste
au chômage tant que le coût marginal d’une journée de recherche supplémentaire
(assimilé à une perte de salaire journalier) est inférieur au bénéfice marginal d’une
journée de recherche supplémentaire (chance de retrouver un emploi mieux
rémunéré). Autrement dit, l’individu recherche un emploi rémunéré à la hauteur
de son salaire de réservation. Si le salaire proposé est inférieur au salaire de
réservation, il préfèrera rester au chômage.

Par ailleurs, la théorie microéconomique du choix postule qu’entre plusieurs


alternatives, les individus choisissent celle qui leur procure le maximum d’utilité.
Dans le contexte du choix de la carrière, plusieurs auteurs ont montré que le choix
de l’emploi se traduit par un comportement de maximisation de l’utilité (Douglas
et Shepherd, 2000; Eisenhauer, 1995). Baumol (1996) a proposé un modèle qui
explique les déterminants du choix de l’emploi. Il montre que les individus ne
choisissent pas leur emploi uniquement en fonction des revenus espérés des
différentes alternatives possibles, mais aussi en fonction des conditions de travail.
Ainsi, un individu choisira l’auto-emploi, si son utilité totale espérée dérivée des
conditions de travail (le revenu, le pouvoir de décision du travailleur, les risques
associés à l’emploi, l’effort requis, etc.), est supérieure à son l’utilité espérée de sa
meilleure option d’emploi salarié.

La dotation en capital humain du travailleur

Le capital humain est l’ensemble des connaissances et compétences (formation


initiale, continue, expériences) accumulées par un individu et qui déterminent sa
capacité à travailler ou à produire. Les prémisses de la théorie du capital humain
ont été lancées en 1961 par l’économiste américain Theodore Schultz. Elle a été
ensuite approfondie par Becker (1962). Selon la théorie du capital humain, la
dotation en capital humain constitue le principal déterminant du salaire, lui-même
principal déterminant de l’offre de travail. Un capital humain plus élevé est
synonyme d’une plus forte productivité. Les individus investissent en termes de

14
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

formation pour bénéficier de rendements monétaires et non monétaires futurs


(Becker, 2009). La théorie du capital humain a permis de montrer que les individus
ont intérêt à investir dans la formation, l’éducation et la santé afin d’augmenter leur
chance de trouver un emploi et aussi d’augmenter leur productivité et leur
rémunération sur le marché de travail. Le rôle de l’éducation est important dans la
formation du capital humain, car son niveau détermine l’accès des individus aux
secteurs les plus rémunérateurs du marché du travail. En outre, un faible
investissement en capital humain peut entraîner une faible participation au marché
du travail, si le salaire espéré est inférieur au salaire de réserve.

Selon Blau et al. (1956), le choix entre différentes opportunités d’emploi est motivé
par deux facteurs corrélés : l’évaluation des rémunérations offertes par les
différentes alternatives d’emploi et l’évaluation des capacités de l’individu (niveau
d’éducation, compétences techniques, l’âge, le revenu initial) à répondre aux
attentes des différentes alternatives. Ainsi, le choix définitif de l’emploi ne sera
probablement pas identique au premier choix du travailleur, si ses capacités ne lui
permettent pas d’atteindre les exigences pratiques de ce dernier. De ce fait, le
travailleur ne cherchera pas d’emploi dans le secteur où il sait que, selon ses propres
caractéristiques, il ne peut pas remplir les qualifications techniques exigées. Par
conséquent, le choix d’une profession dépend des caractéristiques personnelles des
travailleurs tels que : leurs niveaux d’éducation, leurs compétences techniques pour
effectuer diverses tâches professionnelles, leur âge et leur expérience, leurs
positions et relations sociales.

Le choix de l’emploi est étroitement interdépendant avec le niveau d’éducation qui


améliore l’habileté managériale (Antunes et Cavalcanti, 2002; Hartog et al., 2003).
Un individu avec un niveau d’éducation élevé sera un meilleur administrateur et a
plus de chance de passer d’un emploi moins stable vers un autre plus rémunéré. Par
contre, ceux qui choisissent les emplois à faible rémunération sont ceux ayant de
faibles qualifications (Jacobs, 2007). Selon Rees et Shah (1986), l’éducation incarne
deux aspects du capital humain. Il permet d’accroître la productivité du travail et
de réduire la variance des revenus.

15
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Les risques associés à l’emploi

Le choix de la profession est fonction de la rémunération attendue qui à son tour


dépend de l’évaluation des compétences individuelles et de l’aversion au risque
(Van Praag et Cramer, 2001). Friedman et Savage (1948) distinguent trois
alternatives possibles dans le choix de la carrière, avec chacun impliquant un niveau
de risque donné : (i) les emplois pour lesquels le risque associé et la rémunération
reçue sont très faibles ; (ii) les emplois impliquant des risques modérés, mais avec
de faibles probabilités de réaliser des gains ou des pertes extrêmes ; (iii) les emplois
comportant des risques élevés ainsi qu’une forte probabilité de gains ou de pertes
extrêmes.

Pour encourager les individus à choisir des emplois avec des risques modérés plutôt
que des risques faibles ou élevés, il faut leur payer une compensation. Les individus
averses au risque sont plus susceptibles d’être employées dans les professions à
faible risque et recevront des revenus compensatoires faibles, alors que ceux qui
ont le goût du risque vont se retrouver dans les emplois associés à des niveaux de
risque élevés, mais aussi avec des revenus élevés (Bonin et al., 2007). King (1974)
montre que les professions les plus risquées offrent des revenus moyens supérieurs.
Il existe une relation négative significative entre l’aversion au risque et les salaires
de réservation et les demandeurs d’emploi sont supposés être averses au risque
(Pannenberg, 2007).

Le capital initial du travailleur

Banerjee et Newman (1993) montrent que la distribution du revenu initial influence


le choix de la profession. Du fait des imperfections sur le marché de l’emploi, les
crédits pour investissement ne sont pas accessibles à tout le monde. L’obtention de
crédits est consécutive à des garanties. Les individus les plus nantis peuvent fournir
d’importantes garanties et recevoir des prêts afin de devenir des entrepreneurs de
grandes envergures, tandis que les agents avec de faibles dotations initiales
reçoivent de petits prêts, qui ne leur permettent que d’entrer dans l’auto-emploi
avec des processus de production à faible échelle. Par conséquent, les professions
16
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

qui nécessitent des investissements élevés ne sont pas à la portée des individus à
faible revenu qui vont choisir, soit d’être employés chez les riches employeurs, soit
de s’auto-employer dans les petites entreprises ou resteront au chômage (Antunes
et Cavalcanti, 2002).

Section 2 : Comprendre le choix des emplois informels dans les pays en


développement

Le marché du travail dans les pays en développement est caractérisé par la


coexistence des marchés formels et informels avec le marché informel qui occupe
une place prépondérante du marché de travail de ces pays. Gerxhani (2004) affirme
que les travailleurs des pays en développement choisissent de participer au secteur
informel en raison de l’autonomie, de la flexibilité et de la liberté qu’il leur confère
par rapport à l’emploi formel.

Dans la première partie de cette section, nous présentons les caractéristiques de ces
deux marchés. Dans la deuxième partie, nous exposons les hypothèses
(compétitivité et segmentation) qui sous-tendent les comportements de choix de
l’emploi dans l’un ou l’autre de ces secteurs.

1. La dichotomie marché informel et marché formel

Le secteur informel est celui des entreprises à petite échelle de production et avec
de faibles niveaux de productivité, non légales et souvent à caractère familiale. C’est
la somme de toutes les activités génératrices de revenus, à l’exclusion de celles qui
impliquent des emplois contractuels et réglementés (Maloney, 2004). Le secteur
informel est constitué d’entreprises qui sont caractérisées par leur petite taille en
main-d’œuvre et en capital et dont les revenus imposables ne sont pas déclarés avec
l’intention de se soustraire aux impôts (Amaral et Quintin, 2006; Gerxhani, 2004).
Les travailleurs du secteur informel ne bénéficient pas des prestations de la sécurité
sociale, de contrat de travail et de congés payés. L’entrée sur le marché informel est
libre, mais les revenus y sont faibles et instables. Les travailleurs du secteur

17
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

informel sont traditionnellement vus comme les moins favorisés du marché de


travail (Maloney, 1999).

Le marché formel par contre, offre des conditions d’emploi relativement


attrayantes. Il est bien organisé et réglementé, les revenus y sont relativement
élevés et stables. Maloney (1999) affirme qu’une entreprise peut être considérée
comme du secteur formel si elles respectent les prescriptions du code de travail. La
demande de travail sur le marché formel est rationnée et il est exigé un minimum
de qualification des travailleurs. Les travailleurs veulent des emplois stables et
sécurisés, bien payés et respectant les normes du travail avec des protections
sociales. Toutefois, il n’y a pas assez de « bons » emplois pour tous ceux qui le
veulent et sont capables de les exécuter (Fields, 2011).

Deux hypothèses sont formulées sur le choix de l’emploi dans le secteur informel :
l’hypothèse de la compétitivité et celle de la segmentation. L’hypothèse de
compétitivité considère que le choix de travailler sur le marché informel est le
résultat d’un avantage comparatif entre plusieurs alternatives dont dispose le
travailleur. L’emploi informel est alors un choix volontaire du travailleur fondé sur
la rémunération ou sur la maximisation de l’utilité (Amaral et Quintin, 2006;
Maloney, 2004; Roy, 1951). L’hypothèse de la segmentation quant à elle, suppose
qu’il existe des barrières d’entrée sur le marché formel. Par conséquent, les
travailleurs qui ne sont pas en mesure d’obtenir un emploi sur ce marché sont
obligés de choisir des emplois à faible niveau de productivité du secteur formel, au
lieu de rester au chômage.

Bennett (2010) affirme que l’emploi informel peut être vu soit ; comme un tremplin
sans lequel le travailleur ne peut avoir accès à un emploi formel soit ; comme un
emploi de dernier ressort quand dans la première période, le travailleur ne peut
avoir accès à un emploi formel. Günther et Launov (2012) suggèrent que les
hypothèses de compétitivité et de segmentation doivent être repensées parce
qu’aucune des deux n’est appropriées pour expliquer la dynamique du marché du
travail dans les pays en développement. Il y a aussi des possibilités de barrières à
l’entrée dans le segment supérieur du marché informel où l’on retrouve à la fois des

18
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

travailleurs qui l’ont choisi comme avantage comparatif et de ceux qui ont choisi
comme stratégie de dernier recours pour échapper au chômage.

2. Le choix de l’emploi informel dans les pays en développement

Dans cette section, nous présentons successivement les hypothèses de compétitivité


et de segmentation des marchés de travail dans les pays en développement afin de
mieux comprendre le choix des emplois informels par les individus dans ces pays.

2.1. Hypothèse de compétitivité des marchés du travail

La théorie de la compétitivité du marché de travail trouve ses fondements dans la


théorie néoclassique orthodoxe. Selon cette théorie, les travailleurs sont supposés
adopter un comportement de maximisation de leur utilité issue de la consommation
des biens et services et du loisir sous contrainte du temps (consacré au travail et au
loisir) et de leur taux de salaire. Les travailleurs peuvent librement faire leur choix
parmi plusieurs alternatives d’emploi en fonction de leur préférence, de leurs
capacités et compétences et par conséquent seront rémunérés en fonction de leur
dotation en capital humain. Les entreprises quant à elles, ont pour objectif la
maximisation de leur profit et donc emploient les travailleurs au point où leur
productivité marginale est égale à leur coût marginal. Sous l’hypothèse
concurrentielle du marché de travail, les conditions d’entrée ne sont déterminées
que par les fonctions salariales. Il n’y a pas de files d’attente ni de coûts d’entrée
(Magnac, 1991).

Du point de vue de la théorie de la compétitivité sur le marché du travail, l’emploi


informel est vu comme un choix volontaire basé sur une analyse coût-bénéfice.
Selon Maloney (2004), l’emploi informel est une décision optimale étant donné les
préférences du travailleur, ses contraintes en termes de dotation en capital humain
et le niveau de la productivité du travail dans le secteur formel. Il en ressort que, les
travailleurs du secteur informel ne bénéficieront pas forcément de meilleures
conditions de travail dans le secteur formel avec les mêmes qualifications. L’emploi

19
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

informel est donc un choix volontaire qui procure au travailleur au moins les
mêmes satisfactions que l’emploi formel et peut donc être considéré comme son
substitut.

Magnac (1991) a développé un modèle microéconomique à partir des offres de


travail dans les différents secteurs du marché de travail. Il applique le modèle aux
données sur la force de participation des femmes aux marchés de travail dans les
différentes villes de la Colombie en 1980. Il trouve que le choix de l’emploi sur le
marché informel ou formel est beaucoup plus basé sur les avantages comparatifs
que sur la segmentation entre ces deux marchés. Amaral et Quintin (2006) partent
de l’hypothèse que les marchés de travail sont compétitives et expliquent les
différences entre les conditions de travail et de rémunération entre le secteur formel
et informel par le fait que, les employeurs dans le secteur formel utilisent beaucoup
plus le capital physique. De ce fait, ils emploient de la main-d’œuvre qualifiée et
bénéficient d’une productivité plus élevée. Par contre, les employeurs du secteur
informel financent en général leurs entreprises sur fonds propre et donc opèrent
avec un ratio capital/travail faible. Ceci explique les faibles niveaux de productivité
et de rémunération dans le secteur informel.

Falco (2013) s’appuyant sur le modèle de Harris et Todaro2 pour analyser le


mouvement des travailleurs entre le secteur formel et le secteur informel au Ghana,
suppose contrairement à eux, que les travailleurs ne sont pas indifférents au risque.
Ils sont plutôt averses au risque et arbitrent entre le libre-accès au secteur informel
et les files d’attente pour les emplois du secteur formel. Le modèle est en deux
périodes. Dans la première période, l’individu préalablement au chômage décide
soit de chercher (faire la queue) un emploi formel ou un emploi informel. Dans la
seconde période, il compare l’utilité espérée des deux stratégies de recherche
d’emploi, au lieu de comparer le revenu espéré comme dans le modèle de Harris et

2 Le modèle dual de l’exode rural sur les pays en développement d’Harris et Todaro (1970) traite
l’exode rural comme un phénomène économique et les auteurs postulent que les travailleurs
comparent les revenus espérés dans le secteur urbain avec les taux de salaires agricoles et migrent si
le premier est supérieur au second. Les travailleurs migrants du secteur de l’agriculture vers le secteur
industriel pourraient temporairement être contraints de participer à des activités peu productives (au
lieu de rester au chômage), en raison de la pénurie d’emplois ou du coût élevé de la recherche d’emploi.

20
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Todaro. Il choisit ensuite, la stratégie ayant la plus forte utilité espérée. Falco (2013)
a introduit le risque dans les résultats de ces deux stratégies comme suit : dans le
secteur informel, le revenu fluctue selon les bons et les mauvais états de la nature,
alors que dans le secteur formel le salaire est stable, mais la recherche d’emploi
n’est fructueuse qu’avec une certaine probabilité. Il remarque que, les travailleurs
les plus averses au risque sont plus susceptibles de faire la queue pour des emplois
formels et moins susceptibles de choisir les emplois informels.

2.2. Hypothèse de la segmentation des marchés de travail

La théorie de la segmentation du marché de travail suppose que ces derniers sont


une combinaison de marchés distincts et interconnectés plutôt qu’un unique
marché concurrentiel. Cette distinction résulte de l’existence d’obstacles
déterminés par des facteurs géographiques, professionnels et institutionnels, ainsi
que des attitudes sociales à l'égard du genre, de la race et de l’âge. La théorie de la
segmentation du marché de travail a été développée afin de rendre compte des
inégalités d’opportunité qui sont caractéristiques des économies modernes et que
la théorie concurrentielle orthodoxe n’a pas pu éliminer à travers la structure des
salaires.

Le marché de travail est caractérisé par l’existence de multiples divergences aussi


bien au niveau des travailleurs que des emplois. Les travailleurs se regroupent selon
leur âge, leur sexe, leur niveau d’éducation, etc. Ces différents groupes d’individus
semblent opérer sur différents marchés avec des conditions de travail différentes,
des opportunités de promotion différentes, des réglementations et des niveaux de
salaire différents (Reich et al., 1973). La théorie de segmentation du marché de
travail permet de faire une classification suivants les divergences et les
ressemblances entre les différents marchés d’emploi. Elle permet de grouper les
marchés de travail en deux ou plusieurs marchés parallèles. Doeringer et Piore
(1985) proposent une distinction du marché de travail en deux segments plus ou
moins hermétiques : les marchés primaire et secondaire.

21
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Le marché primaire est celui des emplois stables, bien rémunérés et défendus par
les syndicats (carrière intéressante, avantages sociaux). Il est peu concurrentiel et
contractuel. Les emplois localisés dans ce secteur du marché de travail sont
caractérisés par des salaires élevés et des rendements élevés sur le capital humain
accumulé. On peut y distinguer une strate inférieure où les tâches sont relativement
standardisées, et une strate supérieure où les activités exigent des qualifications et
des prises d’initiative plus affirmées. Sur le marché primaire, les salaires sont
négociés et dépassent le salaire d’équilibre du marché. A ces avantages, viennent
encore s’ajouter la sécurité de l'emploi, une protection sociale et des perspectives
de carrière attractives.

Le marché secondaire quant à lui est celui des emplois précaires, mal rémunérés et
peu défendus (peu de syndicalisation). C’est un marché très concurrentiel sur
lequel les conditions de travail sont difficiles. A l’opposé du segment primaire, le
segment secondaire est caractérisé par des emplois d’une durée limitée et offrant
une protection sociale réduite. On y retrouve les travailleurs peu qualifiés qui
occupent les emplois de type : employé, ouvrier, et des personnes appartenant aux
minorités. Les employés du segment secondaire peuvent subir une situation de
monopsone (un seul demandeur de travail pour plusieurs offreurs). Leurs
employeurs pouvant fixer de ce fait un salaire faible en raison du manque
d’opportunités d’emploi alternatives.

Dans la théorie duale de Lewis (1954), les marchés de travail dans les pays en
développement sont segmentés en un marché formel et un marché informel. Selon
le point de vue dualiste, certains travailleurs n’ont pas accès à des emplois dans le
secteur réglementé et formel. Ces travailleurs sont contraints d’accepter des
emplois du secteur informel caractérisés par des rémunérations et des conditions
de travail inférieures. Les travailleurs du secteur informel partagent leur temps
entre le travail et la recherche d’emploi mieux rémunéré dans le secteur formel
(Harris et Todaro, 1970). Les travailleurs du secteur informel ont tendance à être
plus jeunes avec de faibles niveaux d’éducation et de rémunération
comparativement à leurs homologues du secteur formel. Ceci a amené plusieurs
auteurs à conclure que les marchés de travail dans les pays en développement sont

22
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

segmentés (Amaral et Quintin, 2006; Bispo, 2007; Leontaridi, 1998). Il existe des
barrières à l’entrée du secteur formel qui empêchent certaines catégories de
travailleurs d’y obtenir des emplois. Ceci favorise l’expansion du secteur informel
où les rationnés du secteur formel peuvent facilement se trouver un emploi.

A partir des données des enquêtes sur les ménages, Pratap et Quintin (2006) ont
pu tester qu’en moyenne les travailleurs argentins du secteur formel ont un salaire
plus élevé que ceux du secteur informel, étant donné les caractéristiques des
travailleurs ainsi que celles des entreprises. Ce qui renseigne de la segmentation du
marché de travail argentin. Narayanan (2015) n’a pas pu rejeter l’hypothèse de la
segmentation du marché de travail indien et montre que les travailleurs du secteur
informel gagnent moins que leurs homologues du secteur formel, pas seulement à
cause de leur faible niveau de qualification, mais aussi parce que leurs dotations en
capital humain sont rémunérées plus faiblement par rapport aux travailleurs du
secteur formel.

Section 3 : Modélisation du choix de l’activité de taxi-moto

Dans cette section, nous sommes partis du fait que le marché de travail béninois est
constitué d’un marché formel et d’un marché informel et proposons une
modélisation graphique qui met en relation les revenus espérés dans l’activité de
taxi-moto avec les niveaux d’éducation et l’aversion au risque, afin de déterminer
les caractéristiques des conducteurs de taxi-moto au Bénin.

1. Estimation des déterminants du choix d’une profession

L’analyse des déterminants du choix de l’activité de taxi-moto se situe dans les


théories microéconomiques du marché de travail. Ces théories postulent que les
individus choisissent l’emploi qui leur procure la plus grande satisfaction psychique
ou une utilité maximale. Dans la théorie prospective de Kahneman et Tversky
(1979) par exemple, le processus de choix se fait en deux phases : la phase d’édition
qui consiste en une analyse préliminaire des perspectives disponibles et la phase

23
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

d’évaluation où les perspectives éditées sont évaluées et la perspective ayant la plus


grande valeur est choisie. De même, dans les pays en développement où le marché
de l’emploi est généralement divisé en marché formel et informel, on peut décrire
le processus du choix de l’emploi comme un processus en deux étapes.
Premièrement, le travailleur décide de chercher le travail dans un secteur (formel
ou informel), où selon ses propres caractéristiques et celles de l’emploi, il pourrait
réduire le risque de rester au chômage. Deuxièmement: il va comparer le revenu
espéré des différents emplois possibles et choisir celui dont le revenu espéré est le
plus élevé. Ceux qui ne respecteront pas les conditions pour travailler sur le marché
formel et ceux qui y seront rationnés se verront contraints de travailler sur le
marché informel quitte à rester au chômage.

Les modèles de maximisation d’utilité sont utilisés pour décrire les comportements
de choix de l’emploi chez les individus. La probabilité qu’un individu choisisse une
profession donnée dépend aussi bien des caractéristiques individuelles (âge,
l’éducation, etc.) que les conditions du marché de travail (rémunération, risques,
l’effort requis, etc.). Les modèles de choix discrets (tels que le probit, le logit, etc.)
sont utilisés pour estimer cette probabilité.

Les recherches empiriques sur les marchés de travail utilisent les données en coupe
instantanée afin d’analyser les déterminants du choix d’un emploi. Les modèles
utilisés comparent ceux qui ont un emploi avec ceux qui n’en ont pas et estiment la
probabilité de choisir un emploi donné. Dans la présente étude, les données dont
nous disposons concernent uniquement les conducteurs de taxi-moto. De ce fait,
l’utilisation d’un modèle de choix discret présente des limites. Nous sommes alors
partir d’une modélisation graphique pour analyser les déterminants du choix de
l’activité de taxi-moto. Cette modélisation est présentée dans la section suivante.

2. Essai de modélisation du choix l’activité de taxi-moto

En nous basant sur Spence (1973), nous avons supposé que les compétences sont
mesurées comme le niveau d’éducation atteint. La productivité des individus
accroît avec les niveaux de compétence. Le marché de travail est divisé en marchés

24
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

formel et informel. Le travailleur 𝑖, qui est supposé sans emploi, a le choix entre la
recherche d’un emploi formel ou d’un emploi informel (activité de taxi-moto).

Le marché formel est caractérisé par des rémunérations relativement plus élevées
et stables ainsi que des barrières à l’entrée. Il est requis des travailleurs d’avoir de
bonnes qualifications et compétences. Cela implique le rationnement de la
demande de travail sur ce marché. Les demandeurs d’emploi qui ne sont pas en
mesure de trouver un emploi régulier dans le secteur formel peuvent pour des
périodes courtes ou longues, participer au secteur informel (activité de taxi-moto)
plutôt que de rester au chômage (Fields, 2004).

Nous supposons qu’en fonction de sa compétence, l’individu à la recherche


d’emploi sur le marché formel l’obtiendra avec une probabilité 𝑝, dans ce cas, son
revenu est donné par: 𝑦𝑖𝐹 (𝑒) = 𝑤𝐻(𝑒) ; avec 𝑤 le taux du salaire sur le marché
formel, 𝐻(. ) est la fonction qui transforme le nombre d’année d’éducation atteint 𝑒
en compétence. Par ailleurs, l’individu à la recherche d’emploi peut rester au
chômage avec une probabilité de 1 − 𝑝. Dans ce cas, son revenu est 𝑦 et provient de
sources externes (par exemple, le soutien financier de sa famille). Le revenu espéré
sur le marché formel est une fonction croissante du niveau d’éducation de l’individu
et est donné par :

𝐸(𝑦𝑖𝐹 ) = 𝑝𝑦𝑖𝐹 (𝑒) + (1 − 𝑝)𝑦 ; 𝑝 ∈ [0,1] (𝟏. 𝟏)

La caractérisation principale du marché informel est qu’il s’agit d’un marché avec
libre entrée, où les travailleurs peuvent entrer pour avoir des revenus de
subsistance, au lieu de rester inactif. Il concerne les entreprises à petite échelle, les
marchés non réglementés et concurrentiels, les travailleurs sans qualification ou
compétence particulière (Fields, 2004). Si le travailleur choisit de chercher l’emploi
sur le marché informel, il aura un emploi avec certitude (ce qui reflète la nature de
libre entrée sur les marchés d’emplois informels), mais son revenu sera instable et
dépendra des mauvais et bons états de la nature. Celui qui choisit d’exercer l’activité
de taxi-moto par exemple, est susceptible d’être victime d’un accident de circulation
avec une probabilité égale à 1 − 𝑞 ou ne subir aucun accident avec une probabilité
égale à 𝑞. Lorsqu’il n’est affecté par aucun mauvais évènement (bon état de la

25
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

𝐺
nature), le revenu du travailleur est 𝑦𝑖𝐼 , tandis que dans une mauvaise période, il
𝐵 𝐺 𝐵
obtiendra 𝑦𝑖𝐼 (avec 𝑦𝑖𝐼 > 𝑦𝑖𝐼 ). Nous supposons que le revenu sur le marché
informel est indépendant de la compétence des travailleurs et que tous les agents
sont en mesure d’exercer des emplois sur le marché informel. Ainsi, le revenu
espéré est donné par :

𝐺 𝐵
𝐸(𝑦𝑖𝐼 ) = 𝑞 𝑦𝑖𝐼 + (1 − 𝑞) 𝑦𝑖𝐼 ; 𝑞 ∈ [0,1] (𝟏. 𝟐)

La fonction d’utilité est donnée par:

𝑦𝑖 1−𝜌𝑖
𝑈𝑖 (𝑦𝑖 ) = (𝟏. 𝟑)
1 − 𝜌𝑖

𝑦𝑖 le revenu de l’individu 𝑖 quelque soit le marché sur lequel il travaille.

𝑈𝑖′′ (𝑦𝑖 )
𝜌𝑖 = − (𝟏. 𝟒)
𝑈𝑖′ (𝑦𝑖 )

𝜌𝑖 est la mesure d’aversion au risque d’Arrow-Pratt, avec 𝜌𝑖 ≠ 1. Des valeurs


négatives de 𝜌𝑖 indiquent que l’individu 𝑖 aime le risque, des valeurs nulles de 𝜌𝑖 que
𝑖 est neutre par rapport au risque et des valeurs positives de 𝜌𝑖 que 𝑖 est averse au
risque. Comme dans le modèle de Falco (2013), le travailleur compare l’utilité
espérée sur le marché formel avec celle du marché informel. Ensuite, il va choisir
de chercher un emploi informel si et seulement si:

𝐸(𝑈𝑖𝐹 (𝑦𝑖 )) < 𝐸(𝑈𝑖𝐼 (𝑦𝑖 )) (𝟏. 𝟓)

𝑦𝑖𝐹 (𝑒)1−𝜌𝑖 𝐺 𝐵
𝑝 + (1 − 𝑝)𝑦 < 𝑞 𝑦𝑖𝐼 + (1 − 𝑞) 𝑦𝑖𝐼 (𝟏. 𝟔)
1 − 𝜌𝑖

Les conditions de travail sur le marché formel sont supposées plus stables que dans
le secteur informel. L’absence de dispositions contractuelles formelles,
l’environnement économique instable et particulièrement, dans le secteur des
conducteurs de taxi-motos, les risques d’accidents sont entre autres les causes des
fluctuations très incertaines du revenu. Par conséquent, nous posons que:

𝑉𝑎𝑟(𝑦𝑖𝐼 ) > 𝑉𝑎𝑟(𝑦𝑖𝐹 ) (𝟏. 𝟕)

La figure 1 montre l’équilibre entre le revenu espéré des individus à la recherche


d’emploi et leur niveau d’éducation.
26
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Figure 1 : Revenus espérés sur les marchés formel et informel et niveau


d’éducation

Le travailleur tel que: 𝐻(𝑒) < 𝐻 ∗ (𝑒) choisira de travailler dans le secteur informel
parce que cela lui garantie un revenu plus élevé alors que, celui pour qui 𝐻(𝑒) >
𝐻 ∗ (𝑒) cherchera un emploi dans le secteur formel. Cette analyse ne tient pas compte
de l’aversion au risque des travailleurs. Nous allons donc introduire l’aversion au
risque dans l’analyse afin de déterminer comment elle affecte les choix
professionnels des individus.

Cas 1: 𝑯(𝒆) < 𝑯∗ (𝒆)

La figure 1 montre que le revenu espéré sur le marché informel, pour les chercheurs
d’emploi avec de faibles niveaux de compétence, est plus élevé que leur revenu
espéré dans le secteur formel. Rappelons que la variance des revenus dans le secteur
informel est supposée être plus élevée que la variance des revenus dans le secteur
formel.

▪ Un travailleur à faible niveau de compétence et averse au risque préférera


l’emploi formel qui génère un revenu plus faible comparativement à l’emploi
informel. Même si le revenu espéré sur le marché formel est faible, il est plus
certain.

27
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

▪ Un travailleur qui aime le risque décidera de travailler sur le marché


informel. Il préfèrera prendre des risques et les compenser avec un revenu
plus élevé. Comme les conclusions auxquelles Bonin, Dohmen et al., (2007)
ont abouti dans une étude sur les travailleurs allemands, les individu avec de
faibles propensions à prendre des risques, sont plus susceptibles à travailler
dans les professions avec des revenus plus stables. Ainsi, le travailleur non
qualifié qui est averse au risque va choisir de chercher un emploi dans le
secteur formel.

Cas 2: 𝑯(𝒆) > 𝑯∗ (𝒆)

La figure 1 montre que, le revenu espéré sur le marché formel, pour les travailleurs
qualifiés, sont plus élevé que ceux sur le marché informel. En outre, la variance du
revenu dans le secteur formel est inférieure à la variance des revenus dans le secteur
informel.

Indépendamment de leur aversion au risque, les travailleurs qualifiés vont chercher


du travail dans le secteur formel. Cependant, du fait du rationnement de la
demande d’emploi sur le marché formel, les individus avec des niveaux de
compétence élevés mais qui n’ont pas été en mesure de trouver un emploi sur ce
marché, seront contraints quel que soit leur degré d’aversion au risque de prendre
un emploi sur le marché informel quitte à rester au chômage.

Synthèse

L’activité de taxi-moto étant une activité risquée est choisie par des travailleurs à
faible niveau de compétence, qui aiment le risque et sont guidés par les revenus
relativement élevés dans le secteur. L’activité de taxi-moto peut être aussi choisie
dans une moindre mesure, par des travailleurs avec des niveaux de compétence
élevés mais qui n’ont pas pu accéder au marché de travail formel et qui choisissent
l’activité de taxi-moto du fait de la facilité d’accès qu’elle offre.

28
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Conclusion

L’objectif de ce chapitre est d’analyser les déterminants du choix de la profession


de taxi-moto au Bénin. Pour ce faire, nous avons modélisé de la décision de choix
de l’activité de taxi-moto en fonction des revenus espérés, du niveau d’éducation et
de l’aversion au risque des individus. On en déduit que ceux qui choisissent l’activité
de taxi-moto sont en grande partie des individus à faible niveau d’éducation et de
compétence et qui ont le goût pour le risque. Puisque, l’activité de taxi-moto est une
source certaine de se procurer un revenu journalier, ils choisissent l’exercer quitte
à supporter ses risques.

La littérature économique suggère un effet positif et significatif des années de


formation sur les débouchés d’emploi. Un niveau de scolarité plus élevé conduit à
de meilleurs résultats en matière d’emploi, tels que les salaires plus élevés et une
baisse du chômage. Cependant, pour les jeunes en Afrique subsaharienne, cette
relation n’est pas toujours évidente. Dans certains de ces pays comme le Bénin,
l’enseignement secondaire et tertiaire ne sont pas forcément associés à des taux de
chômage plus faibles chez les jeunes (Garcia et Fares, 2008). Ainsi, les individus
avec des niveaux d’éducation élevés dans l’activité de taxi-moto sont ceux qui n’ont
pas pu se trouver un emploi sur le marché formel à cause des barrières à l’entrée.
Alors, ils n’ont eu autres choix que d’exercer le métier de conducteur de taxi-moto
quel que soit leur préférence pour le risque.

29
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

CHAPITRE 2 : LES RISQUES D’ACCIDENT DANS L’ACTIVITE DE


TAXI-MOTO

Introduction

Le risque procède des situations où les résultats de l’activité humaine ne sont


prévisibles qu’avec des probabilités. Très peu de décisions sont prises avec une
parfaite connaissance des conséquences. Comment les individus réagissent-ils face
à des situations incertaines ou risquées ? La théorie économique du risque fournit
un cadre conceptuel qui permet d’analyser le comportement des individus face au
risque et propose des moyens pour organiser la société de manière à ce que les
imprévus et inconnus soient anticipés ou au moins traités de façon raisonnable afin
de limiter leurs effets négatifs sur le bien-être des individus (Allais, 1953;
Kahneman et Tversky, 1979; Neumann et Morgenstern, 1947).

Les comportements en face du risque dépendent de la préférence des individus


pour le risque. Trois attitudes sont théoriquement possibles : le goût pour le risque,
l’aversion pour le risque ou encore l’indifférence à l’égard du risque (Arrow, 1971;
Pratt, 1964). Dans le premier cas, l’individu perçoit le risque comme une occasion
de gains importants et rapides. Dans le deuxième, le risque est perçu comme la
source de pertes potentielles et entraîne des comportements qui traduisent la
volonté d’éviter le risque, c’est-à-dire de réduire les probabilités des conséquences
défavorables. Dans le troisième cas, le risque n’est synonyme ni de chance ni de
désagréments.

Sur le marché de l’emploi, les individus sont exposés à des risques de santé (tels
que, les accidents, maladies et décès dus au travail) et à des risques en termes
économiques, tels que l’instabilité de leurs revenus ou la perte de leurs emplois.
Selon la théorie économique, les travailleurs font le choix de leur profession parmi
une large possibilité d’emploi en fonction non seulement de leurs préférences, de
leurs capacités et compétences, de la rémunération espérée, des alternatives

30
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

disponibles pour d’autres emplois, mais aussi en fonction des risques associés à
l’emploi (Blau et al., 1956; Kahneman et Tversky, 1979).

Dans ce chapitre, nous nous intéressons à l’analyse des risques d’accidents dans
l’activité de taxi-moto. De façon spécifique, nous analysons l’arbitrage revenus-
risques d’accident qui guide le choix de l’activité de taxi-moto par les individus. En
effet, selon les statistiques du CNSR (2012) 3, en 2010 et en 2011 par exemple,
Cotonou a enregistré respectivement 35 et 46 décès de conducteurs de taxi-moto.
Aussi, au cours de ces deux années respectivement, en moyenne 25 et 37 personnes
ont été gravement blessées tous les mois dans les accidents impliquant des
conducteurs de taxi-moto. Il est alors important d’analyser si les revenus générés
par l’activité sont suffisants pour compenser les risques encourus. Aussi, en dépit
des risques est-ce que les conducteurs de taxi-moto parviennent à améliorer leur
bien-être à travers les revenus générés par l’activité et/ou à trouver des ressources
nécessaires pour investir dans d’autres activités plus stables.

Ce chapitre de la thèse est subdivisé en quatre sections. La première section


s’articule autour du processus de décision en univers risqué selon la théorie
microéconomique. Dans la deuxième section, nous avons présenté la méthodologie
d’estimation des revenus compensatoire pour les risques d’accident dans l’activité
de taxi-moto. La troisième section présente et discute les résultats des estimations.
La quatrième section conclue.

Section 1 : Le processus de décision en univers risqué

Le processus de décision en univers risqué peut être considéré comme le choix entre
plusieurs alternatives incertaines. La théorie de l’utilité espérée est le modèle
dominant dans l’analyse des comportements en univers incertain dans la littérature
économique. Elle permet, entre autres, de comprendre et de formaliser le
comportement des agents face au risque. Von Neumann et Morgenstern (1947) sont

3 Centre National de Sécurité Routière (CNSR) du Bénin.

31
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

les premiers à faire une majeure contribution à la nouvelle théorie


microéconomique des choix en univers incertain. Se fondant sur certains axiomes,
ils ont déterminé la forme de la fonction d’utilité qui explique le comportement
rationnel des individus face au risque. Ensuite, cette théorie sera aussi abordée par
d’autres auteurs tels que Friedman et Savage (1948), Arrow (1971), Pratt (1964).
Cependant, le paradoxe d’Allais (1953) a très tôt laissé des doutes quant à l’aptitude
de la théorie de l’utilité espérée à être une théorie générale expliquant comment les
individus évaluent le risque. Dès lors, de nombreuses études se sont penchées sur
l’analyse du processus de décision des individus face au risque et ont ouvert la voie
à d’autres théories alternatives à la théorie de l’utilité espérée.

Cette section discute des avancées dans la théorie microéconomique des choix en
situation d’incertitude. De façon spécifique, elle part de la définition des notions de
risque et de la perception du risque et présente ensuite la théorie de l’utilité espérée
avec ses critiques.

1. Risque et perception du risque : définition

Dans cette sous-section, nous présentons la définition du risque et discutons de la


perception du risque dans le processus de décision.

1.1. Risque et incertitude

Le risque est défini par référence à l’incertitude. Pour Hansson (2004), le risque est
une combinaison de « connaissance » et d’« incertitude ». Quand on parle de
risque, il doit avoir d’une part quelque chose qui est inconnu ou possède un résultat
inconnu, c’est l’incertitude ; et d’autre part quelque chose de connue par rapport à
cette incertitude. Il s’agit de la probabilité des différents résultats possibles.

Deux variables principales sont retenues dans les définitions du risque et de


l’incertitude : la probabilité de survenance d’un évènement et ses conséquences sur
l’activité humaine. Ces dernières peuvent être positives ou négatives selon la valeur
que les individus leur accordent (Möller, 2012). Ainsi, on dit d’une décision qu’elle

32
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

est risquée lorsque les probabilités de ses résultats éventuels sont prévisibles, par
opposition à une décision incertaine qui correspond à un futur complètement
imprévisible et à une décision certaine qui permet de faire des prédictions.

Le risque et l’incertitude représentent les deux aspects du manque de connaissance


dans la théorie de la décision. Ce qui les différencie est que pour le risque, les
probabilités des résultats possibles d’une action sont connues ; alors que pour
l’incertitude, elles ne le sont pas ou le sont partiellement (Knight, 1921).
Néanmoins, toutes les décisions sont prises dans l’ « incertitude », puisque même
si les probabilités sont supposées être connues, on n’est jamais sûr de leur
exactitude. De ce fait, si une décision est traitée comme étant risquée, cela ne
signifie pas que toutes les probabilités sont parfaitement connues, mais plutôt on
simplifie le problème de décision de manière à le traiter comme si les probabilités
sont connues.

La littérature fournit une large clarification du concept de risque de différentes


manières et selon différentes perspectives. Certains se basent sur l’incertitude
(Riesch, 2013), d’autres sur des définitions (Hansson, 2005; Möller, 2012), d’autres
sur les caractéristiques du risque (Sitkin et Pablo, 1992) et d’autres encore sur la
perception du risque (Slovic, 1987; Slovic, 2000). Hansson (2005) et Möller (2012)
regroupent les définitions du risque en cinq grandes catégories :

(i) Le risque est un évènement indésirable, qui peut ou non survenir dans la vie
des individus. Cette définition fait référence à trois éléments fondamentaux.
Premièrement, le risque exprime un état de la réalité par rapports aux humains.
Deuxièmement, un évènement risqué a des résultats possibles, conséquences de
l’activité humaine. Troisièmement, on ne peut parler de risque sans qu’il y ait de
l’incertitude (Rosa, 1998). Ainsi, le risque est la possibilité que l’activité humaine
entraîne des conséquences qui affectent les individus (Renn, 1998). Ces
conséquences incertaines peuvent être positives ou négatives (Machlis et Rosa,
1990).
(ii) Le risque est la cause d’un évènement indésirable qui peut ou non survenir
dans la vie des individus.

33
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

(iii) Le risque est la probabilité qu’un évènement indésirable qui peut ou non
survenir dans la vie des individus. Il est à noter que le « risque » ici n’est pas
synonyme de « probabilité » mais qu’il est utilisé pour signifier la non désirabilité
d’une situation.
(iv) Le risque est le fait qu’une décision soit prise dans des conditions de
probabilités inconnues. Cette définition permet de faire la différence entre : les
décisions certaines pour lesquelles toutes les conséquences alternatives de choix
sont connues ; les décisions risquées pour lesquelles ce sont les probabilités des
résultats qui sont connues ; les décisions incertaines pour lesquelles les probabilités
des résultats sont inconnues (Knight, 1921).
(v) Le risque est la valeur statistique espérée des évènements indésirables qui
peuvent ou non survenir dans la vie des individus. Ici, le risque est mesuré comme
la combinaison de deux facteurs : la probabilité d’un évènement indésirable et ses
conséquences. C’est la combinaison de ces deux facteurs qui renvoie à la notion
d’utilité espérée. L’utilité espérée permet de mesurer le gain ou la perte qu’un
individu peut tirer d’une activité risquée étant donné les différents états de la
nature.

1.2. La perception du risque dans la prise de décision

L’incertitude est un aspect inévitable de la condition humaine. Dès lors, beaucoup


de choix importants sont fondés sur les croyances au sujet de la probabilité des
évènements incertains. Puisqu’il n’existe pas de modèles formels adéquats pour
calculer les probabilités de tels évènements, les jugements intuitifs sont souvent la
seule méthode pratique pour évaluer l’incertitude (Tversky et Kahneman, 1983).
Même si de multiples définitions du risque dans la littérature évaluent les
probabilités et les conséquences des évènements indésirables de façon objective,
les analyses sociales rejettent cette notion et considèrent le risque comme étant
évalué de manière subjective, c’est-à-dire en fonction de la perception des individus
sur les risques liés à un évènement. Ces approches se concentrent plutôt sur les
effets que les distributions des résultats risqués ont sur les individus qui les
subissent. Elles supposent que le risque est défini subjectivement par les individus
34
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

qui peuvent être influencés par un large éventail de facteurs psychologiques,


sociaux, institutionnels et culturels. La perception du risque est alors définie,
comme étant les jugements que les individus se font lorsqu’on leur demande de
caractériser ou d’examiner un évènement incertain (Sitkin et Pablo, 1992; Slovic,
1987; Slovic et al., 1982). Ces jugements dépendent des propriétés des facteurs tels
que :

(i) l’effet du hasard sur les caractéristiques hypothétiques de chaque individu


(par exemple, le caractère volontaire, la crainte, le contrôle de soi),
(ii) les avantages du risque pour la société,
(iii) le nombre de décès causés par le risque en une année normale,
(iv) le nombre de décès causés par le risque en une année désastreuse et,
(v) les conséquences d’un décès suite au risque en question par rapport à un
décès ayant une autre cause (Slovic, 1987; Slovic et al., 1982).

Sjöberg et al. (2004) et Lowrance (1989) définissent la perception du risque comme


l’évaluation subjective de la probabilité d’occurrence d’un type spécifique
d’accident ainsi que de ses conséquences(Lowrance, 1989; Sjöberg et al., 2004). La
perception du risque va au-delà de l’individu et est une construction sociale et
culturelle des valeurs reflétant l’histoire et l’idéologie. Les facteurs tels que : le bon
sens, les expériences personnelles, la communication sociale, les traditions et les
cultures concourent à la formation de la perception du risque (Drottz-Sjöberg,
1991). Pour Renn (2005), la différence entre les choix individuels parmi plusieurs
alternatives risquées est associée à la différence entre les perceptions individuelles
relatives à chaque option risquée plutôt qu’à la différence entre les préférences des
individus pour le risque. En d’autres termes, le comportement humain est
principalement guidé par la perception du risque associé à chaque choix et non pas,
par ce que les scientifiques considèrent comme étant risqué.

La perception du risque est venue à être considérée comme un obstacle à la prise


de décision rationnelle parce que les agents économiques ont tendance à voir les
risques là où il n’en existe pas selon les experts (Sjöberg et al., 2004; Tversky et
Kahneman, 1981). Alors que les experts disposent d’outils appropriés pour évaluer
les risques, les individus sont influencés par leurs propres expériences des dangers
35
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

lors de la formation de leurs perceptions du risque. Ainsi, l’estimation du risque


varie-t-elle selon différents points de vue. Les individus ont tendance à sous-
estimer les risques liés à leur personne que ceux pesant sur les autres (Drottz-
Sjöberg, 1991). Les recherches ont montré que les individus tolèrent sensiblement
plus de risque quand ils s’engagent dans des comportements risqués de façon
volontaire (Renn, 2005; Sjöberg et al., 2004). Ceci est lié au sentiment que l’on
contrôle soit même mieux un risque perçu que ne le feraient les autres (par exemple
conduire soit même une voiture et se faire conduire). Ce sentiment de contrôlabilité
fait que les individus ont tendance à accepter des risques d’autant plus que ceux-ci
sont associés à des avantages.

De récentes études ont montré que les émotions jouent un rôle important dans le
processus de décision des individus (George Loewenstein, 2001; Hsee et
Kunreuther, 2000; Kunreuther et al., 2002). Ces derniers jugent le risque non
seulement par leur perception, mais aussi par ce qu’ils ressentent. Ainsi, si leurs
sentiments à l’égard d’une activité sont favorables, ils ont tendance à juger les
risques faibles et les avantages élevés. Si par contre, leurs sentiments à l’égard de
l’activité sont défavorables, ils ont tendance à émettre des jugements négatifs, c’est-
à-dire qu’ils jugent les risques élevés et les avantages faibles (Slovic et al., 2004).
Plus les individus ont conscience d’un risque et plus grande est la chance pour que
sa probabilité soit surestimée. Par exemple, si un individu a assisté à un accident
fatal de la circulation, il percevra le risque de décès dans les accidents de la
circulation comme étant particulièrement élevé (Kahneman et Tversky, 1984).

2. L’utilité espérée et choix en univers risqué

2.1. Les fondements de la théorie de l’utilité espérée

La théorie de l’utilité espérée telle que formulée par Von Neumann et Morgenstern
(1947) postule que : les individus rationnels en situation de risque font leur choix
en maximisant l’utilité espérée qui est donnée par :

36
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

𝐸[𝑢(𝑤)] = ∑ 𝑝𝑠 𝑢(𝑤𝑠 )
𝑠=1

avec 𝑤 une loterie ou une perspective risquée dont les résultats possibles sont
donnés par : (𝑤1 , 𝑤2 , … , 𝑤𝑠 ) avec des probabilités d’occurrence (𝑝1 , 𝑝2 , … , 𝑝𝑠 ) et 𝑢 est
une fonction cardinale et croissante de 𝑤. La théorie de l’utilité espérée partage
plusieurs principales hypothèses avec la théorie classique de la fonction d’utilité.
Ainsi, elle repose sur les axiomes suivants :

(i) Axiome d’ordre ou de comparabilité : Soient A, B, C, …, des loteries. Chaque


paire de loterie est caractérisée par une relation de préférence ou
d’indifférence (≽). Ainsi a-t-on : 𝐴 ≻ B soit 𝐴 ≺ B ou 𝐴~B. Par ailleurs, cette
relation est réflexive : 𝐴 ≽ A et transitive : si 𝐴 ≻ B et 𝐵 ≻ C alors 𝐴 ≻ C. Cet
axiome traduit le fait que deux distributions de probabilités pourront
toujours être comparables et que les individus sont rationnels dans leur
choix.
(ii) Axiome de continuité : Si 𝐴 ≽ B ≽ C, alors il existe 𝑞 ∈ [0, 1] tel
que : 𝐵~{(𝑞, 𝐴); (1 − 𝑞)𝐶}. Si une distribution de probabilité A est "très
fortement préférée" à une autre B, elle-même préférée à une autre C, il est
toujours possible de trouver un mélange probabiliste de A et de C tel que B
sera préféré à ce mélange.
(iii) Axiome d’indépendance ou de substitution : Soient A, B et C trois loteries et
𝑞 ∈ [0, 1]

𝐴 ≻ 𝐵 ⟹ {(𝑝, 𝐴); (1 − 𝑝)𝐶} ≻ {(𝑝, 𝐵); (1 − 𝑝)𝐶}

L’attitude d’un individu face aux deux loteries ne devra dépendre que de son
attitude face à A et B et non pas de la façon d’obtenir A et B. L’axiome
d’indépendance donne à la théorie de l’utilité espérée tout son contenu
empirique en imposant une restriction sur la forme fonctionnelle des
préférences. Il garantit que les croyances (probabilités objectives ou
subjectives) sont indépendantes des préférences. Ainsi, les préférences
peuvent être représentées comme l’espérance de la répartition d’une

37
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

fonction d’utilité fixe définie sur l’ensemble des résultats possibles (Machina,
1982).

Savage (1954) va un peu plus loin dans l’analyse des choix en situation risquée, en
introduisant les concepts d’évènement et des états de la nature. Il définit les
préférences sur un ensemble d’application associant une conséquence à chaque état
de la nature ; alors que chez Von Neumann et Morgenstern (1947), les préférences
sont définies sur un espace de distribution de probabilités. Von Neumann et
Morgenstern (1947) considèrent que les probabilités objectives, c’est-à-dire les
croyances correspondent simplement aux probabilités qui sont données de manière
exogène à l’agent économique. Savage (1954) par contre, propose une théorie de
l’utilité espérée fondée sur des probabilités qui reflètent les degrés de croyance
subjective.

Selon Savage (1954), la probabilité est l’indice de l’opinion d’un individu par
rapport à un évènement. De ce fait, deux individus rationnels dans les mêmes
situations avec les mêmes niveaux d’information peuvent développer des niveaux
de croyances différents et donc, des préférences différentes. Dans un contexte
décisionnel donné, l’agent économique recense toutes les possibilités qui s’offrent
à lui. Ces différents états possibles de la nature regroupés en évènements sont
connectés à des degrés de croyances qui vont servir à déterminer des probabilités
subjectives. En se basant sur un ensemble d’axiomes, il montre que les choix
rationnels en situation de risque s’obtiennent à partir de la maximisation des
utilités espérées subjectives et que les choix reflètent l’existence mesurable des
fonctions d’utilité et des probabilités subjectives des différents évènements ou états
de la nature.

Par ailleurs, Friedman et Savage (1948) ont montré que la forme de la fonction
d’utilité de Von Neumann et Morgenstern (1947) définissent le comportement des
individus par rapport au risque. Quelle que soit leur préférence pour le risque, la
fonction d’utilité des individus est croissante et leur utilité marginale positive. Une
fonction d’utilité linéaire dénote de l’indifférence par rapport au risque ; une
fonction d’utilité concave dénote de l’aversion au risque et une fonction d’utilité
convexe dénote du goût pour le risque.
38
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.2. Les critiques à la théorie de l’utilité espérée

La théorie de l’utilité espérée est fondée sur certains axiomes, dont l’axiome
d’indépendance. Cet axiome postule la linéarité de la fonction d’utilité par rapport
aux probabilités. L’axiome d’indépendance a été critiqué et remis en cause par les
auteurs tels que : Allais (1953), Ellsberg (1961). Dès lors, des doutes sont émis sur
la théorie de l’utilité espérée comme étant la théorie générale qui explique le
comportement de choix des individus en situation de risque. Allais (1953) dans son
article intitulé « Le Comportement de l’Homme Rationnel devant le Risque:
Critique des Postulats et Axiomes de l’Ecole Américaine », a montré que le choix
rationnel n’est pas forcément celui qui offre la plus forte probabilité de gain, car
celui-ci tient aussi compte des croyances des agents économiques. Il est maintenant
admis que des comportements qui sont jugés irrationnels du point de vue du critère
de l’utilité espérée peuvent bien être rationnels. Par ailleurs, le paradoxe Ellsberg
contredit le modèle d’utilité espérée subjective de Savage (1954). Selon ce paradoxe,
la théorie de l’utilité espérée s’intéresse aux probabilités subjectives en admettant
qu’en absence d’information complète, les individus déterminent leurs probabilités
subjectives en fonction de leur propre expérience et de leur propre connaissance.
Ellsberg (1961) explique que les croyances des agents ont tendance à altérer les
probabilités subjectives, car ils témoignent d’une aversion à l’ambiguïté. Lorsque
des individus ont à choisir entre deux options, la majorité se décide pour celle dont
la loi de probabilité est connue.

2.3. Les théories alternatives à la théorie de l’utilité espérée

A la suite des paradoxes d’Allais et d’Ellsberg, des théories alternatives se sont


développées afin d’intégrer les contestations et les formaliser pour mieux expliquer
les comportements des individus en face au risque. Plusieurs auteurs sont alors
partis de la linéarité en probabilité de la fonction d’utilité espérée pour la
généraliser en supposant la non linéarité de la forme fonctionnelle des préférences
des individus (Chew et MacCrimmon, 1979; Cox et al., 2007; Kahneman et Tversky,

39
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1979; Machina, 1982; Quiggin, 1982; Rabin, 2000a, 2000b; Rabin et Thaler, 2001;
Yaari, 1987).

L’une des plus importantes est la théorie prospective de Kahneman et Tversky


(1979). Elle postule que le processus de prise de décisions se déroule en deux phases
distinctes qui permettent d’expliquer le comportement des agents vis-à-vis des
options qui leur sont présentées. La première phase est la phase d’édition qui
consiste en une analyse préliminaire des différentes alternatives de choix. Cette
phase permet aux agents d’organiser et de reformuler les alternatives dont ils
disposent afin de faciliter le processus de décision. La perception des individus
entraînent des changements dans la valeur relative des différentes alternatives
(Tversky et Kahneman, 1981). Ainsi, en fonction de leur perception, les agents
transforment les rétributions de chaque alternative en gains ou en perte par rapport
à un point de référence subjective. Les domaines qui sont traités de positives (en
termes de gain) conduisent à des comportements d’aversion au risque alors que
ceux traités de négatives (en termes de perte) conduisent à des comportements de
goût pour le risque. La deuxième phase est la phase d’évaluation où les perspectives
éditées sont évaluées. La perspective ayant la plus forte valeur est choisie.

March and Shapira (1987) par contre, suggèrent que sur le marché du travail, la
propension à prendre le risque varie selon les contextes, les motivations et les
expériences des individus. La prise de risque étant essentielle dans le
comportement entrepreneurial, lorsque les conditions sont perçues de manière
positive, les individus se focalisent sur les opportunités associées à la situation et
donc ont tendance à prendre goût pour le risque. Ils ne tiennent pas assez compte
des probabilités des alternatives dans les prises de décisions. De ce fait, ils ignorent
les éventualités avec de faibles probabilités, quelle que soit leur importance.

Afin de rendre compte du paradoxe d’Allais, Machina (1982, 1987) propose une
nouvelle forme de courbe d’indifférence représentée dans un diagramme
triangulaire. Il illustre la propriété de linéarité des probabilités de la façon
suivante : soit une loterie sur les résultats 𝑥1 < 𝑥2 < 𝑥3 qui sont représentés par un
triplet de probabilité de la forme : 𝑃 = (𝑝1 , 𝑝2 , 𝑝3 ) avec 𝑝𝑖 = 𝑝𝑟𝑜𝑏 (𝑥𝑖 ) et ∑ 𝑝𝑖 = 1. Par

40
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

conséquent, 𝑝2 = 1 − 𝑝1 − 𝑝3 et que la loterie peut être représentée par des points


dans un triangle unitaire dans le plan (𝑝1 , 𝑝3 ) comme sur la figure 2.

Figure 2: Courbe d’indifférence de la fonction d’utilité espérée dans un


diagramme triangulaire

Puisque les mouvements vers le haut dans le triangle augmentent 𝑝3 au détriment


de 𝑝2 et que les mouvements vers la gauche réduisent 𝑝1 au bénéfice de 𝑝2 , alors
ces mouvements (principalement ceux vers le nord-ouest) conduisent à une
dominance stochastique des loteries qui seront par conséquent préférées.

L’attitude par rapport au risque peut être décrite de la façon suivante. Sur la figure
3a, un déplacement vers le nord-ouest, par rapport à une distribution donnée,
signifie que l’on se dirige vers des distributions « meilleures » au sens de la
dominance stochastique du premier ordre. La pente des courbes d’indifférence est
de plus en plus forte par rapport à la pente des courbes d’iso-espérance qui
représentent un agent neutre face au risque. Ce qui signifie que l’agent a une
aversion de plus en plus forte pour le risque au fur et à mesure que l’on se dirige
vers le nord-ouest. Selon Willinger (1990), l’hypothèse des « préférences lisses »
souffre néanmoins de certains défauts. En particulier, elle autorise des
comportements irrationnels tels que l’acceptation d’un pari contre soi-même. Par

41
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

ailleurs, cette hypothèse n’est pas directement falsifiable, contrairement à l’axiome


d’indépendance qui était empiriquement vérifiable.

Figure 3 : Attitude face au risque dans le modèle de Machina

Quiggin (1982) utilise une forme plus faible de l’axiome d’indépendance de Von
Neumann et Morgenstern (1947) afin de tenir compte de l’absence de neutralité des
croyances et établit la théorie de « l’utilité anticipée ». Elle est basée sur la somme
pondérée des utilités formées par les pondérations de décision plutôt que par une
espérance mathématique comme dans la théorie de l’utilité espérée. La perception
et les croyances des individus par rapport au risque jouent un rôle très important
dans les prises de décision.

42
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Section 2 : Estimation du revenu compensatoire des risques d’accident


dans l’activité de taxi-moto

Le comportement des individus en univers incertain dépend de leur perception du


risque et de leur aversion au risque. Etant donné les niveaux de risques d’accident
élevés dans l’activité de taxi-moto, ce chapitre a pour objectif d’analyser le
comportement du choix de cette activité par les individus à partir de l’arbitrage
revenu-risque que font les conducteurs de taxi-moto.

Le risque étant un bien non marchand, nous allons estimer la rémunération


compensatoire que les conducteurs de taxi-moto sont prêts à accepter pour un
niveau de risque supplémentaire à partir d’un modèle hédonique. La première
partie de cette section fait un exposé sur les différentes méthodes pour évaluer les
biens non marchands et justifie le choix du modèle hédonique pour établir la
relation de marché entre la rémunération et les risques d’accident dans l’activité de
taxi-moto. Dans la deuxième partie, nous avons présenté la méthode d’estimation
du revenu compensatoire dans l’activité de taxi-moto.

1. Les méthodes d’évaluation des biens non marchands

Les méthodes visant à évaluer les biens non marchands (tels que : la santé, la
sécurité, la vie) peuvent être classées selon deux approches : l’approche des
préférences révélées et l’approche des préférences déclarées. La méthode des
préférences révélées utilise des informations provenant des choix faits par les
individus sur le marché pour déduire la valeur du bien non marchand. La méthode
des préférences déclarées consiste à demander aux individus de donner
directement une estimation pour le bien non marchand.

1.1. Les préférences révélées

L’approche par les préférences révélées suppose que les individus révèlent leurs
préférences par leurs comportements sur le marché à travers leurs choix pour les
alternatives disponibles pour le bien non marchand (Hammitt, 2000). C’est

43
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

l’arbitrage que les individus font entre l’argent et le risque, comme quand ils
achètent des mesures de sécurité ou quand ils acceptent un emploi plus ou moins
risqué pour des salaires plus ou moins élevés (Bateman, Carson, et al., 2002;
Beattie et al., 1998; de Blaeij et al., 2003; Jones-Lee et Loomes, 1995).

Les préférences révélées sont l’analyse des préférences de l’individu pour un bien
non marchand donné en fonction de ses préférences pour un autre bien étroitement
lié (substitut, complémentaire) qui est disponible sur le marché. Dans la technique
des préférences révélées, les consommateurs révèlent effectivement leurs
préférences lors de la prise des décisions dans lesquelles le risque joue un rôle
important (de Blaeij et al., 2003). Si des informations existent par rapport aux
alternatives des choix faits par les individus, les arbitrages implicites qui
déterminent leurs préférences seront révélés. Par conséquent, l’évaluation des
biens non marchands par l’approche des préférences révélées est appelée technique
d’évaluation indirecte. Le prix du bien marchand est utilisé comme un indicateur
de la valeur du bien non marchand. Dans le cas des risques associés au travail,
l’approche des préférences révélées évalue la valeur associée au risque, par
l’estimation de la prime salariale associée à un risque supplémentaire.

Il existe deux techniques qui sont utilisées dans les méthodes d’évaluation par les
préférences révélées : les modèles du prix/salaire implicite ou modèles hédoniques
et la méthode des coûts de transport.

1.1.1. Le modèle du prix/salaire implicite ou modèle hédonique

Le modèle des prix implicites permet de déterminer la valeur d’un bien à partir de
ses attributs. Sur le marché du travail, l’idée de base derrière le salaire implicite est
que le travail peut être caractérisé par différents attributs, dont les risques
d’accident. En fait, depuis que Smith (1776) dans la Richesse des nations a affirmé
que: « la rémunération du travail varie en fonction de la facilité ou de la difficulté,
de la propreté ou la de saleté, de l’honorabilité ou de la déshonorabilité de
l’emploi », les économistes ont reconnu que les travailleurs ont besoin d’une
compensation pour accepter les risques à leur emploi. Lancaster (1966) et Becker

44
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

(1965) ont développé la théorie des biens composites (biens qui peuvent être décrits
par un vecteur de caractéristiques) et ont suggéré que l’utilité est dérivée à partir
des caractéristiques du bien et non à partir du bien lui-même. Rosen (1974) et
Thaler et Rosen (2004) ont affiné et réorganisé le concept de bien composite pour
aboutir aux modèles hédoniques. Les modèles hédoniques permettent de
déterminer la variation des salaires en raison de différents facteurs, notamment les
risques liés à l’emploi. Le modèle considère le bien comme un ensemble d’attributs
et la valeur du bien comme fonction de chacun de ses attributs. La valeur des
attributs est appelée prix implicite (prix hédoniques) du bien, car il ne peut pas être
observé sur un véritable marché (Kjær et Universitet, 2005). Si des informations
sont disponibles par rapport aux alternatives de choix effectués par les
consommateurs, les arbitrages implicites entre la richesse et les biens non
marchands déterminent les préférences.

Le modèle hédonique traite l’emploi comme un panier de : conditions de travail, de


risques ainsi que d’autres attributs du travailleur qui peuvent apparaitre dans
diverses combinaisons et quantité. Le salaire que le travailleur est prêt à accepter
reflète l’utilité attendue des caractéristiques de l’emploi (Van der Sluis et al., 2003).
Le modèle hédonique estime à travers une régression, le salaire supplémentaire
associé à un risque (d’accident, de décès, etc.) plus élevé dans le travail, ainsi que
les effets d’autres facteurs que le risque, qui affectent le salaire (Lanoie et al., 1995).
Les travailleurs sont caractérisés par les montants qu’ils exigent comme
compensation pour différents niveaux de risque, alors que les entreprises sont
caractérisées par les montants qu’elles sont prêtes à payer aux travailleurs pour
différents niveaux de risque. L’approche du salaire hédonique est utilisée par les
économistes pour mesurer l’arbitrage salaire-risque à partir des caractéristiques de
l’emploi et de celles des travailleurs. Il permet de rendre compte aussi bien des
différences entre la productivité des travailleurs que des différences entre les
composantes du travail (Simon et al., 1999; Viscusi et Aldy, 2003).

L’analyse du risque par les salaires repose sur plusieurs hypothèses. D’abord, elle
suppose que les travailleurs ont une information correcte, fiable sur le risque
associé à différents emplois (Dionne et Lanoie, 2002). Si les travailleurs n’ont pas

45
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

une information correcte, cela conduit à mener l’analyse sur la base des risques
perçus. Ensuite, elle suppose que les travailleurs peuvent changer facilement et
librement de travail. Sinon, les travailleurs sont contraints d’accepter un
supplément de salaire plus faible que leur choix optimal, et cela peut conduire à un
biais (Lanoie et al., 1995).

1.1.2. La méthode des coûts de transport

La méthode des coûts de transport est la technique d’évaluation des biens non
marchands la plus ancienne et était surtout utilisée pour l’évaluation des biens
environnementaux. Elle permet de donner une valeur monétaire pour les sites de
loisirs. Elle est basée sur le fait que, généralement un déplacement sur un site de
loisirs requiert que l’individu supporte des coûts de transport, des frais
d’inscription, des dépenses sur place et des coûts en termes de temps. Comme la
méthode du prix hédonique, la méthode des coûts de transport vise à donner une
valeur à des biens non marchands en utilisant le comportement des individus pour
des biens marchands connexes où les coûts de transport sont utilisés comme
mesure de la préférence pour le bien (Kjær et Universitet, 2005; Pearce et Howarth,
2001). La méthode d’évaluation par les coûts de transport peut être décrite comme
la demande dérivée pour les sites de loisirs de chaque individu qui contribue à la
production de l’activité récréative (Smith et Kaoru, 1990).

1.2. Les préférences déclarées

Les méthodes d’évaluation des biens non marchands par l’approche des préférences
déclarées sont des méthodes d’estimation directe de la valeur économique des biens
non marchands. Elles consistent à demander à un échantillon représentatif de la
population touchée plus ou moins directement par un phénomène, leur
consentement à payer pour de petites améliorations hypothétiques de leur bien-
être. Elle est utilisée lorsque les informations de marché n’existent pas pour évaluer
le bien en question (Andersson et Treich, 2008; Svensson, 2009).

46
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

L’évaluation contingente et la méthode des choix discrets sont les deux méthodes
utilisées dans l’approche d’évaluation des biens non marchands par les préférences
déclarées.

1.2.1. L’évaluation contingente

L’évaluation contingente est une méthode basée sur des enquêtes de terrain et qui
est utilisée pour attribuer une valeur monétaire à des biens et services non
marchands (Carson, 2000). Elle permet de déterminer le montant maximal que les
individus seraient prêts à payer pour un bien non marchand, si un marché
approprié existait pour le vendre. Elle consiste, dans un premier temps, à créer et à
décrire aux enquêtés un marché hypothétique sur lequel le bien serait vendu.
Ensuite, ils sont invités à donner directement soit : (i) leur consentement à payer
pour bénéficier du bien ; (ii) leur consentement à accepter une indemnisation pour
renoncer à un changement en ce qui concerne la politique envisagée. Aussi, ils sont
invités à se comporter comme s’ils étaient sur un marché réel.

1.2.2. Les modèles de choix discrets

Elle consiste à demander aux individus de classer/choisir des alternatives plutôt


que d’exprimer explicitement leur consentement à payer pour un bien. Ces
techniques s’appuient sur l’idée que tout bien peut être décrit en termes de ses
attributs et de leurs quantités. Les modèles de choix discrets sont utiles pour les
changements multidimensionnels où la variation des caractéristiques de chacune
des alternatives permet de mesurer la volonté de l’individu à substituer une
caractéristique pour un autre (Grönqvist, 2004).

Généralement, les modèles de choix discrets sont préférés aux méthodes


d’évaluation contingente dans les contextes où il est important d’évaluer les
caractéristiques des individus (Pearce et Howarth, 2001). Les modèles de choix
discrets offrent un cadre de décision plus réaliste. La question qui est souvent posée
peut être résumée de la façon suivante : « parmi les biens suivants (dont chacun

47
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

possède des attributs particuliers) lequel préférez-vous ? ». Les questions ici sont
formulées d’une manière plus familière aux individus. Par contre, pour l’évaluation
contingente, il est créé un marché hypothétique et il est demandé aux individus
combien ils sont prêts à payer pour le bien à évaluer. Avec les modèles de choix
discret, il est demandé aux individus d’exprimer les compromis qu’ils sont prêts à
faire pour avoir un bien étant donné ces caractéristiques. Alors qu’avec les
méthodes d’évaluation contingente, il leur est demandé d’indiquer explicitement
leur consentement à payer pour le changement proposé.

1.3. Préférences révélées versus préférences déclarées

L’évaluation des biens non marchands diffère selon l’approche des préférences
révélées et celle des préférences déclarées. Alors que l’approche par les préférences
révélées s’appuie sur la courbe de demande du marché, celle par les préférences
déclarées repose sur la courbe de demande compensée. Les préférences révélées
mesurent le bien-être à partir du surplus du consommateur, alors que les
préférences déclarées la mesure à partir de la variation compensatoire et de la
variation équivalente. Le tableau 1 résume la différence entre les deux méthodes.

48
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Tableau 1 : Préférences révélées versus préférences déclarées

Préférence révélée Préférence déclarée


Les préférences des Les consommateurs sont invités
consommateurs sont révélées à à indiquer leurs préférences à
Approche
travers leurs actions sur les travers des scénarios
marchés réels hypothétiques.
Prix du marché concurrentiel Evaluation contingente (les
Méthode (observation des prix de individus déclarent directement
directe marché) leur consentement à payer ou à
recevoir)
• Les méthodes des coûts de Les modèles de choix discrets
Méthode transport (estimation du consentement à
indirecte • Les modèles hédoniques payer par l'utilisation du prix)
• Les modèles de choix discrets
Biens Biens réels Biens hypothétiques et réels
La courbe de demande Courbe de demande hicksienne
Courbes de la marshallienne (Courbe de (courbe de demande
demande demande observable dans compensée)
l’analyse de marché)
Mesure du Surplus du consommateur Variation compensation et
bien-être variation équivalente
• Ne fournit pas assez • Les préférences observées
d’information sur la valeur du peuvent ne pas refléter les
bien à évaluer comportements actuels.
• Il n’existe pas assez de cas où • Absence d’incitation pour
les biens non marchands l’individu à fournir des
Inconvénients peuvent être quantifiés à réponses précises
partir des biens marchands • Incitation à adopter des
comportements stratégiques
chez les individus
• Plus compliqué de concevoir
et d’entreprendre l’enquête
• Plus robuste, puisque les choix Donnes des préférences et des
observés sont des choix réels informations qu’il serait
du marché dans lesquels les impossible de révéler quand les
Avantages individus ont engagé de comportements de choix réels
l’argent, du temps et/ou sont limités d’une certaine façon
d’autres ressources
• Faible coût d'évaluation
Source: A partir de Kjær and Universitet (2005)

2. Estimation du revenu compensatoire des risques d’accident dans


l’activité de taxi-moto

Il est évident que les travailleurs sont rémunérés pour les risques d’accident liés à
leur emploi. Le modèle hédonique traite l’emploi comme un panier de risque, de
conditions de travail et des attributs du travailleur et étudie combien il faut payer
aux travailleurs pour un emploi plus ou moins risqué. La rémunération que le
travailleur est en mesure d’accepter reflète son utilité espérée étant donné les
49
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

caractéristiques du travail (Van der Sluis et al., 2003). Le modèle du salaire


hédonique peut être expliqué à partir de la fonction d’utilité espérée. Soit 𝑈(𝑤) la
fonction d’utilité du travailleur quand il n’est pas victime d’accident dans son travail
et 𝑉(𝑤) sa fonction d’utilité en cas d’accident. La rémunération du travailleur est
donnée par 𝑤(𝑝) où 𝑝 est la probabilité de risque associé à l’emploi qui lui procure
une utilité espérée (𝐸𝑈). On suppose que le travailleur préfère être en bonne santé
que de subir un accident : 𝑈(𝑤) > 𝑉(𝑤) et que l’utilité marginal du revenu est
positive : 𝑈′(𝑤) > 0 𝑒𝑡 𝑉′(𝑤) > 0. Le travailleur choisi la combinaison salaire-
risque 𝑤(𝑝) qui maximise son utilité espérée.

𝑀𝑎𝑥 𝐸𝑈(𝑝, 𝑤) = (1 − 𝑝)𝑈(𝑤) + 𝑝𝑉(𝑤) (𝟐. 𝟏)

L’arbitrage revenu-risque est donné par:

𝑑𝑝 𝑑𝐸𝑈(𝑝, 𝑤)𝑝 𝑈(𝑤) − 𝑉(𝑤)


=− = (𝟐. 𝟐)
𝑑𝑤 𝑑𝐸𝑈(𝑝, 𝑤)𝑤 (1 − 𝑝)𝑈 ′(𝑤) − 𝑝𝑉 ′(𝑤)

La rémunération est une fonction croissante du niveau de risque. La compensation


entre le revenu et le risque mesure le revenu supplémentaire pour une variation du
risque et est égale à la différence entre les niveaux d’utilité des deux états de la
nature, divisée par l’utilité marginale du revenu (Viscusi et Aldy, 2003).

Nous avons régressé le logarithme du revenu sur une série de variables explicatives,
afin de déterminer le revenu supplémentaire pour une augmentation marginale du
risque dans l’activité de taxi-moto. L’approche se base sur les fondements du
modèle d’investissement en capital humain de Mincer (1958; 1974). C’est la forme
réduite des fonctions d’offre et de demande de main-d’œuvre. Du côté droit de
l’équation, nous avons les variables exogènes standards, notamment les
caractéristiques personnelles du travailleur auxquelles on a ajouté la variable risque
(Madheswaran, 2004; Moore et Viscusi, 1988). L’équation est donnée comme suit :

𝑙𝑛𝑊𝑖 = 𝛼0 + 𝛼1 𝑋𝑖 + 𝛼2 𝑟𝑖𝑠𝑘𝑖 + 𝜀𝑖 (𝟐. 𝟑)

Où 𝑙𝑛𝑤𝑖 représente le logarithme du revenu horaire du travailleur 𝑖. 𝑋𝑖 est le vecteur


des caractéristiques personnelles du travailleur 𝑖 tels que son âge, le nombre
d’années d’étude, les expériences, la situation matrimoniale. 𝑟𝑖𝑠𝑘𝑖 est le risque

50
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

d’accident perçu par le travailleur 𝑖 dans son travail. 𝜀𝑖 est le terme d’erreur qui
prend en compte les variables non observées qui peuvent influencer le revenu et
𝛼0 , 𝛼1 𝑒𝑡 𝛼2 sont les paramètres à estimer. 𝛼2 est interprété comme les prix
implicites des risques d’accident dans le travail, c’est-à-dire le taux de salaire
supplémentaire exigé par le travailleur pour des risques plus élevés (Moore et
Viscusi, 1988; Viscusi, 1993).

Rosen et Thaler (1976) sont les premiers à utiliser le modèle hédonique. Ils l’ont
estimé par les Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Comme variables explicatives,
ils ont utilisé : l’âge, le niveau d’éducation, la situation matrimoniale, les différences
entre les salaires régionaux, la race, l’appartenance à un syndicat et le risque.
Cependant, l’estimation du salaire compensatoire par les MCO peut donner lieu à
des biais. En effet, cette procédure ne tient pas compte du fait que les travailleurs
peuvent choisir leur emploi sur la base de leur préférence pour la richesse par
rapport au risque et suppose que le risque est une variable indépendante du salaire.
Une importante source de biais possible est le choix par les travailleurs eux-mêmes
du degré de risque dans l’emploi. Ils peuvent choisir les emplois risqués en fonction
de leur degré d’aversion au risque (Jacobs et al., 2009). Intuitivement, les
travailleurs qui ont une faible aversion au risque choisiront les emplois les plus
risqués et exigeront une compensation plus faible pour un risque supplémentaire
que ne le ferait un travailleur avec une aversion moyenne au risque. Le caractère
endogène du choix du niveau de risque peut entraîner une sous-estimation de la
variation compensatoire nécessaire pour la main-d’œuvre dans son ensemble
(Arabsheibani et Marin, 2000).

Viscusi (1978) a montré que la sécurité dans l’emploi est un bien normal et donc les
individus avec des revenus et un capital humain élevés choisiront les emplois les
moins risqués. Biddle et Zarkin (1988) trouvent que l’augmentation des revenus
hors emploi fait que les individus demanderont une compensation plus élevée pour
les risques liés à leur emploi. Ils en déduisent que la sécurité dans l’emploi (le risque
lié à l’emploi) est un bien normal (inférieur). Ceci suggère l’existence d’une
corrélation entre les erreurs qui affectent le revenu et ceux qui affectent le risque.

51
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Le risque doit être traité comme une variable endogène pour tenir compte de cette
corrélation.

Pour Garen (1988), l’endogénéité du risque peut provenir du fait que les individus
possèdent différentes caractéristiques inobservables qui affectent leur productivité
et sont déterminantes dans leur choix des emplois risqués. En général, différents
travailleurs auront des attitudes différentes face au risque, reflétant à la fois les
goûts comme les habitudes, la dextérité, le calme et d’autres aspects de la capacité
individuelle à faire face à des situations à risque. Par exemple, certains individus
peuvent avoir des caractéristiques inobservées comme le sang-froid, qui leur
permettent d’être plus productifs dans les situations risquées. Les caractéristiques
inobservées qui affectent le choix du degré de risque peuvent aussi affecter la
rémunération du travail pour n’importe quel niveau de risque (Arabsheibani et
Marin, 2000). Dès lors, au lieu de considérer la relation revenu-risque comme une
relation unidirectionnelle, le risque et le revenu doivent être vus comme
interdépendants. Il n’est plus seulement question de voir le risque lié à un emploi
comme la cause d’un salaire plus élevé (Purse, 2004). Mais, il s’agira plutôt de
mesurer non seulement l’effet du risque sur les salaires, mais aussi l’effet des
salaires sur les risques.

Nous supposons que les conducteurs de taxi-moto ont des caractéristiques


inobservables qui affectent leur propension à prendre des risques (raison du choix
de l’activité de taxi-moto, connaissance du code de la route, le port de casque et le
contrôle de la vitesse). Pour ce fait, nous avons estimé les paramètres de l’équation
(2.3) à partir des Doubles Moindres Carrés (DMC) afin de ressortir les effets
interrelationnels entre le revenu et le risque. Nous avons ensuite comparé les
résultats avec ceux des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Les données utilisées
dans cette étude proviennent d’une enquête que nous avons réalisée en Novembre
2013 sur un échantillon de 431 conducteurs de taxi-moto dans les treize (13)
arrondissements de la ville de Cotonou.

52
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.1. Mesure de la perception du risque associé à un emploi

Le niveau de risque associé à un travail est difficile à mesurer. L’idéal serait


d’utiliser un indice d’évaluation subjective des risques associés à l’emploi (Rankin
et al., 2006). Selon Viscusi et Aldy (2003), une mesure du risque d’accident sur le
lieu de travail doit refléter à la fois la perception du travailleur et celle de l’entreprise
par rapport au risque en question. Cette information est très difficile à recueillir. De
ce fait, l’approche standard dans la littérature consiste à utiliser des mesures
spécifiques des risques (de l’industrie et ceux de l’emploi) reflétant une moyenne
sur plusieurs années des observations des cas de décès, qui ont tendance à être des
évènements relativement rares. Les taux d’accidents dans les industries et/ou dans
le travail sont aussi utilisés comme indicateurs des risques encourus par les agents.
Pour chaque travailleur, il est assigné une probabilité d’accident associée à son
industrie et/ou à son groupe professionnel. La mesure des risques associés à un
emploi inclut les niveaux de risques subjectifs déclarés par les travailleurs eux-
mêmes ainsi que des mesures objectives dérivées des observations dans le temps,
des dossiers d’indemnisation des travailleurs, des enquêtes et des recensements de
certificats de décès.

La nature des mesures du risque soulève des questions sur des possibilités d’erreurs
dans leurs estimations. Le problème se pose du fait des différences entre les
mesures des risques moyens dans les industries ou dans les occupations et les
niveaux réels de risques auxquels font face les travailleurs. Les taux moyens
d’accidents dans les catégories industrielles ou professionnelles peuvent ne pas
refléter avec précision la perception des travailleurs sur les risques auxquels ils sont
confrontés ou ne pas être applicables aux travailleurs dont les risques diffèrent de
la moyenne. Le choix de la mesure du risque peut influencer de manière
significative l’estimation de la prime de risque (Rankin et al., 2006; Viscusi et Aldy,
2003).

Seulement peu d’études ont utilisé les données portant sur une évaluation
subjective du risque associé à emploi pour analyser les salaires de compensation.
Gegax et al. (1991) ont étudié l’arbitrage risque-revenu pour plusieurs catégories de

53
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

travailleurs aux Etats-Unis à partir de la méthode des salaires hédoniques. Ils ont
utilisé les probabilités d’accidents mortels perçus par les travailleurs dans leur
emploi. Ils ont obtenu ces données en demandant aux travailleurs de choisir sur
une échelle de 1 à 10, le niveau de risque d’accident fatal perçu. Le niveau 1
correspond à une probabilité d’accident de 10% alors que le niveau 10 correspond
à une probabilité d’accident égale à 100%. Cette approche de mesure a été aussi
utilisée par Rafiq et al. (2010). Madheswaran (1998) approche la perception du
risque chez les travailleurs à Mumbai et à Chennai en Inde à l’aide d’une question
dichotomique où les travailleurs répondent « oui » ou « non » à la question de
savoir si leur emploi les expose à des problèmes environnementaux ou de santé.

Comme Gegax et al. (1991), nous avons demandé lors de l’enquête aux conducteurs
de taxi-moto de choisir sur une échelle de 1 à 10 ; la perception qu’ils ont du niveau
de risque associé à leur travail. En effet, nous ne pouvons pas utiliser une mesure
objective du risque dans cette étude, puisqu’il n’existe pas de données secondaires
sur les risques associés à l’activité de taxi-moto. Même si, ces statistiques existaient,
une pareille mesure nous conduirait à un problème de matrice singulière. Les
études qui ont utilisé cette mesure se rapportent à différents secteurs d’activité,
alors que dans notre cas, l’analyse porte sur un seul secteur d’activité.

2.2. La mesure du revenu

Dans la plupart des études sur le marché du travail dans les pays développés, les
données sur les salaires sont des données secondaires. Aux États-Unis, les
chercheurs ont utilisé les données provenant de plusieurs sources telles que : des
enquêtes de l’Université de Michigan sur des conditions de travail, les enquêtes sur
la qualité de l’emploi, les enquêtes sur la population du bureau des statistiques sur
l’emploi, les données du recensement décennal (Harris et Todaro, 1970; Viscusi et
Aldy, 2003). Des enquêtes similaires menées dans d’autres pays ont également
fourni les données nécessaires à l’analyse des salaires sur le marché du travail.
Arabsheibani et Marin (2000) ont utilisé les données de l’enquête générale de la
population au Royaume-Uni. Cependant, les données utilisées dans certaines

54
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

recherches sont directement collectées auprès des travailleurs à travers des


enquêtes. Au nombre de ces recherches nous pouvons citer les travaux de : Gegax
et al. (1991) et Madheswaran (2004) au Royaume-Uni, Rafiq (1969) au Pakistan et
Liu et al. (1997) en Taiwan.

La variable dépendante dans nombre d’analyses du marché du travail est le salaire


horaire (Madheswaran, 2004; Moore et Viscusi, 1988). Certains chercheurs ont
construit les salaires horaires à partir des données sur les salaires hebdomadaires
ou annuels (Viscusi et Aldy, 2003). Rafiq (1969) a calculé les salaires journaliers en
utilisant différentes règles, puisque certains enquêtés ont fourni des salaires
mensuels, d’autres des salaires hebdomadaires ou des salaires bimensuels. Liu et
al. (1997) sont partis des données sur les revenus mensuels et des heures de travail
collectées chez les travailleurs pour calculer les salaires journaliers.

Dans cette étude, le revenu horaire des conducteurs de taxi-moto est calculé de la
façon suivante : nous avons multiplié les recettes moyennes pour un litre d’essence
par le nombre de litres d’essence utilisé par jour par le conducteur de taxi-moto. Ce
produit est divisé par le nombre d’heures de travail dans une journée.

Section 3 : Analyse des résultats

La première partie de cette section présente l’analyse descriptive des variables


collectées au cours de l’enquête auprès des conducteurs de taxi-moto et la deuxième
partie présente et discute les résultats des estimations.

1. Caractéristiques des conducteurs de taxi-moto

Cette sous-section présente l’analyse descriptive des caractéristiques


socioprofessionnelles des conducteurs de taxi-moto.

55
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.1. Les raisons du choix de l’activé de taxi-moto

Le tableau 2 présente les statistiques descriptives des raisons qui motivent les
individus à choisir l’activité de taxi-moto à Cotonou. On remarque que 18,82% et
16,94% des individus de l’échantillon enquêté affirment respectivement qu’ils sont
rentrés dans l’activité à cause de sa rentabilité et pour compléter les revenus d’une
autre activité peut rentable. La plupart des individus qui exercent l’activité de taxi-
moto à Cotonou, soit un pourcentage de 64,24% (correspondant à ceux qui ont
déclaré avoir choisi l’activité pour les raisons suivantes : quête en vain de travail,
facilité d’entrée sur le marché et activité en attendant une autre plus stable), l’ont
choisi parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail et à cause de la facilité qu’offre cette
activité pour trouver un emploi. Les 35,76% restant ont choisi l’activité de taxi-
moto pour des raisons de revenu.

Tableau 2 : Raisons du choix de l’activité du choix de taxi-moto

Raisons du choix de l’activité de taxi-moto Fréquence Pourcentage


(%)

Quête en vain de travail 136 32


Rentabilité de l’activité 80 18,82
Facilité d’entrée sur le marché 102 24
Complément à une activité peu rentable 72 16,94
Activité en attendant une autre plus stable 35 8,24
Totaux 425 100
Source : Calculs de l’auteur

1.2. Les raisons du choix de l’activité de taxi-moto et niveau d’éducation

Le tableau 3 présente les statistiques descriptives montrant les relations entre les
raisons du choix de l’activité de taxi-moto et du niveau d’éducation des individus.
Il en ressort que 57,14% et 56% des individus ayant respectivement le niveau
supérieur et le niveau secondaire ont choisi l’activité de taxi-moto parce qu’ils ont
cherché en vain le travail. Il en est de même pour 64,82% des individus enquêtés
56
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

qui ont au plus un niveau d’éducation primaire. 57,81% des individus ayant le
niveau secondaire ont choisi l’activité de taxi-moto à cause de sa rentabilité. Par
contre, seulement 14,28% des individus avec le niveau d’éducation supérieur ont
choisi d’exercer l’activité de taxi-moto du fait de sa rentabilité. Le test de chi-deux
nous amène à conclure qu’au seuil de 10%, il y a une relation de dépendance entre
la raison du choix de l’activité du taxi-moto et le niveau d’éducation des individus.

Tableau 3 : Raisons du choix de l’activité de taxi-moto et niveau


d’éducation des individus

Niveau d’éducation des conducteurs de taxi-moto


Raisons du choix de
l’activité de taxi- Aucun Primaire Secondaire Secondaire Supérieur
moto I II
Quête en vain de 26,97 37,85 25,00 31 57,14
travail
Rentabilité de 13,82 19,77 23,33 34,48 14,28
l’activité
Facilité d’entrée sur 30,92 20,34 18,33 6,90 14,29
le marché
Complément à une
activité peu 20,39 12,99 25,00 6,90 14,29
rentable
Activité en
attendant une autre 7,89 9,04 8,33 6,90 00
plus stable
Pearson chi2(16) = 25,8318 Pr = 0,056
Source : Calculs de l’auteur

1.3. Le revenu horaire, l’âge, le nombre de personnes à charge et la


perception du risque dans l’activité de taxi-moto à Cotonou

En moyenne, le revenu horaire des conducteurs de taxi-moto enquêtés est de 643


francs CFA avec un écart-type de 223,513, soit un revenu journalier moyen de 5.144
francs CFA pour un individu qui travaille huit (8) heures par jour en moyenne. L’âge
moyen est de 36 ans avec le plus jeune ayant 19 ans et le plus âgé a 71 ans. La
moyenne du nombre de personnes à charge pour chaque conducteur de taxi-moto
est d’environ 5 individus avec un maximum de 16 personnes. La lecture du tableau

57
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

montre que les conducteurs de taxi-moto pensent que leur emploi est risqué. En
moyenne ils estiment que le risque d’être victime d’accident au cours de l’exercice
de leur métier est de 64%. Certains estiment même que ce risque est à 100%.

Tableau 4 : Revenu horaire, âge, nombre de personne à charge et


perception du risque dans l’activité de taxi-moto au Bénin

Variables Moyenne Ecart-type Minimum Maximum

Revenu horaire 643,2474 223,5127 200 1666,667


Age 35,76112 8,958385 19 71
Nombre de personnes à
4,87703 2,531882 0 16
charge
Perception du risque (%) 63,96752 22,51178 10 100
Source : Calculs de l’auteur

1.4. Choix de l’activité de taxi-moto et perception du risque

Quelle que soit leur motivation pour le choix de la profession de l’activité de taxi-
moto, la plupart des individus pensent que l’activité est associée à des risques
d’accident élevés. D’après le test de chi-deux, le choix de l’activité de taxi-moto et la
perception du risque sont liés. Les individus bien que sachant, l’activité risquée la
choisissent quand même.

Tableau 5 : Raisons du choix de l’activité de taxi-moto et perception du risque

Perception du niveau de risque


Raisons du choix de l’activité de taxi-moto Très
Faible Moyen Elevé
élevé
Quête en vain de travail 11,76 29,41 42,65 16,18
Rentabilité de l’activité 1,25 21,25 62,50 15,00
Facilité d’entrée sur le marché 8,82 27,45 51,96 11,76
Complément à une activité peu rentable 2,78 22,22 56,94 18,06
Activité en attendant une autre plus stable 11,43 14,29 37,14 37,14
Pearson chi2(12) = 30.2386 Pr = 0.003
Source : Calculs de l’auteur

58
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.5. Niveau d’éducation, situation matrimoniale, possession de la moto


et appartenance à un syndicat

La lecture du tableau 6, montre que 77,49% des conducteurs de taxi-moto enquêtés


ont au plus un niveau primaire. Par ailleurs, il ressort que 76,05% des personnes
enquêtées exercent l’activité de taxi-moto depuis une période inférieure ou égale à
10 ans. On remarque que lorsque le nombre d’années dans l’activité augmente, le
nombre de personnes qui reste dans l’activité diminue. Respectivement 19,77% et
4,19% des personnes enquêtées ont exercé l’activité sur une durée inférieure ou
égale à 20 ans et sur une durée inférieure ou égale à 30 ans.

Tableau 6 : Niveaux d’éducation et expérience des individus

Variables Modalités Fréquence Pourcentage


Aucun 155 35,96
Primaire 179 41,53
Education
Secondaire 90 20,88
Supérieur 7 1,62

[1-10] 327 76,05


Expérience dans l’activité
[11-20] 85 19,73
(ans)
[21-30] 19 4,40
Source : Calculs de l’auteur

1.6. Expérience, possession d’activité secondaire, port de casque et


connaissance du code de la route dans l’activité de taxi-moto

Seulement 38,98% des personnes enquêtées exercent une autre activité


parallèlement à l’activité de taxi-moto. Le reste (61,02%) exerce exclusivement
l’activité de taxi-moto. Comme activité secondaire, les conducteurs de taxi-moto
sont des paysans, des artisans ou des ouvriers. Très peu d’individus (12,30%) dans
l’activité de taxi-moto portent des casques. Les raisons avancées sont diverses. Pour
certains, le port du casque empêche la vue et l’audition et serait même source
d’accident ou de maux de tête. D’autres conducteurs de taxi-moto affirment ne pas

59
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

porter de casque, parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers pour s’en acheter.
Certains, dans le rang de ceux qui portent les casques ont déclaré qu’ils le portent
pour éviter les arrestations de la police. En ce qui concerne le code de la route,
72,16% des conducteurs de taxi-moto enquêtées ont déclaré ne pas la connaître.

Tableau 7 : Activité secondaire, port de casque et connaissance du code


de la route dans l’activité de taxi-moto

Variables Modalités Fréquence Pourcentage

Oui 168 38,98


Activité secondaire
Non 263 61,02

Oui 53 12,30
Port du casque
Non 378 87,70

Connaissance du code de la Oui 120 27,84


route Non 311 72,16
Source : Calculs de l’auteur

1.7. Catégories socioprofessionnelles et niveau d’éducation des


parents des conducteurs de taxi-moto

En général, les parents des individus exerçant l’activité de taxi-moto dans la ville de
Cotonou ne sont pas instruits et appartiennent aux classes inférieures des
catégories professionnelles. Respectivement 73,66% et 90,47 des pères et mères des
individus enquêtés ne sont jamais allés à l’école. Seulement 10,73% et 2,56%
respectivement des pères et des mères ont atteint le niveau secondaire. Par ailleurs,
comme profession, les parents des conducteurs sont des paysans (48,71% pour les
pères et 16,74% pour les mères), des artisans ou ouvriers (47,26% pour les pères et
3,25% pour les mères). En ce qui concerne les mères des conducteurs de taxi-moto,
elles sont des ménagères (30,70%) ou tiennent de petits commerces (48,84%).

60
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Tableau 8 : Catégories socioprofessionnelles et niveau d’éducation des


parents des conducteurs de taxi-moto

Parents Variables Modalités Fréquence Pourcentage

Aucun 316 73,66


Primaire 58 13,52
Education
Secondaire 34 10,73
Supérieur 9 2,10
Père
Fonctionnaire 17 4,00
Catégorie Agriculteur 207 48,71
professionnelle Artisan 94 22,12
Ouvrier 107 25,17
Aucun 388 90,02
Primaire 29 6,73
Education
Secondaire 11 2,55
Supérieur 1 0,23
Fonctionnaire 2 9,74
Mère
Agriculteur 72 16,74
Catégorie Artisan ou
14 3,25
professionnelle ouvrier
Ménagère 132 30,70
Petit commerce 210 48,84
Source : Calculs de l’auteur

2. Résultats et discussions

Nous présentons dans cette sous-section, les résultats de l’estimation de l’équation


(2.3) par la méthode des Doubles Moindres Carrés (DMC) et celle de Moindres
Carrés Ordinaires (MCO), ensuite nous discutons des résultats.

61
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.1. Résultats des estimations

Dans un premier temps nous avons estimé le modèle hédonique (Equation 2.3) par
les Doubles Moindres Carrés (DMC) en vue de tenir compte des éventuels biais
d’endogénéité. Mais les tests d’endogénéité réalisés ne nous ont pas permis
d’accepter l’hypothèse d’endogénéité. Pour cela nous avons estimé le modèle à
l’aide des Moindre Carrés Ordinaires (MCO). Les résultats des deux estimations
sont présentés dans le tableau 9 (Annexe I).

2.1.1. Résultats des estimations par les DMC

Dans l’estimation du modèle par les DMC, nous avons utilisé comme instruments,
les variables : connaissance du code de la route et comportement de prise de vitesse
pour la variable risque qui est soupçonnée d’être endogène. Nous estimons que ces
variables peuvent influencer les comportements risqués des conducteurs de taxi-
moto sans influencer directement leurs revenus liés à cette activité. Les résultats de
cette estimation montrent que les variables : niveau d’éducation inférieur au niveau
supérieur, expérience de l’individu inférieure ou égale à dix (10) ans et le nombre
d’enfants en charge ont une influence significative et positive sur le revenu de
l’individu dans l’activité de taxi-moto.

Cependant, les tests d’endogénéité réalisés révèlent l’absence d’endogénéité de la


variable risque. En effet, le R carré (0,0559) et la statistique de Fisher (Prob > F =
0,1037) de la régression de la première étape d’estimation des DMC nous
conduisent à ne pas rejeter l’hypothèse de nullité des instruments. On en déduit que
le pouvoir explicatif des instruments choisis est très faible sur la variable risque. De
plus, les tests d’endogénéité de Durbin et de Wu-Haussman révèlent l’exogénéité
de la variable risque.

2.1.2. Résultats des estimations par les MCO

Puisque, contrairement aux travaux empiriques qui prédisent l’endogénéité de la


variable risque, nos résultats nous ont conduits à conclure qu’elle n’est pas

62
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

endogène ; nous avons alors estimé le modèle à l’aide des Moindres Carrés
Ordinaires (MCO). Des résultats de nos estimations, il ressort que la perception du
risque a un effet positif et significatif sur le revenu. Une augmentation de 1% de la
perception du risque dans l’activité de taxi-moto entraîne une augmentation de 10%
du revenu. En 1937, Smith avait établi que le salaire varie selon les difficultés liées
à l’emploi. Si nos résultats vont dans le même sens que ceux de Smith, il reste
cependant que l’augmentation du revenu horaire pour laquelle les conducteurs de
taxi-moto sont prêts à prendre des risques supplémentaires reste faible, étant
donné la perception moyenne du niveau de risque dans l’activité qui est de 63,96%.

Les résultats de l’estimation par les MCO révèlent que, les bas niveaux d’éducation
(primaire, secondaire) ont un effet positif et significatif sur le revenu
comparativement au niveau d’éducation supérieure. Par ailleurs, le fait d’être dans
l’activité de taxi-moto pendant moins de dix ans et le nombre de personnes à charge
affectent positivement et significativement le revenu. Pendant les dix premières
années dans l’activité de taxi-moto, une année supplémentaire augmente le revenu
de 14,85%. Le fait d’avoir une personne supplémentaire à charge a un effet positif
sur son revenu du conducteur de taxi-moto qui s’accroît de 1,73%.

63
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Tableau 9 : Résultats des estimations par les DMC et les MCO

Variables DMC MCO

risk : La perception du risque par le conducteur 0.0011 0.0013


de taxi-moto sur une échelle de 1à 10 (0.21) (1.76)*
-0.0008 -0.0008
age : L’âge du conducteur de taxi-moto
(-0.35) (-0.34)
educ1 : 1 si l’individu n’a aucun niveau 0.0910 0.1021
d’éducation et 0 sinon (2.43)* (2.62) **
educ2 : 2 si l’individu a un niveau d’éducation 0.2157 0.224
primaire et 0 sinon (3.34)*** (4.40)***
educ3 : 3 si l’individu a un niveau d’éducation 0.2619 0.2728
secondaire et 0 sinon (3.79)*** (4.43)***
educ4 : 4 si l’individu a un niveau d’éducation
Réf Réf
supérieur et 0 sinon
0.0784 0.1092
sitmat11 : 1 si l’individu est célibataire et 0 sinon
(0.36) (0.81)
sitmat2 : 2 si l’individu est marié et 0 sinon Réf Réf
exp1 : 1 si l’individu a fait une durée inférieure ou 0.1611 0.1485
égale à 10 ans dans l’activité et 0 sinon (1.76)* (1.76)*
exp2 : 2 si l’individu a fait entre 11 et 20 ans dans 0.1258 0.1152
l’activité et 0 sinon (1.29) (1.32)
Exp3 : 3 si l’individu a fait entre 21 et 30 ans dans
Réf Réf
l’activité et 0 sinon
nbrpers : Nombre de personnes à charge pour 0.0139 0.0173
l’individu (1.68)* (1.97)*
actsec : 1 si l’individu a une activité secondaire et 0.0381 0.0322
0 sinon (1.00) (0.93)
propmot : 1 si l’individu a sa propre moto et 0 0.0064 0.0026
sinon (0.17) (0.07)
-0.0150
vites : 1 si l’individu fait de la vitesse et 0 sinon -
(-0.42)
Code : 1 si l’individu connait le code de la route et -0.0592
-
0 sinon (-1.53)
5.9585 5.8821
Constante
(12.85)*** (30.68)***
Source : Calculs de l’auteur
Note : ***significatif à 1%; ** significatif à 5%; * significatif à 10%.

64
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.2. Discussion des résultats

Dans cette section nous discutons les résultats présentés dans la section précédente.

2.2.1. Le risque dans l’activité de taxi-moto à Cotonou

Les résultats de nos estimations par les DMC en ce qui concerne le risque ne vont
pas dans le même sens que les conclusions des études empiriques sur l’analyse de
la compensation revenu-risque sur le marché de travail qui prédisent l’endogénéité
du risque. Une source possible de cette endogénéité à laquelle ces études ont abouti
est le biais de sélection qui provient du fait que le travailleur pourrait choisir lui-
même le niveau de risque dans son emploi (Arabsheibani et Marin, 2000; Jacobs
et al., 2009). Par ailleurs, les analyses statistiques des données que nous avons
recueillies révèlent que la plupart des individus ont choisi l’activité de taxi-moto
bien que la sachant risquée et parce que leur recherche de travail est restée vaine et
que ce marché leur offre des facilités d’emploi. Nous en déduisons que, dans le
contexte béninois et principalement à Cotonou, à cause du déficit d’emploi, les
individus ne peuvent pas influencer le niveau de risque associé à leur emploi. Pour
ne pas rester au chômage et sans revenu, ils décident d’exercer quand même
l’activité de taxi-moto qui est plus accessible en dépit de ses risques.

Les travaux empiriques ont montré que la sécurité dans le travail est un bien
normal. Ainsi les individus les plus nantis, ceux ayant des revenus hors emploi et
ceux ayant un capital humain élevé demanderont une compensation plus élevée
pour les risques liés à leur emploi et choisiront les emplois les moins risqués (Biddle
et Zarkin, 1988; Viscusi, 1978). Mais ces résultats ne sont possibles que lorsque les
marchés fonctionnent bien et qu’il est possible pour les agents économiques de
choisir leurs emplois en fonction de leur compétence ou capital initial. Comme nous
l’avons montré dans la modélisation du choix de la profession de conducteurs de
taxi-moto, du fait du rationnement de la demande d’emploi sur le marché formel,
les individus disposant des niveaux de capital humain élevée, mais qui n’ont pas été
en mesure de trouver un emploi sur le marché formel, seront contraints quel que

65
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

soit leur degré d’aversion au risque de prendre des emplois sur le marché informel
quitte à rester au chômage.

L’on pourrait se demander pourquoi, les individus choisissent l’activité de


conducteur de taxi-moto plutôt que d’autres activités moins risquées du secteur
informel et qui généreraient des revenus relativement proportionnel à ceux issus
de l’activité de taxi-moto. Comme Banerjee et Newman (1993) l’ont démontré un
tel choix peut être dû à un manque de capital financier initial. En effet, l’on peut
exercer l’activité de taxi-moto avec un capital initial quasi nul. De plus, les données
révèlent que ceux qui exercent l’activité de taxi-moto sont issus de la classe sociale
inférieure. Leurs parents sont en général des paysans, des artisans, des ouvriers et
ne sont pas instruits. Leurs enfants ne peuvent donc pas hériter d’eux des
ressources financières importantes pour l’entrepreneuriat.

2.2.2. Le niveau d’éducation dans l’activité de taxi-moto à Cotonou

Les résultats de nos estimations montrent que tous les niveaux d’éducation (aucun,
primaire et secondaire) ont un effet positif et significatif sur le revenu
comparativement au niveau d’éducation supérieur. Ces résultats sont dus au fait
que les compétences intellectuelles ne sont pas importantes dans l’exercice l’activité
de taxi-moto. De ce fait, la plupart de ceux qui exercent l’activité de taxi-moto sont
des individus à faible niveau d’éducation, car la productivité ici ne dépend pas des
compétences intellectuelles. Par contre, les individus avec des niveaux d’éducation
élevés dans l’activité sont ceux qui n’ont pas pu se faire une place sur le marché
formel et donc l’exercent de façon temporaire. Comme Blau (1985) et Van Praag et
Cramer (2001) l’ont montré, une fois d’autres opportunités trouvées ils quitteront
le secteur pour des emplois salariés.

2.2.3. L’âge et l’expérience dans l’activité de taxi-moto à Cotonou

Mincer (1974) a établi que le salaire est une fonction de l’expérience dans le travail
plutôt qu’une fonction de l’âge. Puisque, les individus les moins scolarisés entrent

66
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

plus tôt dans la vie active, ils passent plus de temps à acquérir de l’expérience en
travaillant. De ce fait, à un âge donné, ils vont atteindre des niveaux de
rémunération relativement plus élevés que les autres individus du même âge avec
des niveaux de scolarisation plus élevés. De nos analyses sur l’activité conducteur
de taxi-moto à Cotonou, il ressort que l’âge n’influence pas le revenu. Nous
expliquons ce résultat autrement que Mincer (1974). La non significativité de l’effet
de l’âge sur le revenu est due au fait qu’il n’y a pas une limite d’âge pour exercer
l’activité de conducteur de taxi-moto. Le plus jeune dans l’activité a 19 ans et le plus
âgé, 71 ans et la moyenne d’âge est d’environ 35 ans. La productivité dans cette
activité dépend de la capacité de l’individu à surmonter les difficultés de l’activité
plutôt que de son âge.

Les résultats montrent que les individus moins expérimentés dans l’activité
(inférieur ou égale à 10 ans) ont un revenu supérieur par rapport aux plus
expérimentés. Ceci peut s’expliquer par le fait que les individus entrent souvent
dans l’activité en espérant pouvoir épargner assez sur une courte période pour
investir dans une autre activité. Ils s’y adonnent alors avec beaucoup d’énergie.
Mais au fil des ans, étant toujours dans l’activité et n’ayant plus espoir qu’ils
pourront facilement en sortir ; ils sont démotivés et se contentent de travailler pour
leur survie quotidienne et celle de leur famille. Aussi, du fait des difficultés liées à
l’activité et du poids de la fatigue accumulée sur plusieurs années, les conducteurs
de taxi-moto ne peuvent plus être productifs comme à leur début dans l’activité.

Conclusion

L’activité de taxi-moto fournit la plus grande part des services de transport au


Bénin. De plus, l’activité offre chaque année des opportunités d’emploi à des
milliers d’individus. Cependant, l’activité de taxi-moto est associée à de nombreux
risques d’accident. Par exemple, en 2011, 46 conducteurs de taxi-moto sont morts
et 37 ont souffert de blessures graves chaque mois dans les accidents de circulation
à Cotonou. Les bénéfices et les coûts dans l’activité de taxi-moto dans le pays ainsi
que dans les autres pays africains méritent d’être analysés.

67
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Les analyses dans ce chapitre nous amènent à conclure que la productivité et donc
les revenus générés dans l’activité de taxi-moto dépendent de la capacité des
conducteurs de taxi-moto à surmonter les difficultés de l’activité. Ainsi, les plus
productifs dans le secteur sont ceux qui ont nouvellement commencé exercice de
l’activité (moins de 10 ans). Mais du fait des difficultés liées à l’activité et du poids
de la fatigue accumulée sur plusieurs années, les conducteurs de taxi-moto trouvent
leur rendement décroitre et ne peuvent plus être productifs comme à leur début
dans l’activité.

Les analyses statistiques suggèrent que les revenus journaliers dans l’activité de
taxi-moto sont en moyenne égaux à cinq mille cent quarante-quatre (5.144) FCFA
et que les conducteurs de taxi-moto pensent qu’en moyenne la probabilité d’être
victime d’accident au cours d’une année est d’environ 64%. Nous avons nous avons
estimé, à partir d’un modèle hédonique le revenu compensatoire pour les risques
d’accident associés à l’activité. Les résultats des estimations ont montré qu’une
augmentation de 1% du risque dans l’activité de taxi-moto entraîne une
augmentation de 10% du revenu, soit environ cinq (500) FCFA. Ce montant est très
insignifiant pour supporter n’importe quelle conséquence du fait d’un accident
dans le métier de taxi-moto.

68
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

CHAPITRE 3 : DEMANDE D’ASSURANCE DES CONDUCTEURS DE


TAXI-MOTO

Introduction

Au Bénin, l’activité de taxi-moto permet d’une part, à plusieurs milliers d’individus


de trouver un emploi chaque année et d’autre part, aux populations d’avoir un
moyen de transport facilement accessible. Dans le même temps, cette activité est
associée à de nombreux risques d’accident. Ces accidents n’entraînent pas
seulement douleurs et souffrances pour les victimes, mais aussi des coûts
économiques directs et indirects. En effet, selon leur gravité, les accidents
impliquent des pertes de productivité, puisque la victime ne peut travailler (Dercon,
2001). En cas de décès ou d’invalidité permanente, les accidents entraînent pour
l’économie dans son ensemble, des pertes en capital humain et certaines familles
peuvent se retrouver dans des situations précaires de pauvreté principalement,
lorsque la victime est le chef de famille. D’autres coûts que les accidents peuvent
infliger à la communauté dans son ensemble sont : les dommages matériels, les
frais médicaux, les coûts hospitaliers, la perte de productivité, la prise en charge des
personnes invalides, etc.

Selon Arrow (1963), lorsque des risques sont présents dans l’activité économique,
l’assurance est fournie pour la prise en charge de leurs conséquences éventuelles.
Les systèmes de protection sociale ou d’assurance désignent des mesures prises par
les secteurs publics et privés pour prévenir, atténuer ou faire face à des évènements
indésirables qui peuvent se produire dans la vie des individus. Dans la plupart des
pays industrialisés, des dispositions en ce sens existent pour une importante part
de leurs populations (Jorgensen, 2000). En revanche, dans les pays en
développement les systèmes de protection sociale ou d’assurance privée sont très
peu développés et accessibles aux populations, malgré les niveaux élevés de
pauvreté et d’insécurité des revenus sur les marchés du travail. En absence de
systèmes de protection sociale ou d’assurance privée, les individus ont recours à des

69
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

arrangements informels pour faire face aux risques (par le biais des familles
élargies, don mutuel de cadeaux, emprunt et épargne, etc.) (Oduro, 2010). En
abondant dans le même sens, Lemay-Boucher (2012) définit les stratégies
d’assurance informelles comme des entraides mutuelles entre individus et/ou
ménages et qui ne sont basées sur aucune disposition juridique formelle.

Au Bénin, les compagnies d’assurance disposent des offres d’assurance pour la


couverture des risques d’accident pour les motos. Cependant, la plupart des
conducteurs de moto en général, n’ont pas souscrits à cette offre soit par ce qu’ils
n’ont pas l’information, soit par ce qu’ils la trouvent onéreuse. Dans le cas de
l’activité de taxi-moto, n’étant pas couvert par une assurance formelle sur risques
d’accident associés à leur travail, les travailleurs du secteur ont recourt à des
stratégies informelles que sont : l’épargne et les crédits dans des associations, l’aide
de la famille ou des amis. Cependant, selon Dercon et al.(2006), les stratégies
informelles d’assurance présentent l’inconvénient de ne pas être sécurisées et
peuvent ne pas être suffisantes pour couvrir les risques auxquels les individus font
face.

De ce fait, l’assurance de marché apparait comme un moyen plus efficace de la


gestion individuelle des risques et constitue un instrument financier de transfert des
risques individuels vers le marché (Ehrlich et Becker, 1972). Etant donné les
niveaux de risques d’accident auxquels ils sont exposés quotidiennement, il serait
important que des dispositions formelles soient prises pour la couverture de ces
risques d’accident aussi bien pour les conducteurs de taxi-moto que pour leurs
usagers. Pour cela, il faudra connaître ce que les conducteurs de taxi-moto sont
prêts à payer pour souscrire à une assurance de marché.

L’objectif de ce chapitre est d’étudier à travers une enquête contingente, les


consentements à payer (CAP) des conducteurs de taxi-moto pour souscrire à une
assurance pour la couverture de leurs risques d’accident. Le chapitre est subdivisé
en quatre sections. La première section présente les fondements théoriques de la
demande d’assurance. La deuxième section porte sur la méthode d’évaluation
contingente et l’enquête contingente auprès des conducteurs de taxi-moto. La

70
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

troisième section présente la méthodologie utilisée pour l’estimation des CAP et les
résultats des estimations. La quatrième section présente la conclusion.

Section 1 : La demande d’assurance

Cette section fait la revue théorique de la demande d’assurance et est subdivisée


comme suit : La première partie expose la théorie sur la demande optimale
d’assurance étant donné le niveau d’aversion au risque des individus et leur revenu.
La deuxième partie quant à elle, présente les problèmes informationnels associés à
la demande d’assurance.

1. La demande optimale d’assurance

Selon Mossin (1968), le problème de l’assurance peut être modélisé de la façon


suivante : soit un individu ayant une propriété dont la valeur est 𝐿. A cela s’ajoute
un autre actif dont la valeur est 𝐴. Ainsi, la richesse initiale de l’individu est égale
à : 𝐴 + 𝐿. La propriété peut être sujette à des dommages. On suppose que pendant
une période donnée, elle peut être complètement perdue avec une probabilité égale
à 𝜋 ou soit ne subir aucun dommage avec une probabilité égale à 1 − 𝜋. L’individu
a la possibilité d’assurer sa propriété. La prime qu’il doit payer pour cela est donnée
par 𝑝. L’objectif est de déterminer la prime maximale qu’il serait prêt à payer pour
s’assurer. Cette prime lui permet d’être indifférent entre la situation où il ne s’assure
pas et celle où il s’assure.

Dans le cas où il ne s’assure pas, sa richesse finale 𝑌1 est donnée par :

𝐴 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é é𝑔𝑎𝑙𝑒 à 𝜋


𝑌1 = { (𝟑. 𝟏)
𝐴+𝐿 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑏𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é é𝑔𝑎𝑙𝑒 à 1 − 𝜋

L’utilité espérée de l’individu dans ce cas est donnée par :

𝐸(𝑈1 ) = 𝑈(𝐴)𝜋 + 𝑈(𝐴 + 𝐿)(1 − 𝜋) (𝟑. 𝟐)

Dans le cas où l’individu s’assure, il dispose d’une richesse finale certaine égale à :

𝑌2 = 𝐴 + 𝐿 − 𝑝 (𝟑. 𝟑)

71
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Avec une utilité espérée égale à : 𝐸(𝑈2 ) = 𝑈(𝐴 + 𝐿 − 𝑝)

La prime maximale qui lui permet de rester indifférent entre s’assurer et ne pas
s’assurer est définie par la condition suivante :

𝑈(𝐴)𝜋 + 𝑈(𝐴 + 𝐿)(1 − 𝜋) = 𝑈(𝐴 + 𝐿 − 𝑝) (𝟑. 𝟒)

Cette équation définit 𝑝 en fonction des paramètres 𝜋, 𝐿 et 𝐴. Quand on suppose


que l’individu est averse au risque c’est-à-dire que 𝑈 ′′ < 0, alors la prime maximale
qu’il serait prêt à payer pour s’assurer est supérieure à la valeur de la perte
actuarielle (𝑝 > 𝜋𝐿). La figure 4 donne une représentation géométrique de cette
condition.

Figure 4 : La propension à s’assurer dans le modèle de Mossin

72
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

La prime maximale 𝑝 est une fonction croissante de 𝜋 et de 𝐿. Un résultat important


est la dépendance de 𝑝 par rapport à 𝐴. Elle reflète l’effet de la richesse sur le
consentement à payer de l’individu pour une couverture d’assurance. Pratt (1964)
a montré que plus les individus sont averses au risque et moins ils s’engageront
dans les activités risquées. Ce résultat a été confirmé par d’autres auteurs dans le
domaine des assurances (Dionne et Eeckhoudt, 1985; Mossin, 1968).
L’augmentation de l’aversion au risque va entraîner une augmentation des
investissements dans les activités d’assurance. Par contre, si l’individu a une
aversion au risque décroissante (lorsque le revenu augmente l’aversion au risque
diminue), alors la prime maximale qu’il est prêt à payer diminue au fur et à mesure
que son revenu augmente (Mossin, 1968).

1.1. Assurance proportionnelle, aversion au risque et revenu

Le marché de l’assurance peut être considéré comme un marché sur lequel le bien
échangé est le risque et où les compagnies d’assurance achètent les risques des
individus en contrepartie d’une prime d’assurance et paient à ces derniers une
indemnité en cas de survenance du risque. Dans cette section nous analysons la
demande d’assurance par les individus en fonction de leurs revenus varient et de
leurs aversions au risque. Selon, Cleeton & Zellner (1993) lorsque la prime
d’assurance est fixée, le degré d’aversion au risque et le niveau du revenu du
consommateur vont déterminer son comportement.

Soit 𝐼(𝐿) l’indemnité d’assurance. Pour une prime donnée, la compagnie


d’assurance paiera à l’individu (en cas de dommage) une indemnité qui dépend de
la perte subie. Ainsi, on suppose que 𝐼(𝐿) est une fonction non décroissante de 𝐿 et
que 0 < 𝐼(𝐿) < 𝐿, bien que ces deux hypothèses ne sont pas nécessaires pour le
développement de la théorie de l’assurance (Schlesinger, 2000). On distingue
plusieurs types de paiement des indemnités. La forme la plus simple est celle où
l’assurance rembourse une proportion fixe de la perte 𝐼(𝐿) = 𝛼𝐿. Cette forme
d’assurance est encore appelée co-assurance puisque l’individu conserve la fraction
1 − 𝛼 de la perte qu’il doit assurer par ailleurs. Dans le cas où, 𝛼 = 1 la compagnie

73
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

d’assurance rembourse la totalité de la perte à l’assuré. Dans ce cas, on parle


d’assurance complète. Si 𝛼 > 1, on parle de sur-assurance et si 𝛼 < 1, on dit que
l’individu prend une position courte sur sa propre perte ou l’on parle d’assurance
partielle.

Soit la prime d’assurance donnée par la fonction 𝑃[𝐼(. )], le problème de décision de
souscription à une assurance peut être modélisé comme suit (Schlesinger, 2000) :

𝑃[𝐼(. )] = 𝐸[𝐼(𝐿) + 𝑐(𝐿)] (𝟑. 𝟓)

𝑐(𝐿) est le coût supporté par l’assuré afin de couvrir les charges de la compagnie
d’assurance. En général 𝑐(𝐿) = 0 ∀ 𝐿 . Ce cas correspond à la « concurrence
parfaite » où les profits des compagnies d’assurance sont considérés comme étant
nuls et la prime d’assurance est dite équitable. Dans le cas où la prime d’assurance
n’est pas équitable, les coûts de transaction sont considérés comme étant
proportionnels à l’indemnité espérée. Ainsi on a :

𝑃(𝛼) = 𝐸[𝛼𝐿 + 𝜆𝛼𝐿] = 𝛼(1 + 𝜆)𝐸(𝐿) (𝟑. 𝟔)

𝜆 est un coefficient de proportionnalité qui détermine les coûts de translation par


rapport à l’indemnité, tel que 𝜆 ≥ 0. Si, 𝜆 = 0.10 par exemple, signifie que l’assureur
va imposer à l’assurée une prime égale à l’indemnité plus 10% pour couvrir ses frais
et avoir une marge bénéficiaire. Supposons que le revenu final du consommateur
soit fonction du choix de niveau de couverture de la perte 𝛼.

𝑌(𝛼) = 𝑊 − 𝛼(1 + 𝜆)𝐸(𝐿) − 𝐿 + 𝛼𝐿 (𝟑. 𝟕)

L’objectif du consommateur est de maximiser son utilité espérée en fonction de 𝛼


en supposant que la fonction d’utilité est croissante et concave selon Von Neumann
& Morgenstern (1947).

𝑚𝑎𝑥
𝛼 𝐸[𝑢( 𝑌(𝛼)] (𝟑. 𝟖)

La condition de premier ordre est donnée par :

𝑑𝐸𝑢
= 𝐸[𝑈 ′ (𝑌(𝛼)). (𝐿 − (1 + 𝜆)𝐸(𝐿)] = 0 (𝟑. 𝟗)
𝑑𝛼

⇔ 𝐸[𝑈 ′ (𝑊 − 𝛼(1 + 𝜆)𝐸(𝐿) − 𝐿 + 𝛼𝐿). (𝐿 − (1 + 𝜆)𝐸(𝐿)] = 0 (𝟑. 𝟏𝟎)

74
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

La condition de second ordre est 𝑢′′ < 0.

(i) Si, une assurance proportionnelle est disponible à un prix équitable (𝜆 =


0), alors le consommateur va choisir une assurance complète (𝛼 = 1). Ce
résultat est indépendant du degré d’aversion au risque ou de la variation
du revenu.
(ii) Si, la prime d’assurance implique des coûts (𝜆 > 0), alors une assurance
partielle (𝛼 < 1) est optimale. Puisque, la richesse de la société sera plus
faible suite à des pertes (incendies, tremblements de terre), une
assurance complète ne peut être obtenue sur chaque perte potentielle
(Hirshleifer et Riley, 1979). L’existence des coûts de transaction signifie
qu’une politique d’assurance ne peut vraiment être offerte à une prime
équitable (Pauly, 1968). Pour une augmentation de la richesse initiale,
on a (Mossin, 1968; Schlesinger, 2000) :
▪ Si le consommateur a une aversion au risque décroissante, alors sa demande
optimale d’assurance sera décroissante lorsque son revenu augmente.
L’assurance devient un bien inférieur ;
▪ Si le consommateur a une aversion au risque constante, alors sa demande
optimale d’assurance sera invariante avec son revenu ;
▪ Si le consommateur a une aversion au risque croissante, alors sa demande
optimale d’assurance sera croissante avec son revenu.
(iii) Si 𝜆 < 0, par exemple les cas où le gouvernement procède à une
subvention d’un marché particulier d’assurance, alors la sur-assurance
(𝛼 > 1) est optimale.

1.2. Les risques et la demande d’assurance

La théorie économique de la demande d’assurance considère qu’un individu averse


au risque et cherchant à maximiser son utilité espérée, n’achètera pas une
assurance complète si la prime d’assurance qu’il doit payer n’est pas
actuariellement équitable (Arrow, 1963; Mossin, 1968; Schlesinger, 2000). Mais
cette théorie a été très vite remise en cause. En effet, elle considère seulement un

75
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

risque pris de façon isolée et dont la décision d’assurance est indépendante des
autres risques auxquels l’individu fait face. Doherty et Schlesinger (1983) montrent
que sur un marché d’assurance incomplet (lorsque certains risques ne peuvent être
assurés), les stratégies d’achat optimales d’assurance dépendent de la corrélation
entre les risques contenus dans le portefeuille de l’individu. Les individus sont en
général exposés à la fois à des risques qui peuvent être assurés (feu, crashes d’avion,
maladie) et d’autres qui ne peuvent l’être (tremblement de terre, guerre, variation
du revenu due à une incapacité à travailler ou pour des raisons macroéconomiques,
etc.). Les premiers sont endogènes alors que les derniers sont exogènes et ne sont
pas sous le contrôle des agents et ne dépendent pas non plus des risques endogènes.

La demande d’assurance pour un risque ne peut être analysée en isolation par


rapport aux autres risques auxquels fait face le décideur, même si ces risques sont
indépendants. Quand l’on considère la demande d’assurance pour un risque, cela
doit tenir compte de sa dépendance stochastique avec les autres risques, qu’ils
soient assurables ou pas ou que leurs assurances soient subventionnées ou
obligatoires (Briys et Loubergé, 1985; Gollier et Scarmure, 1994; Schlesinger et
Doherty, 1985). Ainsi, pour une corrélation positive entre deux risques, une
assurance complète est nécessaire pour un individu averse au risque opérant sur un
marché incomplet, même si la prime d’assurance est inéquitable. Par contre,
lorsque les risques sont négativement corrélés, une assurance partielle est plus
optimale (Doherty et Schlesinger, 1983).

2. L’asymétrie d’information dans les assurances

L’asymétrie d’information est l’un des problèmes majeurs sur le marché des
assurances. Elle conduit à une allocation inefficiente des ressources. Arrow (1963)
a identifié des formes d’échec de marché liées à la fourniture d’assurance,
notamment : le hasard moral et la sélection adverse. Le hasard moral se distingue
de la sélection adverse par période où a lieu l’asymétrie d’information. Dans le
problème de l’aléa moral, les deux parties (l’assureur et l’assuré) sont
symétriquement informées lors de la signature du contrat, mais les décisions de

76
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

précaution prises par l’assuré après le contrat ne sont pas observées par l’assureur.
Dans le modèle de la sélection adverse par contre, l’assuré dispose des informations
qui ne sont pas connues par l’assureur. Ainsi, nous pouvons dire que le hasard
moral est le fait de cacher des actions alors que la sélection adverse est le fait de
cacher des informations.

2.1. La sélection adverse

La sélection adverse est un problème d’allocation inefficace des ressources qui


résultent de l’asymétrie d’information entre les assurés (agents) et l’assureur
(principal). Les assurées sont hétérogènes avec leurs niveaux de risques respectifs
et disposent des informations sur leurs pertes potentielles. La compagnie
d’assurance quant à elle, ne dispose pas d’information pouvant lui permettre de
différencier entre les niveaux de risque de chaque assuré. Les individus à haut
risque auront tendance à cacher leur niveau réel de risque. Normalement
l’assurance requiert pour un bénéfice social complet, un maximum de
discrimination des risques. Ceux à risques élevés doivent payer une prime plus
élevée. Cependant, la mutualisation des risques est souvent observée et conduit à
une égalisation des primes d’assurance plutôt qu’à leur différenciation (Arrow,
1963). Bien que cela permette une redistribution des revenus des personnes à faible
risque vers ceux à risque élevé, la mutualisation ne conduit pas à un équilibre de
Nash. Les assureurs doivent pouvoir établir des contrats d’assurance de telle sorte
que les individus soient incités à leur révéler leur niveau réel de risque. Plusieurs
auteurs ont proposé des mécanismes pour réduire l’inefficience associée à la
sélection adverse. Nous avons : les mécanismes d’auto-sélection entre les différents
niveaux de risque, la catégorisation des risques et les contrats d’assurance sur
plusieurs périodes.

2.2. L’auto-sélection

L’auto-sélection des individus selon leur niveau de risque est un mécanisme par
lequel la compagnie d’assurance propose différents contrats d’assurance avec

77
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

différents prix et quantité de telle sorte que chaque individu choisit le contrat selon
son niveau de risque. Ce mécanisme permet la séparation du marché d’assurance
selon les groupes de risque. Rothschild et Stiglitz (1992) montrent que lorsqu’il y a
asymétrie d’information, l’équilibre conventionnel du marché concurrentiel
déterminé par le prix uniquement n’est plus viable. Le marché pourrait être
efficient si tous les individus étaient disposés à révéler leurs informations. Mais, les
individus à risques élevés ont tendance à transférer leurs risques aux individus à
faibles risques ; de telle sorte que ces derniers seraient mieux si les premiers
n’existaient pas. Alors que, l’existence des individus à faibles risques n’affecte en
rien les individus à risques élevés.

Sur le marché de l’assurance en situation concurrentiel et en présence


d’information imparfaite, l’optimum pour les compagnies d’assurance consiste à
définir à la fois la quantité d’assurance ainsi que le prix que l’individu doit payer
(Rothschild et Stiglitz, 1992). En abondant dans le même sens, Stiglitz (1977)
affirme que sur le marché concurrentiel avec information imparfaite, si un équilibre
existe, il conduira toujours à des contrats séparés pour chaque groupe d’individus
selon les niveaux de risques et qu’il n’y aura pas de mutualisation des risques. Les
individus à haut risque achèteront des contrats d’assurance complète alors que ceux
à faible risque achèteront des contrats d’assurance partiels. Puisque les individus à
haut risque connaissent leur propre niveau de risque, il est important pour eux
d’avoir une couverture d’assurance complète comme en situation d’information
parfaite. Par contre, les individus à faible risque vont éviter de subventionner les
individus à haut risque (s’ils achetaient un contrat d’assurance complète) et donc
achèteront uniquement une assurance partielle.

Stiglitz (1977) élargit l’analyse au marché de monopole et montre que le contrat


optimal pour les individus à haut risque est aussi d’acheter un contrat d’assurance
complète si les contrats pour les individus à haut risques et ceux à faibles risques
sont différents. Mais dans ces conditions, les individus à faible risque peuvent ne
pas acheter du tout de contrat d’assurance ou s’ils en achètent, ce sera des contrats
d’assurance partielle. Lorsque les individus à faible risque choisissent un contrat
d’assurance partielle qui leur est favorable, les individus à risques élevés le

78
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

choisiront aussi. La séparation des risques et la maximisation du profit entraînera


une égalisation des utilités espérées des deux niveaux de risque (Dionne et al.,
2013).

2.2.1. La catégorisation des risques

L’assureur utilise des informations imparfaites dans le but de différencier les


individus selon leurs groupes de risques. On suppose que les individus diffèrent par
des traits qui sont immuables, non coûteux à observer par l’assureur et en
corrélation avec des risques non observables. Par exemple, sur le marché de
l’assurance automobile, les informations sur le sexe et l’âge peuvent être utilisées
comme variables significatives pour expliquer les probabilités d’accident et donc de
définir les primes d’assurance. La principale question est de savoir si, le fait que les
assureurs pour établir les contrats d’assurance utilisent les informations
disponibles sur les caractéristiques personnelles et discriminatoires des assurés,
améliorent l’efficacité.

Pour des raisons d’équité, il a été suggéré par les politiques de régulation des
assurances que certains types de catégorisation non coûteuse comme ceux fondés
sur le sexe, l’âge ou la race ne devraient pas être admis sur les marchés d’assurance.
Hoy (1982) a trouvé que, l’efficacité de la catégorisation est ambigüe et dépends de
la configuration particulière de l’équilibre. Les individus dans la catégorie des
faibles risques auront une amélioration de leur bien-être tandis que ceux dans la
catégorie des risques élevés peuvent avoir une détérioration de leur bien-être.
Cependant, Crocker and Snow (1986) ont montré que, si ces caractéristiques sont
en corrélation avec le risque et sont observables à moindre ou sans coût pour
l’assureur, une interdiction de cette catégorisation serait sans ambiguïté inefficace.
Les individus à risques élevés souscriront pour une assurance complète, tandis que
ceux à faibles risques souscriront pour une assurance partielle.

79
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.2.2. Les contrats multi-périodes

L’assureur utilise les informations relatives à l’expérience passée de l’assuré en tant


que dispositif de tri afin de motiver ex-ante, les individus à haut risque de révéler
leur véritable niveau de risque. De façon spécifique, le contrat se présente sur la
forme suivante : l’assureur et l’assuré s’entendent pour renégocier le contrat
d’assurance à chaque début de période en utilisant les informations de la période
passée de l’assuré. Au cours de la première période, l’assureur offre un ensemble de
contrats correspondants à tous les groupes de risques. L’individu peut choisir
n’importe quel type de contrat. Chaque agent (l’assureur et l’assuré) sait que les
actions de l’autre auront des conséquences à long terme sur ses propres stratégies
et non sur ses stratégies à court terme (une période). De plus les informations de la
période passée ne sont pas utilisées pour ajuster la prime d’assurance, mais plutôt
pour motiver l’assurer à dire la vérité sur son niveau de risque. Puisque le contrat
est renégocié à chaque début de période, si l’assuré ne choisit pas le contrat
correspondant à son niveau de risque, il sera pénalisé la période suivante de telle
sorte qu’à long terme son utilité moyenne sera inférieure à son utilité moyenne à
long terme s’il dit toujours la vérité.

Cooper et Hayes (1987) étudient les contrats d’assurance répétés sur les marchés
de monopole et de concurrence. Ils affirment que la prise en compte des
expériences passées dans les contrats décourage les individus à haut risque de se
déclarer comme appartenant au groupe des faibles risques. Ils trouvent que les
contrats multi-période vont améliorer le profit de l’assureur et que les individus à
risques élevés vont opter pour une couverture complète d’assurance tandis que,
ceux à faibles risques achèteront des contrats d’assurance partielle. Dionne (1983)
et Dionne et Eeckhoudt (1985) montrent que la stratégie de l’assuré qui consiste à
toujours dire la vérité est l’optimum et qu’elle est la meilleure stratégie de
l’allocation efficace des risques en asymétrie d’information. Elle conduit à une
demande d’assurance complète à chaque période pour tous les individus, quel que
soit leur niveau de risque. Janssen et Karamychev (2005) étudient les contrats
d’assurance dynamiques en faisant la distinction entre les contrats dynamiques

80
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

conditionnels et inconditionnels. Les contrats d’assurance inconditionnels sont


ceux offerts par les compagnies d’assurance et où les termes contractuels dépendent
du temps et non des expériences passées, tandis que dans les contrats conditionnels
les expériences passées de l’individu sont aussi prises en compte.

Le hasard moral fait référence à l’impact de la couverture d’assurance sur les


incitations des individus à prendre des précautions contre les risques en vue de
réduire leur probabilité de survenance ou leur ampleur. C’est la tendance au
gaspillage par l’individu assuré, qui affecte les coûts de couverture pour l’assureur
(Pauly, 1968). Winter (2013) distingue le hasard moral ex-ante ou le hasard moral
post-ante. Il y a hasard moral ex-ante, lorsque l’individu une fois assurée prend
moins de précaution pour éviter les risques. Un agent qui fait face à des risques
d’accident, d’incendie, de vol, par exemple, va prendre des mesures pour réduire
ces risques, puisque sans assurance, aussi bien les coûts que les bénéfices de la
réduction des risques lui incombent. Cependant, une fois assuré, les coûts des
accidents sont pris en charge par l’assureur. L’individu qui supporte la totalité des
coûts de la prévention des accidents et seulement une partie de ces avantages, va
trouver plus optimal de sous-investir dans la précaution. Le hasard moral ex-post
quant à lui, survient lorsque par exemple un individu assuré dépense plus que
nécessaire dans les soins médicaux. Les assurances couvrant les frais de
remplacement des objets volés ou perdus sont également assujetties au hasard
moral ex-post.

Si les contrats d’assurance étaient complets dans le sens de spécifier les soins de la
personne dans toutes ses dimensions et dans toutes les éventualités futures avant
l’accident et les dépenses en cas de besoin, alors l’aléa moral ne serait pas un
problème. Mais les contrats d’assurance ne sont pas complets. Les économistes ont
évoqué deux solutions pour le hasard moral : la couverture partielle des risques et
que l’observation par l’assureur des précautions prises par l’assuré pour éviter les
risques. La couverture partielle des risques est une motivation pour que les assurés
prennent des précautions pour éviter des pertes pouvant les exposer à des risques
financiers. De même, l’observation des précautions prises par les assurés est une
motivation pour qu’ils préviennent les pertes, puisque le niveau de précaution

81
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

perçue par l’assureur peut affecter la prime d’assurance ou le montant de la


couverture payée en cas d’accident (Shavell, 1979).

Shavell (1979) montre que lorsque l’assureur ne peut observer les précautions
prises par l’assuré, le contrat d’assurance optimal en situation d’hasard moral est
une couverture partielle. Si les coûts de précaution tendent vers zéro, alors la
couverture complète est optimale. Si les coûts de précautions sont faibles, alors
l’effet incitatif est élevé puisque les avantages des précautions dépassent les
désavantages de la couverture partielle dus à l’exposition aux risques. Cependant si
les coûts de précaution sont suffisamment faibles, alors juste une faible exposition
au risque est nécessaire pour inciter l’individu à prendre des précautions. Dans ce
cas, une couverture complète est optimale. Par ailleurs, dans le cas où l’assureur
observe parfaitement les précautions prises par l’assuré, alors la couverture
complète est optimale. Mais dans le cas où les précautions sont observées ex-post,
le montant de la couverture dépend de la précaution à moins que, le coût
d’observation ex-ante soit suffisamment faible.

Section 2 : L’évaluation contingente

L’objectif de ce chapitre est d’analyser les déterminants de la demande d’assurance


chez les conducteurs de taxi-moto. Pour ce faire, nous avons réalisé une enquête
d’évaluation contingente. Dans la présente section, nous faisons un exposé sur la
méthode d’évaluation contingente et présentons ensuite la méthodologie utilisée
dans l’enquête d’évaluation contingente que nous avons effectuée auprès des
conducteurs de taxi-moto.

1. La méthode d’évaluation contingente

Dans la théorie économique, la valeur (prix) des biens est déterminée sur le marché
à travers l’équilibre entre l’offre et la demande. Mais il y a des biens qui n’ont pas
de valeur marchande et pour lesquels il n’existe pas de substitut parfait sur le
marché (la santé, la vie, la sécurité). Bien que les individus soient capables

82
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

d’attribuer une valeur à ces biens, cette valeur est subjective et n’est pas liée au
marché. Le manque d’information sur les transactions de ces biens fait que les
économistes doivent trouver d’autres méthodes pour leur évaluation. La méthode
d’évaluation contingente est une des méthodes qui permet la résolution de ce
problème. Elle est basée sur des enquêtes de terrain et permet d’attribuer une
valeur monétaire à des biens et services non marchands (Carson, 2000).
L’évaluation contingente consiste à recueillir directement les Consentements A
Payer (CAP) des individus par le biais d’un questionnaire soigneusement élaboré et
administré à un échantillon d’individus bien défini (Arrow et al, 1993).

Bateman et al. (2002) décrivent l’évaluation contingente comme une technique


d’enquête par laquelle les individus déclarent directement leurs préférences. Bien
élaboré, elle permet à travers un marché contingent d’exprimer les préférences de
chaque individu quant à la variation de son bien-être et son CAP pour des biens
avec des caractéristiques particulières. Cette technique d’enquête est également
appelée évaluation hypothétique, car il implique la création d’une situation
hypothétique destinée à recueillir les CAP ou les Consentements A Recevoir (CAR)
pour les biens hors-marché (Bishop et Heberlein, 1979).

L’enquête de l’évaluation contingente consiste, dans un premier temps, à créer et à


décrire aux enquêtés un marché hypothétique sur lequel un bien non marchand
donné serait vendu. Ensuite, les enquêtés sont invités à donner directement leur
CAP pour bénéficier du bien ou leur CAR une indemnisation pour renoncer à un
changement en ce qui concerne la politique envisagée. La manière dont l’enquête
pour l’évaluation contingente est menée est déterminante. Bien qu’il n’existe pas
une panacée, diverses procédures ont été développées pour renforcer la crédibilité
des techniques d’enquêtes contingentes et les rendre plus susceptibles à produire
des résultats fiables. Les différents types de questions pour l’évaluation contingente
peuvent être regroupés en deux catégories : les questions ouvertes et les questions
fermées (Mitchell et Carson, 1981; Whitehead, 2006).

Les questions ouvertes consistent à demander à l’enquêté de donner directement


son CAP. Par exemple : « combien êtes-vous prêt à payer pour vous assurer ».
Aucune catégorie de réponses n’est proposée à l’enquêté. Par contre, les questions
83
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

fermées consistent à spécifier des catégories de réponses aux enquêtés et à leur


demander de choisir parmi ces réponses leur CAP. Par exemple : « parmi les
montants suivants, combien êtes-vous prêts à payer pour vous assurer : 500,
1000 et 2000 ».

1.1. Les questions ouvertes

Cette technique est proposée par Mitchell et Carson (1981) dans leur étude pour
déterminer le CAP pour des améliorations de qualité de l’eau. Le procédé est basé
sur le comportement auto-déclaratif des individus. Un avantage des questions
ouvertes est qu’elles sont faciles à mettre en œuvre. Le bien à valoriser est décrit à
l’enquêté ainsi qu’un marché hypothétique pour l’échanger. Ensuite, il est demandé
à l’enquêté de simplement nommer la somme qu’il est prêt à payer pour le bien
(Boyle et Bishop, 1988). Ainsi, les réponses sont des estimations directes du CAP
de l’individu. Les questions ouvertes ont aussi l’avantage d’amener l’enquêté à
considérer sa contrainte budgétaire de façon plus réaliste. Le CAP devient alors une
fonction du revenu de l’individu (Seller et al., 1985). Mais selon Whitehead (2006),
il est plus difficile pour l’enquêté de penser à sa contrainte budgétaire avant de
répondre à la question du CAP, que d’avoir simplement à choisir parmi plusieurs
alternatives qui lui sont proposées. Aussi les questions ouvertes peuvent donner
lieu à des comportements de passager clandestin chez les enquêtés. Ils peuvent
sous-estimer leur CAP bien que sachant que le bien non marchand à produire à une
valeur plus élevée.

1.2. Les questions fermées

Dans la technique des questions fermées, des alternatives de réponses sont


proposées à l’enquêté parmi lesquelles, il choisit son CAP. Depuis certaines années,
c’est la technique la plus utilisée dans les études portant sur l’évaluation
contingente en raison de la simplicité qu’elle offre dans la collecte de données. De
plus, comparée à la technique des questions ouvertes, la technique des questions
fermées est plus facile à mettre en œuvre aussi bien lors de la collecte des données

84
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

que lors des estimations. Hanemann (1994) a développé des arguments en faveur
de l’utilisation de cette technique. Il affirme qu’il est évident que les enquêtés
trouvent qu’il est beaucoup plus difficile à répondre aux questions ouvertes que les
questions fermées. Il soutient, qu’aussi bien pour les biens marchands que non
marchands, il est plus facile pour les individus de savoir s’ils sont en mesure ou pas
de payer une certaine somme que de savoir ce qu’ils seraient prêt à payer. Hanley
et al. (2009) ont montré que, les individus préfèrent spécifier leur CAP dans un
intervalle donné que de donner une valeur précise, puisqu’ils ne sont pas sûrs des
changements qu’engendreraient la politique à mettre à œuvre. De plus, avec la
technique des questions ouvertes (« combien seriez-vous prêt à payer pour couvrir
les charges liées aux dommages causés par un accident de la route ? »), le
répondant peut stratégiquement changer son vrai CAP alors qu’avec la technique
des questions fermées (« seriez-vous prêt à payer D dollars pour couvrir les
charges liées aux dommages causés par un accident de la route ? »), il n’y a aucune
raison stratégique pour l’enquêté de faire autre chose que de répondre
honnêtement. La technique des questions fermées a pour but de simplifier la tâche
cognitive pour les répondants et a été recommandée par le panel du NOAA4 (Arrow
et al., 1993; Lanoie et al., 1995).

Les questions fermées comprennent les enchères itératives, les questions à choix
dichotomiques ou référendum et la technique du paiement à la carte. Lorsque les
questions à choix dichotomique sont suivies par une ou plusieurs autres questions
elles deviennent respectivement, des questions à double ou multiple choix
dichotomique (Whitehead, 2006).

4 NOAA : National Oceanic and Atmospheric Administration, Washington, DC

85
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.2.1. L’enchère itérative

La technique d’enchère itérative est la plus ancienne utilisée dans l’évaluation


contingente. Le bien à évaluer est décrit à l’enquêté ainsi que le marché
hypothétique pour l’échanger. Ensuite, un montant initial est proposé à l’enquêté
et il lui est demandé s’il est prêt à payer ce montant. En cas de réponse positive, ce
montant est modifié itérativement vers le haut jusqu’à ce qu’une réponse négative
soit obtenue. Si par contre, l’enquêté répond négativement à la question initiale, le
montant proposé est modifié à la baisse jusqu’à ce qu’une réponse positive soit
obtenue (Boyle et Bishop, 1988; Chowdhury, 1999).

La principale critique à cette méthode est que le montant initial peut influencer la
réponse finale de l’enquêté c’est-à-dire son CAP (Boyle et al., 1985; Samples, 1985).
Le problème peut provenir de deux sources. Premièrement, si le montant initial
proposé par l’enquêteur est nettement loin du CAP de l’enquêté, le processus
d’enchère itérative peut fatiguer ou exaspérer ce dernier et l’inciter à mettre fin au
jeu avant que son véritable CAP soit atteint. C’est l’effet d’exaspération.
Deuxièmement, le montant initial peut transmettre des informations aux enquêtés
quant à la souscription attendue et ainsi influencé le CAP final. C’est l’effet de
transfert d’information (Brookshire et al., 1981; Rowe et al., 1980). Par ailleurs,
Sample (1985) constate que le choix du montant initial dans la technique d’enchère
itérative influence le CAP moyen final de différentes manières. Les valeurs de
départ peuvent modifier le réalisme perçu à travers le marché hypothétique en
cours de création et influencer ainsi les taux de refus. Selon l’auteur, il peut
également exister un lien entre les valeurs de départ, le format du questionnaire et
l’acceptation du montant initial comme le CAP final des enquêtés.

1.2.2. La technique du paiement à la carte

Il est présenté à l’enquêté un ensemble donné de montants et il lui est demandé


d’identifier le montant qu’il est prêt à payer pour le bien en question. Cette
approche a été développée comme alternative pour la méthode des questions
ouvertes et l’enchère itérative (Kjær et Universitet, 2005; Whitehead, 2006). Dans
86
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

la technique du paiement à la carte, on demande d’abord des informations sur le


revenu de l’enquêté. Ensuite, l’enquêteur montre à l’enquêté une carte de paiement
correspondant à sa catégorie de revenu, lui explique les informations sur la carte et
lui demande d’indiquer son CAP pour le bien à évaluer compte tenu du revenu de
son ménage et des informations fournies sur la carte. Cette réponse correspond au
CAP de l’individu et ne donne lieu à aucune enchère (Boyle et Bishop, 1988).

1.2.3. Les questions à choix dichotomique ou de référendum

Les questions à choix dichotomique sont similaires à l’enchère itérative avec deux
principales différences : (i) le montant initial proposé varie d’un enquêteur à
l’autre ; (ii) le montant initial est aussi le montant final proposé. L’avantage des
questions à choix dichotomique est que la question sur le CAP est unique et facile à
répondre (Whitehead, 2006). L’inconvénient majeur de la technique de
référendum est que le chercheur apprends seulement si le CAP de chaque enquêté
est au-dessus ou au-delà d’un certain seuil. Bien que cette approche soit plus facile
pour l’enquêté, il est statistiquement moins efficace et de plus grands échantillons
sont nécessaires pour obtenir un niveau donné de précision. Par conséquent,
l’évaluation contingente par la méthode du référendum est plus coûteuse dans sa
mise en œuvre sur le terrain. Par ailleurs, des méthodes économétriques plus
sophistiquées sont nécessaires pour le calcul du CAP moyen et de la variance du
CAP moyen tend à être élevée (Cameron et Quiggin, 1994; Von Neumann et
Morgenstern, 2007; Whitehead, 2006).

Lorsque la question du choix dichotomique est suivie par une autre question à choix
dichotomique, on parle de question à double choix dichotomique. Si l’enquêté
répond « oui » à la première question, alors on augmente le montant du CAP et l’on
repose la question une deuxième fois. Si par contre, l’enquêté répond « non » à la
première question, on diminue le montant proposé et on repose la question une
seconde fois. Quatre groupes de réponses sont donc possibles : « oui, oui », « oui,
non », « non, oui » et « non, non » (Whitehead, 2006). Les questions à double
choix dichotomique ont gagné du terrain, car elles sont plus efficaces que celles d’un

87
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

seul choix dichotomique et plus d’informations sont recueillies auprès de chaque


répondant. Le principal avantage des questions à double choix dichotomique est
que l’analyse des données permet de réduire la variance du CAP moyen. Cependant,
les différences entre les questions à simple choix dichotomique et celles à double
choix dichotomique sont souvent négligeables pour les échantillons de taille
moyenne. La critique à la méthode des questions à double choix dichotomique est
celle du montant du CAP initial à proposer (Kjær et Universitet, 2005; Milton et
Savage, 1948; Whitehead, 2006).

En dehors des questions à simple choix dichotomique et à double choix


dichotomique, on peut aussi avoir des questions à multiple choix dichotomique. A
la suite des deux premières questions à double choix dichotomique, une ou
plusieurs autres questions à choix dichotomique peuvent être posées à l’enquêté
jusqu’à obtenir la valeur la plus faible ou la plus élevée de son CAP. La différence
entre l’enchère itérative et les questions à multiple choix dichotomique est qu’avec
la dernière, le montant initial du CAP proposé varie d’un enquêté à l’autre
(Whitehead, 2006).

1.3. Les biais dans l’évaluation contingente et leur correction

L’utilisation de la technique de l’évaluation contingente peut avoir un impact


important sur les résultats de l’enquête. L’évaluation contingente est basée sur la
construction d’un marché hypothétique. Par conséquent, les individus peuvent
avoir des difficultés pour bien évaluer leurs préférences. Les résultats de
l’évaluation contingente peuvent alors être affectés par divers biais, dans les
instruments d’enquête, qui limiteraient leur crédibilité. Dans le rapport du panel
de NOAA, il est souligné que les résultats des études d’évaluation contingente sont
variables et sensibles aux détails des instruments d’enquête utilisés (Arrow et al.,
1993).

Nous présentons ici les différents biais qui peuvent affecter la méthode d’évaluation
contingente ainsi que les techniques pour les réduire ces biais.

88
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.3.1. Les biais dans l’évaluation contingente

i. Les biais hypothétiques

Le biais hypothétique peut être défini comme l’écart entre les déclarations
hypothétiques et les valeurs réelles (ce qu’une personne pourrait en réalité payer
pour la fourniture du bien). Il y a biais hypothétique lorsque les valeurs qui sont
obtenues dans un contexte hypothétique (sur un marché contingent) diffèrent de
celles obtenues dans un contexte réel (sur un marché). La cause habituelle du biais
hypothétique dans l’enquête contingente est que généralement, les enquêtés
surestiment ou sous-estiment leur CAP dans le scénario hypothétique par rapport
à ce qu’ils seraient prêts à payer dans une situation réelle de marché (Lanoie et al.,
1995; McFadden, 2001; Starmer, 2000; Yaari, 1987). Toutefois, les auteurs tels que
Duffield et Patterson (1982) ont constaté que le CAP moyen dans le scénario
hypothétique et la situation réelle de marché sont presque les mêmes dans les
enquêtes.

Pour corriger le biais hypothétique, des questions sont introduites dans le


questionnaire (soit en tant que mesure quantitative soit en tant que mesure
qualitative) pour s’assurer de la certitude de l’enquêté par rapport à son CAP et la
taille de l’échantillon est réduite à ceux qui sont certains de leur réponse (Andersson
et Treich, 2008).

ii. Le biais stratégique

Dans l’espoir d’influencer les politiques en donnant leur soutien, certains enquêtés
peuvent indiquer qu’ils paieraient pour la politique hypothétique, alors qu’en fait,
ils ne le feraient pas s’ils sont placés dans une situation réelle (Bishop et Heberlein,
1979).

iii. Le biais de réponses

Un petit changement dans la conception de la question peut entraîner un


changement important dans les réponses des enquêtés. Les aspects sociaux et
linguistiques peuvent changer la compréhension de la question. Hanemann (1994)
affirme que, répondre aux questions de l’enquête nécessite un certain effort et le

89
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

plus souvent sans aucune motivation apparente. Les enquêtés doivent interpréter
le sens de la question, rechercher dans leur mémoire les renseignements pertinents,
les intégrer dans un jugement et communiquer le jugement à l’enquêteur. Bien que
certains sont motivés à fournir d’effort, d’autres peuvent devenir impatients,
désintéressés, ou fatigués. Au lieu de chercher une réponse exacte et complète, ils
donnent juste une réponse qui sera acceptée. L’enquêté répond stratégiquement à
la question posée et ne révèle pas son véritable CAP.

iv. Les biais de non-réponse et les biais d’échantillonnage

Le biais de non-réponse est le plus souvent présent dans les enquêtes par mail. Faire
des inférences sur la population à partir d’un échantillon avec des non-réponses
peut générer des résultats biaisés. Le biais de non-réponse se pose si les non-
répondants diffèrent par des caractéristiques observables qui influencent le CAP.
La non-réponse peut conduire à un biais dans la sélection de l’échantillon. Même si
les non-répondants sont similaires aux répondants dans les caractéristiques
observables, ils peuvent différer dans leur CAP pour certaines caractéristiques non
observables.

1.3.2. Correction du biais hypothétique

L’enquête de l’évaluation contingente doit pouvoir être conçue de manière à réduire


les biais hypothétiques potentiels. Deux approches ont été développées pour
modérer ou éliminer les biais dans l’enquête de l’évaluation contingente :
l’approche ex-ante et l’approche ex-post

i. L’approche ex-ante

Elle consiste à introduire des questions visant à réduire le biais hypothétique avant
la question du CAP. Dans les approches ex-ante, nous avons: la version du rappel
du budget, le cheap talk, le temps pour réfléchir et la version testamentaire ou de
serment.

90
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Le rappel du budget

Le rapport du panel de NOAA recommande qu’il soit rappelé aux enquêtés les biens
de substitution, tels que les ressources naturelles comparables ou l’état futur de la
même ressource naturelle. Le rappel doit être introduit directement avant la
question du CAP et on doit s’assurer que les enquêtés ont les alternatives clairement
à l’esprit. Selon Loomis et al. (1994), le rappel du budget n’affecte pas le CAP. Par
contre, Whitehead et Blomquist (2012) constatent que, pour une faible
connaissance des biens publics, les informations supplémentaires sur le bien
associé (substitut ou complément) peuvent augmenter le CAP. Loomis et al. (2007)
demandent aux enquêtés de se rappeler de leur contrainte budgétaire et de
répondre comme s’ils sont sur un marché réel. Ils constatent que, la réduction de la
différence entre ce que les gens disent et ce qu’ils feraient permet d’atténuer le biais
hypothétique. Whitehead et Blomquist (2005) suggèrent que la forme appropriée
de l’information sur le bien substitut soit explorée avec les focus groups, les pré-
tests et des enquêtes supplémentaires par sondage.

Le cheap talk

Le cheap talk est suggéré par les recherches en psychologie sociale. Cummings et
Taylor (2013) ont été les premiers à le développer dans le cadre de l’évaluation
contingente. Il a pour but, d’encourager les participants à l’étude à répondre à la
question du CAP comme s’ils prenaient une décision financière réelle. La méthode
du cheap talk consiste à décrire le problème de biais hypothétique aux enquêtés, à
leur expliquer ses causes probables et leur demandez d’essayer de l’éviter en
répondant à la question du CAP comme ils le feraient sur un marché réel (Machlis
et Rosa, 1990; Renn, 1998).

Le temps pour réfléchir

Dans la méthode du « temps pour réfléchir », on donne une nuit ou plus aux
enquêtés pour réfléchir sur le programme ou le scénario en tenant compte de leurs
contraintes budgétaires avant de donner leur CAP. Au cours de la période pour
réfléchir, ils peuvent discuter avec leurs conjoints, les membres de leur famille, des
91
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

amis ou des voisins (Cook et al., 2012). Une critique importante à cette méthode,
est qu'elle peut impliquer des biais stratégiques, puisque les enquêtés ont le temps
de discuter de leur réponse avec d’autres personnes. Cependant, de nombreuses
études ont prouvé que donner le temps pour réfléchir aux enquêtés réduit le CAP
moyen, mais augmente la certitude dans leurs réponses (Brockhaus, 1980; Brouwer
et al., 2009; Hsee et Kunreuther, 2000; Loomis, 1990).

La version testamentaire ou de serment

Dans les trois (3) approches ex-ante précédentes visant à réduire les biais
hypothétiques dans les enquêtes d’évaluation contingente, les enquêtés sont invités
à se comporter comme s’ils sont dans le monde réel et à prendre en compte leurs
contraintes budgétaires. L’accent est mis sur les informations en rapport au
scénario. Contrairement à ces approches, la version de serment amène les individus
à s’engager à répondre véridiquement. Les enquêtés sont invités à signer un
formulaire par lequel ils jurent (ou promettent) sur l’honneur de dire la vérité et
rien que la vérité comme s’ils étaient dans une salle d’audience (Campbell, 2005;
Loewenstein, 2001; Singh, 1986). La théorie de l’engagement soutient qu’une
personne est plus susceptible de dire la vérité après une promesse forte. Les
quelques études qui ont utilisé la version testamentaire ont trouvé que le serment
réduit le CAP moyen et augmente l’efficacité des estimations (Campbell, 2005;
Loewenstein, 2001). Cependant, dans leurs études sur le changement climatique et
la réduction des émissions en Suède et en Chine, Carlsson et al. (2005) n’ont pas
été en mesure de confirmer que le script de serment peut réduire le biais
hypothétique.

ii. L’approche ex-post

Elle traite le biais hypothétique avec des questions qui suivent celles du CAP. Les
enquêtés qui affirment qu’ils sont prêts à payer pour la politique sont invités à
donner la certitude qu’ils ont quant à leur volonté de payer (Machlis et Rosa, 1990;
Renn, 1992). Dans l’approche ex-post, une question de contrôle est introduite en
vue traiter le biais hypothétique. L’approche suppose que les enquêtés ont une
connaissance incomplète de la politique à mettre en œuvre lorsqu’ils répondent aux

92
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

questions sur leurs CAP. Par conséquent, ils peuvent donner un mauvais oui/non
comme réponse au CAP proposé. La question de contrôle est destinée à caractériser
la certitude de la préférence de l’individu pour la question référendaire (Li et
Mattsson, 1995). Ainsi, après la question fermée, on demande aux enquêtés qui ont
répondu « oui » ; leur certitude par rapport à leur réponse. Seuls les enquêtés qui
sont suffisamment certains qu’ils seraient effectivement prêts à payer, sont
comptabilisés comme donnant une réponse «oui».

Deux versions de question de contrôle sont utilisées. Premièrement, nous avons la


version quantitative utilisée par Li et Mattsson (1995), Champ et al. (2000), Champ
et al. (1998) et Champ et Bishop (2000b). Dans ce format, on demande aux
enquêtés de choisir sur une échelle de 10 points (à partir de 1 = très incertain à 10
= très certain) leur niveau de certitude pour payer le montant donné à la question
précédente. Un inconvénient de l’utilisation de cette méthode est qu’il est
nécessaire d’estimer un seuil à partir duquel une décision hypothétique correspond
à une véritable décision. Deuxièmement, nous avons la version qualitative. La
question de contrôle est divisée en plusieurs niveaux de certitude. Les adjectifs tels
que: « probablement sûr » et « définitivement sûr » ou « assez sûr » et
« absolument sûr » ou encore « je ne sais pas » sont utilisés et les enquêtés sont
invités à choisir l’une d’entre elles (Machlis et Rosa, 1990; Rosa, 1998).

Les questions de contrôle ex-post offrent des informations utiles sur les préférences
réelles des répondants (Whitehead, 2006). Un inconvénient de cette méthode est
que les enquêtés peuvent interpréter les adjectifs différemment.

2. L’enquête contingente

Cette section présente le questionnaire utilisé dans l’enquête contingente que nous
avons réalisé auprès des conducteurs de taxi-moto dans la ville de Cotonou et la
technique d’échantillonnage utilisée.

93
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.1. Le questionnaire

Le questionnaire utilisé est divisé en quatre parties (voir Annexe IV). Dans
l’introduction, il a été expliqué aux conducteurs de taxi-moto l’objectif de l’enquête
qui est l’analyse des risques liés à l’activité de taxi-moto à Cotonou et la mise en
place d’une politique d’assurance de ces risques. La première partie concerne les
caractéristiques socioprofessionnelles des conducteurs de taxi-moto en vue de faire
ressortir les déterminants du choix de cette activité et les revenus qu’elle génère. La
deuxième partie porte d’une part, sur les comportements, les expériences et la
perception du risque des conducteurs de taxi-moto et d’autre part, sur leurs
stratégies en vue de réduire les risques de leur profession. La troisième partie est
divisée en deux sections. Dans la première section, les questions ont pour objectif
de faire ressortir la capacité des conducteurs de taxi-moto à épargner et à militer
dans des associations d’entraide. La deuxième section quant à elle porte sur
l’évaluation contingente proprement dite.

2.1.1. Le scénario hypothétique

L’enquête sur l’évaluation contingente a commencé par la description aux enquêtés


du scénario hypothétique (voir Annexe IV). En effet, une partie importante dans
l’évaluation contingente est le scénario hypothétique. Le projet à évaluer doit être
décrit de façon très explicite aux enquêtés (Whitehead, 2006). Pour ce faire, il a été
demandé aux agents enquêteurs d’expliquer aux enquêtés, les objectifs et les
avantages du programme d’assurance que l’on veut mettre en place ainsi que les
conditions pour y participer. Il s’agira pour les conducteurs de taxi-moto ayant
souscrit à ce programme d’assurance et victimes d’accidents de circulation de
bénéficier : de soins de santé dans les centres de santé publics les plus proches et
d’assistance financière pour eux-mêmes en cas d’invalidité sur une longue période
et pour leur famille en cas de décès. Pour participer au programme d’assurance, il
va falloir payer un montant mensuel qui se traduira par une augmentation des
taxes dans l’activité de taxi-moto.

94
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

En prélude à l’enquête sur le terrain, nous avons réalisé des focus groups ainsi que
des pré-tests en vue d’améliorer le questionnaire initial et de déterminer les
montants à proposer comme CAP. Les montants retenus comme CAP à proposer
aux conducteurs de taxi-moto, au terme des pré-tests et des focus groups sont : pour
le SCD 3.000, 2.000, 1.500, 1.000 et 500 francs CFA et pour le DCD : 4.000, 2.500,
2.000, 1.500, 1.000 et 500 francs CFA.

2.1.2. La question de l’évaluation contingente

Dans le cadre de cette thèse, nous avons utilisé deux différentes méthodes pour
poser la question du CAP. L’objectif est de comparer les résultats issus de ces deux
méthodes que sont : la question à simple choix dichotomique et la question à double
choix dichotomique. Dans le but de réduire les biais hypothétiques, nous avons
utilisé les méthodes suivantes : le rappel du budget, des questions de contrôle et
l’approche testamentaire. Comme suggéré par le panel de NOOA, avant la question
sur le CAP, nous avons demandé aux enquêtés de tenir compte de leurs contraintes
budgétaires ainsi que des avantages dont ils pourraient bénéficier en participant au
programme d’assurance.

L’échantillon a été divisé en deux groupes. Les deux groupes ont reçu
successivement les questions à simple choix dichotomique et à double choix
dichotomique. A la suite de chaque question sur le CAP, il a été demandé aux
enquêtés leur certitude par rapport à leur choix. La question est formulée comme
suit : « quel est votre degré de certitude quant au paiement de ce montant ? ». Les
alternatives de réponses sont : 1) Probablement sûr, 2) Définitivement sûr. La
différence entre les deux groupes est que les individus du premier groupe, appelé
« groupe de contrôle », n’ont pas fait de promesse de dire la vérité avant les
questions du CAP ; alors que les individus du second groupe l’ont fait. Cette
démarche nous a permis d’analyser l’impact de l’utilisation de l’approche
testamentaire sur les CAP des individus.

Dans les approches testamentaires utilisées par Jacquemet et al. (2001) et


Jacquemet et al. (1986), il a été demandé aux enquêtés de jurer sur l’honneur qu’ils

95
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

diront la vérité et qu’ils fourniront des réponses honnêtes. S’ils acceptent, alors ils
signent un engagement. Selon Carlsson et al. (2005), les enquêtés peuvent se sentir
inconfortable et trouver étrange que l’on les force à jurer sur l’honneur pour une
enquête. Pour cette raison nous avons choisi de leur demander de « promettre » au
lieu de « jurer » de dire la vérité. Par ailleurs, on ne leur a pas demandé de signer
un engagement de vérité, puisque la plupart des conducteurs de taxi-moto ne sont
pas instruits. La version testamentaire est formulée comme suit : « Avant de vous
poser les questions suivantes, j’aimerais que vous me promettiez de dire la vérité
et rien que la vérité ». Les alternatives de réponses sont : « oui, je vous le promets »
et « non, je ne peux vous le promettre ».

2.2. L’échantillonnage

En Novembre 2013, nous avons réalisé une enquête en tête-à-tête auprès d’un
échantillon représentatif de 431 conducteurs de taxi-moto choisis de façon aléatoire
dans la ville de Cotonou (Bénin). Il n’existe ni des données sur le nombre effectif
des conducteurs de taxi-moto, ni sur leurs repartions dans les différents
arrondissements de la ville. Les conducteurs de taxi-moto sont mobiles et circulent
dans toute la ville pour l’exercice de leur métier. Il est quasiment impossible
d’arrêter un conducteur de taxi-moto en circulation pour lui administrer un
questionnaire étant donné, qu’il ne sera pas rémunéré pour compenser le temps
passé à répondre aux questions. Aussi, au cas où le conducteur de taxi-moto accepte
de s’arrêter pour répondre aux questions, ceci pourrait entraîner des biais
stratégiques, car il peut être amené à répondre de façon stratégique dans le but de
vite finir avec l’enquêteur. Pour ces raisons, nous avons alors décidé d’administrer
les questionnaires aux heures de pause des conducteurs de taxi-moto. Etant donné
les limites de notre budget, nous avons identifié 40 points de regroupement des
conducteurs de taxi-moto aux heures de pause dans toute la ville. Dans chaque
point de regroupement, environ 11 conducteurs de taxi-moto ont été enquêtés.

96
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Section 3 : Méthodologie d’estimation des CAP et résultats

La première partie de cette section présente les méthodes utilisées pour estimer les
déterminants des CAP des conducteurs de taxi-moto pour s’assurer contre les
risques d’accident. La deuxième partie présente et discute les résultats des
estimations.

1. Estimation des déterminants du CAP et calcul des CAP moyens

Pour estimer les déterminants des CAP pour s’assurer des conducteurs de taxi-
moto, nous avons utilisé le modèle probit pour les données obtenues à partir des
questions à SCD et le modèle probit bivarié pour les données obtenues à partir des
questions à DCD. Les études antérieures suggèrent que les questions référendaires
dans l’évaluation contingente entraînent des biais hypothétiques et produisent des
estimateurs non efficients. Une des méthodes pour corriger ce biais consiste à
introduire avant la question sur le CAP, une exhortation de l’enquêté à faire la
promesse de dire la vérité que nous appelons script de serment. Le script de
serment est introduit dans les deux modèles comme une variable binaire qui prend
la valeur 1 pour les individus qui ont accepté le script de serment et 0 pour ceux qui
ne l’ont refusé.

1.1. Estimation des déterminants des CAP des conducteurs de taxi-


moto

1.1.1. Le cas des questions à SCD

Les questions à choix dichotomique sont devenues la méthode la plus utilisée


depuis quelques années dans les enquêtes contingentes en vue d’évaluer les biens
non marchands. Puisque les réponses aux questions à choix dichotomique sont des
variables binaires, les modèles probit et logit sont les plus utilisés pour des
estimations sur ces types de données.

97
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Bishop et Heberlein (1979) sont les premiers à utiliser les questions référendaires
dans l’évaluation contingente pour évaluer les consentements des chasseurs à
vendre leurs permis au Canada. Ils ont analysé les données à l’aide d’un modèle
logit. Seller et al. (1985), Boyle et Bishop (1988) et Boyle (1990) ont aussi opté pour
la spécification logit pour analyser les CAP obtenus à partir des questions à choix
dichotomique. Hanemann (1984) est parti du modèle de Bishop et Heberlein (1979)
pour proposer un modèle qui intègre les questions à choix dichotomique dans la
théorie économique en utilisant la fonction d’utilité aléatoire.

La principale caractéristique des données de référendum est que le seuil des


montants proposés varie d’un répondant à un autre ; alors que les modèles
probit/logit ont un seuil constant égal à zéro. Par conséquent, des biais de
troncature peuvent apparaitre dans la spécification logit pour les données de
référendum. Cameron et James (1987) et Cameron (1988) ont introduit des
modèles à variable censurée qui se focalisent sur la distribution des CAP et
prennent en compte les biais de troncature. Kriström (1990) affirme qu’aussi bien
le modèle de Hanemann (1984) que celui de Cameron (1988) devraient donner les
mêmes résultats, puisque le premier suppose une distribution pour la fonction
d’utilité indirecte aléatoire alors que le second suppose une distribution sur les CAP
directement.

Dans les enquêtes d’évaluation contingente utilisant les questions à SCD, il est
demandé aux enquêtés si « oui » ou « non », ils sont prêts à payer une somme
unique spécifique pour le projet à mettre en œuvre. En nous basant sur Hanemann
(1984), nous avons supposé que les individus ont une fonction d’utilité indirecte
𝑢(𝑗, 𝑦, 𝑠), où 𝑗 = 1 si le conducteur de taxi-moto est assuré et 𝑗 = 0 sinon ; 𝑦 est le
revenu de l’enquêté et 𝑠 représente ses caractéristiques socioprofessionnelles telles
que le sexe, l’âge, l’éducation, etc. La fonction d’utilité indirecte comprend deux
composantes. La première, 𝑣(. ) est observable et la seconde, 𝜀𝑗 (0,1) est

inobservable et aléatoire.

𝑢(𝑗, 𝑦, 𝑠) = 𝑣(𝑗, 𝑦, 𝑠) + 𝜀𝑗 𝑗 = 0, 1 (𝟑. 𝟏𝟏)

98
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Soit 5:

𝑣(𝑗, 𝑦, 𝑠) = 𝛼𝑗 + 𝛽𝑦 𝛽 > 0 𝑒𝑡 𝑗 = 0,1

Δ𝑣 = 𝛼 − 𝛽𝐴 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛼 = (𝛼1 − 𝛼0 )

𝐴 est le montant du CAP proposé. L’enquêteur répondra « oui » à la question de


référendum si :

𝑣(1, 𝑦 − 𝐴, 𝑠) + 𝜀1 ≥ 𝑣(0, 𝑦, 𝑠) + 𝜀0 (𝟑. 𝟏𝟐)

La réponse de l’enquêté est alors une variable aléatoire dont la probabilité est
donnée par :

Pr(𝑜𝑢𝑖) = Pr{𝑣(1, 𝑦 − 𝐴, 𝑠) + 𝜀1 ≥ (𝑣(0, 𝑦, 𝑠) + 𝜀0 )}

Pr{𝜂 ≥ 𝑣(1, 𝑦 − 𝐴, 𝑠) − 𝑣(0, 𝑦, 𝑠) } = 1 − 𝐹𝜂 (Δ𝑣) (𝟑. 𝟏𝟑)

Où 𝜂 = 𝜀1 − 𝜀0 et 𝐹𝜂 (Δ𝑣) est la fonction cumulative de distribution de 𝜂. Puisque

les 𝜀𝑗 sont indépendants et identiquement distribués, 𝜂 aussi a la même

distribution. 𝐺(𝐴) représente la probabilité que l’enquêté réponde « non » à la


question de référendum. D’où:

𝐹𝜂 (Δ𝑣) = 𝐺(𝐴) (𝟑. 𝟏𝟒)

𝑃1 = Pr(η ≤ Δ𝑣) = 𝐹𝜂 (Δ𝑣) = 𝐺(𝐴)

Soit 𝐶 le CAP maximum de l’enquêté pour participer au programme d’assurance. 𝐶


est une variable aléatoire qui satisfait :

Pr(𝑜𝑢𝑖) = 𝑃𝑖 = Pr(𝐶 > 𝐴) = 1 − 𝐹𝜂 [Δ𝑣(𝐶)] (𝟑. 𝟏𝟓)

𝐶 = 𝑦 − 𝑚[1; 𝑣(0, 𝑦); 𝜂] (𝟑. 𝟏𝟔)

𝑚(. ) est la fonction de revenu compensatoire associé à 𝑣(. ).

𝛼+𝜀
𝐶= (𝟑. 𝟏𝟕)
𝛽

5 Pour simplifier les notations, 𝑠 a été supprimé mais 𝛼𝑗 et 𝛽 sont fonction de 𝑠.

99
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Nous avons supposé un modèle probit où 𝐹𝜂 (. ) est la fonction normale de

distribution cumulative et 𝜂 ↝ (0,1). L’espérance mathématique et la variance du


CAP sont données par :

𝛼 1
𝐸(𝐶) = 𝑒𝑡 𝑉𝑎𝑟(𝐶) = 2 (𝟑. 𝟏𝟖)
𝛽 𝛽

Nous avons estimé les données des questions à SCD par la méthode de maximum
de vraisemblable, où la fonction de log-vraisemblable est :

𝑙𝑛𝐿 = ∑ 𝑦𝑖 𝑙𝑛𝑃𝑖 + (1 − 𝑦𝑖 )ln(1 − 𝑃𝑖 ) (𝟑. 𝟏𝟗)


𝑖=1

1.1.2. Le cas des questions à DCD

Bien que les questions à choix dichotomique dans l’évaluation contingente ont
beaucoup d’avantages, elles peuvent être statistiquement inefficientes et de grands
échantillons sont nécessaires pour obtenir un certain niveau de précision (Cameron
et Quiggin, 1994; Whitehead, 2006). Pour avoir des estimateurs plus efficaces, une
stratégie alternative est de poser à chaque enquêteur une deuxième question à choix
dichotomique, afin d’obtenir plus d’information par individu. Le montant proposé
à la deuxième question dépend de la réponse à la première question. Si, l’enquêté
répond « oui » à la première question, le second montant proposé est plus élevé que
le premier. Si par contre, l’enquêté répond « non » à la première question, le second
montant proposé est inférieur au premier. Ainsi, les réponses des enquêtés peuvent
être regroupé en quatre groupes : « oui, oui », « oui, non », « non, oui » et « non,
non ».

A partir d’un modèle logit, Hanemann et al. (1991) ont montré que les questions à
DCD sont plus efficaces que les questions à SCD. Cameron et Quiggin (1994)
suggèrent que les modèles logit/probit sont inadéquats pour expliquer la relation
entre les réponses à la première question de référendum et à la deuxième et
introduisent la spécification de probit bivarié. Ils ont trouvé qu’ils ne peuvent
rejeter l’hypothèse que les CAP moyens pour les questions à SCD et à DCD sont les

100
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

mêmes (𝛼1 = 𝛼2 et 𝛽1 = 𝛽2 ). Mais, le paramètre qui représente la corrélation entre


les deux réponses est significativement positif. Ainsi, les distributions des deux CAP
(SCD et DCD) sont identiques mais dépendantes.

Le modèle développé dans cette thèse pour estimer les données des questions à
DCD se base sur celui proposé par Cameron et Quiggin (1994). Soit 𝑦1𝑖 et 𝑦2𝑖 les
vrais CAP inobservables de l’enquêté respectivement pour la première et la seconde
question de référendum. 𝑡1𝑖 et 𝑡2𝑖 sont les montants proposés de façon aléatoire à
la première et à la seconde question de référendum. 𝐼1𝑖 et 𝐼2𝑖 sont les réponses des
enquêtés à la première et à la seconde question de référendum. 𝐼𝑗𝑖 (𝑗 = 1,2) = 1 si

l’enquêté est prêt à payer le montant proposé et 𝐼𝑗𝑖 = 0 sinon.

𝑦1𝑖 = 𝑥1𝑖 𝛽1 + 𝜀1𝑖 𝐼1𝑖 = 1 𝑖𝑓 𝑦1𝑖 ≥ 𝑡1𝑖 𝑒𝑡 0 𝑠𝑖𝑛𝑜𝑛


{ (𝟑. 𝟐𝟎)
𝑦2𝑖 = 𝑥2𝑖 𝛽1 + 𝜀2𝑖 𝐼2𝑖 = 1 𝑖𝑓 𝑦2𝑖 ≥ 𝑡2𝑖 𝑒𝑡 0 𝑠𝑖𝑛𝑜𝑛

Nous supposons que les composantes 𝜀𝑗𝑖 sont normalement distribuées et corrélées,

puisque le second montant proposé est clairement dépendant de l’information


d’évaluation que l’enquêté a révélé en répondant à la première question du CAP
(Cameron et Quiggin, 1994). Ainsi, nous avons :

𝐸(𝜀1𝑖 ) = 𝐸(𝜀2𝑖 ) = 0; 𝑉𝑎𝑟(𝜀1𝑖 ) = 𝜎1 , 𝑉𝑎𝑟(𝜀2𝑖 ) = 𝜎2

𝐶𝑜𝑣(𝜀1𝑖 , 𝜀2𝑖 ) = 𝜌; 𝑖 = 1,2, … , 𝑛

Comme Cameron et Quiggin (1994), pour corriger le biais d’endogénéité associé à


la question à DCD, nous avons supposé une distribution jointe pour (𝑦1𝑖 , 𝑦2𝑖 ) avec
une distribution normale bivariée 𝐵𝑉𝑁(𝑥1 𝛽1 , 𝑥2 𝛽2 , 𝜎1 , 𝜎2 , 𝜌). La fonction de densité
normale bivariée est :

1 1 𝑧1 2 + 𝑧2 2 − 2𝜌𝑧1 𝑧2
𝜙(𝑧1 , 𝑧2 , 𝜌) = exp [− ( )] (𝟑. 𝟐𝟏)
2𝜋√1 − 𝜌2 2 1 − 𝜌2

avec 𝑧1 = (𝑡1 − 𝑥1 𝛽1 )⁄𝜎1 et 𝑧2 = (𝑡2 − 𝑥2 𝛽2 )⁄𝜎2 . Nous avons estimé le modèle de


probit bivarié pour les données obtenues à partir des questions à DCD en utilisant
la méthode des maximums de vraisemblable.

101
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.2. CAP moyens et intervalles de confiance des CAP

Nous avons utilisés deux méthodes pour calculer les CAP moyens des conducteurs
de taxi-moto ainsi que les intervalles de confiance de ces CAP. Il s’agit de la méthode
paramétrique de Krinsky et Robb (1986) et celle non paramétrique de Turnbull.

1.2.1. Méthode paramétrique de Krinsky-Robb

Dans l’équation 3.17, le CAP est calculée à partir du rapport de deux variables
aléatoires. Partant, le CAP est aussi une variable aléatoire. Bien que les estimateurs
(𝛼 𝑒𝑡 𝛽) du modèle probit sont connus, la distribution asymptotique de 𝐸(𝐶) est
inconnue. Une importante question est alors de savoir quel est l’écart type ou
alternativement l’intervalle de confiance de 𝐸(𝐶). Les méthodes de Delta et de
Krinsky et Robb (1986) sont les deux méthodes les plus utilisées pour estimer les
statistiques en rapport avec la distribution du CAP. L’intervalle de confiance permet
la comparaison entre les estimateurs des CAP. Sans intervalles de confiance pour
les CAP, il serait difficile de conclure si différentes formes fonctionnelles ou
méthodes d’estimation aboutissent à des différences statistiquement significatives
(Park et al., 1991).

Nous avons calculé l’intervalle de confiance à 95% par la simulation Monte-Carlo


de Krinsky et Robb. Cette approche permet d’éviter certains problèmes potentiels
avec la méthode de Delta (variance non efficace avec de petits échantillons,
implausible distribution symétrique du CAP moyen). La méthode de Krinsky et
Robb est une méthode générale qui peut être appliquée pour établir la distribution
de n’importe quel estimateur qui est une fonction non linéaire de paramètres
estimés. La méthode implique la simulation de Monte-Carlo. L’intervalle de
confiance est obtenu en prenant un grand nombre de tirages à partir d’une
distribution normale multivariée avec les moyennes et la matrice de variance-
covariance données par les coefficients estimés (Carson et Czajkowski, 2013; Park
et al., 1991).

102
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.2.2. Méthode non paramétriques de Turnbull

L’estimation par les méthodes non paramétriques a deux avantages significatifs :


les hypothèses sur les distributions ne sont pas nécessaires et elles sont très simples
à utiliser. Parmi les méthodes non paramétriques utilisées dans l’évaluation
contingente, nous avons : la méthode de Kriström (1986) pour les questions à SCD ;
l’estimateur de Turnbull (1976) et l’estimateur de Watanabe (2010) pour les
questions à DCD. Ces méthodes considèrent le CAP comme un temps de survie dans
une analyse de survie, puisque qu’il est demandé aux individus de payer (ou pas)
un montant donné pour la mise en œuvre d’un projet donné. Haab et McConnell
(1997) affirment que l’estimateur de Turnbull est similaire au modèle de Kriström
(1986) pour les questions à SCD.

Dans ce travail nous avons utilisé l’estimateur de Turnbull pour calculer les CAP
moyens en estimant une fonction de survie non paramétrique. Soit 𝑏𝑗 (𝑗 = 1, … 𝑚)

les montants proposés pour participer au programme d’assurance et 𝑏𝑗 >

𝑏𝑘 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑗 > 𝑘. L’estimateur de Turnbull est basé sur le fait que fondamentalement,
les réponses aux questions de référendum sont des variables de Bernoulli, où la
probabilité de succès de « non » pour un montant proposé 𝑏𝑗 est donnée par :

𝐹(𝑏𝑗 |𝑥𝑖 ) = Pr(𝐶𝐴𝑃 < 𝑏𝑗 |𝑥𝑖 ) (𝟑. 𝟐𝟐)

𝑁𝑗
𝐹(𝑏𝑗 |𝑥𝑖 ) =
𝑇𝑗

𝑁𝑗 est le nombre d’individus qui ont répondu « non », 𝑇𝑗 représente le nombre total

d’individus à qui on a posé la question par rapport à un même montant et 𝑥𝑖 est le


vecteur des caractéristiques de l’individu 𝑖. La fonction de survie est ainsi donnée
par :

𝑆(𝑏𝑗 |𝑥𝑖 ) = 1 − 𝐹(𝑏𝑗 |𝑥𝑖 ) (𝟑. 𝟐𝟑)

Soit 𝑓𝑗 la fonction de densité pour le montant proposé 𝑏𝑗 . Alternativement, 𝑓𝑗 est la

probabilité que le CAP de l’enquêté appartienne à l’intervalle [𝑏𝑗+1 , 𝑏𝑗 ].

𝑓𝑗 = 𝐹𝑗+1 − 𝐹𝑗 (𝟑. 𝟐𝟒)

103
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

La fonction de densité doit être une fonction non négative et appartenir à


l’intervalle unitaire. Si 𝐹𝑗+1 > 𝐹𝑗 , il n’y a pas nécessité d’ajuster. Si 𝐹𝑗+1 < 𝐹𝑗 , il y a

nécessité de mettre ensemble 𝑗 et 𝑗 + 1 et de calculer la proportion des réponses


« oui » avec les observations des deux catégories de montants proposés. Le
processus continue jusqu’à ce qu’il y ait monotonicité de la fonction de survie
(Crooker et Herriges, 2004; Haab et McConnell, 1997; Satimanon et Lupi, 2010).
Le CAP moyen est donné par :

𝜇𝐶𝐴𝑃 = ∑ 𝑏𝑗 ∗ 𝑓𝑗 (𝟑. 𝟐𝟓)


𝑗=1

2. Résultats et discussion des estimations

Cette section présente successivement, les stratégies d’assurance (informelles) des


conducteurs de taxi-moto, les déterminants de leur CAP pour une assurance
formelle et les CAP moyens donnés par les conducteurs de taxi-moto.

2.1. Les stratégies d’assurance des conducteurs de taxi-moto

Selon Ehrlich et Becker (1972), l’auto-assurance et l’auto-protection sont les deux


catégories de stratégies pour prévenir et se protéger contre les risques. L’auto-
assurance permet la réduction des pertes associées à la survenance d’un risque alors
que ; l’auto-protection constitue l’ensemble des moyens de prévention des risques
et de réduction de la probabilité de leur survenance. Nous avons présenté dans cette
section les stratégies que les conducteurs de taxi-moto adoptent pour éviter les
accidents ainsi que celles qu’ils adoptent pour y faire face. Mais avant, nous faisons
un aperçu sur les revenus et épargnes mensuels des conducteurs de taxi-moto ainsi
que sur leur perception du risque associé à leur emploi.

104
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.1.1. Revenu mensuel, épargne et perception du risque

Le revenu moyen mensuel des conducteurs de taxi-moto dans la ville de Cotonou


est d’environ 192.668 FCFA. Sur les 431 conducteurs de taxi-moto enquêtés, 363
(soit 84,22%) ont déclaré qu’ils épargnent une partie de leur revenu mensuel. En
moyenne, l’épargne mensuelle des conducteurs de taxi-moto est de 27.653 FCFA.
Par ailleurs, en moyenne les conducteurs de taxi-moto estiment que le risque d’être
victime d’accident au cours de l’exercice de leur métier est de 64%.

Tableau 10 : Revenu mensuel, épargne et perception du risque

Variables Observation Moyenne Ecart- Minimum Maximum


type

Revenu mensuel 431 192668 66371 54000 450000

Epargne 363 27653 18941 1000 120000

Perception du risque (%) 431 64 22 10 100


Source : Calculs de l’auteur

2.1.2. Les stratégies d’auto-protection

Les conducteurs de taxi-moto adoptent plusieurs stratégies afin d’éviter les


accidents de circulation. Plus de la moitié des conducteurs de taxi-moto (53,13%)
se laissent à la protection divine pour les protéger contre les accidents de
circulation. Ils font recourent aux prières ou à l’utilisation de talismans. La
consommation de la drogue n’est pas légion chez les conducteurs de taxi-moto. La
plupart des conducteurs de taxi-moto évitent la consommation de stupéfiants.
Seulement 16,24% des conducteurs de taxi-moto ont déclaré consommer de la
drogue lors de l’exercice de leur travail. Seulement 20,65% des conducteurs de taxi-
moto respectent les codes de la route. Par ailleurs, 263 des 431 conducteurs de taxi-
moto enquêtés ont déclaré limiter leur vitesse de circulation.

105
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Tableau 11 : Les stratégies d’auto-protection

Variables Fréquence Pourcentage


Protection divine 229 53,13
Prise de la drogue 70 16,24
Respect du code de la
89 20,65
route
Limitation de la vitesse 263 61,02
Source : Calculs de l’auteur

2.1.3. Les stratégies d’auto-assurance

En cas d’accident ou de maladies liées à leur travail, respectivement 93,97% et


79,58% des conducteurs de taxi-moto font recours à des fonds propres ou/et au
soutien des associations auxquelles ils appartiennent pour se soigner ou/et pour
faire face à une période d’inactivité éventuelle. Il n’y a pas beaucoup de conducteurs
de taxi-moto qui comptent sur l’endettement (21,58%) ou sur les aides familiales
(25,29%) pour faire face aux conséquences des risques associés à leur emploi.

Tableau 12 : Les stratégies d’auto-assurance

Variables Fréquence Pourcentage

Assurance sur fonds propre 405 93,97

Assurance par endettement 93 21,58

Assurance par aide familiale 109 25,29

Appartenance à une association 343 79,58


Source : Calculs de l’auteur

2.2. Les déterminants des CAP des conducteurs de taxi-moto

Le tableau 13 présente les pourcentages de réponses « oui » pour chaque montant


proposé. Les réponses « oui » sur les CAP, pour lesquelles les enquêtés ont répondu
« probablement sûr » pour la question de contrôle ou « non, je ne peux pas vous le

106
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

promettre » pour la version de serment, ont été recodées en « non ». On remarque


qu’au fur et à mesure que le montant proposé pour le CAP augmente, le nombre de
personnes qui acceptent payer diminue en général aussi bien pour les questions à
simple choix dichotomique que pour les questions à double choix dichotomique.

Tableau 13 : Pourcentages des réponses « oui » par montant proposé

Simple Choix Double Choix Dichotomique (DCD)


Montants Dichotomique (SCD)
proposés
Oui Oui OO ON NO NN

300 - 12/12 1 - - - -
500 58/70 0,82 11/11 1 35 23 0 12
1000 141/166 0,84 51/74 0,68 89 52 5 20
1500 37/56 0,66 123/175 0,70 24 13 7 12
2000 63/86 0,73 27/40 0,67 38 25 9 14
2500 - 74/99 0,74 - - - -
3000 20/53 0,37 - 9 11 2 31
4000 - 9/20 0,45 - - - -
Source : Calculs de l’auteur

Les études empiriques antérieures portant sur l’évaluation contingente montrent


que le script de serment (comme stratégie pour corriger les biais hypothétique dans
les enquêtes contingentes) permet de corriger le biais hypothétique et a un effet
positif significatif sur les CAP des répondants (Carlsson et al., 2013; Jacquemet et
al., 2010; Jacquemet et al., 2013). Des résultats de nos estimations obtenus à partir
des modèles de probit pour les questions à SCD et de probit bivarié pour les
questions à DCD (voir tableau 14, Annexe II), nous ne pouvons conclure que la
script de serment a un effet sur les CAP des conducteurs de taxi-moto pour s’assurer
contre les risques associés à leur emploi. Une explication de ce résultat est que, les
conducteurs de taxi-moto comprennent l’enjeu que représente l’assurance dans
leur emploi et n’ont donc pas besoin de jurer ou de faire la promesse avant de dire
la vérité.

La perception du risque a un effet positif significatif sur les CAP. Même si ce résultat
n’est obtenu que dans le cas de la question à SCD, on voit bien qu’un déterminant
107
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

majeur du CAP des conducteurs de taxi-moto pour une assurance est bien la
perception qu’ils ont du risque dans leur métier. Plus grand est le risque perçu par
le conducteur de taxi-moto leur emploi et plus grand est son CAP. Par ailleurs, les
montants proposés comme CAP ont un effet négatif significatif sur les CAP des
conducteurs de taxi-moto. Au fur et à mesure que les montants proposés comme
CAP augmentent, les CAP des conducteurs de taxi-moto diminuent.

Les individus qui croient que les prières et/ou les talismans peuvent les protéger
contre les accidents de circulation sont moins consentants à payer pour s’assurer.
Cela dénote de l’importance que les croyances religieuses peuvent avoir dans les
décisions de choix des individus et à cause desquelles, ils ne prennent pas des
décisions plus pratiques et réalistes pour leur bien-être.

La consommation de la drogue a un effet positif significatif sur le CAP des


conducteurs de taxi-moto pour s’assurer. Ce résultat pose le problème d’asymétrie
d’information. Les conducteurs de taxi-moto qui prennent plus de risque sont les
plus disposés à s’assurer. Par ailleurs, le fait que les individus épargnent et/ou se
soignent sur fonds propres en cas d’accident a un effet positif significatif sur leur
CAP. L’assurance étant aussi une forme d’épargne, il est plus facile pour ceux qui
épargnent déjà de s’assurer. Aussi, pour ceux qui se soignent sur fonds propre, il est
plus préférable pour eux qu’une compagnie d’assurance se charge de les prendre en
charge en cas d’accident (qui pourrait entraîner une période d’inactivité ou
d’invalidité) plutôt qu’ils le fassent eux-mêmes.

108
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Tableau 14 : Déterminants des CAP pour une assurance chez les


conducteurs de taxi-moto

Simple Choix Double Choix


Variables et description
Dichotomique Dichotomique

CAP : Montant proposé -0,00*** (0,00) -0,001 (0,00)

Serment : 1 si l’individu fait le serment de vérité et 0 0,19 (0,14) 0,022 (0,10)


sinon
Revenu : Revenu mensuel de l’individu 0,20 (0,21) -0,055 (0,10)

Risk : La perception du risque chez l’individu 0,00** (0,00) -0,001 (0,00)

Age : Age de l’individu 0,00 (0,00) -0,0047 (0,00)

Educ0 : 1 si l’individu n’a aucun niveau d’éducation et -0,26 (0,30) 0,217 (0,23)
0 sinon
Educ1 : 1 si l’individu a le niveau primaire et 0 sinon -0,29 (0,30) 0,097 (0,23)

Educ2 : 1 si l’individu a le niveau secondaire et 0 sinon -0,66* (0,34) -0,109 (0,26)

Educ3 : 1 si l’individu a le niveau supérieur et 0 sinon Réf Réf Réf Réf

DivProt : 1 si l’individu croit en la protection divine et -0,44** (0,14) -0,199 (0,12)


0 sinon
Drug : 1 si l’individu prends de la drogue et 0 sinon 0,87*** (0,23) 0,252 (0,17)

Epargne : 1 si l’individu épargne et 0 sinon 0,46** (0,20) 0,334* (0,17)

AssFpr : 1 si l’individu se soigne sur fonds propre et 0 0,58** (0,29) -0,043 (0,27)
sinon
AssAid : 1 si l’individu se soigne avec l’aide familiale et -0,18 (0,17) -0,163 (0,15)
0 sinon
Constante -1,73 (2,63) 0,837 (2,25)

𝝆 - 0,62*** (0,06)

Log Likelihood -199,83 -478,26

LR Chi2 89,67 -

Pseudo R2 0,1832 -

Source : Calculs de l’auteur


Notes : *, ** et *** représentent respectivement la significativité à 1%, 5% et 10%. Les données entre parenthèses
sont les écarts-types.

2.3. Les CAP moyens mensuels

Nous avons calculé les CAP moyens ainsi que les intervalles de confiance en
utilisant les estimateurs de Krinsky-Robb et de Turnbull. Les CAP moyens obtenus
sont présentés dans le tableau 15 (Annexe III). Dans les deux cas, les CAP moyens

109
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

obtenus avec les questions à DCD sont plus élevés que ceux obtenus avec les
questions à SCD. On pourrait déduire que les questions à DCD permettent aux
enquêtés de mieux penser aux avantages et inconvénients de l’assurance et ainsi
revoir leur CAP à la hausse. Cependant, même si les CAP obtenus avec les questions
à DCD sont plus élevés, ceux obtenus avec les questions à SCD paraissent plus
efficaces contrairement à la théorie et les travaux empiriques précédents, puisque
leurs intervalles de confiance sont plus restreints. Par ailleurs, on note une légère
hausse avec les CAP obtenus avec serment par rapport à ceux obtenus sans
serment.

Tableau 15 : Moyennes des CAP mensuels

Estimateurs Estimateurs Non


Paramétriques : Paramétriques :
Krinsky-Robb Turnbull
Moyennes CI Moyennes CI

Sans serment 2512 [2235 ; 2976] 1691 [1481 ; 1903]


SCD
Avec serment 2487 [2217 ; 2932] 1647 [1379 ; 1916]
Sans serment 3707 [2854 ; 7439] 2058 [1403 ; 2714]
DCD
Avec serment 3837 [2951 ; 7870] 2208 [1126 ; 2990]
Source : Calculs de l’auteur

Conclusions

Les conducteurs de taxi-moto bien qu’étant conscients des risques d’accident qu’ils
courent quotidiennement, ne font recourt à aucun moyen formel pour couvrir ces
risques. De ce fait, pour prévenir les accidents et/ou faire face à leurs conséquences
quand ils surviennent, ils adoptent des stratégies informelles, telles que : la non-
consommation de la drogue, l’épargne, les aides familiales, etc. Mais selon Dercon
et al.(2006), ces stratégies présentent l’inconvénient de ne pas être sécurisées et
peuvent ne pas être suffisantes pour couvrir les risques auxquels les individus font
face. Dans ce contexte, l’assurance de marché apparait comme un moyen plus
efficace de la gestion individuelle des risques.

110
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Dans ce chapitre, nous avons analysé la demande d’assurance des conducteurs de


taxi-moto à partir d’une enquête contingente afin de déterminer leurs
Consentements à Payer (CAP). Pour poser les questions sur les CAP, nous avons
utilisé les questions à Simple Choix Dichotomique (SCD) et à Double Choix
Dichotomique (DCD). Pour corriger le biais hypothétique, nous avons utilisé le
script de serment qui consiste à demander à l’enquêté de promettre de dire la vérité
avant de répondre à la question sur le CAP.

Des résultats de nos estimations, nous ne pouvons conclure que la version


testamentaire a un effet sur les CAP des conducteurs de taxi-moto pour s’assurer.
Un déterminant majeur du CAP des conducteurs de taxi-moto pour s’assurer est la
perception qu’ils ont du risque dans leur métier. Plus grand est le risque qu’ils
associent à leur emploi et plus grand est leur CAP. Les individus qui croient que la
protection divine peut les protéger contre les accidents de circulation sont moins
consentants à payer pour s’assurer. Cela dénote de l’importance que les croyances
religieuses peuvent avoir dans les décisions de choix des individus. Le fait que les
individus épargnent et/ou se soignent sur fonds propres en cas d’accident a un effet
positif significatif sur leur CAP. Dans le cas des questions à DCD, les CAP mensuels
des conducteurs de taxi-moto calculés par les méthodes paramétrique et non
paramétrique sont respectivement de 3707 FCFA et de 2058 FCFA.

111
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

CONCLUSION GENERALE ET IMPLICATIONS DE POLITIQUES


ECONOMIQUES

L’objectif de la présente thèse est d’analyser l’activité de conducteur de taxi-moto


au Bénin. De façon spécifique, cette thèse a pour objectifs d’analyser : (i) les
déterminants du choix de l’activité de taxi-moto (ii) les risques d’accident associés
à l’activité de conducteur de taxi-moto ; (iii) la demande d’assurance par les
conducteurs de taxi-moto.

En nous basant sur Spence (1973), nous avons supposé que les compétences sont
mesurées par le niveau d’éducation atteint. La productivité des individus accroît
avec les niveaux de compétence. Par ailleurs, le marché du travail est divisé en
marché formel et marché informel. Partant, nous avons modélisé le choix de
l’activité de taxi-moto en fonction du revenu espéré, du niveau d’éducation et de
l’aversion au risque. Il en ressort que les individus qui choisissent l’activité de taxi-
moto sont en grande partie des individus à faible niveau d’éducation et de
compétence et qui ont le goût pour le risque. Puisque, l’activité de taxi-moto est une
source certaine de se procurer un revenu journalier, ils choisissent l’exercer quitte
à supporter les risques y afférents. Par contre, les individus avec des niveaux
d’éducation élevés dans l’activité de taxi-moto sont ceux qui n’ont pas pu se trouver
un emploi sur le marché formel à cause des barrières à l’entrée. Alors, ils n’ont eu
autres choix que d’exercer le métier de conducteur de taxi-moto quelle que soit leur
préférence pour le risque.

Dans le but d’analyser les compensations monétaires des risques supportés par les
conducteurs de taxi-moto, nous sommes partis d’un modèle hédonique qui
considère que la rémunération que le travailleur est en mesure d’accepter reflète
son utilité espérée étant donné les caractéristiques du travail. Les résultats
suggèrent que les revenus journaliers dans l’activité de taxi-moto sont en moyenne
égaux à 5.144 FCFA. La perception du risque chez les conducteurs de taxi-moto est
d’environ 64%. Le revenu supplémentaire pour un niveau supérieur de risque est
de cinq (500) FCFA. Ce revenu est relativement insuffisant pour compenser les

112
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

risques encourus. Nous en déduisons que, dans le contexte béninois et


principalement à Cotonou, à cause du déficit d’emploi, les individus ne peuvent pas
influencer le niveau de risque associé à leur emploi. Pour ne pas rester au chômage
et sans revenu, ils décident d’exercer quand même l’activité de taxi-moto qui est
plus accessible en dépit de ses risques. Les travaux empiriques ont montré que la
sécurité dans le travail est un bien normal. Les individus les plus nantis, ceux ayant
des revenus hors emploi et ceux ayant un capital humain élevé demanderont une
compensation plus élevée pour les risques liés à leur emploi et choisiront les
emplois les moins risqués (Biddle et Zarkin, 1988; Viscusi, 1978). Mais ces résultats
ne sont possibles que lorsque les marchés fonctionnent bien et qu’il est possible
pour les agents économiques de choisir leurs emplois en fonction de leur
compétence ou capital initial.

Dans le cadre de cette thèse, nous avons réalisé une enquête contingente qui nous
afin de recueillir les Consentements à Payer (CAP) des conducteurs de taxi-moto
pour s’assurer contre les risques d’accident associés à leur emploi. Deux différentes
méthodes de questionnement ont été utilisées pour les CAP : le simple choix
dichotomique et le double choix dichotomique. Pour réduire les biais hypothétiques
associés aux enquêtes d’évaluation contingente, nous avons utilisé le script de
serment pour faire promettre aux enquêtés de dire la vérité sur leur CAP réel. Nous
avons analysé les déterminants des CAP des conducteurs de taxi-moto par deux
méthodes : le modèle probit pour les données recueillies à partir des questions à
SCD et le modèle probit bivarié pour les données recueillies à partir des questions
à DCD. Nous avons ensuite calculé les CAP moyens par la méthode paramétrique
de Krinsky-Robb et celle non paramétrique de Turnbull.

Des résultats obtenus à partir de l’estimateur de Turnbull, le CAP moyen est


d’environ 1.600 FCFA pour les questions à SCD et d’environ 2.000 FCFA pour les
questions à DCD. Un déterminant majeur du CAP des conducteurs de taxi-moto
pour s’assurer est la perception qu’ils ont du risque dans leur métier. Plus grand est
le risque qu’ils associent à leur emploi et plus grand est leur CAP. Par ailleurs, le
fait que les individus épargnent et/ou se soignent sur fonds propres en cas
d’accident a un effet positif significatif sur leur CAP.

113
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Deux cas de figure pour des recommandations de politiques économiques :

(i) Supprimer la fourniture des services de transport par les taxis-motos.


Pour cela, il faudra :
▪ Fournir des services de transport public à prix compétitifs et facilement
accessibles.
▪ Créer des conditions nécessaires pour la création de l’emploi.
▪ Créer des conditions pour la reconversion des conducteurs de taxi-moto dans
d’autres secteurs d’activité.
▪ Favoriser la scolarisation et le maintien à l’école des individus.
▪ Pour les déscolarisés, créer des cadres favorisant leurs insertions dans
l’apprentissage des métiers et ensuite sur le marché du travail.
(i) Maintenir la fourniture des services de transport par les taxis-motos.
▪ Mieux réglementer l’activité et exiger des limitations de vitesse.
▪ Fournir des services d’assurance pour les conducteurs de taxi-moto. L’activité
de taxi-moto, au lieu de conduire à l’amélioration du bien-être des individus
pourrait entraîner la dégradation de leur condition de vie, si aucune assurance
n’existe pour couvrir les conséquences négatives des accidents de leur travail.
Sinon, en cas d’invalidité du chef de famille par exemple, toute une famille
pourrait se retrouver dans des situations de pauvreté plus approfondie.

114
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Agossou, N. (2004). Les taxis-motos zemidjan à Porto-Novo et Cotonou. Autrepart,


n°32, pp.135-148.

Akerlof, G. A. et Yellen, J. L. (1986). Efficiency wage models of the labor market:


Cambridge University Press.

Alinsato, A. et Satoguina, H. (2010). Transport urbain moto au bénin : analyse et


politique. Retrieved from

Allais, M. (1953). Le Comportement de l'Homme Rationnel devant le Risque:


Critique des Postulats et Axiomes de l'Ecole Americaine. Econometrica,
21(4), 503-546. doi:10.2307/1907921

Amaral, P. S. et Quintin, E. (2006). A competitive model of the informal sector.


Journal of Monetary Economics, 53(7), 1541-1553.
doi:http://dx.doi.org/10.1016/j.jmoneco.2005.07.016

Andersson, H. et Treich, N. (2008). The value of a statistical life. The Handbook of


Transport Economics.

Antunes, A. et Cavalcanti, T. (2002). Entrepreneurship and Informal Markets.


Balkin, S.(1989). Self-employment for low-income people. One Madison
Avenue, NY: Praeger Publishers.

Arabsheibani, G. R. et Marin, A. (2000). Stability of Estimates of the Compensation


for Danger. Journal of Risk and Uncertainty, 20(3), 247-269.
doi:10.1023/a:1007819530588

Arrow, K., et al. (1993). Report of the NOAA panel on contingent valuation:
National Oceanic and Atmospheric Administration Washington, DC.

Arrow, K. J. (1963). Uncertainty and the Welfare Economics of Medical Care. The
American Economic Review, 53(5), 941-973. doi:10.2307/1812044

Arrow, K. J. (1971). The theory of risk aversion. Essays in the theory of risk-
bearing, 90-120.

Banerjee, A. V. et Duflo, E. (2007). The economic lives of the poor. The Journal of
Economic Perspectives, 21(1), 141-167.

115
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Banerjee, A. V. et Newman, A. F. (1993). Occupational Choice and the Process of


Development. Journal of Political Economy, 101(2), 274-298.
doi:10.2307/2138820

Bateman, I. J., et al. (2002). Economic valuation with stated preference techniques:
a manual. Economic valuation with stated preference techniques: a
manual.

Bateman, I. J., et al. (2002). Valuing environmental preferences: theory and


practice of the contingent valuation method in the US, EU, and developing
countries: Oxford University Press on Demand.

Baumol, W. J. (1996). Entrepreneurship: Productive, unproductive, and


destructive. Journal of Business Venturing, 11(1), 3-22.

Beattie, J., et al. (1998). On the contingent valuation of safety and the safety of
contingent valuation: part 1-caveat investigator. Journal of Risk and
Uncertainty, 17(1), 5-26.

Becker, G. S. (1962). Investment in human capital: A theoretical analysis. The


journal of political economy, 9-49.

Becker, G. S. (1965). A Theory of the Allocation of Time. The Economic Journal,


75(299), 493-517. doi:10.2307/2228949

Becker, G. S. (2009). Human capital: A theoretical and empirical analysis, with


special reference to education: University of Chicago Press.

Becker, G. S. (2010). The economics of discrimination: University of Chicago press.

Bennett, J. (2010). Informal Firms in Developing Countries: Entrepreneurial


Stepping Stone or Consolation Prize? Small Business Economics, 34(1), 53-
63. doi:10.2307/40540455

Bezu, S. et Barrett, C. B. (2010). Activity choice in rural non-farm employment


(RNFE): Survival versus accumulative strategy.

Biddle, J. E. et Zarkin, G. A. (1988). Worker Preference and Market Compensation


for Job Risk. The Review of Economics and Statistics, 70(4), 660-667.
doi:10.2307/1935830

Bishop, R. C. et Heberlein, T. A. (1979). Measuring Values of Extramarket Goods:


Are Indirect Measures Biased? American Journal of Agricultural
Economics, 61(5), 926-930. doi:10.2307/3180348

116
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Bispo, A. (2007). Labour Market Segmentation: An investigation into the Dutch


hospitality industry.

Blau, D. M. (1985). Self-Employment and Self-Selection in Developing Country


Labor Markets. Southern Economic Journal, 52(2), 351-363.
doi:10.2307/1059621

Blau, P. M., et al. (1956). Occupational Choice: A Conceptual Framework.


Industrial and Labor Relations Review, 9(4), 531-543.
doi:10.2307/2519672

Bonin, H., et al. (2007). Cross-sectional earnings risk and occupational sorting: The
role of risk attitudes. Labour Economics, 14(6), 926-937.
doi:http://dx.doi.org/10.1016/j.labeco.2007.06.007

Bourguignon, F. et Dethier, J.-J. (2005). Development strategies for more and


better jobs. Paper presented at the Ponencia presentada en la conferencia
Help Wanted: More and Better Jobs in a Globalized Economy, Washington,
DC: Carnegy Endowment of International Peace.

Boyle, K. J. (1990). Dichotomous choice, contingent valuation questions: functional


form is important. Northeastern Journal of Agricultural and Resource
Economics, 19(2), 125-131.

Boyle, K. J. et Bishop, R. C. (1988). Welfare Measurements Using Contingent


Valuation: A Comparison of Techniques. American Journal of Agricultural
Economics, 70(1), 20-28. doi:10.2307/1241972

Boyle, K. J., et al. (1985). Starting Point Bias in Contingent Valuation Bidding
Games. Land Economics, 61(2), 188-194. doi:10.2307/3145811

Briys, E. P. et Loubergé, H. (1985). On the Theory of Rational Insurance


Purchasing: A Note. The Journal of Finance, 40(2), 577-581.
doi:10.2307/2327902

Brockhaus, R. H. (1980). Risk taking propensity of entrepreneurs. Academy of


management Journal, 23(3), 509-520.

Brookshire, D. S., et al. (1981). Experiments in valuing public goods. Advances in


applied microeconomics, 1, 123-172.

117
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Brouwer, R., et al. (2009). Economic valuation of flood risk exposure and reduction
in a severely flood prone developing country. Environment and
Development Economics, 14(3), 397.

Cameron, T. A. (1988). A new paradigm for valuing non-market goods using


referendum data: Maximum likelihood estimation by censored logistic
regression. Journal of Environmental Economics and Management, 15(3),
355-379. doi:http://dx.doi.org/10.1016/0095-0696(88)90008-3

Cameron, T. A. et James, M. D. (1987). Efficient Estimation Methods for "Closed-


Ended" Contingent Valuation Surveys. The Review of Economics and
Statistics, 69(2), 269-276. doi:10.2307/1927234

Cameron, T. A. et Quiggin, J. (1994). Estimation using contingent valuation data


from a" dichotomous choice with follow-up" questionnaire. Journal of
Environmental Economics and Management, 27(3), 218-234.

Campbell, S. (2005). Determining overall risk. Journal of risk research, 8(7-8),


569-581.

Carlsson, F., et al. (2013). The truth, the whole truth, and nothing but the truth—A
multiple country test of an oath script. Journal of Economic Behavior &
Organization, 89, 105-121.

Carson, R. T. (2000). Contingent valuation: a user's guide. Environmental Science


& Technology, 34(8), 1413-1418.

Carson, R. T. et Czajkowski, M. (2013). A new baseline model for estimating


willingness to pay from discrete choice models. Paper presented at the
International choice modelling conference, Sydney.

Cervero, R. (2000). Informal transport in the developing world: United Nations


Publications.

Chew, S. H. et MacCrimmon, K. (1979). Alpha utility theory, lottery composition,


and the Allais paradox. Faculty of Commerce and Business Admin. working
paper, 686.

Chowdhury, N. T. (1999). Willingness to pay for water in Dhaka slums: A


Contingent Valuation Study. Ahmad et al., IUCN-The World Conservation
Union, Association of Green Accounting, Environmental Economics in
Bangladesh, 105-116.

118
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Cleeton, D. L. et Zellner, B. B. (1993). Income, Risk Aversion, and the Demand for
Insurance. Southern Economic Journal, 60(1), 146-156.
doi:10.2307/1059939

CNSR. (2012). Statistiques sur les accidents routiers au Bénin, Centre National de
Sécurité Routière (CNSR). Retrieved from Bénin:

Cook, J., et al. (2012). Giving Stated Preference Respondents “Time to Think”:
Results From Four Countries. Environmental and Resource Economics,
51(4), 473-496. doi:10.1007/s10640-011-9508-4

Cooper, R. et Hayes, B. (1987). Multi-period insurance contracts. International


Journal of Industrial Organization, 5(2), 211-231.

Cox, J., et al. (2007). Is there a plausible theory for risky decisions? Georgia State
University.

Crocker, K. J. et Snow, A. (1986). The Efficiency Effects of Categorical


Discrimination in the Insurance Industry. Journal of Political Economy,
94(2), 321-344. doi:10.2307/1837407

Crooker, J. et Herriges, J. (2004). Parametric and Semi-Nonparametric Estimation


of Willingness-to-Pay in the Dichotomous Choice Contingent Valuation
Framework. Environmental and Resource Economics, 27(4), 451-480.
doi:10.1023/B:EARE.0000018518.55067.b2

de Blaeij, A., et al. (2003). The value of statistical life in road safety: a meta-analysis.
Accident Analysis & Prevention, 35(6), 973-986.

Dercon, S. (2001). Assessing vulnerability. Publication of the Jesus College and


CSAE, Department of Economics, Oxford University.

Dercon, S., et al. (2006). Insurance for the Poor? Retrieved from

Dionne, G. (1983). Adverse Selection and Repeated Insurance Contracts. The


Geneva Papers on Risk and Insurance, 8(29), 316-332.
doi:10.2307/41950100

Dionne, G. et Eeckhoudt, L. (1985). Self-insurance, self-protection and increased


risk aversion. Economics Letters, 17(1), 39-42.

Dionne, G., et al. (2013). Adverse Selection in Insurance Contracting. In G. Dionne


(Ed.), Handbook of Insurance (pp. 231-280): Springer New York.

119
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Dionne, G. et Lanoie, P. (2002). How to make a public choice about the value of a
statistical life: The case of road safety. HEC Montreal, Risk Management
Chair Working Paper Series(02-02).

Doeringer, P. B. et Piore, M. J. (1985). Internal labor markets and manpower


analysis: ME Sharpe.

Doherty, N. A. et Schlesinger, H. (1983). Optimal Insurance in Incomplete Markets.


Journal of Political Economy, 91(6), 1045-1054. doi:10.2307/1831203

Douglas, E. J. et Shepherd, D. A. (2000). Entrepreneurship as a utility maximizing


response. Journal of Business Venturing, 15(3), 231-251.

Drottz-Sjöberg, B.-M. (1991). Perception of risk: Studies of risk attitudes,


perceptions and definitions.

Ehrlich, I. et Becker, G. S. (1972). Market Insurance, Self-Insurance, and Self-


Protection. Journal of Political Economy, 80(4), 623-648.
doi:10.2307/1829358

Eisenhauer, J. G. (1995). The entrepreneurial decision: Economic theory and


empirical evidence. Entrepreneurship: Theory and Practice, 19(4), 67-80.

Ellsberg, D. (1961). Risk, Ambiguity, and the Savage Axioms. The Quarterly
Journal of Economics, 75(4), 643-669. doi:10.2307/1884324

Falco, P. (2013). Does risk matter for occupational choices? Experimental evidence
from an African labour market. Retrieved from

Fields, G. S. (2004). A guide to multisector labor market models. Working Papers,


86.

Fields, G. S. (2011). Labor market analysis for developing countries. Labour


Economics, 18, Supplement 1(0), S16-S22.
doi:http://dx.doi.org/10.1016/j.labeco.2011.09.005

Fourn, L. et Fayomi, E. (2006). Pollution atmosphérique en milieu urbain à


Cotonou et à Lokossa, Bénin. Santé Publique, Bénin, (Manuscrit n° 2851.
“Santé publique”. Reçu le 23 août2005. Accepté le 14mars 2006.).

Friedman, M. (1977). Nobel lecture: inflation and unemployment. The journal of


political economy, 451-472.

120
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Friedman, M. et Savage, L. J. (1948). The utility analysis of choices involving risk.


The journal of political economy, 279-304.

Garcia, M. et Fares, J. (2008). The effect of education on income and employment.


Youth in Africa’s Labor Market, 39-47.

Garen, J. (1988). Compensating Wage Differentials and the Endogeneity of Job


Riskiness. The Review of Economics and Statistics, 70(1), 9-16.
doi:10.2307/1928145

Gazier, B. (1992). Economie du travail et de l'emploi: Dalloz.

Gegax, D., et al. (1991). Perceived risk and the marginal value of safety. The Review
of Economics and Statistics, 589-596.

George Loewenstein. (2001). The Creative Destruction of Decision Research.


Journal of Consumer Research, 28(3), 499-505. doi:10.1086/323738

Gerxhani, K. (2004). The informal sector in developed and less developed


countries: A literature survey. Public choice, 120(3-4), 267-300.

Gollier, C. et Scarmure, P. (1994). The Spillover Effect of Compulsory Insurance.


The Geneva Papers on Risk and Insurance Theory, 19(1), 23-34.
doi:10.2307/41953759

Grönqvist, E. (2004). Selection and moral hazard in health insurance: taking


contract theory to the data. Stockholm School of Economics.

Günther, I. et Launov, A. (2012). Informal employment in developing countries:


opportunity or last resort? Journal of development economics, 97(1), 88-98.

Haab, T. C. et McConnell, K. E. (1997). Referendum models and negative


willingness to pay: alternative solutions. Journal of Environmental
Economics and Management, 32(2), 251-270.

Haggblade, S., et al. (2007). Transforming the rural nonfarm economy:


Opportunities and threats in the developing world: Intl Food Policy Res
Inst.

Hall, R. E. (1979). A theory of the natural unemployment rate and the duration of
employment. Journal of Monetary Economics, 5(2), 153-169.

Hammitt, J. K. (2000). Valuing mortality risk: theory and practice. Environmental


Science & Technology, 34(8), 1396-1400.

121
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Hanemann, M., et al. (1991). Statistical efficiency of double-bounded dichotomous


choice contingent valuation. American Journal of Agricultural Economics,
73(4), 1255-1263.

Hanemann, W. M. (1984). Welfare Evaluations in Contingent Valuation


Experiments with Discrete Responses. American Journal of Agricultural
Economics, 66(3), 332-341. doi:10.2307/1240800

Hanemann, W. M. (1994). Valuing the Environment Through Contingent


Valuation. The Journal of Economic Perspectives, 8(4), 19-43.
doi:10.2307/2138337

Hanley, N., et al. (2009). Coherent arbitrariness: on value uncertainty for


environmental goods. Land Economics, 85(1), 41-50.

Hansson, S. O. (2004). Philosophical perspectives on risk.

Hansson, S. O. (2005). Seven Myths of Risk. Risk Management, 7(2), 7-17.


doi:10.2307/3867684

Harris, J. R. et Todaro, M. P. (1970). Migration, Unemployment and Development:


A Two-Sector Analysis. The American Economic Review, 60(1), 126-142.
doi:10.2307/1807860

Hartog, J., et al. (2003). Risk compensation in wages–a replication. Empirical


Economics, 28(3), 639-647.

Heitzmann, K., et al. (2002). Guidelines for assessing the sources of risk and
vulnerability. World Bank Social Protection Discussion Paper, 218.

Hirshleifer, J. et Riley, J. G. (1979). The analytics of uncertainty and information-


an expository survey.

Hoy, M. (1982). Categorizing Risks in the Insurance Industry. The Quarterly


Journal of Economics, 97(2), 321-336. doi:10.2307/1880761

Hsee, C. K. et Kunreuther, H. C. (2000). The affection effect in insurance decisions.


Journal of Risk and Uncertainty, 20(2), 141-159.

Jacobs, B., et al. (2009). Self-selection bias in estimated wage premiums for
earnings risk. Empirical Economics, 37(2), 271-286.

Jacobs, G. (2007). An occupational choice model for developing countries.

Jacquemet, N., et al. (2010). Referenda under oath. GREQAM WP, 10, 15.

122
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Jacquemet, N., et al. (2013). Preference elicitation under oath. Journal of


Environmental Economics and Management, 65(1), 110-132.

Janssen, M. C. W. et Karamychev, V. A. (2005). Dynamic Insurance Contracts and


Adverse Selection. The Journal of Risk and Insurance, 72(1), 45-59.
doi:10.2307/3519890

Jones-Lee, M. W. et Loomes, G. (1995). Scale and context effects in the valuation of


transport safety. Journal of Risk and Uncertainty, 11(3), 183-203.

Jorgensen, R. H. a. S. (2000). Social Risk Management: A new conceptual


framework for Social Protection, and beyond. Social Protection Discussion
Paper No. 0006.

Kahneman, D. et Tversky, A. (1979). Prospect theory: An analysis of decision under


risk. Econometrica: Journal of the Econometric Society, 263-291.

Kahneman, D. et Tversky, A. (1984). Choices, values, and frames. American


psychologist, 39(4), 341.

Keynes, J. M. (1936). The General Theory of Employment, Interest, and Money.

King, A. G. (1974). Occupational Choice, Risk Aversion, and Wealth. Industrial and
Labor Relations Review, 27(4), 586-596. doi:10.2307/2522049

Kjær, T. et Universitet, S. (2005). A review of the discrete choice experiment-with


emphasis on its application in health care: Syddansk Universitet.

Knight, F. H. (1921). Risk, uncertainty and profit. New York: Hart, Schaffner and
Marx.

Krinsky, I. et Robb, A. L. (1986). On Approximating the Statistical Properties of


Elasticities. The Review of Economics and Statistics, 68(4), 715-719.
doi:10.2307/1924536

Kriström, B. (1990). A Non-Parametric Approach to the Estimation of Welfare


Measures in Discrete Response Valuation Studies. Land Economics, 66(2),
135-139. doi:10.2307/3146363

Kunreuther, H., et al. (2002). High stakes decision making: Normative, descriptive
and prescriptive considerations. Marketing Letters, 13(3), 259-268.

Lancaster, K. J. (1966). A New Approach to Consumer Theory. Journal of Political


Economy, 74(2), 132-157. doi:10.2307/1828835

123
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Lanoie, P., et al. (1995). The value of a statistical life: a comparison of two
approaches. Journal of Risk and Uncertainty, 10(3), 235-257.

Leibenstein, H. (1957). The theory of underemployment in densely populated


backward areas. Efficiency Wage Models of the Labor Market (New York,
1987).

Lemay-Boucher, P. (2012). Insurance for the Poor: the Case of Informal Insurance
Groups in Benin. Journal of Development Studies, 48(9), 1258-1273.

Leontaridi, M. (1998). Segmented labour markets: theory and evidence. Journal of


Economic Surveys, 12(1), 103-109.

Lewis, W. A. (1954). Economic development with unlimited supplies of labour. The


manchester school, 22(2), 139-191.

Li, C.-Z. et Mattsson, L. (1995). Discrete Choice under Preference Uncertainty: An


Improved Structural Model for Contingent Valuation. Journal of
Environmental Economics and Management, 28(2), 256-269.
doi:http://dx.doi.org/10.1006/jeem.1995.1017

Ligon, E. et Schechter, L. (2003). Measuring Vulnerability*. The Economic


Journal, 113(486), C95-C102. doi:10.1111/1468-0297.00117

Lindbeck, A. et Snower, D. J. (1989). The insider-outsider theory of employment


and unemployment. MIT Press Books, 1.

Liu, J.-T., et al. (1997). Estimated hedonic wage function and value of life in a
developing country. Economics Letters, 57(3), 353-358.

Loewenstein, G. (2001). The creative destruction of decision research. Journal of


Consumer Research, 28(3), 499-505.

Loomes, G. et Sugden, R. (1982). Regret theory: An alternative theory of rational


choice under uncertainty. The Economic Journal, 92(368), 805-824.

Loomis, J., et al. (1994). Do Reminders of Substitutes and Budget Constraints


Influence Contingent Valuation Estimates? Land Economics, 70(4), 499-
506. doi:10.2307/3146643

Loomis, J. B. (1990). Comparative reliability of the dichotomous choice and open-


ended contingent valuation techniques. Journal of Environmental
Economics and Management, 18(1), 78-85.

124
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Lowrance, W. (1989). A broad framework for confronting health risks The


perception and management of drug safety risks (pp. 9-18): Springer.

Machina, M. J. (1982). "Expected Utility" Analysis without the Independence


Axiom. Econometrica, 50(2), 277-323. doi:10.2307/1912631

Machina, M. J. (1987). Choice Under Uncertainty: Problems Solved and Unsolved.


The Journal of Economic Perspectives, 1(1), 121-154. doi:10.2307/1942952

Machlis, G. E. et Rosa, E. A. (1990). Desired Risk: Broadening the Social


Amplification of Risk Framework1. Risk Analysis, 10(1), 161-168.

Madheswaran, S. (2004). Measuring the value of life and limb: estimating


compensating wage differentials among workers in Chennai and Mumbai:
South Asian Network for Development and Environmental Economics.

Magnac, T. (1991). Segmented or Competitive Labor Markets. Econometrica, 59(1),


165-187. doi:10.2307/2938245

Maloney, W. F. (1999). Does informality imply segmentation in urban labor


markets? Evidence from sectoral transitions in Mexico. The World Bank
Economic Review, 13(2), 275-302.

Maloney, W. F. (2004). Informality Revisited. World Development, 32(7), 1159-


1178. doi:http://dx.doi.org/10.1016/j.worlddev.2004.01.008

March, J. G. et Shapira, Z. (1987). Managerial Perspectives on Risk and Risk


Taking. Management Science, 33(11), 1404-1418. doi:10.2307/2631920

McFadden, D. (2001). Economic Choices. The American Economic Review, 91(3),


351-378. doi:10.2307/2677869

MEHU. (2005). Recueil des informations existantes sur les effets néfastes des
Changements Climatiques en République du Bénin. MINISTERE DE
l'ENVIRONNEMENT, l’HABITAT ET DE L'URBANISME DU BENIN.

Milton, F. et Savage, L. J. (1948). The Utility Analysis of Choices Involving Risk.


Journal of Political Economy, 56(4), 279-304. doi:10.2307/1826045

Mincer, J. (1958). Investment in Human Capital and Personal Income Distribution.


Journal of Political Economy, 66(4), 281-302. doi:10.2307/1827422

Mincer, J. A. (1974). Schooling and earnings Schooling, experience, and earnings


(pp. 41-63): Columbia University Press.

125
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Mitchell, R. C. et Carson, R. T. (1981). An experiment in determining willingness to


pay for national water quality improvements. draft report to the US
Environmental Protection Agency, Washington, DC.

Möller, N. (2012). The concepts of risk and safety Handbook of risk theory (pp. 55-
85): Springer.

Moore, M. J. et Viscusi, W. K. (1988). Doubling the Estimated Value of Life: Results


Using New Occupational Fatality Data. Journal of Policy Analysis and
Management, 7(3), 476-490. doi:10.2307/3323726

Mossin, J. (1968). Aspects of Rational Insurance Purchasing. Journal of Political


Economy, 76(4), 553-568. doi:10.2307/1830049

Narayanan, A. (2015). Understanding informal employment in India: competitive


choice or a result of labor market segmentation?

Neumann, L. J. et Morgenstern, O. (1947). Theory of games and economic


behavior (Vol. 60): Princeton university press Princeton, NJ.

Oduro, A. (2010). Formal and informal social protection in Sub-Sahara Africa.


Retrieved from

Pannenberg, M. (2007). Risk aversion and reservation wages. Retrieved from

Park, T., et al. (1991). Confidence Intervals for Evaluating Benefits Estimates from
Dichotomous Choice Contingent Valuation Studies. Land Economics, 67(1),
64-73. doi:10.2307/3146486

Pauly, M. V. (1968). The Economics of Moral Hazard: Comment. The American


Economic Review, 58(3), 531-537. doi:10.2307/1813785

Pearce, D. et Howarth, A. (2001). Technical report on methodology: cost benefit


analysis and policy responses.

Phelps, E. S. (1968). Money-wage dynamics and labor-market equilibrium. The


journal of political economy, 678-711.

Pigou, A. C. (1933). The theory of unemployment.

Pratap, S. et Quintin, E. (2006). Are labor markets segmented in developing


countries? A semiparametric approach. European Economic Review, 50(7),
1817-1841.

126
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Pratt, J. W. (1964). Risk Aversion in the Small and in the Large. Econometrica,
32(1/2), 122-136. doi:10.2307/1913738

Purse, K. (2004). Work-related fatality risks and neoclassical compensating wage


differentials. Cambridge Journal of Economics, 28(4), 597-617.
doi:10.2307/23602037

Quiggin, J. (1982). A theory of anticipated utility. Journal of Economic Behavior &


Organization, 3(4), 323-343.

Rabin, M. (2000a). Risk aversion and expected‐utility theory: A calibration


theorem. Econometrica, 68(5), 1281-1292.

Rabin, M. (2000b). Diminishing marginal utility of wealth cannot explain risk


aversion.

Rabin, M. et Thaler, R. H. (2001). Anomalies: risk aversion. The Journal of


Economic Perspectives, 15(1), 219-232.

Rafiq, M., et al. (2010). The Value of Reduced Risk of Injury and Deaths in
Pakistan—Using Actual and Perceived Risk Estimates [with Comments]. The
Pakistan Development Review, 823-837.

Rankin, N., et al. (2006). Learning & Earnings in Africa: Evidence from Ghana.
Retrieved from

Rees, H. et Shah, A. (1986). An Empirical Analysis of Self-Employment in the U.K.


Journal of Applied Econometrics, 1(1), 95-108. Retrieved from
http://www.jstor.org/stable/2096539

Reich, M., et al. (1973). A theory of labor market segmentation. The American
Economic Review, 63(2), 359-365.

Renn, O. (1992). Concepts of risk: a classification.

Renn, O. (1998). Three decades of risk research: accomplishments and new


challenges. Journal of risk research, 1(1), 49-71.

Renn, O. (2005). white paper no. 1 RISK GOVERNANCE TOWARDS AN


INTEGRATIVE APPROACH.

Riesch, H. (2013). Levels of uncertainty Essentials of Risk Theory (pp. 29-56):


Springer.

127
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Rosa, E. A. (1998). Metatheoretical foundations for post-normal risk. Journal of


risk research, 1(1), 15-44.

Rosen, S. (1974). Hedonic prices and implicit markets: product differentiation in


pure competition. The journal of political economy, 82(1), 34-55.

Rosen, S. et Thaler, R. (1976). The value of saving a life: evidence from the labor
market Household production and consumption (pp. 265-302): NBER.

Rothschild, M. et Stiglitz, J. (1992). Equilibrium in competitive insurance markets:


An essay on the economics of imperfect information: Springer.

Rowe, R. D., et al. (1980). An experiment on the economic value of visibility.


Journal of Environmental Economics and Management, 7(1), 1-19.

Roy, A. D. (1951). Some Thoughts on the Distribution of Earnings. Oxford


Economic Papers, 3(2), 135-146. doi:10.2307/2662082

Samples, K. C. (1985). A Note on the Existence of Starting Point Bias in Iterative


Bidding Games. Western Journal of Agricultural Economics, 10(1), 32-40.
doi:10.2307/40987674

Satimanon, M. et Lupi, F. (2010). Comparison of Approaches to Estimating


Demand for Payment for Environmental Services. Paper presented at the
2010 Annual Meeting, July 25-27, 2010, Denver, Colorado.

Savage, L. J. (1954). The Foundations of Statistics. SavageThe Foundations of


Statistics1954.

Schlesinger, H. (2000). The theory of insurance demand Handbook of insurance


(pp. 131-151): Springer.

Schlesinger, H. et Doherty, N. A. (1985). Incomplete Markets for Insurance: An


Overview. The Journal of Risk and Insurance, 52(3), 402-423.
doi:10.2307/252778

Schneider, F. et Enste, D. (2000). Shadow Economies around the World Size,


Causes, and Consequences.

Seller, C., et al. (1985). Validation of Empirical Measures of Welfare Change: A


Comparison of Nonmarket Techniques. Land Economics, 61(2), 156-175.
doi:10.2307/3145808

128
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Shavell, S. (1979). On Moral Hazard and Insurance. The Quarterly Journal of


Economics, 93(4), 541-562. doi:10.2307/1884469

Simon, N. B., et al. (1999). Valuing mortality reductions in India: a study of


compensating wage differentials: World Bank.

Singh, J. V. (1986). Performance, Slack, and Risk Taking in Organizational Decision


Making. The Academy of Management Journal, 29(3), 562-585.
doi:10.2307/256224

Sitkin, S. B. et Pablo, A. L. (1992). Reconceptualizing the determinants of risk


behavior. Academy of management review, 17(1), 9-38.

Sjöberg, L., et al. (2004). Explaining risk perception. An evaluation of the


psychometric paradigm in risk perception research. Trondheim.

Slovic, P. (1987). Perception of risk. Science, 236(4799), 280-285.

Slovic, P., et al. (2004). Risk as analysis and risk as feelings: Some thoughts about
affect, reason, risk, and rationality. Risk Analysis, 24(2), 311-322.

Slovic, P., et al. (1982). Why study risk perception? Risk Analysis, 2(2), 83-93.

Slovic, P., et al. (2005). Affect, risk, and decision making. Health Psychology,
24(4S), S35.

Slovic, P. E. (2000). The perception of risk: Earthscan Publications.

Smith, A. (1776). The Wealth of Nations. Modern Library. New York, 1937.

Smith, V. K. et Kaoru, Y. (1990). Signals or noise? Explaining the variation in


recreation benefit estimates. American Journal of Agricultural Economics,
72(2), 419-433.

Spence, M. (1973). Job Market Signaling. The Quarterly Journal of Economics,


87(3), 355-374. doi:10.2307/1882010

Starmer, C. (2000). Developments in Non-Expected Utility Theory: The Hunt for a


Descriptive Theory of Choice under Risk. Journal of Economic Literature,
38(2), 332-382. doi:10.2307/2565292

Stigler, G. J. (1962). Information in the labor market Investment in Human Beings


(pp. 94-105): The Journal of Political Economy Vol. LXX, No. 5, Part 2
(University of Chicago Press).

129
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Stiglitz, J. E. (1976). The Efficiency Wage Hypothesis, Surplus Labour, and the
Distribution of Income in L.D.C.s. Oxford Economic Papers, 28(2), 185-207.
doi:10.2307/2662693

Stiglitz, J. E. (1977). Monopoly, Non-linear Pricing and the Imperfect Information:


The Insurance Market. Review of economic Studies, 44(3).

Stirling, A. (2007). Risk, precaution and science: towards a more constructive


policy debate. EMBO reports, 8(4), 309-315.

Svensson, M. (2009). The value of a statistical life in Sweden: Estimates from two
studies using the “Certainty Approach” calibration. Accident Analysis &
Prevention, 41(3), 430-437.

Todaro, M. P. (1969). A model of labor migration and urban unemployment in less


developed countries. The American Economic Review, 59(1), 138-148.

Turnbull, B. W. (1976). The empirical distribution function with arbitrarily


grouped, censored and truncated data. Journal of the Royal Statistical
Society. Series B (Methodological), 290-295.

Tversky, A. et Kahneman, D. (1981). The Framing of Decisions and the Psychology


of Choice. Science, 211(4481), 453-458. doi:10.2307/1685855

Tversky, A. et Kahneman, D. (1983). Extensional versus intuitive reasoning: The


conjunction fallacy in probability judgment. Psychological review, 90(4),
293.

Tversky, A. et Kahneman, D. (1986). Rational Choice and the Framing of Decisions.


The Journal of Business, 59(4), S251-S278. doi:10.2307/2352759

Van der Sluis, J., et al. (2003). Entrepreneurship selection and performance: A
meta-analysis of the impact of education in less developed countries.
University of Texas at Dallas and University of Amsterdam (b).

Van Praag, C. M. et Cramer, J. S. (2001). The roots of entrepreneurship and labour


demand: Individual ability and low risk aversion. Economica, 68(269), 45-
62.

Viscusi, W. K. (1978). Wealth Effects and Earnings Premiums for Job Hazards. The
Review of Economics and Statistics, 60(3), 408-416. doi:10.2307/1924166

Viscusi, W. K. (1993). The Value of Risks to Life and Health. Journal of Economic
Literature, 31(4), 1912-1946. doi:10.2307/2728331

130
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Viscusi, W. K. et Aldy, J. E. (2003). The value of a statistical life: a critical review of


market estimates throughout the world. Journal of Risk and Uncertainty,
27(1), 5-76.

Von Neumann, J. et Morgenstern, O. (2007). Theory of games and economic


behavior (commemorative edition): Princeton university press.

Watanabe, M. (2010). Nonparametric Estimation of Mean Willingness to Pay from


Discrete Response Valuation Data. American Journal of Agricultural
Economics, 92(4), 1114-1135. doi:10.2307/40931070

Whitehead, J. C. (2006). A practitioner's primer on the contingent valuation


method. Handbook on contingent valuation, 66-91.

Willett, A. H. (1901). The economic theory of risk and insurance: The Columbia
university press.

Willinger, M. (1990). La rénovation des fondements de l'utilité et du risque. Revue


économique, 41(1), 5-48.

Winter, R. (2013). Optimal Insurance Contracts Under Moral Hazard. In G. Dionne


(Ed.), Handbook of Insurance (pp. 205-230): Springer New York.

Yaari, M. E. (1987). The Dual Theory of Choice under Risk. Econometrica, 55(1),
95-115. doi:10.2307/1911158

Yellen, J. (1995). Efficiency wage models of unemployment: Springer.

131
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

TABLE DES MATIERES

Dédicaces ............................................................................................. i
Remerciements ................................................................................... ii
Sommaire ........................................................................................... iv
Liste des tableaux ................................................................................ v
Liste des figures ................................................................................. vi
Résumé ............................................................................................. vii
Introduction Générale ......................................................................... 1
Contexte .......................................................................................................................... 1
Problématique ............................................................................................................... 3
Objectifs ......................................................................................................................... 5
Plan de la thèse .............................................................................................................. 5

Chapitre 1 : Les déterminants du choix de l’activité de taxi-moto ........ 7


Introduction .......................................................................................................................... 7
Section 1 : Les déterminants des niveaux d’emploi ............................................................... 8
1. Les déterminants macroéconomiques des niveaux d’emploi .................................... 9
1.1. Les théories orthodoxes du marché de travail .................................................. 9
1.2. Les rigidités sur le marché du travail ............................................................... 11
1.3. La concurrence insiders/outsiders ................................................................... 11
1.4. Les salaires d’efficience ....................................................................................12
2. Les déterminants microéconomiques des niveaux d’emploi ...................................12
Le choix de l’emploi dans la théorie microéconomique ...................................13
La dotation en capital humain du travailleur ...................................................14
Les risques associés à l’emploi .........................................................................16
Le capital initial du travailleur .........................................................................16
Section 2 : Comprendre le choix des emplois informels dans les pays en développement . 17
1. La dichotomie marché informel et marché formel................................................... 17
2. Le choix de l’emploi informel dans les pays en développement ..............................19
2.1. Hypothèse de compétitivité des marchés du travail ........................................19
2.2. Hypothèse de la segmentation des marchés de travail ....................................21
Section 3 : Modélisation du choix de l’activité de taxi-moto ............................................... 23
1. Estimation des déterminants du choix d’une profession ........................................ 23
2. Essai de modélisation du choix l’activité de taxi-moto ........................................... 24

132
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Conclusion ........................................................................................................................... 29

Chapitre 2 : Les risques d’accident dans l’activité de taxi-moto ......... 30


Introduction ........................................................................................................................ 30
Section 1 : Le processus de décision en univers risqué ........................................................31
1. Risque et perception du risque : définition ............................................................. 32
1.1. Risque et incertitude ....................................................................................... 32
1.2. La perception du risque dans la prise de décision .......................................... 34
2. L’utilité espérée et choix en univers risqué ............................................................. 36
2.1. Les fondements de la théorie de l’utilité espérée ............................................ 36
2.2. Les critiques à la théorie de l’utilité espérée ................................................... 39
2.3. Les théories alternatives à la théorie de l’utilité espérée ................................. 39
Section 2 : Estimation du revenu compensatoire des risques d’accident dans l’activité de
taxi-moto ............................................................................................................................. 43
1. Les méthodes d’évaluation des biens non marchands ............................................ 43
1.1. Les préférences révélées .................................................................................. 43
1.1.1. Le modèle du prix/salaire implicite ou modèle hédonique ........................ 44
1.1.2. La méthode des coûts de transport ............................................................. 46
1.2. Les préférences déclarées ................................................................................ 46
1.2.1. L’évaluation contingente ............................................................................. 47
1.2.2. Les modèles de choix discrets ................................................................. 47
1.3. Préférences révélées versus préférences déclarées ......................................... 48
2. Estimation du revenu compensatoire des risques d’accident dans l’activité de taxi-
moto ................................................................................................................................. 49
2.1. Mesure de la perception du risque associé à un emploi .................................. 53
2.2. La mesure du revenu ....................................................................................... 54
Section 3 : Analyse des résultats ......................................................................................... 55
1. Caractéristiques des conducteurs de taxi-moto ...................................................... 55
1.1. Les raisons du choix de l’activé de taxi-moto .................................................. 56
1.2. Les raisons du choix de l’activité de taxi-moto et niveau d’éducation ............ 56
1.3. Le revenu horaire, l’âge, le nombre de personnes à charge et la perception du
risque dans l’activité de taxi-moto à Cotonou ............................................................. 57
1.4. Choix de l’activité de taxi-moto et perception du risque ................................. 58
1.5. Niveau d’éducation, situation matrimoniale, possession de la moto et
appartenance à un syndicat ......................................................................................... 59

133
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

1.6. Expérience, possession d’activité secondaire, port de casque et connaissance


du code de la route dans l’activité de taxi-moto .......................................................... 59
1.7. Catégories socioprofessionnelles et niveau d’éducation des parents des
conducteurs de taxi-moto ............................................................................................ 60
2. Résultats et discussions ............................................................................................61
2.1. Résultats des estimations ................................................................................ 62
2.1.1. Résultats des estimations par les DMC ....................................................... 62
2.1.2. Résultats des estimations par les MCO ................................................... 62
2.2. Discussion des résultats .................................................................................. 65
2.2.1. Le risque dans l’activité de taxi-moto à Cotonou .................................... 65
2.2.2. Le niveau d’éducation dans l’activité de taxi-moto à Cotonou ................ 66
2.2.3. L’âge et l’expérience dans l’activité de taxi-moto à Cotonou .................. 66
Conclusion ........................................................................................................................... 67

Chapitre 3 : Demande d’assurance des conducteurs de taxi-moto ..... 69


Introduction ........................................................................................................................ 69
Section 1 : La demande d’assurance ..................................................................................... 71
1. La demande optimale d’assurance ........................................................................... 71
1.1. Assurance proportionnelle, aversion au risque et revenu ............................... 73
1.2. Les risques et la demande d’assurance............................................................ 75
2. L’asymétrie d’information dans les assurances....................................................... 76
2.1. La sélection adverse ......................................................................................... 77
2.2. L’auto-sélection ............................................................................................... 77
2.2.1. La catégorisation des risques .................................................................. 79
2.2.2. Les contrats multi-périodes ..................................................................... 80
Section 2 : L’évaluation contingente ................................................................................... 82
1. La méthode d’évaluation contingente ..................................................................... 82
1.1. Les questions ouvertes .................................................................................... 84
1.2. Les questions fermées ..................................................................................... 84
1.2.1. L’enchère itérative ....................................................................................... 86
1.2.2. La technique du paiement à la carte ........................................................ 86
1.2.3. Les questions à choix dichotomique ou de référendum .......................... 87
1.3. Les biais dans l’évaluation contingente et leur correction .............................. 88
1.3.1. Les biais dans l’évaluation contingente ....................................................... 89
1.3.2. Correction du biais hypothétique ............................................................ 90
2. L’enquête contingente ............................................................................................. 93

134
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2.1. Le questionnaire .............................................................................................. 94


2.1.1. Le scénario hypothétique ............................................................................ 94
2.1.2. La question de l’évaluation contingente .................................................. 95
2.2. L’échantillonnage ............................................................................................ 96
Section 3 : Méthodologie d’estimation des CAP et résultats ............................................... 97
1. Estimation des déterminants du CAP et calcul des CAP moyens ........................... 97
1.1. Estimation des déterminants des CAP des conducteurs de taxi-moto ........... 97
1.1.1. Le cas des questions à SCD .......................................................................... 97
1.1.2. Le cas des questions à DCD ....................................................................... 100
1.2. CAP moyens et intervalles de confiance des CAP.......................................... 102
1.2.1. Méthode paramétrique de Krinsky-Robb ................................................. 102
1.2.2. Méthode non paramétriques de Turnbull ............................................. 103
2. Résultats et discussion des estimations ................................................................ 104
2.1. Les stratégies d’assurance des conducteurs de taxi-moto ............................. 104
2.1.1. Revenu mensuel, épargne et perception du risque ................................... 105
2.1.2. Les stratégies d’auto-protection ............................................................ 105
2.1.3. Les stratégies d’auto-assurance ............................................................. 106
2.2. Les déterminants des CAP des conducteurs de taxi-moto ............................ 106
2.3. Les CAP moyens mensuels ............................................................................ 109
Conclusions ........................................................................................................................ 110

Conclusion générale et implications de politiques economiques ...... 112


Références bibliographiques ............................................................ 115
Table des matières ........................................................................... 132
Annexes ............................................................................................... I
Annexe I : Estimation du salaire hédonique ...................................................................... I
Annexe 1.1 : Résultats des estimations par les Moindres Carrés Ordinaires ................. I
Annexe 1.2 : Résultats des estimations par les Doubles Moindres Carrés ................... II
Annexe II : Estimation du Consentement à Payer (CAP)................................................ III
Annexe 2.1 : Résultats des estimations du CAP pour les questions à Simple Choix
Dichotomique (SCD) ................................................................................................... III
Annexe 2.2 : Résultats des estimations du CAP pour les questions à Double Choix
Dichotomique (DCD) ................................................................................................... IV
Annexe III : Le calcul des CAP moyens ........................................................................... IV
Annexe 3.1 : Le calcul des CAP moyens : Krinsky-Robb ............................................. IV
Annexe 3.1.1 : Le SCD sans serment ........................................................................ IV

135
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Annexe 3.1.2 : Le SCD avec serment ......................................................................... V


Annexe 3.1.3 : Le DCD sans serment ......................................................................... V
Annexe 3.1.4 : Le DCD avec serment ......................................................................... V
Annexe 3.2 : Le calcul des CAP moyens : Turnbull ....................................................... V
Annexe 3.2.1 : Le SCD sans serment ......................................................................... V
Annexe 3.2.2 : Le SCD avec serment ....................................................................... VI
Annexe 3.2.3 : Le DCD sans serment ...................................................................... VI
Annexe 3.2.4 : Le DCD avec serment ...................................................................... VI
Annexe IV: Le questionnaire d’enquête ......................................................................... VII

136
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

ANNEXES

Annexe I : Estimation du salaire hédonique

Annexe 1.1 : Résultats des estimations par les Moindres Carrés


Ordinaires

. regress lnhwage risk age educ1 educ2 educ3 sitmat1 exp1 nbrpers actsec propmot
vites code, r

Linear regression Number of obs = 418


F( 17, 400) = 3.42
Prob > F = 0.0000
R-squared = 0.1045
Root MSE = .3327

------------------------------------------------------------------------------
| Robust
lnhwage | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
risk | .0013436 .0007636 1.76 0.079 -.0001575 .0028447
age | -.0007956 .0023566 -0.34 0.736 -.0054284 .0038372
educ1 | .1021015 .0389331 2.62 0.009 .0255625 .1786405
educ2 | .2241367 .0509769 4.40 0.000 .1239207 .3243527
educ3 | .2728245 .061584 4.43 0.000 .1517558 .3938932
sitmat1 | .109218 .1349454 0.81 0.419 -.1560727 .3745088
exp1 | .148585 .0846625 1.76 0.080 -.017854 .315024
nbrpers | .0173279 .0088018 1.97 0.050 .0000244 .0346314
actsec | .0322215 .0348098 0.93 0.355 -.0362116 .1006545
propmot | .00261 .0385374 0.07 0.946 -.0731511 .0783711
union | -.0214502 .0470781 -0.46 0.649 -.1140016 .0711012
vites | -.0150727 .0356007 -0.42 0.672 -.0850607 .0549152
code | -.0592425 .0388229 -1.53 0.128 -.1355648 .0170799
_cons | 5.882148 .1917514 30.68 0.000 5.505182 6.259115
------------------------------------------------------------------------------

I
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Annexe 1.2 : Résultats des estimations par les Doubles Moindres Carrés

. ivregress 2sls lnhwage age educ1 educ2 educ3 sitmat1 exp1 nbrpers actsec propmot
(risk=cask vites code)

Instrumental variables (2SLS) regression Number of obs = 418


Wald chi2(14) = 39.12
Prob > chi2 = 0.0003
R-squared = 0.0923
Root MSE = .32768

------------------------------------------------------------------------------
lnhwage | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
risk | .0010982 .0052873 0.21 0.835 -.0092648 .0114611
age | -.0007921 .0022597 -0.35 0.726 -.005221 .0036369
educ1 | .0910162 .0374952 2.43 0.015 .017527 .1645053
educ2 | .2157205 .064552 3.34 0.001 .089201 .3422401
educ3 | .2619893 .0707433 3.70 0.000 .1233349 .4006437
sitmat1 | .0784569 .2181181 0.36 0.719 -.3490467 .5059605
exp1 | .1610923 .0913289 1.76 0.078 -.0179091 .3400938
nbrpers | .0139895 .0083109 1.68 0.092 -.0022997 .0302786
actsec | .0381325 .0380309 1.00 0.316 -.0364066 .1126717
propmot | .0064323 .0385416 0.17 0.867 -.0691078 .0819725
_cons | 5.958547 .4635871 12.85 0.000 5.049933 6.867161
------------------------------------------------------------------------------
Instrumented: risk
Instruments: age educ1 educ2 educ3 educ4 sitmat1 sitmat2 exp1 exp2 nbrpers
actsec propmot cask vites code

II
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Annexe II : Estimation du Consentement à Payer (CAP)

Annexe 2.1 : Résultats des estimations du CAP pour les questions à


Simple Choix Dichotomique (SCD)

. probit Oui_non_SCD CAP_SCD oath Income risk age educ0 educ1 educ2 DivProt Drug Ep
> argne AssFpr AssAid
Probit regression Number of obs = 427
LR chi2(13) = 89.67
Prob > chi2 = 0.0000
Log likelihood = -199.83977 Pseudo R2 = 0.1832

------------------------------------------------------------------------------
Oui_non_SCD | Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
CAP_SCD | -.0007249 .0001078 -6.72 0.000 -.0009362 -.0005136
oath | .1939178 .1472197 1.32 0.188 -.0946275 .4824632
Income | .2058086 .2130497 0.97 0.334 -.2117611 .6233783
risk | .0068557 .0033545 2.04 0.041 .0002811 .0134303
age | .0008505 .0084522 0.10 0.920 -.0157156 .0174165
educ0 | -.2673793 .3068612 -0.87 0.384 -.8688163 .3340577
educ1 | -.2956493 .3023693 -0.98 0.328 -.8882822 .2969836
educ2 | -.6622491 .3403252 -1.95 0.052 -1.329274 .004776
DivProt | -.4490561 .1487712 -3.02 0.003 -.7406423 -.1574698
Drug | .8769899 .2307998 3.80 0.000 .4246305 1.329349
Epargne | .465744 .2004777 2.32 0.020 .072815 .8586731
AssFpr | .5803562 .2900397 2.00 0.045 .0118888 1.148824
AssAid | -.1881681 .1758872 -1.07 0.285 -.5329007 .1565645
_cons | -1.733398 2.634602 -0.66 0.511 -6.897123 3.430327
------------------------------------------------------------------------------

III
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Annexe 2.2 : Résultats des estimations du CAP pour les questions à


Double Choix Dichotomique (DCD)

. biprobit Oui_non_SCD Oui_non_DCD CAP_DCD oath Income risk age educ0 educ1 educ2 D
> ivProt Drug Epargne AssFpr AssAid

Bivariate probit regression Number of obs = 427


Wald chi2(26) = 57.20
Log likelihood = -478.26541 Prob > chi2 = 0.0004

------------------------------------------------------------------------------
| Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
Oui_non_SCD |
CAP_DCD | .0003576 .000108 3.31 0.001 .0001458 .0005694
oath | -.0216746 .1399575 -0.15 0.877 -.2959863 .2526371
Income | .2423372 .2076876 1.17 0.243 -.164723 .6493973
risk | -.0031646 .0032235 -0.98 0.326 -.0094824 .0031533
age | .0083959 .0078735 1.07 0.286 -.0070359 .0238277
educ0 | -.4556936 .3004095 -1.52 0.129 -1.044485 .1330983
educ1 | -.465162 .2963678 -1.57 0.117 -1.046032 .1157083
educ2 | -.9558964 .326271 -2.93 0.003 -1.595376 -.3164171
DivProt | -.652015 .1426778 -4.57 0.000 -.9316584 -.3723716
Drug | .5045793 .2156067 2.34 0.019 .081998 .9271607
Epargne | .0347701 .1909406 0.18 0.856 -.3394666 .4090067
AssFpr | .3349422 .2959903 1.13 0.258 -.2451882 .9150726
AssAid | -.0308025 .1661402 -0.19 0.853 -.3564313 .2948264
_cons | -2.4977 2.578607 -0.97 0.333 -7.551676 2.556276
-------------+----------------------------------------------------------------
Oui_non_DCD |
CAP_DCD | -.0000747 .0000896 -0.83 0.405 -.0002504 .000101
oath | .0224038 .1249479 0.18 0.858 -.2224896 .2672972
Income | -.0559855 .1831225 -0.31 0.760 -.4148991 .3029281
risk | -.0014804 .0028486 -0.52 0.603 -.0070636 .0041029
age | -.0047159 .0070556 -0.67 0.504 -.0185446 .0091129
educ0 | .2176148 .237479 0.92 0.359 -.2478355 .6830651
educ1 | .0973875 .2338559 0.42 0.677 -.3609617 .5557368
educ2 | -.1098697 .2693042 -0.41 0.683 -.6376962 .4179567
DivProt | -.1992141 .1240478 -1.61 0.108 -.4423433 .0439151
Drug | .2528239 .1786593 1.42 0.157 -.0973418 .6029896
Epargne | .3343007 .1796637 1.86 0.063 -.0178338 .6864351
AssFpr | -.0432344 .275564 -0.16 0.875 -.58333 .4968612
AssAid | -.1631161 .1517097 -1.08 0.282 -.4604617 .1342295
_cons | .8375128 2.252343 0.37 0.710 -3.576998 5.252024
-------------+----------------------------------------------------------------
/athrho | .7253798 .1026092 7.07 0.000 .5242695 .9264902
-------------+----------------------------------------------------------------
rho | .6202306 .0631369 .4809885 .7289533
------------------------------------------------------------------------------
Likelihood-ratio test of rho=0: chi2(1) = 58.6966 Prob > chi2 = 0.0000

Annexe III : Le calcul des CAP moyens

Annexe 3.1 : Le calcul des CAP moyens : Krinsky-Robb

Annexe 3.1.1 : Le SCD sans serment

. wtpcikr CAP_SCD Income risk age educ0 educ1 educ2 DivProt Drug Epargne AssFpr Ass
> Aid

Krinsky and Robb (95 %) Confidence Interval for WTP measures (Nb of reps: 5000)

IV
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

+-----------------------------------------------------------------------------+
| MEASURE | WTP | LB | UB | ASL* | CI/MEAN |
|--------------+----------+--------------+--------------+----------+----------|
| MEAN/MEDIAN | 2511.63 | 2235.41 | 2976.24 | 0.0000 | 0.29 |
+-----------------------------------------------------------------------------+

Annexe 3.1.2 : Le SCD avec serment

. wtpcikr CAP_SCD oath Income risk age educ0 educ1 educ2 DivProt Drug Epargne AssFp
> r AssAid

Krinsky and Robb (95 %) Confidence Interval for WTP measures (Nb of reps: 5000)

+-----------------------------------------------------------------------------+
| MEASURE | WTP | LB | UB | ASL* | CI/MEAN |
|--------------+----------+--------------+--------------+----------+----------|
| MEAN/MEDIAN | 2486.80 | 2217.47 | 2932.76 | 0.0000 | 0.29 |
+-----------------------------------------------------------------------------+

Annexe 3.1.3 : Le DCD sans serment

. wtpcikr CAP_DCD Income risk age educ0 educ1 educ2 DivProt Drug Epargne AssFpr Ass
> Aid

Krinsky and Robb (95 %) Confidence Interval for WTP measures (Nb of reps: 5000)

+-----------------------------------------------------------------------------+
| MEASURE | WTP | LB | UB | ASL* | CI/MEAN |
|--------------+----------+--------------+--------------+----------+----------|
| MEAN/MEDIAN | 3707.64 | 2854.11 | 7438.97 | 0.0028 | 1.24 |
+-----------------------------------------------------------------------------+

Annexe 3.1.4 : Le DCD avec serment

. wtpcikr CAP_DCD oath Income risk age educ0 educ1 educ2 DivProt Drug Epargne AssFp
> r AssAid

Krinsky and Robb (95 %) Confidence Interval for WTP measures (Nb of reps: 5000)

+-----------------------------------------------------------------------------+
| MEASURE | WTP | LB | UB | ASL* | CI/MEAN |
|--------------+----------+--------------+--------------+----------+----------|
| MEAN/MEDIAN | 3837.13 | 2951.92 | 7870.10 | 0.0018 | 1.28 |
+-----------------------------------------------------------------------------+

Annexe 3.2 : Le calcul des CAP moyens : Turnbull

Annexe 3.2.1 : Le SCD sans serment

. turnbull CAP_SCD Oui_non_SCD, short

V
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

----------------------------------------------------------
| Turnbull Estimates
Bid | Tj Elb V(Elb) Eub
----------+-----------------------------------------------
0 | 0.000 78.390
500p | 70.000 69.497 140.042 208.492
1000p | 166.000
1500p | 56.000 490.300 1,466.845 980.601
2000p | 86.000
3000 | 53.000 1,132.075 9,974.678 3,396.227
9000 |
Total | 431.000 1,691.873 11,581.565 4,663.709
----------------------------------------------------------

Annexe 3.2.2 : Le SCD avec serment

. turnbull CAP_SCD Oui_non_SCD if oath==1, short

----------------------------------------------------------
| Turnbull Estimates
Bid | Tj Elb V(Elb) Eub
----------+-----------------------------------------------
0 | 0.000 46.729
500p | 33.000 98.008 197.952 294.024
1000p | 74.000
1500p | 31.000 581.919 2,706.298 1,163.837
2000p | 45.000
3000 | 31.000 967.742 15,860.495 2,903.226
9000 |
Total | 214.000 1,647.668 18,764.746 4,407.815
----------------------------------------------------------

Annexe 3.2.3 : Le DCD sans serment

. turnbull CAP_DCD Oui_non_DCD_2, short


--------------------------------------------------------------
| Turnbull Estimates
Bid | Tj Elb V(Elb) Eub
----------+---------------------------------------------------
0p | 0.000 291.237
300p | 12.000
500p | 11.000
1000p | 74.000 258.763 532.005 1,035.052
1500p | 175.000
2000p | 40.000
2500p | 99.000
4000 | 20.000 1,800.000 111,375.000 5,400.000
12000 |
Total | 431.000 2,058.763 111,907.005 6,726.289
--------------------------------------------------------------

Annexe 3.2.4 : Le DCD avec serment

. turnbull CAP_DCD Oui_non_DCD_2 if oath==1, short


--------------------------------------------------------------
| Turnbull Estimates

VI
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Bid | Tj Elb V(Elb) Eub


----------+---------------------------------------------------
0p | 0.000 291.457
300p | 4.000
500p | 1.000
1000p | 37.000 208.543 1,037.738 834.171
1500p | 83.000
2000p | 23.000
2500p | 56.000
4000 | 10.000 2,000.000 225,000.000 6,000.000
12000 |
Total | 214.000 2,208.543 226,037.738 7,125.628
--------------------------------------------------------------

Annexe IV: Le questionnaire d’enquête

QUESTIONNAIRE POUR L’ANALYSE DES RISQUES ET STRATEGIES


D’ASSURANCE CHEZ LES CONDUCTEURS DE TAXI MOTO AU BENIN

« Enquêteur, quand vous prenez contact avec un enquêté, présentez-vous par la formule ci-après. »

Bonjour, mon nom est …, je suis un agent de collecte de données de l’école doctorale de l’Université
d’Abomey-Calavi. Je participe à une enquête sur les conducteurs de taxi-moto pour une étude portant
sur l’analyse de l’activité de taxi-moto dans la ville de Cotonou et l’amélioration de condition de vie des
conducteurs de taxi-moto. Je vous prie de bien vouloir nous accorder quelques minutes de votre temps
pour répondre à quelques questions du mieux que vous pouvez. Toutes les réponses que vous nous
donnerez resteront confidentielles.

0) Identification
S0Q01 Numéro d’identification ∣__∣∣__∣∣__∣
S0Q02 Date de l’enquête ∣__∣∣__∣/∣10∣/∣2013∣
S0Q03 Heure de début de l’entretien (HH/MN) ∣__∣∣__∣/∣__∣∣__∣
S0Q04 Quartier de l’enquête
S0Q05 Nom de l’enquêteur
S0Q06 Nom de l’enquêté
S0Q07 Téléphone de l’enquêté
1) Caractéristiques socio-professionnelles
S1Q01 Depuis combien de temps exercez-vous l’activité de taxi-moto ? ______
années
S1Q02 Quel est le plus haut niveau d’étude que vous avez atteint ?
∣__∣
1. Aucun 2. Primaire 3. Secondaire I 4. Secondaire II 5. Supérieur
Avez-vous un diplôme professionnel (apprentissage) ?
S1Q03 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S1Q05
S1Q04 Dans quel domaine avez-vous ce diplôme ? _________________
Quelle est la raison principale qui vous a poussé à choisir l’activité de
taxi-moto ?
1. Quête en vain de travail
S1Q05 2. Rentabilité de l’activité
∣__∣
3. Facilité d’entrée sur ce marché de travail
4. Complément à une activité peu rentable
5. Activité en attendant une autre plus stable
6. Autres (à préciser) __________________

VII
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Exercez-vous une autre activité en dehors de l’activité de taxi-moto ?


S1Q06 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S1Q09
Quelles autres activités exercez-vous en dehors de celle de taxi-moto ?
1. Aucun
2. Fonctionnaire (secteur public, secteur privé)
S1Q07 3. Paysans ∣__∣
4. Artisan (à préciser) ______________
5. Ouvrier (agent d’entretien, agent de sécurité, etc.)
6. Autres (à préciser) _______________
Laquelle des deux activités est la principale ?
S1Q08 1. Conducteur de taxi-moto ∣__∣
2. La deuxième activité
S1Q09 Quel est le niveau d’étude de votre père?
∣__∣
1. Aucun 2. Primaire 3. Secondaire I 4. Secondaire II 5. Supérieur
Quelle est la catégorie socio-professionnelle de votre père ?
1. Fonctionnaire (secteur public, secteur privé)
S1Q10 2. Paysans
∣__∣
3. Artisan (à préciser) ______________
4. Ouvrier (agent d’entretien, agent de sécurité, etc.)
5. Autres (à préciser) _______________
S1Q11 Quel est le niveau d’étude de votre mère?
∣__∣
1. Aucun 2. Primaire 3. Secondaire I 4. Secondaire II 5. Supérieur
Quelle est la catégorie socio-professionnelle de votre mère ?
1. Fonctionnaire (secteur public, secteur privé)
2. Paysans
S1Q12 3. Artisan (à préciser) ______________
∣__∣
4. Ouvrier (agent d’entretien, agent de sécurité, etc.)
5. Ménagère
6. Commerçante
7. Autres (à préciser) _______________
S1Q13 Quel âge avez-vous ? _____________

S1Q14 Quel est votre situation matrimoniale ?


∣__∣
1. Célibataire 2. Marié 3. Divorcé 4. Veuf
S1Q15 Combien d’enfants avez-vous ? _______________
S1Q16 Combien de personnes avez-vous à charge ? _______________
Quelle est votre religion ?
S1Q17 1. Catholique 2. Islam 3. Protestant 4. Evangéliste 5. Animiste 6. ∣__∣
Autres (à préciser) ______________
Quelle est votre région d’origine ?
1. Littoral/Atlantique
2. Zou/ Collines
S1Q18 3. Ouémé/ Plateau ______________________ ∣__∣
4. Mono/Couffo
5. Atacora/ Donga
6. Borgou/ Alibori
Dans quelle ville habitez-vous de façon permanente avec votre famille ?
1. Cotonou →Aller à S1Q21
S1Q19 2. Porto-Novo ∣__∣
3. Abomey-Calavi
4. Autres (à préciser) ______________
Comment vous logez vous à Cotonou pour le travail ?
1. Location seul
S1Q20 2. Location avec des amis ∣__∣
3. Je rentre chez moi chaque jour
4. Je dors sur ma moto au bord de la route
VIII
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

5. Autre (à préciser) _____________________


Depuis combien de temps vivez-vous dans votre présent domicile ?
S1Q21 1. Moins d’un an
∣__∣
2. De 1 à 6 ans
3. Plus de 6 ans
Quel est votre statut d’occupation ?
1. Propriétaire
S1Q22 2. Location ∣__∣
3. Logé par des parents/amis
4. Autres (à préciser) __________________________
Quel est le principal combustible que vous utilisez dans votre ménage
pour vos cuisines?
1. Bois
S1Q23 2. Gaz ∣__∣
3. Charbon
4. Pétrole
5. Sciure
Quel est le principal matériau des murs de votre maison?
1. Ciment
S1Q24 2. Planche ou tôle ∣__∣
3. Terre battue
4. Autres (à préciser) ________________________
Principal matériau du sol du logement principal
1. Ciment
S1Q25 2. Bois
∣__∣
3. Carreaux
4. Terre
5. Autres (à préciser) ________________________________
Principal matériau de la toiture de votre maison ?
1. Tôle
S1Q26 2. Paille
∣__∣
3. Tuile
4. Ciment
5. Autres (à préciser) ________________________________
Principal moyen d’éclairage dans votre maison ?
1. Electricité
S1Q27 2. Lampe torche
∣__∣
3. Groupe électrogène
4. Pétrole
5. Autres (à préciser) ________________________________
S1Q28 Combien en moyenne dépensez-vous chaque mois pour vos
besoins ?_______
A quelle tranche votre revenu mensuel hors (en FCFA) taxe appartient-
il ?
1. Moins de 15.000
2. De 15.000 à 30.000
S1Q29 3. De 30.000 à 45.000
∣__∣
4. De 45.000 à 60.000
5. De 60.000 à 75.000
6. De 75.000 à 90.000
7. De 90.000 à 105.000
8. Plus de 105.000
A qui appartient la moto ?
1. Moi-même
S1Q30 2. Une location →Aller à S1Q31 sinon allez à S1Q32 ∣__∣
3. Un parent ou ami
4. Autre (à préciser) _________________

IX
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

S1Q31 Combien payez-vous pour la location de la moto ?


Montant __________FCFA Fréquence (semaine, mois, etc.) : ___________
S1Q32 Quelle est la marque de votre moto ?
∣__∣
1. Bajag 2. Effrakata 3. CG 4. Djènanan 5. Autre ______
S1Q33 Combien l’activité de taxi-moto vous rapporte-elle en moyenne par
jour en termes de recette? __________
S1Q34 Pendant combien d’heures travaillez-vous par jour ? _____________

S1Q35 Pendant combien de jours travaillez-vous par semaine ?


_____________
S1Q36 Où achetez-vous l’essence pour votre moto ?
1. Station 2. Informel (au bord de la voie) ∣__∣

S1Q37 En moyenne combien de litre d’essence utilisez-vous par jour de


travail ? ________
S1Q38 En moyenne combien vous rapporte un litre d’essence ? ___________
FCFA
S1Q39 Combien de fois faites-vous l’entretien de votre moto par mois ?
__________
S1Q40 En moyenne combien dépensez-vous pour un entretien ?
_______________
Payez-vous des droits de taxi à la mairie ?
S1Q41 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S1Q43
S1Q42 A combien s’élèvent-elles ?
Montant ___________ FCFA Fréquence (mois, semaine, etc.) ________
Etes-vous membre d’un syndicat de taxi-motos ?
S1Q43 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S2Q01
S1Q44 Lequel ? __________________________
Pour quelle raison êtes-vous entré dans ce syndicat ?
1. Politique
S1Q45 2. Défense de mes intérêts ∣__∣
3. Obligation
4. Autres (à préciser) ________________________
S1Q46 Combien payez-vous comme redevance au syndicat ?
Montant ___________FCFA Fréquence (mois, semaine, etc.) ____________
Quelles sont vos impressions par rapport aux actions de ce syndicat ?
1. Mauvaise
S1Q47 2. Bonne ∣__∣
3. Assez bonne
4. Très bonne
2) La perception du risque et stratégies de préventions des accidents de circulation
Pensez-vous que l’activité de taxi-moto est difficile ?
S2Q01 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S2Q03
Pourquoi ?
a) Accidents ∣__∣
b) Mauvais état des routes ∣__∣
S2Q02 c) Position assise pendant longtemps ∣__∣
d) Risque de maladie ∣__∣
e) Pollution ∣__∣
f) Autres (à préciser) ____________________ ∣__∣

X
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

S2Q03
Assez
Grave mais Un peu plus Très grave
Aussi grave mais
Image Description Pas grave mieux que la grave que la que la
que la mort grave que
mort mort mort
la mort

Blessé mais peut quitter l’hôpital le même


jour et complément guéri

Break an arm

Rester à l’hôpital pour une année mais


complètement guéri.

Perdre la jante

Perdre l’œil

Gravement blessé pour la vie et reste à


l’hôpital une année.

Condamné à vie au fauteuil roulant.

Alité à vie

XI
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

Quel est selon vous le risque de faire des accidents quand on est
conducteur de taxi-moto ?
1. Faible
S2Q04 ∣__∣
2. Moyen
3. Elevé
4. Très élevé
Si vous devez choisir sur une échelle de 1 à 10 (moins important à
très important), quel niveau allez-vous choisir pour les risques
S2Q05 ∣____∣
d’accident chez les conducteurs de taxi-moto ?
Niveau 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Au cours des trois (3) dernières années, combien de fois avez-vous
S2Q06
été victime d’accident circulation ? _________
Au cours de cette année, de combien d’accidents de circulation
avez-vous été témoin ? ____________
Demandez le niveau s’il n’y a pas un chiffre
S2Q07 1. Faible ∣__∣
2. Moyen
3. Elevé
4. Très élevé
Supposons 10.000 individus dans l’activité de taxi-moto les 12
prochains mois. Quel est selon vous le risque de décès d’un parmi
eux au cours des accidents ?
S2Q08 1. Faible ∣__∣
2. Moyen
3. Elevé
4. Très élevé
Si vous devez choisir sur une échelle de 1 à 10 (moins important à
S2Q09 très important), quel niveau allez-vous choisir pour ce risque ? ∣____∣
Niveau 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Selon vous, quelles sont les causes des accidents de circulation à
Cotonou ? ∣__∣
a) Non connaissance du code de la route ∣__∣
b) Excès de vitesse ∣__∣
c) Embouteillages sur les routes
∣__∣
d) Mauvais état des routes
S2Q10 ∣__∣
e) Imprudence de certains usagers de la route
∣__∣
f) Imprudence des conducteurs de gros porteurs
∣__∣
g) Conduite en état d’ivresse
h) Utilisation du téléphone au volant/moto ∣__∣
i) Non respect des feux tricolores ∣__∣
j) Autre (à préciser) ______________________ ∣__∣
Comment faites-vous pour avoir assez de clients et maximiser le
revenu ? ∣__∣
a) Je maintiens ma moto propre et en bon état ∣__∣
b) Je m’habille proprement ∣__∣
c) Je fais de la vitesse ∣__∣
S2Q11 d) Je travaille aux heures de pointe ∣__∣
e) Je travaille la nuit ∣__∣
f) La protection divine ∣__∣
g) Je prends de la drogue ou des médicaments ∣__∣
h) Je fais des « gris-gris » pour attirer les clients ∣__∣
i) Autres (à préciser) ___________________________
Comment faites-vous pour éviter les accidents de circulation ?
∣__∣
a) Je ne fais pas d’excès de vitesse
∣__∣
b) Je respecte le code de la route
S2Q12 ∣__∣
c) Je suis prudent
∣__∣
d) J’ai des protections (gris-gris) pour éviter les accidents
e) La protection divine ∣__∣

XII
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

f) Autres (à préciser) ________________________ ∣__∣


Parmi les affirmations suivantes, laquelle est plus proche de votre
point de vue ? Choisissez entre l’affirmation A et B
Enquêteurs : Choisissez pour chaque pair d’affirmation
1. Tout à fait d’accord pour A
2. Plutôt d’accord pour A
3. Tout à fait d’accord pour B
4. Plutôt d’accord pour B
a)
A. C’est mieux pour un conducteur de taxi-moto de faire des excès de
vitesse afin d’avoir un revenu élevé en fin de journée
B. C’est mieux pour un conducteur de taxi-moto de rouler ∣__∣
normalement (à vitesse modérée) même si en fin de journée il n’a
pas un revenu élevé
1 2 3 4

b)
S2Q13 A. Le conducteur de taxi-moto peut brûler le feu afin de gagner du
temps et avoir plus de clients
B. Le conducteur de taxi-moto ne doit brûler le feu, sauf en cas de force ∣__∣
majeure
1 2 3 4

c)
A. Le port de casque est impératif à tout conducteur de taxi-moto
B. Le conducteur de taxi-moto peut se passer du port de casque ∣__∣
1 2 3 4

d)
A. Pour éviter parfois de faire un grand détour sur la route, le
conducteur de taxi-moto peut soit rouler en sens interdit ou
traverser le trottoir pour gagner du temps
∣__∣
B. Le conducteur de taxi-moto ne doit pas rouler en sens interdit ni
traverser le trottoir dans l’optique d’éviter les grands détours et pour
gagner du temps
1 2 3 4
Avez-vous jamais appris le code de la route ?
S2Q14 1. Oui ∣__∣
2. Non
Au cours des douze (12) derniers mois, avez-vous régulièrement
porté un casque lorsque vous conduisez à moto ?
1. Jamais
S2Q15 ∣__∣
2. Quelque fois
3. Souvent
4. Toujours
Pourquoi ? ∣__∣
a) Je n’ai pas les moyens d’en acheter
∣__∣
b) Empêche la vue ou l’audition
∣__∣
S2Q16 c) Protection en cas d’accident
∣__∣
d) Maux de tête
∣__∣
e) Police
f) Autres (à préciser) ________________________ ∣__∣
Vous est-il arrivé au cours de cette année de brûler les feux
tricolores ?
∣__∣
S2Q17 1. Jamais
2. Quelque fois
3. Souvent

XIII
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

4. Toujours
Pourquoi ?
∣__∣
a) Gagner du temps
∣__∣
b) Eviter les accidents
S2Q18 ∣__∣
c) Pression des clients
∣__∣
d) Fuir les camions ou céder le passage à la police, au SAMU, etc.
e) Autres (à préciser) ________________________ ∣__∣
Vous est-il arrivé au cours de cette année de rouler en sens interdit
ou de traverser le trottoir ?
1. Jamais
S2Q19 ∣__∣
2. Quelque fois
3. Souvent
4. Toujours
Pourquoi ?
∣__∣
a) Sanction des policiers s’ils m’arrêtaient
∣__∣
S2Q20 b) Eviter les accidents
∣__∣
c) Gagner du temps
∣__∣
d) Autres (à préciser) ________________________
Vous est-il arrivé au cours de cette année de rouler en excès de
vitesse ?
1. Jamais ∣__∣
S2Q21
2. Quelque fois
3. Souvent
4. Toujours
S2Q22 Pourquoi ?
a) Gagner du temps ∣__∣
b) Eviter les accidents ∣__∣
c) Pression des clients ∣__∣
d) Autres (à préciser) ________________________ ∣__∣
A quelle fréquence tombez-vous malade ?
1. Très peu souvent
∣__∣
S2Q23 2. Souvent
3. Assez souvent
4. Très souvent
De quelles maladies souffrez-vous assez-souvent ? ∣__∣
a) Maux de tête ∣__∣
b) Hypertension ∣__∣
c) Hémorroïde ∣__∣
d) Asthme
∣__∣
e) Paludisme
∣__∣
S2Q24 f) Toux
∣__∣
g) Problèmes digestifs
∣__∣
h) Maux de gorge
i) Problèmes respiratoires ∣__∣
j) Maux de dos ∣__∣
k) Fatigue générale ∣__∣
l) Autres (à préciser) ____________________________ ∣__∣
Pensez-vous que cette (ces) maladie (s) dont vous souffrez est
(sont) liée (s) à votre travail de conducteur de taxi-moto ? ∣__∣
S2Q25
1. Oui
2. Non →Aller à S2Q27
En quoi est-ce que cela affecte-t-il votre santé ?
∣__∣
a) A cause de la pollution
S2Q26 ∣__∣
b) Le fait de rester assis longtemps sur la moto
∣__∣
c) Autres (à préciser) _________________
Etes-vous déjà resté invalides suite à des maladies ou à un accident
∣__∣
S2Q27 de circulation ?
1. Oui

XIV
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2. Non →Aller à S2Q29


S2Q28 Pendant combien de temps ? ________ Jours
Comment faites-vous pour vous soigner en cas de maladie, de
blessures (ou de dommage sur la moto ?
∣__∣
a) Sur fonds propres
∣__∣
S2Q29 b) Sur endettement
∣__∣
c) L’aide familial
∣__∣
d) Prise en charge par une mutuelle de santé ou une assurance
e) Autres (à préciser) ________________________ ∣__∣

3) Consentement à payer
Etes-vous membre d’une tontine ou association ?
S3Q01 1. Oui
∣__∣
2. Non →Aller à S3Q03

Quels sont les avantages de cette tontine ou association ?


a) Epargne ∣__∣
b) Crédit ∣__∣
S3Q02 c) Soutien en cas de décès d’un parent proche ∣__∣
d) Soutien en cas de maladie d’un membre de ma famille ou de moi ∣__∣
même ∣__∣
e) Autres (à préciser) ____________________________
Epargnez-vous une partie de votre revenu ?
S3Q03 1. Oui ∣__∣
2. Non →Aller à S3Q07
A combien s’élève cette épargne ?
S3Q04
Montant ___________FCFA / (mois, semaine, etc.) ____________
Par quel intermédiaire faites-vous votre épargne ?
a) Maison ∣__∣
b) Banque, institution de micro-finance, etc. ∣__∣
S3Q05 c) Tontine ou association ∣__∣
d) Autres (à préciser) _________________________ ∣__∣

A quoi vous servira cette épargne ? ∣__∣


a) A acheter un terrain/ construire ma maison
∣__∣
b) A acheter une nouvelle moto
∣__∣
c) A envoyer mes enfants l’école
S3Q06 ∣__∣
d) A prendre une nouvelle femme
∣__∣
e) A faire des cérémonies
f) A soigner ma famille et moi en cas de maladie ∣__∣
g) Autres (à préciser) _________________________ ∣__∣
Avant de vous poser les questions ci-dessous, je voudrais vous expliquez certaines choses et vous
prierai d’y prêter attention et surtout dites-moi si ne m’avez pas compris.
Les accidents de circulation sont très fréquents dans la ville Cotonou et peuvent avoir des
conséquences très négatives dans la vie des individus (peines et souffrances, invalidité pendant
une courte ou longue période, frais médicaux, la mort, etc.). Les conducteurs de taxi-moto sont
plus exposés à ces accidents du fait du temps qu’ils passent dans la circulation. Par ailleurs, ces
accidents peuvent aussi les empêcher de travailler et donc de manquer de revenu pour subvenir à
leurs besoins et à ceux de leur famille. Au vu de tout cela, les autorités veulent mettre en place un
système d’assurance spécialement pour les conducteurs de taxi-moto. Il s’agira pour
les conducteurs de taxi-moto ayant souscrit à cette assurance et victimes d’accidents de circulation
de bénéficier :
1. des soins de santé (tels que : les consultations, les examens de laboratoire, les
médicaments, les opérations chirurgicales) dans les centres de santé publics les plus
proches ;

XV
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

2. Assistance financière pour eux en cas d’invalidité sur une longue période et pour leur
famille en cas de décès.
Pour souscrire à cette assurance et bénéficier de ses services, il faut payer obligatoirement tous
les mois, une prime auprès de la société d’assurance. Les avantages dont vous bénéficierai en cas
d’accident dépendront du montant de votre cotisation mensuelle. Cette assurance ne
tiendra pas compte de vos frais de santé, ni de ceux de votre famille en cas de maladie. L’assurance
vous prendra en charge seulement en cas d’accident de circulation lorsque vous êtes en
activité.
Avez-vous des questions à poser ? _____________________________
Avant de répondre à mes questions, je voudrais que vous preniez en considération vos revenus et
charges mensuels, ainsi que les avantages dont votre famille et vous pourriez bénéficier en cas
d’accident de circulation en souscrivant à cette assurance moto.
Avez-vous des questions à poser ? _____________________________

Version de contrôle ou Follow up version


Pour souscrire à cette assurance ; seriez-vous prêts à payer _____
FCFA par mois ?
S3Q07 ∣__∣
1. Oui
2. Non →Aller à S3Q09
Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q08 ∣__∣
1. Probablement sûr
2. Définitivement sûr
Supposons plutôt que pour souscrire à cette assurance, il faut
payer _____ FCFA par mois ; seriez-vous prêts à payer ce montant
S3Q09 ? ∣__∣
1. Oui
2. Non →Aller à S3Q11
Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q10 ∣__∣
1. Probablement sûr
2. Définitivement sûr
Je vais vous lire les montants suivants du plus grand au plus petit.
SVP, dites-moi arrêtez lorsque pour le montant maximale que vous
pouvez payer :
Montant Couleur Montant Couleur Montant Couleur
S3Q11 (FCFA) choisie (FCFA) choisie (FCFA) choisie
5000 3000 1500
4000 2500 1000
3500 2000 500
Vous m’avez arrêté à ________ pouvez vous me dire combien vous
S3Q12 serai actuellement prêt à payer pour souscrire à cette assurance ?
________FCFA
Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q13
1. Probablement sûr
2. Définitivement sûr
Version testamentaire ou oath version
Avant de vous poser les questions suivantes, j’aimerais que vous
me promettiez de dire la vérité et rien que la vérité.
S3Q014 ∣__∣
1. Oui, je vous le promets
2. Non, je ne peux vous le promettre
Pour souscrire à cette assurance ; seriez-vous prêts à payer _____
S3Q15 FCFA par mois ? ∣__∣
3. Oui

XVI
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

4. Non →Aller à S3Q17


Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q16 ∣__∣
3. Probablement sûr
4. Définitivement sûr
Supposons plutôt que pour souscrire à cette assurance, il faut
payer _____ FCFA par mois ; seriez-vous prêts à payer ce montant
S3Q17 ? ∣__∣
3. Oui
4. Non →Aller à S3Q19
Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q18 ∣__∣
3. Probablement sûr
4. Définitivement sûr
Je vais vous lire les montants suivants du plus grand au plus petit.
SVP, dites-moi arrêtez lorsque pour le montant maximale que vous
pouvez payer :
Montant Couleur Montant Couleur Montant Couleur
S3Q19 (FCFA) choisie (FCFA) choisie (FCFA) choisie
5000 3000 1500
4000 2500 1000
3500 2000 500
Vous m’avez arrêté à ________ pouvez vous me dire combien vous
S3Q20 serai actuellement prêt à payer pour souscrire à cette assurance ?
________FCFA
Quelle est votre degré de certitude quant au payement de ce
montant ?
S3Q21
3. Probablement sûr
4. Définitivement sûr

Pourquoi voulez-vous payer ce montant ?


a) Ma prise en charge en cas d’accident ∣__∣
b) Je souhaite avoir une assurance moto comme les propriétaires de
∣__∣
voiture
S3Q22 ∣__∣
c) Je fais assez souvent d’accident, je pourrai être prise en charge
∣__∣
d) Je voudrais que ma famille dispose de moyens financiers au cas où je
serai invalide suite à un accident de circulation avec la moto assurée. ∣__∣
e) Autres (à préciser) ________________________________
Pourquoi ne voulez-vous pas participer à ce programme ?
a) Je doute de la gestion des fonds. ∣__∣
b) Je préfère le paiement comptant (en espèces)
∣__∣
c) Il est de la responsabilité du gouvernement à financer un tel
S3Q23 ∣__∣
programme
∣__∣
d) Je ne prends pas de risque/ j’ai mes stratégies pour éviter les accidents
∣__∣
e) Mon revenu est très faible
f) Autres (à préciser) ____________________________ ∣__∣
Avez-vous déjà entendu parler du Régime d’Assurance Maladie
Universelle (RAMU) nouvellement mis en place par le
S3Q24 gouvernement ? ∣__∣
1. Oui
2. Non → Fin de l’enquête
Avez-vous déjà souscrit au RAMU ?
S3Q25 1. Oui ∣__∣
2. Non → Aller à S3Q27
Quels sont vos impressions par rapport au RAMU ? → Fin de
l’enquête
S3Q26 ∣__∣
1. Mauvaise
2. Assez bonne

XVII
ANALYSE ECONOMIQUE DE L’ACTIVITE DE TAXI-MOTO AU BENIN 2017

3. Bonne impression
4. Très bonne impression
Pourquoi ?
∣__∣
a) Je ne sais pas où m’inscrire
∣__∣
S3Q27 b) Je n’ai pas encore le temps de le faire
∣__∣
c) Je n’ai pas confiance au RAMU
∣__∣
d) Autres (à préciser) ________________
Enquêteur, remercier l’enquêté du temps qu’il a consacré au remplissage du questionnaire.

LES MONTANTS A PROPOSER

Premier montant à Deuxième montant à Deuxième montant à


proposer proposer si « oui » à 1 proposer si « non » à 1
500 1000 300
1000 1500 500
1500 2000 1000
2000 2500 1500
3000 4000 2500

XVIII

Vous aimerez peut-être aussi