Kit Du Chapitre 7 en 12 Schemas
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La mobilité sociale intergénérationnelle désigne pour un individu, le fait, de ne pas occuper la même position sociale que son père (origine sociale). On distingue :
- la mobilité sociale intergénérationnelle verticale qui correspond aux cas où un individu et le parent auquel il est comparé relèvent de catégories de salariés distinctes et
hiérarchisées. La mobilité sociale intergénérationnelle verticale ascendante correspond aux situations où la catégorie socioprofessionnelle de l’individu est considérée
comme supérieure ou socialement plus valorisée que celle du parent auquel il est comparé. On parle alors d’ascension sociale. La mobilité sociale intergénérationnelle
verticale descendante correspond aux situations où la catégorie socioprofessionnelle de l’individu est considérée comme inférieure ou socialement moins valorisée que celle
du parent auquel il est comparé. On parle aussi de déclassement social ou encore de démotion sociale.
- la mobilité sociale intergénérationnelle non verticale qui correspond aux situations de mobilité sociale dans lesquelles un individu et le parent auquel il est comparé
appartiennent à des catégories socioprofessionnelles distinctes mais difficilement hiérarchisables. Elle comprend :
- la mobilité intergénérationnelle de statut qui désigne pour un individu le fait de changer de statut juridique par rapport à la PCS du parent auquel il est comparé (un
individu qui appartient à une des quatre PCS de salariés alors que son père était indépendant ; ou inversement).
- la mobilité intergénérationnelle horizontale qui désigne le fait pour un individu, dont le père a un statut juridique d’indépendant, de changer de position sociale mais sans
changer de statut juridique (un fils d’agriculteur exploitant devient ACCE et inversement) ; et également le fait pour un individu d’appartenir à la catégorie socio-
professionnelle des ouvriers (employés) alors même que le parent auquel il est comparé appartient à la catégorie socio-professionnelle des employés (ouvriers).
- La mobilité professionnelle ou mobilité intragénérationnelle décrit les différents parcours individuels d’un individu au cours de sa vie active comme le fait de changer
d’entreprises ou de type de travail, ou encore de changer de statut d’activité (emploi, chômage, inactivité) ou de de professions (catégories socioprofessionnelles). L’INSEE
appelle mobilité professionnelle cette étude des trajectoires intragénérationnelles. La mobilité intragénérationnelle peut donc désigner pour un individu le fait de changer de
position sociale au cours de sa vie professionnelle. Comme pour la mobilité sociale intergénérationnelle, et dans le cas des salariés celle-ci peut être ascendante ou
descendante. L’INSEE désigne par le terme mobilité professionnelle la mobilité sociale intragénérationelle.
- La mobilité géographique désigne, la mobilité quotidienne qui recouvre les déplacements effectués dans la journée pour l’emploi, les études, les loisirs et les commerces
notamment ; la mobilité résidentielle, qui correspond à un changement de résidence principale au sein d’un même pays ; et les migrations qui désignent un changement de
pays de résidence.
Chap. 7 Comprendre les principes de construction, les intérêts et les limites des tables de mobilité 2/12
comme instrument de mesure de la mobilité sociale.
① Les principes de construction des tables de mobilité sociale
Pour appréhender la mobilité sociale dans une société, l’on construit des tables de mobilité. Ainsi, une table de mobilité se présente
comme un tableau à double entrée croisant deux séries de données la position sociale de l’individu à un moment donné et la
position sociale de son père au moment où le fils est entré dans la vie professionnelle, c’est-à-dire le milieu d’origine de cet
individu.
À partir de l’enquête de 2014-2015, pour le fils, la position sociale a été définie à partir de la profession exercée entre 30 et 59 ans,
(âge où l’on considère que la situation professionnelle est stabilisée). L’enquête aboutit à l’établissement d’une table de trajets
sociaux qui est un tableau à double entrée permettant de repérer d’une part la position sociale des hommes âgés de 30 à 59 ans ainsi que l’origine sociale de ces mêmes hommes.
Par exemple en France en 2014-2015, 1 479 754 hommes âgés de 30 à 59 ans sont cadres ; tandis que 930 454 hommes âgés de 30 à 59 ans sont fils de cadres.
- L’intérêt de l’étude de la mobilité sociale est donc de savoir si la société démocratique est capable d’offrir une égalité des chances dans l’obtention des positions
sociales. On parle alors de société méritocratique, dans laquelle la position sociale d’un individu est strictement indépendante de celle de son père.
- Elles permettent de calculer l’importance des déplacements dans la structure sociale ou leur absence ; et de savoir si les trajets de mobilité sociale sont courts ou longs.
- Enfin, elles permettent de comprendre l’ampleur de la reproduction sociale et d’en déterminer les causes afin de lutter contre celle-ci.
② Les limites des tables de mobilité sociale comme instrument de mesure de la mobilité sociale :
Le choix de la population : « un biais masculin ». A l’origine de l’élaboration des tables les femmes ont été exclues des enquêtes au niveau de l’origine sociale parce qu’à
l’origine l’emploi pour les mères des femmes ayant entre 40 et 59 ans était intermittent et minoritaire. Or, la situation des femmes sur le marché de l’emploi a fortement
changé depuis 40 ans. Il serait donc désormais plus pertinent, s’agissant de l’origine sociale, de prendre en considération la profession des deux conjoints et non pas
seulement celui du père. En effet, des études ont montré que le métier et les diplômes de la mère avaient une influence certaine sur la position sociale des enfants.
Le choix de l’âge : on retient des hommes de 30-59 ans parce qu’on considère que la position sociale ne va pas changer dans cette tranche d’âge. Or, avec le
développement du chômage ceci n’est plus tout à fait vrai de nos jours.
La mesure de la position sociale : Sans doute la position sociale est-elle essentiellement déterminée par la situation professionnelle mais elle peut, à professions
identiques, varier en fonction du revenu, du niveau culturel ou encore du patrimoine de naissance.
La mesure de la hiérarchie sociale : elle dépend de la société à un moment donné ce qui rend difficile la comparaison entre un père et un fils. Les PCS ne sont pas
valorisées de la même manière au fil des décennies.
Le statut de l’emploi occupé (CDI, CDD, intérim) : Le statut de l’emploi n’est pas pris en compte par les tables de mobilité sociale.
La mesure de la mobilité sociale d’un individu par rapport à un seul de ses parents : Ce choix limite l’intérêt des tables car elle présuppose que le phénomène
d’homogamie sociale soit très marqué. Peut-on vraiment parler d’ascension sociale pour un fils devenu cadre dont le père est ouvrier mais la mère elle-même cadre
supérieure ?
Chap. 7 Comprendre que la mobilité observée comporte une composante structurelle (mobilité structurelle) ; 4/12
comprendre que la mobilité peut se mesurer de manière relative indépendamment des différences de structure entre origine
et position sociales (fluidité sociale) et qu’une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide.
① La mobilité observée comprend une mobilité structurelle
La mobilité brute correspond à la mobilité observée. Mais une partie de la mobilité observée est due aux changements de la structure socio-professionnelle. On parle alors de mobilité
structurelle. Cette mobilité structurelle correspond en fait à une mobilité « forcée ».
Dans le cas le plus extrême, si entre la génération des pères et celle des fils une PCS disparait la mobilité sociale observée pour cette PCS sera de 100%, mais elle sera essentiellement due à un
effet de structure. La mobilité structurelle sera de 100% et la mobilité nette pour le sociologue sera de 0%.
À partir des années 1950, le déclin numérique de la PCS des agriculteurs exploitants, des ACCE et à partir du milieu des années 1970 celle des ouvriers a forcé la mobilité sociale des enfants
de ces PCS.
Pour illustrer les effets de cette mobilité structurelle on peut observer en France le fait qu’en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans dont le père étaient agriculteurs seulement 25
sont devenus agriculteurs ; alors même que 100 hommes âgés de 30 à 59 qui sont agriculteurs 81,1 ont un père lui-même agriculteur.
② La mobilité peut se mesurer de manière relative indépendamment des différences de structure entre origine et position sociales (fluidité sociale)
et qu’une société plus mobile n’est pas nécessairement une société plus fluide.
Compte tenu des effets de structure alors une société peut-être plus mobile sans pour autant être plus fluide autrement dit être plus égalitaire. La fluidité sociale correspond à une situation
dans laquelle la position sociale d’un individu ne dépend pas de son milieu social d’origine. Ainsi, la fluidité sociale est une notion qui veut mettre en évidence l’égalité des chances
d’accès aux différentes positions sociales quel que soit le milieu social d’origine.
Pour mesurer la fluidité sociale il faut donc comparer la plus ou moins grande égalité des chances d’accès à des positions sociales pour des individus appartenant à des catégories
socioprofessionnelles différentes. Pour ce faire on doit mesurer la force du lien entre origine et position via la méthode du rapport de chances relatives (odds-ratio). Le rapport de chances
relatives (odds-ratio) se définit comme le rapport des chances qu'un événement arrivant à un groupe de personnes A, arrive également à un autre groupe de personnes B. Il s’agit de
comparer la mobilité sociale d’une catégorie sociale à la mobilité sociale d’une autre catégorie (mobilité relative).
Première partie de l’exemple à l’instant t : Dans une société si à l’instant (t) 50% des enfants de cadres deviennent eux-mêmes cadres et 20% deviennent ouvriers, alors un fils de cadre a 2,5 fois plus de chances de rester cadre comme son père
plutôt que de devenir ouvrier. Et pour qu’il y ait égalité des chances dans cette même société il faudrait par exemple que 25% des fils d’ouvriers deviennent cadres et 10% des fils d’ouvriers restent ouvriers. Dans ce cas, un fils d’ouvrier aurait
également 2,5 fois plus de chance devenir cadre plutôt que de rester ouvrier comme sont père. Le rapport des chances relative serait de 1, il y aurait fluidité sociale et égalité des chances. Mais, si dans cette même société, à l’instant t, 10%
des enfants d’ouvriers deviennent eux-mêmes cadres et 60% deviennent ouvriers, alors un fils d’ouvrier a 6 fois plus de chances de rester ouvrier comme son père plutôt que de devenir cadre. Le rapport des chances relative est de 15.
Autrement dit un fils de cadre a 15 fois plus de chance de rester cadre plutôt que de devenir ouvrier par rapport à un fils d’ouvrier de devenir cadre plutôt que de rester ouvrier. Ou encore un fils d’ouvrier a 15 fois moins de chances ….
Deuxième partie de l’exemple à l’instant t+n : Si dans cette même société à l’instant (t+n) 50% des fils d’ouvriers deviennent cadres et seulement 25% deviennent ouvriers, alors un fils d’ouvrier a désormais 2 fois plus de chances de devenir
cadre plutôt que de rester ouvrier comme son père. La PCS ouvrière est plus mobile. Et désormais un fils d’ouvriers a plus de chance de devenir cadre que de rester ouvrier ! Mais cette société plus mobile est-elle pour autant plus égalitaire ?
La réponse est NON. En effet, si dans le même temps, un fils de cadre a désormais 80% de chances de rester cadre comme son père et 2% de devenir ouvrier (80/2 =40). Alors un fils de cadre a 20 fois plus de chances (rapport des chances
relatives 40/2) de rester cadre comme son père plutôt que de devenir ouvrier par rapport à un fils d’ouvrier de devenir cadre plutôt que de rester ouvrier. Cette société est plus mobile mais elle n’est pas plus fluide. Le rapport des chances
relative est passé de 15 à 20, cette société est même plus inégalitaire alors même que les fils d’ouvriers ont désormais plus de chances de devenir cadre que de rester ouvrier. L’ascension sociale des fils d’ouvriers est en fait dû à un effet de
structure. Si la société avait été plus fluide il aurait fallu qu’un fils de cadre ait comme le fils d’ouvrier 2 fois plus de chances de rester cadre comme son père que de devenir ouvrier au lieu de 40 ! ou qu’un fils d’ouvrier est 40 fois plus de chances
de devenir cadre plutôt que de rester ouvrier au lieu de 2 fois plus de chances !
Chap. 7 À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de mettre en évidence 5/12
des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement, ….
① Mise en évidence des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement à partir des tables de destinée :
Situation de mobilité sociale ascendante. Selon l’INSEE, les situations de mobilité sociale intergénérationnelle ascendante ne peuvent s’observer qu’entre les PCS de salariés
distinctes et hiérarchisées. Elle est ascendante lors l’individu s’élève dans la hiérarchie sociale. Le mobilité sociale ascendante s’observe donc uniquement pour les fils de professions
intermédiaires qui sont devenus cadres supérieurs ou les fils d’ouvriers (ou d’employés) qui sont devenus professions intermédiaires ou cadres supérieurs. Ce sont donc les chiffres en
italique non soulignés : Par exemple, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 dont le père était profession intermédiaire 25,5 sont cadres ou PIS. On observe dans le cas
de la mobilité sociale ascendante des trajets courts (le fils de PI devenant cadres / le fils d’ouvrier ou d’employé devenant profession intermédiaire et c’est le petit-fils qui deviendra cadre.)
Situation de reproduction sociale. Selon l’INSEE les situations de reproduction sociale désignent les situations pour lesquelles la position sociale d’un individu est identique à son
origine sociale : les chiffres de la diagonale en gras : Par exemple, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 dont le père était cadre 47 sont eux-mêmes cadres ou PIS.
On observe par ailleurs que les chiffres de la diagonale sont nettement supérieurs à ceux de l’ensemble. Par exemple sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans dont le père était cadre
47,0 sont eux-mêmes cadres alors que ce n’est le cas que de 19,3% des hommes toutes PCS confondues soit 2,4 fois plus.
Situation de mobilité sociale descendante. Selon l’INSEE, les situations de mobilité sociale intergénérationnelle descendante ne peuvent s’observer qu’entre les PCS de salariés
distinctes et hiérarchisées. Elle est descendante lorsque l’individu descend dans la hiérarchie sociale. Le mobilité sociale descendante s’observe donc uniquement pour les fils de cadres
supérieurs qui deviennent professions intermédiaires ou employés ou ouvriers et les fils de professions intermédiaires qui sont devenus ouvriers ou employés. Ce sont donc les chiffres
en italique soulignés : Par exemple, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 dont le père était cadre 10,0 sont ouvriers.
Chap. 7 À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de mettre en évidence 6/12
des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement, ….
② Mise en évidence des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement à partir des tables de recrutement :
Situation de mobilité sociale ascendante (les chiffres en italique non soulignés) : Par exemple, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59
qui sont cadres 19,3 ont un père qui était ouvrier.
Situation de reproduction sociale (les chiffres de la diagonale en gras) : Par exemple, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 qui sont
cadres 33,8 ont un père qui lui-même était cadre (sont eux-mêmes fils de cadres).
On observe là encore que les chiffres de la diagonale sont nettement supérieurs à ceux de la moyenne (l’ensemble). Par exemple, sur 100 hommes âgés
de 30 à 59 ans exerçant la profession de cadres 33,8 ont un père cadre alors que sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans seulement 13,9 ont un père cadre soit
2,4 fois plus.
Situation de mobilité sociale descendante (les chiffres en italique soulignés) : Par exemple, en France en 2014-2015 sur 100 hommes âgés de 30 à 59 qui
sont ouvriers 10,7 sont fils de professions intermédiaires.
Chap. 7 À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de mettre en évidence 7/12
des situations de mobilité ascendante, de reproduction sociale et de déclassement, ….
③ De la nécessité d’élaborer des tables de mobilité parfaite pour bien lire et comprendre les tables de mobilité sociale.
Derrière les tables de mobilité sociale se cachent des effets de structure qu’il convient de prendre en compte. Exemple : Si dans une société sur 100 hommes dont le père est cadre 20 sont
eux-mêmes cadres, on pourrait penser que la reproduction sociale est faible et la destinée forte. Ce qui est vrai. Mais cette mobilité sociale est peut-être due à des effets de structure, à savoir la baisse du
nombre de cadres entre la génération des pères et celle des fils ou le faible nombre de cadres. Dès lors il convient de prendre en compte la ligne ensemble. Ainsi, si dans cette même société sur 100 hommes
toutes PCS confondues 5 sont (devenus) cadres, on observe qu’il y a une forte attractivité des fils de cadres pour la PCS des cadres. En effet, un fils de cadres a 4 fois plus de chances d’être lui-même cadre qu’un
fils d’une autre PCS. En situation de mobilité parfaite, il aurait fallu que 20% des hommes toutes PCS confondues soient eux-mêmes cadres.
Dès lors, pour bien appréhender la mobilité sociale on peut construire une table de mobilité parfaite.
Pour ce faire, il faut rapporter chaque chiffre de la table de mobilité sociale par l’ensemble. On appelle mobilité
parfaite, la situation théorique où la position sociale des fils serait indépendante (au sens probabiliste) de la
PCS du père. La destinée des fils serait la même quelle que soit leur origine sociale. Ainsi, en 2014-2015, 2,6 %
des individus de la population étudiée étant agriculteurs, dans l’hypothèse de la mobilité parfaite, 2,6 % des fils issus de
chaque catégorie « devraient être » (seraient) agriculteurs. Or, comme sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans et dont le
père était agriculteur 25,0 sont devenus agriculteurs on peut déterminer un coefficient de transmission de position
sociale, à savoir ici 9,54. Autrement dit, les fils d’agriculteurs ont eu 9,54 fois plus de chances d’être agriculteurs que les
autres PCS.
Les effets de structure permettent de comprendre le « paradoxe suivant ». En France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans dont le père étaient agriculteurs
seulement 25,0 sont eux-mêmes agriculteurs (faible destinée) mais en même temps, en France en 2014-2015, sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans qui sont agriculteurs 81,17 sont fils
d’agriculteurs (fort autorecrutement). Ainsi, lorsque l’on regarde les tables de recrutement, on constate que pour les PCS des agriculteurs exploitants, des ouvriers, des ACCE et des
cadres et PIS l’inertie est assez forte (mobilité sociale faible) puisque ces PCS sont caractérisées par un fort autorecrutement. Toutefois, si l’on regarde les tables de destinées, on
constate une certaine mobilité sociale (faible destinée) pour les PCS suivantes : agriculteurs exploitants, ACCE et employés, mais c’est moins le cas des PCS des Cadres et PIS, des
professions intermédiaires et des ouvriers (forte destinée identique).
La table de mobilité parfaite permet donc de prendre en compte les effets de structures et d’analyser de manière plus pertinente les tables de mobilité.
Un coefficient supérieur à 1 signifie qu’il y a sur-représentation (attractivité) d’une PCS relativement à elle-même ou à une autre PCS. Ainsi 2,43 (33,8/13,9 - table de
recrutement -) signifie que comme sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans actuellement cadres 33,8 ont un père cadre alors que ce n’est le cas que de 13,9% des hommes toutes PCS
confondues, les fils de cadres sont 2,43 fois plus nombreux dans la PCS des cadres qu’ils ne devraient l’être dans l’hypothèse de la mobilité parfaite.
Un coefficient inférieur à 1 signifie qu’il y a sous-représentation (« répulsion »). Ainsi par exemple, en partant d’une table de destinée, on observe que sur 100 hommes âgés de
30 à 59 ans et dont le père est cadre 10 sont devenus ouvriers alors que c’est le cas de 33% des hommes toutes PCS confondues. Soit un coefficient de 10/33 = 0,33. Dans le cas d’une
mobilité parfaite ce sont 33% des fils de cadres qui auraient dû devenir ouvriers et non pas 10%.
Chap. 7 À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de retrouver les spécificités 8/12
de la mobilité sociale des hommes et de celles des femmes.
① Les spécificités de la mobilité sociale des hommes :
- mobilité sociale observée, mobilité structurelle et mobilité nette :
En France en 2014-2015, la mobilité sociale observée des hommes est de 65,2%. Ce qui signifie que sur 100 hommes âgés de 30 à 59 ans 65,2 occupent une position
sociale différente de celle de leurs pères (origine sociale). Par ailleurs, la mobilité structurelle est estimée à 15,8% autrement dit la mobilité nette en France est de 49,4 % et
donc près de 25% de la mobilité sociale observée est due à la modification de la structure socioprofessionnelle. Durant les 40 dernières années ce taux de mobilité sociale
intergénérationnelle est resté globalement stable. De plus, la mobilité sociale des hommes est de moins en moins liée à l’évolution de la structure des emplois. La part de la
mobilité « structurelle » s’est fortement réduite depuis 40 ans (elle était de 40% en 1977).
En 2014, 43% des hommes ont connu une mobilité sociale verticale (ascendante ou descendante entre catégories de salariés distinctes) et 23% une mobilité non
verticale. Au cours des 40 dernières années la mobilité non verticale a fortement diminué du fait de la décroissance de l’emploi non salarié tandis que la mobilité verticale a
augmenté passant de 31% en 1977 à 43% en 2015. Les mouvements ascendants sont majoritaires au sein de la mobilité sociale. Entre 1977 et 2003 les hommes ayant connu
une ascension sociale était 3 fois plus nombreux que ceux dont la trajectoire a été descendante. Toutefois, cette prédominance s’est depuis réduite. En 2015, les hommes
connaissant une mobilité ascendante sont 1,8 fois plus nombreux que ceux connaissant une mobilité descendante.
Les données montrent que, tant pour la mobilité ascendante que descendante, les trajets de mobilité sont courts, c’est-à-dire s’effectuent le plus souvent entre
catégories socialement proches (ouvriers ou employés non qualifiés devenant davantage ouvriers ou employés qualifiés plutôt que professions intermédiaires par exemple).
- reproduction sociale
La reproduction sociale chez les hommes reste forte parmi les cadres et les ouvriers.
Le rapport de chances relatives s’agissant des cadres et des ouvriers s’est fortement réduit entre 1977 (97 fois plus) et 2015 (25 fois plus). Toutefois, depuis 1993 il reste
a peu près stable et ne se réduit que très peu.
Chap. 7 À partir de la lecture des tables de mobilité, être capable de retrouver les spécificités 9/12
de la mobilité sociale des hommes et de celles des femmes.
② Les spécificités de la mobilité sociale des femmes :
En France en 2014-2015, la mobilité sociale des femmes par rapport à la profession de leur père est plus forte (70,1%) que celle des hommes (65%). Alors
même que la mobilité verticale ascendante des femmes est plus faible (21,8% contre 27,6% pour les hommes) et la mobilité verticale descendante est plus forte (25%
pour 15% pour les hommes). Par rapport à leur père, les trajectoires des femmes sont toujours un peu plus souvent descendantes qu’ascendantes. On observe que la
mobilité sociale intergénérationnelle des femmes par rapport à leur père a augmenté en France de 1977 à 2015, passant de 64% à 70,1%
En termes de destinée, on observe qu’en ce qui concerne les indépendants, les femmes filles d’agriculteurs et d’ACCE deviennent moins souvent agricultrices
ou ACCE que leurs « frères ». La mobilité sociale des femmes, filles d’indépendants en termes de destinée est plus forte que celle des hommes. Il semble que les
pères préfèrent transmettre le patrimoine économique à leurs fils qu’à leurs filles.
On observe également que la mobilité sociale en termes de destinée des femmes est plus élevée que celle des hommes pour la PCS des ouvriers ainsi que
celle des cadres. S’agissant des ouvriers, il s’agit ici d’un effet numérique, il y a beaucoup de pères ouvriers, mais c’est une profession très masculine donc peu de
chances pour les filles d’ouvriers de devenir ouvrière (17%) et ces dernières deviennent majoritairement employées (53,7%). S’agissant des filles de cadres la
reproduction sociale est moins marquée (34,1% contre 47% pour les fils) - les filles de cadres deviennent davantage professions intermédiaires. Les raisons de ce
constat sont multiples : les femmes sont victimes de discrimination sur le marché du travail au niveau des emplois qualifiés (plafond de verre) ; les femmes peuvent
se percevoir comme moins légitimes que les hommes pour occuper des postes à responsabilité (auto-consentement des dominées) ; elles cherchent à concilier
davantage que les hommes vie professionnelle et vie privée (Complexe de Cendrillon).
Enfin, en ce qui concerne la PCS des employés, les femmes, filles d’employés, deviennent plus souvent employés que leur frère (ce qui est logique car il
s’agit d’une profession très féminisée).
En termes de recrutement, on observe un autorecrutement plus faible relativement aux hommes en ce qui concerne la PCS des agriculteurs et dans une
moindre mesure s’agissant des AACE (et ce pour les raisons évoquées plus haut). Pour le reste des PCS mise à part la PCS des ouvriers, les différences paraissent peu
importantes.
Comprendre comment l’évolution de la structure socioprofessionnelle, les niveaux de formation et les ressources et
configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. 10/12
Chap. 7
② Les niveaux de formation contribuent à expliquer la mobilité sociale :
① L’évolution de la structure socioprofessionnelle contribue à Force est de constater qu’il existe un lien positif entre le niveau de diplôme et les PCS
expliquer la mobilité sociale : favorisées économiquement, socialement et symboliquement. Ainsi, un enfant de PCS
Le fort déclin de la PCS des Agriculteurs exploitants et celle des ACCE depuis les favorisées (cadres ou profession intermédiaires) qui sort du système scolaire fortement
années 1950 ainsi que celui de la PCS des ouvriers depuis le milieu des années diplômé aura toutes les chances d’accéder lui-même à ces mêmes PCS ; alors que s’il
1970 contribuent à expliquer la forte mobilité sociale de ces PCS. Alors que sort du système scolaire sans diplôme ou peu diplômé ses risques de déclassement
l’accroissement numérique de la PCS des Cadres et celle des Professions social sont élevés. À l’inverse un enfant de milieu modeste qui sort du système scolaire
intermédiaires explique d’une part la forte reproduction sociale qui caractérise ces fortement diplômé a toutes les chances de connaître une ascension sociale.
PCS et a permis d’autre part l’ascension sociale des enfants des PCS défavorisées Toutefois, depuis plusieurs années, la massification de l’enseignement s’est
vers ces PCS. accompagnée d’une inflation des titres scolaires alors même que l’accroissement
Depuis les années 2000, on observe que la structure socioprofessionnelle se numérique des postes qualifiés a été moindre. Dès lors, le diplôme est amené dans les
stabilise. Par conséquent, l’évolution de la structure est amenée à jouer un rôle années à venir à perdre de son influence dans la mobilité sociale, au détriment du
moins important dans les années à venir. Par ailleurs, si le fort accroissement capital social. Autrement dit, dans les années futures à niveau de diplôme supérieur
numérique de la PCS des cadres avait permis en même temps de concilier équivalent il sera sans doute plus difficile pour un individu issu d’un milieu social
reproduction sociale des enfants de cadres et ascension sociale des autres PCS ; modeste d’accéder à la PCS des cadres qu’un individu issu de cette PCS ou d’un milieu
dans les années à venir, il devrait être plus difficile pour un enfant de cadre d’être social favorisé.
lui-même cadre et pour les enfants des autres PCS d’accéder à la PCS des cadres.
③ Les configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. :
Le phénomène d’homogamie sociale renforce le phénomène de reproduction sociale et freine donc la mobilité sociale. On constate en France le phénomène
d’homogamie sociale à savoir que les individus ont tendance à s’allier et vivre en couple avec une personne du même milieu social que le leur ou relativement très proche. Dès
lors, le choix du conjoint participe à la reproduction sociale, en effet, l'homogamie sociale tend à concentrer les ressources économiques, culturelles et sociales dans certaines
familles, qui pourront ensuite plus facilement les transmettre à leurs enfants.
La taille de la fratrie a des effets ambigus sur la réussite scolaire. Les sociologues ont montré que dans une famille nombreuse (plus de trois enfants) les chances de
mobilité sociale ascendante diminuent. Ce phénomène pourrait s’expliquer par les conditions matérielles d’existence (nécessité de partager une même chambre à plusieurs,
soutien scolaire plus faible, la promiscuité spatiale pourrait aussi entraîner un « système éducatif » parental plus rigide, et donc moins propice au développement intellectuel
des jeunes). À l’inverse dans les familles peu nombreuses les parents peuvent consacrer toutes leurs ressources tant économiques, culturelles et sociales à la réussite de leurs
enfants. Toutefois, plusieurs monographies montrent que dans certaines familles modestes et numériquement nombreuses, lorsque l’aîné réussit, cette réussite peut « tirer le
reste de la fratrie vers le haut. ». L’aîné pourra venir en aide à ses cadets et servir de modèle. À l’inverse dans les familles à enfant unique ou deux enfants, cette dynamique
peut être moins importante.
Comprendre comment l’évolution de la structure socioprofessionnelle, les niveaux de formation et les ressources et
configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. 11/12
Chap. 7
④Les ressources familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale, l’analyse de P. BOURDIEU :
Selon Pierre Bourdieu les familles issues des classes sociales dominantes mettent en œuvre des stratégies afin de transmettre à leurs enfants leur position
sociale voire même, si possible, de l’améliorer. Pour cela, elles transmettent à leurs enfants les différents types de capitaux qu’elles détiennent. Plus précisément,
selon Pierre BOURDIEU, la structure des classes repose sur la mobilisation de trois grandes ressources analysées en termes de capital : le capital économique, le
capital culturel (le nouveau capital du 20ème siècle) et le capital social.
Tout individu hérite de ces capitaux mobilisables de génération en génération. Ainsi, pour Pierre BOURDIEU la famille est au cœur de la reproduction sociale,
de parce qu’elle transmet à ses enfants. Elle contribue à la perpétuation des statuts et de la stratification sociale existante. En particulier, les familles aisées
transmettent à leurs enfants un capital culturel (Maîtrise de la langue, goût et proximité avec la culture scolaire, habitudes comme la lecture ou la fréquentation des
musées, etc.) pouvant être réinvesti à l’école et engendrer des inégalités de réussite scolaire. Enfin, les familles aisées cherchent à mettre en œuvre des stratégies de
conversion de capital économique en capital culturel par le biais de cours particuliers et le financement de longues études. Par ailleurs, la massification scolaire plus
rapide que la hausse des emplois qualifiés se traduit nous l’avons vu par un risque de déclassement scolaire ; de moins en moins un diplôme supérieur à celui des
parents garantit une position plus élevée ou comparable. Dans ce contexte, on observe que le rôle du capital social s’accroît.
… dans cette stratégie de reproduction sociale recherchée par les élites, l’École n’est pas neutre car les attentes du système scolaire étant en adéquation
avec l’habitus de la classe dominante, les ressources familiales des familles aisées ont d’autant plus d’importance. Autrement dit, pour Pierre BOURDIEU les
classes dominantes utilisent l’École pour mettre en œuvre leurs stratégies collectives de reproduction sociale. L’École affiche une autonomie par rapport aux
différentes cultures de classe. Pourtant, elle valorise des compétences extra-scolaires acquises dans le cadre familial : le langage, le mode de raisonnement, la culture
générale. De plus, l’habitus des enfants des classes dominantes, « le principe générateur et organisateur de pratiques et de représentations sociales », est en affinité
élective avec celui des enseignants. Les élèves qui réussissent ne sont pas ceux qui le méritent mais ceux qui héritent d’un capital culturel. En étant « indifférente
aux différences », l’École légitime les inégalités sociales en laissant croire que l’échec scolaire est lié à des propriétés intellectuelles et non sociales. Elle est une
instance de reproduction sociale qui permet aux classes dominantes de maintenir leur domination de génération en génération.
Comprendre comment l’évolution de la structure socioprofessionnelle, les niveaux de formation et les ressources et
configurations familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale. 12/12
Chap. 7
⑤ Les ressources familiales contribuent à expliquer la mobilité sociale, l’analyse de R. BOUDON :
L’approche de Raymond BOUDON : le rôle du capital culturel et de l’école est à relativiser, et c’est au final dans le cadre familial que naissent ou non les ambitions
scolaires et universitaires. Le rapport coûts /risques / avantages des études est différent selon les milieux sociaux.
Pour lui, c'est dans le cadre du groupe familial que naissent ou non les ambitions scolaires ou universitaires qui déterminent la scolarisation de l'enfant. Le statut du
groupe familial va influencer les "chances de survies" de l'enfant aux différents stades du système éducatif.
Selon lui, les coûts, les avantages et les risques de l'investissement scolaire sont appréciés de façon variable selon les milieux sociaux.
- Le rendement escompté du diplôme sert le plus souvent à évaluer les avantages ;
- Les coûts sont d’ordre financier et sont liés aux frais des études ainsi qu’au coût d’opportunité attaché au fait de faire des études (et donc de ne pas être un actif
occupé rémunéré) ;
- Les risques tiennent à l’échec scolaire.
Selon Raymond BOUDON la famille oriente donc sa décision en termes de poursuites d’études à partir du bénéfice escompté, de la motivation pour l’école et des
coûts anticipés.
Or, les coûts ont toutes les chances d’être plus lourds dans des milieux défavorisés. De même, les familles défavorisées vont avoir tendance à percevoir comme élevés
les risques d’échec scolaire. De plus, la motivation pour l’école a des chances d’être faible dans les milieux défavorisés qui connaissent mal le rendement qu’un individu peut
tirer d’un diplôme. Dès lors, dans les milieux défavorisés les bénéfices escomptés de l’école sont plus faibles que les coûts et les risques d’échec anticipés ce qui amène les
familles à privilégier des études courtes et professionnalisantes.
À l’inverse, les coûts sont plus faibles dans les milieux favorisés lesquels vont par ailleurs percevoir comme faibles les risques de l’échec scolaire. La motivation pour
l’école sera forte dans les milieux favorisés. L’idée selon laquelle un bon niveau scolaire est indispensable à la réussite professionnelle est importante dans les milieux
favorisés. Dès lors, dans les milieux favorisés les bénéfices escomptés de l’école sont plus forts que les coûts et les risques d’échec anticipés ce qui amène les familles à
privilégier des études longues et prestigieuses.