Chapitre 1 Nombres Raels

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USTHB

Faculté des Mathématiques 1ère année Licence


Ing. Info, section A 2022/2023

Module: Analyse 1

Chapitre 1: Quelques propriétés de R

Notations mathématiques
x∈A se lit x est un élément de l’ensemble A ou bien x appartient à A. ∈ est le symbole Appartenance.

A⊂B se lit A est inclut dans B ou bien A est un sous-ensemble de B.

⊂ est le symbole Inclusion.

A∪B se lit A union B, c’est à dire les éléments qui sont dans A ou dans B.

∪ est le symbole Union ou Réunion

A∩B se lit A intersection B ou tout simplement A inter B, c’est à dire les éléments qui sont dans A et dan

∩ est le symbole Intersection

∅ Ensemble vide.

∀x ∈ A est un quantificateur qui signifie pour tous les éléments x de B ou quelque soit x dans B.

∃x ∈ A est un quantificateur qui signifie qu’il existe au moins un élément x de A.

P ⇒ Q se lit P implique Q ou P entraı̂ne Q ou bien si on a P alors Q

P ⇔ Q se lit P est équivalent à Q ou bien on a P si et seulement si Q.

A? c’est l’ensemble A sauf le zéro.

1 Ensemble de nombres
Définition 1 Un ensemble est une collection d’objets rassemblés selon une propriété commune.
Exemple 1: • Soit l’ensemble N désigne l’ensemble des entiers naturels, c’est à dire

N = {0, 1, 2...}, N? = N \ {0}

• Soit l’ensemble A défini par

A = {2n; n ∈ N} = {0, 2, 4...}

qui désigne l’ensemble des entiers naturels pairs.


• Soit l’ensemble B défini par

B = {2m + 1; m ∈ N} = {1, 3, 5...}

qui désigne l’ensemble des entiers naturels impairs.


Remarque 1: les équations de la forme a + x = b telles que a, b ∈ N et a > b n’ont pas de
solutions dans N. Pour cet effet, on a introduit un nouvel ensemble noté Z tel que

Z = {..., −2, −1, 0, 1, 2, ...}


qui est appelé l’ensemble des entiers relatifs.
Remarque 2: Les équations de la forme ax = b où a, b ∈ Z tels que a et b sont premiers entre
eux n’ont pas de solutions dans Z .
On définit donc l’ensemble Q donné par
na o
Q = , a ∈ Z et b ∈ Z ?
b
qui est appelé l’ensemble des nombres rationnels.
Remarque 3: Les équations de la forme xn = n (n ∈ N ) n’ont pas toujours de solutions dans
Q. √
Proposition 1 Le nombre 2 n’est pas rationnel.
Démonstration Pour montrer √ cette proposition, nous allons utiliser le raisonnement par
l’absurde, en supposant que 2 est un nombre rationnel ce qui nous conduit à une contra-
diction.

On a 2 ∈ Q signifie qu’il existe deux entiers relatifs a et b (b 6= 0) qui sont premiers entre
eux tels que
√ a
2= .
b
Ainsi
a2
2= ⇒ a2 = 2b2 ⇒ a2 est divisible par 2 ⇒ a est divisible par 2 ( facile à vérifier)
b2
c’est à dire qu’il existe p ∈ Z tel a = 2p. Ce qui donne
a2
2= ⇔ 4p2 = 2b2 ⇒ b2 = 2p2 ⇒ b2 est divisible par 2 ⇒ b est divisible par 2
b2
Conclusion: P GCD(a, b) ≥ 2 ce qui contredit√le fait que a et b sont premiers entre eux.
Exemple 2: Résoudre dans√ Q l’équation
√ x + 2y = 6 (∗). √
Pour y ∈ Q , on a x + 2y = 6 ⇔ 2 = y comme 6 − x ∈ Q et y ∈ Q ? alors 2 ∈ Q ce
? 6−x

qui est absurde. Il reste le cas ou y = 0 on trouve x = 6. L’équation (∗) admet une unique
solution dans Q qui est x = 6 et y = 0.
Remarque 4: On trouve d’autres √ nombres connus qui ne sont pas rationnels, appelés les
nombres irrationnels, tels π, e, 3... Ainsi on a l’ensemble qui regroupe les nombres rationnels et
les nombres irrationnels noté R qui est appelé l’ensemble des nombres réels. On a les inclusions
suivantes
N ⊂Z ⊂Q ⊂R

2 Structure algébrique de R
2.1 L’addition dans R
L’application
R ×R → R
(x, y) → x + y
vérifie les propriétés suivantes
i)-L’associativité: c’est à dire ∀(x, y, z) ∈ R 3 , on a

(x + y) + z = x + (y + z)

ii)- L’élément neutre: c’est à dire ∀x ∈ R , ∃e ∈ R tel que

x + e = x ⇒ e = 0( l’élement neutre pour l’addition)

iii)- L’élément symétrique: c’est à dire ∀x ∈ R , ∃x? ∈ R tel que

x + x? = e ⇒ x? = −x
c’est à dire tout élément dans R possède un élément symétrique qui est appelé opposé de x.
iv)- La commutativité: pour tout x, y ∈ R , on a

x+y =y+x

Les propriétés (i), (ii) (iii) et (iv) définissent ce qu’on appelle une structure de groupe commu-
tatif sur l’ensemble R et on dit que (R , +) est un groupe commutatif ou abélien .

2.2 La multiplication dans R


L’application
R ×R → R
(x, y) → x × y
vérifie les propriétés suivantes
i)-L’associativité: c’est à dire ∀(x, y, z) ∈ R 3 , on a

(x × y) × z = x × (y × z)

ii)- L’élément neutre: c’est à dire ∀x ∈ R , ∃e ∈ R tel que

x × e = x ⇒ e = 1( l’élement neutre pour la multiplication)

iii)- L’élément symétrique: c’est à dire ∀x ∈ R ? , ∃x? ∈ R tel que


1
x × x? = e ⇒ x? =
x
1
x
est appelé inverse de x.
iv)- La commutativité: pour tout x, y ∈ R , on a

x×y =y×x

v) Distribution de la multiplication par rapport à l’addition: On a ∀(x, y, z) ∈ R3

(x + y) × z = (x × z) + (y × z).

Conclusion: Les axiomes précédentes donnent (R , +, ×) un corps commutatif.

3 Relation d’ordre dans R


L’ensemble dans nombres réels est muni d’une relation d’ordre notée ”≤”, c’est à dire pour
tout x, y ∈ R on a x ≤ y qui peut être vraie ou fausse selon les valeurs de x et y.
Cette relation d’ordre vérifie les propriétés suivantes
• Réflexivité: Pour tout x ∈ R on a x ≤ x.
• Antisymétrie: Pour tout x, y ∈ R on a (x ≤ y et y ≤ x) ⇒ x = y.
• Transitivité: Pour tout x, y, z ∈ R on a (x ≤ y et y ≤ z) ⇒ x ≤ z.
De plus, cette relation d’ordre est totale ce qui signifie

∀x, y ∈ R , (x ≤ y) ou (y ≤ x)
4 Valeur absolue
2
Définition 2 A tout nombre réel x, on peut associer un nombre réel positif
ou nul défini par 1

x si x ≥ 0
|x| =
−x si x < 0.
−2 −1 1 2
|x| est appelé valeur absolue de x. −1
La courbe représentative de la valeur absolue est dans la figure ci-contre.
−2
On peut également définir la valeur absolue comme suit

|x| = max(x, −x).

Propriétés
1)
|x| = 0 ⇔ x = 0
2)
−|x| ≤ x ≤ |x|
3)∀a > 0 :
i) |x| ≤ a ⇔ −a ≤ x ≤ a
ii) |x| ≥ a ⇔ x ≤ −a ou x ≥ a
4)
x |x|
|xy| = |x||y|, | |= (y 6= 0)
y |y|
5)Inégalité triangulaire
|x + y| ≤ |x| + |y|
6) Inégalité triangulaire inverse
||x| − |y|| ≤ |x − y|
Démonstration
i) Inégalité triangulaire
On a pour tout x, y ∈ R

|x + y|2 = (x + y)2 = x2 + y 2 + 2xy = |x|2 + |y|2 + 2xy

On a ∀a ∈ R , a ≤ |a| alors

|x + y|2 ≤ |x|2 + |y|2 + 2|x||y| = (|x| + |y|)2

D’où
|x + y| ≤ |x| + |y|
ii) Inégalité triangulaire inverse
On a |x| = |(x − y) + y| par l’inégalité triangulaire, on obtient

|x| ≤ |x − y| + |y| ⇔ |x| − |y| ≤ |x − y|

On fait de même pour |y|, on trouve

|y| ≤ |y − x| + |x| ⇔ |y| − |x| ≤ |y − x| = |x − y|

Comme ||x| − |y|| = max(|x| − |y|, |y| − |x|) alors ||x| − |y|| ≤ |y − x| = |x − y|
Proposition 2 ∀ε > 0, |x| ≤ ε ⇒ x = 0.
Démonstration Nous allons montrer ce résultat par l’absurde, en supposant que |x| ≤ ε et
x 6= 0.
|x| |x| 1
ε étant quelconque, nous prenons par exemple ε = 2
> 0, on a |x| ≤ ε ⇔ |x| ≤ 2
⇔1< 2
ce
qui est absurde.
Exercice Montrer les propriétés suivantes

• ∀x ∈ R , |x|n = |xn |
n
X n
X
• ∀x1 , x2 , ..., xn ∈ R , xk ≤ |xk |
k=1 k=1

5 Intervalle
Définition 3 Un sous-ensemble I non vide de R est appelé intervalle si ∀(a, b) ∈ I × I vérifiant
a ≤ b, la relation a ≤ x ≤ y entraı̂ne x ∈ I.
Exemple 3: Soit A un sous-ensemble non vide de R défini par
n1 o
A= , n ∈ N?
n
A n’est pas un intervalle. En effet si on prend a = 12 et b = 13 qui sont des éléments de A, pour
x = 52 qui est bien compris entre a et b mais qui n’est pas dans A.
Nous distinguons plusieurs formes d’intervalles:
1-Intervalle borné
• Intervalle ouvert
]a, b[= {x ∈ R , a < x < b}
• Intervalle fermé
[a, b] = {x ∈ R , a ≤ x ≤ b}
• Intervalle semi-ouvert à gauche
]a, b] = {x ∈ R , a < x ≤ b}

• Intervalle semi-ouvert à droite


[a, b[= {x ∈ R , a ≤ x < b}

2-Intervalle non borné


• Intervalles ouverts
]a, +∞[= {x ∈ R , x > a}
] − ∞, b[= {x ∈ R , x < b}
• Intervalles fermés
[a, +∞[= {x ∈ R , x ≥ a}
] − ∞, b] = {x ∈ R , x ≤ b}

5.1 Voisinage
Définition 4 Soit V une partie non vide de R . On dit V est un voisinage de x ∈ R , s’il
contient un intervalle ouvert ]a, b[ contenant x on a alors a < x < b. Autrement dit, il existe
un réel strictement positif r > 0 tel que
]x − r, x + r[⊂ V.
L’ensemble des voisinages de x est noté V(x).
Exemple
• Les ensembles R , ] − 1, 1[ sont des voisinages de 0.
• Les ensembles {0}, ]0, 1[, [0, 1[, ] − 1, 0[∪]0, 1] ne sont pas des voisinages de 0.
5.2 Point adhérent
Définition 5 Un nombre réel x est dit adhérent à une partie A de R si pour tout voisinage de
x contient au moins un élément de A, c’est à dire

∀V ∈ V(x), V ∩ A 6=

Exemple
Soit l’ensemble A =]1, 3] ∪ {7}, on a x0 = 1, x1 = 3 sont des points adhérents de A, même de
le 7 est un point adhérent à A.

5.3 Point d’accumulation


Définition 6 (Point isolé) Soient A une partie non vide de R , et x ∈ A. On dit que le point
x est isolé dans A s’il existe un voisinage de x tel que l’intersection de ce voisinage et de A soit
réduite au singleton {x}. Avec des notations mathématiques :

∃V ∈ V(x), V ∩ A = {x}.

Exemple
Soit l’ensemble A =]1, 3] ∪ {7}, on a x0 = 7 est un point isolé de A.

Définition 7 (Point d’accumulation) Soit A une partie non vide de R et x ∈ R . On


dit que le point x est un point d’accumulation de A s’il est adhérent à A sans être isolé dans
A. Autrement dit x est un point d’adhérence de A \ {x}. Avec des notations mathématiques :

∀V ∈ V(x), V ∩ A \ {x} =
6 .

Exemple
Soit l’ensemble A = {−1} ∪ [0, 1[, on a x0 = 1 est un point d’accumulation de A par contre le
point x1 = −1 ne l’est pas.

6 Majorant, Minorant, plus grand élément, plus petit


élément
Définition 8
• Une partie non vide A de R est dite majorée s’il existe un élément M ∈ R tel que ∀x ∈ A,
x ≤ M . M est appelé majorant de A. On écrit

M ∈ R un majorant de A si ∀x ∈ A, x ≤ M

• Une partie non vide A de R est dite minorée s’il existe un élément m ∈ R tel que ∀x ∈ A,
x ≥ m. m est appelé minorant de A. On écrit

m ∈ R un minorant de A si ∀x ∈ A, x ≥ m

• Un ensemble non vide A de R est dit borné s’il est à la fois majoré et minoré.
Remarque 5: Si un ensemble est majoré (respectivement minoré) alors il admet une infinité
de majorants (respectivement minorants).
Attention M et m n’appartiennent pas nécessairement à l’ensemble A.
Exemple
• L’ensemble A1 = [1, 6[ est majoré, car M = 7 est un majorant de A ( 6 aussi un majorant de
A). A est minoré, car m = 0 est un minorant (1 est aussi minorant de A)
• L’ensemble A2 = [0, +∞[ n’est pas majoré et minoré par 0.
• L’ensemble Z n’est ni majoré ni minoré.
n
• L’ensemble A3 = { 2n+1 , n ∈ N }. On remarque que pour tout n ∈ N , on a n < 2n + 1 c’est
n
à dire < 1 pour tout n ∈ N . Alors l’ensemble A3 est majoré. De plus, cet ensemble est
2n + 1
minoré par 0.
3
Exemple 4: 2
Soit l’ensemble
A = {1 − x2 , ∀x ∈ R } 1
Montrer que l’ensemble A est majoré et non minoré.
On a ∀x ∈ R , x2 ≥ 0 donc 1 − x2 ≤ 1. On déduit que l’ensemble A est
−3 −2 −1 1 2
majoré par 1.
On peut faire une représentation graphique de la fonction f (x) = 1 − x2 −1
pour confirmer que 1 est bien un majorant de A et que l’ensemble A n’est
pas minoré (voir la figure ci-contre). −2

−3
Pour montrer que l’ensemble A n’est pas minoré, nous allons procéder par l’absurde. Supposons
que A est minoré, c’est qu’il existe m ∈ R tel que 1−x2 ≥ m pour tout x ∈ R . Ainsi x2 ≤ 1−m
pour tout x ∈ R , ce qui est absurde.
Définition 9
• Soit A une partie non vide de R . On appelle le plus grand élément de A un élément M ∈ R
qui satisfait les deux conditions suivantes f

M ∈A
(

M est un majorant de A

• Soit A une partie non vide de R . On appelle le plus petit élément de A un élément m ∈ R
qui satisfait les deux conditions suivantes

m∈A
(

m est un minorant de A

Le plus grand élément de A, lorsqu’il existe, est noté max(A) et le plus petit élément, lorsqu’il
existe, est noté min(A).
Remarque 6: Pour qu’une partie non vide de R admette un plus grand élément (respec-
tivement un plus petit élément) il est nécessaire qu’elle soit majorée (respectivement minoré)
mais cette condition n’est pas suffisante. Autrement dit une partie majorée (respectivement
minorée) n’admet pas toujours un plus grand élément (respectivement un plus petit élément).
Proposition 3 Si le plus grand élément ou le plus petit élément d’une partie non vide de R
existent alors ils sont uniques.
Démonstration Nous supposons qu’il existe M et M 0 dans R qui sont des plus grands
éléments de l’ensemble A non vide de R , c’est à dire

M ∈A M0 ∈ A
( (
et
∀x ∈ A, x ≤ M ∀x ∈ A, x ≤ M 0

ce qui donne M 0 ≤ M et M ≤ M 0 (M et M 0 sont des élément de A) alors M = M 0 .


Exemple 5:
N , Q , R n’ont pas de plus grand élément.
N possède un plus petit élément qui est 0.
A1 = [0, 1[ A admet un plus petit élément, min A = 1 par contre max A n’existe pas.
A2 = { n1 , n ∈ N } on a max A2 = 1 et le min A2 n’existe pas.

A3 = {x2 ≤ 2, x ∈ R } possède un plus grand élément qui est 2.

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