Histoire Champagne

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Histoire viticole et vinicole

HISTOIRE

de la Champagne

Dans la province de Champagne, la loi a défini un périmètre restreint à l’intérieur


duquel seuls les vins produits avec les raisins récoltés sur place ont droit à l’appellation
« Champagne délimitée ». Voici, de la préhistoire à nos jours, les évènements historiques
qui ont intéressé ses vignobles et ses vins.

Origine de la vigne C’est cette scène que l’on trouve représentée, en costumes
Renaissance, sur les tapisseries de la vie de Saint-Rémi que
en Champagne conserve le musée de Reims.

L’existence de la vigne en Champagne remonte à l’ère ter- Aux siècles suivants, les moines étendirent le vignoble
tiaire ainsi qu’en témoignent des feuilles fossiles retrouvées afin de subvenir à leurs besoins, tant en vin de messe qu’en
dans la région de Sézanne et qui, à l’heure actuelle, consti- boisson, pour eux-mêmes et les voyageurs auxquels les cou-
tuent l’unique témoignage d’une vigne existant en France à vents avaient coutume de donner l’hospitalité en un temps
cette époque. Il s’agissait toutefois de vignes sauvages dis- où il n’existait pas d’auberges. Fournissant également en vin
parues au cours de la période glaciaire du quaternaire qui les seigneurs et les populations citadines, ils s’assuraient
n’ont laissé aucune descendance sur notre continent. ainsi une part importante des revenus qui étaient nécessai-
res à l’entretien des abbayes et à leur action charitable.

La vigne et le vin de Champagne Simultanément se créait une viticulture laïque, apanage


de la noblesse.
du Ier au Xe siècle
Période gallo-romaine La vigne et le vin de Champagne
L’apparition en Champagne des premiers vignobles produc- du Xe au XVe siècle
teurs de vin eût lieu entre le IIIe et le Ve siècle après Jésus-
Christ, par extension vers le Nord des vignes implantées Expansion
dans le Midi de la France par les Grecs et les Romains.
Au Xe siècle, la densité de la vigne était particulièrement
L’actuelle ville de Reims était alors Durocortorum, importante dans les régions de Reims et de Vitry-le-François,
métropole de la Gaule Belge. Pour extraire la pierre néces- moins nette mais pourtant sensible dans la région d’Épernay.

«
saire à l’édification de cette importante cité, de vastes car-
rières ont été creusées qui, sous le nom de crayères, servent
aujourd’hui de caves à certaines maisons de champagne.
À partir du Xe siècle,

« Le clergé et
les ordres religieux
le vignoble s’accroissait
en raison de la notoriété

»
grandissante des vins
furent à l’origine
de Champagne.

»
du développement
du vignoble. Cette accroissement naissait également de l’extension à
la bourgeoisie de la viticulture et de la production vinicole.

Action des évêques et des abbés Facilités de transport


Le testament de Saint-Rémi, apôtre au Ve siècle des Francs Les vignobles se trouvant pour la plupart dans la Vallée de la
et évêque de Reims, faisait d’amples mentions de la culture Marne, il en résultait une situation géographique favorable
de la vigne et les anciennes chroniques nous ont conté com- à la diffusion du vin, le principal moyen de communication
ment il aurait offert au roi Clovis, qui guerroyait contre le étant à l’époque la voie d’eau, qui permettait de le trans-
barbare Alaric, un baril rempli de vin bénit qui lui donne- porter dans de bonnes conditions à Paris, en Normandie et
rait la victoire tant que le vin durerait. ensuite par mer en Flandre, en Hollande et en Angleterre.
HISTOIRE

Ce qui ne pouvait être acheminé par bateau, après avoir Sur la superficie de l’actuel département de la Marne, elles
disposé des voies romaines qui, avec une densité exception- avaient triplé en six siècles, avoisinant à la fin du XVe siècle
nelle, desservait la capitale de la Gaule Belgique, emprun- le chiffre de 400 communes.
tait à partir du XIIe siècle les routes aménagées pour l’accès
aux célèbres Foires de Champagne, ces dernières ayant Notoriété du vin de Champagne
d’ailleurs pu favoriser le vignoble champenois en faisant
connaître davantage son vin. Au début du XVe siècle, Reims était devenu le centre du
commerce des vins de Champagne dont la réputation ne
La viticulture populaire cessait de grandir, en France comme à l’étranger.

Dans le même temps, le statut du vigneron évoluait. Les Pays-Bas, par exemple, en importaient régulièrement
L’abolition du servage en faisait souvent un métayer. Un depuis le XIIIe siècle. L’essor du commerce des vins provo-
contrat de complant était institué en faveur des défricheurs quait le contrôle de la qualité pour échapper à la tentation
de terres à vigne. Enfi n, la culture populaire naissait au de sacrifier à la quantité et les baux de la fin du XIVe siècle
XIIIe siècle de l’octroi de la « tenure à vinage », concession à stipulaient déjà l’obligation de cultiver la vigne comme
perpétuité d’une terre, à charge de la planter en vigne et de « vigne de bourgeois ».
verser une redevance annuelle fi xe en vin.
Charles-Étienne précisera dans « La Maison Rustique »,
éditée en 1554, que les « Les vins d’Ay sont clerets et fau-
Guerre de cent ans velets, subtils, délicats et d’un goust fort agréable au palais,
Les misères et les dévastations de la Guerre de cent ans, pour ces causes souhaitez pour la bouche des Roys, princes
dont la Champagne fut un des principaux théâtres, avaient et grands seigneurs ».
cependant freiné à maintes reprises l’essor de la viticulture.
Encore objet de luxe, les vins de Champagne n’étaient en
Les vignes étaient abandonnées, les pressoirs détruits. effet guère accessibles qu’aux grands de l’époque et à leur
Mais, si les Rémois assiégés avaient résisté victorieusement entourage. Or, Reims en recevait fréquemment la visite, en
en 1359 au roi Édouard III d’Angleterre et l’avaient empêché particulier, chaque fois que les rois de France, en souvenir
d’entrer dans leur ville pour y recevoir la couronne de France, du baptême de Clovis, venaient s’y faire sacrer, coutume qui
c’est en libératrice qu’ils avaient accueilli Jeanne d’Arc, prit naissance en 816, au sacre de Louis-le-Pieux et devint
venue le 17 juillet 1429 faire sacrer Charles VII. Quinze régulière à partir du XIIe siècle.
années plus tard, Anglais et Bourguignons évacuaient défi-
nitivement le territoire champenois et l’expansion pouvait
reprendre son cours. La vigne et le vin
aux XVIe et XVIIe siècle
Évolution des régions viticoles de la Marne
Vogue du vin de Champagne
La rupture du continent avec l’Aquitaine avait favorisé le
vin de Champagne, disposant de la route du Nord. Reims et Aux XVIe et XVIIe siècle, malgré une récession territoriale
Châlons devenaient d’importants marchés, fréquentés par du vignoble, conséquence des guerres de religion et des
les marchands de Flandre, du Hainaut, de Liège. Châlons troubles de la Fronde, les vins de Champagne, rouges pour
était le débouché des vins de la Vallée de la Marne et de la les meilleurs, affermissaient leur position, obtenant dans
côte de Vertus en même temps qu’une place de transit où les cours royales et impériales et auprès de la noblesse
arrivaient ceux de Bar-sur-Aube. une vogue sans cesse croissante. Leur haute qualité leur
valait, depuis Francois Ier, la clientèle régulière de la Cour
Avec ses hauts et ses bas, l’expansion s’était fi nalement
de France.
poursuivie assez régulièrement.

«
Dans une lettre adressée en 1671 par le marquis de
Saint-Evremond au comte d’Olonne, il était même ques-
Depuis le Xe siècle tion des « maisons » que possédaient à Ay le pape Léon X,
Charles-Quint, François Ier et Henri VII d’Angleterre pour,
le nombre de communes dit-il, « y faire leurs provisions ». Et Saint-Simon, dans ses

»
« Mémoires », précisait que, jusqu’en 1692, Louis XIV ne
viticoles n’avait cessé buvait que du vin de Champagne et qu’en 1700, Jacques II
d’Angleterre ne buvait guère d’autres vins.
d’augmenter.
Pour leur part, les classes bourgeoises commençaient à
être des adeptes du vin de Champagne qui, de plus, attirait
les classes aisées des pays étrangers.
Naissance du champagne On sélectionne les meilleurs raisins, tant noirs que
blancs, mais les techniques restent imparfaites, la « casse »
Dans la deuxième partie du XVIIe siècle, les vignerons se est importante et ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on obtien-
mettent à produire un vin blanc obtenu par un pressu- dra un vin d’une parfaite limpidité, à la mousse régulière et
rage approprié de raisins noirs à chair incolore. Appelé persistante. Cependant, les bouteilles appelées « flacons »
le « vin gris », il est d’une qualité très supérieure à celle et parfois frappées aux armes des consommateurs, se ren-
des vins blancs provenant des raisins blancs de l’époque. forcent pour être mieux à même de supporter la pression du
Dom Pérignon, procureur de l’abbaye bénédictine d’Haut- gaz qui se forme lors de la prise de mousse.
villers de 1668 à 1715, a l’idée de le rendre encore meilleur
en pratiquant avec art, l’assemblage des raisins avant leur Elles sont munies d’un bouchon de liège maintenu par
pressurage. une ficelle.

Simultanément, on s‘aperçoit que le vin se conserve La vogue prend son effervescence


mieux et voyage mieux en bouteilles qu’en tonneaux. Alors
que jusque-là, la bouteille, très fragile, n’était utilisée que La vogue du champagne est immédiate à la cour de France.
de la cave à la table, on en épaissit les parois et on y tire Dès l’année 1700, l’abbé de Chaulieu conseille à la duchesse
systématiquement le vin nouveau. de Bouillon de « noyer dans sa mousse qui pétille les soucis
du lendemain ». Très vite, cet engouement gagne les intel-
La fermentation, si elle a été incomplète, reprend avec la lectuels et les artistes en France et à l’étranger. Voltaire
chaleur du printemps, donnant alors lieu à une production écrit : « De ce vin frais, l’écume pétillante, de nos Français
de gaz carbonique, s’échappant sous forme de mousse quant est l’image vivante ».
on débouche la bouteille. Le phénomène est perçu collecti-
vement, refusé par les uns qui s’efforcent de l’éviter, mais
bien accueilli par les autres qui, dans les toutes dernières La vigne et le champagne
années du XVIIe siècle, commencent à produire délibéré-
ment le vin de Champagne effervescent. au XIXe siècle
Le vignoble champenois en difficulté
Le champagne au XVIII siècle e
Tandis que le maître de postes Drouet, de Sainte-Ménehould,
alors pays de vignoble, arrête la famille royale en fuite à
Apparition des premières maisons Varennes en Argonne, s’ouvre une longue période de diffi-
À partir de 1729, on assiste à la création des premières cultés pour le vignoble champenois qui ne s’est pas encore
maisons de champagne à Reims et Épernay, au lendemain rétabli du désastre viticole causé par les gelées de l’hiver et
d’un Arrêt royal du 25 mai 1728 autorisant le transport du du printemps 1789.
champagne en paniers de 50 à 100 bouteilles, alors qu’au Après une longue période de troubles révolutionnaires,
début du siècle, le transport du vin en bouteilles était inter- les guerres de l’Empire entraînent une conscription de plus
dit et qu’il était courant de l’expédier en tonneaux avec des en plus exigeante et des charges fiscales très lourdes.
instructions à la clientèle pour la mise en bouteilles et le
travail du vin. En 1814 puis en 1815, la Champagne est de nouveau un
champ de bataille. Accompagnées des violences et réquisi-
La qualité prime sur la quantité tions habituelles, des invasions sans précédent déferlent sur
la province où passent ou s’établissent Impériaux, Prussiens,
Dès cette époque, la recherche de la qualité prime sur toute Cosaques, Kalmouks.
autre considération et dans un « Traité de la culture des
vignes de Champagne », le frère Pierre, bénédictin d’Haut- Changement de disposition

«
villers, écrit :
dans le paysage viticole champenois
Il faut mépriser La paix revenue n’apporte pas pour autant la prospérité à
tous les vignerons. Ceux des bons crus vendent leurs raisins
la quantité qui ne fait au kilo aux négociants producteurs de champagne. Sauf
dans les années victimes des caprices de la nature, leur sort
que du vin très commun est enviable. Mais les autres ont beaucoup de peine à com-

et viser toujours à la mercialiser leurs vins rouges, vins de seconde qualité, se


vendant mal et qui, subissant bientôt la concurrence des
qualité qui fait bien plus
»
vins du Midi favorisés par le développement des chemins
de fer, finiront par disparaître.
d’honneur et de profit.
HISTOIRE

De ce fait, le nombre des communes viticoles diminue Et si la guerre de Sécession américaine entraîne des
d’un tiers, la vigne disparaissant totalement des régions faillites, la vente passe cependant de 11 millions de bou-
de Vitry-le-François et Sainte-Ménehould, tandis qu’elle teilles en 1861 à 17 millions en 1870. À la fin du siècle, elle
se regroupe autour de Reims, Épernay, Vertus et Sézanne approche les 30 millions de bouteilles.
sur les coteaux crayeux donnant le meilleur vin. Se mainte-
naient toutefois les vignobles des régions de Bar-sur-Seine et
Bar-sur-Aube, d’une part, de Château-Thierry, d’autre part. La vigne et le champagne
Après une nouvelle période d’occupation étrangère en au XXe siècle
1870, le siècle se termine sur l’affreuse crise du phylloxéra
qui, à partir de 1890, a attaqué le vignoble champenois et l’a 1908, création de la « Champagne délimitée »
détruit en presque totalité, nécessitant sa reconstitution en
vignes greffées sur des plants américains. Le premier quart du XXe siècle est pour le vignoble comme

«
pour les maisons de champagne une période particulière-
ment critique. Il faut, pour survivre, toute la ténacité des

Le XIXe siècle représente vignerons alliée au dynamisme des négociants.

»
En 1908 pourtant, les deux parties, par une action
une ère de progrès commune, obtiennent la signature d’un décret délimitant
les départements de la Marne et de l’Aisne, une zone dont
considérables. doivent provenir obligatoirement les vins destinés à deve-
nir du champagne. C’est la création de la « Champagne
délimitée ».
Le champagne profite de l’essor industriel
Mais la crise phylloxérique bat son plein et les récoltes
Profitant de la révolution industrielle qui prend naissance diminuent. Par suite de mauvaises conditions atmosphéri-
sous la Restauration, les procédés d’élaboration s’amélio- ques, la vendange en 1910 est presque inexistante.

«
rent et se régularisent bénéficiant des travaux de Cadet de
Vaux et de François, pharmacien de Châlons-sur-Marne,
sur le sucre nécessaire à la pris de mousse, et de ceux de
Maumené et de Pasteur sur les levures. La « casse » qui Les vignerons champenois
atteint encore couramment 30 % dans les années 1930 n’est
plus que de 8 % en moyenne à la fi n du siècle. dont la misère est
Pour l’élimination du dépôt qui se forme dans la bouteille, profonde s’irritent
le remuage et le « dégorgement », que certains pratiquaient
déjà au XVIIIe siècle, se substituent défi nitivement à l’an-
de la production

»
cien et peu pratique transvasement de bouteille à bouteille.
D’autres progrès ont lieu avec l’apparition en 1825 des pre-
extérieure abusive
mières tireuses, en 1827 de la machine à boucher, en 1844
de la machine à doser et d’une machine à rincer les bou-
de champagne.
teilles, en 1870 de la machine à ficeler le bouchon.
Il s’ensuit une vive agitation qui prend naissance à Ay et
Évolution exponentielle des ventes s’amplifie au début de 1911, nécessitant l’intervention de la
troupe. Tout semble rentrer dans l’ordre lorsque la Chambre
Le commerce du champagne cependant s’organise et pros- des députés vote des mesures pratiques qui donnent à l’ap-
père. De 1811 à 1870, 21 maisons se créent à Épernay, pellation toute sa valeur. Mais leur département n’ayant pas
Reims, Châlons-sur-Marne, Ay, Mareuil-sur-Ay, Ludes, été compris dans la zone délimitée, les vignerons de l’Aube
Vertus. réagissent vivement pour que ces mesures soient suppri-
mées. L’agitation reprend alors en mars et avril 1911, dans
D’une vente annuelle de quelques centaines de milliers l’Aube mais aussi dans la Marne qui entend que la délimi-
de bouteilles en 1785, on en est déjà à 6 millions et demi en tation soit maintenue. Dans ce dernier département, elle
1845. L’exportation s’affirme et conquiert de nouveaux mar- dégénère en émeute, en particulier à Ay et Épernay et l’on
chés, les États-Unis et la Russie en particulier. Elle absorbe doit, pour la contenir, faire intervenir 31 escadrons de cava-
les deux tiers de la production. Les grandes maisons de lerie et 26 compagnies d’infanterie.
champagne surmontent tous les obstacles, allant même
sous l’Empire jusqu’à se jouer du blocus continental ou à L’affaire se termine par un compromis, la création pour
forcer les frontières de la Russie en guerre contre la France. l’Aube d’une appellation particulière comportant le mot
« champagne », qui restera en vigueur jusqu’en 1927.
Des vignes dévastées par la guerre Sont édictées en même temps des règles strictes concer-
nant les cépages et les systèmes de taille autorisés, les condi-
Trois années plus tard commence la grande guerre à tions de la récolte et de la manipulation en Champagne, la
laquelle la Champagne paye le double tribut de ses fi ls qui méthode de fermentation naturelle en bouteille.
lui sont enlevés et de sa terre qui sert de champ de bataille.
Les vignobles sont sillonnés de tranchées, éventrés par Création de l’AVC et organisation
les obus. Les gaz asphyxiants parviennent jusque dans la
Montagne de Reims, anéantissant les vignes. On manque
des vignerons face à la crise
de main-d’œuvre, d’engrais, de moyens de traitement. Dans Établie initialement en 1898 pour lutter contre le phylloxéra,
les villes, les maisons de commerce sont exposées aux bom- l’Association Viticole Champenoise œuvre pour l’améliora-
bardements. Et malgré cela, Épernay bombardée par avion, tion du vignoble, encourageant et coordonnant les efforts
Reims à 1 500 mètres de la ligne de feu, produisent encore d’hommes de science, tels le Docteur Manceau ou Georges
50 % du champagne d’avant-guerre. Chappaz et ceux des grandes maisons de champagne et
des coopératives viticoles. Depuis 1920, la revue mensuelle
Mais après ces cinq années de survie, les dégâts sont
« Le Vigneron Champenois » en est l’organe.
effrayants : 40 % des vignes existant en 1914 ont disparu
dans la tourmente, celles qui subsistent sont en mauvais Mais, alors que le vignoble a enfin retrouvé un équilibre
état, les stocks du négoce ont été partiellement pillés dans compromis depuis cinquante ans, la crise économique mon-
les caves, ses bâtiments en surface ont été souvent détruits. diale des années trente remet tout en question. Le raisin
Le bilan est lourd et il faut à tous beaucoup de courage pour ne se vend pas ou se vend mal, les vignerons sont parfois
que le champagne puisse reprendre sa marche en avant. au bord de la misère. C’est alors que nombre d’entre eux
entreprennent de produire eux-mêmes du champagne avec
La reconstruction du vignoble leurs raisins, devenant ainsi des « récoltants-expéditeurs »
et le perfectionnement de la viticulture et donnant naissance à un phénomène social qui prend une
grande importance à partir de 1950.
L’obligation de réorganiser le vignoble permet de regrouper
les vignes dans les zones dont les conditions géographiques 1941, naissance de l’interprofession
et les microclimats se prêtent le mieux à une production de
qualité. À peine la prospérité semble-t-elle revenue que la seconde
guerre mondiale vient à nouveau confronter le vignoble et le
La culture de la vigne se perfectionne rapidement grâce négoce a des difficultés de toutes sortes.

«
aux nouveaux engrais, aux découvertes en matière de lutte
contre les insectes et maladies, aux méthodes de travail
plus rationnelles. Un changement important intervient. On
remplace la vigne « en foule », c’est-à-dire non ordonnée,
En 1941 est alors créé le

»
par la vigne en lignes, ce qui permet le passage d’abord des
chevaux d’attelage et, plus tard, des tracteurs enjambeurs.
Comité Interprofessionnel
Le mouvement coopératif, né dans les années 1920, se du Vin de Champagne.
développe progressivement et prend toute son ampleur
après la seconde guerre mondiale. Cet organisme semi-public se destine à gérer les intérêts
communs des vignerons et des négociants ; une de ses attri-
Dans tous les domaines, on cherche toujours à dévelop- butions essentielles consiste à faire respecter la Loi de 1927
per la qualité, même au détriment de la quantité.

«
et à garantir le respect des règles qui justifient l’appellation
« Champagne ».

La loi du 22 juillet 1927 La vinification se modernise


établit les limites La paix revenue, les caves et celliers se modernisent avec

»
le soin constant de maintenir intacte la qualité de vins. Les
de la Champagne chariots élévateurs et le palettage font leur apparition en
cave. Les tonneaux sont partiellement remplacés par des
viticole. cuves en ciment verré puis en acier inoxydable. Les celliers
sont équipés d’installations frigorifiques permettant un
meilleur contrôle de la première fermentation.
Cette loi définit ainsi une zone d’où doivent provenir à la
fois les raisins et le vin qui en est tiré pour que celui-ci une
fois champagnisé ait droit à l’appellation « Champagne ».
Histoire viticole et vinicole
HISTOIRE

de la Champagne

Le tirage, le dégorgement, le dosage, le bouchage, l’ha- Il prend bientôt sa place dans le cercle de famille. Les expé-
billage s’effectuent de plus en plus à la chaîne. L’utilisation, ditions annuelles approchent en 1910 les 40 millions de
à la mise en bouteilles, du bouchon couronné permet l’adop- bouteilles. Après les perturbations des marchés dûes aux
tion progressive du dégorgement automatique. deux guerres mondiales, elles sont encore du même ordre
en 1955. Mais l’expansion reprend alors avec vigueur, dépas-
On expérimente avec succès le remuage automatique. sant en 1971 les 100 millions de bouteilles et avoisinant
Parallèlement se développent en Champagne les industries aujourd’hui les 339 millions de bouteilles.
annexes : verreries, bouchonneries, emballages, etc.
La consommation intérieure s’est développée plus rapi-
Le champagne, symbole du prestige dement que l’exportation si bien qu’elle représente 60 % des
expéditions en 2000 alors qu’au début du siècle, la propor-
et des festivités tion était inverse.
Le XXe siècle voit se confirmer, jusqu’à la première guerre
Les exportations augmentent cependant assez régulière-
mondiale, l’expansion commerciale commencée à la fin du
ment, intéressant près de 150 pays étrangers.
XIXe siècle à la faveur d’une paix prospère.

«
Ainsi vingt siècles d’histoire ont donné ses lettres de
noblesse au champagne qui, grâce à l’union des vignerons
Le champagne devient et des négociants, à leurs efforts constants, est devenue
l’image prestigieuse de la France.
le symbole de la « Belle Source : Comité Interprofessionnel
Époque », le vin de du Vin de Champagne

»
toutes les célébrations
officielles.
Approche sociologique
HISTOIRE

des vignerons champenois

Les comportements, les attitudes, les mentalités du vigneron champenois ont été façonnés
par les événements et la conjoncture.

Les points de rupture


La révolution française La mécanisation
• Les bourgeois acquièrent les biens des abbayes
et les nouvelles façons culturales
et se constituent d’importants domaines. • Plusieurs facteurs modifient le métier :
• Malheureusement, les vignerons ne profitent pas de
la vente des biens nationaux. - la plantation en lignes (1900 – 1910) ;
• Les marchés sont essentiellement constitués - l’utilisation du cheval et d’instruments oratoires
par les cabarets régionaux ou parisiens. (1910-1920).
- l’utilisation du tracteur (1950-1960).
➤ Le vigneron devient élaborateur de petits vins. - l’introduction des phytosanitaires (1960-1970).

L’émergence du champagne (XIXe siècle) ➤ Le vigneron devient « technicien ».

• Le vigneron vend ses vins en tonneaux au négoce


La prospérité
puis ses raisins, il abandonne le matériel vinaire.
• Le développement des ventes de champagne
➤ Le vigneron devient ainsi « paysan » producteur
et l’organisation interprofessionnelle amènent
et livreur de matière première.
la sécurité au vigneron.

Les déséquilibres (début XXe siècle) ➤ Le vigneron est un « partenaire »


à part entière dans la filière.
• Les crises successives bouleversent l’existence
des vignerons (fraude, crise de l’après-guerre, crise de
1929…). Phylloxera et guerre ont affaibli le vignoble.

➤ Nous assistons à l’émergence


du vigneron « prolétaire ».

L’évolution des attitudes et des comportements


La recherche d’un affranchissement La recherche du profit maximum
par rapport au négoce • Une approche gestionnaire et technicienne
• Le vigneron souhaite se rendre libre et indépendant. de l’exploitation et du profit.

La recherche d’une sécurité économique La nécessité de respecter l’environnement


(des marchés) et techniques • Le vigneron doit devenir garant de l’environnement
(des rendements assurés) et d’une viticulture de qualité.

• L’organisation économique « coopérative » • Cette nécessité environnementale bouleverse


fédère et solidarise les vignerons. totalement les approches :
• La viticulture devient « hygiéniste »,
- Elle va à l’encontre de la vision de sécurité
jusqu’à supprimer toute herbe dans les vignes.
et remet en question la logique des moindres
coûts de production.
- Les techniques utilisées sont complètement
remises en cause.
Approche sociologique
HISTOIRE

des vignerons champenois

Les effets au niveau des leaders syndicaux


De Henri Macquart à Henri Geoffroy Patrick Le Brun
Présidents du SGV de 1946 à 1977 Présidents du SGV depuis 2004
• Ils ont connu directement la misère des vignerons ; • Cette génération n’a connu que la prospérité,
• Ils ont été des « humanistes » (culture républicaine la performance.
et socialiste), des « sociaux », des « politiques » • Elle n’a plus du tout les mêmes cadres de référence
(stratégie d’affranchissement du vignoble). intellectuelle. C’est la génération « technicienne »
qui recherche à optimiser tous les process.
De Marc Brugnon à Philippe Feneuil • Cette époque marque une vraie rupture.
Présidents du SGV de 1978 à 2003 Ce qui lie néanmoins les générations, c’est ce produit
mythique appelé « champagne » et l’importance
• Ils ont connu la misère par la relation des parents. de le sauvegarder !
• Ils ont vécu l’évolution énorme des années 50-70
et en ont bénéficié.
• Ils ont repris partiellement l’héritage humaniste,
mais se sont affirmés comme gestionnaires
(la « génération bénéfice réel »).

Centre de documentation La filière viti-vinicole


Tél. : 03 26 59 55 00 - Fax : 03 26 54 97 27 champenoise
Mél. : [email protected] Janvier 2008
L’appellation d’origine
HISTOIRE

Un instrument de valorisation d’une production régionale,


des règles de production exigeantes au service d’un projet qualitatif

L’originalité du système C’est une fois l’accord intervenu entre eux au sein de
l’Institut National des Appellations d’Origine qu’ils se tour-
des appellations d’origine nent vers les pouvoirs publics pour faire consacrer ce qu’ils
ont décidé par un texte ayant valeur réglementaire.
Le respect d’une réglementation
Il est bon de rappeler d’abord en quoi consiste cette régle- L’évolution historique
mentation française de l’appellation d’origine.
en champagne
En vertu de celle-ci, chaque grande région viticole s’est
vue dotée d’un statut précis, qui ressemble forcément Préservation de l’appellation « Champagne »
par certains traits à celui des autres mais qui comporte
aussi toutes les particularités que requiert la diversité des Le vin de Champagne mousseux, il faut le reconnaître, n’a
situations. commencé véritablement sa grande carrière qu’au début du
XIXe siècle.
Chacun de ces statuts comporte essentiellement deux
corps de dispositions : Mais très tôt les producteurs de l’époque prirent
conscience du fait qu’ils détenaient un produit original dont
➤ d’abord la définition d’un terroir, avec la délimitation il faudrait s’attacher à définir, et à défendre aussi, la per-
géographique précise de ce terroir ; sonnalité.

➤ ensuite, un ensemble de règles à observer pour la culture Dès 1843, un groupe de négociants se constitua pour
de la vigne et l’élaboration du vin. faire des procès à des producteurs de vins mousseux

«
d’autres régions françaises qui voulaient utiliser le nom
Champagne.
Toutes ces règles En 1882, ils créèrent une association puis en 1884 un
AOC vont dans le sens syndicat.

»
de la recherche Quelques dizaines d’années plus tard, ce fut au tour des
récoltants de prendre les mêmes initiatives. Le Syndicat
de la qualité. Général des Vignerons naquit en 1904. C’est alors que put
commencer l’élaboration de ce qui devait devenir, pierre par
pierre, ce grand monument que constitue maintenant le
« statut du vin de Champagne ».
Avantages et garanties de l’appellation
Ce régime apporte à la fois des avantages aux producteurs Une délimitation rigoureuse
et aux consommateurs. La délimitation du vignoble est apparue comme la tâche
Pour les producteurs, le nom de l’appellation constitue la plus urgente. L’élaboration des règles qualitatives n’est
une sorte de patrimoine collectif. Ils sont les seuls, selon venue qu’ensuite ou tout au moins alors que la première
la loi, à avoir le droit de l’utiliser. D’autre part, l’image de étape était déjà bien entamée.
qualité qui s’y attache confère au produit une plus-value Il était très important en effet de fi xer déjà des frontières,
appréciable et tout à fait méritée. c’est à dire d’établir avec précision une ligne de démarca-
Les consommateurs, quant à eux, bénéficient d’une dou- tion en deçà de laquelle se trouverait le territoire du vin de
ble garantie : celle de la qualité et celle de l’authenticité, Champagne et au-delà de laquelle, par conséquent, cela ne
fruits de la discipline que s’imposent les producteurs. serait plus son domaine.

Ce travail a occupé près d’un quart de siècle, soit toute la


Un système autogéré période qui s’est écoulée entre 1905 et 1930. Beaucoup de
péripéties se sont succédées dans cet intervalle, quelques
En réalité, l’une des grandes originalités du mécanisme
agitations même. Car le problème n’était pas simple et les
institué en 1935 réside dans le fait qu’il repose tout entier
intérêts en cause pesaient fort lourd.
sur la volonté et la discipline des professionnels.
Finalement, les commissions qui étaient chargées de
Ceux-ci gèrent à tous les niveaux l’édifice des appella-
recenser entre 1927 et 1930, les terrains qui avaient voca-
tions qu’ils ont eux-mêmes construit. Il s’agit véritablement
tion en Champagne à porter de la vigne, ont pu mener à
d’un système autogestionnaire parce que les règles de l’ap-
bien leurs travaux en poussant la précision jusqu’à défi nir,
pellation sont définies directement par les intéressés.
HISTOIRE

non seulement les communes et dans ces communes les Les procès de délimitation se succédèrent. En 1925, les
lieux-dits, mais, à l’intérieur des ces lieux-dits, les parcelles limites de la délimitation champenoise étaient déterminées,
de terrains concernées avec leurs numéros d’inscription au mais controversées. Pour les marnais, elles étaient trop

«
cadastre. étendues, pour les aubois, elles ne l’étaient pas assez.

Le Parlement, appelé à jouer les arbitres, trancha avec la


En affinant loi du 22 juillet 1927.

sa délimitation, 1927 • La délimitation parcellaire


la Champagne est allée La loi de 1927 introduisit, à côté de la notion d’aire délimi-
tée, une nouvelle notion : celle d’aire de production.
beaucoup plus loin et

»
➤ L’aire délimitée : il s’agit de la zone géographique glo-
beaucoup plus tôt que bale où il est possible d’élaborer du champagne. La loi
du 22 juillet 1927 arrête définitivement l’aire délimitée
tout le monde. de la Champagne viticole. Celle-ci comprend, en plus
des territoires énumérés par le décret de 1908, les com-
Quant aux règles d’élaboration, leur mise en place s’est munes de l’ancienne province de Champagne et de l’an-
faite progressivement, à partir de 1919, au fur et à mesure cien comté de Bar-sur-Seine pour lesquelles l’appellation
que les professionnels se sont rendu compte que l’origine, à « Champagne » a été revendiquée dans une ou plusieurs
elle seule, ne suffisait pas et qu’il fallait donc instaurer éga- déclarations de récolte entre 1919 et 1924 et trois autres
lement une discipline axée sur un double objectif : le respect communes de l’Aube (Cunfin, Trannes et Précy-Saint-
de la tradition et la recherche de la qualité. Martin).

➤ L’aire de production : à l’intérieur de l’aire délimitée


Respect de la tradition globale, seuls certains terrains ont le droit de porter de
la vigne d’appellation.
et de la qualité Il s’agit d’une délimitation parcellaire.

Voici une chronologie rapide des principales mesures qui


ont été prises à cet égard :
"JSFEÏMJNJUÏF
1919 • La délimitation judiciaire j$IBNQBHOFWJUJDPMFx

La loi du 6 mai 1919 substitua au système de la délimita-


tion administrative celui des délimitations judiciaires. Le
pouvoir de décider du classement en appellation d’origine
d’une zone géographique n’appartenait plus à l’administra-
tion, mais au juge.

Le système mis en place était le suivant :

➤ tout récoltant désirant faire bénéficier ses raisins du


nom d’une appellation d’origine devait en faire la reven-
dication dans sa déclaration de récolte ;

➤ et toute personne (personne physique, syndicat ou asso-


ciation) estimant cette revendication non conforme aux
usages, loyaux et constants, pouvait demander au tribu-
nal civil de trancher le litige et, à cette occasion, de pré-
ciser la délimitation de l’aire de production et les cépages
de l’appellation concernée.

Les décrets de 1908 et 1911 furent abrogés, mais le texte


précisait que les producteurs des secteurs concernés pour-
raient invoquer, à titre de présomption légale, ces décrets "JSFQSPEVDUJPO
pour revendiquer l’appellation sur leur déclaration de
récolte.
Ainsi vingt siècles d’histoire ont donné ses lettres de
noblesse au champagne qui, grâce à l’union des vignerons
Quatre verrous pour
et des négociants, à leurs efforts constants, est devenue l’authenticité du produit
l’image prestigieuse de la France.
Tout un luxe de précautions ont été prises pour garantir cette
La loi de 1927 précisait que l’aire de production se limi- authenticité. Ce sont les producteurs eux-mêmes qui l’ont
tait aux seuls terrains plantés en vignes en 1927 ou qui y voulu ainsi. Pour renforcer l’image du vin de Champagne
étaient consacrés avant l’invasion phylloxérique. C’est ce d’abord mais aussi comme s’ils voulaient s’éviter certaines
qu’on a appelé le critère d’ « antériorité viticole ». tentations inutiles.

Elle disposait que la liste de ces terrains serait établie 1. On ne peut produire en Champagne que du raisin des-
selon la procédure suivante : tiné à faire du vin de Champagne.
Il est formellement interdit de faire pousser de la vigne
➤ Une commission communale devait être instaurée dans dans la région en dehors des zones délimitées pour le
chaque commune par arrêté du Maire avec pour mission droit à l’appellation Champagne.
de dresser la liste des terrains de la commune plantés en Dans les zones ainsi délimitées, il est impossible égale-
vigne en 1927 ou avant le phylloxéra. Un procès verbal ment de mettre en œuvre d’autres cépages que ceux pré-
devait être établi, contenant soit la liste des terrains, soit vus par la loi, pour produire, par exemple, des vins de
le constat qu’aucun terrain de la commune ne remplis- table ou encore tout autre chose.
sait les conditions. Ces procès verbaux devaient ensuite
être mise à la disposition des intéressés en Mairie et 2. Les locaux d’élaboration ne peuvent accueillir que des
transmis au Préfet. vins accompagnés d’un acquit à caution champagne.
C’est à dire accompagnés d’un titre de mouvement déli-
➤ Ensuite, une commission interdépartementale dû sta- vré par les Services fiscaux et garantissant qu’il s’agit de
tuer pour chaque commune. En fait, cette commission vins produits dans le vignoble champenois pouvant pré-
entérina les propositions des commissions communales tendre à l’appellation Champagne.
sans effectuer aucun contrôle réel sur leurs travaux. Aucun autre vin n’est autorisé à pénétrer dans les locaux
en question. Autrement dit les celliers et les caves des
1935 • Création de l’INAO producteurs, qu’ils soient récoltants ou négociants, doi-
vent être entièrement spécialisés dans l’élaboration du
Le décret-loi du 30 juillet 1935 institua le Comité National vin de Champagne.

«
des Appellations d’Origine de vins et eaux de vie (qui pren-
dra vite le nom d’INAO) et crée la catégorie des AOC.

Ce texte donnait en principe à l’INAO compétence pour Les vins de Champagne


intervenir en matière de délimitation des aires de produc-
tion d’AOC. ne peuvent quitter
Malheureusement, très confus, il attribuait à l’INAO des la région d'origine avant

»
pouvoirs différents selon les catégories d’appellation d’ori-
gine. Sa rédaction est la suivante : « le comité aura le droit d'avoir été complètement
de compléter, mais il ne pourra réviser celles de ces condi-
tions relatives à l’encépagement ou aux procédés d’obten- élaborés.
tion du produit qui ont fait l’objet d’une décision judiciaire
rendue en application de la loi du 22 juillet 27 ayant force
3. Les vins de Champagne ne peuvent quitter la région
de chose jugée, ni les délimitations géographiques qui
d’origine avant d’avoir été complètement élaborés.
résultent ou pourront résulter des applications de la loi
L’élaboration doit en effet être menée sur place jusqu’à
du 6 mai 1919… Feront l’objet de cette réglementation les
son terme, y compris même l’opération finale de l’ha-
appellations d’origines existant au moment de la présente
billage de la bouteille.
loi et qui auront fait l’objet d’une délimitation judiciaire
C’est à cette condition que l’appellation Champagne peut
passée en force de chose jugée, ainsi que celles qui, par
être revendiquée par le producteur.
leur qualité et leur notoriété, seront considérées par le
comité national comme méritant d’être classées parmi 4. Il est interdit de produire en Champagne d’autres vins
les AOC. Une réglementation spéciale pourra être édictée mousseux.
pour l’appellation « Champagne » afin de compléter ou de En clair, ceci veut dire qu’il n’est pas possible d’installer
modifier le statut établi par la loi ». dans la région de Champagne un établissement où l’on
ferait entrer des vins d’autres régions pour les rendre
mousseux.
HISTOIRE

L’appellation d’origine

La construction continue Tout sera fait alors pour que les adaptations nécessaires
sauvegardent l’essentiel : la qualité éminente du produit et
En 1935, on pouvait penser que l’essentiel était acquis. À l’héritage acquis au cours de deux siècles de traditions inin-
juste titre d’ailleurs. Cependant, les dispositions prises à terrompues.
cette époque n’ont pas mis un point fi nal à l’élaboration du
statut du vin de Champagne.
Le vin de Champagne
Toute une série de compléments et de retouches sont
intervenus au fi l des années pour perfectionner encore le
veut defendre son identité
système. Puisqu’ils s’imposent de sévères contraintes, les Cham-
penois estiment que le nom de leur produit mérite d’être
Citons par exemple :
respecté.
➤ la réglementation de la taille de la vigne (1938) ;
Dans ces conditions, ils déplorent, bien sûr, que dans
➤ celle de l’utilisation des millésimes (1952) ; certains pays, hors de l’Europe en particulier, les systèmes
juridiques existants autorisent, ou tout au moins tolérent,
➤ des règles précises concernant la hauteur, l’espacement l’utilisation du nom « Champagne » pour désigner des vins
et la densité des plantations de vignes (1978) ; mousseux produits localement.

➤ l’interdiction de tirer les vins en bouteilles avant le C’est ainsi que l’on a vu le nom « Champagne » associé à
1er janvier suivant la récolte (1984) ; des marques de bains moussants, de dentifrice, de cigaret-
tes, d’eaux minérales, parfum, etc. Le risque serait grand, si
➤ l'obligation de pressurer les raisins sur les pressoirs ces pratiques se multipliaient, de voir le nom « Champagne »
agréés pour la qualité de leurs équipements (1994) ; se banaliser et même se vider progressivement de son
véritable sens.
➤ enfin, plus récemment, le passage de la durée de vieillis-
sement obligatoire de 12 à 15 mois. Heureusement, les responsables professionnels champe-
nois veillent. Ils s’emploient systématiquement à mettre un
Il n’est pas douteux que, dans les années qui viennent, terme à ces abus de langage dont il est trop facile de dire
la Champagne soit confrontée à de nouveaux problèmes au qu’ils sont la rançon du succès.
fur et à mesure du développement des techniques et des
connaissances en matière de viticulture et d’œnologie.

«
Source : Comité Interprofessionnel
du Vin de Champagne

Le statut du vin
de Champagne
se présente comme
une création vivante. »

Centre de documentation La filière viti-vinicole


Tél. : 03 26 59 55 00 - Fax : 03 26 54 97 27 champenoise
Mél. : [email protected] Janvier 2008
La Champagne Viticole
HISTOIRE

100 ans en 2009

Les principales dates


de la Champagne Viticole
➤ La Champagne Viticole est née un vendredi 22 janvier en 1909, le jour de la
Saint Vincent, soit 5 années après la création de ce qui s’appelait à l’époque
la Fédération des Syndicats de la Champagne.
➤ Dans le numéro 1, le vice-président de cette Fédération, Émile Michel
Le Cacheur, par ailleurs président de la commission du journal, mettait
d’emblée l’accent sur le rôle et la mission pédagogique de la revue. À cette
époque, c’est Gaston Poittevin qui occupe les fonctions de rédacteur-gérant
de la publication. Dès le départ, la formule est mensuelle et imprimée par
l’Imprimerie Sparnacienne.
➤ En 1919, après quelques années d’interruption dûes à la Grande Guerre, La
Champagne Viticole paraît de nouveau. Alphonse Perrin, secrétaire général
du Syndicat des vignerons, prend la direction du journal.
➤ 1927 : La rédaction et le secrétariat sont installés à Vertus chez le secrétaire
général, gérant de la revue, Maurice Doyard.
➤ Pendant la seconde guerre mondiale, la parution de La Champagne Viticole
est suspendue. Un journal intitulé « Champagne » est édité comme organe
d’information interprofessionnelle du vin de Champagne.
➤ La parution du journal reprend à partir de 1946 sous la direction de Jean
Nollevalle. La rédaction et l’administration de la revue s’installent au 44,
avenue Jean Jaurès à Épernay.
➤ En 1981, première grande révolution pour la Champagne Viticole, qui passe
du noir à 2 couleurs. Sa deuxième révolution, elle la fera dix ans plus tard
en 1991, en abandonnant le tabloïd pour une formule magazine quadri.
De nouveau, La Champagne Viticole est imprimée à Épernay, au Réveil
de la Marne.
➤ Depuis, des modifications de forme sont intervenues, la maquette a été
« aménagée » afin de la rendre plus lisible, plus structurée. En 2004, la revue
se dote d’un site Internet, entièrement repensé en 2007.

Pour en savoir plus :


lachampagneviticole.fr

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HISTOIRE

Classement des crus

Communes classées à 100 % Grand cru


17 communes
• Ambonnay • Cramant • Puisieulx
• Avize • Louvois • Sillery
• Ay • Mailly-Champagne • Tours-sur-Marne
• Beaumont-sur-Vesle • Le Mesnil-sur-Oger (raisins noirs)
• Bouzy • Oger • Verzenay
• Chouilly (Raisins blancs) • Oiry • Verzy

Communes classées entre 90 et 99 % Premier cru


44 communes
• Avenay-Val-d’Or • Écueil • Taissy
• Bergères-les-Vertus • Etrechy (Raisins blancs) • Tauxières-Mutry
• Bezannes • Grauves • Tours-sur-Marne
• Billy-le-Grand • Hautvillers (raisins blancs)
• Bisseuil • Jouy-les-Reims • Trépail
• Chamery • Les Mesneux • Trois-Puits
• Champillon • Ludes • Vaudemange
• Chigny-les-Roses • Mareuil-sur-Aÿ • Vertus
• Chouilly (Raisins noirs) • Montbré • Villedommange
• Coligny (Raisins blancs) • Mutigny • Villeneuve-Renneville
• Cormontreuil • Pargny-les-Reims • Villers-Allerand
• Coulommes-la-Montagne • Pierry • Villers-aux-Nœuds
• Cuis • Rilly-la-Montagne • Villers-Marmery
• Cumières • Sacy • Voipreux
• Dizy • Sermiers • Vrigny

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